Comme nous avons parlé lors de notre analyse du protocole de Kyoto de la conférence de Durban qui s’est tenue au début du mois, en voici le résultat – mitigé
Climat : un accord minimaliste à la conférence de Durban
Les représentants de 190 Etats ont adopté une feuille de route pour un accord en 2015. Source : NouvelObs.com
Les négociations marathon sur le climat ont abouti dimanche 11 décembre à l’aube, à Durban (Afrique du Sud), a une feuille de route vers un accord en 2015 englobant pour la première fois tous les pays pour lutter contre le réchauffement.
Le soulagement dominait chez les représentants des quelque 190 pays rassemblés dans cette conférence qui a frôlé la catastrophe à l’issue de 14 journées et deux nuits blanches de négociation. « En l’honneur de Mandela: Cela a toujours l’air impossible, jusqu’à ce que ce soit fait. Et c’est fait! », a réagi, lyrique, sur Twitter, Christiana Figueres, responsable de l’ONU pour le climat.
Pas de contrainte
Mais l’Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, a dû se contenter, à l’issue de cette réunion largement éclipsée par la crise de l’euro, d’un texte laissant en suspens la question du caractère contraignant du futur pacte climatique.
Cet accord, qui permet aussi d’écrire une suite au protocole de Kyoto après 2012 et d’éviter un échec deux ans après l’immense déconvenue de Copenhague, ne s’accompagne toutefois pas d’une hausse du niveau des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Promesses qui sont actuellement largement insuffisante pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C.
Face à la vive opposition de l’Inde, les Européens ont finalement accepté une formulation décrivant ce futur accord comme « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ».
L’objectif est que cet accord entre en vigueur à partir de 2020.
Le « strict minimum possible »
« L’affaire s’est finalement bien terminée », a estimé le représentant américain pour le climat, Todd Stern. « C’est la première fois que l’on va voir des pays en développement accepter d’être tenus par un accord légal » sur le climat, a-t-il souligné.
Les décisions prises à l’aube dans cette ville située sur l’océan Indien sont bien en-deçà de ce qu’exige l’urgence climatique, a de son côté regretté l’ONG Oxfam, qualifiant cet accord de « strict minimum possible » qui laisse « le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C ».
Avec cette « feuille de route » en poche, les Européens ont donné leur accord à la poursuite du protocole de Kyoto après 2012. Conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, le protocole impose aux pays industrialisés, à l’exception notable des Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifié, de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement, au premier rang desquels le CO2.
Cette prolongation était une revendication forte des pays en développement qui rappellent inlassablement que le Nord a une responsabilité « historique » dans l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère.
Un Fonds vert
La mise en place du mécanisme de fonctionnement du Fonds vert, destiné à aider financièrement les pays en développement à faire face au changement climatique, a également été adoptée à Durban.
Cependant, la question centrale de l’alimentation de ce fonds reste à ce jour largement sans réponse, alors que l’engagement pris à Copenhague, il y a deux ans, est d’aboutir à 100 milliards de dollars par an à compter de 2020.
« Nous sommes entrés dans une période d’incertitude économique, une ère d’austérité fiscale. Mais je ne pourrais jamais trop souligner à quel point il est crucial que les pays développés tiennent leurs engagements », a souligné cette semaine à Durban le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
La conférence de Durban qui s’est achevée avec 36 heures de retard, restera dans l’histoire des négociations climatiques, pourtant habituées à jouer les prolongations, comme le record du genre.
Le prochain grand rendez-vous de la diplomatie climat aura lieu au Qatar… plus grand émetteur de CO2 par habitant au monde.
Le Nouvel Observateur avec AFP
Sylvestre Huet revient sur son blog sur le pourquoi de cet relatif échec – fort prévisible…
Également, une note de Bruno Rebelle sur la site Terra Nova
Bilan de la Conférence de Durban sur le climat
Alors que la Conférence de Durban sur le climat vient tout juste de se terminer, quelle suite les États vont-ils donner au protocole de Kyoto qui prend fin en décembre 2012 ? Le point avec Céline Guivarch, chercheuse en économie de l’environnement au CIRED, et spécialiste du changement climatique.
Source : UniverScience
© Tartrais
© Matt Wuerker
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8 réactions et commentaires
pas de quoi pavoiser alors que le réchauffement d’au moins 2°C est déjà acté, et qu’a 4°C les bouleversements seront tels qu’ils remettront en cause tous les équilibres économiques et biologiques de la planète, l’écosystème ne pouvant s’adapter en si peu de temps.
A l’échelle de la vie d’un arbre, 100 ans, c’est grosso modo 1 génération … il en faudrait des dizaines ou des centaines de génération pour suivre un changement climatique.
Le réchauffement de la fin de la dernière glaciation étant estimé a 5 ou 6°C autant dire qu’on court à la catastrophe, et peut-être la fin de la civilisation !!!
Donc pas de quoi être optimiste du tout. Cet accord minimaliste montre bien a quel point l’immobilisme règne en la matière et a quel point les générations actuelles sont prêtes a sacrifier leurs enfants … mais ils s’en foutent, il seront déjà mort quand viendra le temps des reproches.
Mais l’histoire sera sûrement plus que sévère à notre propos.
Espérons que la réincarnation n’existe pas et qu’on n’aura jamais a affronté les conséquences de nos actes dans des vies futures … espérons qu’il n’y ai pas de justice en ce bas monde … sinon …
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AlerterLa réincarnation est un peu un sujet que je qualifierais de new age et faisant partie du folklore de la spiritualité Made in the West.
C’est un sujet qui sert souvent à alimenter un peu plus le coté un peu mystérieux que l’on veut bien donner à la spiritualité de salon.
Ceci dis, pour le sujet abordée dans ce billet de Mr Berruyer, la question de savoir si l’on va payer les conséquences de nos actes climatiques (comme tous les autres d’ailleurs) dans une vie future est une question qui pourrait peut-être nous motiver à faire évoluer nos modes de vie à titre individuel pour commencer.
Je dirais également que de croire que la Réalité est ce que nos 5 sens percoivent est une croyance et une approche limitée. Sans rentrer dans les considérations de convergence de la sagesse ancestrale (et toujours actuelle bien sur) et de la physique quantique, un livre de Marie-France Bel intitulé « Corps Subtils Science et Médecine » peut déjà commencer à écarter un peu nos œillères.
Je cite celui-ci, car malheureusement des livres de qualité sur le sujet se perdent un peu parmi la masse des âneries disponibles.
Depuis des millénaires il est enseigné par les sages que l’on échappe pas à son karma, par contre la façon de le vivre reste de notre ressort.
Alors se réincarner sur la planète Terre transformée en poubelle surchauffée … c’est une possibilité.
Une autre possibilité de la destinée humaine c’est d’apprendre à être heureux quoiqu’il arrive. Profitez en pendant que vous êtes incarné (au moins une fois …) dans un corps humain.
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Alerterhola, tout doux joli jumper …
c’était juste un sarcasme, une manière d’exprimer un certain dégoût en le transposant dans une échelle de temps plus grande.
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AlerterAs-t’on déjà entendu suggérer que les pays (le Nord) « historiquement » responsables dans l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère, auraient à payer « rétroactivement » la part qui leur revient dans cette accumulation de CO2 ? Soit un prix à payer plus élevé que les pays émergents…
Si tous les pays doivent partager la note à égalité, cela revient à faire payer les pots cassés aux nouveaux venus, non ?
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AlerterJe ne sais pas si on l’entend beaucoup dire, mais en tout cas, c’est ma position 😉
Un agent de la Commission européenne compétent sur ces questions m’a répondu : cette idée a été écartée car elle coûterait beaucoup trop cher. Je pense qu’en réalité, c’est tout à fait possible. Et de toute façon, reconnaître cette « dette envers l’atmosphère » est le point de départ nécessaire pour un contrat équilibré entre Etats, pour l’après-Kyoto.
Sinon, nous ne sommes tout simplement pas crédibles dans nos demandes aux ‘nouveaux venus’ de l’industrialisation.
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AlerterLa civilisation court de toutes façons à sa perte, mais pour une raison qui n’a rien à voir avec le climat : l’épuisement des ressources fossiles qui va se produire au cours du siècle qui vient, et qui auront totalement disparu d’ici quelques siècles. En réalité, nous n’avons aucune alternative crédible.
Les discours sur le changement climatique sont à côté de la plaque pour plusieurs raisons. D’abord les réserves connues ne permettent pas de dépasser (ou à peine) 2°C. Les extrapolations à 3, 4°C ou plus reposent sur des extrapolations fantaisistes de la consommation de fossiles qui ne sont pas compatibles avec les réserves connues, ce sont des scénarios d’économistes qui n’ont jamais entendu parler des limites naturelles de ressources (des purs produits de la pensée économiste que vous honnissez tant par ailleurs ..). Les négociations type Durban, Copenhague ou Kyoto n’ont aucun sens, puisque les fossiles sont encore bien trop indispensables à l’économie et leurs inconvénients encore bien moins élevés que les richesses qu’ils permettent d’acquérir. Leur échec est programmé et inévitable, l’exemple du Canada montre à quel point c’est une farce de signer des engagements dont on peut sortir d’un claquement de doigt sans inconvénient. D’ailleurs même ces engagements n’ont aucunement l’effet souhaité : réduire les émissions de GES de l’occident, à supposer que ça marche (on en est loin…), ne ferait que permettre à quelques milliards de pauvres de plus de consommer à notre place les ressources qu’on économiserait, et si ce n’est pas eux, eh bien ce seront nos enfants ou nos petits-enfants, puisque personne n’a jamais dit quand il faudrait les arrêter, ni qui serait chargé de s’en assurer.
Tout cela est une vaste farce qui fait perdre un temps et une énergie considérable, en nous empêchant d’affronter le vrai problème, celui de la dépletion fossile. Voir mon blog en lien sur mon nom si vous voulez en discuter.
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AlerterJe ne crois pas que la terre soit en danger de par nos activités
C’est le vie humaine sur cette terre qui est en danger et risque de disparaitre, faute d’adaptation suffisante.
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AlerterEntièrement d’ accord avec yoananda! Ca fait peur pour l avenir et surtout pour les générations a venir. Les gens préfèrent avoir un emploi peu importe le prix a payer pour faire marcher ce système pourrit( capitaliste) et totalement obselete qui fait qu avec des ressources limitées une oligarchie se goinfre(c est a dire 1%) sur le dos des 99 autres. j essai de rester optimistes cependant et espérant que le vent tourne rapidement… commençons le changement
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