Combat pour protéger les comptes bancaires des clients et les finances des contribuables : 1er round.
Certains m’ont trouvé (à raison) moins actif sur le blog ces dernières semaines. Comme je vous l’ai indiqué, je travaillais d’arrache-pied sur une proposition qui est, pour moi, majeure : la scission des banques.
Nous avons à plusieurs réalisé un énorme travail de traduction et de compilation de déclarations de hautes personnalités soutenant la scission – c’est l’équivalent d’un petit livre… (un grand merci en particulier à Nicolas pour la mise en forme, et à la dizaine d’autres membres ayant participé !)
Si nous n’obtenons pas gain de cause sur un sujet aussi évident, éprouvé et consensuel, alors la guerre est perdue. Le financiarisme aura gagné, et il désintégrera bientôt, bien involontairement, une partie de notre épargne (et ceci est le scénario optimiste !).
Bien sûr, le combat est inégal. Personne n’a conduit un « lobbying de l’intérêt général » – presque aucune association de particuliers ou d’entreprises n’a agi. Finance Watch et Roosevelt 2012 ont cependant apporté courageusement leur contribution.
En revanche, le lobby bancaire a utilisé son vaste réseau d’influence et dépensé des millions d’euros pour saboter la réforme promise. Il a mené une formidable campagne de propagande et de désinformation pour combattre l’évidence – campagne qui mérite vraiment d’être analysée tant elle a été puissante. Et pour l’instant, il a obtenu gain de cause du ministre des Finances : le débat public a été interdit.
Mais nous, nous avons l’Histoire, la logique et le bon sens de notre côté.
Comme nous sommes encore en Démocratie, certes bien malade, mais pas encore froide, je pense que rien n’est perdu, si nous nous mobilisons un minimum. Certains parlementaires courageux sont prêts à agir.
Et si nous ne nous mobilisons même plus pour sauver l’argent que nous avons gagné, nous ne le méritons tout simplement pas….
Alors diffusez un maximum ce billet ou au moins le Verbatim qui est téléchargeable gratuitement en bas de page.
Communiqué de Presse. Paris | 14 décembre 2012
Réforme bancaire :
DiaCrisis publie les déclarations de 130 personnalités soutenant une scission des banques
Le gouvernement français prépare actuellement une réforme de la structure de son système bancaire. Elle pourrait être l’opportunité exceptionnelle de remettre le secteur financier au service de l’économie réelle, et de protéger l’épargne du pays.
Or, avec 5 banques figurant sur la liste internationale des 29 banques à risque systémique dressée en 2011 par le G20, la France souffre d’une hypertrophie de ses mégabanques. Par exemple, le bilan de BNP Paribas représente 10 années de recettes nettes de l’État. Ce phénomène est amplifié par le choix résolu de promouvoir un modèle de banque soi-disant universelle, mettant l’ensemble du système bancaire à la merci de pertes spéculatives dans les banques d’investissement.
La solution la plus simple et la plus sûre consiste à scinder ces banques dans des groupes distincts, pour protéger les comptes bancaires des clients et les finances des contribuables. Ce modèle de banques spécialisées a d’ailleurs prévalu en France et dans le monde pendant des décennies, sans aucune crise bancaire. Et ce jusqu’à la dérégulation intégrale survenue durant les années 1980.
Malheureusement, la France, influencée par le lobbying forcené de ses mégabanques, a refusé d’ouvrir un débat public pour revenir à un juste équilibre. Au contraire, elle s’est précipitée sans transparence dans une réforme sabotée, sans même attendre les résultats des réflexions européennes en cours.
Le fait est que très peu d‘arguments sérieux viennent à l’appui du modèle de banque « universelle ». La meilleure preuve est que ce modèle est principalement défendu par les banques universelles elles-mêmes, et une poignée d’économistes travaillant avec le secteur financier. Bien au contraire, la plupart des grandes personnalités internationales du monde économique, de parole libre, défendent une scission pure et simple des banques.
Parce qu’il est fondamental qu’un débat démocratique ait lieu et que le public soit informé, l’association DiaCrisis a regroupé les déclarations de 130 personnalités soutenant une telle scission. Son but est de montrer que le soutien à une séparation stricte des banques est en fait la règle, y compris chez les financiers. Par exemple, selon un sondage Agefi de novembre 2012, la majorité des cadres du secteur bancaire soutient la scission…
Il y a urgence. Alors parlons-en. Vraiment !
Le Verbatim (je vous conseille de le télécharger pour le lire) :
[gview file= »http://www.les-crises.fr/documents/2012/1-scinder-les-banques-verbatim-diacrisis.pdf »]
Liens de téléchargement direct :
- Version normale (4 Mo)
- Version Haute-définition pour impression (34 Mo)
Liens pour tweeter : (je compte sur vous)
- ce billet : http://bit.ly/Z3Y4J8
- le Verbatim en version pdf : http://bit.ly/UoTPQI
À vous de jouer maintenant – passez l’information !
P.S. : le Verbatim a été annoncé et diffusé en avant-première sur le site des Echos avant-hier… Belle récompense – et merci à tous ceux qui soutiennent d’une façon ou d’une autre DiaCrisis !
« C’est dans le gouvernement républicain que l’on a besoin de toute la puissance de l’éducation. » [Montesquieu]
171 réactions et commentaires - Page 2
@incogototo : j ai lu ton article sur ton blog ou tu relais les OB. Je préfère aussi me battre contre cette finance de corrompus et même si nous n y arrivons pas, nous aurons essayer de prendre notre destin en main. Comme tu le dis même si ils ont la puissance nous avons le nombre, et l
Union fait la force. Il est temps de nous faire entendre en effet!
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AlerterBravo et merci à Olivier Berruyer et son équipe pour leur impressionnant travail de compilation.
Il est vrai qu’entre les retraités (sf évidemment les « petits retraités », car il y a aussi bcp de gros) qui nous sucent, les fonctionnaires (pas les infirmières, les pompiers, et gna gna..) qui nous parasitent et les banquiers (tous) qui nous dépouillent sans compter les bandes organisées en oligopoles, on est loin d’être sorti du …
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AlerterBravo pour cette initiative.
Juste un remarque. Diacrisis ne me parait absolument pas apolitique. Par ce type d’action et par l’ensemble de ce que vous faites sur votre blog vous portez une parole et une action politiques au premier sens du terme puisque s’intéressant à la vie de la cité, ayant le souci d’un monde commun et de l’intérêt général. Ce sont beaucoup des « politiques » qui sont en fait apolitiques puisque devenus de simples gestionnaires d’intérêts privés. Association politique sans engagement partisan serait donc plus exact.
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AlerterL’ineffable Julien Alexandre s’exprime sur le blog de Jorion à propos de l’initiative d’Olivier
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AlerterCe qui doit agacer les « Julien Alexandre », c’est que le premier argument que passe en boucle le lobby bancaire est « personne ne défend la scission et le Glass Steagall ». C’est tout récemment l’affirmation d’André Lévy-Lang dans une interview Xerfi : il se présente comme quelqu’un qui veut profondément réformer la finance mais refuse qu’on envisage même cette solution. Et ce que montre bien le travail d’Olivier et cette « revue de presse » c’est que énormément de spécialistes demandent la scission.
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Alerterça me dérange d’ailleurs un peu qu’il y est certaines personnes qui demandent cela aussi
je ne voudrais pas croire que c’est simplement par calcul (pendant que l’on nous occupe à ça……….)
cette séparation n’aurait pas empêché la crise, mais au moins aurait-elle pu faire éviter que nous sauvions les banques qui avaient spéculer sur les marchés financiers, nous tous contribuables alors que dans un système qui se dit libéral, ce sont les preneurs de risques qui devraient les assumer
et que l’on arrête de privatiser les bénéfices et socialiser les pertes (c’est loin d’être gagné: à voir les partenariats privés:public sur des investissements majeurs [aéroport NDL, autoroute Langon/Pau……..])
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AlerterIl ya bill Clinton, celui qui a permis la fusion des banques aux US en supprimant le Glass Steagal Act. Maintenant il se renie? Il est pour la séparation?
Il y a aussi au moins une personne décédée: Maurice Allais.
La liste ne fait pas assez sérieux à mon avis.
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Alerter@raph vous exprimez « Il y a bill Clinton, celui qui a permis la fusion des banques aux US en supprimant le Glass Steagal Act. Maintenant il se renie? Il est pour la séparation? »
Bill Clinton cherche bien à devenir français afin de se présenter à la présidentielle 2017
http://www.sudouest.fr/2012/09/27/presidentielle-bill-clinton-futur-adversaire-de-hollande-en-2017-833330-4776.php
@raph vous exprimez « Il y a aussi au moins une personne décédée: Maurice Allais.La liste ne fait pas assez sérieux à mon avis. »
Pour ma part, je trouve très bien de ne pas l’avoir oublié justement.
C’est le seul économiste français à avoir reçu le prix Nobel d’économie.
je vous conseille de lire ceci pour vous aiguiser l’esprit.
http://www.les-crises.fr/le-testament-de-maurice-allais/
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AlerterChère madame, quel ton, juste pour dire que vous n’etes pas d’accord :).
1- Il y a dans cette liste de personnalités l’homme qui a signé la fin du glass steagal act.
2- il y a dans cette lsite de personnalités des hommes et des femmes qui ont tout dit et dit n’importe quoi: comme Christine Lagarde ou newt Gingrich….
3- il y a dans cette liste des personnes qui sont en complet d’ésaccord: le Gouverneur de la BoE veut défendre le rapport Vickers qui ne prone pas réellement la séparation des activités bancaires. Rein à vpirave cle mec le monsieur de la Coface.
4- faire parler les morts. Voyons? Pourquoi ne pas faire parler Mitterrand qui dénonçait les forces de l’argent, Napoléon etc….
Bien à vous. meric de m’avoir aigisé l’esprit avec la candidature française de bill clinton!
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AlerterCeci ne veut pas dire qu’il faille garder les banques universelles. Au contraire. Comprenez moi: l’outil utilisé est mauvais. Il va faire rire le petit monde des legislateurs et des régulateurs bancaires. c’est une mauvaise plaquette.
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AlerterBonjour,
Pour ma part, j’ai lu uniquement les premiers, je me suis arrêtée juste après Christine Lagarde.
Vous pensez qu’ils vont lire toutes les personnes?
Je souhaite plutôt encourager Olivier qui a effectué un sacré travail, il s’est donné du mal.
Cordialement.
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AlerterJe pense que personne ne va lire les 130 déclarations. Mais chacun va lire les déclarations de ceux à qui ils apportaient du crédit. Ainsi, un député UMP (le mien par exemple) va probablement accorder plus de crédit à ce que dit Lagarde que ce que dit Rocard, et un député socialiste, l’inverse. Je trouve ce document extraordinaire car il semble démontrer que la nécessité de la séparation dépasse les clivages droite/gauche, financiers/non financiers, banquiers.non banquiers, libéraux/non libéraux, . . . En outre, par le « repentir » de ceux qui y ont contribué à y mettre fin, cela accrédite l’hypothèse de l’erreur. C’est assez rare en politique que l’on reconnaisse ses erreurs.
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AlerterJe livre à votre sagacité (bien que je me fasse peu d’illusion sur le nombre de lecteurs d’un propos sur un fil datant de plusieurs jours) la réponse du sieur Julien Alexandre sur le blog de Jorion où tout un billet fut consacré à la séparation bancaire, en réponse à mon étonnement qu’un tel sujet soit traité et intéressent autant les lecteurs du blog:
« L’intervention que vous citez est de moi, pas de Paul.
Ce qui ne change rien à l’affaire : non seulement cette question n’est pas l’enjeu principal, mais quand bien même le gouvernement choisit de la traiter, c’est fait d’une telle façon que l’on serait bien embêté si on devait se trouver confrontés à un jeu des 7 différences pour identifier les risques découlants du cadre actuel et ceux du cadre futur mis en place par cette réforme bancaire.
D’une certaine façon, on peut même trouver une certaine cohérence dans l’action du ministre de l’économie : il réussit à proposer un projet de loi qui ne sert à rien pour s’occuper d’un problème qui n’en est pas vraiment un. »
moi, j’ai du mal à suivre les méandres des esprits tortueux
si quelqu’un peut m’éclairer……
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AlerterBonjour,
Je souscris à votre travail et à votre cause. Je tiens toutefois à faire remarquer une erreur de jugement que vous opérez dans l’analyse de la situation politique dans laquelle nous sommes.
Vous dites « Comme nous sommes encore en Démocratie, certes bien malade, mais pas encore froide, je pense que rien n’est perdu ».
Comme beaucoup d’entre nous, vous vous dites que nous sommes dans une « démocratie malade », une démocratie qui a pris un coup dans l’aile. C’est hélas une erreur fréquemment répandue, bien que cela ne soit pas de votre fait.
La vérité, difficile à entendre, est que nous n’avons jamais été en démocratie. Pour le dire autrement, nous n’avons jamais connu la démocratie. Ni nous, ni nos parents, ni nos grands-parents et ancêtres n’avons expérimenté la démocratie. Sans doute depuis Tocqueville et son « De la démocratie en Amérique », nous avons été amené à penser et à croire que émection = démocratie / démocratie = élection . Ce qui est un contresens évident que n’ignoraient pas nos pères fondateurs, qu’ils soient français, anglais ou américains.
Siyès en France, Madison en Amérique, Rousseau, et jusqu’à Aristote, tous savaient et ont écrit que l’élection est, par nature, aristocratique, c’est-à-dire oligarchique. Ce n’est pas sujet à débat : élire = choisir le meilleur ; « le meilleur » en grec = ARISTOS. En tout temps et tout lieu, l’aristocratie donne lieu à l’oligarchie (le gouvernement du petit nombre).
Certes, à la Révolution, il s’était agit de vaincre le pouvoir d’une aristocratie foncière (la noblesse) et cela fut réussit. Mais pas pour y substituer une démocratie (le pouvoir du grand nombre), c’est-à-dire le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Non. Ce qui a été substitué au gouvernement monarchique de l’aristocratie foncière, à l’issue des révolutions française, anglaise et américaine, c’est un gouvernement oligarchique de l’aristocratie mobilière. Nos pères fondateurs, élites de l’aristocratie mobilière, n’ont pas voulu de la démocratie (le gouvernement du grand nombre), ils ont voulu un gouvernement (prétendument) représentatif (le gouvernement du petit nombre), ce qui est le stricte contraire de la démocratie.
La démocratie n’est pas, et n’a jamais été fondée sur l’élection de candidats; mais sur le tirage au sort de représentant, afin de garantir que ces représentant soient – et demeurent – des SERVITEURS du peuple, et ne deviennent pas, par abus de pouvoir, leurs maîtres. En démocratie (véritable), le suffrage universel a pour vocation de donner au peuple le droit d’élire, non des candidats (soi-disant représentants), mais de voter eux-mêmes les lois.
C’est à cela qu’étaient censées servir nos Constitutions.
Hélas, il existe, dans tous les cas de figure historique, un vice de forme dans la procédure même de nos Constitutions : elles furent toutes écrites par ceux-là même qui sont censé les craindre, c’est-à-dire par les hommes de pouvoir, politiciens et / ou magistrats et juristes.
Il résulte de ce CONFLIT D’INTÉRÊT MAJEUR que nos >Constitutions< n'en sont pas vraiment, car elles ne remplissent pas leur rôle (affaiblir les pouvoirs et empêcher l'abus et la concentration des pouvoirs entre quelques représentants).
Voilà la raison clef qui explique pourquoi pratiquement aucun de nos combats, quelque soit le sujet (justice sociale, écologie, répartition des richesses, etc.), toutes ces luttes légitimes, sont pour la plupart vouées à l'échec : nous agissons toujours contre les conséquences, non contre les causes – et en particulier LA cause des causes : la CONSTITUTION. Ce texte dont tout le monde se fiche, SAUF les élus et les lobbys qui les financent, que ce soit au sein des états, au sein des institutions européennes ou au sein d'institution non démocratique internationales (FMI, OMC, OCDE, etc.).
Tant que nous n’influerons pas au cœur de nos luttes, cette cause de la CONSTITUTION et de son PROCESSUS qui doit OBLIGATOIREMENT être protégé des conflits d'intérêt, nous n'aurons aucun pouvoir de changer véritablement et efficacement (et durablement) les choses.
Cordialement,
Morpheus
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AlerterMerci Oliver BERRUYER pour la réalisation de ce site.
Très intéressant, didactique, votre site permet à toute personne d’appréhender l’économie.
Je le fais partager aux béotiens de mon entourage…
Je suis employé de banque et j’ai déjà compris depuis quelques années que nous allons droit dans le mur, et en accélérant !
Bravo aussi pour votre interview où, en une heure, avec un langage clair, vous résumez bien la situation désespérée de l’économie mondiale.
MERCI !
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