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13.septembre.202313.9.2023 // par Jacques Sapir

Analyse des prévisions économiques sur la Russie, par Jacques Sapir [Russeurope-en-Exil]

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Analyse des prévisions économiques sur la Russie telles que fournies par le bulletin trimestriel n°59 de l’IPE-ASR

L’Institut de Prévision de l’Économie de Moscou, qui dépend de l’Académie des Sciences de Russie, est aujourd’hui une ses sources les plus respectées de prévisions économiques en Russie. Le fait qu’il soit un institut scientifique, sans liens directs de subordination avec le gouvernement, est un facteur important de sa crédibilité. Le domaine de la prévision est occupé, outre l’IPE-ASR, par la Banque centrale (mais avec un double biais à la fois monétaire et néoclassique assez important), par le Ministère du Développement Économique (mais qui reprend souvent les analyses de l’IPE-ASR), et enfin par les services économiques des banques privées (notamment ALFA-Bank), mais dont les capacités prédictives sont relativement moindres. Ses analyses font donc références.

Comme toujours, la publication du Kvartal’nyj Prognoz VVP n°59 (Prévisions trimestrielles du PIB, n°59 ou KV59)[1], par l’Institut de Prévision de l’Économie était donc très attendue, après un deuxième trimestre de 2023 qui s’était traduit par une forte accélération de la croissance. J’ai donc traduit le « résumé analytique » qui figure en tête de ce bulletin de quarante pages, pour que le lecteur français non russophone puisse se faire une idée de l’état de l’économie russe telle qu’il analysé par des chercheurs russes. Je commenterai le texte à la suite de ce dernier.

(Traduction. Les intertitres ont été ajoutés par le traducteur)

Résumé analytique pour janvier-août 2023

Sur la base des résultats de la dernière partie de l’année 2023, on peut affirmer que, selon la plupart des indicateurs macroéconomiques les plus importants, l’économie russe s’est remise du choc des sanctions de 2022. Au 2ème trimestre de cette année, la production a atteint son niveau d’avant. -niveau de crise. Selon les données préliminaires de ROSSTAT[2], pour le premier semestre, le PIB a augmenté de 1,6% par rapport au premier semestre de l’année dernière (au 2ème trimestre, la croissance était de 4,9% sur un an), et si les tendances actuelles se poursuivra à la fin de l’année, la croissance économique pourrait largement dépasser les 2 %.

La croissance de la production s’observe dans tous les secteurs de l’économie (à l’exception de la production pétrolière et gazière) et elle est de nature massive. En janvier-juillet, la croissance de la production agricole s’est élevée à 1,4%, dans l’industrie manufacturière à 6,1% et dans la construction à 8,7%. Au total, la production a augmenté de 3,6% pour les activités de base.

Les facteurs de la croissance et les limites potentielles de celle-ci

La croissance économique en 2023 est principalement due à l’action de facteurs internes.

  • Premièrement, l’effet de la croissance des dépenses budgétaires consolidées qui a eu un effet stimulant important sur l’économie, et qui a directement affecté la dynamique des revenus des ménages, la production industrielle dans le cadre des commandes de défense de l’État et les investissements, principalement dans la construction d’infrastructures.
  • Deuxièmement, la réduction de la part des importations sur le marché intérieur, qui a soutenu la croissance de la production nationale. À la fin du deuxième trimestre, la production de biens dans l’économie a dépassé le niveau de 2021, tandis que dans le même temps, les importations n’ont pas atteint les volumes d’avant la crise.
  • Troisièmement, la croissance de la production résultant des actions des deux premiers facteurs a conduit à une augmentation de la demande de main-d’œuvre dans un contexte de changements structurels dans la dynamique de production. Il y a aussi eu le détournement d’une partie des ressources en main-d’œuvre pour participer à l’Opération Militaire Spéciale et l’exode de la population en âge de travailler à l’étranger. Le taux de chômage est tombé à un niveau record de 3 % en juillet et le nombre de personnes employées a augmenté de 1,9 million sur une base annuelle. Selon diverses enquêtes auprès des entreprises, la pénurie de main-d’œuvre est arrivée en tête comme le principal facteur limitant l’augmentation de la production. La croissance de la demande de ressources en main-d’œuvre, ainsi que les dépenses budgétaires, ont entraîné une augmentation des salaires (la croissance moyenne des salaires réels dans l’économie au premier semestre était de 6,8 % par rapport à la même période de l’année dernière). En conséquence, la croissance de la production, des salaires et l’indexation des prestations sociales ont contribué à une augmentation du revenu total de la population et à la restauration de la demande des consommateurs. Un facteur important de soutien à la consommation des ménages a été le rattrapage de la demande refoulée résultant de la hausse des prix en 2022.

Au début de l’année, l’économie russe était confrontée à deux défis potentiels majeurs : une baisse des recettes d’exportation et le risque d’une réduction des investissements dans le secteur privé. On peut considérer que l’un des principaux risques s’est déjà matérialisé, avec à la fois une réduction physique des exportations et une réduction des recettes d’exportation. À cet égard, les conditions ont été créées pour le développement de tendances négatives dans la formation de la dynamique économique. Selon nos estimations, en termes physiques, la baisse des exportations à la fin du premier trimestre s’élevait à 15-20 % en termes annuels. Dans le même temps, au premier semestre, la valeur des exportations a diminué de 120 milliards de dollars par rapport à 2022 (revenant au niveau de 2018-2021), tandis que la valeur des importations était la plus élevée depuis 2015. il y a eu une réduction des opérations courantes de la balance des paiements, particulièrement sensible ces derniers mois. C’est devenu l’une des principales raisons nécessaires (mais non suffisantes) de la dévaluation du rouble.

La dépréciation du rouble face à l’USD et à l’Euro

La grave dépréciation de la monnaie nationale a été le résultat non pas tant d’une réduction de la valeur des exportations, mais de changements importants dans la structure des paiements en devises, que ce soit pour les exportations et les importations. Au cours de la dernière décennie, malgré la pression des précédentes sanctions[3], la structure monétaire des flux du commerce extérieur est restée stable : la part du dollar et de l’euro dans les recettes d’exportation était de 85 %, et de 65% pour les importations. Mais, à partir du deuxième trimestre 2022, ces pourcentages ont commencé à baisser rapidement au profit du rouble et des monnaies des autres pays. En conséquence, en juin 2023, les parts du dollar et de l’euro ne représentaient qu’un tiers des recettes et transferts d’exportations et d’importations, et le ratio des flux d’exportations et d’importations dans ces monnaies approchait de 1 (alors que, en 2013-2021, e moyenne il variait de 1,5 à 2). Il convient également de prendre en compte les problèmes liés à l’utilisation des monnaies de réserve sur le marché russe.

En conséquence, avec un excédent de la balance commerciale, une pénurie de ces devises s’est formée sur le marché intérieur et un excédent de roubles du côté des transactions de commerce extérieur. Cette situation est radicalement différente de celle de la mi-2020, où l’on avait assisté à une contraction similaire du compte courant. Le marché des changes est devenu extrêmement « étroit » lorsqu’il s’agit de négocier des devises de réserve, ce qui le rend extrêmement sensible à une diminution de l’offre de devises, et l’impact des mesures réglementaires traditionnelles sur celui-ci est donc nécessairement limité. Dans le contexte du blocage des réserves d’or et de change, la Banque centrale dispose de moins de leviers susceptibles d’avoir un impact significatif sur le taux de change. Même un retour à la vente obligatoire des recettes en devises avec une diminution des volumes d’exportation ne pourra pas compenser complètement la pénurie de devises sur le marché intérieur.

Les changements de la politique monétaire

L’augmentation du taux directeur de la Banque centrale de 1% fin juillet[4] n’a pas eu d’impact sur la dynamique du taux de change ; après quoi la Banque centrale a été contrainte d’augmenter immédiatement le taux directeur de 3,5% jusqu’à 12%. L’adéquation de l’augmentation des taux d’intérêt par rapport aux causes de la dévaluation et aux tâches actuelles du développement socio-économique peut faire l’objet de discussions dans le domaine de la politique monétaire, mais dans les conditions actuelles, cet instrument est peut-être la seule option pour une intervention rapide de la Banque centrale dans le but de limiter les importations (et de stabiliser le taux de change) en inhibant la demande intérieure.

La réduction de la balance commerciale au premier semestre 2023 et la pénurie de devises sur le marché intérieur étaient, dans une large mesure, liées à la dynamique des exportations et à la structure des paiements en devises, sur lesquelles les taux d’intérêt ne peuvent pas avoir d’effets. Dans le même temps, les volumes des importations sont restés stables. Selon les données disponibles, le volume physique des importations au 1er trimestre n’a pas dépassé le niveau du premier trimestre 2021. En dollars, pour janvier-juillet 2023 et 2021, les importations de biens et services se sont élevées à 218 et 205 milliards de dollars. Autrement dit, avec la reprise économique et un niveau de production excédentaire d’avant la crise (selon nos estimations, la croissance du PIB en juin 2023 par rapport à juin 2021 était de 6,1 %), les importations reprennent à un rythme plus lent.

L’effet des sanctions

On peut dire que l’économie connaît toujours un déficit d’importations, dans lequel l’élasticité de la demande d’importations par rapport au taux de change a diminué. Si c’est le cas, alors

la dévaluation peut se transformer en un mécanisme autonome. La dépréciation du rouble combinée à l’augmentation de la part des paiements en rouble via les exportations réduisent les ventes de devises (il en faut moins pour payer les impôts et les dépenses de fonctionnement), en dépit du fait que le marché intérieur ne peut pas réduire de manière significative la demande d’importations et, par conséquent, continue de demander de la monnaie (en devises). Il est évident qu’il faut briser ce cercle vicieux, ce qui n’est possible qu’en modifiant la structure de l’offre et de la demande de monnaie.

Il convient également de tenir compte du fait qu’en refusant de vendre leurs recettes en devises, les exportateurs compensent l’augmentation de la pression fiscale dans le secteur des carburants et de l’énergie et de l’impôt unique sur les revenus excédentaires. En outre, la dévaluation du rouble contribuera à équilibrer le budget. Avec un taux de change annuel moyen rouble/dollar de 90 roubles/$ à la fin de l’année, les recettes supplémentaires du budget fédéral pourraient s’élever à 1 500 milliards. Cela permettrait au gouvernement de respecter le déficit budgétaire prévu. Toutefois, à l’avenir, le fardeau du service de la dette publique pourrait augmenter en raison de la hausse des taux d’emprunt destinés à financer le déficit. De plus, une telle dévaluation entraînerait une accélération de l’inflation et un ralentissement de la demande des consommateurs, ce qui entraînerait un ralentissement de la croissance des recettes budgétaires non pétrolières et gazières.

La principale leçon à tirer de la dévaluation passée est que, compte tenu du blocage d’une partie importante des réserves et d’autres sanctions imposées au secteur financier russe, les approches de régulation du marché des changes et des importations ne peuvent pas rester les mêmes. Dans le cas contraire, la résolution du problème de la réduction de la dépendance à l’égard des importations sera limitée par le manque d’investissement dû aux taux d’intérêt élevés.

La principale contradiction de la situation actuelle est que la demande d’importations, à en juger par les données indirectes, émane principalement des entreprises. Cela s’applique aussi bien aux produits d’investissement qu’aux produits intermédiaires. Sans ressources importées et dans des conditions de taux d’intérêt élevés, les tâches de restructuration structurelle de l’économie peuvent difficilement être résolues.

Le maintien du taux de change à moyen terme au-dessus de 90 roubles/$, l’accélération de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt auront inévitablement un impact négatif sur les taux de croissance économique dans les mois à venir. Le ralentissement de la dynamique sera également facilité par la consolidation budgétaire et le ralentissement attendu des investissements dans un contexte de baisse des bénéfices et de diminution de la disponibilité du crédit. En 2024-2026 Si ces tendances se poursuivent, le taux de croissance du PIB ne dépassera pas 2%, ce qui sera inférieur au potentiel existant et ne permettra pas la mise en œuvre de la manœuvre structurelle nécessaire dans le secteur productif.

Commentaires du Traducteur

L’analyse faites par mes collègues de Moscou semble à la fois très judicieuse et prudente dans le contexte actuel. Les chiffres, issus du modèle QUMMIR semblent cependant toujours en retard par rapport aux prévisions faites par le même institut tous les mois (ou Kratkospotchnyj analiz dinamiki VVP) qui sont publiées chaque mois.

Tableau 1 – Comparaison des résultats des prévisions

Date de publication du bulletin 1T 2023 2T 23 3T 23 4T 23 2022 2023 2024
KP n°55 20/09/2022 -3,10% -1,50% 2,20%
KP n°56 26/12/2022 -2,70% -1,30% 1,40%
KP n° 57 29/03/2023 -2,10% -0,70% 1,60%
KAD-VVP 11/04/2023 -2,00% 0,30% 1,30% 1,30% 0,30%
KAD-VVP 19/05/2023 3,10% 3,90% 4,00% 2,40%
KP n°58 08/06/2023 1,00% 1,40%
KAD-VVP 24/07/2023 4,10% 4,60% 4,90% 3,10%
KAD-VVP 17/08/2023 5,40% 6,00% 3,80%
KV n°59 07/09/2023 2,50% 2,30%
Résultats factuels -1,80% 4,90% -2,10%
KP Квартальный прогноз
KAD-VVP Краткосрочный анализ динамики ВВП

Cela n’est nullement étonnant. Les paramètres du modèle, lors des exercices trimestriels, montrent une plus grande inertie que lors des exercices de prévisions à très court terme. Cependant, ces résultats tendent à s’aligner sur ce qui deviendra progressivement la « réalité » de la croissance économique. L’exemple de 2022, où l’on est ainsi passé d’une prévision de -3,1% à une de -2,1%, correspondant aux résultats provisoires de ROSSTAT, le montrent. Il n’en reste pas que j’ai certaines réserves sur l’approche de mes collègues.

  1. Il me semble que le modèle QUMMIR est actuellement trop sensible aux effets (supposés) de demande. Mon sentiment est que, depuis le 4ème trimestre de 2022, l’économie russe a basculé vers un modèle où ce sont les capacités d’offre qui sont les principales variables de contrôle. Bien entendu, la hausse brutale en quelques semaines du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale (passé de 7,5% à 12,0%) pourrait refaire basculer l’économie en régime contrôlé par la demande, ce qui expliquerait le fort ralentissement qu’ils anticipent pour le 2ème semestre 2023. Mais, pour l’instant, la dynamique de croissance de la population en emploi ne plaide pas pour cela.
  2. Mes calculs sont basés, eux, sur le rythme d’accroissement de la population en emploi et sur la croissance de la productivité apparente du travail qui reste aujourd’hui inférieure à ce qu’elle était au début de 2022, ce qui traduit l’impact des sanctions. Suivant les hypothèses (raréfaction de l’offre de main d’œuvre, impact résiduel plus ou moins grand des sanctions sur la productivité, j’arrive à une prévision de la croissance pour 2023 comprise entre +2,5% et +4,9%, et une prévision pour 2024 comprise entre +1,8% et +3,1%. Dans le détail, la moyenne arithmétique de mes prévisions pour 2023 se situe à 3,3%, soit au-dessus de celle du KP n°59. Par contre, pour la prévision sur 2024, la moyenne se situe à 2,3%, soit exactement le chiffre donné par le KP n°59 (voir annexe). La population en emploi fluctuant, selon les hypothèses, en 2024 de 74,448 millions à 73,500 millions (scénario de contrainte sur la main d’œuvre) et la productivité apparente du travail étant, en 2024 de +1,3% par rapport à son niveau de 2021 à -1,7% (scénario de contrainte sur la productivité avec plus grande efficacité résiduelle des sanctions.
  3. Si les explications du « résumé analytique » sur la tendance à la dépréciation du rouble sont très cohérentes, il n’en reste pas moins qu’elles posent divers problèmes. Pourquoi écarter la possibilité d’un mélange de mesures « quantitatives », comme l’on disait dans les années 1970 dans les textes officiels français, avec un durcissement de l’obligation de revente des devises gagnées à l’exportation au Ministère des Finances, qui aurait pu ainsi mieux alimenter le marché et une mesures « qualitatives » comme la hausse du taux directeur ? La combinaison des instruments est généralement plus efficace que l’usage d’un instrument unique. Elle permettrait sans doute de mieux réguler le marchés des devises dites « ennemies », soit le Dollar et l’Euro.
  4. Au-delà, l’efficacité de la hausse des taux directeurs doit aussi être mesurée en rapport avec les mécanismes de bonification des crédits qui ont été semble-t-il multipliées en 2022. Ces mécanismes, qui sont utiles et qui doivent naturellement être maintenus, voire développés, contribuent cependant à diminuer les canaux de transmission de la politique monétaire sur l’activité (ce qui est un bon point) mais aussi sur l’inflation.
  5. Sur l’impact de la restriction des importations, on est en droit de se poser deux questions importantes. La première concerne la destination de ces importations : les importations destinées aux entreprises (i.e. des « biens de production ») sont-elles plus touchées que les importations destinées à la consommation des ménages ? Par ailleurs, le texte laisse entendre que cette restriction a pu avoir aussi un effet bénéfique (accélérant la substitution aux importations, en particulier en ce qui concerne la consommation des ménages. Cet effet bénéfique peut-il être comparé à l’effet négatif sur la production (qui, à mon avis, s’exprime essentiellement au travers de la baisse de la productivité apparente du travail).

On le voit, le « résumé analytique » n’est pas exempt de questions. Mais, il est une contribution importante pour comprendre comment les économistes russes voient l’évolution future de leur économie.

Annexe

ESTIMATION DE LA CROISSANCE de la RUSSIE

Ho BASE : Hypothèse de base, avec hausse de l’emploi de 1,581 millions en 2023, hausse de 900 000 personnes en 2024 et hausse modérée de la productivité, retrouvant son niveau de 2021 en 2024.

Pop. employée (millions) Accroissement Accrt productivité (glissement) Accrt PIB
Emploi 2021 71,717
Emploi 2022 71,975 100,4% 97,5% 97,9%
Emploi 2023 73,556 102,2% 101,3% 103,5%
Emploi 2024 74,448 101,3% 101,2% 102,5%

H1 Gains de productivité : Hypothèse de hausse forte de la productivité arrivant en 2024 à un niveau supérieur de 1,3% à 2021.

Pop. employée (millions) Accroissement Accrt productivité (glissement) Accrt PIB
Emploi 2021 71,717
Emploi 2022 71,975 100,4% 97,5% 97,9%
Emploi 2023 73,556 102,2% 102,0% 104,2%
Emploi 2024 74,448 101,3% 101,8% 103,1%

H2 Contrainte sur l’emploi : Hypothèse de décroissance de l’emploi au second semestre 2023 (gain de 1,125 millions seulement) et faible hausse en 2024 (gain de 400 000), avec gains en productivité comme H0.

Pop. employée (millions) Accroissement Accrt productivité (glissement) Accrt PIB
Emploi 2021 71,717
Emploi 2022 71,975 100,4% 97,5% 97,9%
Emploi 2023 73,100 101,6% 101,3% 102,9%
Emploi 2024 73,500 100,5% 101,2% 101,8%

H3 Contrainte sur productivité : Hypothèse identique à H0 pour l’emploi mais gains faibles en productivité qui resterait en 2024 à 98,3% de son niveau de 2021.

Pop. employée (millions) Accroissement Accrt productivité (glissement) Accrt PIB
Emploi 2021 71,717
Emploi 2022 71,975 100,4% 97,5% 97,9%
Emploi 2023 73,556 102,2% 100,3% 102,5%
Emploi 2024 74,448 101,3% 100,5% 101,8%

Notes

[1] https://ecfor.ru/publication/kvartalnyj-prognoz-vvp-vypusk-59/

[2] NdT : Il s’agit de FSGS, Sotsial’no-Yekonomitcheskoe Polozhenie Rossii, Janvar’-Ijul’ 2023 Goda, n°7, Moscou, 31 août 2023

[3] NdT : Il est ici fait mention des sanctions prises contre la Russie de 2014 à 2017.

[4] NdT : Passant de 7,5% à 8,5%

Commentaire recommandé

RV // 13.09.2023 à 09h26

Merci pour le « résumé » et le « commentaire » !
Mais comme tout cela me reste inaccessible !
Ne pourrait-il pas y avoir un troisième paragraphe « explications pour les nuls »

22 réactions et commentaires

  • RV // 13.09.2023 à 09h26

    Merci pour le « résumé » et le « commentaire » !
    Mais comme tout cela me reste inaccessible !
    Ne pourrait-il pas y avoir un troisième paragraphe « explications pour les nuls »

      +12

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    • Havoc // 13.09.2023 à 12h14

      Pareil pour moi ! Honnêtement, je n’ai pas compris grand-chose, à part que le rapport a des doutes sur l’efficacité de la hausse des taux d’intérêt sur la dévaluation du rouble. Je n’ai même pas vraiment compris la raison.

      Autre problème que je ressens à la lecture de ces rapports comme de ces articles: je ne vois pas toujours clairement ce qui relève de l’économie de guerre et ce qui est distinct de l’économie de guerre. Par exemple, le marché du travail, qui est forcément impacté de diverses manières.

      Toutes ces questions sont vraiment difficiles à appréhender pour qui n’a pas de formation sérieuse en économie.

        +3

      Alerter
      • Luigi // 13.09.2023 à 19h07

        @ RV et Havoc

        Je ne comprends pas ce que vous ne comprenez pas et pas plus d’ailleurs ce qu’il y aurait à comprendre.

        Puisque JS, membre entre autres de l’Académie des sciences russe et du club Valida, avec ses « collègues de Moscou » vous dit que tout va très bien pour l’économie russe, pourquoi voudriez-vous qu’il y ait autre chose à comprendre ? Mais peut-être que ce qui vous gêne est que (comme d’habitude) il n’y a aucune confirmation ni vérification des chiffres avancés et pas plus de méthodologie qui permettrait de juger du sérieux des conclusions.

        Cependant, je ne vous apprendrai rien en vous rappelant qu’en Russie toute remise en cause ou même une simple question sur le discours officiel vous aurait déjà pour le moins envoyé en prison… alors, arrêtez de faire semblant de ne pas comprendre.

          +4

        Alerter
        • Havoc // 14.09.2023 à 07h19

          Effectivement, vous ne m’avez rien appris.

          Maintenant, si vous êtes un expert de la science économique, comme monsieur Sapir revendique de l’être, tant mieux pour vous, mais ni lui ni vous n’êtes de bons pédagogues.

            +4

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        • RV // 16.09.2023 à 15h52

          @ Luigi // 13.09.2023 à 19h07

          Oui, il est bien connu qu’en Russie il n’y a pas d’opposition.
          Parti communiste 18%, Parti libéral démocrate 7%, Russie juste 7%, Nouvelles personnes 5%, Aux dernières élections législatives en 2021.
          A part essayer d’invalider la prose de Sapir, en incriminant sa personne, ce faisant vous ne nous apprenez rien qui ne soit de notoriété publique et dont Sapir n’essaye à aucun moment de le nous cacher, vous n’avez rien d’autre à dire sur cet article ?

            +4

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          • Havoc // 17.09.2023 à 14h00

            Ce n’est pas du tout contradictoire avec le fait que certains propos peuvent vous envoyer en prison. Ce n’est d’ailleurs pas un secret puisque des lois votées à la Douma le permettent.

              +0

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            • RV // 17.09.2023 à 19h05

              @ Havoc // 17.09.2023 à 14h00
              Oui, vous avez raison, merci !

                +0

              Alerter
    • eBry // 17.09.2023 à 10h05

      ChatGPT me dit ceci :
      Résumé de l’Analyse des Prévisions Économiques sur la Russie par l’IPE-ASR, Bulletin Trimestriel n°59:

      **Contexte:**
      – Source de prévision économique fiable, indépendante du gouvernement russe.
      – Forte croissance observée au 2e trimestre 2023.

      **Indicateurs Clés:**
      – Récupération du choc des sanctions de 2022.
      – PIB en hausse de 1,6% au premier semestre 2023.
      – Croissance attendue pour dépasser 2% pour l’année entière.

      **Secteurs:**
      – Croissance dans tous les secteurs sauf pétrole et gaz.
      – Agriculture: +1,4%, Industrie manufacturière: +6,1%, Construction: +8,7%.

      **Facteurs de Croissance:**
      1. Augmentation des dépenses budgétaires.
      2. Réduction de la part des importations.
      3. Changements dans la structure de l’emploi.

      **Défis:**
      – Réduction des recettes d’exportation.
      – Dépréciation du rouble.
      – Manque de devises étrangères.

      **Politique Monétaire:**
      – Augmentation du taux directeur de la Banque centrale à 12%.

      **Sanctions:**
      – Affectent encore l’économie, particulièrement en termes de devises.

      **Conclusion:**
      L’économie russe montre des signes de résilience et de croissance, mais fait face à des défis importants en raison de sanctions, de la dépréciation du rouble et de la structure actuelle de son commerce extérieur.

      Note: Les données sont basées sur des chiffres jusqu’au deuxième trimestre de 2023.

        +5

      Alerter
    • eBry // 17.09.2023 à 10h09

      ChatGPT résume la partie « Commentaires du traducteur » comme suit :

      1. Modèles et Prévisions: Vous soulignez des écarts entre les prévisions du modèle QUMMIR et les rapports mensuels (KAD-VVP) sur la croissance du PIB russe. Vous notez que les prévisions du modèle QUMMIR ont tendance à être plus conservatrices et moins réactives.

      2. Sensibilité du Modèle: Vous estimez que le modèle QUMMIR est actuellement trop axé sur les effets de la demande, alors que l’économie russe est davantage contrôlée par les capacités d’offre depuis le 4ème trimestre de 2022.

      3. Votre Approche: Vous utilisez la croissance de la population en emploi et la productivité apparente du travail pour effectuer vos propres prévisions, qui varient de +2,5% à +4,9% pour 2023 et de +1,8% à +3,1% pour 2024.

      4. Gestion Monétaire: Vous remettez en question la dépendance à une seule mesure, comme la hausse du taux d’intérêt directeur, et suggérez une approche plus combinée.

      5. Impact des Restrictions: Vous interrogez les effets différenciés des restrictions sur les importations selon leur destination (entreprises ou consommation des ménages) et leur impact sur la productivité.

      6. Conclusion: Vous trouvez la contribution de vos collègues importante, tout en exprimant des réserves sur plusieurs aspects de leur approche.

      Votre analyse est détaillée et met en évidence des points de divergence importants avec les prévisions de vos collègues, ouvrant la voie à un débat constructif sur la méthodologie et les paramètres économiques sous-jacents.

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  • Dmitry // 13.09.2023 à 10h31

    >la Banque centrale a été contrainte d’augmenter immédiatement le taux directeur de 3,5% jusqu’à 12%.

    La Banque centrale de la Fédération de la Russie c’est une structure financière indépandante de l’État. Au même temps elle se trouve sous contrôle du FED américain. Donc il est bien entendu qu’elle mène une politique financière au profit des intérêts américains ou bien de l’oligarchie mondiale. L’augmention du taux directeur jusqu’à 12% c’est un sabotage évidant destiné à nuire l’économie russe. Il y avait beaucoup d’autres instruments pour freiner l’inflation, mais la Banque centrale n’en connaissait aucun que d’augmenter le taux directeur. Ah, ce sont les vrais professionnels là-bas… en matière de corruption.

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    • Havoc // 13.09.2023 à 12h55

      Pouvez-vous lister ces nombreux autres instruments susceptibles de ralentir l’inflation et qui sont du ressort de la Banque Centrale de la Fédération de Russie ?

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      • Dmitry // 14.09.2023 à 00h18

        L’inflation se produit en raison d’un déséquilibre entre la quantité de biens et la masse monétaire. Par conséquent, pour réduire l’inflation, il faut produire davantage de biens.

        À courts termes, les prêts permettent aux entreprises d’augmenter considérablement leur production même sans augmenter leur capacité. Les principales tâches de la Banque centrale sont d’accorder des prêts abordables aux entreprises et de maintenir la stabilité de la monnaie nationale. En fait, on voit exactement le contraire – l’augmention du taux directeur et le recours à la planche à billets. La Banque centrale doit agir tout d’abord aux intérêts de l’État, ne pas garder ses réserves à l’étranger.

        Il faut introduire des droits de douane sur les biens importés pour stimuler sa propre production. La nationalisation des entreprises d’importance nationale contribuerait à stopper la fuite des capitaux. La vente des recettes en devises des entreprises exportatrices doit être obligatoire, sans détours. Il y a des autres mesures, j’en passe.

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        • Havoc // 14.09.2023 à 07h23

          Je ne suis pas sûr de ce que les solutions que vous avancez relèvent de la Banque Centrale, cependant, si vous avez bien lu l’article comme moi, vous avez constaté que les importations sont déjà en chute libre. Je ne sais pas quels leviers supplémentaires pourraient être actionnés pour accélérer cette chute. En outre, produire plus exige que la main d’oeuvre soit présente à son poste de travail. Or, dans les articles publiés par monsieur Sapir, les conséquences de la guerre sur le marché du travail sont très peu mises en lumière. On se réjouit des très bons chiffres du chômage mais sans les relier aux conditions de la guerre. On n’en dit pas plus sur le manque pourtant très probable de main d’oeuvre qualifiée, ni d’ailleurs sur la fuite des cerveaux. Produire plus de biens exige que chacun soit présent à son poste.

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    • Dmitry // 14.09.2023 à 02h55

      Selon la Constitution de la Fédération de la Russie, la Banque centrale a un statut particulier. C’est une entreprise privée qui a le droit exclusif à émettre des billets que l’on appelle « les roubles ».

      La Banque centrale a ses propres actifs, elle verse des dividendes aux actionnaires. La Banque centrale n’est pas responsable des obligations de l’État.

      Étant donné que la Banque centrale de la Fédération de la Russie c’est une entreprise financière, elle agit suivant les règles établis par le systeme financier mondial. Les États-Unis, en tant que leader économique, contrôlent le système financier mondial par sa banque centrale le FED (Réserve fédérale des États-Unis). Il existe donc un lien entre ces structures financières.

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      • konrad // 14.09.2023 à 08h14

        Cela implique-t-il les banques centrales Européenne, Chinoise, Japonaise, Indienne, Africaine du Sud, etc…?

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      • RV // 16.09.2023 à 15h40

        Les Banques centrales ne sont-elles pas surtout « indépendantes » ?

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_de_France
        …/… La Banque de France (BDF) est la banque centrale de la France. Il s’agit d’une institution bicentenaire, de capital privé lors de sa création le 18 janvier 1800 sous le Consulat, puis devenue propriété de l’État français le 1er janvier 1946 lors de sa nationalisation par Charles de Gaulle.
        Indépendante depuis 1994, la Banque de France devient membre de l’Eurosystème (ainsi que du Système européen de banques centrales) en 1999 …/…

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_centrale_de_la_f%C3%A9d%C3%A9ration_de_Russie
        La Banque de Russie (en russe : Банк России) ou Banque centrale de la fédération de Russie (en russe : Центральный банк Российской Федерации) est la banque centrale de Russie. Ses attributions sont décrites dans l’article 75 de la Constitution de la fédération de Russie et dans une loi fédérale dédiée. La Banque de Russie a été fondée le 13 juillet 1990, mais elle est le lointain successeur de la Banque d’État de l’Empire russe (1860-1917).
        Selon la constitution, la banque de Russie est un organisme indépendant dont la principale responsabilité est d’assurer la stabilité de la monnaie nationale, le rouble. Elle a également le monopole de la fabrication des pièces et billets

        https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serve_f%C3%A9d%C3%A9rale_des_%C3%89tats-Unis
        La Fed est une banque centrale indépendante : ses décisions ne sont pas sujettes à l’autorisation du président des États-Unis ou d’une autre partie du gouvernement fédéral, elle ne reçoit pas de budget du Congrès, et les mandats des gouverneurs sont beaucoup plus longs que ceux des élus fédéraux. Le gouvernement peut cependant exercer un contrôle : l’autorité de la Fed est définie par le Congrès et celui-ci peut exercer son droit de surveillance

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    • RV // 16.09.2023 à 16h21

      @ Dmitry // 13.09.2023 à 10h31
      Le relèvement du taux directeur, n’a-t-il pas surtout permis de contrecarrer la chute du Rouble due aux sanctions ?

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      • Dmitry // 16.09.2023 à 22h34

        Oui, c’est peut-être le cas. Toutefois, la chute du Rouble n’est pas la pire chose qui puisse arriver à l’économie. La situation est bien pire lorsque des milliers d’entreprises font faillite et ferment leurs portes en raison d’un taux directeur élevé. Un taux directeur supérieur à 7 à 8 % est insupportable pour de nombreuses entreprises.

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        • Dmitry // 16.09.2023 à 23h09

          En outre, la fermeture d’entreprises entraînera une diminution de la production et, par conséquent, une augmentation encore plus importante de l’inflation.

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          • RV // 17.09.2023 à 08h31

            Sauf que Sapir a écrit :
            « la pénurie de main-d’œuvre est arrivée en tête comme le principal facteur limitant l’augmentation de la production »

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    • RV // 17.09.2023 à 09h36

      @ Dmitry // 13.09.2023 à 10h31

      la prétendue « lutte contre l’inflation » n’est-elle pas utilisée pour dissimuler le programme de classe essentiel des banques centrales, l’attaque contre les salaires ?

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      • Dmitry // 17.09.2023 à 23h59

        En tout cas, c’est la Banque centrale qui a créé artificiellement l’inflation par l’impression monétaire trop excessive. Et sa lutte maladroite contre l’inflation porte le second coup au bien-être matériel de la population.

        À propos de la lutte des classes, je vois de plus en plus souvent que la classe dirigeante impose ses décisions sans se soucier d’explications logiques.

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