Bolivie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Evo Morales Ayma, Président de l’État plurinational de Bolivie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Merci
Cher frère, président de l’Assemblée, je salue tous les présidents et délégations rassemblés à l’Assemblée des Nations Unies.
Je me félicite de pouvoir être ici pour au nom de mon peuple pour pouvoir dire ce que nous ressentons, ce que nous connaissons, ce que nous faisons en Bolivie.
Comme tout le monde l’a dit, cela fait soixante-dix ans que les Nations Unies ont été fondées. Il y a soixante-dix ans, comme ils l’ont dit, l’on a fondé les Nations Unies pour parvenir à la paix après la guerre mondiale.
Il est important de procéder à l’évaluation économique, politique, sociale et culturelle et environnementale. Alors que les Nations Unies fêtent leur soixante-dixième anniversaire, qu’ont fait les Nations Unies ?
Soixante-dix ans plus tard, il y a encore des guerres.
Soixante-dix ans plus tard, il y a encore des invasions.
Et quelles sont les origines de ces invasions, de ces guerres sur certains continents ?
L’ambition de quelques régions, de quelques nations, les politiques visant à concentrer le capital entre quelques mains de pays dirigés de quelques oligarchies avec le soutien des multinationales. Et donc soixante-dix ans après la fondation des Nations Unies, l’on n’a pas atteint les objectifs de paix et de stabilité dans le monde.
Ce matin nous avons entendu plusieurs interventions.
Le président Obama, d’autres présidents d’autres continents ont tous dit : « Nous voulons la paix. » mais je puis vous dire mes frères, mes sœurs et je le dis aux peuples du monde, il n’y aura pas de paix sans justice sociale.
Ils ont critiqué le terrorisme des groupes armés sur les différents continents alors que certaines puissances cherchent à savoir comment régler ces problèmes. J’ai entendu des interventions qui condamnent les mouvements sociaux et qui prennent des mouvements sociaux pour des terroristes.
Moi je viens d’un mouvement social, je viens d’un mouvement autochtone et les mouvements sociaux ne sont pas terroristes. Nous contribuons à la paix sociale ce qui débouche sur l’égalité, la dignité, la justice.
Et je puis également vous dire qu’au cours des soixante-dix années, certains défendent encore le capitalisme. Moi, je puis vous dire que le capitalisme a échoué, c’est un modèle qui a échoué.
Depuis ce matin, tout le monde nous parle de la crise humanitaire, la crise financière, énergétique, alimentaire.
J’ai entendu plusieurs interventions, la moitié des habitants de la planète souffre de famine. Des milliards, des milliards de ressources économiques qui viennent détruire la terre nourricière qu’on appelle en occident la planète Terre.
Ils veulent réduire le réchauffement climatique avec 100 milliards de dollars. Savez-vous combien d’argent est gaspillé pour détruire la planète ? Combien de milliards de milliards sont gaspillés pour envahir des pays ?
J’ai écouté avec attention les propos de mon frère Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies qui déplorait ce que traversait le peuple libyen et syrien.
A cause de qui ces peuples libyen et syrien vivent si mal ? N’oublions pas que le gouvernement des Etats-Unis a fait tomber Kadhafi et comme aujourd’hui il parlait de tyran.
L’opération militaire de l’OTAN visait peut-être le président de l’époque. Mais l’objectif n’était pas vraiment Mr Kadhafi. Le vrai objectif, c’était le pétrole libyen.
Posez-vous la question, mesdames et messieurs : à qui appartient le pétrole libyen ? Est-ce qu’il appartient au peuple libyen, à l’État libyen ou finalement à quelques transnationales nord-américaines, européennes ?
Imaginez-vous un peu. Ils utilisent de faux prétextes pour intervenir et maintenant pauvre peuple libyen détruit à ce moment-là, il ne nous intéresse plus du tout, dès lors que les ressources économiques ou les ressources naturelles sont d’ores et déjà dans les mains des multinationales.
Ça c’est le capitalisme. Je pourrai vous parler de tous les pays envahis avant la fondation des Nations Unies, dans les Andes, ou après. On pourrait encore parler de la Syrie.
Voilà pourquoi mes frères, mes sœurs ici présents, de par le monde, nous sommes convaincus que le capitalisme n’est pas la solution pour la vie et encore moins pour l’Humanité.
Parfois, on nous fait le reproche en tant que présidents de ne pas dire la vérité, de ne pas dire ce qui se passe vraiment dans le monde. Moi, je puis vous dire mesdames, messieurs, alors que certains croient mieux vivre, avec cette politique on ne pourra régler les problèmes sociaux ni les questions humanitaires. Le bien-vivre, comme le disait également notre frère le président de l’Equateur, le bien-vivre, c’est la synthèse du socialisme communautaire. Le mieux-vivre, c’est la synthèse du capitalisme. Il y a une nette différence.
Dans le bien-vivre, je puis vous dire, mes frères et sœurs, c’est vivre dans la solidarité, dans la complémentarité, en solidarité avec l’être humain mais en harmonie également avec la terre nourricière. Pour nous, issus des mouvements sociaux notamment autochtones, c’est la terre nourricière, la mère-terre. Nous sommes tous convaincus que l’être humain ne pourra pas vivre sans la terre nourricière et la terre nourricière peut mieux vivre sans l’être humain.
Je tiens également à vous dire et certains ne comprendront certainement pas, mais dans cette façon de vivre, les services fondamentaux ne peuvent pas être privés.
C’est cette expérience que nous avons faite en Bolivie. Les services fondamentaux ont été également privatisés : l’eau privatisé, énergie privatisé, éclairage privatisé, télécommunication privatisé, et en vertu de la Constitution, nous avons convenu que les services fondamentaux étaient un droit de l’homme et ne pourraient jamais être privatisés parce que la vie en dépend. Je tiens également à vous dire que cette façon de bien vivre, nous sommes convaincus que les ressources naturelles ne pourront jamais être entre les mains des étrangers et de transnationales.
Je tiens à vous faire part d’une expérience. Après que le gouvernement a entendu l’appel du peuple le 1er mai 2006 pour rendre hommage aux travailleurs, nous avons nationalisé les hydrocarbures. Nous avons récupéré cette ressource naturelle. Nous avons dit pendant la campagne : « il ne peut y avoir ici ni de propriétaires, ni de patrons. Peut-être juste des associés. »
Une donnée. Avant l’arrivée du gouvernement, la rente pétrolière était de trois millions de dollars ; depuis que nous avons nationalisé, l’année dernière notre rente pétrolière a atteint plus de cinq mille millions de dollars.
Imaginez seulement les montants qui nous ont été volé en Bolivie ! Des millions de dollars pour un pays qui compte dix millions d’habitants. Ce sont-là des ressources économiques essentielles à la libération économique.
Et voilà pourquoi nous sommes absolument convaincus que les ressources naturelles doivent appartenir au peuple sous l’administration de l’état. C’est l’expérience que nous avons faites et comment nous nous sommes libérés économiquement.
Voilà pourquoi mes frères, mes sœurs, nous ne croyons pas au capitalisme. Pourquoi intervenir dans un autre pays pour prendre possession de ses ressources naturelles et pour continuer d’accumuler le capital entre quelques mains ?
Deuxièmement.
Je tiens également à présent, à vous dire que nous avons une longue responsabilité à assumer en décembre de cette année à Paris, en France sur ces questions de l’environnement.
En tant que présidents, il est important de transmettre les propositions de nos peuples. Selon moi, il faut consulter mes frères et mes sœurs en Bolivie. Il faut adopter des politiques, des programmes et des projets permettant d’assainir la terre nourricière comme l’appelle aussi l’Occident. Si nous n’assumons pas cette responsabilité de sauver la terre nourricière, nous serons responsables pour les générations à venir.
Je tiens à vous faire part de mon expérience personnelle. Veuillez m’excusez de tant parler de moi mais quand je me rends à l’intérieur du pays de Bolivie, mes frères et mes sœurs ne savent même plus quand c’est le printemps, quand c’est l’été, quand c’est l’automne.
Un matin mes compagnons des tropiques, vers 02 heures 03 heures du matin, ils me disent : « Président, qu’est-ce que tu fais ? »
Je suis dans mon lit.
« Nous sommes en train de quitter la maison pour aller au fleuve. »
Pourquoi ?
« Parce qu’il fait chaud, il fait tellement chaud qu’on arrive pas à dormir. »
Evidemment, on n’a pas encore de douche.
Et ils partent en famille à ces heures indues vers le fleuve pour se protéger de ces températures.
Et cela c’est avec moins d’une hausse de un degré Celsius de température. Qu’en sera-t-il quand on arrivera à une élévation de deux degrés Celsius selon certains experts ? Si on ne met pas un terme à un réchauffement d’ici 2030, on pourrait voir une élévation de température de l’ordre de quatre ou cinq degrés.
Cher frère, chère sœur, les générations futures vont devenir anti-impérialistes, anticapitalistes parce que c’est là l’héritage du capitalisme.
Et maintenant le Nord me dit que nous sommes de simples gardes-forestiers, que… le Nord ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis des pays en développement. Donc c’est également là une responsabilité que nous devons assumer, voilà pourquoi, mes frères, mes sœurs, à Paris nous devons arriver avec un sens des responsabilités.
Comment sauver la terre nourricière ?
Nous invitons les personnes présentes, en tant que Bolivie nous allons organiser une manifestation internationale des mouvements sociaux du monde entier qui auront lieu les 10, 11 12 Octobre (2015), la semaine prochaine. Nous vous invitons à y participer. Nous vous invitons à apporter des propositions. Il faut savoir ce que pensent les peuples. Il ne faut pas dépendre uniquement des initiatives de l’Empire d’Amérique du Nord ou des multinationales parce que rien ne sert de brandir des politiques extérieures.
Ce matin, j’ai entendu deux interventions très intéressantes, très différentes, du président Obama et du président de la Chine. Le président Obama pour garantir la sécurité de son état et des alliés, que nous disait-il et pour lutter contre le terrorisme que nous disait-il ? Il disait qu’il nous offrait la guerre et l’intervention. Et le président de la Chine, qu’est-ce qu’il nous offrait ? Aide et coopération ! Ce n’est pas un état expansionniste.
Nous, mouvements sociaux, nous sommes des mouvements qui misons sur l’unité, sur l’unité pour parvenir à la libération, l’intégration, pour parvenir à la libération et non pas à des politiques d’invasion pour dominer. Il y a de fortes différences !
Et je salue les propos du président de la Chine qui nous offre son aide et sa coopération. Nous saluons le sens de la direction de ce pays mais nous savons également par les médias, je pense que les Etats-Unis nous ont dominé vis-à-vis de la Chine, si la presse ne ment pas. Il faut que cesse cette volonté de dominer les peuples du monde l
Il est une question qui est au débat ce matin. Nous allons parler des modes de démocratie.
Moi, je vous dirai qu’il y a deux types de démocratie : il y a démocratie du peuple et démocratie des multinationales, démocratie des mouvements sociaux parce que chez nous les mouvements sociaux sont organisés. Et en quoi consistent ces démocraties des mouvements sociaux. ? Ce n’est pas seulement une démocratie participative ou représentative. Dans mon expérience de dirigeant syndical, avant syndicaliste, aujourd’hui président, nous avons toujours pris des décisions avec les dirigeants même s’il y a certaines différences. Certains secteurs sont très ambitieux même dans leurs exigences. Non seulement elles sont inaccessibles, ne sont pas appropriées mais, … ensemble l’on présente des politiques, on présente des programmes de responsabilités : c’est de répondre à ces propositions sociales, c’est de répondre à ces exigences.
Mais dans d’autres démocraties soit disant représentatives, le vote s’achève le jour des élections. Donc, soyons sincères, mes frères, mes sœurs, présidents, délégués, ministres ici présents. Celui qui gouverne, ce n’est pas le président Obama, ce sont les banquiers, les entrepreneurs, les multinationales. De quel type de démocratie parlons-nous alors ?
Tromper le peuple qui vote, pour après ne pas gouverner. J’ai entendu dans les médias qu’un candidat disait : « Moi, je finance tout ! Les Républicains. Les Démocrates. C’est moi qui commande ! »
Ça ce n’est pas une démocratie. Ça c’est le capitalisme.
Et c’est là que se pose le grave problème de l’humanité. Et voilà pourquoi, nous en sommes convaincus, si nous voulons éradiquer la pauvreté, il faut éradiquer le système capitaliste. Il n’y a pas d’autres voies, mes frères et mes sœurs.
Et pas seulement ça. Ça va plus loin. J’en suis convaincu. Ce nouveau millénaire doit être le millénaire des peuples. Et ce n’est pas ni les monarchies, ni les hiérarchies, les monarchies, nous les respectons bien entendu, mais ce n’est pas les monarchies européennes ou américaines latines doivent.., ça doit cesser. Ce n’est plus l’époque, ce n’est pas… l’époque des oligarchies, ce n’est pas non plus l’époque de l’anarchie financière comme c’est le cas à l’heure actuelle.
Voilà pourquoi mes frères et mes sœurs, nous avons l’obligation, ensemble, de lutter contre ce problème.
Imaginez, soixante-dix ans après la formation des Nations Unies, … s’il n’y a pas de coup d’état militaire, il y a maintenant des coups d’état tout en douceur. On parle d’espionnage. L’on arrête des avions présidentiels. Dans quelle époque vivons-nous ? Il y a désormais des bases militaires. Voilà pourquoi mes frères et mes sœurs, franchement, moi je ne souscris pas à ces politiques. Et je ne sais pas… Les dissidents incarcérés disaient qu’on ne pouvait pas emprisonner les idées. Tant de terroristes, de délinquants, de criminels, de présidents qui ont violé les droits de l’homme après avoir tué, … des présidents corrompus. Et après aux États-Unis, l’on veut lutter contre le terrorisme, la criminalité, les trafiquants de drogue car ce sont des trafiquants de drogues corrompus qui ont violé les droits de l’homme, expulsés des États-Unis, jugés dans leur pays. Moi, je ne peux pas comprendre, c’est un cimetière de corrompus. Nous respectons les États-Unis mais voilà ce qui se passe. L’on exerce des pressions sur des autorités, sur des… gouvernements qui souscrivent à l’impérialisme et au capitalisme.
Mes frères, mes sœurs, je voulais également saisir cette occasion pour évoquer une question grave qui n’a pas été abordé par les présidents, par tous les présidents qui est sur l’immigration.
L’on présente les migrants comme des criminels. On expulse les migrants. Je puis vous parler en tant qu’habitant des Amériques. Il y a 500 ans, les européens nous ont envahis. Est-ce que nous on a dit qu’ils étaient des criminels alors qu’ils ont pillé nos ressources naturelles, qu’ils ont décimé les peuples autochtones. Il n’y a jamais eu de programmes pour les expulser, eux. Et maintenant qu’il y a quelques frères qui quittent l’Amérique latine pour se rendre en Europe, ou aux États-Unis pour aller travailler, ils sont jugés comme des criminels, ils sont persécutés.
Vous savez, mes frères, mes sœurs, dans le capitalisme, l’argent a ses paradis fiscaux. Et les êtres humains connaissent l’enfer de la misère. Expulsion des migrants ! Voilà pourquoi, mes frères et mes sœurs, je veux vous le dire, nous proposons de travailler tous ensemble pour créer une citoyenneté universelle. Nous avons tous le droit de vivre où que ce soit dans le monde. La mondialisation ne vaut pas uniquement que pour le commerce, pour l’argent. La mondialisation doit valoir pour tous les êtres humains sur cette terre. Et nos frères migrants ne peuvent jamais être expulsés. En Bolivie, on ne les expulse pas.
Les entreprises à présent ne sont ni propriétaires ni associés, elles sont presque des services maintenant en Bolivie.
Mes frères, mes sœurs, une question très importante : le trafic de drogue, toujours lié au capitalisme. Nous avons nationalisé, en coopération avec les pays d’Amérique latine, nous avons nationalisé la lutte contre le trafic de drogue. Dans les données…, il est important de connaître les données des Nations Unies. Le trafic de drogue a été géré selon les intérêts géopolitiques. J’ai examiné les données des Nations Unis. Examinez-les ! Voyez les pays d’Amérique latine. Voyez les pays d’autres continents. Où il y a des bases militaires, où on investit des milliards de dollars. Quels sont les résultats ? Inexistants, voire une augmentation du trafic de drogue. Et là, nous avons nationalisé la lutte de trafic de drogue et en Bolivie, la situation s’est améliorée, sans base militaire, sans l’aide des États-Unis, sans les ressources économiques et du fait de la responsabilité partagée, devraient être fournie par les États-Unis, nous ne les réclamons pas, même si je salue la contribution de l’Europe non assortie de conditions qui voit le succès de notre lutte contre les stupéfiants.
Je puis une fois de plus, dire aux pays avec des gouvernements anti-impérialistes que l’on nous accuse de ne pas respecter les normes et d’être nous-même des trafiquants de drogue. Dans les pays où les gouvernements sont pro-capitalistes où s’est développé le trafic de drogue, on les félicite de leurs efforts. Mais quels mensonges. Je vous demande d’examiner les données. Penchez-vous sur les données des Nations Unies sur la lutte contre le trafic de drogue. Heureusement, d’autres pays ont bien compris les résultats que nous avons obtenus en Bolivie. Et l’on parle actuellement du modèle de lutte contre le trafic de drogue en Bolivie. On n’a jamais dit que l’on allait éradiquer la culture de la feuille de coca, mais on ne permet pas une libre culture de la coca, si on avait davantage de technologies, la situation serait bien meilleure qu’actuellement. Sachez-le : les anciens gouvernements m’ont laissé plus de 30 000 hectares de coca. Et cette année,… sans que le moindre paysan ne meure nous sommes parvenus à 20 400 hectares de coca. Sachez, connaissez ces données des Nations Unies.
Voyez les données des différents pays du monde. Mes sœurs, mes frères, je me fais l’écho de nombreux présidents pour saluer l’accord entre Cuba et les États-Unis pour nouer des relations diplomatiques. Mais, j’ai un souvenir que j’aimerai partager avec vous. J’espère que je ne vous fatigue pas.
Quand j’ai pris mes fonctions de président, la visite de l’ambassadeur des États-Unis, lorsqu’il y avait encore un ambassadeur des États-Unis, il m’avait donné des instructions. « Président Evo, vous ne pouvez pas avoir de relations diplomatiques ni avec Cuba, ni avec le Venezuela ni avec l’Iran. » Très bien. Arrive un groupe de parlementaires des États-Unis qui me disent : « Président, vous ne pouvez pas avoir de relations avec les 3 pays susmentionnés. » Bien entendu, j’ai balayé cela d’un revers de la main et j’ai dit que si nous avions des ressources économiques nous aurions des ambassades dans le monde entier, personne ne va m’interdire, à moi d’avoir des relations diplomatiques ou de ne pas en avoir avec tel ou tel pays. Depuis, je n’ai jamais accepté les instructions des États-Unis m’autorisant ou non à avoir des relations diplomatiques avec Cuba ou l’Iran.
Alors, je félicite maintenant les États-Unis d’avoir des relations diplomatiques avec l’Iran et Cuba. Il ne manque plus que le Venezuela. On peut espérer que bientôt ils auront des relations diplomatiques avec le Venezuela.
Non seulement,… il faut ces relations diplomatiques, ces échanges d’ambassadeurs, mais le peuple bolivien espère sincèrement que les États-Unis rendent Guantanamo à Cuba, que, une fois pour toute, cesse l’embargo. Le président Obama, ce matin, s’est engagé à lever l’embargo. Nous espérons qu’il joindra le geste à la parole.
Deuxièmement.
Le président Castro l’a très bien dit : lacélac nous avons déclaré une région de paix. Il y a peut-être un petit problème en Colombie, il y a les FARC. Heureusement, grâce au soutien, grâce à la médiation cubaine, nous avons appris avec grande joie qu’il y avait un pré-accord entre les FARC et le gouvernement colombien. Nous saluons l’effort et la patience du président Santos de parvenir à un accord. Mais je tiens à dire aux compagnons des FARC, nous… ne faisons plus de révolutions avec des balles. L’on fait une révolution désormais démocratiquement, par des votes et par des idées et l’on peut changer la situation sociale, la situation économique sur notre continent mais sur d’autres continents également. Lorsque des groupes, des pans de la société ont raison et luttent pour la dignité, la souveraineté, les peuples soutiennent cette lutte, cette proposition pour parvenir à la libération. Et nous saluons cet accord.
Il y a sur d’autres continents… il y a la question (des iles) Malvinas (Malouines). Et je peux vous dire mes frères et mes sœurs avec l’indulgence de l’Argentine, elles ne sont pas à Argentine, elles sont d’Amérique latine. Il y a tant, il y a des milliers de kilomètres, comment de si loin elle viendrait contrôler une ile qui est juste à côté de notre continent ? Que cela cesse et nous en appelons à votre compréhension. Et pour régler ce type de problèmes qui subsiste encore.
Il reste encore une question en souffrance, et je salue d’ailleurs notre frère du Chili qui me filme et qui suit cette intervention. Bonjour, mon frère du Chili.
Il y a 136 années, ce n’était pas la faute du peuple chilien, un groupe d’oligarques avec le soutien des multinationales anglaises nous envahit pour des raisons économiques. Simplement, pour vous rafraichir la mémoire, l’invasion eut lieu le 14 Février 1879. Un mois d’invasion, jusqu’au 23 Mars. Je ne vais pas m’attarder sur la question mais après tant de propositions, je déplore que la situation n’ait pas pu être réglée. Voilà pourquoi nous avons saisi la Cour Pénal Internationale à La Haye, une institution de justice, parce que la Bolivie est un pays pacifique, en vertu de sa constitution, nous n’avons pas une mentalité qui nous enclin à l’expansion, l’invasion de nos voisins. Voilà pourquoi nous avons saisi cette juridiction.
Malheureusement certains au Chili, pas tous, certains disaient qu’il n’y avait aucune affaire en souffrance avec la Bolivie. Récemment, il a été dit qu’il y avait une question en souffrance dans notre continent. Et La Haye s’est jugée compétente pour connaitre de l’affaire entre le Chili et la Bolivie, une question en souffrance. Et la Bolivie, avec humilité, simplicité et dignité a accueilli cette décision puisque la plus haute instance qui rend la justice dans le monde, qui a été créée par les Nations Unies a reconnu qu’il y avait là une question en souffrance. Et là, je m’adresse aux frères chiliens, au peuple chilien, nous ne voulons pas…il n’y a pas de perdants ou de gagnants, nous voulons régler par le dialogue cette question dans l’intérêt des peuples. Voilà notre souhait en tant que Bolivie.
Il ne s’agit pas de faire du mal à qui que ce soit. Nous sommes deux voisins, deux frères. Comment pourrions-nous nous affronter ? Nous voulons simplement parvenir à régler le problème mais je me félicite du soutien de tous. Je comprends bien cette grande solidarité des ex présidents, gouvernements, mouvements sociaux, institutions.
Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies avait dit tout son soutien, il faut régler cette question. Pas uniquement (lui). Le pape François, Jean-Paul II lui-même, avaient soutenu. Quatre anciens présidents des États-Unis, trois prix Nobels de la paix avaient dit qu’il fallait régler cette question de l’accès à la mer. Ce n’est pas une revendication. C’est notre droit. Et tôt ou tard, en vertu de la justice, nous aurons de nouveau, accès au Pacifique en toute souveraineté. Nous espérons que ce sera grâce à un dialogue concerté dans l’intérêt de nos peuples.
Mes frères, mes sœurs, en conclusion, je salue le travail des Nations Unies. Il y a deux semaines, les médias nous ont appris qu’ici les ambassadeurs, les délégués, et les représentants de gouvernement du monde entier avaient approuvé les principes régissant le mouvement autochtone andin amasouia : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être oisif, ne pas être paresseux. Mais ça mes frères, je puis vous dire que ces valeurs, elles viennent de ma famille. Elles viennent de ma famille. En tant que vice-président, président, on applique ces valeurs. Et voilà pourquoi la Bolivie a beaucoup changé. Nous sommes arrivés au gouvernement lorsque la Bolivie était l’avant dernier pays du continent, le dernier pays d’Amérique du Sud. Et grâce à la lutte du peuple bolivien, grâce aux mouvements sociaux, grâce à notre programme, nous ne sommes plus un petit pays mal vu comme avant, grâce aux politiques que j’ai évoqué rapidement.
Et voilà pourquoi ces valeurs : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être oisif doivent devenir une norme. Les valeurs permettant une gestion transparente, une gestion honnête au service des autres peuples du monde.
Au nom du mouvement autochtone de Bolivie et de la région andine, je vous remercie d’avoir adopté ces normes du peuple autochtone approuvées donc par les Nations Unies.
Je tiens également à saisir cette occasion pour saluer le travail conjoint effectué avec l’Argentine et le compte 77 et l’Assemblée Générale pour approuver les principes de restructuration de la dette souveraine et les limites devant être imposées à la voracité transnationale des fonds vautours, une façon supplémentaire d’étrangler les économies des peuples souverains que nous rejetons catégoriquement.
Il s’agit, ici, de défendre la souveraineté économique des différents pays.
Enfin, mes frères, mes sœurs, je tiens à remercier par ce message le pape François. Ma maman est coupable : elle m’a élevé dans le catholicisme. Et moi, j’ai grandi dans l’Église catholique et j’ai été déçu par l’Église catholique. Mais avec ce frère pape, ce frère qui remet en cause ce capitalisme, qui demande qu’on ne se soumette pas au Dieu Argent et bien je suis beaucoup plus catholique. J’ai retrouvé mon moral. Vraiment je salue ce message de paix envoyé par notre frère le pape François.
Je vous le dis, maintenant j’ai un pape. Mais je puis également vous dire, mes sœurs, mes frères, le pape François grâce à ces messes religieuses nous bénit… mais il respire, il vit. Nous nous devons de défendre et de protéger le pape François.
Je vous remercie mes sœurs.
Je vous remercie mes frères.
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
Équateur – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Nous appuyons totalement la proposition de notre collègue, compagnon vice-président costaricain, que le prochain secrétaire général soit une secrétaire générale et notre région a de grandes dames Mme Bachelet, Mme Kirchner, Mme Rousseff entre autres !
Merci d’être ici, c’est pratiquement un acte héroïque. Ce matin il y a eu 19 interventions ; cet après-midi 16. Cela en fait 34 avec deux heures de retard. Merci au personnel des Nations Unies pour son sacrifice. Je pense qu’il faut changer la méthode. Cela n’a aucun sens. Après la 3° séance, qui écoute encore quand on arrive à la conférence trente quatre ? Si en trois minutes je ne vous touche pas, je ne vous émeus pas à ce moment-là, demandez à quitter la salle. Donc merci, merci d’être ici. En tous cas, cela aurait pu être pire, j’aurais pu être Evo Morales, qui lui prend la parole après moi. Cher ami, je te salue.
Intervention :
L’ONU est née le 24 octobre 1945 des cendres de la 2° Guerre mondiale afin de veiller au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Face à l’holocauste, nous estimions que la paix était uniquement l’absence de guerre. Au XXI°, 70 ans plus tard, la paix doit être surtout la présence : la présence de la justice, la présence de la dignité, la présence du développement. Gandhi nous le disait déjà : « la pauvreté est la pire forme de violence ».
La Communauté des Etats de l’Amérique latine et des Caraïbes, la CELAC a proclamé notre région Continent de paix mais l’opulence insultante d’une poignée d’individus à coté d’une pauvreté intolérable sont autant d’atteintes quotidiennes à la dignité humaine. La paix sans justice n’est que pacification. Les 164 millions de personnes en Amérique Latine qui vivent dans la pauvreté, dont 68 millions qui vivent encore et toujours dans l’extrême pauvreté attendent encore et toujours la justice, la liberté et une vraie démocratie. Pas uniquement la possibilité d’organiser régulièrement des élections !
Surmonter la pauvreté, chers amis, voilà la principale nécessité morale pour la planète. Car, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, la pauvreté ne s’explique pas par un manque de ressources ou par des facteurs naturels mais bien par des systèmes injustes d’exclusion, qui sont le fruit de structures malsaines de pouvoir. Je l’avais déjà dit, le penseur français Frédéric Bastiat l’avait déjà dit, il y a deux siècles : « Quand le pillage devient un mode de vie pour un groupe d’hommes vivant dans des société, alors ces hommes, au fil du temps, se créent un système juridique qui l’autorise, un code moral qui le glorifie » Et pour ceux qui veulent nous voler des concepts aussi sublimes que celui de « liberté », qu’ils comprennent bien : il n’y aura pas de liberté sans justice. Et ce d’autant plus dans des régions aussi inégalitaires que l’Amérique latine, ce n’est qu’en cherchant la justice que nous parviendrons à une véritable liberté.
Voilà pourquoi, nous ne pouvons nous satisfaire d’objectifs a minima, à l’instar des objectifs du millénaire pour le développement en 2015. Des objectifs a minima reviennent à légitimer la réalité actuelle ; le « bénéficiaire » est inférieur aux autres et il est impossible à ce moment-là de modifier la relation de pouvoir entre les sujets et les sociétés. Comme l’a dit le Secrétaire général Ban Ki -moom ce matin, notre idéal n’est pas que la population soit en vie mais de lui donner une vie : une vie digne, une vie pleine sur un pied d’égalité avec tout autre être humain. Nous pensons que les 17 objectifs de développement durable 2015-2030 s’avoisinent de cette attente. Nous proposons des objectifs communs, pas uniquement sur un minimum de vie, mais bien sur des maxima sociaux le « sumak kawsay » le « bien vivre » de nos peuples ancestraux. Ce qui signifie vivre dans la dignité, en satisfaisant des besoins fondamentaux en harmonie avec soi-même, avec les autres êtres humains, avec les différentes cultures, en harmonie avec la nature.
Cependant, et comme nous l’avons dit ici même hier, l’absence dans le programme 2015-2030 d’un objectif portant directement sur la liberté de circulation humaine est une déplorable omission. Le paradoxe immoral qui veut que, d’une part, l’on promeuve la libre circulation des marchandises, des capitaux en recherchant la rentabilité maximale alors que, d’autre part, l’on pénalise la libre circulation des personnes qui cherchent un travail digne, est purement et simplement intolérable et indéfendable sur le plan éthique. C’est là l’une des grandes incohérences de la mondialisation néo-libérale. Elle ne cherche pas à créer une société planétaire, elle cherche uniquement à créer des marchés planétaires. Elle dépend totalement du capital et non des êtres humains. La solution, ce n’est pas d’ériger davantage de frontières, la solution c’est la solidarité, c’est l’humanité. Ce sont des conditions propices à la prospérité, à la paix qui découragent les migrations.
Une Grande nouveauté, c’est que, dans les objectifs du développement durable, comme l’indique leur nom, l’on tient dûment compte du respect de la planète et globalement dans le monde l’on constate une amélioration de l’efficience des processus de production. Il y a eu une diminution de l’intensité énergétique mondiale, c’est-à-dire la quantité d’énergie nécessaire par unité de produit, la diminution donc a été de 1,2 % par an, entre 1971 et 2009 mais en dépit des progrès technologiques, en dépit de la dématérialisation de l’économie, il y une plus forte consommation d’énergie mondiale. Les émissions ont été multipliées par 3,6 en 50 ans, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 2,6 %. Si cette tendance venait à se conforter, dans 28 ans, les émissions actuelles auront doublé.Tout nous montre que la consommation d’énergie et la génération d’émissions sont directement proportionnelles au niveau de revenu ; ce qui signifie que la consommation l’emporte sur l’efficience.
Un habitant des pays riches émet 38 fois plus de CO2 qu’un habitant des pays pauvres. Tout cela nous amène au principe des responsabilités communes mais différenciées. Bien sûr il y a également un impact environnemental en lien avec la pauvreté par exemple l’érosion des sols, l’absence de traitement des résidus solides etc.. Problème supplémentaire, la différence entre les rendements énergétiques dans les pays pauvres et dans les pays riches est abyssale. Et ce fossé se creuse au fil du temps, concrètement de 4 à 5 fois plus important entre 1971 à 2010.Pour le combler, il faut avoir accès à la science, à la technologie. A nouveau, il y a ici un fossé énorme entre les pays riches et les pauvres. Les pays riches, chaque année, déposent 1 million 360 mille demandes des brevets alors que les pays pauvres, dans leur ensemble, en déposent 9 mille 170.
Les inégalités mondiales ne se reflètent pas uniquement dans la répartition des émissions mais bien également dans l’impact sur les changements climatiques et sur le réchauffement mondial. Des pays tels que l’Equateur sont responsables de moins de 0,1 % du total des émissions de CO2 mais subissent les conséquences du changement climatique. Par exemple, le seul pingouin qui arrive à la ligne d’équinoxe le spheniscus mendiculus, que l’on appelle communément le pingouin des Galápagos est menacé d’extinction en raison du réchauffement des eaux marines superficielles. Voilà pourquoi il nous faut tendre à une déclaration universelle des droits de la nature ; le principal droit universel de la nature devrait être que la nature puisse continuer d’exister mais également qu’elle puisse continuer d’offrir les moyens nécessaires à la vie pour que nos sociétés puissent vivre avec ce « sumak kawsay ». Voilà quelle doit être l’idée clef pour éviter un certain fondamentalisme : l’être humain n’est pas le seul être important dans la nature, mais il n’en reste pas moins le plus important.
Nonobstant ces responsabilités communes mais différenciées et le rôle que joue l’accès aux connaissances la science et la technologie, il existe actuellement, paradoxalement, une nouvelle et injuste division internationale du travail. Les pays riches génèrent des connaissances qu’ils privatisent ; les pays pauvres ou à revenus intermédiaires produisent des biens environnementaux qu’ils conservent gratuitement. La connaissance en général est un bien d’accès libre, c’est-à-dire que l’exclusion est techniquement impossible ou très onéreuse. Pour éviter le libre accès, en d’autres termes, pour privatiser le dit bien l’on érige des obstacles institutionnels, à savoir des droits de propriété intellectuelle. Les pays du bassin de l’Amazonie produisent également des biens d’accès libre, dans le cas présent des biens environnementaux qui régulent le climat mondial et sans lesquels la vie sur Terre se verrait nettement dégradée. Malgré cela, les grands pollueurs mondiaux ne paient rien pour consommer ces biens et services environnementaux.
Et l’on croit parfois que la génération de biens environnementaux se fait sans coût. De fait, c’est une production qui peut s’avérer extrêmement onéreuse. Pas en termes de coût direct mais dans le sens de ce à quoi nous renonçons pour produire ces biens environnementaux. Aujourd’hui nombreux sont ceux qui exigent que l’on n’exploite pas le pétrole en Amazonie mais cela représente un coût énorme en termes de revenus non perçus. Chaque jour qui passe c’est un enfant qui ne va pas à l’école, c’est une communauté qui n’a pas accès à l’eau potable, ce sont des personnes qui meurent de maladies que l’on aurait pu éviter, de véritables pathologies de la misère. Ce n’est qu’en compensant la consommation de biens environnementaux que nous n’aurions pas besoin de plus de financement pour le développement.
Voici encore une autre idée fondamentale alors qu’il est question de développement durable. Dans les pays pauvres, la préservation de l’environnement ne sera possible que si elle ne suppose de nettes améliorations du niveau de vie de la population. Comme l’a dit le pape François dans son encyclique « Laudato Si » « une véritable démarche écologique soulève toujours le problème d’une démarche sociale ». L’accès à la science, à la technologie est essentiel pour les pays pauvres qui luttent contre les changements climatiques et contre la pauvreté. Il est capital, comme l’avait dit le président du Paraguay, Horacio Cartes, il est indispensable de déclarer que les technologies qui atténuent les changements climatiques et leur impact sont des biens publics mondiaux et il est indispensable d’en garantir le libre accès.
La nouvelle répartition internationale du travail, chers amis, est un paradoxe total, les biens d’accès libre devraient être ceux qui n’ont pas de rivalité, de concurrence en termes de consommation, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de coût supplémentaires s’ils sont consommés par une personne supplémentaire. Par voie de conséquence, une fois qu’ils sont crées, plus le nombre de personnes utilisant le bien créé est élevé, mieux c’est. C’est normalement la caractéristique des connaissances, de la science, de la technologie. Comme l’a dit à juste titre George Bernard Shaw : « Si tu as une pomme et moi j’ai une pomme, et que nous échangeons cette pomme, à ce moment-là toi et moi aurons chacun une pomme. Mais si toi tu as une idée et que moi j’ai une idée, et que nous les échangeons alors nous aurons chacun deux idées » Et à l’inverse, quand un bien vient à manquer ou est détruit au fur et à mesure qu’il est consommé, à l’instar des biens environnementaux, c’est à ce moment-là qu’il faut en restreindre la consommation pour éviter ce que Garett Hardin a appelé la « tragédie des biens communs ».
Pourquoi ne pas faire ce qui est évident ? Pire encore, pourquoi faire exactement le contraire ? Parce que le problème n’est pas technique mais bien politique. L’injuste nouvelle répartition internationale du travail, n’est rien d’autre que la logique perverse visant à privatiser les bénéfices et à socialiser les pertes. Rien ne peut justifier cette démarche si ce n’est le pouvoir.Imaginons pendant un instant que la situation soit inversée : les producteurs de biens et de services environnementaux seraient les pays riches et les pays pauvres ou aux revenus intermédiaires seraient les pollueurs. Qui pourrait douter du fait qu’ils ne nous auraient pas, y compris envahis, pour exiger « une juste indemnisation » ?
C’est impressionnant, chers amis, mais le problème des changements climatiques pourrait être réglé à grand renfort de justice dans le cas de l’environnement. Mais malheureusement, comme le disait Thrasymaque dans son dialogue avec Socrate : « La justice n’est que l’intérêt du plus fort » Fin 2015 nous allons organiser la 21° conférence de Etats des Nation Unies à Paris. Si nous échouons, lors de cette conférence, si nous ne parvenons pas à des accords contraignants pour protéger la seule planète que nous avons, nous pouvons commencer à enterrer notre civilisation. Mais si nous remportons la victoire, nous organiserons la 22° conférence en pensant au cantique du premier manifeste écologique écrit en 1225 par Saint François d’Assise qui témoignait de toute sa reconnaissance à « frère le vent, à l’air, aux nuages, au ciel serein et à tous les temps »
Chers amis, l’Equateur est empli d’espoir à la vue du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis. Nous espérons que cela conduira à la levée de l’embargo et au retrait de la base de Guantanamo. Ce ne sera pas là la concession d’un pouvoir quelconque mais bien le triomphe de la justice et de la dignité du peuple cubain. Nous avons entendu le président Obama dire qu’il proposait de lever cinquante ans d’embargo non pas parce que c’est en violation du Droit internationale, du peuple cubain mais « parce que ça n’a pas fonctionné ». Nulle concession ici. Mais cinquante ans de résistance ! Nos peuples n’accepteront plus jamais la tutelle, l’ingérence ou l’intervention. La mémoire de nos peuples est lacérée par les abus, la violence du passé, même si on nous demande de l’oublier, de nous concentrer uniquement sur l’avenir. L’Equateur soutient l’Argentine dans sa défense de ses droits souverains sur les îles Malouines. Nous dénonçons ce néo colonialisme du XXI° siècle qui est inacceptable. Nous reconnaissons l’ Etat de Palestine qui doit être un état membre de notre organisation jouissant des pleins droits avec Jérusalem Est comme capitale dans les limites établies en 1967. Nous nous félicitons des accords récemment passés entre le gouvernement de Colombie et les FARC. L’Equateur aspire à la paix pour la Colombie et nous les soutenons dans cette entreprise.
L’Equateur dit toute sa solidarité envers le peuple Syrien, victime d’un conflit qui a détruit des familles, des biens, des personnes. Certaines puissances ont fait fi du principe de non ingérence dans les affaires intérieures et n’ont fait qu’exacerber la violence. Nous espérons pour le peuple syrien que sera rétablie la paix et nous rappelons que seul le peuple syrien peut choisir son avenir. L’Equateur est très attaché à sa relation avec l’Afrique. Nous allons d’ailleurs accueillir le 4° sommet Afrique Amérique du Sud en mai 2016, auquel tous les pays de ces deux régions sont invités. En octobre 2016, nous accueillerons également la Conférence Mondiale sur les Installations et Développements Urbains Durables « Habitat III », qui n’a lieu que tous les 20 ans, et lors de laquelle sera formulé le nouveau programme urbain. Nous sommes convaincus qu’il existe un droit à une ville sans exclusive avec une croissance urbaine durable. Enfin, je tiens à saisir cette occasion qui m’est donnée pour dénoncer une fois de plus, aux yeux du monde, une catastrophe environnementale 85 fois pire que l’accident du British Petroleum qui avait coulé dans le Golfe du Mexique en 2010 et 18 fois pire que l’accident Exxon Valdez en Alaska en 1989. Je vous parle ici de la pollution causée par Texaco, compagnie pétrolière qui a opéré en Amazonie équatorienne jusqu’en 1992, qui a été rachetée par la multinationale Chevron en 2001.
Chevron, troisième plus grande compagnie des Etats-Unis a fait l’objet d’une plainte, il y a 20 ans environ, déposée par la communauté autochtone de l’Amazonie touchée par la pollution. Il s’agit d’une affaire purement privée : Communauté de l’Amazonie contre Chevron Texaco. Chevron a passé les dix dernières années à se battre pour ne pas être jugé devant les tribunaux de New York, lieu de domicile de l’entreprise mais à être jugé sur les lieux de l’infraction dans la province de Sucumbios en Equateur. Cependant, comme il a perdu le procès et a été condamné à verser une importante somme, il a passé les dix dernières années à détruire ces mêmes tribunaux qu’il avait défendus avec un grand enthousiasme lorsqu’il pensait encore pouvoir les acheter. Il a dépensé des centaines de millions de dollars dans une campagne mondiale visant à discréditer l’Equateur.
Les entreprises transnationales doivent cesser ces atteintes aux Etats et aux peuples du sud. L’Equateur lance un appel aux Etats membres afin qu’ils participent à l’élaboration d’un traité contraignant pour sanctionner des entreprises dès lors qu’elles portent atteinte aux Droits de l’homme ou qu’elles portent atteinte à la nature. Nous vous invitons à vous rendre en Equateur, à plonger votre main dans les centaines de piscines laissées par Texaco pour que vous ressortiez cette main couverte de résidus de pétrole vingt ans après que la compagnie pétrolière a quitté le pays. C’est la main sale de Chevron.
Face à la superpuissance, aux milliards de dollars de Chevron Texaco, face à l’infamie de cette entreprise corrompue et source de corruption, l’Equateur utilisera l’arme la plus mortelle qui ait jamais inventée : la vérité.
Je vous remercie.
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
Uruguay – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Tabaré Vázquez, Président de l’Uruguay, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Madame la présidente,
Mesdames et messieurs les chefs d’états et de gouvernement,
Mesdames et messieurs les représentants de pays et d’organisations internationales,
Mes chers amis,
J’apporte devant cette enceinte, la plus grande et la plus représentative du monde d’aujourd’hui, le salut du peuple et du gouvernement de la république orientale d’Uruguay.
C’est un salut qui exprime notre passion pour la paix et la liberté, notre attachement à la démocratie, au droit, à la justice et à la solidarité, notre engagement dans le développement durable de notre pays et notre aspiration à une humanité qui – tant pis pour la redondance- ait en son cœur l’être humain, tous les êtres humains, hommes, femmes, sans aucune distinction.
Que tous soient égaux devant la loi et surtout que tous soient égaux face à la vie. Amis, mes chers amis, je suis uruguayen mais je ne suis pas ici pour vous parler des problèmes de l’Uruguay.
Je voudrais en toute modestie vous parler de problèmes qui concernent toute l’humanité.
Il y a quelques semaines, l’opinion publique mondiale a été très émue par l’image du corps mort d’un enfant jeté sur une plage, après que l’embarcation avec laquelle -comme tant d’autres victimes du conflit qui frappe son pays- il essayait de trouver dans le monde la protection à laquelle il avait droit ait fait naufrage.
La réaction internationale a été immédiate. Espérons qu’elle ne soit pas éphémère, que nous n’oublierons pas cette tragédie qui nous frappe et qui nous fait honte, que nous agirons avec détermination et efficacité pour rechercher des solutions au drame mondial de l’exode de ces millions d’êtres humains.
L’Uruguay, un pays qui a été alimenté par l’immigration, en tant que peuple qui a bénéficié de la solidarité internationale lorsqu’il en a eu besoin, reprend à son compte ce devoir auquel il ne peut se soustraire. Il est impérieux d’éviter que ne se répète cette tragédie, mais il est également essentiel d’attaquer les causes qui ont été à l’origine de cette tragédie.
Comme toujours, et ça ne vaut pas seulement dans le domaine de la santé, il vaut mieux prévenir que guérir. Prévenir en reconnaissant que les autres sont aussi notre prochain, ce qui va beaucoup plus loin que la tolérance. Prévenir en respectant et en promouvant les droits, tous les droits, en misant sur la démocratie comme forme de gouvernement et comme situation pour la société, en éduquant, en formant à une vie digne, à un travail décent et à une citoyenneté à part entière, en respectant la planète sur laquelle nous vivons et qui est la seule qui permette à l’espèce humaine de survivre. Si nous continuons de détruire ce monde, l’humanité n’aura plus nulle part où vivre.
Notre avenir, c’est également refuser tout type de terrorisme et de discrimination pour qu’il n’y ait plus d’enfant mort sur les plages dans le monde parce que qu’ils ne trouvent aucune protection et aucun lieu où vivre, c’est refuser le terrorisme et la discrimination d’où qu’ils viennent et quelles que soient les circonstances.
Prévenir, c’est également penser avec audace et agir avec sagesse en fonction des générations de demain. Mais comme il n’y a pas d’avenir sans présent, c’est également penser et agir en fonction de nos espérances à nous, de nos besoins et de nos possibilités.
Mes chers amis, il y a un instant, j’ai fait référence à la santé. Cela s’explique par mon expérience professionnelle puisque je suis médecin et qu’il y a encore peu de temps j’exerçais ma profession qui est également ma vocation. Mais je ne parle pas seulement d’expérience professionnelle.
En tant qu’homme d’état, je comprends parfaitement que la santé publique est un élément essentiel, essentiel, de la souveraineté des nations, un droit des personnes, un facteur de développement des sociétés et une responsabilité à laquelle les états ne peuvent pas se soustraire.
Dans ce domaine, nous sommes confrontés à une réalité préoccupante au niveau du monde entier.
D’après des études récentes et des rapports de l’organisation mondiale de la santé (OMS), premièrement la morbidité mondiale est davantage imputable aux maladies non transmissibles qu’aux maladies contagieuses, et deuxièmement, les maladies chroniques comme par exemple les cardiopathies et les accidents vasculaires cérébraux représentent actuellement les premières causes de décès dans le monde, si on ajoute à cela d’autres maladies non transmissibles, liés à notre mode de vie, cela représente plus de 60% de la morbi-mortalité dans le monde est imputable aux maladies chroniques non transmissibles : maladies cardiovasculaires, cancer, maladies pulmonaires obstructives chroniques, diabète etc.
Il nous reste donc du pain sur la planche. C’est un travail qui ne connait pas de frontière, car le problème n’a pas de frontière et ne reconnait pas de frontière, à tel point que pour brosser le tableau à large trait de ce paysage mondial compliqué, il y a beaucoup de pays à revenu faible et moyen, en Afrique, en Asie, et même en Amérique latine, qui sont confrontés actuellement à une double charge de morbi-mortalité.
Il y a les maladies contagieuses qui les touchent férocement et les maladies chroniques non transmissibles qui, insidieusement, tuent notre population et également la malnutrition.
Les facteurs de risque de maladies non transmissibles comme l’obésité et le surpoids, surpoids qui touche également les pays riches. On estime que le cancer coute annuellement à l’Amérique latine, et ça peut être extrapolé aux autres régions du monde, 4 milliards 500 millions de dollars en cout direct : consultation médicale, études, diagnostics, traitement, médicaments, hospitalisation, soins palliatifs, etc., et en cout indirect : cout de transfert, hébergement, perte de journées de travail, et perte de productivité.
Cet argent pourrait être utilisé à des politiques sociales qui apporteraient une meilleure qualité de vie à la population, plus d’éducation, plus de santé, plus de logements décents pour tout le monde.
Ce n’est peut-être pas très sympathique de mentionner cela, mais cela relève d’une réalité qu’il faut transformer car si on n’adopte pas de mesure immédiatement, d’ici à 2030 il y aura 1 million de latino-américains qui chaque année mourront du cancer et qui représentera 7 millions au niveau mondial qui mourront de cancer, une maladie que l’on peut prévenir et qui si elle est diagnostiquée à temps peut être soignée.
Donc, chaque année, le cancer tuera plus de monde que la deuxième guerre mondiale. Nous sommes face à une pandémie très grave et il faut que nous en prenions conscience car c’est malheureusement la réalité : une pandémie telle que l’humanité n’en a jamais connu. La vie est précieuse, elle n’a pas de prix.
Pour affronter et inverser l’augmentation de la morbidité et la mortalité dues au cancer et autres maladies chroniques non transmissibles, il est nécessaire d’adopter des décisions politiques et des stratégies systémiques pour réduire la pauvreté, pour générer de l’inclusion sociale, pour promouvoir l’éducation, pour encourager des modes de vies sains, renforcer des systèmes de santé intégrés, notamment des programmes nationaux de prévention primaire, de diagnostic précoce également, des traitements de réhabilitation et de suivi de ces maladies à long terme.
En ce qui concerne les modes de vie sains susmentionnés, cela signifie activité physique, sport, régime sain, pour lutter contre la croissance exponentielle et nocive des aliments ultra transformés. Contrôle du tabagisme, je le répète contrôle du tabagisme, de l’alcoolisme, et de la consommation de drogues. Nous avons l’expérience qui nous permet de dire qu’il est indispensable d’intégrer notre politique en ce qui concerne le tabac et l’alcool aux politiques sur les drogues. Ce n’est pas simple, nous le savons mais cela est possible. On peut réguler ces marchés sans aucune prohibition dogmatique, en respectant le droit des personnes et en appliquant le facteur de souveraineté des états et de progrès de la société qu’est la santé publique.
Surtout, je le répète, la lutte contre le tabac et contre son vecteur. Le vecteur du tabagisme ce n’est pas les oiseaux, les rats, les moustiques. C’est l’industrie multinationale du tabac qui ne s’inquiète pas de tuer ses clients parce qu’elle est lancée dans la quête du profit.
L’Uruguay est un leader mondial pour la convention cadre pour la lutte anti tabac. Depuis janvier 2014, nous avons adopté une loi de contrôle et de règlementation du cannabis et nous sommes en train de mettre en place le contrôle de l’alcoolisme et éventuellement d’une tolérance zéro dans certains cas et circonstances déterminés.
Enfin, toujours sur le même sujet, aucun acquis ne peut être consolidé tout seul. Pour tout, on a besoin de la sensibilité, de la détermination et de la persévérance de tous les gouvernements et e toutes les populations du monde.
En matière de coopération internationale, nous ne partons pas de zéro. Il existe des modalités de cadre institutionnel et de très nombreux projets en cours d’exécution.
Alors on pourrait nous dire qu’on pourrait améliorer la mise en œuvre des premiers et des progrès des seconds, bien sûr, mais avant d’en inventer d’autres utilisons ce que nous avons.
Pour cela, nous avons besoin de plus de ressources humaines, matérielles et financières.
Mais il y a une ressource sans laquelle les ressources précédentes toutes importantes qu’elles soient resteront toujours insuffisantes, j’ai nommé la ressource qui s’appelle volonté politique.
Et la volonté politique, en l’occurrence, c’est une question d’éthique plus qu’un dilemme idéologique.
Ce n’est pas une question d’être de droite ou d’être de gauche. Cela n’est pas éthique mesdames et messieurs que dans certaines circonstances, les tribunaux d’organismes multinationaux puissent accorder la priorité à des aspects commerciaux sur la défense d’un droit humain fondamental qui est le droit à la santé et à la vie.
C’est de cela qu’est victime l’Uruguay. Nous avons une grande multinationale du tabac, je ne vais pas la citer Philip Morris, qui a engagé des poursuites internationales contre l’Uruguay qui applique la convention cadre pour la lutte anti tabac de l’OMS.
L’Uruguay se trouve dans une telle situation, peut-être parce que nous sommes un petit pays, c’est pour cela que nous avons été choisis pour ces poursuites, peut être pas seulement pour que l’industrie du tabac nous sanctionne mais pour montrer aux autres pays qu’il ne faut pas qu’ils s’engagent sur la même voie que l’Uruguay qui cherche à améliorer la qualité de vie de sa population.
Invoquer l’éthique au 21ème siècle peut sembler naïf ou anachronique mais la réalité pointe l’inverse, comme je le disais précédemment. Il suffit de regarder les nouvelles de ces dernières semaines pour constater que, pour certains aspects qui ne sont pas du tout insignifiants bien entendu, le monde ressemble un peu trop à un asile psychiatrique administré par ses propres patients.
C’est terrible. Mais l’humanité, si elle veut survivre, et si elle veut progresser en tant qu’humanité, ne peut pas se résigner à ce qui est terrible. Nous ne pouvons pas nous résigner à la guerre, nous ne pouvons pas nous résigner à l’humiliation que connaissent les pauvres qui parfois n’ont même pas de quoi manger, à l’émotion de voir un enfant syrien mort sur une plage turque.
Mes chers amis, l’Uruguay parle pour ce qu’il est : un pays d’Amérique latine. Et nous, en tant que latino-américains, en cette circonstance, nous ne pouvons passer sous silence trois situations qui sont remarquables dans notre région actuellement :
- Premièrement, le rétablissement des relations diplomatiques entre les états unis et Cuba, indispensable pour la normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. Nous nous félicitons de cette initiative. Même si nous n’ignorons pas la complexité du processus qui s’est engagé, nous avons confiance dans son succès, surtout en ce qui concerne l’élément clé du processus : la levée du blocus économique, commercial et financier que le gouvernement des états unis a imposé à Cuba pendant plus de 50 ans.
Comme par le passé, l’Uruguay votera oui au projet de résolution que cette assemblée générale examinera et qui visera à demander la fin de l’embargo.
Je formule le vœu que ce soit la dernière fois que l’assemblée générale de l’ONU ait à se prononcer sur cette question. - Deuxièmement, la tension que l’on observe à la frontière entre la Colombie et le Venezuela.
Nous exhortons à un dialogue serein, respectueux et franc entre les gouvernements de ces deux pays frères afin qu’ils trouvent une solution à cette situation qui porte essentiellement préjudice au peuple des deux pays, et plus particulièrement à ceux qui sont le moins protégés et le plus vulnérable sur le plan social. - Troisième point, et on vient de nous en parler : lu dialogue de paix en Colombie, autre processus très complexe mais décisif pour ce pays frère et pour toute notre région. Nous sommes favorables à ce processus et nous sommes à disposition pour coopérer avec ce processus aux termes que nous demanderont nos homologues.
L’Uruguay n’est pas omnipotente, ne prétend pas être omniprésente ni infaillible, mais l’Uruguay n’est pas indifférente. En 2008, mes chers amis, notre pays a présenté officiellement sa candidature au Conseil de Sécurité des Nations-Unies en tant que membre non permanent pour l’année 2016-2017. Si nous l’avons fait, c’est parce que nous sommes engagés dans cette organisation dont nous sommes membre fondateur, parce que nous avons misé sur le droit international et sur le multilatéralisme, parce que nous refusons de façon déterminée toute forme de terrorisme et de discrimination, parce que nous sommes convaincus que les seuls moyens de régler des conflits sont les moyens pacifique établis par la charte des Nations Unies et parce que nous avons confiance dans la valeur du travail que réalise le Conseil de Sécurité pour s’acquitter de sa fonction essentielle qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationale.
L’Uruguay a contribué à la paix et la sécurité internationale grâce à son engagement concret et permanent dès avant la création des Nations unies et qui ne s’est jamais démenti au cours des 70 années de la trajectoire de cette organisation et qui se manifeste aujourd’hui par sa participation aux opérations de maintien de la paix dont le mandat émane précisément du conseil de sécurité.
Nous souhaitons modestement apporter nos valeurs, nos engagements, notre travail en tant que membre non permanent du conseil de sécurité pendant la période 2016-2017.
Nous ne doutons pas que vous nous appuierez pour pouvoir vous en rendre compte, nous ne vous décevrons pas.
Merci.
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
El Salvador – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Hugo Roger Martínez Bonilla, Ministre des affaires étrangères de la République d’El Salvador, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un grand honneur de m’adresser vous en ce moment si important alors que nous fêtons les 70 ans de cette organisation internationale. Nous avons abordé une nouvelle étape relative à l’avenir de l’humanité lorsque nous avons adopté le projet de développement à l’horizon de 2030. Les défis que nous devons relever sont incontestablement énormes, et c’est pour cela que nous avons besoin d’une organisation de plus en plus démocratique, de plus en plus participative et de plus en plus efficace. Nous devons progresser en ce qui concerne les réforme de l’organisation qui n’ont pas encore été réalisées. Nous devons renouveler nos efforts vigoureux notamment pour ce qui a trait au conseil de sécurité. L’adoption du nouveau programme de développement présente pour nos pays de nombreux défis et nous sommes engagés à les relever; mais ces défis sont également ceux de notre organisation qui doit nous accompagner afin que nous puissions honorer les responsabilités historiques que nous avons assumées.
Monsieur le Président, nous avons achevé une étape de l’histoire mondiale marquée par des progrès réels dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement, néanmoins ces progrès n’ont pas été suffisants; la lutte contre la pauvreté et l’inégalité doit toujours être menée. Les crises économiques et financières ont aggravé la vulnérabilité des plus pauvres; il faut ajouter à ces crises la prolifération des conflits dans le monde, les catastrophes provoquées par les phénomènes naturels ou par la main de l’Homme, qui ont eu un impact sur les conditions de vie de beaucoup de personnes dans différentes régions du monde. Ces conditions exigent de nous des transformations mondiales sincères et durables qui forcément doivent inclure la restructuration de l’architecture financière internationale, ainsi que le remaniement des mécanismes de coopération, afin de les transformer en institutions et mécanismes transparents et efficaces qui répondent aux besoins du développement humain. Je pense que nous devons prêter une attention particulière à la question de la dette souveraine; l’impact négatif du service de la dette pour ce qui est de satisfaire les besoins du développement et la jouissance effective des droits de l’Homme dans nos pays est gigantesque, car le service de la dette affecte directement la capacité de l’Etat à créer des investissements publics et à favoriser les investissements privés. Toute cela, à son tour, freine la réalisation des engagements pris vis à vis du développement. Il est donc essentiel de mettre en place un mécanisme de restructuration de la dette qui encourage une répartition juste et partagée de la responsabilité entre débiteur et créancier et ce, grâce à l’adoption d’une démarche fondée sur les besoins humains. Nous savons que pour réaliser les objectifs du développement durable, nous avons aussi besoin d’une nouvelle coopération internationale. Il est donc urgent d’oeuvrer afin de réaliser des modifications dans la structure actuelle du financement du développement, et de renforcer la coopération sud-sud.
Monsieur le Président, mon pays convient qu’il est très important que dans le texte adopté lors du sommet pour le développement, on signale que le groupe des migrants est un groupe particulièrement vulnérable. De plus, les migrants contribuent incontestablement au développement durable dans les pays où ils se trouvent. Le Salvador insiste pour affirmer que la communauté internationale, les organisations qui s’occupent la question des migrations, de la défense des migrants et des droits de l’Homme en général, et en particulier l’Organisation des nations Unies, assument ce défi avec courage et orientent les activités de leur institutions, ressources et programmes vers le renforcement des initiatives de coopération prises en matière de migration internationale sous toutes ses formes. Face aux différentes crises en matière de migration, nous ne devons pas oublier qu’il s’agit d’êtres humains, et nous devons garantir leurs droits, et notamment leur droit au développement.
Monsieur le Président, je saisis cette occasion pour signaler la contribution particulière de l’Amérique latine et de ses organisations régionales au multilatéralisme ; leurs propositions et initiatives courageuses ont permis de réaliser des progrès dans des questions très pertinentes d’ordre international: citons les migrations, l’environnement, le désarmement, les droits de l’Homme, l’autonomisation des femmes, la parité entre les sexes, le développement durable entre autres. Tous ces efforts de notre région ont beaucoup contribué au progrès des travaux multilatéraux et cherchent à renforcer la solidarité et la coopération entre tous les peuples du monde. Dans ce contexte, il convient de mentionner les efforts déployés par le système d’intégration d’Amérique centrale, notamment en matière de sécurité. Ces efforts complètent les efforts faits au niveau national par chacun de nos pays. Comme vous le savez, le Salvador mène une bataille sans précédent contre le crime au moyen de son plan « Salvador sûr » qui contient tout comme la stratégie régionale de sécurité d’Amérique centrale 4 composantes : la prévention du crime, la poursuite du crime, la réhabilitation, la réinsertion et bien sûr le renforcement des institutions de lutte contre le crime. Nous engageons une grande partie de nos ressources nationales dans cet effort, mais l’ampleur du défi nous pousse à faire appel à la communauté internationale pour lui demander de nous appuyer de façon résolue et solidaire afin de gagner cette bataille contre les groupes criminels qui menacent la tranquillité de nos familles.
Monsieur le Président, par ailleurs, en ce qui concerne le problème mondial de la drogue, j’aimerai signaler que nous tiendrons une session extraordinaire de l’assemblée générale des Nations Unies sur les drogues en avril 2016 ici même. La session extraordinaire de 2016 nous donnera la possibilité de revitaliser le dialogue et l’échange de bonnes expériences, dans le but d’évaluer les réussites dans la réalisation des obligations internationales en ce qui concerne la lutte contre les drogues. Ainsi, en même temps nous voulons relever les défis qui se présentent au niveau mondial. Le Salvador se satisfait, et est même honoré, de pouvoir représenter la région latino américaine en tant que coordonnateur du groupe latino américain et des Caraïbes et ce, devant le comité préparatoire de cette manifestation. Nous allons établir une coordination efficace et étroite, pour que les débats permettent de définir une vision globale de la politique internationale contre les drogues, dont l’axe principal sera la bien-être de l’être humain et le respect de ses droits.
D’un autre côté, et parce que mon pays accorde beaucoup d’importance au contrôle des armes, comme moyen efficace de réduire la violence qui frappe la région de l’Amérique centrale, le Salvador mise sur une réglementation internationale pour lutter contre le crime organisé, de façon à éviter les souffrances humaines provoquées par les transferts irresponsables d’armes. Je lance un appel fervent à la communauté internationale pour que nous travaillions ensemble afin d’appliquer réellement le traité sur le commerce des armes et pour assurer son universalisation. N’oublions pas que si nous agissons de manière déterminée dans ce domaine, nous pourrons agir pour faire une véritable différence entre la vie et la mort de millions de personnes dans le monde.
Par ailleurs, le Salvador, pays qui a profité d’opérations de maintien de la paix, reconnaît que ce mécanisme est un moyen légitime et efficace pour faire cesser les conflits dans les différents pays et régions du monde. C’est pourquoi, et dans le contexte de notre engagement vis à vis de la paix et de la sécurité internationale, mon pays continuera de participer à ces activités en envoyant du personnel militaire et de police. Nous continuerons donc de participer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, nous continuerons de faire de grands efforts pour renforcer notre participation grâce au déploiement d’unités sous notre bannière. Par ailleurs, nous soutiendrons toutes les initiatives qui permettront d’assurer la participation des femmes dans les différents contingents conformément aux dispositions de la résolution 1325 du conseil de sécurité et des autres résolutions qui ont suivi.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, je souhaite pour finir rappeler les objectifs et principes de la charte des Nations Unies. Nous devons comprendre que ces principes continuent d’être en vigueur et doivent être respectés par tous les Etats membres de l’organisation et ce, en passant par les processus de changement que nous avons déjà entamé. Dans ce contexte, il convient de signaler que le processus de détente entre Cuba et les Etats Unis a eu des résultats positifs, non seulement en ce qui concerne les relations ente les deux Etats, mais également pour tout le continent. Le Salvador se félicite du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats Unis d’Amérique. Nous espérons que dans cet environnement favorable, la volonté manifestée qui consiste à lever le blocus économique, commercial et financier contre Cuba deviendra une réalité et ce, dans les plus brefs délais. Je suis convaincu que grâce à notre volonté et grâce à nos efforts, nous pourrons tous construire un ordre international fondé sur la paix et sur la sécurité, le développement durable, la protection des droits de l’Homme, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités. Le Salvador est prêt à faire face à ce défi et déterminé à contribuer à cet objectif.
Merci beaucoup.
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
Commentaire recommandé
« Mais dans d’autres démocraties soit disant représentatives, le vote s’achève le jour des élections. Donc, soyons sincères, mes frères, mes sœurs, présidents, délégués, ministres ici présents. Celui qui gouverne, ce n’est pas le président Obama, ce sont les banquiers, les entrepreneurs, les multinationales. De quel type de démocratie parlons-nous alors ? »
+1 pour Evo Morales Ayma
12 réactions et commentaires
Merci.
Ça aurait pu passer inaperçu au milieu des seuls discours entendus sur bfm ou d’autres.
Je retiens notamment un message répété par chacun avec un exemple dans son pays et transposable en Europe : non au tafta et à la souveraineté des multinationales sur les états souverains.
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AlerterLe capital c’est 10% de charlatans qui vendent le bonheur en bouteille, 80% de citoyens crédules qui se marchent dessus pour l’acheter et 10% qui préfèrent l’eau de source.
Ce clivage extrême laisse peut-être présager un cap dans l’évolution du genre, les alternatives sont clairements identifiées:
– je te mache sur la gueule, ou pas.
– je crois sincèrement que le numérique c’est magique ou pas, car cela fait longtemps que je ne crois plus aux fées.
– je fais des dons aux ONG pour bien dormir ou pas, car pendant que je dors on me l’a fait a l’envers.
-je crois vraiment qu’Obama est prix Nobel de la paix ou pas, car tu peux maintenant l’acheter sur Ebay avec la Légion d’honneur en cadeau Bonux.
-je vais continuer d’écouter toutes ces conneries ou pas.
+4
Alerter« Mais dans d’autres démocraties soit disant représentatives, le vote s’achève le jour des élections. Donc, soyons sincères, mes frères, mes sœurs, présidents, délégués, ministres ici présents. Celui qui gouverne, ce n’est pas le président Obama, ce sont les banquiers, les entrepreneurs, les multinationales. De quel type de démocratie parlons-nous alors ? »
+1 pour Evo Morales Ayma
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AlerterExcellente phrase à méditer:
« Le bien-vivre, comme le disait également notre frère le président de l’Equateur, le bien-vivre, c’est la synthèse du socialisme commutarisme. Le mieux-vivre, c’est la synthèse du capitalisme. Il y a une nette différence. »
+3
AlerterCela fait déjà 10 ans que je dis
C’est l’Amérique du sud qui porte nos espoirs socialistes
Ainsi que nos espoirs écologistes
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AlerterLe capitalisme n’est que la propriété privée des biens de productions et rien d’autre. Est ce si difficile de le restreindre un minimum pour que chacun puisse avoir un peu de pouvoir ? Il suffirait de revenir un minimum sur la liberté de circulation des capitaux et d’imposer de nouvelles régulations aux détenteurs d’actions pour changer le cours du temps …
Mais tous les choix ont été fait, tout est en place. Il ne reste plus rien à décider et il n’y a plus de virage possible. Il va falloir payer maintenant et retenir les conséquences de ces choix pour le futur.
+1
AlerterLes discours d’Evo Morales et de Rafael Correa ont le mérite de mettre les pieds dans le plat de l’impérialisme américain et européen, une bouffée d’air pur à côté des banalités des deux autres.
Je n’aurais pas la prétention de dire que je connais la situation de l’Amérique du sud et que Morales et Correa sont des sauveurs pour leur pays, mais on perçoit au travers de leur discours, deux hommes intelligents, lucides et déterminés à se battre contre l’injustice, des qualités qui, hélas, n’ont plus cours chez nos hommes politiques depuis bien trop longtemps.
Alors, ça fait du bien de les lire, à défaut de les entendre faute de comprendre leur langue.
+13
AlerterConcernant le 1er discours du Président Bolivien :
Plutôt qu’éradiquer le capitalisme, mieux vaut je pense développer les alternatives
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-nouailhac/nouailhac-recul-de-la-pauvrete-vive-le-capitalisme-08-10-2015-1971651_2428.php
Bien entendu, chaque pays doit avoir le droit de négocier correctement l’exploitation de ses matières premières..
Le nombre d’entreprise détruisant la nature pour fabriquer leurs produits est en baisse, tant mieux!
« Il faut que cesse cette volonté de dominer les peuples du monde »
En espérant donc que le beau principe de citoyenneté universelle dont vous parlez soit accepté par tous les pays!
« misons sur l’unité, sur l’unité pour parvenir à la libération »
=> Pourquoi ne pas libérer les citoyens dès le départ ?
De manière générale, de l’importance d’un financement des partis transparent !
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20151008.OBS7271/marine-le-pen-vice-tsarine-de-poutine.html?xtref=http%3A%2F%2Ft.co%2Fvz9mXVdvYe#http://t.co/vz9mXVdvYe
PS : Kadhafi voulait imposer l’Islam partout, c’était donc à la fin de son mandat clairement un tyran pour moi oui
+0
AlerterBonjour Guillaume vesset,
Le point comme référence, non merci!!!
« De manière générale, de l’importance d’un financement des partis transparent ! »et vous nous claquez un lien du nouvel obs???
Guillaume, la presse que vous nous conseillez n’est PAS de l’information mais de la propagande, quant à Khadafi, il voulait le Panarabisme
https://fr.wikipedia.org/wiki/Panarabisme
« Ce mouvement remporte fréquemment les suffrages des élites, remplaçant peu à peu le sentiment d’appartenance à l’islam, ce qui n’est pas toujours le cas pour le peuple. Ce mouvement est théorisé aussi bien par des chrétiens que par des musulmans, ce qui lui donne une coloration laïque, en tout cas œcuménique et transcendant les religions »
et le panafricanisme
https://fr.wikipedia.org/wiki/Panafricanisme
Un tyran qui semble t-il cherchait tout de même l’intérêt des peuples d’Afrique.
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Alertertous ces pays qui font que cuba n’est plus seule avec le venezuela et son support pétrolier. Là ceux qui luttent le plus pour le socialisme sont les Boliviens dans le cadre du marché bolivarien.
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Alerter« nous sommes convaincus que le capitalisme n’est pas la solution pour la vie et encore moins pour l’Humanité. »
C’est drôle parce qu’ils sont tous mieux placés que la France en matière fiscale. Et de loin.
Loin du socialisme qu’ils affichent.
Quand à l’association « capitalisme=guerre », c’est une vaste blague, l’URSS ne s’en privait pas.
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AlerterCeci me rappelle que l’avion du Président avait été séquestré à Vienne par nos si douces démocraties européennes en 2013. Paradoxalement pour tenter d’attraper le type qui avait prouvé l’espionnage de celles-ci par le meilleur allié dont on puisse réver.
La gauche, le camps du progrès et du bien…
http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/MORALES/49552
[…]
C’est à ce moment que je reçois la visite de l’ambassadeur d’Espagne en Autriche, M. Alberto Carnero. Celui-ci m’annonce qu’un nouveau plan de vol vient d’être approuvé pour m’acheminer en Espagne.
Seulement, explique-t-il, il lui faudra au préalable inspecter l’avion présidentiel. Il s’agit même d’une condition sine qua non à notre départ pour Las Palmas de Gran Canaria.
Lorsque je l’interroge sur les raisons de cette exigence, M. Carnero évoque le nom de M. Edward Snowden, cet employé d’une société américaine auprès de laquelle Washington sous-traite certaines de ses activités d’espionnage. J’ai répondu que je ne le connaissais qu’à travers la lecture de la presse. J’ai également rappelé au diplomate espagnol que mon pays respectait les conventions internationales : en aucun cas je ne cherchais à extrader qui que ce soit vers la Bolivie.
M. Carnero était en contact permanent avec le sous-secrétaire aux affaires étrangères espagnol, M. Rafael Mendívil Peydro, qui, de toute évidence, lui demandait d’insister. « Vous n’inspecterez pas cet avion, ai-je dû marteler. Si vous ne croyez pas ce que je vous dis, c’est que vous traitez de menteur le président de l’Etat souverain de Bolivie. » Le diplomate ressort pour prendre les consignes de son supérieur, avant de revenir. Il me demande alors de l’inviter à « prendre un petit café » dans l’avion. « Mais vous me prenez pour un délinquant ? lui demandé-je. Si vous tenez à pénétrer dans cet avion, il vous faudra le faire par la force. Et je ne résisterai pas à une opération militaire ou policière : je n’en ai pas les moyens. »
Ayant certainement pris peur, l’ambassadeur écarte l’option de la force, non sans me préciser que, dans ces conditions, il ne pourra pas autoriser notre plan de vol : « A 9 heures du matin, nous vous indiquerons si vous pouvez ou non partir. D’ici là, nous allons discuter avec nos amis », m’explique-t-il. « Amis » ? « Mais qui donc sont ces “amis” de l’Espagne auxquels vous faites référence ? La France et l’Italie, sans doute ? » Il refuse de me répondre et se retire…
[…]
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