Après 1 an de bombardements israéliens, Gaza est revenu 70 ans en arrière, selon un rapport de l’ONU

Source : Truthout, Jake Johnson, CommonDreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un rapport des Nations unies publié mardi estime que les bombardements et le siège incessants de la bande de Gaza par Israël ont effacé près de sept décennies de progrès en matière de développement humain en un peu plus d’un an, mettant en péril « l’avenir des Palestiniens pour les générations à venir. »

Le rapport, produit par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO), estime que le taux de pauvreté de Gaza atteindra 74,3 % cette année – avec plus de 2,6 millions de personnes nouvellement appauvries – et que l’indice de développement humain (IDH) de l’enclave chutera jusqu’aux niveaux de 1955.

L’IDH est une mesure qui inclut l’espérance de vie à la naissance, l’éducation et le niveau de vie.

Depuis le début de la dernière guerre d’Israël contre Gaza, à la suite de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2024, l’enclave a été transformée en « cimetière pour enfants » et en « vaste terrain vague de décombres et d’acier tordu », avec des écoles, des maisons, des hôpitaux, des marchés, des installations sanitaires et d’autres infrastructures civiles totalement détruites par les frappes aériennes israéliennes, souvent menées avec des armes américaines.

Le nouveau rapport de l’ONU souligne que depuis octobre dernier, des dizaines de personnes sont mortes de malnutrition et que « le risque de famine est élevé dans la bande de Gaza, compte tenu de la guerre en cours et des restrictions d’accès à l’aide humanitaire. »

« La faim et la malnutrition chez les mères et les bébés sont extrêmement préjudiciables à la survie, à la croissance et au développement des enfants », indique le rapport. « Dans toute la bande de Gaza, 93 % des enfants et 96 % des femmes enceintes et allaitantes consomment moins de catégories d’aliments par jour, ce qui conduit les ménages à sauter des repas. »

Le rapport souligne également la destruction par Israël des systèmes de santé et d’éducation de Gaza.

Le PNUD estime qu’au mois dernier, 625 000 élèves de l’enclave « n’ont pas accès à l’éducation » et qu’au moins 10 317 élèves et 416 membres du personnel éducatif ont été tués à Gaza. Les écoles qui n’ont pas été détruites ont été transformées en abris pour les personnes déplacées, abris que les forces israéliennes ont pris pour cible à plusieurs reprises.

La nouvelle analyse prévient que même si un cessez-le-feu permanent est conclu dans un avenir proche – un scénario qui ne semble pas probable – les maladies infectieuses qui se sont propagées en raison des bombardements israéliens sur les infrastructures de santé, d’assainissement et d’approvisionnement en eau, devraient constituer une grave menace pour la population de Gaza.

« Le choléra, la rougeole, la polio et la méningite à méningocoques constituent les menaces les plus graves », ont déclaré mardi les organes de l’ONU. « Même si la guerre prenait fin immédiatement, le temps nécessaire pour rétablir le fonctionnement des services de santé entraînerait des milliers de décès supplémentaires. Le manque d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires crée des risques sanitaires importants pour tous et peut exacerber la situation. »

Achim Steiner, administrateur du PNUD, a déclaré dans un communiqué que les conclusions du rapport « confirment qu’au milieu des souffrances immédiates et des horribles pertes en vies humaines, une grave crise du développement est également en train de se produire. »

« L’évaluation indique que, même si l’aide humanitaire est fournie chaque année, l’économie ne retrouvera pas son niveau d’avant la crise avant une décennie ou plus », a déclaré Steiner. « Lorsque les conditions sur le terrain le permettront, le peuple palestinien aura besoin d’une solide stratégie de redressement rapide intégrée à la phase d’aide humanitaire, qui jettera les bases d’un redressement durable. »

Rola Dashti, secrétaire exécutive de la CESAO, a déclaré : « Nos évaluations servent à tirer la sonnette d’alarme concernant les millions de vies qui sont brisées et les décennies d’efforts de développement qui ont été anéanties. »

« Il est grand temps de mettre fin aux souffrances et aux effusions de sang qui ont englouti notre région », a ajouté Dashti. « Nous devons nous unir pour trouver une solution durable qui permette à tous les peuples de vivre dans la paix et la dignité, de récolter les fruits du développement durable et de faire respecter le droit international et la justice. »

Avant la publication du rapport de l’ONU, le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Jan Egeland, a annoncé que des membres du personnel de son organisation se rendraient à Gaza cette semaine pour constater « la dévastation totale causée par les bombardements israéliens. »

« L’ampleur des destructions est vraiment choquante », a déclaré Egeland, ajoutant que les employés du NRC « ont pu s’entretenir avec des personnes qui avaient fui le nord de Gaza, dont la majeure partie est étroitement assiégée. »

« Les témoignages qu’ils ont entendus sont ceux de parents âgés incapables d’atteindre les corps de leurs enfants morts pour les enterrer, de malades et de désespérés n’ayant aucun accès aux médicaments essentiels, et de personnes désormais démunies ayant dépensé toutes leurs économies pour tenter de survivre. »

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Jake Johnson est rédacteur pour Common Dreams. Suivez-le sur Twitter : @johnsonjakep