Le texte
Les Ukrainiens ont voté et réenclenché le processus démocratique. Ils ont élu un président consensuel, Petro Porochenko, et choisiront sans doute dans quelques mois une nouvelle assemblée représentative. Odessa, Kiev et quelques autres grandes villes ont aussi élu leur maire le 25 mai. Les commandos armés et leaders séparatistes de Donetsk et Lugansk à l’Est apparaissent désormais, dans la lumière crue de la victoire démocratique ailleurs, comme de dangereux et violents extrémistes qui ont su tirer profit de la désorganisation institutionnelle et du désarroi des populations. Les urnes ont gagné une bataille décisive contre l’arbitraire. D’autres batailles suivront, mais le choix des armes ne sera plus décidé à Moscou. Les institutions ukrainiennes vont se reconstruire et pourront résister plus efficacement à la subversion et aux pressions.
Six mois ont passé depuis le début de la révolution pacifique de Maidan fin novembre. Trois mois depuis la lâche fuite de Viktor Ianoukovitch qui avait fait tirer sur les manifestants les 19-20 février. Les événements se sont bousculés, Moscou a tenté de forcer l’histoire en annexant la Crimée et en déstabilisant deux régions entières à l’Est par la subversion armée. Même la belle cité portuaire d’Odessa a succombé à la violence le 2 mai. Les scenarios les plus fous ont été envisagés, de la disparition de l’Etat ukrainien à la conquête de la Moldavie. De plus en plus assourdissants étaient les commentaires exaltés en Russie, et relayés en Europe, vantant la toute puissance poutinienne qui ferait renaître un ordre impérial sur l’Est de notre continent.
Le pire a été évité grâce au suffrage universel, au sang froid du gouvernement intérimaire à Kiev, et à la détermination tranquille de la majorité des Ukrainiens. Et aussi au soutien de l’Union européenne, des Etats-Unis et du Canada ; il importe de le rappeler en ce dur lendemain de poussée réactionnaire et anti-Europe en France. On pense avec effroi aux scénarios qui se seraient réalisés si les autorités à Kiev avaient cédé au chantage et les Ukrainiens à la panique.
Le score du candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle ukrainienne mérite d’être souligné. Dmitro Iarosh a obtenu 0,7 % des voix. Voici donc ce que représente le fameux groupe ultra Pravyi sektor que certains décrivaient comme la force montante d’une Ukraine « nationale- fasciste ». Et le candidat du parti de la droite nationaliste Svoboda, Oleg Tiagnibok, dépasse à peine 1% ! Ils font tous deux fait pâle figure en comparaison d’un Front National à 25% dans une France en paix, qui n’est menacée ni par les troupes russes, ni par un défaut de paiement de l’Etat. Certes, l’extrême droite aurait fait un meilleur score si les électeurs de l’Est avaient pu voter…. Mais ce sont les séparatistes soutenus par la Russie qui ont empêché les bureaux de vote d’ouvrir et d’accueillir les citoyens ! L’alliance de circonstance entre les ultra-nationalistes ukrainiens et les « prorusses » a donc vécu.
L’ironie de l’histoire est que Petro Porochenko a remporté la présidentielle au premier tour grâce à l’ingérence de Moscou et aux insurrections de Donetsk et Lugansk. Si ces deux régions avaient organisé le scrutin, Porochenko aurait quand même gagné, mais au second tour, après un duel avec Ioulia Timochenko. La double victoire du 25 mai – Vitali Klitchko a gagné la capitale avec 57% des suffrages – offre aux dirigeants qui ont été portés par le mouvement Maidan une légitimité incontestable. Légitimité qu’ils devront consolider rapidement, car leur capital de confiance est plus réduit. La société ukrainienne a vécu des mois éprouvants, elle s’est trouvée confrontée à ses divisions et à ses fragilités, bien réelles, et elle n’accorde plus sa confiance aveuglément. Elle demandera des comptes, tout de suite.
Dès le lendemain de son élection, le nouveau président a appelé au dialogue avec Moscou, tout en affirmant que sa première mission était de mettre fin au non droit dans les régions de l’Est. L’enjeu est considérable, car les actes de violence sont quotidiens. A la veille des élections, un journaliste italien et un dissident russe connu, Andrei Mironov, ont été tués, parmi d’autres victimes. L’aéroport de Donetsk a été pris par les insurgés, l’armée ukrainienne a entrepris de le reconquérir. Mais les troupes russes toujours massées à la frontière est du pays ne semblent plus faire aussi peur aux Ukrainiens. En mettant leur bulletin dans l’urne dimanche 25 mai, les Ukrainiens ont vécu une délivrance. Les nombreux électeurs rencontrés à Odessa pendant la mission d’observation de ces derniers jours ont tous exprimé ce soulagement. « On respire de nouveau ».
Source : Le Huffington Post
L’analyse
À Odessa, le 26 mai
Les Ukrainiens ont voté et réenclenché le processus démocratique.
C’est quand même bien de reconnaitre que ce qui se passe depuis 3 mois n’est en RIEN démocratique.
Et il aurait suffit d’attendre 11 mois pour avoir de nouvelles élections présidentielles en Ukraine, qui auraient conservé la Crimée et où il n’y aurait pas eu des centaines de morts, un début de guerre civile dans l’Est… Beau bilan de « Maïdan »…
Ils ont élu un président consensuel, Petro Porochenko, et choisiront sans doute dans quelques mois une nouvelle assemblée représentative. Odessa, Kiev et quelques autres grandes villes ont aussi élu leur maire le 25 mai. Les commandos armés et leaders séparatistes de Donetsk et Lugansk à l’Est apparaissent désormais, dans la lumière crue de la victoire démocratique ailleurs, comme de dangereux et violents extrémistes qui ont su tirer profit de la désorganisation institutionnelle et du désarroi des populations. Les urnes ont gagné une bataille décisive contre l’arbitraire.
Déjà, je suis étonné que quelqu’un se présentant comme chercheur utilise des mots comme « de dangereux et violents extrémistes » dans une situation aussi complexe que le cas ukrainien… D’autant qu’on a peu entendu ce genre de propos concernant les 5 ministres actuels se rattachant à des mouvements néonazis / fascisants…
Ensuite, 15 % de participation dans la région de Donetsk, qui est grande comme la Bretagne, Languedoc-Roussillon ou l’Auvergne, montre que le gouvernement a totalement perdu le contrôle de vastes territoire, résultat qu’on n’atteint pas seulement avec une poignée de « dangereux extrémistes ».
Par ailleurs, plus d’un million d’électeurs ont participé au référendum du 11 mai dans ces territoires, démontrant sans équivoque leur rejet du gouvernement de Kiev – peut-être aurait-on pu avoir un mot pour leurs légitimes aspirations – qui ne sont d’ailleurs pas de faire sécession, mais de voir reconnues leurs spécificités… « L’arbitraire » semblant vouloir écraser cette autre expression démocratique à coups de mortiers…
D’autres batailles suivront, mais le choix des armes ne sera plus décidé à Moscou.
Madame Mendras pourrait-elle fournir des preuves solides que le « choix des armes » a été décidé par le gouvernement à Moscou ? Je serai heureux de les publier.
Les institutions ukrainiennes vont se reconstruire et pourront résister plus efficacement à la subversion et aux pressions.
Six mois ont passé depuis le début de la révolution pacifique de Maidan fin novembre.
Le gouvernement actuel de Kiev a reconnu lui même il y a quelques jours qu’il y avait eu 1130 policiers blessés, dont 200 par balle dont 17 sont morts. Madame Mendras pourrait-elle préciser sa définition de « pacifique » ? (même si, rappelons le 90 % des gens l’étaient. Mais s’ils n’avaient été que pacifiques, ils manifesteraient toujours sur la place Maïdan là, face à l’ancien Président…)
Trois mois depuis la lâche fuite de Viktor Ianoukovitch
Rappelons que le Président – corrompu mais légitime – a fui car les miliciens de la Place Maidan ont annoncé qu’ils refusaient l’accord signé par l’opposition et iraient se saisir de lui le lendemain… Le chef actuel du Conseil de Sécurité de l’Ukraine (et ancien commandant de Maïdan) vient de le reconnaitre :
- Donc, vous reconnaissez que vous évincé Ianoukovitch?
- Oui. Il s’est enfui.
- Mais il s’est enfui parce qu’il avait peur pour sa vie?
- Oui bien sûr. Après tant de morts et une telle tension nationale, il a compris que s’il ne s’enfuyait, les conséquences pour sa personne pourraient être très mauvaises…
qui avait fait tirer sur les manifestants les 19-20 février.
La Commission en charge du Parlement a également indiqué il y a quelques jours que « Les balles d’armes à feu trouvées sur les lieux des événements tragiques sur le Maidan, à Kiev, le 20 février, ne pouvaient pas être tirées des armes dont les Berkouts étaient équipés. » Et que « Ce sera un autre cas non résolu comme l’assassinat de JFK. » Ce qui confirmait un début d’enquête réalisée par la chaine allemande ARD démontrant que le procureur de Kiev sabotait l’enquête. Aucun mot aussi sur l’interception des propos d’un ministre estonien sur placequi démentait la version de Kiev…
Madame Mendras pourrait-elle nous donner ses sources attestant de la responsabilité du Président Ianoukovitch dans la fusillade – cela aidera beaucoup le parlement ukrainien.
Les événements se sont bousculés, Moscou a tenté de forcer l’histoire en annexant la Crimée et en déstabilisant deux régions entières à l’Est par la subversion armée.
Merci à Madame Mendras de nous donner les preuves de l’implication du gouvernement russe (et pas 3 misérables photos de miliciens, plus ou moins trafiquées).
Même la belle cité portuaire d’Odessa a succombé à la violence le 2 mai. Les scenarios les plus fous ont été envisagés, de la disparition de l’Etat ukrainien à la conquête de la Moldavie. De plus en plus assourdissants étaient les commentaires exaltés en Russie, et relayés en Europe, vantant la toute puissance poutinienne qui ferait renaître un ordre impérial sur l’Est de notre continent.
Le pire a été évité grâce au suffrage universel, au sang froid du gouvernement intérimaire à Kiev, et à la détermination tranquille de la majorité des Ukrainiens.
Par « Sang froid » faut-il entendre le fait que le gouvernement ait entamé une répression militaire par l’armée (dont beaucoup de soldats se mutinent), pas si différente de celle dénoncée en Libye, ou s’agit-il simplement du sang répandu des dizaines de victimes civiles ?
Et aussi au soutien de l’Union européenne, des Etats-Unis et du Canada ; il importe de le rappeler en ce dur lendemain de poussée réactionnaire et anti-Europe en France.
Attention, au mot « anti-Europe ». En effet l’Europe est un continent, et on peut difficilement être « contre » ou « anti » ce continent (qu’est-ce qu’être « anti-Asie » ?). C’est aussi une déesse de la mythologie, violée par Zeus (« ZE-US… »). En revanche, s’il s’agit de l’Organisation néolibérale de Bruxelles, c’est un autre débat politique, mais il convient d’employer en ce cas les bons mots quand on est chercheur au CNRS – et de ne pas mélanger d’ailleurs les casquettes de chercheur et de militant politique par déontologie élémentaire…
On pense avec effroi aux scénarios qui se seraient réalisés si les autorités à Kiev avaient cédé au chantage et les Ukrainiens à la panique.
Cette phrase ne voulant rien dire, elle suscite peu d’effroi à mon sens…
Le score du candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle ukrainienne mérite d’être souligné. Dmitro Iarosh a obtenu 0,7 % des voix. Voici donc ce que représente le fameux groupe ultra Pravyi sektor que certains décrivaient comme la force montante d’une Ukraine « nationale- fasciste ». Et le candidat du parti de la droite nationaliste Svoboda, Oleg Tiagnibok, dépasse à peine 1% !
Premièrement, en quoi Iarosh mérite-t-il d’être désigné comme « LE candidat d’extrême droite » en Ukraine ? C’est le représentant du groupuscule armé néonazi/fasciste Pravyi Sektor. Et Tiagnibok est le leader du parti national-social d’Ukraine Svoboda, désigné par le Congrès Juif mondial comme néonazi.
Madame Mendras pourrait-elle nous donner une définition de « l’extrême-droite », car selon les normes européennes actuelles, M. Lyashko du parti Radical et ses 8 % et probablement Madame Timochenko et ses 13 %, mériteraient le qualificatif « d’extrême droite ». Le premier tient régulièrement des propos très violents et appelle à l’interdiction du parti communiste, la seconde a déclaré qu’il faudrait envoyer des bombes atomiques sur les Russes et un de ses députés a cofondé le Parti National Social d’Ukraine, et une autre s’est publiquement réjoui du meurtre des russophones d’Odessa. (Lire ici)
Deuxièmement, il y a toujours un effet « vote utile » lors de la présidentielle en Ukraine. Le score des néonazis / fascisants était déjà de 2 % en 2010, ce qui ne les a pas empêché d’obtenir 10 % des voix aux législatives de 2012, avec 30 % à 40 % des voix dans l’Ouest, un détail j’imagine… Aux législatives, les intentions de vote de Svoboda+Praviy Sektor sont de 10 % en moyenne, et 20 % dans l’Ouest, auxquels il faut ajouter les 7 % du parti radical (extrémiste).
Troisièmement, le problème n’est pas de savoir s’ils font 2, 5 ou 10 % des voix, mais s’ils ont une part du pouvoir politique, ce qui est actuellement le cas, avec des minsitres, des postes clefs (Conseil de Sécurité, Procureur général) et 20 % des députés de la majorité. Et de nombreux purs néonazis pour le coup constituent la Garde Nationale qui opère dans l’Est et tue des citoyens. Un détail ?
La complaisance de Madame Mendras envers des groupuscules néonazis / fascisants et violents laisse pantois.
Ils font tous deux fait pâle figure en comparaison d’un Front National à 25% dans une France en paix, qui n’est menacée ni par les troupes russes, ni par un défaut de paiement de l’État.
Comment, et sans LA MOINDRE complaisance de ma part avec le Front National, peut-on rapprocher ce parti de groupuscules néonazis, tuant des citoyens, et dont les députés appellent au meurtre de russophones avec des partis de l’Ouest de l’Europe ?
Certes, l’extrême droite aurait fait un meilleur score si les électeurs de l’Est avaient pu voter….
Premièrement, c’est bien de reconnaître que les électeurs n’ont pas pu (ni voulu…) voter. Peut-être est-il possible de faire un lien avec la phrase un peu plus haut : « Les Ukrainiens ont voté et réenclenché le processus démocratique. »
Deuxièmement : comment peut-on être aussi ignorant de l’implantation géographique de Svoboda en Ukraine ?
Mais ce sont les séparatistes soutenus par la Russie qui ont empêché les bureaux de vote d’ouvrir et d’accueillir les citoyens !
Pour la 3ème fois, Madame Mendras pourrait-elle nous communiquer les preuves impliquant le gouvernement russe dans l’Est de l’Ukraine ?
Par ailleurs, lesdits électeurs ayant voté le 11 mai pour la création d’une République autonome, ceci explique peut-être cela…
L’alliance de circonstance entre les ultra-nationalistes ukrainiens et les « prorusses » a donc vécu.
Mais quel est ce charabia incompréhensible ? Les ultra-nationalistes ukrainiens de Svoboda ou Secteur droit auraient fait alliance avec les pro-russes ? (NB. je ne m’arrête pas faute de temps sur la nouvelle indigence consistant à qualifier ces russophones de « pro-russes »)
L’ironie de l’histoire est que Petro Porochenko a remporté la présidentielle au premier tour grâce à l’ingérence de Moscou et aux insurrections de Donetsk et Lugansk.
Pour la 4ème fois, Madame Mendras pourrait-elle nous communiquer les preuves impliquant le gouvernement russe dans l’Est de l’Ukraine ?
Si ces deux régions avaient organisé le scrutin, Porochenko aurait quand même gagné, mais au second tour, après un duel avec Ioulia Timochenko. La double victoire du 25 mai – Vitali Klitchko a gagné la capitale avec 57% des suffrages – offre aux dirigeants qui ont été portés par le mouvement Maidan une légitimité incontestable. Légitimité qu’ils devront consolider rapidement, car leur capital de confiance est plus réduit. La société ukrainienne a vécu des mois éprouvants, elle s’est trouvée confrontée à ses divisions et à ses fragilités, bien réelles, et elle n’accorde plus sa confiance aveuglément. Elle demandera des comptes, tout de suite.
Dès le lendemain de son élection, le nouveau président a appelé au dialogue avec Moscou, tout en affirmant que sa première mission était de mettre fin au non droit dans les régions de l’Est. L’enjeu est considérable, car les actes de violence sont quotidiens. A la veille des élections, un journaliste italien et un dissident russe connu, Andrei Mironov, ont été tués, parmi d’autres victimes. L’aéroport de Donetsk a été pris par les insurgés, l’armée ukrainienne a entrepris de le reconquérir.
Mais les troupes russes toujours massées à la frontière est du pays ne semblent plus faire aussi peur aux Ukrainiens.
Là encore, pourrait on avoir des preuves solides ? Et qu’appelle-t-on « masser des troupes russes en Russie » ?
En mettant leur bulletin dans l’urne dimanche 25 mai, les Ukrainiens ont vécu une délivrance. Les nombreux électeurs rencontrés à Odessa pendant la mission d’observation de ces derniers jours ont tous exprimé ce soulagement. « On respire de nouveau ».
C’est beau comme du BHL. Étonnant, j’ai pour ma part des correspondants à Odessa qui n’ont pas vu les choses comme cela…
Marie Mendras
Chercheure au CNRS et CERI-Sciences (NdR. : laboratoire de Sciences-Po)
Lettre ouverte au CNRS et au CERI
Lettre ouverte à Alain Fuchs, président du CNRS (alain.fuchs@cnrs-dir.fr) et Alain Dieckhoff, Directeur du Ceri (alain.dieckhoff@sciencespo.fr)
Messieurs,
j’ai eu la désagréable surprise de lire l’article de Marie Mendras du 26 mai sur l’Ukraine, dans le Le Huffington Post.
Il contient, à mon sens, plusieurs erreurs importantes, comme par exemple :
- qualifier la révolution de Maïdan de « pacifique » alors que le coup d’État s’est soldé – suivant le propre décompte du gouvernement actuel – par 1130 policiers blessés dont 200 par balle dont 17 tués par balle, alors qu’ils étaient désarmés.
- parle de « lâche fuite » du Président, alors que sa vie était menacée comme l’a reconnu le Commandant militaire du Maïdan
- indique que l’ancien président aurait fait « tirer sur les manifestants », alors que la situation est plus complexe, primo, les policiers subissaient des tirs à balles réelles et y répondaient donc, et secundo, plusieurs reportages sérieux montrent qu’une partie des tirs mortels sur les manifestants seraient venus de leur propre camp – les nouvelles autorités de Kiev ayant par ailleurs bêtement « perdu » les armes et les douilles retrouvées sur place
- déclare que « l’extrême droite aurait fait un meilleur score si les électeurs de l’Est avaient pu voter », ce qui est stupéfiant, puisque la situation est exactement l’inverse, comment le montre simplement le résultats des élections passées, ce qui interpelle le lecteur.
De même, aucun mot sur le fait que :
- le gouvernement ukrainien compte 6 membres (soit le tiers) qui se rattachent directement à des partis néonazis (et déclarés comme tels par exemple par le Congrès Juif Mondial, et condamnés par le Parlement Européen en 2012) ;
- le référendum – certes imparfait – du 11 mai dans l’Est, avec sa forte participation et son résultat positif ;
- une partie des corps de l’armée ukrainienne en Crimée a semble-t-il refusé de rentrer au pays ;
- les résultats des petits partis à la Présidentielle ne sont pas significatifs, cette élection se caractérisant par un effet vote utile régulier ; la bonne élection pour mesurer le poids des partis est l’élection législative, et les intentions de vote actuelles montrent la force des partis d’origine néonazie / fascistes / fascisants.
Une telle attitude est extrêmement inquiétante venant d’une personne se disant « Chercheure au CNRS et CERI-Sciences (Sciences-Po) », et mettant en avant ce titre pour donner du poids à ces propos.
Dans le Huffington Post
Je souhaitais donc savoir si vous approuviez ces propos, et s’ils correspondaient à la vision du CNRS et de Sciences-Po.
Que Madame Mendras raconte de telles choses fausses, c’est, après tout, bien son droit, mais qu’elle utilise les marques CNRS et Sciences-Po pour leur donner force et crédibilité, cela devient – j’imagine – votre problème.
D’autant que – de façon inexplicable – elle dispose d’une forte exposition médiatique, intervenant souvent dans les médias en se prévalant systématiquement de ces 2 institutions.
Sur France Culture
Sur France 24
Dans Libération
Et même sur le site du Parti socialiste !
Je précise « inexplicable » car, outre ces problèmes déontologiques, je lis sur un article de 2010 du site Nonfiction.fr (qui n’a semble-t-il pas été démenti) :
« La spécialiste de la Russie, chercheuse au CERI, Marie Mendras a été démissionnée de la Direction de la Prospective du ministère des Affaires étrangères par Bernard Kouchner cette semaine. Elle avait été nommée il y a environ huit mois à ce poste. « Elle n’a pas su trouver ses marques, ni compris ce qu’était le métier de diplomate, ni su comment on anime une direction d’administration centrale », affirme un membre de la Direction de la Prospective (DP). […] Elle aura été l’une des plus brèves directrices d’administration centrale de toute l’histoire du Quai d’Orsay« , confirme un autre membre de la DP. Selon les personnes que nous avons interrogées au sein de la DP, Mme Mendras avait fait l’unanimité contre elle dans son équipe, et plusieurs intellectuels et spécialistes des relations internationales avaient réclamé son départ. L’un d’entre eux rappelle « l’incompétence totale et l’amateurisme grave de la directrice de la DP », alors qu’un autre parle d’ « une erreur de casting manifeste ». »
Je vous remercie de votre attention, et je reste donc dans l’attente d’une réponse de votre part pour éclairer la position de vos institutions – sans, je le répète, vouloir restreindre le droit de Madame Mendras à s’exprimer – mais dans ce cas, en son seul nom propre….
Bien cordialement
Olivier Berruyer
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N’hésitez pas vous même à écrire à ces institutions pour appuyer cette lettre ou demander quelques explications !
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