On définit le « TED spread » comme l’écart de taux existant entre le taux interbancaire Libor à trois mois (le taux auquel se prêtent les banques pour se refinancer) et le taux d’intérêt des bons du trésor américains à trois mois (TED est un acronyme entre le T de Treasury-Bill [bon du Trésor américain] et ED, le symbole du contrat EuroDollar du Libor).C’est un très bon indicateur du niveau de risque perçu dans l’économie, car les bons du trésor américain sont censés (sic.) représenter le taux sans risque.
La moyenne historique du TED était de 0,30 %, avec un maximum de 0,50 %. La crise de 2000 lui a fait atteindre 1 %, mais on voit que le vendredi 10 octobre 2008, il a culminé à 4,50 %. Ce jour-là se produit le pire krach boursier depuis 1987 en Europe et depuis 1929 pour le S&P 500 américain. Ce jour clôt la pire semaine de l’histoire des bourses mondiales (-25 %).
La valeur culminante du TED signifie purement et simplement que les banques ne se prêtaient alors plus d’argent, ce qui a asphyxié tout le système bancaire. Sans réaction, le système allait sauter.
C’est ce week-end là que sont préparés les plans de secours titanesques européens et américains, l’État fédéral annonçant le 14 octobre un plan de renflouement des 9 plus grandes banques américaines avec 250 Md$.
La panique a été jugulée, le TED retrouve rapidement des niveaux normaux, le système repart. Bien entendu, ces apports d’argent public prenant la place d’actionnaires défaillants (suivant l’adage « privatisons les profits et socialisons les pertes » donc « pile, je gagne, face, je ne perds rien ».) sont scandaleux. Mais il faut rappeler que toutes les banques sont fortement interconnectées, et qu’une grande banque fait difficilement faillite sans entraîner toutes les autres avec elle : c’est le risque systémique.
Depuis lors, on observe que le TED a retrouvé un niveau « normal » mais que les taux ont fortement baissé, jusqu’à des niveaux qui deviennent inquiétants, car illustrant la crainte des marchés envers les autres placements.
À suivre…
1 réactions et commentaires
Rétrospective intéressante. Bravo.
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