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13.décembre.201813.12.2018 // Les Crises

Une loi européenne pour censurer les mouvements sociaux sur internet ? Par la Quadrature du Net

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Source : La Quadrature du Net, 07-12-2018

Alors que la contestation nourrie par le mouvement des gilets jaunes grandit, alors qu’enflent les rumeurs d’une possible censure du mouvement par Facebook1, livrons-nous à un peu de politique-fiction : comment la future loi de censure antiterroriste que la France cherche à imposer à l’Union européenne s’appliquerait-elle à des mouvement sociaux tels que celui des gilets jaunes ?

C’est un texte dont personne ne parle ou presque, et il est pourtant fondamental pour l’avenir des libertés publiques à l’échelle de l’Europe entière. Présenté au mois de septembre, il s’agit du règlement européen dédié à « la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne ».

L’article 4 du règlement permet aux autorités publiques de demander directement à n’importe quel hébergeur le retrait d’un contenu relevant de l’apologie du terrorisme. En pratique, cela entérine la situation qui prévaut dans tous les pays réprimant l’apologie ou la provocation au terrorisme. Ainsi en France, depuis 2015, le ministère de l’Intérieur est compétent pour censurer la provocation ou l’apologie du terrorisme sur Internet (si l’hébergeur n’empêche pas l’accès au contenu visé sous 24 heures, alors le blocage de l’ensemble du site peut être mis en place par les fournisseurs d’accès à Internet français). Le tout sans aucun contrôle judiciaire préalable, dans le cadre d’une procédure secrète. Ainsi, en 2015, la France est devenue (devant l’Inde et la Turquie) le pays qui a obtenu le plus grand nombre de suppressions de pages Facebook (38 000 suppressions en un an, pendant que l’Allemagne ou Israël n’en obtenaient que 500).

Là où le règlement européen « innove » radicalement, c’est qu’il impose qu’un tel retrait par les hébergeurs intervienne en un délai record de une heure, sous peine de sanctions financières. Il prévoit aussi de passer par une voie encore plus discrète pour censurer ces contenus : les « mesures proactives », ces outils de censure automatique déjà développés par les grandes plateformes comme Facebook ou YouTube et qui pourront être paramétrés en concertation avec les autorités (article 6 du règlement). Comme nous l’avons déjà expliqué (lire notre analyse plus complète), le futur règlement européen prévoit de généraliser ces outils à l’ensemble des acteurs du Web (non seulement Facebook et YouTube mais aussi OVH, Gandi, NextCloud, Mastodon, etc.), voire même aux outils de messagerie (WhatsApp, Signal, Télégram, Protonmail, etc.)2. Concrètement, tous les acteurs du numérique devront développer des « mesures proactives pour protéger leurs services contre la diffusion de contenus à caractère terroriste ».

Mais du coup, c’est quoi, un « contenu à caractère terroriste » ?

L’article 2 du règlement explique que les contenus auxquels le texte s’appliquera sont des textes, images ou vidéos qui « provoquent à la commission », « font l’apologie », « encouragent la participation » ou « fournissent des instructions sur des méthodes ou techniques en vue de la commission d’infractions terroristes ». Tout repose donc sur ces « infractions terroristes », définies par le droit de l’Union à l’article 3 de la directive 2017/541.

La liste est longue. On y retrouve évidemment les meurtres visant à terroriser la population. Mais aussi des actes plus éloignés et moins attendus, tels que le fait de « provoquer une perturbation grave ou une interruption » d’un système informatique (un ordinateur, un site Web…) ou de « causer des destructions massives […] à un lieu public ou une propriété privée, susceptible […] de produire des pertes économiques considérables ». Pour être qualifiés d’infractions terroristes, ces actes doivent être commis dans le but de « contraindre indûment des pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque » (retirer un projet de loi, par exemple) ou dans le but de « gravement déstabiliser […] les structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales fondamentales d’un pays ». La simple menace de commettre de tels actes entre aussi dans la définition.

Bref, en droit européen, le piratage ou la destruction massive de biens, ou la menace de le faire, sont des « infractions terroristes » dès lors qu’il s’agit d’influencer une décision politique ou de déstabiliser des institutions.

Maintenant que le cadre est posé, commençons la politique-fiction. Parmi les contenus susceptibles d’être publiés sur Internet par des gilets jaunes, quels sont ceux qui pourraient être considérés comme relevant du « terrorisme » (selon les très larges définitions européennes) par Facebook et Google (soumis à la menace de sanctions en cas d’échec) ou par la police ? Par exemple :

  • un appel à manifester sur les Champs-Élysées, alors que le rassemblement précédent a conduit à d’importantes détériorations matérielles et enfonce le gouvernement dans une crise politique ;
  • une vidéo qui, prise depuis le balcon d’en face, filmerait la destruction d’une banque ou d’un fast-food, accompagnée d’un commentaire audio du spectateur surpris, du type « ahahah, c’est bien fait pour eux » ;
  • une vidéo d’altercations agressives entre manifestants et CRS au prétexte qu’elle serait diffusée par une personne se réjouissant que les autorités publiques soient ainsi remises en cause ;
  • un texte menaçant le gouvernement de blocage généralisé de l’économie ou de grève générale ;
  • une invective orale du type « si Macron ne démissionne pas, on va venir mettre le feu à l’Élysée » ;
  • un communiqué justifiant le fait d’avoir détruit un véhicule de police ;
  • etc.

En appliquant le droit à la lettre, on pourrait se demander lequel de ces contenus ne devrait pas être censuré automatiquement par les plateformes du Web une fois que le règlement anti-terroriste sera entré en application. De même, en théorie, ces contenus pourraient être censurés sur simple demande de la police.

Même si, pour l’heure, il s’agit encore de politique-fiction, le droit actuel en France va déjà en ce sens, comme l’illustre le type de discours qui ont pu passer pour de l’« apologie du terrorisme » ces dernières années. Par exemple, des peines de prison ferme pour des provocations lancées par certain·es au sujet des attentats de janvier 2015, ou l’injonction faite par le gouvernement fin 2016 à deux sites participatifs pour qu’ils censurent un article revendiquant l’incendie d’un hangar de gendarmerie commis en solidarité avec des personnes poursuivies en justice dans le cadre des manifestations contre la loi travail.

Censure privée, censure totale

Une censure de tels contenus pourrait donc intervenir de deux manières. C’est en quelque sorte « ceinture et bretelles » : quand les « mesures proactives » prises par un réseau social comme Facebook n’auront pas suffi à bloquer les contenus visés, la police pourra prendre le relais, pouvant exiger des services défaillants la suppression d’un contenu dans un délai d’une heure. Tout cela sans l’autorisation préalable d’un juge. Les acteurs concernés s’exposeront à des sanctions s’ils échouent trop souvent à censurer dans le délai d’une heure (article 18).

Bref, pour éviter d’avoir à répondre toute la journée aux demandes des polices des 28 États membres de l’Union européenne, et de subir des sanctions en cas d’échecs à y répondre dans l’heure, les services Web auront franchement intérêt à détecter à l’avance et le plus strictement possible tout ce qui ressemblera de près ou de loin à un « contenu à caractère terroriste », défini de façon extrêmement large.

Or, il est clair que les outils mis au point par Facebook et Google s’imposeront à l’ensemble du Web, même en dehors de leur plateforme, où certains pourraient chercher refuge. De ce que nous ont clairement expliqué des gens du gouvernement (revoir notre compte-rendu) et de ce qui apparaît dès 2017 dans les publications de la Commission européenne3, l’objectif de ce texte est au final d’imposer les filtres automatiques mis au point par les grosses plateformes à tous les acteurs du Web, petits ou grands, européens ou non. Ces derniers devront automatiquement respecter une large « liste noire » de contenus considérés comme illicites par les prétendues intelligences artificielles de Facebook et Google, qui décideront seuls et selon leurs propres critères s’il est autorisé ou non d’appeler à tel mouvement ou d’applaudir telle action contestataire.

Soyons clairs : notre analyse ne cherche pas à savoir quels propos devraient ou non être tenus en ligne, ni quelles revendications seraient ou non légitimes. Notre question est de savoir si nous acceptons de déléguer à la police et à une poignée d’entreprises privées hégémoniques, qui ne sont soumises à aucun contrôle démocratique, le rôle de juger nos actes et nos opinions, et de modeler le débat public en conséquence. Nous répondons résolument que non : seul un juge, indépendant des pouvoirs politiques et économiques, doit pouvoir censurer les propos qui, d’après des lois adoptées en bonne et due forme, seraient susceptibles de nuire de manière disproportionnée à autrui.

C’est tout l’inverse que propose Macron, principal promoteur du futur règlement européen : en cédant les pouvoirs de l’État aux géants du Web, il s’imagine pouvoir échapper à toute responsabilité politique en cas de censure abusive et massive du Web.

Ce règlement européen est une loi de censure que les gouvernements français et allemands souhaitent faire adopter d’ici aux prochaines élections européennes, en mai. Ils ont déjà réussi à faire accepter hier leur projet aux autres gouvernements européens, à une vitesse jamais vue au sein de l’Union européenne. Les eurodéputés et toutes celles et ceux qui entendent se présenter aux prochaines élections européennes doivent faire connaitre leur opposition à ce texte scélérat.

Nos autres articles sur le sujet :

1. Précision : nous n’avons actuellement connaissance d’aucun élément factuel indiquant que Facebook mettrait ou non en œuvre une censure visant spécifiquement les gilets jaunes. Cet article est une simple analyse juridique.
2. Notons ici une légère évolution depuis notre dernière analyse concernant les risques pour la confidentialité de nos communications. Dans la version du règlement actée hier par le Conseil de l’UE, le considérant 10 a été modifié et semble tenter d’exclure du champ d’application de ce texte les services de communications interpersonnelles : « Interpersonal communication services that enable direct interpersonal and interactive exchange of information between a finite number of persons, whereby the persons initiating or participating in the communication determine its recipient(s), are not in scope ».
Cette précision est toutefois particulièrement hasardeuse et n’a rien de rassurante. D’abord, la précision n’est nullement reprise à l’article 2 du règlement qui définit les différentes notions du texte. Surtout, cette précision n’est pas cohérente : les « service de communications interpersonnelles » sont déjà définis par le code européen des communications électroniques (article 2 et considérant 17), comme pouvant alors couvrir certains services de Cloud (où un nombre limité d’utilisateurs peuvent échanger des documents, typiquement). Pourtant, la version du règlement actée aujourd’hui indique explicitement s’appliquer aux services de Cloud, tout en prétendant ne pas s’appliquer aux communications interpersonnelles. La confusion est totale.
3. Dès juin 2017, la Commission européenne
se félicite publiquement
d’« avoir travaillé depuis deux ans avec les plateformes clefs du Web au sein du Forum européen de l’Internet », qui regroupe Google, Facebook, Twitter et Microsoft depuis 2015, « pour s’assurer du retrait volontaire de contenus terroristes en ligne », notamment grâce à « l’initiative menée par l’industrie de créer une « base de données d’empreintes numériques » [« database of hashes »] qui garantit qu’un contenu terroriste retiré sur une plateforme ne soit pas remis en ligne sur une autre plateforme ».
Pour la Commission, déjà, « l’objectif est que les plateformes en fassent davantage, notamment en mettant à niveau la détection automatique de contenus terroristes, en partageant les technologies et les outils concernés avec de plus petites entreprises et en utilisant pleinement la « base de données d’empreintes numériques » » (toutes ces citations sont des traductions libres de l’anglais). Cette base de données est ce que nous appelons « listes noires » dans notre analyse.

Source : La Quadrature du Net, 07-12-2018

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Commentaire recommandé

Politzer // 13.12.2018 à 06h29

Il faut reagir vite avant qu il ne soit trop tard
Prolongation du mouvement de protestation
Appel à la grève générale

40 réactions et commentaires

  • Politzer // 13.12.2018 à 06h29

    Il faut reagir vite avant qu il ne soit trop tard
    Prolongation du mouvement de protestation
    Appel à la grève générale

      +61

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    • Maxhno // 13.12.2018 à 06h41

      Trois phrases 3 infractions au nouveau monde…

        +18

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    • Wollaston // 13.12.2018 à 08h01

      Désolé mais se mobiliser contre les conséquences de notre impuissance me semble moins important que de se mobiliser contre les causes. Et la cause des causes c’est notre constitution.
      RIC sur tout les sujets !

        +22

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      • AsterixEtPéril // 13.12.2018 à 08h26

        RIC à tous les étages ! Mais que voulez-vous, les gens se contentent le plus souvent de soigner les symptômes au lieu d’aller directement à LA CAUSE. C’est plus fatiguant ?

          +9

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      • Chouchounet // 13.12.2018 à 16h15

        @Wollaston.
        Absolument pas. La cause des causes est constituée par les castes financières et politiques qui ont contourné voire tripatouillé la constitution à leur profit depuis au moins trente ans. Ainsi on ne voit plus de référendum, c’est bien trop dangereux pour elles, et s’il y en a un les « politiques » s’assoient dessus si le résultat ne leur convient pas, comme en 2005. Macron a déjà violé plusieurs fois les règles constitutionnelles et pourrait être destitué mais personne ne veut, toujours chez nos « politiques », lancer la procédure. Pourquoi, en effet, scier la branche sur laquelle on est assis? Entre coquins et copains il faut bien se serrer les coudes.

          +8

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        • Wollaston // 16.12.2018 à 10h23

          Sauf votre respect, la loi qui permet l’abus des dominants dont vous parlez, date de 200ans.
          C’est l’article 3 de la constitution que le ric se propose de remplacer. Pour le reste, je pense que nous disons plus ou moins la même chose.
          Cordialement

            +1

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    • Le Belge // 13.12.2018 à 09h01

      Des alternatives existent (et intouchables par les « autorités » européistes) : Telegram et V-Kontakt.
      BFM-Tv, France Télévision, LCI, TF1, LCP, CNews = Radio Paris

      Est-ce que quelques centaines de Gilets Jaunes venus de l’Hexagone ne pourraient pas nous prêter main forte pour prendre le quartier européen d’assaut à Bruxelles ? En tous les cas, on est avec vous les gars ! Ne lâchez rien, rien du tout.
      Salutations amicales du Plat Pays.

        +17

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      • Dominique65 // 13.12.2018 à 11h20

        « pour prendre le quartier européen d’assaut à Bruxelles »
        Tu veux faire des morts ! Ce quartier est gardé bien plus férocement que les Champs-Élysées.
        Du reste, beaucoup de revendications chez les gilets jaunes, mais pas de demande de frexit, ou alors c’est bien caché.

          +4

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        • Lapin compris // 13.12.2018 à 11h52

          Il y a certains groupes qui demandent le frexit, mais en effet, les gens n’ont pas encore bien saisis les causes techniques de leurs malheurs. https://www.liberation.fr/checknews/2018/12/12/d-ou-vient-la-nouvelle-charte-des-gilets-jaunes-demandant-le-frexit_1697304

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        • Le Belge // 13.12.2018 à 14h19

          Des morts, non. Mais le quartier européen de Bruxelles est bien moins défendu que les Champs Elysées. Ce qui est protégé c’est la zone neutre de Bruxelles (Rue de la Loi, Place des Palais, Palais Royal, Parc Royal et le 16 -le bâtiment abritant le cabinet du Premier-Ministre). C’est tout. Rien qu’une petite zone comparée à la taille actuelle de Bruxelles. Je ne veux aucun mort, mais il est urgent que le cœur du système puisse connaître une peur de tous les diables.

            +5

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          • Lebougre // 14.12.2018 à 09h50

            Il faut se casser encore un peu les méninges pour trouver les actions rigolotes qui mobiliseront plus de monde que toute action violente. Lire https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/alinsky-saul-tres-saulidaire-200799
            J’aimais bien la proposition de Cantona, pas violente du tout (sauf pour le système financier) mais apparemment , cela fait peur, même aux pauvres. Bon, ce n’était pas rigolo. Mais je pense que c’eut été efficace.
            Aller pique-niquer dans les banques me plairait bien, c’est chauffé, propre, les fauteuils sont confortables, … c’est pas interdit d(attendre son tour pour discuter avec un conseiller, se renseigner …. et c’est pas interdit d’y aller avec des copains et des sandwiches

              +2

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      • Chris // 13.12.2018 à 12h39

        8 déc. 2018 – Gilets jaunes à Bruxelles: 450 interpellations (sur 1000 GL) dont dix arrestations judiciaires
        https://www.lesoir.be/194549/article/2018-12-08/gilets-jaunes-bruxelles-450-interpellations-dont-dix-arrestations-judiciaires
        Plutôt se concentrer sur mai 2019.
        Les européennes de 2019, simulacre démocratique conçu pour verrouiller les institutions européennes vont-elles finalement devenir une arme tournée contre elles ?
        AMHA, la lutte (bien choisir son eurodéputé) est là.

          +3

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  • Jean // 13.12.2018 à 07h19

    Macron est à l’avant garde de cette dérive autoritaire de nos institutions et le mouvement des Gilets Jaunes est peut-être la dernière possibilité que nous aurons de contester l’ordre dictatorial qui s’installe en Europe. Moins de justice, moins de droits et probablement un grand plan de construction de prisons dans les années à venir, le rêve européens se transforme nos nos yeux en cauchemar.

      +30

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    • Chris // 13.12.2018 à 12h46

      En effet, UERPDS (l’Union Européenne des Républiques Pseudo Droito-Socialistes) se met en place, et à pas de charge me semble-t-il, pour contrer les gueux par tous les moyens.
      https://www.bilan.ch/opinions/myret-zaki/criminaliser-la-misere-non
      Prendre à l’Etat redistributif pour donner à l’Etat répressif est un signal de déclin démocratique, selon le sociologue français Loïc Wacquant (Les prisons de la misère, 1999). Professeur à l’Université de Californie à Berkeley, ce spécialiste décrit les processus de criminalisation de la misère et comment l’hypercarcéralisation (il a étudié le cas des Etats-Unis) découle d’un retrait préalable des protections sociales de l’Etat.
      Mais réprimer, c’est ce qui coûte le plus cher. Depuis 2012, les dépenses sécuritaires de l’Hexagone sont montées en flèche, aidées bien sûr par la vague d’attentats terroristes sur sol français.
      «partout en Europe se fait sentir la tentation de s’appuyer sur les institutions policières et pénitentiaires pour juguler les désordres engendrés par le chômage de masse, l’imposition du salariat précaire et le rétrécissement de la protection sociale».

        +7

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  • Caliban // 13.12.2018 à 07h43

    Qui terrorise la population avec les politiques d’austérité ? Viendra un jour où le site de l’Elysée sautera … dans le monde virtuel, ou pas.

    Non non, ce n’est pas un appel à quoi que ce soit, juste un hommage à Orwell … merci à toi Ô grand spybot moustachu de laisser mon adresse IP tranquille 🙂

      +7

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  • RGT // 13.12.2018 à 08h21

    « la prévention de la diffusion de contenus à caractère terroriste en ligne ».

    Le terrorisme, c’est simplement ne pas approuver les « décisions justes et équitables » de nos élites.

    S’ils souhaitent rétablir le droit de cuissage (qui en fait n’a jamais existé, l’ancienne noblesse ne se comportait pas comme DSK) ou légaliser la pédophilie (oups, les cas ne manquent pas) et que l’ensemble de la population refusait ce serait un acte de terrorisme contre l’état.

    Tout détenteur du pouvoir met en place des lois et des institutions qui lui permettent de le conserver même si les « dirigés » ne sont pas d’accord.

    Malgré toute la propagande qu’on nous sert ad nauseam sur tous les « médias libres et indépendants » nous somme bien dirigés par une caste dictatoriale.

    Commencez déjà par virer et bannir à vie les énarques qui magouillent dans les ministères en faisant en sorte qu’ils ne reviennent jamais et vous pourrez commencer à espérer être libérés de vos chaînes.

      +11

    Alerter
  • Fritz // 13.12.2018 à 08h23

    Maintenant, la privatisation concerne aussi la police des opinions. Réjouissons-nous, mes bien chers frères : la construction européenne avance.

      +9

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  • Catalina // 13.12.2018 à 08h46

    un réseau social a censuré mon post de Valérie Bugault concernant le fait que le droit civil disparait au profit du droit des multinationales, résumé ! on vous vendra de la daube mais vous ne pourrez rien faire car le droit vous donne responsable de l’achat et déresponsabilise celui qui a mis en vente la daube.
    CENSURE !! ben oui, faudrait surtout pas que les citoyens réfléchissent, on remarquera que selon les textes, j’ai pratiqué un terrorisme car je mets en danger les multinationales en informant les gens que le droit civil sera gommé.
    Ce ne sont plus des lois dans le sens où on l’entend mais bien des « cadres d’actes mafieux » protégés par des textes, mais comme ça s’appelle loi, alors, on doit s »y soumettre.
    ça ne vous chqoue pas qu’aux usa onn appelle indifféremment « crime », levol d’une casquette et l’assassinat d’une personne ? chez nous, il y a délit, etc,,, un vol decasquette est un délit et pas un crime. J’espère que jamais la France ne copiera la grande démocratie-agressive-tueuse-modérée que sont ce pays dont l’adolescence n’en finit pas d’essayer de rejoindre l’âge adulte des nations.

      +11

    Alerter
    • Chris // 13.12.2018 à 12h49

      Seule réponse raisonnable des sans-dents : cesser de consommer la daube… qui plus est, en s’endettant !

        +4

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  • Kokoba // 13.12.2018 à 09h04

    Avec l’affaire des gilets jaunes, vous pouvez être sur que notre caste dirigeante travaille d’arrache-pied sur le sujet.
    Le controle des réseaux sociaux (et d’internet en géneral) sera LE grand sujet des prochaines années.

      +11

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  • Catalina // 13.12.2018 à 09h31

    Gilets jaunes : « Macron a les pieds et les poings liés par l’Union européenne » – Par Coralie DELAUME – Le Figaro – 06/12/2018

    Pour Coralie Delaume, si les revendications des Gilets jaunes sont légitimes, leur application ne pourra se faire sans une remise en cause du fonctionnement de l’Union européenne. En l’état actuel des traités, les États membres ne peuvent plus mener de politiques économiques et commerciales souveraines, explique-t-elle.

    http://lucien-pons.over-blog.com/2018/12/gilets-jaunes-macron-a-les-pieds-et-les-poings-lies-par-l-union-europeenne-par-coralie-delaume-le-figaro-06/12/2018.html

      +12

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  • yann // 13.12.2018 à 11h53

    La question a se poser c’est « Pourquoi l’idéologie du libéralisme économique fini par produire une tyrannie ». Parce que la dérive est générale en occident et pas seulement en Europe. Il y a bien évidement les thèses de Todd sur le sujet mais elles semblent ignorer la tendance lourde même dans le monde anglo-saxon qui va vers l’étouffement progressif de toute opinion divergente.

    On pourrait ici plaisanter avec la ridicule fable des abeilles de Mandeville qui sert d’exemple idiot aux théories du libéralisme économique. Mandeville compare les humains aux abeilles pour en déduire que le vice des particuliers, en ce cas la recherche du simple profit, peut faire la richesse de la société. Ce que Mandeville semblait ignorer c’est que les insectes collectifs n’agissent pas pour leur intérêt individuel. Ils agissent dans l’intérêt collectif car ils sont programmés pour ça, ils n’ont pas de libre-arbitre.

    L’on peut dès lors en conclure que le libéralisme fonction seulement si les individus n’en sont pas justement. Le libéralisme économique ne peut fonctionner que si ses membres n’agissent justement pas de manière individualiste. Dès lors la tendance naturelle du libéralisme économique devient la contrainte sur les individus car le libre-arbitre met en menace l’organisation de l’ensemble de la structure libérale. On en vient donc à ce paradoxe que le libéralisme économique produit une société ou il n’y a plus aucune liberté pour les individus. Une société ou l’idée même de libre-arbitre devient dangereuse. En chassant la politique, le débat citoyen et les vertus publique le libéralisme économique a maintenant besoin d’une tyrannie pour maintenir son fonctionnement . En réduisant l’homme à l’homoéconomicus il a mis en branle une dangereuse dérive qui pourrait bien mettre fin à la notion même de liberté individuelle hors du cadre du marché consumériste.

      +3

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    • Sandrine // 13.12.2018 à 15h32

      Jacques Ellul écrivait à ce propos « Ce qu’on appelle le plus souvent « liberté » n’est en fait qu’un prétexte que l’on se donne pour suivre ses penchants naturels. En son nom, on peut tout faire, aussi bien une chose et son contraire ! À l’opposé, la vraie liberté est la marque de l’unité de la personne, de sa cohérence, de sa continuité, de sa fidélité à autrui. Elle s’incarne dans la durée. […] La liberté-prétexte est le fondement de toute notre société, c’est celle du libéralisme économique, qui autorise le plus fort à écraser autrui, et celle du libéralisme politique, qui permet à la classe bourgeoise de justifier sa domination sur la classe ouvrière. […] En lui-même, le principe de la justification constitue une négation de la liberté. Se justifier soi-même est la plus grande entreprise de l’homme, après la volonté de puissance »

        +2

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      • Jean // 13.12.2018 à 18h55

        Camus disait que la liberté consiste moins à faire ce que l’on veut qu’à refuser d’entreprendre ce que l’on ne veut pas faire. Il faut replacer cette conception dans le contexte de la rédaction de Combat et de la collaboration. Quelque chose me dit que nous devrons, dans les années qui viennent, davantage nous inspirer de ce dernier contexte que de celui de la révolution française.

          +3

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      • Fritz // 13.12.2018 à 20h42

        Merci, @Sandrine et @Jean.

        Concernant la citation sur « le principe de justification », « se justifier soi-même » : il n’a pas échappé au protestant Jacques Ellul que la justification de soi-même n’est rien d’autre que l’enfer. La négation du « salut par la foi » redécouvert par Luther.

          +0

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  • Serge WASTERLAIN // 13.12.2018 à 11h55

    Encore une fois, tout ceci va dans le droit fil de la censure qui se développe en France à visage découvert et à coups de jurisprudence depuis la loi Gayssot et celles qui ont suivi permettant depuis d’interdire que certains spectacles ne se tiennent. Elles ont créé un climat de bienpensance poussant certains sites, celui-ci y compris, à interdire d’écrire jusqu’à le nom de certains artistes dans les commentaires. Quand on met le doigt dans un engrenage il finit par vous happer tout entier !

      +13

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  • Casimir Ioulianov // 13.12.2018 à 14h08

    La censure ne fonctionne pas contre les faits. Ils peuvent faire ceux qu’ils veulent, foutre la moitié d’une population au goulag ou mettre Internet à l’index, les faits eux restent.
    On est presque devant un aphorisme des régimes totalitaires : Quand le roi est nu, soit le système s’ouvre et il s’effondre , soit le système se ferme et il meurt. La Terre elle ne s’arrêtera pas de tourner pour ça.

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    • jcnello // 17.12.2018 à 00h43

      Oui, mais d’ici là nous on risque d’en chier, et grave !

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  • Dorian // 13.12.2018 à 14h15

    Partout en France les gens s’insurgent contre la mainmise des banques sur le pouvoir, entre autres choses. Quelle est la réaction de Macron ? Il se dépêche de signer discrètement à Marrakech un texte supervisé par Peter Sutherland, directeur de Goldman Sachs et fanatique de la mondialisation. Sutherland, décédé en début d’année, était également le grand directeur à l’ONU pour les migrations internationales. Autrement dit, c’est le directeur de Goldman Sachs qui a rédigé ce Pacte de Marrakech qui va engager la France dans une politique mondialiste. Voilà la réponse de Macron aux GJ ! Goldman Sachs écrit le texte et Macron l’applique sans nous demander notre avis. Les Gilets-jaunes demandaient également des référendum, mais, là aussi, Macron se fiche complètement d’eux. Le patronat, lui, aura enfin ce qu’il réclame depuis longtemps : Remplacer les consommateurs partis au cimetière ; faire baisser les salaires en mettant en concurrence les nouveaux arrivants ; faire baisser les syndicats.

    Pour cacher tout ça, Macron annonce, en même temps, ses mesures si attendues, censées calmer les Gilets-jaunes. Ainsi on ne parle plus que de ces mesures et cela évite que l’on voie trop la mainmise de l’idéologie bancaire sur la France. Les taxes « généreusement » retirées aujourd’hui pourront revenir demain, ce n’est pas grave. Mais pour le Pacte de Marrakech, c’était maintenant ou jamais.

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  • calahan // 13.12.2018 à 15h20

    si on vivait une dictature de la pensée, on devrait sentir arriver le processus propagandiste qui la précède.

    « toute ressemblance avec le discours médiatique télévisuel et radiophonique ambiant ne saurait être que fortuite ».

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  • Vladimir K // 13.12.2018 à 15h29

    Quand la quadrature du cercle parle de « juges indépendants », le sont-ils vraiment en France ?

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  • JLT // 13.12.2018 à 15h29

    Il est curieux que les « mesures proactives » envisagées pour les réseaux sociaux ne le soient pas pour les fichés S dont on nous rappelle que l’on ne peut rien faire contre eux tant qu’ils ne sont pas passés à l’acte !

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    • Jean // 13.12.2018 à 18h38

      Ces mesures proactives seront appliquées pour tout le monde et il y a parmi les fichés S des écologistes n’ayant commis d’autres forfaits que celui de militer pour la sauvegarde de la biodiversité. Il est heureux que dans ce pays ont ne puisse pas encore enfermer un individu parce que l’on imagine qu’il pourrait peut-être, un jour, enfreindre la loi. D’autant que la lutte antiterroriste, qui passe par l’infiltration des groupes radicaux, ne sera plus possible si tous les soupçonnés de radicalisations sont déjà sous les verrous.
      Si l’on veut vraiment lutter contre le terrorisme il me semble plus efficace d’arrêter de cautionner les bombardements illégales de populations civiles de pays qui ne nous ont rien fait et qui luttent contre le terrorisme, alors que nous entretenons des relations diplomatiques amicales avec les pays qui finances l’idéologie revendiquée par ces mêmes terroristes.

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      • JLT // 13.12.2018 à 19h32

        Tout à fait d’accord sur votre second paragraphe. Pour le premier, il me semble qu’en gardant en prison un individu déjà condamné vingt-sept fois pour des crimes graves, attaques à main armée, etc. qui a donc déjà maintes fois enfreint la loi on n’attente pas aux libertés publiques.

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        • Jean // 14.12.2018 à 00h17

          => il me semble qu’en gardant en prison un individu déjà condamné vingt-sept fois pour des crimes graves, attaques à main armée, etc. qui a donc déjà maintes fois enfreint la loi on n’attente pas aux libertés publiques.

          Nous sommes là encore d’accord mais doit-on pour autant incarcérer tous les fichés S alors que certains n’ont probablement jamais commis aucun délit ? Si nous adhérons à cette conception de la justice, ne prend on pas le risque que l’oligarchie utilise ce moyen, à l’avenir, pour de se débarrasser des opposants politiques ? Entre incarcérer tout le monde et n’incarcérer personne, il me semble qu’il y a un juste milieu qui doit être recherché.

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          • JLT // 14.12.2018 à 09h35

            C’est à peu près ce que je voulais dire. Il doit bien y avoir un juste milieu

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  • Marc Michel Bouchard // 14.12.2018 à 03h04

    Réduire la liberté d’expression en Europe plus durement est fort plausible car commencé. La démocratie étant mécanisée plus que jamais et les Français le voyant davantage qu’avant. Le reste de l’Europe en prenant un peu plus conscience en Grande Bretagne, en Allemagne et en Belgique notamment. L’Europe de l’Est dans des distances avec l’U.E. En ruinant les libertés de la parole écrite et parlée en Europe, l’U.E ne fera qu’ajouter frustrations et le rejet de ce qu’elle est.
    Tout comme pour l’URSS avant hier, l’hostilité envers la pseudo Union Européenne n’en sera que plus forte et la tension politique et sociale n’en sera plus grande en s’exprimant modérément. Les autorités U.E sous l’influence de la France de Macron commencent à jouer avec la paix sociale obtenue pour l’essentiel depuis 1945 et la fin de la guerre mondiale. Internet est devenu depuis 1996 un lieu d’information libre dont il est inacceptable d’en bousiller les libertés au nom d’une rigidité d’un système qui se dirige vers sa sclérose anticipée. Les difficultés du Brexit en Grande Bretagne ajoutent aussi au climat politique et à force d’ignorer les volontés populaires un système finit tôt ou plus tard par cesser de fonctionner. Un système finit par imploser et s’éteindre pacifiquement presque de lui même.

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  • jcnello // 17.12.2018 à 00h41

    Effrayant. Le totalitarisme est bien en marche.

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