Plan de l’étude sur le Pentagone :
- L’incroyable bêtise
- Le crash – L’incendie
- Les dégâts
- Les témoignages et les preuves visuelles
- Les preuves physiques 1
- Les preuves physiques 2
- Les débris 1
- Les débris 2
- Le pilotage
- Les victimes
Nous continuons à nous attacher, à travers cette série d’articles sur la Pentagone que je ressors (légèrement complétée), à démonter les principales théories fumeuses à propos des événements qui se sont produits le 11 septembre 2001 aux États-Unis. « Principales », car d’autres encore plus abracadabrantesques apparaissent régulièrement…
Car, si on veut d’intéresser aux vraies questions qui posent problèmes sur le 11 Septembre – il ne faut jamais faire une confiance aveugle au gouvernement sur ce genre d’évènements -, à savoir :
- le manque de réactions du gouvernement américain aux nombreuses alertes avant les attentats
- certaines actions étonnantes de la CIA
- le rôle de certaines structures d’Arabie Saoudite dans le soutien à certaines personnes étant ensuite devenues pirates de l’air
- les mensonges du gouvernement après les attentats pour camoufler ses erreurs et inactions
- et enfin les mensonges du gouvernement après les attentats pour s’appuyer sur eux pour attaquer l’Irak
encore faut-il ne pas s’égarer trop longtemps sur de faux problèmes, et a fortiori sur des problèmes donnant une image de fou / délirant / voire antisémite à toute personne qui s’interroge comme il se doit sur des évènements importants.
I. Les Meyssâneries
Nous commencerons par la théorie du « pas d’avion » sur le Pentagone, car elle est souvent la première sur la liste des « conspirationnistes » (j’emploierai ce mot, en le différenciant bien de la masse des gens qui se posent de bonne foi des questions, et qui sont souvent victimes de la fréquente malhonnêteté intellectuelle des précédents…).
Et nous pouvons pousser un grand « Cocorico » : cette théorie fumeuse a été initiée par un français, Thierry Messan. Il a réalisé deux ouvrages sur la question, vendus à des centaines de milliers d’exemplaires dans plusieurs langues…
Sachez simplement que le premier n’a été écrit qu’avec des photos et vidéos trouvées en ligne puisque celui-ci n’a pas fait le déplacement pour enquêter sur place avant de l’écrire. Il prétend quand même prouver quasi-scientifiquement que ce n’est pas un avion qui a frappé le Pentagone…
J’aurai donc la dent très dure contre Thierry Meyssan, dont les propos montrant son incompétence auront fusillé toute possibilité de s’interroger dans les médias sur le 11 Septembre.
Pour mémoire, Thierry Meyssan est quand même le type qui est capable d’écrire tranquillement sur son site le 21 novembre 2015 :
Vous pensez donc comme je suis heureux de perdre du temps à répondre pour démonter ses « analyses »…
« Analyses » qui en l’espèce se résument ainsi assez simplement :
Aucun avion ne s’est écrasé – mais un missile ? Ben voyons…
II. Les faits
Une chose assez importante contredit les visions de Thierry Meyssan : les faits – comme nous allons le voir…
1. Le drame
Le problème central sur ce sujet est qu’il n’y a eu aucune image nette du crash de l’avion sur ce bâtiment, ce qui n’a rien de très étonnant, il y avait beaucoup moins de caméras en 2001 qu’aujourd’hui.
Rappelons aussi que nous ne disposons que d’une seule image du crash du premier avion sur le World Trade Center, issue d’un hasard extraordinaire qui a voulu qu’une équipe de reporters français faisait ce jour là un reportage sur les pompiers de New York juste à coté du WTC, et dans le bon axe, et avec le bon réflexe du caméraman…
Gageons que sans ces images, il faudrait aussi écrire sur le fait qu’un avion avait bien percuté le WTC…
Ainsi, pour bien comprendre la nature de cet incident et contrecarrer les dires des conspirationnistes, il est important de décrire précisément cet événement.
Ce 11 septembre 2001, il est donc 8h56 quand le transpondeur du vol 77 de la compagnie American Airlines (parti du Dulles Airport à 8h20) est coupé. Les contrôleurs savent déjà que les avions à destination des tours du World Trade Center ont été détournés et sont sur le pied de guerre à propos de New York.
Ils ne déclarent ainsi ce vol comme détourné qu’à 9h20. A 9h22, le NEADS (NorthEast Air Defense Sector) envoie deux F16 à sa rencontre. A 9h34, les contrôleurs retrouvent l’avion, les chasseurs sont redirigés.
Mais c’est trop tard : trois minutes plus tard, le Boeing 757-223 s’écrase sur le Pentagone à 9h37, à plus de 860 km/m…
À 10h10, la portion du bâtiment E touchée s’écroule.
« Ben, le Pentagone, il va marcher beaucoup moins bien, forcément ! »
2. La structure du Pentagone
Le Pentagone est un bâtiment de cinq étages qui abrite le ministère de la défense des États-Unis. Il a été inauguré en 1943 et, comme l’indique son nom, il présente une forme polygonale – à cinq côtés -, chacun d’une longueur de 280 mètres.
Le Pentagone n’est pas plein, il comprend une cour centrale ainsi que des 5 anneaux (« rings ») concentriques de bâtiments, nommés de A (intérieur) à E (extérieur, que l’avion a donc percuté en premier) :
La profondeur des bâtiments est de 84 mètres.
Le matériau de construction est le béton armé et la structure est constituée d’un réseau de poutres et de poteaux.
Il y a un point très important dans l’architecture : il existe une différence au rez-de-chaussée et au premier étage puisque les cinq anneaux sont réduits à 2 en raison de l’union des anneaux C à E et A et B :
On le devine sur cette photo d’enlèvement des gravats :
ou là :
ou là : il n’y a que 3 étages au dessus de l’espace inter-anneaux :
Comme l’avion a percuté entre le rez-de-chaussée et le premier étage (donc 1er et 2e niveau sur le plan précédent), il a détruit le mur E, puis s’est désintégré sur les poteaux sans rencontrer d’autre résistance.
Les derniers éléments sont arrivés en bout de course sur le mur maçonné de l’anneau C, nettement moins résistant que la façade renforcée du bâtiment ; ils y ont fait un petit trou, certains se retrouvant alors dans la petite cour intérieure (AE Drive), sans atteindre le mur B :
En voilà le schéma :
Par ailleurs, une phase de rénovation de 258 millions de dollars commencée en 1999 a permis de renforcer le mur de façade donnant sur l’extérieur (anneau E). Le but était de prémunir contre des attaques de véhicules piégés par exemple (lire ici par exemple).
Les murs extérieurs étaient alors constitués de 25 cm de béton armé, renforcés par des cadres de 50 cm englobant également un mur de briques maçonnées et un parement de façade en pierre calcaire. Les fenêtres étaient composées d’un verre blindé de 5 cm d’épaisseur et pesaient chacune 700 kg. Un filet de kevlar était ajouté aux endroits où le mur en béton armé était absent.
À la lumière de ces simples faits, on pourra juger de nouveau de la rigueur de Meyssan qui écrivait encore en 2009, 8 ans après les faits, plus de 7 ans après ses deux « livres » sur le sujet :
« Après avoir opéré un virage à angle droit pour contourner un échangeur routier, l’engin pénètre dans le Pentagone, perfore le blindage de six murs d’enceinte et explose, tuant 125 personnes. Les témoins décrivent un missile. Les horloges du bâtiment restent figées, indiquant 9h31. Un quart d’heure plus tard, la partie endommagée du bâtiment s’effondre. »
À ce stade, c’est un concentré magnifique de Meyssan… :
- il ne sait pas que les 3 premiers anneaux sont joints en un seul, donc il ignore la structure du Pentagone et donc ce qui a disloqué l’avion !
- il pense que 6 murs auraient été blindés, alors que seul le mur extérieur l’était, évidemment… (mais qui irait blinder les murs de l’anneau D ?)
- le bâtiment s’écroule en près de 35 minutes, pas 15 – une paille
- pour les témoins et le « missile », on en parlera dans un prochain billet, mais c’est une affirmation malhonnête
- d’ailleurs, les missiles qui font des virages à 90 ° au frein à main, comment dire… ?
- c’est là où Meyssan est totalement sinistre : il parle de 125 morts, donc il ne compte pas les 59 passagers de l’avion (hors les 5 terroristes) ?
Évidemment, ayant été la risée des spécialistes, il s’est fendu d’un rectificatif :
« Erreurs mineures » donc ??? (« Bonjour, je ne connais rien au fond du dossier, mais c’est un problème mineur… »)
Et le coup des « trois immeubles » percés figuraient déjà dans son second livre de 2002 :
On appréciera aussi le « Les trois immeubles ont été percés de part en part. Ils n’ont pas été défoncés comme cela aurait été le cas s’il c’était agi d’un crash aérien« .
Bref, un grand professionnel…
N.B. : les séries sur le 11 Septembre sont évidemment lourdes à modérer. Comme vous le voyez dans le plan au début du billet, ce billet s’insère dans une longue série. Merci donc de ne pas commenter sur de sujets qui seront clairement traités par la suite, cela fait perdre du temps à tout le monde. Vous pouvez commenter la série dans ce billet dédié.
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