Information importante…
Source : La Tribune, Romaric Godin, 11/04/2016
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a lancé une charge inédite contre la BCE et plusieurs personnalités politiques lui ont emboîté le pas. Une attaque qui laisse entrevoir un début de panique chez les politiques allemands.
Lorsque, voici quelques années, le gouvernement français réclamait une baisse des taux de la BCE, les journaux et le gouvernement allemand s’agaçaient bruyamment de cette entorse à « l’indépendance de la banque centrale » et constatait encore avec désolation combien la « culture de stabilité » n’avait pas imprégné les mentalités latines. Mais, depuis 2014, la politique de la BCE qui, pour lutter contre le risque déflationniste se fonde sur la « répression financière » est bien moins favorable aux épargnants allemands. Et voici soudain que l’indépendance de la BCE n’est plus aussi sacrée. Depuis, ce week-end, la guerre semble même ouvertement déclarée entre les politiques allemands et Mario Draghi. Preuve que les positions théoriques tiennent souvent davantage à des questions d’intérêts qu’à des convictions bien ancrées. Lorsque l’Europe est moins favorable, l’Allemagne sait aussi se faire critique de l’Europe…
Wolfgang Schäuble à l’offensive
La critique de la politique de la BCE est permanente de la part de la Bundesbank. Cette critique ne pose évidemment pas de problème dans la mesure où la Bundesbank joue son rôle d’opposition au sein du conseil des gouverneurs de la BCE. Mais, cette fois, c’est bien de la part du gouvernement que vient les critiques. Et particulièrement de la part de Wolfgang Schäuble, le ministre fédéral des Finances. Samedi 10 avril, à Kronberg, dans la banlieue huppée de Francfort, le ministre a reçu un prix pour son engagement pour « le redressement des finances publiques et ses efforts pour le développement du principe de responsabilité dans la zone euro. » Il y a livré un discours très rude contre la BCE et Mario Draghi.
Prenant ses habituelles précautions oratoires en refusant de remettre en cause l’indépendance de la BCE, « ce qui causerait plus de maux que de biens », Wolfgang Schäuble s’est immédiatement contredit en réclamant sans ambages la fin de la politique d’assouplissement quantitatif et de taux bas de la BCE. Il a annoncé qu’il ferait campagne, en fin de semaine, à la réunion des ministres des Finances du G20, pour un relèvement des taux. Il a indiqué avoir déjà réclamé cela auprès du secrétaire étasunien aux Trésor, Jack Lew, dans un entretien téléphonique. « Vous devez encourager la Réserve fédérale et nous devons, de notre part, encourager la BCE (…) à sortir de cette politique », lui a-t-il dit. Voici qui dénote une conception nouvelle, de la part du gouvernement allemand, de l’indépendance de la banque centrale.
Toute la droite allemande crie haro sur la BCE
Les déclarations de Wolfgang Schäuble ne sont pas isolées. Le ministre des Finances bavarois, Markus Söder, a estimé qu’il fallait que le « gouvernement fédéral exige un changement de direction de la BCE. » Un gouvernement qui doit « exiger » d’une banque centrale un changement de politique ? N’est-ce pas là un accroc à la « culture de stabilité » que l’Allemagne tente précisément de répandre dans le reste de la zone euro ? Dans le Welt am Sonntag du dimanche 11 avril, le ministre fédéral des Transport, Alexander Dobrindt, lui aussi membre de la CSU bavaroise, déplore la « politique à haut risque de la BCE qui produit un trou béant dans les systèmes de retraites ». Et le vice-président du groupe parlementaire de la CDU, Michael Fuchs, de prévenir que son parti va aller plus loin dans la protestation en affirmant que « nous ne crions pas encore assez fort. » Dans les colonnes du Spiegel, Ralph Brinkhaus, lui aussi vice-président du groupe parlementaire de la CDU, affirmait que l’Allemagne « devait placer la BCE sous pression pour l’amener à se justifier, sinon rien ne changera ». Bref, l’heure est à la rébellion ouverte contre la banque centrale. Selon le Spiegel, le gouvernement envisagerait même de porter plainte contre la BCE si elle se lançait dans « la monnaie hélicoptère », information cependant ensuite démentie.
Opinion publique chauffée à blanc
Si les politiques de la droite allemandes sortent aujourd’hui du bois, c’est qu’ils sont sous une forte pression politique. Depuis plusieurs semaines, l’opinion publique allemande est chauffée à blanc par la presse conservatrice contre la BCE. Le lendemain de la réunion du 10 mars, la dernière en date, de la BCE, le Handelsblatt, journal des milieux d’affaires allemands, présentait en couverture un Mario Draghi cigare à la bouche brûlant un bouquet de billets de 100 euros. Dimanche, le Welt am Sonntag publiait une étude de la DZ Bank, la banque « centrale » des banques mutualistes allemandes, les plus remontées contre la politique de la BCE, estimant que depuis 2010, l’épargnant allemand a perdu 200 milliards d’euros en raison de la baisse des taux, soit, comme le précise avec délice le quotidien conservateur « 2.450 euros de moins dans les poches des Allemands ». Le chiffre a conduit les conservateurs à réagir. Il est pourtant peu significatif, puisque que les taux sont naturellement soumis aux évolutions de la conjoncture et que c’est aussi la politique imposée par le gouvernement fédéral allemand à partir de 2010 qui a conduit à cette baisse des taux. Ce chiffre part d’un présupposé faux : le taux de 2010 serait un « taux naturel » qui n’existe pas. Mais il en faut plus aux politiques de la CDU et de la CSU pour se contrôler.
La BCE responsable de la montée d’AfD ?
Certes, on pourra encore une fois expliquer cette levée de boucliers outre-Rhin par le « traumatisme de l’hyperinflation des années 1920 », mais il existe également des raisons plus immédiates et concrètes. La première est évidemment politique. Wolfgang Schäuble en a apporté une preuve éclatante dans son discours de Kronberg en estimant que la politique monétaire de la BCE a contribué au succès du parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD). « Mario Draghi peut être fier : la moitié du résultat électoral de l’AfD peut être le fruit de sa politique monétaire. » Une déclaration fort exagérée puisque chacun sait que la poussée d’AfD peut s’expliquer par la politique migratoire du gouvernement fédéral. Un exemple le prouvera. En juillet 2015, alors que les taux était déjà négatifs et l’assouplissement quantitatif lancé, AfD était à 3 % des intentions de vote. Deux mois plus tard, après l’annonce de l’ouverture des frontières, il était à 6 % et en novembre, lorsque la situation migratoire a échappé à tout contrôle, il est monté à 10 %. Il est aujourd’hui, selon les sondages, entre 12 % et 14 % et l’on a peu entendu parler de la BCE lors des campagnes électorales récentes qui ont conduit au succès de l’AfD en mars.
La BCE, bouc émissaire
En réalité, la BCE agit comme un bouc émissaire commode d’une classe politique allemande en désarroi devant la montée d’AfD. Accuser la BCE d’avoir contribué « pour moitié » à la montée de l’AfD, c’est, pour Wolfgang Schäuble se dédouaner à bon compte de ses responsabilités, non seulement dans le domaine migratoire, mais aussi dans la dégradation visible des infrastructures publiques et des services publics qu’ont généré sa politique budgétaire, mais aussi des conséquences sociales des « réformes structurelles ». Le débat sur la politique monétaire est donc une aubaine pour les Conservateurs allemands pour dissimuler leurs propres échecs et le risque politique qu’ils ont fait naître.
La question des retraités et la responsabilité de Wolfgang Schäuble
Mais si la CDU et la CSU sont vent debout, c’est aussi parce que l’électorat allemand vieillit très vite et que la politique de la BCE touche effectivement ceux qui épargnent pour préparer leur retraite. En critiquant la BCE, la droite allemande se présente en défenseur des retraités et elle tente ainsi d’empêcher l’AfD de progresser dans cet électorat. La réalité, ce n’est donc pas que la politique de la BCE est responsable de la poussée de l’AfD jusqu’ici, c’est qu’elle pourrait le devenir dans l’avenir, notamment parce que la presse conservatrice allemande n’hésite pas à jouer sur des « pertes » possibles pour les épargnants.
Mais là encore, les politiques allemands manquent le vrai sujet : si les taux sont bas ou négatifs, c’est parce qu’il existe de faibles perspectives d’inflation. Pourquoi rémunérer comme en 2010 les épargnants alors que les anticipations d’inflation sur 5 ans ont reculé d’un point ? Il faut donc redresser ces perspectives et si la BCE a recours à des méthodes très contestables comme l’approfondissement de sa politique de rachats d’actifs et de taux négatifs, c’est surtout parce qu’il n’y a pas d’usage du levier budgétaire. Or, c’est précisément Wolfgang Schäuble qui a refusé, lors du dernier sommet du G20, de recourir au levier budgétaire. Il a donc accepté ainsi d’isoler les banques centrales et a donc accepté de fait la politique actuelle de la BCE. Il a aussi renoncé à tout redressement des anticipations d’inflation, donc à des taux bas. Bref, on le voit là encore : la BCE est un excellent bouc émissaire pour dissimuler les erreurs de politique économique de l’Allemagne.
La fragilité du système financier allemand
Reste un dernier point, moins souvent évoqué : la fragilité du système financier allemand que la crise de la Deutsche Bank a encore récemment mis en lumière. La politique de la BCE met la pression sur ce système financier parce qu’il est obsédé par des rendements élevés qui sont naturellement trop élevés, et dans certains cas -assureurs- garantis. La faute n’en revient pas à la BCE, mais bien aux banques et assureurs allemands qui, compte tenu de la situation économique et financière aurait dû « déshabituer » les épargnants allemands à ces rendements. Le gouvernement fédéral, si prompt par ailleurs à faire la leçon au monde entier n’a pas jugé bon de réagir. C’est pourtant un problème majeur qui est à la source de l’excédent courant allemand, lui-même source d’un déséquilibre immense dans la zone euro. Si la politique de la BCE alimente des bulles, c’est que des banques entretiennent ces bulles par des promesses démesurées.
La BCE n’est donc pas seule en cause dans cette affaire et ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraies sont bien les responsables de leurs malheurs. Les banques allemandes devraient donc profiter de la situation actuelle pour encourager l’investissement en Allemagne et accepter des rendements plus faibles, mais plus utiles à l’économie. La critique de la BCE ne cache donc que le refus allemand de réformer un système économique intenable. Jadis, l’Allemagne accusait la France de critiquer la BCE pour ne pas vouloir se réformer. La même remarque, inversée, pourrait lui être retournée aujourd’hui.
Source : La Tribune, Romaric Godin, 11/04/2016
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Commentaire recommandé
Lorsque (…) le gouvernement français réclamait une baisse des taux de la BCE, les journaux et le gouvernement allemand s’agaçaient bruyamment de cette entorse à « l’indépendance de la banque centrale »
Amusant retour de flamme : quelques années plus tard, c’est M. Sapin, plus royaliste que le roi, qui renvoie la balle ! http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/04/13/bce-sapin-recadre-schauble_4901227_3234.html
Cette campagne côté allemand expose simplement les dogmes orthodoxes pour ce qu’ils sont : une sinistre bouffonnerie à géométrie variable. Quand ils sont favorables, ils sont religieusement verrouillés et sanctuarisés par la tyrannie des traités ; quand le vent tourne (mais uniquement pour l’Allemagne, hein ; les “peaux d’olives” peuvent bien crever la gueule ouverte), ces grands principes redeviennent bizarrement discutables et critiquables.
Retour par la fenêtre du politique évacué par la porte, et rappel salutaire de l’éternelle arnaque qu’est la naturalisation de l’ordre existant : si l’économie est réellement soumise à des lois aussi sévères que celle de la gravité, alors il faut l’accepter même lorsqu’on vient de passer par la fenêtre du quatrième étage ! Mais là, curieusement, on redécouvre les vertus de la délibération démocratique et de la souplesse conjoncturelle…
29 réactions et commentaires
Lorsque (…) le gouvernement français réclamait une baisse des taux de la BCE, les journaux et le gouvernement allemand s’agaçaient bruyamment de cette entorse à « l’indépendance de la banque centrale »
Amusant retour de flamme : quelques années plus tard, c’est M. Sapin, plus royaliste que le roi, qui renvoie la balle ! http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/04/13/bce-sapin-recadre-schauble_4901227_3234.html
Cette campagne côté allemand expose simplement les dogmes orthodoxes pour ce qu’ils sont : une sinistre bouffonnerie à géométrie variable. Quand ils sont favorables, ils sont religieusement verrouillés et sanctuarisés par la tyrannie des traités ; quand le vent tourne (mais uniquement pour l’Allemagne, hein ; les “peaux d’olives” peuvent bien crever la gueule ouverte), ces grands principes redeviennent bizarrement discutables et critiquables.
Retour par la fenêtre du politique évacué par la porte, et rappel salutaire de l’éternelle arnaque qu’est la naturalisation de l’ordre existant : si l’économie est réellement soumise à des lois aussi sévères que celle de la gravité, alors il faut l’accepter même lorsqu’on vient de passer par la fenêtre du quatrième étage ! Mais là, curieusement, on redécouvre les vertus de la délibération démocratique et de la souplesse conjoncturelle…
+54
AlerterGrosse erreur d’appréciation à mon sens: l’économie est soumise à une loi bien plus sévère que la gravité! Et cette loi s’appelle la loi du plus fort.
Cette loi explique pourquoi le quidam occidental moyen accepte d’être gouverné par des tocards à la botte des multinationales…conservez mon niveau de vie globalement 10fois supérieur au 6/7 autre reste du monde svp monseigneur. Et merci de faire la sale besogne sans me déranger…j’ai déjà assez de souffrance comme ca à gerer…y a plus de cacahouètes pour l’apero!
+26
AlerterEt le quidam se trompe, car ce n’est pas le « niveau de vie » qui est en réalité supérieur, mais les infrastructures au sens large (hôpitaux, écoles, routes, rues, eau, électricité, nettoyage…) qui sont très supérieures ; le niveau de vie, quand on supporte les délestages d’électricité, les coupures d’eau, les routes défoncées, etc., fait de la vie en Afrique, par exemple, un bonheur par rapport à la vie en France : le « niveau de vie » y est très supérieur avec 6 ou 7 fois moins de revenu qu’en France. Vivez quelques mois à Abidjan, Cotonou ou Yaoundé, vous n’en reviendrez pas (évidemment, je parle de vivre « au quartier », au milieu de la population, pas dans les enclaves pour blancs où la vie est plus chère qu’à Paris).
+1
AlerterPas tant la jouasse que ça, ou pas partout. Sinon, pourquoi tant d’Africains risqueraient leur vie sur des esquifs pour tenter de rejoindre l’Europe? Et pourquoi tant d’autres en rêveraient?
Il y a beaucoup de réfugiés somaliens ou érythréens à Cotonou ou Abidjan?
+2
AlerterAvec un salaire de local ou avec un salaire d’expatrié ? Si on vivait si bien en Afrique, il n’y aurait pas autant d’africains qui rêvent de passer en Europe à un point tel qu’ils sont prêts à risquer de se noyer dans la Méditerranée.
+3
Alerter« Retour par la fenêtre du politique ».
Oui et non.
C’est en effet le rôle du politique que d’assigner les pertes des dettes irrécouvrables. Cependant, il n’est pas totalement inutile de rappeler que c’est son rôle du second ordre, uniquement quand la politique a échoué dans son rôle primordial qui est de mettre en place le cadre institutionnel adéquat permettant à la société et à l’économie de se développer au mieux. Cet échec est maintenant patent, l’économie mondiale ayant détruit une valeur colossale ces dernières décennies, perte de valeur matérialisée par la montée exponentielle de la dette relative. La politique d’aujourd’hui est donc une politique de « fin de règne », consistant à assigner les pertes (quelques dizaines de trilliards de $ de par le monde) liées aux dettes irrécouvrables engendrées par un système institutionnel défectueux. Pour cela, c’est en effet le retour du politique : il y a pléthore de candidats et on voit bien que les uns ou les autres veulent faire payer des groupes différents. Mais la politique, la vraie, est celle qui consiste à formuler et mettre en place le cadre institutionnel adéquat pour renouer avec la prospérité. Là, pas le moindre retour du politique, plutôt pénurie totale de candidats.
+6
AlerterIl y a quand même quelques confusions dans cet article:
– indépendance de la banque centrale ne signifie pas ipso facto culture de la stabilité, le gouverneur peut faire n’importe quoi comme un politicien
– que je sache l »AfD ne critique pas les infrastructures en mauvais état, ni la politique sociale allemande et donc ces deux points ne sont pas cause de ses succès
Il aurait plutôt fallu mettre en avant les vices fondamentaux des politiques et principes actuels:
– avoir deux conducteurs dont l’un appuie sur l’accélérateur (banque centrale) et l’autre sur le frein (gouvernement) on ne peut qu’aller dans le mur; le principe de l’indépendance est stupide, il faut au minimum une coordination et c’est l’émanation du peuple qui doit avoir le dernier mot
– les objectifs (2% d’inflation, 0,5% de déficit structurel; 3% de déficits et 60% de dette) sans aucune base scientifique sont totalement stupides; la justification de la lutte contre la déflation est des plus ridicules, une grande part des dépenses des ménages n’est pas reportable (on ne va pas remettre ses repas et autres au lendemain) et celle qui l’est ne le sera pas pour une baisse de quelques pourcents (je ne vais pas attendre pour remplacer ma voiture que le prix descende de 2% l’année suivante)
+17
AlerterBien sûr, toutes les banques centrales de la planète sont à des degrés à peine divers dans la même situation que la BCE. Nul part, la politique monétaire n’a les effets escomptés. Pour la raison fort simple que la décélération économique et la montée de l’endettement ces dernières décennies n’avaient nullement pour cause une politique monétaire trop restrictive.
Faire « whatever it takes » pour préserver un système dysfonctionnel en refusant obstinément de corriger la cause des dysfonctionnements ne peut mener qu’à une perte de crédibilité. Nous y sommes. La question maintenant est : les dirigeants actuels discrédités vont-ils être remplacés – dans les pays où il y a des élections bien sûr – par des extrémistes n’ayant aucune solution mais exploitant le mécontentement populaire, avec tous les risques que cela comporte ; ou par des dirigeants ayant un diagnostic fondé de la situation duquel découle la solution ?
Comme disait Maurice Allais : « ce qui doit arriver arrive ».
+13
AlerterComme nous avons une monnaie « commune », c’est à dire que nous mutualisons les dettes, devinez qui va payer.
Cela fait longtemps que les Allemands sont contre la politique absolument pas indépendante de la BCE.
Ce n’est pas la peine de se torturer les neurones pour comprendre ceci.
+1
AlerterJe ne sais pas où vous avez lu que les dettes seraient « mutualisées »…
+10
AlerterEn cas de défaut de paiement d’un état européen, il y a mutualisation de la dette, de fait.
Par exemple, si l’Espagne fait défaut, son créancier Deutsche Bank perd sa mise. L’État allemand doit alors recapitaliser cette banque en empruntant lui même sur les marchés. On a donc bien une dette publique espagnole qui se transforme en dette publique allemande.
Idem en cas d’explosion de l’union monétaire, les dettes/créances entres les banques centrales nationales (soldes target 2) ainsi que les dettes publiques seront logiquement relibellées en monnaies nationales et donc ceux qui se retrouveront avec une monnaie forte (l’Allemagne) se feront rembourser en monnaie dévaluée, c’est bien une forme de mutualisation de la dette.
+6
AlerterLes pertes associées aux dettes irrécouvrables sont toujours assignées, d’une façon ou d’une autre. Soit par défaut. Soit par transfert à un garant explicite ou implicite disposant de ressources plus importantes, par exemple l’Etat. Soit par répression financière via des taux d’intérêt réels négatifs. Il y a toujours un groupe de personnes qui payent. Dans ce sens, on peut parler de mutualisation. Que les méthodes permettant d’éviter les défauts en cascade soient plus douces n’est guère discutable. Le coeur du problème aujourd’hui est que les dettes irrécouvrables continuent de s’accumuler à un rythme nettement plus rapide qu’elles ne sont amorties par ces techniques de répression financière. Le peu de croissance que connaît l’économie mondiale ces dernières années continue donc de se faire au prix d’un accroissement de la dette relative mondiale (dette totale / PIB). L’économie mondiale converge ainsi vers sa limite d’endettement compatible avec des taux d’intérêt nominaux de 0%, soit environ 400% de dette totale / PIB. Au rythme actuel, cette limite devrait être atteinte dans une dizaine d’années. Au delà de cette limite, si les causes du dysfonctionnement économique et monétaire de ces 40 dernières années ne sont toujours pas corrigées, la répression financière aura atteint ses limites et il sera difficile d’éviter la cascade de défauts.
+4
AlerterTarget 2 !
[Modération, ce site n’a pas vocation à faire la publicité à un partie politique, merci de respecter cette charte.]
L’Allemagne est en position très délicate :
. ralentissement des exportations dû au ralentissement économique mondial
. politique migratoire à 6-8 milliards/an, sans retour d’investissement avant 3-4 ans… si les migrants restent !
. banques en délicatesse : l’activation de la BRRD, un bail in qui plumera l’épargnant allemand. Enorme cout électoral et économique.
. taux négatifs qui menacent les caisses de pension et les assureurs (même phénomène en Suisse). Danger de faillite pour ceux qui appliquent le système de prestations au lieu de cotisations
. et bien sûr Target 2, qui présente à l’Allemagne l’addition du club med., à travers l’Euro ! Alors que l’Allemagne a toujours refusé le principe des transferts.
Bref, les nuages s’amoncellent à grande vitesse.
Avec cette configuration et dans le cas d’un Brexit, j’imagine très bien l’Allemagne sortant précipitamment de l’Euro. La charge d’un Schäuble & compères me paraît préparer le terrain psychologique, outre le fait qu’AfD marche sur leurs plat-bandes.
+7
AlerterC’est inhérent à l’europe et à sa monnaie commune. C’est bien les Allemands, et Mme Merkel qui sont les chantres de l’austérité, parce qu’ils ne veulent pas payer pour les pays du club Med.
+4
AlerterBonjour,
C’est vrai qu’il n’y a pas d’austérité aux US. Là-haut, la pauvreté n’existe pas….Les zantis et les méssants ? Les uns veulent refiler la dette colossale à leurs enfants (pour maintenir les privilèges au risque d’un conflit de générations) et les autres à leurs voisins. Pendant ce temps, les grands argentiers….
Il faut comprendre la notion de « temporalité de la valeur des actifs » dans la définition du patrimoine. La monnaie (dont celle de la BCE) n’est qu’une promesse. De travail à fournir et/ou d’esclavage par le mode de financement imposé, alors que…
Attention, il ne faut pas faire l’erreur courante de confondre les prix nominaux et les prix relatifs et sans tenir compte du temps. Mais c’est normal, puisque l’on nous matraque cette ânerie de similitude comme une évidence. C’est pourtant le temps qui ajuste les deux indices.
Les allemands ont choisi le protestantisme. Ils ont voulu faire partie des loups en demi-teinte, et maintenant ils protestent. Après l’entente, une guerre de marchands pour imposer une conception culturelle se poursuit (travail vs capital)….
+3
AlerterIsidor,
Mutualiser les dettes, cela s’appelle les euro-bonds et Merkel a dit ‘qu’il n’y en aurait jamais tant qu’elle vivrait » !
http://www.francetvinfo.fr/economie/crise/crise-europeenne/merkel-pas-d-eurobonds-aussi-longtemps-que-je-vivrai_112355.html
+6
AlerterFifi,
une banque centrale adosse la valeur d’une monnaie sur son patrimoine c’est à dire la valeur ajouté de sa zone économique. C’est pour cela qu’il vaut mieux avoir du franc Suisse, que du franc Africain. Hors le patrimoine de la BCE est constitué par ses actionnaires qui sont les banques centrales de chacun des états européens, voir le graphique ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_centrale_europ%C3%A9enne#/media/File:R%C3%A9partition_des_actionnaires_de_la_BCE.png). Les remboursements étant libellés en euro nous les garantissons a hauteur de nos actions dans la BCE.
Quoi qu’il en soit vu que le prêteur a un patrimoine sur évalué, et que la dette est devenue colossale personne ne payera. Ceci ne présage rien de bon.
+2
AlerterJ’apprécie les analyses d’ Emeric Godin, mais il ne va pas jusqu’à proposer que les Allemands remettent en cause les retraites par capitalisation, pour les remplacer par des retraites par répartition…
Les contradictions de la zone euro apparaissent de plus en plus au grand jour, espérons que cela poussera les Allemands à vouloir sortir de ce piège le plus vite possible.
Mais les referendum sur la sortie sont de plus en plus improbables, le Président du Parlement européen Martin Schulz, est vent debout contre les referendum, estimant que les gens ne comprennent rien à ce qui leur est demandé, (doivent être trop bêtes?) et votent pour autre chose…
http://lci.tf1.fr/politique/martin-schulz-il-y-a-un-vrai-risque-que-les-britanniques-votent-8732376.html
Comme si les Néerlandais n’avaient pas compris qu’avec des salaires à 100 euros en Ukraine, ce n’était pas une nouvelle menace pour leurs emplois … ??
+6
AlerterJe me demande quand même jusqu’à quel point ce duo Schauble / Draghi et les cris d’orfraie de part (Berlin) et d’autre (Francfort), ce n’est pas du théâtre style « good cop bad cop ». Schauble (74 ans) et Draghi (69 ans) sont comme tous les bénéficiaires du système financier actuel : ils cherchent à le faire perdurer le plus longtemps possible quelque soient les coûts (c’est le contribuable futur et les NuitDebout qui paieront l’addition) en s’inspirant de l’exemple japonais… qui dure depuis 15 ans, avec une population qui s’appauvrit mais lentement, sans demander aucun changement, baissant la tête de honte quand ça va vraiment mal (carton dans la rue).
De toute façon, si ces deux là ne veulent pas finir la tête au bout d’une pique, ils devront sauver les banques européennes, et qui se soucie de la taille du bilan de la BCE? C’est pas vraiment comme si elle pouvait faire faillite. Créer de l’inflation alors que le vieillissement de la population et les changements de consommation sont déflationnistes? Impossible sans faire monter les salaires… Bon, donc on n’a qu’à suivre l’exemple japonais point à point, ils ont 15 ans d’avance ; si dans 3 ans ils partent en couille, ça nous laisse 12 ans pour trouver une parade ou un Plan B.
+7
AlerterCertes, il y a bien un côté « théâtral » implicitement reconnu par l’auteur lui-même puisqu’il explique que les vraies raisons sont politiques et que la politique c’est aussi, (et surtout ?), du théâtre. Mais quand même… Faut se rappeler à quel point ils nous ont bassinés avec leur satanée « banque centrale INDEPENDANTE » à l’époque ou celle de France ne l’était pas. Il y a quelque chose de scandaleux à faire pression sur la BCE alors que, des décennies durant, ils nous ont tenu la dragée haute avec l’indépendance de leur Bundesbank.
+1
Alerter« Il y a quelque chose de scandaleux à faire pression sur la BCE »
Mais TOUT dans le système financier occidental est scandaleux!
La soit-disant « indépendance » des Banques Centrales, indépendante des citoyens mais pas des cartels bancaires qui les contrôlent… La perte du droit régalien de création monétaire… Les QE qui inondent de pognon les bourses… La Plunge Protection Team qui sauve les bourses si ça baisse trop (pile les riches gagnent, face ils ne perdent pas)…. Le High Frequency Trading… Les bulles d’actifs… les ententes entre banques (fixings et autres)… Depuis 2008 aucun bankster en prison…. Le fait que pour un entrepreneur, il vaut mieux vendre sa boîte pour aller jouer au casino financier plutôt que de s’échiner à développer péniblement des produits, à les vendre, à créer des emplois… Schauble qui, suite au Panamapapers, dit qu’ « il faut faire une liste des paradis fiscaux »… Le sauvetage des banques par le contribuable, la prise d’otage par les moyens de paiement… l’interdiction de l’argent liquide et les opérations Visa/Mastercard toutes faites aux USA…. etc. etc…
+15
AlerterPour votre commentaire et celui au dessus : on ne saurait mieux dire…
Non seulement les gens âgés créent de la déflation, mais en plus, ayant profité des trente glorieuses, ils ne veulent pas d’inflation. Le Japon et l’Allemagne sont très clairement sur cette ligne. Le vieillissement de la population, à cause d’une faible démographie, est une cause des politiques monétaires japonaise et allemande. Ces politiques ne sont pas identiques, mais se ressemblent dans leur principe.
Quant aux politiques économiques scandaleusement au service des oligarchies, vous avez tout dit en peu de mots. Rien de tout ça ne serait possible si nous disposions d’une presse sérieuse. Que des scandales pareilles puissent rester hors du champ du débat politique « mainstream » est incroyable dans des pays qui prétendent donner des leçons de démocratie au monde entier.
+7
Alerter@Kiwixar
Fort bien dit!
Voici la redoutable langue de coton qui fait perdre tout sens aux concepts, paralyse la pensée, donc mène littéralement à la stupéfaction de la population:
« Indépendance des BCE »
« Inflation négative »
« Inversion de la courbe du chômage »
« Démocratie » sans doute le plus sinistré et vidé de sa substance de tous les mots!
« QE » pour ne pas dire planche à billet à l’usage du monde financier.
QE mot bien pratique pour cacher le fait qu’on n’a jamais créé autant d’argent depuis la 2° guerre mondiale…
N’est-il pas remarquable (et remarquablement passé sous silence!) que la création monétaire, droit régalien, fondateur de la souveraineté des états, soit abandonné à des intérêts privés?
On vérifie bien l’adage que mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.
Surtout lorsque c’est volontaire.
+3
AlerterL’idée que la distribution (+ la création) d’argent – bank bail-outs, taux bas / négatifs pouvait fonctionner comme stimulus pour l’économie était bidon de toute manière.
L’argent n’est pas un subsitut, ni même un symbole valable, pour l’énergie (du Brent au soleil..) et le travail humain ‘productif’, quoiqu’on le considère comme tel. Plus d’argent, plus d’investissements, de croissance, etc. Non.
Probablement tous ces efforts étaient factices, comme d’hab les riches ont pris le magot, disons. Quoique, ils ont aussi perdu bcp d’argent, mais, en proportion et pas important pour eux…le quidam est dans une autre position.
L’illusion provient de l’hubris humain, en imposant une trame symbolique, une méthode comptable, en dollars, euros. Voir.. complications et fraudes bancaires, l’abysse collosale et incompréhensible des dérivés, assurances, les dettes sans fin et impayables des Etats, le fait que la finance est en gros un super-casino, etc.
Clairement, on va vers un 2e crash financier (après celui de 2008) et cette fois-ci il va être difficile à réparer, camoufler.
+2
AlerterJe trouve habituellement les articles de Romaric Godin très pertinents mais pas ce dernier. Plaindre ce pauvre Mario Draghi d’être un bouc émissaire des « méchants » responsables allemands me semble assez maladroit.
Dans son analyse M.Godin traite, certes très justement, de l’indépendance monétaire de la BCE mais aucunement du désastre que cette dernière ait pu provoquer avec des taux nuls et son QE qui ont fragilisé les banques et notre économie.
D’ailleurs de nombreuses banques et assurances sont déjà en quasi faillite à cause de cette politique monétaire pratiquée par la BCE, ce qui impactera notre épargne.
N’est-ce pas avec l’argent gratuit distribué par la BCE que les agents financiers ont crée des bulles à plus soif ?
Que des responsables d’un pays défendent l’intérêt de ses citoyens ne me paraît pas critiquable; j’aurais aimé que les nôtres fassent pareil!
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AlerterSi le jeu et l’hypocrisie de la CDU sont évidents, même pas un an après que la BCE ait été son allié face aux grecs et autres « latinos », il n’en demeure pas moins que l’action de la BCE est fondamentalement une erreur qui résultera en un désastre gigantesque.
C’est maintenant 4 milliards d’euros par jour qui sont imprimés pour maintenir nos états et nos banques, maintenir un système à bout de souffle.
Quand l’étincelle démocratique va rencontrer le baril de poudre monétaire, ça va faire mal et nos » élites » de la CDU, BCE et tuti quanti n’auront comme autre objectif que d’éviter la guillotine.
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AlerterExcellent article, comme souvent avec R Godin.
Les responsables allemands sont enfermés dans leur mensonge et dans leur déni. D’innombrables économistes ont souligné l’absurdité de leur prétendu modèle et de leur soit-disante rigueur/vertu.
Petit complément : si les taux d’intérêts sont si bas, c’est non seulement parce que les perspectives sont mornes, mais aussi parce que les prix sont surévalués. Quand la valeur d’un actif est surévaluée, alors son taux d’intérêt est très faible. Les intérêts sont capitalisés dans la valeur de l’actif, en l’espèce l’euro.
De toute façon, la transition démographique vers un monde de vieux ne peut qu’exercer tendanciellement une pression à la baisse sur le prix des actifs puisque les vieux toujours plus nombreux devront liquider leur épargne pour financer leurs retraites.
Le débat capitalisation ou répartition est bidon. En tout état de cause, les retraites de financent par un prélèvement sur le travail des actifs, que ce soit par un dividende ou intérêt perçu sur les entreprises où travaillent la population active ou par une cotisation assise sur les salaires de la population active.
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AlerterEn conclusion : les allemands n’ont pas d’autre choix que de payer pour soutenir leurs partenaires clients.
Les échanges économiques doivent être gagnant-gagnant, sinon ils ne sont pas durables.
L’Allemagne paiera donc quoi qu’il arrive. Soit de bon gré par des transferts fiscaux/budgétaires 10 à 20 fois plus importants qu’actuellement. Soit de mauvais gré en sortant de l’euro et en votant alors ses exportations fondre comme neige au soleil du fait de l’envolée du deutsche mark réintroduit, qui forcera les entreprises allemandes à délocaliser chez leurs grands clients européens situés hors zone mark.
Et donc l’Allemagne sortira de l’euro parce que, perdu pour perdu, un peuple préfère payer en gardant sa liberté que payer autant sans garder sa liberté.
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Alerter« Et donc l’Allemagne sortira de l’euro parce que, perdu pour perdu, un peuple préfère payer en gardant sa liberté que payer autant sans garder sa liberté. »
C »est ce qui va arriver et en plus avec le succès du parti AFD que le traitement médiatique traite de tous les noms… Le ton du peuple allemand monte et c’est la panique dans les partis au pouvoir. Si vous regardez les médias allemands ce n’est que propagande en faveur des vieux partis mais le peuple en a marre de se faire traiter de nazi, juste parce qu’il n’est pas d’accord.
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