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7.mars.20167.3.2016 // Les Crises

L’idéologie du travail, par Jacques Ellul

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Intéressant article du regretté Jacques Ellul, décédé en 1994. Ce texte est issu de son livre Pour qui, pour quoi travaillons-nous ?, et a été publié en 1980.

Source : Le Partage, Jacques Ellul, 25-02-2016

travail_dimanche

Il faut, avant toute recherche ou réflexion sur le travail dans notre société prendre conscience de ce que tout y est dominé par l’idéologie du travail. Dans la presque totalité des sociétés traditionnelles, le travail n’est considéré ni comme un bien ni comme l’activité principale. La valeur éminente du travail apparait dans le monde occidental, au XVIIème, en Angleterre, en Hollande puis en France et elle se développe dans ces trois pays au fur et à mesure de la croissance économique. Comment s’explique, d’abord la mutation mentale et morale qui consiste à passer du travail peine ou châtiment ou nécessité inévitable au travail valeur et bien ? Il faut constater que cette réinterprétation qui aboutit à l’idéologie du travail se produit lors de la rencontre de quatre faits qui modifient la société occidentale. Tout d’abord le travail devient de plus en plus pénible, avec le développement industriel, et apparemment plus inhumain. Les conditions du travail empirent considérablement en passant de l’artisanat, et même de la manufacture (qui était déjà dure mais non pas inhumaine) à l’usine. Celle-ci produit un type de travail nouveau, impitoyable. Et comme, avec la nécessité de l’accumulation du capital, le salaire est inférieur à la valeur produite, le travail devient plus envahissant : il recouvre toute la vie de l’homme. L’ouvrier est en même temps obligé de faire travailler sa femme et ses enfants pour arriver à survivre. Le travail est donc à la fois plus inhumain qu’il ne l’était pour les esclaves et plus totalitaire, ne laissant place dans la vie pour rien d’autre, aucun jeu, aucune indépendance, aucune vie de famille. Il apparait pour les ouvriers comme une sorte de fatalité, de destin. Il était alors indispensable de compenser cette situation inhumaine par une sorte d’idéologie (qui apparaît d’ailleurs ici comme correspondant exactement à la vue de l’idéologie chez Marx), qui faisait du travail une vertu, un bien, un rachat, une élévation. Si le travail avait encore été interprété comme une malédiction, ceci aurait été radicalement intolérable pour l’ouvrier.

Or, cette diffusion du « Travail-Bien » est d’autant plus nécessaire que la société de cette époque abandonne ses valeurs traditionnelles, et c’est le second facteur. D’une part les classes dirigeantes cessent de croire profondément au christianisme, d’autre part les ouvriers qui sont des paysans déracinés, perdus dans la ville n’ont plus aucun rapport avec leurs anciennes croyances, l’échelle des valeurs traditionnelles. De ce fait il faut rapidement créer une idéologie de substitution, un réseau de valeurs dans lequel s’insérer. Pour les bourgeois, la valeur va devenir ce qui est l’origine de leur force, de leur ascension. Le Travail (et secondairement l’Argent). Pour les ouvriers, nous venons de voir qu’il faut aussi leur fournir ce qui est l’explication, ou la valorisation, ou la justification de leur situation, et en même temps une échelle de valeurs susceptible de se substituer à l’ancienne. Ainsi, l’idéologie du travail se produit et grandit dans le vide des autres croyances et valeurs.

Mais il y a un troisième facteur : est reçu comme valeur ce qui est devenu la nécessité de croissance du système économique, devenu primordial. L’économie n’a pris la place fondamentale dans la pensée qu’au XVII – XVIIIème. L’activité économique est créatrice de la valeur (économique). Elle devient dans la pensée des élites, et pas seulement de la bourgeoisie, le centre du développement, de la civilisation. Comment dès lors ne pas lui attribuer une place essentielle dans la vie morale. Or, ce qui est le facteur déterminant de cette activité économique, la plus belle de l’homme, c’est le travail. Tout repose sur un travail acharné. Ce n’est pas encore clairement formulé au XVIIIème, mais nombreux sont ceux qui comprennent déjà que le travail produit la valeur économique. Et l’on passe très tôt de cette valeur à l’autre (morale ou spirituelle). Il fallait bien que cette activité si essentielle matériellement soit aussi justifiée moralement et psychologiquement. Créateur de valeur économique, on emploie le même mot pour dire qu’il est fondateur de la valeur morale et sociale.

Enfin un dernier facteur vient assurer cette prédominance. L’idéologie du travail apparaît lorsqu’il y a séparation plus grande, décisive entre celui qui commande et celui qui obéit à l’intérieur d’un même processus de production, entre celui qui exploite et celui qui est exploité, correspondant à des catégories radicalement différentes de travail. Dans le système traditionnel, il y a celui qui ne travaille pas et celui qui travaille. Il y a une différence entre le travailleur intellectuel et le travailleur manuel. Mais il n’y avait pas opposition radicale entre les tâches d’organisation ou même de commandement et celles d’exécution : une initiative plus grande était laissée au manuel. Au XVIIIème, celui qui organise le travail et qui exploite est lui-même un travailleur (et non pas un non travailleur, comme le seigneur) et tous sont pris dans le circuit du travail, mais avec l’opposition totale entre l’exécutant exploité et le dirigeant exploiteur. Il y a des catégories totalement différentes du travail dans le domaine économique. Ce sont là, je crois, les quatre facteurs qui conduisent à l’élaboration (spontanée, non pas machiavélique) de l’idéologie du travail, qui joue le rôle de toutes les idéologies : d’une part voiler la situation réelle en la transposant dans un domaine idéal, en attirant toute l’attention sur l’idéal, l’ennobli, le vertueux, d’autre part, justifier cette même situation en la colorant des couleurs du bien et du sens. Cette idéologie du travail a pénétré partout, elle domine encore en grande partie nos mentalités.

Quelles sont alors les principales composantes de cette idéologie : tout d’abord, l’idée centrale, qui devient une évidence, c’est que l’homme est fait pour le travail. Il n’a pas d’autre possibilité pour vivre. La vie ne peut être remplie que par le travail. Je me rappelle telle pierre tombale avec pour seule inscription, sous le nom du défunt : « le travail fut sa vie ». Il n’y avait rien d’autre à dire sur toute une vie d’homme. Et en même temps dans la première moitié du XIXème, apparaissait l’idée que l’homme s’était différencié des animaux, était devenu vraiment homme parce que dès l’origine il avait travaillé. Le travail avait fait l’homme. La distance entre le primate et l’homme était établie par le travail. Et, bien significatif, alors qu’au XVIIIème. on appelait en général l’homme préhistorique « homo sapiens », au début du XIXème. ce qui va primer ce sera « homo faber » : l’homme fabricant d’outils de travail (je sais bien entendu que cela était lié à des découvertes effectives d’outils préhistoriques, mais ce changement d’accentuation reste éclairant). De même que le travail est à l’origine de l’homme, de même c’est lui qui peut donner un sens à la vie. Celle-ci n’a pas de sens en elle- même : l’homme lui en apporte un par ses œuvres et l’accomplissement de sa personne dans le travail, qui, lui-même n’a pas besoin d’être justifié, légitimé : le travail a son sens en lui-même, il comporte sa récompense, à la fois par la satisfaction morale du « devoir accompli », mais en outre par les bénéfices matériels que chacun retire de son travail. Il porte en lui sa récompense, et en plus une récompense complémentaire (argent, réputation, justification). Labor improbus omnia vincit. Cette devise devient la majeure du XIXème. Car le travail est le père de toutes les vertus, comme l’oisiveté est la mère de tous les vices. Les textes de Voltaire, l’un des créateurs de l’idéologie du travail, sont tout à fait éclairants à ce sujet : « Le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin » ou encore « Forcez les hommes au travail, vous les rendrez honnêtes gens ». Et ce n’est pas pour rien que ce soit Voltaire justement qui mette au premier plan la vertu du travail. Car celui-ci devient vertu justificatrice. On peut commettre beaucoup de fautes de tous ordres, mais si on est un ferme travailleur on est pardonné. Un pas de plus, et nous arrivons à l’affirmation, qui n’est pas moderne, que « Le travail c’est la liberté ». Cette formule rend aujourd’hui un son tragique parce que nous nous rappelons la formule à l’entrée des Camps hitlériens « Arbeit macht frei ». Mais au XIXe s. on expliquait gravement qu’en effet seul le travailleur est libre, par opposition au nomade qui dépend des circonstances, et au mendiant qui dépend de la bonne volonté des autres. Le travailleur, lui, chacun le sait, ne dépend de personne. Que de son travail ! Ainsi l’esclavage du travail est mué en garantie de Liberté.

Et de cette morale nous trouvons deux applications plus modernes : l’Occidental a vu dans sa capacité à travailler la justification en même temps que l’explication de sa supériorité à l’égard de tous les peuples du monde. Les Africains étaient des paresseux. C’était un devoir moral que de leur apprendre à travailler, et c’était une légitimation de la conquête. On ne pouvait pas entrer dans la perspective que l’on s’arrête de travailler quand on a assez pour manger deux ou trois jours. Les conflits entre employeurs occidentaux et ouvriers arabes ou africains entre 1900 et 1940 ont été innombrables sur ce thème-là. Mais, très remarquablement, cette valorisation de l’homme par le travail a été adoptée par des mouvements féministes. L’homme a maintenu la femme en infériorité, parce que seul il effectuait le travail socialement reconnu. La femme n’est valorisée aujourd’hui que si elle « travaille » : compte tenu que le fait de tenir le ménage, élever les enfants n’est pas du travail, car ce n’est pas du travail productif et rapportant de l’argent. G. Halimi dit par exemple « La grande injustice c’est que la femme a été écartée de la vie professionnelle par l’homme ». C’est cette exclusion qui empêche la femme d’accéder à l’humanité complète. Ou encore qui fait qu’on la considère comme le dernier peuple colonisé. Autrement dit, le travail, qui, dans la société industrielle est effectivement à la source de la valeur, qui devient l’origine de toute réalité, se trouve transformé, par l’idéologie en une surréalité, investie d’un sens dernier à partir duquel toute la vie prend son sens. Le travail est ainsi identifié à toute la morale et prend la place de toutes les autres valeurs. Il est porteur de l’avenir. Celui-ci, qu’il s’agisse de l’avenir individuel ou de celui de la collectivité, repose sur l’effectivité, la généralité du travail. Et à l’école on apprend d’abord et avant tout à l’enfant la valeur sacrée du travail. C’est la base (avec la Patrie) de l’enseignement primaire de 1860 à 1940 environ. Cette idéologie va pénétrer totalement des générations.

Et ceci conduit à deux conséquences bien visibles, parmi d’autres. Tout d’abord nous sommes une société qui a mis progressivement tout le monde au travail. Le rentier, comme auparavant le Noble ou le Moine tous deux des oisifs, devient un personnage ignoble vers la fin du XIXème. Seul le travailleur est digne du nom d’homme. Et à l’école on met l’enfant au travail, comme jamais dans aucune civilisation on n’a fait travailler les enfants (je ne parle pas de l’atroce travail industriel ou minier des enfants au XIXème, qui était accidentel et lié non pas à la valeur du travail mais au système capitaliste). Et l’autre conséquence actuellement sensible : on ne voit pas ce que serait la vie d’un homme qui ne travaillerait pas. Le chômeur, même s’il recevait une indemnité suffisante, reste désaxé et comme déshonoré par l’absence d’activité sociale rétribuée. Le loisir trop prolongé est troublant, assorti de mauvaise conscience. Et il faut encore penser aux nombreux « drames de la retraite ». Le retraité se sent frustré du principal. Sa vie n’a plus de productivité, de légitimation : il ne sert plus à rien. C’est un sentiment très répandu qui provient uniquement du fait que l’idéologie a convaincu l’homme que la seule utilisation normale de la vie était le travail.

Cette idéologie du travail présente un intérêt tout particulier dans la mesure où c’est un exemple parfait de l’idée (qu’il ne faut pas généraliser) que l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante. Ou encore que celle-ci impose sa propre idéologie à la classe dominée. En effet cette idéologie du travail est, avec l’expansion de l’industrie, une création intégrale de la classe bourgeoise. Celle-ci remplace toute morale par la morale du travail. Mais ce n’est pas pour tromper les ouvriers, ce n’est pas pour les amener à travailler plus. Car la bourgeoisie elle- même y croit. C’est elle qui, pour elle-même, place le travail au- dessus de tout. Et les premières générations bourgeoises (les capitaines d’industrie par exemple) sont faites d’hommes acharnés au travail, œuvrant plus que tous. On élabore cette morale non pour contraindre les autres, mais en tant que justification de ce que l’on fait soi-même. La bourgeoisie ne croyait plus aux valeurs religieuses et peu aux morales traditionnelles : elle remplace le tout par cette idéologie qui légitime à la fois ce qu’elle fait, la façon dont elle vit, et aussi le système lui-même qu’elle organise et met en place. Mais bien entendu, nous avons déjà dit que comme toute idéologie, celle-là sert aussi à voiler, cacher la condition du prolétariat (s’il travaille, ce n’est pas par contrainte mais par vertu). Or, ce qui est passionnant c’est de constater que cette idéologie produite par la bourgeoisie devient l’idéologie profondément crue et essentielle de la classe ouvrière et de ses penseurs. Comme la plupart des socialistes, Marx se fait piéger par cette idéologie. Lui qui a été si lucide pour critiquer la pensée bourgeoise, il entre en plein dans l’idéologie du travail. Les textes abondent : « L’Histoire n’est que la création de l’homme par le travail humain. Le travail a créé l’homme lui-même » (Engels).

Et voici de beaux textes de Marx lui-même :

« Dans ton usage de mon produit, je jouirai directement de la conscience d’avoir satisfait un besoin humain et objectivé l’essence de l’homme, d’avoir été pour toi le moyen terme entre toi et le genre humain, d’être donc connu et ressenti par toi comme un complément de ton propre être et une partie nécessaire de toi-même. Donc de me savoir confirmé aussi bien dans ta pensée que dans ton amour, d’avoir créé dans la manifestation individuelle de ma vie, la manifestation de ta vie, d’avoir donc confirmé et réalisé directement dans mon travail… l’essence humaine, mon essence sociale. »

K. Marx – Mans 1844.

« C’est en façonnant par son travail le monde des objets que l’homme se révèle réellement comme un être générique. Sa production, c’est sa vie générique créatrice. Par elle, la nature apparait comme son œuvre et sa réalité. C’est pourquoi l’objet du travail est l’objectivation de la vie générique de l’homme car il ne s’y dédouble pas idéalement dans la conscience, mais réellement, comme créateur. Il se contemple ainsi lui-même dans un monde qu’il a lui-même créé par son travail. »

K. Marx – Mans 1844.

Et l’une des attaques impitoyables de Marx contre le capitalisme portera justement sur ce point : le capitalisme a dégradé le travail humain, il en fait un avilissement, une aliénation. Le travail dans ce monde n’est plus le travail. (Il oubliait que c’était ce monde qui avait fabriqué cette image noble du travail !). Le capitalisme doit être condamné entre autres afin que le travail puisse retrouver sa noblesse et sa valeur. Marx attaquait d’ailleurs en même temps sur ce point les anarchistes, seuls à douter de l’idéologie du travail. Enfin : « Par essence le travail est la manifestation de la personnalité de l’homme. L’objet produit exprime l’individualité de l’homme, son prolongement objectif et tangible. C’est le moyen de subsistance direct, et la confirmation de son existence individuelle ». Ainsi Marx interprète tout grâce au travail, et sa célèbre démonstration que seul le travail est créateur de valeur repose sur cette idéologie bourgeoise (d’ailleurs c’étaient bien des économistes bourgeois qui, avant Marx, avaient fait du travail l’origine de la valeur…). Mais ce ne sont pas seulement les penseurs socialistes qui vont entrer dans cette optique, les ouvriers eux-mêmes, et les syndicats aussi. Pendant toute la fin du XIXème, on assiste à la progression du mot « Travailleurs ». Seuls les travailleurs sont justifiés et ont droit à être honorés, opposés aux Oisifs et aux Rentiers qui sont vils par nature. Et encore par Travailleur on n’entend que le travailleur manuel. Aux environs de 1900, il y aura de rudes débats dans les syndicats pour savoir si on peut accorder à des fonctionnaires, des intellectuels, des employés, le noble titre de travailleur. De même dans les syndicats on ne cesse de répéter entre 1880-1914 que le travail ennoblit l’homme, qu’un bon syndicaliste doit être un meilleur ouvrier que les autres ; on propage l’idéal du travail bien fait etc… Et finalement toujours dans les syndicats, on demande avant tout la justice dans la répartition des produits du travail, ou encore l’attribution du pouvoir aux travailleurs. Ainsi on peut dire que de façon très générale, syndicats et socialistes ont contribué à répandre cette idéologie du travail et à la fortifier, ce qui se comprend d’ailleurs très bien !

Jacques Ellul

Source : Le Partage, Jacques Ellul, 25-02-2016

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Loxosceles // 07.03.2016 à 14h19

Je ne sais pas ce qui vous dérange tant dans cette citation. Vivant à Saint-Etienne, je peux vous dire qu’en effet, dans la première partie du 20e siècle, tout le monde devait travailler. Mon grand-père travaillait dans la métallurgie, ses 5 enfants ont du travailler à l’usine, dont ma mère dès 16 ans. A la génération précédente, on faisait aussi travailler les enfants dans les mines. A Lyon et à Saint-Etienne, l’industrie textile faisait travailler les femmes, pendant que les hommes étaient dans des travaux industriels plus pénibles encore. Les rivières, qui passaient au milieu des quartiers pauvres, charriaient des eaux colorées par les effluents toxiques des usines textiles, et il arrivait qu’on meure dans des explosions ou d’autres accidents violents, dans les usines sidérurgiques. Mon grand-père m’a ainsi parlé d’un homme dont le crâne a été décalotté (mort sur le coup, naturellement) par une bande métallique chauffée à blanc, accélérée par le procédé d’amincissement, qui était sortie de son guidage.

Le travail au 20e siècle c’est ça. Est-ce réellement meilleur que la condition d’esclave, lorsque les gens meurent de silicose pour avoir passé leur jeunesse dans les profondeurs des mines de charbon ? Est-ce vraiment ce genre de travail que l’on regrette, à l’heure du chômage de masse ?

67 réactions et commentaires

  • vlois // 07.03.2016 à 12h01

    Etonnant qu’il n’est pas abordé le texte de Lafargue à propos du XIXème siècle :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Droit_%C3%A0_la_paresse

    Dans l’introduction de son ouvrage, Paul Lafargue cite Adolphe Thiers :
    « Je veux rendre toute puissante l’influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’hom­me qu’il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l’homme : « Jouis ». »

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  • Homère d’Allore // 07.03.2016 à 12h17

    Il ne faut pas confondre le travail et le travail aliéné.

    C’est la raison pour laquelle l’un des buts du marxisme est l’abolition de la division du travail, principale source d’aliénation.

    http://philitt.fr/2015/03/25/lidee-de-liberation-du-travail-chez-marx/

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    • Yann // 07.03.2016 à 21h06

      Ben non, justement, car l’URSS est tombée sans heurts, ou presque, l’homo sovieticus n’est jamais advenu, et les soviétiques avaient pleins de bonnes blagues sur leur système.
      Ils me semble avoir été moins aliéné que nous, nous baignons dans l’idéologie capitaliste et consumériste, qui la conteste vraiment? A part les décroissant je ne vois pas.

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      • clauzip12 // 07.03.2016 à 23h41

        C’est le corps du travailleur et son équilibre psychique qui contestent de manière la plus évidente et continue, en s’aggravants les méfaits du capitalisme et du néolibéralisme.
        Quelques années avant la mise en situation planétaire du néolibéralisme par le FMI,la banque mondiale…(1945)L’homme était représenté par un signe(dont je ne rappelle pas exactement)et par la description utilitaire suivante:
        Tube digestif produisant de l’énergie pour le travail et se reproduisant naturellement sans cesse,capable d’apprendre notions gestes simples essentiels pour l’industrie.
        Les évolutions législatives en cours montrent en arrière plan que l’homme est au service du travail-capital, perd l’autonomie et le respect qui lui est du.
        Les machines quant à elle gagnent en respect compte tenu du rendement supérieur dans la production « aux machines humaines »

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        • Pong // 11.03.2016 à 09h39

          Euh c’est une blague cette définition de l’homme par le FMI ? Dieu sait que je ne porte pas cette institution en haute estime mais un tel niveau de cynisme aussi explicitement exprimée, dans une organisation politique, ça ne me parait pas très crédible. Vous avez une source ?

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      • Annouchka // 08.03.2016 à 15h31

        Les écoliers soviétiques des années 80 apprenaient que le but du communisme était la disparition du travail (qui serait effectué à terme par des machines)
        Bien sûr, la société soviétique en était encore loin.
        Mais en aucune façon, le travail n’était considéré comme l’essence de l’homme.

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  • sg // 07.03.2016 à 13h00

    Article très très intéressant, même si toute l’analyse n’est forcément cohérente. Par exemple:

    « Et finalement toujours dans les syndicats, on demande avant tout la justice dans la répartition des produits du travail ou encore l’attribution du travail aux travailleurs, [… contribuant …] à répandre cette idéologie du travail et à la fortifier[…] »

    Je ne vois pas en quoi la répartition des produits du travail participe à répandre l’idéologie du travail. À mon sens, c’est plutôt l’expression d’un mécanisme d’équité naturel (chacun a le droit d’être rémunéré équitablement pour un même travail) bien étudié notamment chez les singes capucins:

    https://en.wikipedia.org/wiki/Social_inequity_aversion

    Que cette réaction soit à tort ou à raison, cela n’en reste pas moins une réaction en sens opposé (équilibrer les gains) aux exploitants (imposant le travail et ses tâches) afin d’équilibrer le jeu.

      +4

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    • Pong // 11.03.2016 à 09h49

      Absolument d’accord. De surcroît, beaucoup d’éléments du discours sont des affirmations bien plus que des démonstrations. C’est souvent le problème avec les esprits religieux. En outre (et c’est d’autant plus dommage compte tenu du profil de l’auteur) qu’il fait totalement l’impasse sur les fondements chrétiens (morale doloriste, valorisation de l’effort) du statut moderne du travail.
      Cela reste cependant une vision très intéressante.

        +1

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  • med // 07.03.2016 à 13h29

    J’ai vraiment du mal avec cet article quand il parle du travail au 20ème siècle

    Par exemple :

    « L’ouvrier est en même temps obligé de faire travailler sa femme et ses enfants pour arriver à survivre. Le travail est donc à la fois plus inhumain qu’il ne l’était pour les esclaves ..  »

    J’ai pas été plus loin. Il y a des limites a l’aberration…

      +6

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    • Loxosceles // 07.03.2016 à 14h19

      Je ne sais pas ce qui vous dérange tant dans cette citation. Vivant à Saint-Etienne, je peux vous dire qu’en effet, dans la première partie du 20e siècle, tout le monde devait travailler. Mon grand-père travaillait dans la métallurgie, ses 5 enfants ont du travailler à l’usine, dont ma mère dès 16 ans. A la génération précédente, on faisait aussi travailler les enfants dans les mines. A Lyon et à Saint-Etienne, l’industrie textile faisait travailler les femmes, pendant que les hommes étaient dans des travaux industriels plus pénibles encore. Les rivières, qui passaient au milieu des quartiers pauvres, charriaient des eaux colorées par les effluents toxiques des usines textiles, et il arrivait qu’on meure dans des explosions ou d’autres accidents violents, dans les usines sidérurgiques. Mon grand-père m’a ainsi parlé d’un homme dont le crâne a été décalotté (mort sur le coup, naturellement) par une bande métallique chauffée à blanc, accélérée par le procédé d’amincissement, qui était sortie de son guidage.

      Le travail au 20e siècle c’est ça. Est-ce réellement meilleur que la condition d’esclave, lorsque les gens meurent de silicose pour avoir passé leur jeunesse dans les profondeurs des mines de charbon ? Est-ce vraiment ce genre de travail que l’on regrette, à l’heure du chômage de masse ?

        +55

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    • Crapaud Rouge // 07.03.2016 à 16h21

      « Il y a des limites a l’aberration… » : il y a aussi des limites à la connaissance… L’esclavage est particulièrement horrible parce que les êtres humains sont traités en marchandises. Mais cela n’implique pas que leurs conditions de vie soient nécessairement horribles, en particulier pour les domestiques. A l’inverse, une condition d' »homme libre » n’implique pas nécessairement des conditions de travail enviables ni même souhaitables, il suffit de penser au travail à la chaîne, en milieux pollués ou bruyants, aux cadences infernales chez Amazon, la pression permanente des chefaillons,…

        +39

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      • patrick // 07.03.2016 à 20h39

        Les Romains considéraient que dans les zones insalubres ( marécages , paludisme … ) , il était préférable de faire travailler des salariés libres plutôt que des esclaves. Un esclave représentait un capital à préserver.

          +14

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    • social21eme // 08.03.2016 à 15h47

      Vous n’avez pas été plus loin, car vous ne voulez pas renier le conditionnement provoqué par des decennies d’idéalisme mattaqué sur tous les médias…
      [Modéré]

        +1

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  • georges glise // 07.03.2016 à 13h57

    karl marx lui-même avait fort bien analysé cette évolution, et son gendre lafargue avait bien complété, en revendiquant le droit à la paresse.

      +8

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  • Pierre // 07.03.2016 à 14h03

    Bonjour
    Permettez-moi de conseiller la lecture de « l’éloge du carburateur » de Mattew B Crawford, qui analyse avec finesse la dépréciation du travail manuel vis à vis du travail intellectuel dans notre société contemporaine, ainsi que celle de l’ouvrier salarié payé pour effectuer des taches répétitives et n’apportant aucune satisfaction par rapport à l’artisan qui se valorise dans son activité et ses réalisations.
    Juste au cas où certains l’ignoraient, le mot français travail vient du latin tripalium qui designait un instrument de torture…même l’étymologie peut avoir le sens de l’humour 😉

      +15

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    • Didier // 08.03.2016 à 20h28

      et « négoce », de « nec otium » = absence de repos…

        +3

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  • grub // 07.03.2016 à 14h25

    Très bon article qui aura bien du mal à convaincre tant l’idéologie du travail est ancré en nous.

    Cette idéologie changera quand elle n’aura plus de sens et ne sera plus utile aux dominants. Cela viendra automatiquement avec la robotique.

      +14

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    • asheloup // 07.03.2016 à 15h35

      Non, car jusqu’à présent le fruit de la production des robots est principalement reversé au capital, c’est même pour ça que les inégalités se creusent.

      Si la répartition des revenus issus du remplacement des travailleurs par des automates était équitable, alors il y aurait une tendance de fond vers une réduction du temps de travail (et donc une réduction du chômage. Or ce n’est pas le cas, c’est même tout le contraire : plus les travailleurs sont remplacés par des machines, plus on demande aux travailleurs de faire d’heures de travail, et plus le chômage augmente.

      Donc cette idéologie ne changera qu’à partir du moment ou les richesses créées par les robots seront distribuées équitablement entre les individus.

        +30

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      • grub // 07.03.2016 à 17h03

        C’est bien ce que je vous dis, l’idéologie changera avec la robotique.

        Cela peut aller de la distribution équitable dont vous parlez, à la suppression d’une grande partie de la population considérée comme inutile en passant par toutes les nuances intermédiaires.

        La distribution équitable je n’y crois guère car cela signifierait un abandon du pouvoir des dominants.
        Par contre, un système de reversement d’une part de la richesse en échange de la paix sociale me semble une bonne alternative acceptable par une bonne partie d’entre eux.

          +5

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        • patrick // 07.03.2016 à 20h42

          c’est déjà le cas.
          l’état achète la paix sociale en versant des allocations de toutes sortes en ponctionnant dans les poches des classes moyennes.
          ça durera tant qu’il y aura des poches à vider , et puis ça s’effondrera

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          • grub // 07.03.2016 à 21h42

            L’état est très peu financé par les capitalistes en proportions de leurs revenus.

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            • patrick // 07.03.2016 à 22h00

              en tant que (petit ) capitaliste , je ne suis pas d’accord.
              d’ailleurs même si on se place du côté des gros , on constate qu’une grosse partie du fric brassé en France est consommé par l’état et ses filiales 🙂

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            • grub // 07.03.2016 à 22h23

              Dans ce cas si vous pensez, et vous avez peut être raison, que l’on ne pourra pas financer l’aide à ceux qui n’ont pas de travail, alors il faudrait d’une manière ou d’une autre les éliminer puisque la robotique remplacera pratiquement tous les boulots.

              Nous avons le choix entre refuser la robotique et trimer ou l’accepter mais ne pas bénéficier de ses bénéfices puisque nous n’aurions pas d’argent. Ce qui est complétement aberrant.

              La robotique entraînera donc un changement d’idéologie mais aussi un changement de modèle économique.

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            • patrick // 07.03.2016 à 22h33

              la robotique demande beaucoup d’investissements et donc de capital, ainsi que beaucoup d’énergie.
              un salarié représente moins d’investissement et peut fonctionner avec une énergie plus naturelle.
              Donc j’ai un peu de mal à concevoir une robotisation massive du travail dans un monde qui est en train de crever de sa montagne de dettes et qui s’empêtre dans une transition énergétique totalement à côté de la plaque.

              Ensuite , ça n’aurait aucun intérêt de remplacer les salariés par des robots , si c’est pour continuer à payer les salariés que l’on a remplacé. Donc, soit on laisse tomber la robotisation , soit on robotise en délocalisant , soit on robotise mais on ne paie pas les anciens salariés.

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          • clauzip12 // 08.03.2016 à 00h01

            Les poches à vider! s’est évident.
            Le système capitaliste fait de mm en redistribuant très peu.
            La réduction permanente du pouvoir d’achat des salariés ne trouvera sa fin que lorsque les poches seront vides avec l’augmentation du cout de la vie ,avec la fin des emprunts de consommation devenus non remboursables pour presque tous ,avec toutes les économies individuelles épuisées et …des salaires identiques ou plus bas!
            Alors le commerce sous toutes ses formes ralentira en raison de ce qui précède,les individus n’ayant que les moyens d’assurer le minimum.
            Il n’en demeure pas moins que les classes moyennes dont je suis paient moins d’impôts que les salaires moins élevés.
            La TVA s’applique chez eux sur 20%environ du salaire.parfois ils un impôt sur les revenus.
            Les salaires moyens les plus élevés,100 000 environ paient autant que les classes les plus aisées qui bénéficient de presque toute les niches fiscales,il y en a plus de 400.
            De plus ces deniers peuvent bénéficier de réductions très importantes sur décision du ministre des finances!
            OUI les classes moyennes paient des impôts mais aussi ont ou bénéficient comme tous des services publics dont l’éducation,détail majeur qui a aidé sans contribution spéciale aux études longues.

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  • Pierre // 07.03.2016 à 14h27

    Après vérification sur wiki, le tripalium était réservé aux esclaves. Le sens de l’humour de l’étymologie est même grinçant…
    D’ailleurs le propriétaire d’un esclave devait en prendre relativement soin, celui-ci ayant une valeur productive ET intrinsèque. De mémoire, Karl Marx avait déjà évoqué le concept de « réserve de chômeurs » (ou qque chose d’approchant, merci de me corriger). Le patron d’une entreprise n’a pas le même souci, l’ouvrier improductif pouvant être aisemment remplacé par l’un des chômeurs attendant à la porte…

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    • vlois // 07.03.2016 à 15h08

      De même, la régulation des horaires de travail et de l’interdiction du travail pour les enfants au XIXème était intéressée parce qu’il fallait envoyer des gens pas trop abimé capable de se battre en cas de guerre.

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    • Hugo // 07.03.2016 à 15h34

      Il me semble que vous cherchez les mots « armée de réserve du capital », concept que Marx utilise dans le chapitre sur l’accumulation du capital.

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  • Hugo // 07.03.2016 à 14h38

    Bonjour,

    Merci M.Berruyer pour l’article particulièrement intéressant. L’article m’a fait penser à un courant qui émerge ces derniers temps dans un courant « marxien » (comme ils aiment à le dire), celui de la critique de la valeur autour de Robert Kurz et Anselm Jappe notamment. Je ne peux que vous renvoyez aux différents articles qu’ils ont écrit pour ceux qui veulent approfondir le sujet et au très bon livre de Norbert Trenkle et Ernst Lohoff « La grande dévalorisation ».

    En revanche j’ai un peu de doute sur les affirmations de Ellul sur Marx, sur le travail. Marx disait tout aussi bien que « le travail, est de par son essence même, l’activité non libre, inhumaine, asociale… » il me paraît difficile de trancher.

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    • Pierre // 07.03.2016 à 16h06

      C’etait bien ça, je vous en remercie. Merci par la même occasion pour les références que vous nous indiquez.
      @Mr le modo: auriez vous la gentillesse de laisser ce petit message quelques heures, tant qu’il n’y a pas trop de posts, afin que son destinataire en prenne connaissance. Je vous en serai fort gré

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    • Lt Anderson // 07.03.2016 à 16h49

      « En revanche j’ai un peu de doute sur les affirmations de Ellul sur Marx, sur le travail. Marx disait tout aussi bien que “le travail, est de par son essence même, l’activité non libre, inhumaine, asociale…” il me paraît difficile de trancher. »

      En fonction de l’ouvrage dont est issue cette citation, il devait sûrement être question du « travail salarié », pas de l’activité humaine en elle-même.

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  • Sylvie // 07.03.2016 à 14h39

    Bonjour,

    Article très intéressant. Je relève ce passage:
    « Et il faut encore penser aux nombreux « drames de la retraite ». Le retraité se sent frustré du principal. Sa vie n’a plus de productivité, de légitimation : il ne sert plus à rien. C’est un sentiment très répandu qui provient uniquement du fait que l’idéologie a convaincu l’homme que la seule utilisation normale de la vie était le travail. »

    Petit témoignage dans ce sens: Ma mère, qui a fait une belle carrière en tant que directrice financière d’une grosses boite, a contracté peu de temps après la cessation de ses activités la maladie d’alzheimer. Longtemps désemparée, elle a découvert depuis sa maladie le tricot, tricotant sans relâche des kilomètres d’écharpes à toute la famille. Elle ne parle pas de ce loisir comme d’une activité ou d’un plaisir, mais comme de son « travail », ce qui confirme tout à fait votre analyse.

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  • Aris-Caen // 07.03.2016 à 15h28

    On peut aussi voir le très intéressant film de Pierre Carles : ATTENTION DANGER TRAVAIL
    https://www.youtube.com/watch?v=P-yPQEQghMs

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  • Spectre // 07.03.2016 à 16h10

    Ce qui frappe dans l’idéologie du travail, c’est sa parfaite absurdité à l’heure où les progrès en matière de connaissances et de techniques rendent possible une société libre et organisée rationnellement, où l’on pourrait ne travailler que quelques heures par semaine pour une qualité de vie supérieure. Au lieu de cela, l’on assiste au maintien d’une société proprement féodale, avec une “élite” numériquement insignifiante qui tire les ficelles d’un système d’exploitation généralisée. La vaste majorité de la population n’a pas d’autre solution que d’en passer par les exigences de ce système insensé afin d’assurer sa simple survie matérielle — ce qui ne leur laisse d’ailleurs que peu de temps, ou pas du tout, pour réfléchir au (non-)sens de tout ceci, et encore moins d’énergie.

    Alors que le chômage de masse est partout décrété comme l’ennemi public numéro un, toutes les voix progressistes qui vont au charbon dans les médias dominants devraient mettre en avant la revendication historique de la réduction du temps du travail, à la fois simple et clivante (aux réactions, on reconnaîtra bien vite les véritables défenseurs de la cause des sans-dents…).

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    • Yann // 07.03.2016 à 20h54

      J’aime beaucoup ce que vous dite, mais pour certains travaux, dans ma branche et j’imagine que cela doit être vrai dans d’autres: »on ne fait bien que ce que l’on fait souvent », il faudra bien un jour que l’on accepte que beaucoup de monde n’effectuent plus de travail « productif » mais soient rémunérés quand même de façon correcte, et d’autres effectueront le travail « productif » assistés par des robots.

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      • Pierre // 08.03.2016 à 01h19

        Voir ma réponse à Tom Personne plus bas dans la discussion. L’ouvrage que je cite devrait vous intéresser. Cdlt

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  • parisien // 07.03.2016 à 16h25

    Pour compléter ce bon article, je recommande à tous la lecture du livre le « Travail au Moyen-Âge » de Robert Fossier.

    Voyez au moins la 4ème de couverture :

    « Si de nos jours le travail est une valeur, il en va tout autrement au Moyen Age. L’oisiveté, loin d’être blâmée, y est « sainte », digne d’estime voire d’admiration, à l’exemple du moine voué à la prière. Le négoce est « vulgaire et impie », quant au « travail », le mot n’existe pas avant le xvie siècle. Travailler est une punition, celle que le créateur infligea au premier couple après la Faute. Cette malédiction est confirmée par la pratique de l’esclavage, puis du servage : ceux qui travaillent au profit des autres sont des êtres asservis. Avilissant, forcé, le travail va progressivement apparaître, aux yeux des chrétiens, comme une occasion de rachat. Il faut attendre l’an mil environ pour que le travail devienne une forme d’obéissance naturelle au créateur. A travers cette vaste fresque des métiers, des statuts et des gestes – du laboureur à l’homme de plume, du chevalier à la femme au travail – ce livre restitue l’ensemble des structures de la société médiévale. »

    Source : http://www.amazon.fr/travail-au-Moyen-Age/dp/2818502748/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1457364248&sr=8-1&keywords=Le+travail+au+moyen-%C3%A2ge

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  • Darna // 07.03.2016 à 16h30

    Le problème de la plupart, des dirigeants aux gens du peuple, est ce culte du travail basé sur un rapport d’exploitation et de domination, de la majorité ouvrière par une minorité pensante.
    Et surtout sans respect, ni encore moins de gratitude envers une Nourricière sans laquelle, leur existence, ni celle d’aucun de leurs ancêtres n’aurait pu voir le jour !

    Pour sortir du chemin désormais sans retour du suicide d’une société qui n’a bâti sa suprêmatie que par les mensonges, les génocides et les écocides…il est urgent d’apprendre à coopérer ensemble pour co-gérer avec justesse et équité, ce qui reste des biens communs d’une Nature si mal remerciée ! Mais connaissez-vous la différence fondamentale entre 1 activiste et 1 syndicaliste ?

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  • Pierre // 07.03.2016 à 16h43

    @ Spectre Peut-être (je dis bien peut-être) un élément de réponse dans la description de cette expérience :
    http://www.bernardwerber.com > hierarchie_rats
    L’homme est un mammifère social hiérarchique, génétiquement le plus proche du chimpanzé commun et du bonobo (nous faisons partie du même groupe pan). Malgré notre cortex supérieur dont nous sommes si fier, beaucoup de nos comportements sont motivés par nos cerveaux reptiliens et mamaliens, le cortex n’étant utilisé que pour les justifier…d’où le maintien de ce féodalisme absurde que vous évoquez. Article à prendre avec prudence, l’auteur étant un romancier et non un scientifique.

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    • EAUX TROUBLES // 07.03.2016 à 20h01

      « L’auteur étant un romancier et non un scientifique »

      SI un scientifique avait écrit cet article, je l’aurais pris avec encore plus de prudence !

      Quelques ouvrages d’Ellul à lire :

      « Le Système technicien »

      « Cet essai, publié en 1977 (…). Il est considéré comme son livre le plus abouti. La Technique, pour Ellul, est le facteur déterminant de la société. Plus que le politique et l’économie. Elle n’est ni bonne ni mauvaise, mais ambivalente.

      Elle s’auto-accroît en suivant sa propre logique. Elle piétine la démocratie. Elle épuise les ressources naturelles. Elle uniformise les civilisations. Elle a des effets imprévisibles. Elle rend l’avenir impensable. Grâce à l’informatique, la Technique a changé de nature : elle forme, à l’intérieur de la société, un « système technicien ». L’informatique, en unifiant tous les sous-systèmes (téléphonique, aérien, de production et distribution d’énergie, etc.), lui a permis de devenir un tout organisé, lequel vit à l’intérieur de la société, la modèle, l’utilise, la transforme.

      Mais ce système, qui s’auto-engendre, est aveugle. Il ne sait pas où il va. Et il ne corrige pas ses propres erreurs. Un livre indispensable pour qui ne veut pas penser en rond. »

      Et tiens…:

      « Histoire de la propagande » Que sais-je ? n°1271

      Entre autres…
      Si de tels « romanciers » (Jünger notamment : son Traité du Rebelle) étaient plus lus que certains « scientifiques », nous n’en serons peut-être pas là ou nous en sommes…

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      • Yann // 07.03.2016 à 21h00

        Je suis bien d’accord avec vous, arrêtons de signer des chèques en blancs aux spécialistes ou autres experts…
        Le citoyen doit reprendre le contrôle, notre société ressemble de plus en plus à une fourmilière mais une fourmilière bancale.

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  • JMDS // 07.03.2016 à 20h31

    La conception du travail qu’analyse J. Ellul replace l’homme au centre du système homme-nature (une sorte de retournement de la révolution copernicienne). L’homme contemporain est en lutte contre la nature par le travail jusqu’à devenir en lutte contre sa nature même (« travail sur soi » que l’on entend en boucle).
    Si l’on considère que l’art économique consiste à donner une plus-value à la nature (matière première) par le travail, rien ne l’arrêtera. Il faudra donc toujours travailler plus pour gagner plus.
    Si l’on conçoit que la valeur de la nature est donnée une fois pour toutes et que l’homme ne peut que la négocier, alors le travail consiste à doser l’intervention humaine prédatrice et à maintenir son capital ou ses ressources.
    Si l’on pense (parfois sans le savoir) que l’individu est au centre du système, alors chacun cherche à obtenir une plus-value au détriment de la nature, y compris des autres (dont chacun fait partie).

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  • patrick // 07.03.2016 à 21h18

    Alors si on reprend le « concept » de travail sans remonter aux vieux trucs .Qu’est-ce que nous avons?
    Personne ne cherche à travailler mais tout le monde veut vivre le mieux possible, donc veut « consommer ». Donc, il faut produire.
    Et là ça commence à coincer , produire ça veut dire bosser. Et comme on veut vivre plus confortablement , il faut produire plus de choses plus compliquées. Et la force humaine ne suffit plus, alors on a besoin de machines et d’énergie et là ça commence à coûter une blinde alors il faut du capital , de l’énergie ou .. des dettes. Bon là , nous avons poussé le concept un peu loin.
    J’en vois plein qui se gargarisent de terme très compliqués avec Marx et tous les autres , mais ils ne se rendent pas compte que leurs idées ne sont valables que dans le cadre de cette sale société capitaliste et du tombereau de dettes qui va avec.
    Avec l’explosion des dettes , ça va être retour au boulot de base et fin de la philosophie. Il restera encore du pétrole pour améliorer les choses.

      +2

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  • Tom Personne // 07.03.2016 à 21h28

    Bien dit, mais il me semble que l’analyse est désormais dépassée.
    La travail est de moins en moins une valeur dominante, peut-être parce qu’en la matière, les ordinateurs et les robots sont bien plus efficaces que nous.
    Par contre, on glose beaucoup à propos de l’emploi, voire de l’employabilité.
    Comme dans « mais qu’est-ce qu’on pourrait bien tirer de tous ces gens? »
    Après tout, cela fait longtemps que nous autres salariés ne sommes même plus du personnel, mais de la simple « ressource humaine ».
    Sauf que la ressource humaine, c’est aussi le gisement de données personnelles collectées et consolidées sur les réseaux sociaux et les plateformes de « e-business ».
    A ce titre, un chômeur qui génère du traffic sur le net peut être plus intéressant qu’un salarié qui se démène pour un smic sans dégager de valeur ajoutée.
    Tout ça participe d’une même vague de fond : l’ultime « frontière » du système, c’est la marchandisation intégrale du vivant!
    De la graine de maïs transgénique à l’humain « augmenté ».
    Welcome to the (brave) new world!

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    • Pierre // 08.03.2016 à 01h13

      “mais qu’est-ce qu’on pourrait bien tirer de tous ces gens?”
      Une proposition intéressante pour répondre à cette question dans le livre de Yann Moulier-Boutang, « l’abeille et l’économiste », où dans la dernière partie de l’ouvrage il désacralise justement la notion de travail, propose de taxer toutes les transactions financières mondiales, de s’en servir pour fournir à tous un revenu minimum permettant la consommation afin de relancer l’économie, sur un modèle « pollenisateur » (d’où le titre)

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      • Max47 // 10.03.2016 à 06h10

        Vous ne pensez pas qu’il faudrait plutôt tenter de sortir du modèle de la « société de consommation », fondamentalement non durable (mais tous les économistes ne s’en sont pas encore aperçu) ? Vous savez, ce modèle qui, par son versant productiviste appliqué à l’agriculture, produit entre autres la mort des abeilles, ces « insectes pollenisateurs »…
        Bien sûr je dis cela sans être scientifique, et même pas romancier.

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  • Nora // 07.03.2016 à 22h00

    Excellent article. Je partage avec vous cette réflexion de Paul Ariès, politologue, sur la nécessité de repenser la place du travail dans nos existences et dans notre société :
    https://www.youtube.com/watch?v=hVkkWHbwfvQ

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  • Ivan // 07.03.2016 à 22h01

    Je me permets de signaler un ouvrage récent sur le sujet, qui part justement des analyses d’Ellul, publié aux éditions Utopia : le travail, histoire d’une idéologie.
    http://reporterre.net/Le-travail-instrument-de-domination

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  • Frédéric // 07.03.2016 à 22h04

    Concernant le travail comme idéal bourgeois, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 en donne un exemple fondamental: Elle n’abolit pas les différences sociales, elle les justifie par l’utilité publique. Le noble étant devenu entre-temps un parasite, le travail devenait obligatoire pour justifier l’existence du bourgeois. Quant à l’utilité, on s’est empressé d’en faire une échelle en créant l’ingénieur, le technicien, l’ouvrier etc.

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  • Macarel // 07.03.2016 à 23h45

    Henri Salvador – Le travail c’est la sante (1965)

    https://www.youtube.com/watch?v=Q7IwInwZxp0

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  • jpt // 08.03.2016 à 01h41

    @patrick
    « Le 07 mars 2016 à 22h33

    la robotique demande beaucoup d’investissements et donc de capital, ainsi que beaucoup d’énergie.
    un salarié représente moins d’investissement et peut fonctionner avec une énergie plus naturelle.
    Donc j’ai un peu de mal à concevoir une robotisation massive du travail »

    Ah ouais ! 😀

    Vous réfléchissez lorsque vous écrivez, ou au minimum avant d’ecrire ?

    Parce que pour écrire un « truc » comme ca, je peut affirmer, et sans rire, qu’un gros manque de travail intellectuel à été omis 😀

    PS: Renseignez vous sur les taxis et les prochains jo au japon (au pif comme ca)
    Je n’ai meme pas envie de prendre l’exemple de la culture (rendement grace au matériel) d’un paysan de maintenant et le nombre d’hectares qu’il gere et il n’y à que 50-100 ans en arrièrre

    Et le comble (pour tous la)
    Savez vous que certains peuples dit « primitifs » vivant en Amazonie, ne travaillent pas (ou très très peu) ils vivent dans la forêt, se nourissent et se soignent à base de plantes (qu’ils connaissent très bien) et vivent heureux.
    Cherchez un peu le reportage, facile à trouver.

    Et nous avec toute notre technologie, nous devons travailler de plus en plus ?!?

    Mais QUI est le peuple dit « primitif » ?
    La question mérite d’être posée … non ?

    Bonne soirée

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    • patrick // 08.03.2016 à 08h43

      le peuple primitif !! ils sont une poignée au milieu d’une forêt tropicale où tout pousse tout seul toute l’année.
      Vous mettez ce peuple dans un pays tempéré comme le notre et ils meurent tous en quelques mois,ils seraient parfaitement incapables de faire vivre 65 millions de personnes sur un territoire comme la France.
      Donc oui , c’est possible de vivre sans travailler dans des conditions bien particulières , pour les autres , c’est beaucoup plus difficile.

        +1

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    • yann // 08.03.2016 à 08h46

      Parce que la chasse ou la pêche ce n’est pas du travail? Il faut s’entendre sur les termes. Les peuples primitifs ou peu avancé ont aussi des taux de mortalités énormes et une qualité de vie moindre. Que l’on critique l’abus du capitalisme moderne est une chose, que l’on présente les sociétés anciennes et techniquement peu avancées comme des paradis en est une autre. Si ces sociétés étaient aussi géniales on se demande bien pourquoi la majorité de la planète cherche à avoir le niveau de vie de l’occident.

        +1

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      • yann // 08.03.2016 à 08h47

        (partie 2 la limite des commentaires est vraiment gênante)

        Tout n’est pas blanc ou noir. Le tout est de savoir mesurer les gains et les couts de chaque choix. Le problème c’est pas le travail en tant que tel ou la technique c’est l’usage que l’on en fait. Puisque l’on parle de Jacques Ellul je vous invites à lire son livre « Les nouveaux possédés », dans sa réflexion il n’accuse nullement la technique en tant que tel, mais le fétichisme de l’homme moderne. Son incapacité à voir la technique comme un but en soi et non comme un simple outil. La déchristianisation et l’effondrement des croyances collectives on refait des hommes de idolâtres et des fétichistes. Ils ont simplement remplacé les totems et les les sacrifices par la technologie et le culte du veau d’or.

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        • Didier // 08.03.2016 à 20h44

          @patrick et yann:

          Vous avez une vision complètement biaisée des peuples dits « primitifs », je le crains.

          Les ethnologues et anthropologues ont démontré à l’envi que ces sociétés arrivaient généralement à couvrir TOUS leurs besoins moyennant 4 à 5 heures de labeur (je n’ai pas dit « travail ») par jour. Et non, ils ne viv(ai)ent pas tous en pays de cocagne: cf. les Inuits, par exemple, ou les nomades en zones désertiques…

          De plus, nombre d’entre elles (pas toutes) ont su se perpétuer sur plusieurs milliers d’années, sans foutre tout leur environnement en l’air. On peut en dire autant ?

          « Si ces sociétés étaient aussi géniales on se demande bien pourquoi la majorité de la planète cherche à avoir le niveau de vie de l’occident. » Ben peut-être parce que celles qui l’ont refusé ont été purement et simplement anéanties? Et qu’aux autres on a menti comme des arracheurs de dents?

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    • patrick // 08.03.2016 à 08h57

      pour le reste , oui c’est très réfléchi.
      j’ai pu constater en 2015 le gel des investissements dans des grands groupes donc pas/peu de renouvellement des équipements, je les vois mal faire des investissements massifs pour refaire toutes leurs usines dans l’état actuel des choses.
      La robotisation et l’informatisation complètes vont également nécessiter beaucoup plus d’énergie et de matériaux comme les terres rares et là ça va coincer surtout avec les décisions stupides prises par nos politiques ( gros problèmes chez EDF , transition énergétique qui ne peut pas fonctionner … ).

      Alors oui, il y a aura quelques cas de robotisation.

      Attention : je dis ça , mais ça m’intéresserait de robotiser toute mon usine et de n’avoir plus un seul salarié, le tout pilotable depuis mon ordi au bord de ma piscine. On se demande pourquoi je ne le fais pas 🙂

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  • petouille // 08.03.2016 à 07h58

    La réflexion sur le pourquoi et le comment du travail, est urgente… après Jacques Ellul, voir aussi Ivan Illich … ses propos sur la contre-productivité …

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  • Macarel // 08.03.2016 à 08h20

    « C’est un choix décisif devant lequel, déjà, nous sommes placés : ou bien travailler beaucoup pour consommer beaucoup (et c’est l’option de notre société occidentale), ou bien accepter de consommer moins en travaillant peu (et ce fut parfois l’option délibérée de certaines sociétés traditionnelles). Aujourd’hui, nous voudrions tout cumuler, travailler peu et consommer beaucoup. »

    Jacques Ellul « Pour qui, pour quoi travaillons-nous ? »

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    • patrick // 08.03.2016 à 09h03

      n’oublions pas les sociétés traditionnelles ( les plus nombreuses ) dans lesquelles la règle est de travailler dur en consommant peu.

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  • René Fabri // 08.03.2016 à 08h54

    Dire que le travail industriel serait plus dur que le travail agricole est un mythe et une erreur. Les paysans travaillent dès l’aube et n’ont aucun jour de congé, car les bêtes ont besoin d’être alimentées et soignées tous les jours et les champs d’être travaillés tous les jours.

    En réalité, il y a trois sortes de travail : 1. L’usine et le bureau-usine ; 2. La ferme, l’entretien, le gardiennage ; 3. Les relations humaines, le commerce, l’éducation, l’encadrement.

    Le gros problème de cet article vient de ce que Jacques Ellul ne considère pratiquement que la première forme. Il affirme que le travail serait né principalement à partir de la révolution industrielle en Angleterre. Beaucoup d’hommes politiques, sortis de l’ENA et de Sciences-Po, pensent comme lui. C’est une vision beaucoup trop réductrice.

    Le défi actuel est celui de la désindustrialisation, et donc du passage du travail-usine vers le travail-ferme et le travail-relationnel. Le travail-usine est intense mais sur peu d’heures, comparé aux deux autres formes de travail qui nécessitent plus d’heures, mais aussi plus d’expérience et de connaissances.

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  • BL // 08.03.2016 à 09h35

    Bonjour,
    Juste un petit mot pour vous remercier de cet article qui fait découvrir Jacques Ellul, probablement un des plus grands penseurs français contemporains… injustement totalement méconnu ! pour ne pas dire « invisible »…
    Je ne sais pas si vous connaissais cette vidéo :
    http://topdocumentaryfilms.com/betrayal-technology-portrait-jacques-ellul/
    Elle mérite la découverte.
    Encore merci,
    Bien cordialement.

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  • Balthazar // 08.03.2016 à 09h55

    Le droit à la paresse : j’adore ?.
    En plus, cela tombe bien, on le vit en ce moment. Grèce, Portugal, Espagne, Italie, France, Afrique (Algérie, Tunisie, Égypte etc…). 25 à 50% de chômage. Allez les gars, on y est presque.
    Je ne comprends pas tous ces migrants (je ne parle pas des réfugiés de guerre) qui ont droit de paresse et qui viennent demander un travail.
    Merci, à l’heure d’Internet et de l’information instantanée, de les prévenir de rester chez eux, pour prolonger ce droit fondamental : le droit à la paresse.
    Moi, par contre, je passe mon tour et je file travailler, me rendre utile.

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  • Technologos Marseille-Aix // 08.03.2016 à 12h18

    Il est salutaire de rappeler les analyses d’Ellul sur la question du travail. Mais il faut savoir qu’Ellul considérait que « l’idéologie du travail » est elle-même entièrement fondée sur une autre idéologie, qu’il appelle « l’idéologie du bonheur » (lire son « Métamorphose du bourgeois »).

    Le mot « bonheur », au fil du temps, a été compris au sens étroit : le confort matériel. Je résume l’idée : sous la chrétienté, on espérait le salut de son âme dans l’au-delà. Mais l’industrie apporte aux hommes toutes sortes d’équipements dans lesquels ils voient la promesse d’un confort immédiat : l’électricité, la bagnole, la télé, le portable, etc. Toutes ces choses ont un fort impact sur eux au point qu’Ellul affirme que « l’homme moderne sacralise la technique ». Problème : pour que ces équipements existent, il faut les produire, les fabriquer… il faut travailler.

    Nous (l’association Technologos) avons consacré l’an dernier un large débat sur la thèse ellulienne sur l’idéologie du travail : http://marseille-aix.technologos.fr/2013-2014/textes/travail.php

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  • jpt // 08.03.2016 à 19h43

    @patrick et le suivant

    « …..Attention : je dis ça , mais ça m’intéresserait de robotiser toute mon usine et de n’avoir plus un seul salarié, le tout pilotable depuis mon ordi au bord de ma piscine. On se demande pourquoi je ne le fais pas »

    Alors oui, pour gagner encore plus d’argent….
    Ce que vous oubliez c’est de le vendre…. a qui ?
    Les gens l’achetront avec quel argent ?

    techniquement:
    Hier j’ai essayé de vous aider, je le fait un peu plus.
    http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/le-japon-va-tester-les-taxis-sans-conducteur_1722558.html
    si la vous ne comprenez pas OU nous en sommes techniquement, ben….

    Robotiser en soit et plus que louable, je suis meme archi pour, lorsque JUSTEMENT cela sert
    au dévelloppement de l’humain, et pas au dévellopent du capiltal (sauvage) pour une ultra minorité !

    Quand au reste de votre réponse,
    vous cherchez le reportage fabuleux ou des gens sont partis contacter des populations
    dite primitives (amazonie) et ou contrairement a ce que vous pensez, ne souhaitent absolument
    pas vivre comme nous (parce que certains justement connaissent ses dérives)
    cherchez, cela est bon d’apprendre 😉 enfin du travail utile !
    Ah si cherchez aussi les derives des « chefs coutmiers » vous comprendrez (peut etre ?) mieux le pourquoi et ses raisons.

    Et oui bien sur l’intelligence est l’art de gerer la quantitée de population par rapport a ses ressources et son cadre de vie (environnment) peut acceuillir, c’est le le B.A.B.A.

    Bref….

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  • Technologos Marseille-Aix // 09.03.2016 à 08h06

    @patrick et le suivant

    “….. ça m’intéresserait de robotiser toute mon usine et de n’avoir plus un seul salarié, le tout pilotable depuis mon ordi au bord de ma piscine. On se demande pourquoi je ne le fais pas”

    —–

    Il faut surtout se demander pourquoi d’autres ne se privent pas de le faire ! On pourrait imaginer en effet qu’en confiant de plus en plus de travail aux robots, les humains se consacreraient davantage aux tâches nobles, spécifiquement « humaines », par exemple s’occuper de leurs enfants ou de leurs vieux parents. Mais pas du tout ! ils fabriquent des robots pour leur tenir compagnie : http://soocurious.com/fr/robot-romeo-assistant-personne-agee-vieillesse-aide-domicile-androide/

    Qu’en conclure ? Qu’ils « sacralisent » la technique, comme l’affirmait précisément Ellul : ils considèrent que la technique peut faire les choses, toutes les choses, mieux qu’eux. La partie de jeu de go qui se déroule aujourd’hui à Séoul, ou plutôt son écho médiatique, traduit bien cette fascination.

    Nous avons traité cette question le 14 janvier dernier à Sciences Po / Aix-en-Provence : http://marseille-aix.technologos.fr/textes/l_expansion_des_robots_dans_nos_metiers.php

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