À quelques semaines des élections, Biden envoie des troupes américaines en Israël

Source : Responsible Statecraft, Aaron Sobczak
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Ce risque de voir les États-Unis s’impliquer davantage intervient alors que l’opinion publique américaine est de plus en plus opposée à l’envoi de troupes pour mener la guerre aux côtés d’Israël. Selon un sondage réalisé par le Chicago Council on Foreign Affairs et publié en août, seuls quatre Américains sur dix sont favorables à l’envoi de troupes pour défendre Israël si ce dernier était attaqué par ses voisins, jusqu’en 2021 ils étaient 55 %. La décision de déployer des troupes en Israël si peu de temps avant les élections de novembre intervient alors que le taux de sympathie à l’égard d’Israël a chuté à 33 % parmi les Américains interrogés en septembre 2024.

Après l’assassinat par Israël de plusieurs responsables du Hamas, de l’Iran et du Hezbollah, l’Iran a riposté par un tir de barrage de missiles qui s’est limité en grande partie à des cibles militaires et a causé des dommages mineurs sans faire de victimes israéliennes. À la suite de l’assaut iranien, les responsables israéliens ont été très précis quant à leur intention de poursuivre le cycle de la violence. « Notre frappe sera puissante, précise et surtout surprenante », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. « Ils ne comprendront pas ce qui s’est passé et comment cela s’est passé. »

Il semblerait qu’Israël prépare ses représailles à l’attaque iranienne du 1er octobre. Certains experts estiment que le déploiement du système de défense THAAD est une indication, cette riposte pourrait être imminente et sévère. L’expert sur le Moyen-Orient Aaron David Miller affirme que la prochaine attaque d’Israël sera probablement « si puissante que les Iraniens seront obligés de réagir. »

Daniel Davis, expert militaire à Defense Priorities, affirme que le fait d’accepter la mise en danger de troupes américaines comporte des risques importants. De toute évidence, si des Américains sont tués dans l’exercice de leurs fonctions, les faucons occidentaux pro-guerre hurleront « pour exiger du président qu’il protège nos troupes en ripostant contre l’Iran », a-t-il déclaré, ajoutant « si on veut protéger nos soldats, on ne les envoie pas participer à la guerre d’un autre pays. C’est exactement le genre de choses qui entraînent les nations dans des guerres qu’elles n’ont aucun intérêt à mener. »

Les États-Unis ont déployé des systèmes de défense antimissile en Israël pendant la guerre du Golfe de 1991, alors qu’Israël était menacé par des lanceurs portatifs de Scud irakiens. Mais les Américains étaient déjà engagés dans un combat contre les troupes irakiennes dans la région, ce qui explique que cela n’a pas contribué à une escalade régionale et n’a pas rendu les Américains plus vulnérables qu’ils ne l’étaient déjà. Adam Weinstein, du Quincy Institute, indique également que les États-Unis ont déployé des systèmes THAAD au Kurdistan irakien, là où le personnel américain est exposé à des risques, mais il ajoute que le fait que Washington les envoie aujourd’hui en Israël a pour effet de « faire participer des troupes américaines au conflit entre Israël et l’Iran. »

« L’administration Biden ne cesse de répéter qu’elle veut empêcher une guerre plus généralisée, mais chaque fois qu’elle envoie à Israël plus d’argent et d’armes, voire maintenant des soldats américains, elle aggrave la violence », a déclaré Annelle Sheline, chercheuse au Quincy Institute Middle East Research. « Forcément, les Américains en sont parfaitement conscients et, par conséquent, ils mentent lorsqu’ils affirment qu’ils ne veulent pas d’une guerre régionale. »

Selon Weinstein, alors que les troupes américaines dans la région sont prises pour cible par les milices d’obédience iranienne et les combattants houthis au large des côtes yéménites, toute nouvelle implication de l’Amérique dans le conflit régional entre Israël et l’Iran doit faire l’objet de la plus grande vigilance. « Même si nous ne savons pas exactement ce qui a été convenu en coulisses, les événements de l’année dernière montrent qu’il y a de nombreuses raisons de douter qu’Israël prenne en compte les intérêts des États-Unis en échange de leur soutien », a-t-il déclaré.

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Aaron Sobczak est journaliste pour Responsible Statecraft et collaborateur de l’Institut Mises. Il est titulaire d’une licence et d’une maîtrise en relations internationales de l’université Liberty.

Source : Responsible Statecraft, Aaron Sobczak, 14-10-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises