« J’attendais ce jour depuis longtemps », a déclaré l’un des anciens détenus à la suite de la décision du jury.
Source : Truthout, Chris Walker
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Une entreprise de défense basée en Virginie a été condamnée à verser 42 millions de dollars à trois victimes de torture détenues à la prison d’Abou Ghraib pendant les premières années de l’occupation américaine de l’Irak.
La société en question, CACI International, n’était pas directement responsable des tortures subies par les hommes. Toutefois, dans le cadre du procès, les trois hommes – Suhail Al Shimari, directeur de lycée, Asa’ad Al-Zubae, vendeur de fruits, et le journaliste Salah Al-Ejaili – ont fait valoir que la CACI était complice des violences commises à leur encontre, car les interrogateurs de l’entreprise avaient conspiré avec la police militaire pour « amadouer » les détenus, ce qui rendait les tortures plus probables.
Le jury composé de huit membres du procès civil s’est accordé sur ce point, jugeant la CACI partiellement responsable du préjudice causé aux trois hommes et leur accordant à chacun un jugement compensatoire de 3 millions de dollars et des dommages-intérêts punitifs de 11 millions de dollars.
Les tortures inhumaines et dégradantes pratiquées à Abou Ghraib en 2003 et 2004 ont fait la une des journaux du monde entier et sont devenues l’un des héritages les plus symboliques de l’occupation américaine de l’Irak. La police militaire a soumis les Irakiens de la prison à de violents passages à tabac, les a forcés à se dénuder dans des positions compromettantes, a abusé d’eux sexuellement et s’est livrée à d’autres actes cruels, notamment en les photographiant pendant qu’ils étaient torturés – des photos qui ont finalement été publiées, ce qui a suscité un tollé au niveau international. Au moins un détenu est décédé des suites de ces traitements.
Les trois hommes poursuivis en justice ont déclaré avoir été soumis aux mêmes types de torture, bien qu’aucun d’entre eux n’ait été photographié par le personnel militaire.
Le verdict est intervenu après plusieurs années de manœuvres juridiques de la part de la CACI, depuis que les trois hommes ont intenté leur première action en justice en 2008. La CACI soutenait qu’en raison de son rôle de contractant du gouvernement, la véritable responsabilité incombait au gouvernement américain qui dirigeait l’entreprise. Même après que le jury a rendu sa décision cette semaine, la CACI a publié une déclaration dans laquelle elle continue de nier toute responsabilité, affirmant : « Elle a été impliquée à tort et à long terme dans des actions malheureuses et imprudentes d’un groupe de policiers militaires à Abu Ghraib. »
Les avocats représentant les trois hommes ont décrit le résultat différemment. Baher Azmy, directeur juridique du Centre pour les droits constitutionnels, a qualifié de « mesure importante de justice et de responsabilité. »
« Après 21 ans, nos clients ont obtenu justice. Le jury a entendu leur douleur haut et fort », a déclaré Shereef Akeel, un autre avocat représentant les trois hommes.
« Avec le verdict d’aujourd’hui, les entreprises militaires et de sécurité privées sont averties qu’elles peuvent être et seront tenues pour responsables lorsqu’elles violent les protections les plus fondamentales du droit international – comme l’interdiction de la torture – et qu’elles ne respectent pas leurs obligations contractuelles et réglementaires de veiller à ce que leurs employés respectent la loi », a déclaré Katherine Gallagher, avocate principale du Center for Constitutional Rights (Centre pour les droits constitutionnels).
Al-Ejaili a également présenté une déclaration écrite annonçant la décision.
« Aujourd’hui est un grand jour pour moi et pour la justice. J’attends ce jour depuis longtemps », a déclaré Al-Ejaili. « Cette victoire ne concerne pas seulement les trois plaignants dans cette affaire contre une société. Cette victoire est une lumière pour tous ceux qui ont été opprimés et un avertissement fort pour toute entreprise ou contractant pratiquant différentes formes de torture et d’abus. »
La journaliste Simona Foltyn a également qualifié la décision du jury d’importante, mais a suggéré que d’autres parties devraient être tenues pour responsables de ce qui s’était passé à Abou Ghraib, en particulier le gouvernement américain.
La décision est une « importante mesure de justice », a écrit Foltyn sur X, « mais [elle] soulève des questions quant à la raison pour laquelle l’armée américaine, qui a supervisé les installations, n’est pas tenue de rendre des comptes elle aussi. »
*
Chris Walker est rédacteur à Truthout, basé à Madison, dans le Wisconsin. Depuis le début des années 2000, il se concentre sur des sujets nationaux et locaux et a produit des milliers d’articles analysant les questions d’actualité et leur impact sur le peuple américain. On peut le trouver sur la plupart des plateformes de médias sociaux sous le nom de @thatchriswalker.
Source : Truthout, Chris Walker, 14-11-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Comme d’habitude, ce sont les « petites mains » qui sont condamnées afin de sauver les fesses des instigateurs de ces atrocités.
Cette décision de justice est rendue à l’issue d’un procès CIVIL qui se contente de faire payer des indemnités au maillon faible (quoique) et n’a AUCUNE implication pénale, ce qui fait que finalement les dirigeants de cette « entreprise de sécurité » ne risqueront absolument PAS d’aller faire un petit séjour dans une geôle ni de voir ces faits mentionnés dans leur casier judiciaire.
Comme ces faits remontent à une vingtaine d’années, ils sont désormais à la retraite (ou bénéficieront d’une retraite anticipée) et pourront profiter d’un « repos bien mérité » jusqu’à la fin de leur existence.
Quant aux dommages et intérêts versés aux victimes, vous avez l’assurance qu’ils seront en fait versés aux victimes par un montage financier qui proviendra sans aucun doute des impôts versés par les cons-tribuables ce qui permettra de ne pas « inquiéter » les « élites » qui ont monté cette opération et qui pourront tranquillement continuer leurs « petites affaires » en toute impunité.
Seuls les « ennemis de la nation », les ignobles dirigeants du « camp du mal absolu » risquent de se retrouver inculpés par le « camp du Bien » et risquent de crever dans des conditions lamentables dans un cul de basse fosse.
Indemniser financièrement les victimes c’est bien, mais aller chercher les véritables responsables de ces crimes n’est pas envisageable pour une « grande démocrassie ».
Circulez, y’a rien à voir !!!
5 réactions et commentaires
Comme d’habitude, ce sont les « petites mains » qui sont condamnées afin de sauver les fesses des instigateurs de ces atrocités.
Cette décision de justice est rendue à l’issue d’un procès CIVIL qui se contente de faire payer des indemnités au maillon faible (quoique) et n’a AUCUNE implication pénale, ce qui fait que finalement les dirigeants de cette « entreprise de sécurité » ne risqueront absolument PAS d’aller faire un petit séjour dans une geôle ni de voir ces faits mentionnés dans leur casier judiciaire.
Comme ces faits remontent à une vingtaine d’années, ils sont désormais à la retraite (ou bénéficieront d’une retraite anticipée) et pourront profiter d’un « repos bien mérité » jusqu’à la fin de leur existence.
Quant aux dommages et intérêts versés aux victimes, vous avez l’assurance qu’ils seront en fait versés aux victimes par un montage financier qui proviendra sans aucun doute des impôts versés par les cons-tribuables ce qui permettra de ne pas « inquiéter » les « élites » qui ont monté cette opération et qui pourront tranquillement continuer leurs « petites affaires » en toute impunité.
Seuls les « ennemis de la nation », les ignobles dirigeants du « camp du mal absolu » risquent de se retrouver inculpés par le « camp du Bien » et risquent de crever dans des conditions lamentables dans un cul de basse fosse.
Indemniser financièrement les victimes c’est bien, mais aller chercher les véritables responsables de ces crimes n’est pas envisageable pour une « grande démocrassie ».
Circulez, y’a rien à voir !!!
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AlerterQuant aux « réparations » des dommages causés après la première GM – généralement accusées d’avoir « favorisé » la montée du nazisme, il n’en est plus question depuis Nuremberg : pourquoi donc se gêner de bombarder, écraser, détruire, « sanctionner »… puisqu’on pourra « prêter » pour reconstruire ?
un p’tit Plan Marshal – et c’est tout benef
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AlerterEt les pm us ont été décoré.es et bush anar et blair coulent des jours tranquilles la CPIW n’a pas été convoquée.
+5
AlerterJ’aurais aimé voir précisé où ce procès a eu lieu et quels étaient les membres du jury! Si c’est aux Etats-Unis, ça démontre une fois de plus la réactivité de ce pays (même si c’est loin d’être parfait) face à son histoire, en mettant en parallèle les révélations au compte-gouttes sur les atrocités de la France, notamment dans ses ex-colonies.
Ne parlons pas de Mayotte où rien n’a été fait pour prévenir une catastrophe annoncée … qui autorise des larmes de crocodile!!!
+2
AlerterEt dire qu’il existe encore en France….d’immenses bidonvilles autour du chef lieu d’un département : FRANÇAIS. Pourquoi ce fait ??????
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