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12.octobre.202412.10.2024 // Les Crises

Biden salue les bombardements à Beyrouth, Tlaib condamne le « bain de sang » financé par les États-Unis

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L’attaque israélienne qui a rasé un quartier résidentiel a été qualifiée par le président de « mesure de justice ».

Source : Jessica Corbett, Truthout, CommonDreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Soldats de l’armée libanaise au milieu des décombres d’un immeuble rasé, tandis que des gens fuient les flammes, suite à des frappes aériennes israéliennes dans le quartier de Haret Hreik, en banlieue sud de Beyrouth, le 27 septembre 2024.
IBRAHIM AMRO / AFP via Getty Images

Le président américain Joe Biden et la députée Rashida Tlaib ont réagi de manière très différente à l’intense campagne de bombardements menée par Israël au Liban au cours des dernières 24 heures, laquelle a tué des centaines de personnes, y compris des dirigeants majeurs du Hezbollah.

« Notre pays finance ce bain de sang », déclarait Tlaib (Démocrate-Michigan) sur les réseaux sociaux samedi matin, partageant un message de Prem Thakker, de Zeteo, montrant des vidéos de l’assaut israélien sur le Liban qui a commencé vendredi, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se trouvait à New York pour prendre la parole devant l’Assemblée générale des Nations Unies.

« Envoyer davantage de troupes et de bombes dans cette région ne fait pas avancer la paix », a ajouté Tlaib, la seule Américaine d’origine palestinienne à siéger au Congrès et l’une des principales critiques du génocide perpétré par Israël dans la bande de Gaza tout au long de cette année. « Le gouvernement américain est complice du plan génocidaire du criminel de guerre Netanyahou. »

Dans le message partagé par Tlaib, Thakker note que « les États-Unis auraient été informés de cette attaque israélienne massive sur Beyrouth, au Liban, peu de temps avant », laquelle « intervient un jour seulement après l’octroi par les États-Unis d’une aide supplémentaire de 8,7 milliards de dollars à Israël ».

Tlaib a également indiqué que son bureau recevait des « appels désespérés » de citoyens américains qui essaient par tous les moyens de quitter le Liban. Elle a déclaré que « la mission du Département d’État des États-Unis est de protéger les Américains, et que celui-ci faillit ENCORE. »

Biden, quant à lui, a commencé sa déclaration de samedi après-midi en soulignant qu’Israël avait tué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ce que le groupe politique et paramilitaire libanais soutenu par l’Iran avait confirmé plus tôt dans la journée – un évènement qui a ravivé les craintes d’une guerre régionale plus étendue.

« Hassan Nasrallah et le groupe terroriste qu’il dirigeait, le Hezbollah, ont été responsables de la mort de centaines d’Américains au cours d’un règne de terreur qui a duré quatre décennies », a déclaré Biden. « Sa mort lors d’une frappe aérienne israélienne est une mesure de justice pour ses nombreuses victimes, dont des milliers d’Américains, d’Israéliens et de civils libanais. »

Le président a poursuivi :

La frappe qui a tué Nasrallah a eu lieu dans le contexte plus large du conflit qui a commencé avec le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023. Le lendemain, Nasrallah a pris la décision funeste de s’associer au Hamas et d’ouvrir ce qu’il a appelé un « front nord » contre Israël.

Les États-Unis soutiennent pleinement le droit d’Israël à se défendre contre le Hezbollah, le Hamas, les Houthis et tout autre groupe terroriste soutenu par l’Iran. Hier encore, j’ai demandé à mon secrétaire à la Défense de renforcer le dispositif de défense des forces militaires américaines dans la région du Moyen-Orient afin de dissuader toute agression et de réduire le risque d’une guerre régionale de grande ampleur.

À terme, notre objectif est de désamorcer les conflits en cours tant à Gaza qu’au Liban par des moyens diplomatiques. À Gaza, nous tentons de conclure un accord soutenu par le Conseil de sécurité des Nations unies en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des otages. Au Liban, nous tentons de négocier un accord qui permettrait aux habitants de rentrer chez eux en toute sécurité en Israël et dans le sud du Liban. Il est temps de conclure ces accords, d’éliminer les menaces qui pèsent sur Israël et d’assurer une plus grande stabilité dans l’ensemble de cette région du Moyen-Orient.

Si l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) a remercié Biden pour « avoir soutenu notre allié démocratique Israël », des journalistes du monde entier et d’autres critiques ont souligné que sa déclaration « ne mentionnait aucunement les pertes civiles. »

Ali Abunimah, directeur de The Electronic Intifada, a fait partie de ceux qui ont souligné que Biden avait déclaré : « Le meurtre de Nasrallah, dans le cadre d’un massacre perpétré par Israël qui a fait des centaines de morts, est une mesure de justice pour ses nombreuses victimes. »

« Totalement dépravé, et si on suit la logique tordue et criminelle de Biden, ceux qui ont tenté d’assassiner Trump étaient également des instruments de justice », a déclaré Abunimah, faisant référence à l’ancien président américain Donald Trump, candidat Républicain à l’élection de novembre.

Assal Rad, expert du Moyen-Orient, a déclaré : « Biden qualifie de « mesure de justice » le tapis de bombes qui a frappé une zone densément peuplée détruisant six immeubles d’habitation au Liban. La violation du droit international et le précédent que cela crée devraient tous nous terrifier. »

Rad a également fustigé l’appel à un cessez-le-feu lancé par Biden : « C’est un non-sens. on ne peut pas dans le même temps fournir sans conditions les fonds et les armes nécessaires à la poursuite du conflit, dénaturer le droit humanitaire pour garantir à Israël une impunité totale, rejeter toutes les institutions internationales qui demandent des comptes, et ensuite dire que l’objectif est la désescalade. »

Enfin, d’autres ont rappelé l’assassinat par Israël, en 2004, du chef du Hamas, Ahmed Yassine, causant également la mort de sept autres personnes. L’administration George W. Bush, ancien président Républicain qui a déclenché la guerre mondiale contre le terrorisme à la suite des attentats du 11 septembre 2001, n’avait pas émis de condamnation ferme comme certains dirigeants européens, mais un porte-parole du département d’État avait déclaré à l’époque que « nous sommes profondément affectés » par l’attentat.

As’ad Abukhalil, professeur libano-américain à l’université d’État de Californie à Stanislas, a déclaré samedi « absolument AUCUN président américain n’a autorisé inconditionnellement la sauvagerie israélienne au Moyen-Orient comme l’a fait Biden. »

Abukhalil a averti : « Les États-Unis pâtiront pendant des années de la politique de Biden au Moyen-Orient », laquelle a été qualifiée d’une « bien plus grande portée que celle de Bush. »

Biden, Démocrate, cherchait initialement à se faire réélire en novembre, mais après une performance désastreuse lors du débat de l’été dernier contre Trump, il a passé le flambeau à la vice-présidente Kamala Harris. Après avoir publié la déclaration de Biden samedi, la Maison Blanche a publié une déclaration similaire émanant de Harris – qui a également été saluée par l’AIPAC.

« Hassan Nasrallah était un terroriste qui avait du sang américain sur les mains. Pendant des décennies, la façon dont il a dirigé le Hezbollah a déstabilisé le Moyen-Orient et entraîné le meurtre d’innombrables innocents au Liban, en Israël, en Syrie et dans le monde entier. Aujourd’hui, les victimes du Hezbollah obtiennent enfin justice », a déclaré Harris. « Mon engagement envers la sécurité d’Israël est inébranlable. Je soutiendrai toujours le droit d’Israël à se défendre contre l’Iran et les groupes terroristes soutenus par l’Iran tels que le Hezbollah, le Hamas et les Houthis. »

« Le président Biden et moi-même ne voulons pas que le conflit au Moyen-Orient entre dans une escalade vers une guerre régionale plus étendue, a-t-elle ajouté. Nous sommes en train de travailler à une solution diplomatique concernant la frontière israélo-libanaise afin que les gens puissent rentrer chez eux en toute sécurité des deux côtés de cette frontière. La diplomatie reste la meilleure voie à suivre pour protéger les civils et parvenir à une stabilité durable dans la région. »

En réponse, Margaret Zaknoen DeReus, directrice exécutive de l’Institut pour la compréhension du Moyen-Orient, dont le siège est en Californie, a déclaré : « Comme Biden, pas un mot de la vice-présidente, de la candidate de la joie et de la liberté, pour évoquer les plus de 1 000 hommes, femmes et enfants libanais qu’Israël a effacés. Pas un mot sur les centaines de milliers de Libanais déplacés, les quartiers entiers détruits. Pour cette administration, nous n’existons pas en tant qu’êtres humains. »

En réponse à ces deux déclarations sur les réseaux sociaux, le groupe anti-guerre CodePink a déclaré que l’administration Biden-Harris « considère qu’écraser une zone résidentielle à coups de bombes, est faire justice. »

*

Jessica Corbett est rédactrice pour Common Dreams

Source : Jessica Corbett, Truthout, CommonDreams, 29-09-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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bdb30 // 12.10.2024 à 17h46

Il faut entretenir l’illusion qu’Israél est un état encerclé et qu’il a droit à l’existence. Alors le service public français nous abreuve de reportages sur l’état d’encerclement de ce pays. Par exemple, nous avons eu droit à un reportage sur le nord d’Israél évacuée par la population. Une ville de 120 000 habitants dont il en reste 2 000, le nom n’a aucune importance.
Des rues vides, un israélien qui nous montre son hangar détruit par une roquette, il a eu chaud!
Reportage hors sol, dramatiquement risibles et démontrant le parti pris des rédactions du service public (Antenne 2).
Envoyés spéciaux débiles…Pourquoi?
Une ville évacuée et INTACTE, les rues vides mais INTACTES, avec des voitures INTACTES, un commerçant dans son commerce INTACT.
De l’autre côté de la frontière au Liban? DES RUINES, DES RUINES…
Ce n’est que justice…

6 réactions et commentaires

  • Denis Monod-Broca // 12.10.2024 à 08h25

    « Plus jamais ça ! », répète-t-on depuis la découverte des camps d’extermination en 1944.

    Mais quel sens à ce slogan?

    « Plus jamais ça ! » ne signifie pas et ne peut pas signifier « plus jamais victimes comme ça ! », puisque la situation de victime dépend d’autrui.

    « Plus jamais ça ! » signifie tout au contraire « plus jamais bourreaux comme ça ! », et ne peut signifier que cela, sauf à recommencer encore et toujours « ça »…

    Et c’est bien « ça » qui se passe actuellement à Gaza, en Cisjordanie, dans le sud du Liban, dans le Golan…

    Qu’attend la France pour se désolidariser d’israël et des USA, pour s’extraire de la foule occidentale et de ses slogans mensongers ?

    Ne soyons plus bourreaux ni complices de bourreaux. Puisque nous affirmons que nous ne voulons pas que « ça » recommence.

  • Hiro Masamune // 12.10.2024 à 09h17

    La bien nommée en l’espéce « doctrine dahiya » ne relève pas du droit à se défendre ; c’est un terrorisme qui ne dit pas son nom. En plus d’ètre militairement une idiotie couteuse.
    On a l’impression que la stratégie « Biden » consiste à laisser derrière soi une espèce de chaos contrôlé où il a laissé partout le mânche à des fanatiques faute de pouvoir trouver pire.
    Si le but géostratégique final est de couper l’accès à l’Europe pour les asiatiques en mettant les Iraniens et les Russes en guerre sur le trajet c’est passer à côté des buts à long termes de la BRI… pour qui l’europe est un continent déjà developpé, en déclin et criblé de dettes … alors que tout reste à faire dans le « Sud global » qui a une démographie vivace, où tout est à developper et qu’est pété de ressources.
    Bref: tant de misères inutiles m’affligent.

  • Lt Briggs // 12.10.2024 à 09h40

    La folie destructrice qui s’est emparée de ce pays, avec le plein soutien des occidentaux et devant les yeux impuissants – ou complices – du monde entier, fera réfléchir les pays de la région. A court terme. on ne voit certes aucune réaction des dirigeants des États voisins d’Israël. Quel contraste avec l’embargo sur le pétrole décrété en 1973 par les pays arabes de l’OPEP en réponse à la guerre du Kippour… Mais sur le long terme, Israël et les Etats-Unis ne pouvaient pas remotiver davantage l’Iran dans sa quête de la bombe. Que valent les traités, le droit international, les institutions onusiennes, les accords tacites même, bref tout ce qui permet la coexistence, devant Netanyahou et son armée ? Rien. Tous les pays de la région sont avertis.

    • Fritz // 12.10.2024 à 17h36

      Et en 1973, la France de Pompidou avait soutenu le droit des pays arabes à reconquérir leurs territoires perdus en 1967. Quant à la hausse du prix du pétrole, elle avait été voulue aussi par le Shah d’Iran, pourtant allié des Américains.

  • Fritz // 12.10.2024 à 17h41

    Triste déchéance d’un Hubert Védrine qui prétend que beaucoup de Libanais sont « soulagés » par l’assassinat de Nasrallah. Le même Védrine assène qu’il n’y a aucun levier pour agir sur le gouvernement israélien… Alors qu’il suffirait que les States coupent leur alimentation à flux tendus en armes et munitions, et que les pays européens appliquent un boycott général. La Colombie en est capable, elle.

  • bdb30 // 12.10.2024 à 17h46

    Il faut entretenir l’illusion qu’Israél est un état encerclé et qu’il a droit à l’existence. Alors le service public français nous abreuve de reportages sur l’état d’encerclement de ce pays. Par exemple, nous avons eu droit à un reportage sur le nord d’Israél évacuée par la population. Une ville de 120 000 habitants dont il en reste 2 000, le nom n’a aucune importance.
    Des rues vides, un israélien qui nous montre son hangar détruit par une roquette, il a eu chaud!
    Reportage hors sol, dramatiquement risibles et démontrant le parti pris des rédactions du service public (Antenne 2).
    Envoyés spéciaux débiles…Pourquoi?
    Une ville évacuée et INTACTE, les rues vides mais INTACTES, avec des voitures INTACTES, un commerçant dans son commerce INTACT.
    De l’autre côté de la frontière au Liban? DES RUINES, DES RUINES…
    Ce n’est que justice…

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