Voici la lettre parue dans BioScience qui a mis le feu aux poudres de l’affaire de la chloroquine.
On notera son contenu indigent, l’absence du moindre chiffre (le traitement évite-t-il 5 % des cas graves ou 95 % ?) et le fait qu’elle émane du département de Pharmacie d’une région relativement peu touchée par le Covid, Qingdao (à 1 000 km de Wuhan)
À première vue cela sonne plus comme une communication politique que comme un travail scientifique sérieux. Les auteurs parlent d’effet antiviral, en se basant sur des travaux de 2003 et 2013, alors que les espoirs ont été démentis depuis.
Par la suite, des scientifiques chinois renommés ont réalisé un essai clinique de taille réduite, mais n’ont trouvé aucune efficacité à la chloroquine : voir ce billet
Espérons, mais attendons donc les tests en cours avant de conclure…
Publication Préalable
DOI: 10.5582/bst.2020.01047
Reçu le 18 février 2020; accepté le 18 février 2020
Lettre
Une avancée majeure : D’après des études cliniques, le phosphate de chloroquine pourrait être efficace dans le traitement de la pneumonie associée au COVID-19.
Jianjun Gao1, Zhenxue Tian2, Xu Yang2
1 Department of Pharmacology, School of Pharmacy, Qingdao University, Qingdao, China;
2 Department of Pharmacy, Qingdao Municipal Hospital, Qingdao, China.
Source : pdf ; lien web
Résumé
La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) se propage rapidement, et les scientifiques en Chine s’efforcent de découvrir des traitements efficaces. Le phosphate de chloroquine, un médicament bien connu pour le traitement du paludisme, a été testé lors d’essais cliniques multi-localisations conduits en Chine, et montre une efficacité apparente ainsi qu’une innocuité acceptable dans les cas de pneumonies associées au COVID-19. Nous recommandons son inclusion dans la prochaine version des « Recommandations pour la prévention, le diagnostic et le traitement de la pneumonie causée par le COVID-19″ émise par la Commission nationale de la santé de la République Populaire de Chine, afin de l’utiliser dans le futur, pour le traitement de l’infection, sur des populations plus larges.
Article
La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), apparue en décembre 2019, s’est étendue rapidement, alors que des cas sont aujourd’hui confirmés dans de multiples pays. A la date du 16 février 2020, le virus a causé 70 548 infections et 1 770 morts en Chine continentale, et 413 infections au Japon [1]. En Chine, des efforts considérables ont été entrepris dans le but de trouver un remède efficace contre le virus [2].
Le 17 février 2020, le Conseil d’Etat chinois [nom officiel du gouvernement, NdT] indiquait lors d’un point presse que le phosphate de chloroquine, un médicament bien connu pour le traitement du paludisme, avait démontré une efficacité significative ainsi qu’une innocuité acceptable pour le traitement de pneumonies associées au COVID-19, dans le cadre d’essais cliniques multi-localisations conduits dans le pays [3].
Dans les premières études in vitro, il a été démontré que la chloroquine bloquait l’infection au COVID-19 à faible concentration micromolaire, avec une concentration efficace médiane (CE50) de 1,13 µM et une concentration cytotoxiquemédiane (CC50) supérieure à 100 µM [4]. Un certain nombre d’essais cliniques ultérieurs (ChiCTR2000029939, C h i CTR 2 0 0 0 0 2 9 9 3 5 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 8 9 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 8 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 8 6 8 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 8 3 7 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 8 2 6 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 8 0 3 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 7 6 2 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 7 6 1 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 7 6 0 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 7 4 0 , C h i C T R 2 0 0 0 2 9 6 0 9 , ChiCTR2000029559 et ChiCTR2000029542) ont été rapidement menés en Chine pour tester l’efficacité et l’innocuité de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine dans le traitement de la pneumonie associée au COVID-19, dans plus de 10 hôpitaux de Wuhan, Jingzhou, Guangzhou, Pékin, Shanghai, Chongqing et Ningbo [5].
Selon le point presse, jusqu’à présent, les résultats sur plus de 100 patients ont démontré que le phosphate de chloroquine est supérieur au traitement de contrôle pour inhiber l’aggravation de la pneumonie, améliorer les résultats d’imagerie pulmonaire, favoriser une conversion négative de la charge virale, et raccourcir le cours de la maladie. Des réactions indésirables graves au phosphate de chloroquine n’ont pas été notées chez les patients mentionnés ci-dessus. Compte tenu de ces constatations, une conférence s’est tenue le 15 février 2020 ; les participants, y compris des experts du gouvernement et des autorités réglementaires ainsi que des organisateurs d’essais cliniques, se sont accordés pour dire que le phosphate de chloroquine montre une efficacité puissante contre le COVID-19. Nous recommandons son inclusion dans la prochaine version des « Recommandations pour la prévention, le diagnostic et le traitement de la pneumonie causée par le COVID-19″ émise par la Commission nationale de la santé de la République Populaire de Chine.
La chloroquine est utilisée pour prévenir et traiter le paludisme et est efficace comme agent anti-inflammatoire pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du lupus érythémateux. Des études ont révélé qu’il a également des actions antivirales potentielles à large spectre, en augmentant le pH endosomal requis pour la fusion virus–cellule, ainsi qu’en interférant avec la glycosylation des récepteurs cellulaires du SARS-CoV [6,7]. Les actions antivirales et anti-inflammatoires de la chloroquine peuvent expliquer son efficacité puissante dans le traitement des patients atteints de pneumonie COVID-19.
La chloroquine est un médicament bon marché et sûr, utilisé depuis plus de 70 ans. Au vu des besoins cliniques urgents, il est désormais recommandé d’utiliser le phosphate de chloroquine sur des populations plus larges pour le traitement des pneumonies associées au COVID-19.
Références
2. Lu H. Drug treatment options for the 2019-new coronavirus (2019-nCoV). Biosci Trends. 2020.
4. Wang M, Cao R, Zhang L, Yang X, Liu J, Xu M, Shi Z, Hu Z, Zhong W, Xiao G. Remdesivir and chloroquine effectively inhibit the recently emerged novel coronavirus (2019-nCoV) in vitro. Cell Res. 2020.
6. Savarino A, Boelaert JR, Cassone A, Majori G, Cauda R. Effects of chloroquine on viral infections: an old drug against today’s diseases? Lancet Infect Dis. 2003; 3:722-727.
7. Yan Y, Zou Z, Sun Y, Li X, Xu KF, Wei Y, Jin N, Jiang C. Anti-malaria drug chloroquine is highly effective in treating avian influenza A H5N1 virus infection in an animal model. Cell Res. 2013; 23:300-302.
P.S. Voici la lettre en entier :
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