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19.mai.201519.5.2015 // Les Crises

36 % des sympathisants PS sont favorables au retour de la peine de mort…

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Quand Todd parle de néo-républicanisme…

Photo prise le 24 février 1977 du Tunisien Hamida Djandoubi, 28 ans, arrivant à son procès. Il fut le dernier condamné à mort exécuté en France, le 9 octobre 1977, à la prison des Baumettes, à Marseille.

Parmi de nombreuses données sur l’état d’esprit des Français, l’étude annuelle sur les « fractures françaises » a fait état, mercredi 6 mai, d’une progression significative de l’opinion favorable au retour de la peine de mort. D’après cette enquête – réalisée par Ipsos et Sopra Steria avec la Fondation Jean-Jaurès et Science Po –, 52 % des Français, toutes sensibilités politiques confondues, s’y disent favorables : c’est 7 points de plus que l’année précédente. En particulier, les sympathisants socialistes sont 36 % à souhaiter ce rétablissement, soit une hausse spectaculaire de 15 points par rapport à 2014. La proportion augmente aussi nettement chez les cadres et les professions intermédiaires (à 37 et 39 %, contre 26 % en 2014) et les retraités (à 53 % contre 45 % en 2014).

Peine de mort

Pour Brice Teinturier, le directeur général délégué d’Ipsos, le débat sur la peine capitale n’est « pas réglé » et les études « montrent une forte progression du soutien au rétablissement de la peine de mort depuis les années 2010 ». Pour lui, les attentats de janvier ont fait sauter chez certains, notamment parmi les sympathisants de gauche et les CSP +, le « verrou » de l’opposition de principe à la peine capitale, car « le sentiment que la violence est de plus en plus forte conduit à radicaliser la prise de position » et affaiblit l’idée qu’on peut « réintégrer dans la société » tous les condamnés, quel que soit le crime. Peu importe, selon lui, que nombre d’études brandies par les opposants à la peine capitale lui dénient la moindre influence sur la sûreté des sociétés, car cette idée n’est « pas établie dans le grand public ».

A la menace terroriste, Emmanuel Rivière, de l’institut TNS Sofres, ajoute un « climat autour des agressions sexuelles » – dont l’enlèvement, le viol et le meurtre de la petite Chloé, le 15 avril à Calais, constitueraient un paroxysme récent – susceptible de favoriser les opinions favorables au rétablissement de la peine de mort. Certes, nuance-t-il, « il ne faudrait pas dire trop vite que ça y est, les Français sont pour le retour de la peine », mais « le haut fait de Mitterrand [et de Robert Badinter, son garde des sceaux, qui ont fait abolir la peine capitale en 1981] est moins dans les mémoires ». Il évoque aussi une « porosité » idéologique entre l’extrême droite et le reste du champ politique, qui facilite la progression de cette idée.

« C’est une question dans l’absolu »

Anne Denis, responsable de la commission pour l’abolition de la peine de mort chez Amnesty International, interroge toutefois la façon dont la question est posée : « C’est une question dans l’absolu qui appelle une réaction spontanée. Or, en ce qui concerne la peine de mort, la réponse spontanée, émotionnelle, est d’être pour : on se projette comme victime potentielle, on pense à ses enfants, à ses petits-enfants… Mais dans les missions d’éducation aux droits humains, à partir du moment où on introduit un élément de réflexion, on ouvre une lucarne qui fait que les gens ne considèrent plus normal d’exécuter quelqu’un. »

Le retour de la peine de mort est à tout le moins extrêmement improbable : outre par sa Constitution, qui l’interdit, la France est tenue par la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, par deux protocoles du Conseil de l’Europe, par un protocole des Nations unies, par le traité de Lisbonne de l’Union européenne… De quoi mettre l’éteignoir sur les velléités d’un rétablissement, sauf pour le Front national. Sa présidente, Marine Le Pen, a redit le 8 janvier, le lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, qu’elle était « personnellement favorable » à un référendum sur la question, qui prendrait la forme d’une alternative proposée aux Français entre le retour de la peine capitale et l’adoption de la « perpétuité réelle », qui enlèverait au condamné visé toute possibilité de sortir un jour de prison. La mesure est inscrite au programme du FN pour la sécurité.

L’abolition de la peine de mort en 1981 n’avait, du reste, pas clos le débat politique. L’Assemblée nationale compte 22 propositions de loi pour le rétablissement de la peine capitale entre 1984 et 2004, dont six pour la seule année 1988. La dernière recensée, en 2004, a été déposée par Richard Dell’Agnola, alors député UMP du Val-de-Marne, et signée par 46 autres députés. Considérant la France en « état de guerre » contre le terrorisme, l’élu estimait que le pays pouvait rétablir la peine de mort pour ces faits. Mais c’était avant que l’Hexagone devienne partie, en 2007, au protocole du Conseil de l’Europe et au pacte des Nations unies qui interdisent la peine de mort en toutes circonstances, y compris les conflits militaires.

Outre le cas français, la présidente de la coalition mondiale contre la peine de mort, Florence Bellivier, s’est émue dans un entretien à Amnesty, le 6 mai, d’une « période de telles convulsions économiques et de guerres que l’abolition [de la peine de mort dans les pays qui la pratiquent encore] n’est pas considérée comme une priorité ». Et de citer, elle aussi, « l’atmosphère générale » de la crainte du terrorisme qui « repousse les limites de la moralité ».

Source : Julien Lemaignen, pour Le Monde, le 8 mai 2015.


Je signale au passage qu’il y a 8 postes de bourreaux à pourvoir en Arabie Saoudite.

Aucune compétence particulière n’est requise, mais être un homme est probablement un plus (hétérosexuel, car l’homosexualité y est justement punie de mort).

En dehors des décapitations, ils coupent aussi des parties du corps au sabre, des mains au voleurs par exemple.

Hier ils ont déjà fait la 85ème décapitation depuis le début de l’année (dont 5 le jour de la visite de Hollande), donc il y a un vrai effort de gains de productivité.


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