Ric Prado, agent de longue date de la CIA, vient de publier ses mémoires. Qu’il s’agisse de former des paramilitaires d’extrême droite meurtriers ou de se plaindre des « trous de l’enfer » du monde entier, il est d’une franchise choquante – mais son contenu n’est guère surprenant pour quiconque connaît la politique étrangère des États-Unis.
Source : Jacobin Mag, Tim Gill
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Critique de Black Ops : The Life of a CIA Shadow Warrior par Ric Prado (Opérations noires : la vie d’un guerrier de l’ombre à la CIA, NdT) (St Martin’s Press, 2022)
Ric Prado a fui Cuba après la révolution de 1959 alors qu’il avait dix ans. Il a ensuite travaillé pour la Central Intelligence Agency (CIA) pendant vingt-quatre ans – une expérience qu’il raconte dans ses récentes mémoires, Black Ops : The Life of a CIA Shadow Warrior – puis a travaillé dans des opérations militaires privées, notamment un passage chez Erik Prince et Blackwater.
Comme d’autres anciens de la CIA, Prado n’est pas en mesure de publier tous les détails de son travail, et son livre comporte plusieurs niveaux. Il n’en reste pas moins que ses mémoires offrent un aperçu précieux de la mentalité d’un membre éminent des opérations de la CIA au début du XXIe siècle, ainsi que des stratégies et activités de la CIA, du Nicaragua à la Corée du Nord en passant par l’Afrique du Nord et au-delà.
La vérité qui ressort de Black Ops est que les agents de la CIA possèdent souvent une mentalité néocoloniale et paternaliste, et une conviction inébranlable que les États-Unis sont en position légitime de dominer le monde. Ils estiment qu’il est de leur devoir d’intervenir pour façonner la politique mondiale, même si cela implique de saper ou de renverser des gouvernements démocratiquement élus. Et ils pensent que la violence et le meurtre sont des moyens justes pour atteindre ces objectifs.
La vengeance de Prado
Ces derniers mois, Prado a attiré l’attention pour son affirmation selon laquelle les oligarques russes devraient assassiner le président russe Vladimir Poutine. Aussi choquante qu’elle soit, la suggestion de Prado est en totale adéquation avec sa mentalité hyperviolente, telle qu’elle apparaît à la fois dans ses mémoires et dans d’autres épisodes de sa vie.
Prado a un jour fait l’objet d’une enquête à Miami, où la police le soupçonnait d’avoir aidé aux meurtres d’opposants du trafiquant de drogue condamné Alberto San Pedro, qui était son ami d’enfance. Prado a travaillé comme garde du corps de San Pedro pendant un certain temps et, sous protection, a parlé aux enquêteurs, mais l’enquête à son encontre a finalement été classée, au grand dam de certains agents des forces de l’ordre.
S’adressant au journaliste Evan Wright, l’un des détectives chargés de l’affaire a déclaré : « C’est une erreur judiciaire que Prado n’ait jamais été inculpé. […] La CIA nous a combattus bec et ongles et nous a dit d’aller nous faire foutre. »
Prado s’est installé aux Etats-Unis après que sa famille a perdu sa ferme à Cuba sous le nouveau gouvernement Castro. Après avoir passé quelque temps dans un orphelinat en attendant l’arrivée de ses parents, il les a rejoints dans le sud de la Floride, un bastion de longue date pour les immigrants cubains anti-Castro.
Prado admet qu’il était un adolescent capricieux, s’attirant souvent des ennuis. Mais tout rebelle qu’il était, il n’a jamais été contre-culturel : il détestait ceux qui protestaient contre les États-Unis, qu’il considérait comme un bastion de liberté pour ceux qui fuyaient Cuba, et leur implication au Vietnam. En accord avec ce sentiment, il s’engage dans l’armée de l’Air, mais son objectif est ailleurs : il rêve de lutter contre les communistes d’Amérique latine. Lorsque les Sandinistes renversent le gouvernement Somoza du Nicaragua en 1979, la CIA le contacte après l’avoir initialement rejeté, car elle a désespérément besoin d’hispanophones pour l’aider dans ses activités au Honduras voisin.
Après avoir fui une révolution de gauche en Amérique latine, Prado s’est retrouvé à travailler pour le gouvernement américain afin d’en renverser une autre. Dans Black Ops, il raconte à quel point cela l’enchantait, car il y voyait la possibilité d’exercer une forme de vengeance par procuration contre les communistes qui avaient exproprié la ferme de sa famille et l’avaient chassée de Cuba. Bien que Prado ait voyagé dans le monde entier pour accomplir des tâches similaires pour la CIA, ces premiers épisodes de sape des Sandinistes restent les plus détaillés et les plus révélateurs de ses nouvelles mémoires.
Formation des Contras
En 1979, après des années de guerre civile et de guérilla, les Sandinistes ont renversé la dictature anticommuniste dirigée par la famille Somoza. Les Somoza étaient restés une dictature familiale au Nicaragua depuis le début du XXe siècle, à la suite de l’occupation du pays par les États-Unis, et sont devenus tristement célèbres pour leurs tactiques sévères à l’égard de leurs opposants, notamment en jetant certains d’entre eux d’hélicoptères et dans des volcans. En pleine Guerre froide, plusieurs gouvernements américains successifs se sont alignés sur eux.
Les Sandinistes, en revanche, étaient une formation révolutionnaire de gauche, influencée par la théologie de la libération, le marxisme et le héros nationaliste Augusto Sandino. Ce dernier avait mené une guérilla contre les forces d’occupation des Marines américains au début du XXe siècle et, après leur départ, avait été assassiné par le gouvernement initial de Somoza en 1934.
Après que les Sandinistes ont réussi à renverser la dictature de Somoza en 1979, ses forces de sécurité se sont jointes à d’autres factions anti-sandinistes et se sont regroupées de l’autre côté de la frontière nord, au Honduras. Elles étaient connues sous le nom de Contras et avaient l’intention de renverser le nouveau gouvernement sandiniste. Ils étaient sous-financés, manquaient d’armes et d’entraînement, et avaient désespérément besoin d’un soutien logistique pour coordonner les attaques transfrontalières. Tout comme la CIA et le gouvernement américain en général avaient aidé le gouvernement Somoza les années précédentes, ils soutenaient désormais les efforts des Contras pour déstabiliser et renverser le gouvernement sandiniste au Nicaragua.
Le problème, cependant, est que si les Somozas parlent anglais et ont même reçu une formation et un enseignement aux États-Unis, la CIA a besoin d’hispanophones pour aider les forces Contras qui se sont regroupées au Honduras, ainsi qu’au Costa Rica. C’est là qu’intervient Ric Prado.
Comme il le décrit, le travail de Prado consistait à unifier et à aider à coordonner les activités de tous les groupes Contra situés de l’autre côté de la frontière. Le terrain était souvent accidenté, et Prado devait se rendre dans les camps paramilitaires en hélicoptère.
Prado a formé les groupes paramilitaires à l’utilisation des armes qui affluaient dans le pays. Il a personnellement livré des lance-roquettes et formé des individus à leur utilisation. Dans un cas, il a formé plusieurs individus à l’utilisation d’explosifs sous-marins, qu’ils ont ensuite utilisés pour détruire une jetée à Puerto Cabezas, au Nicaragua. En effet, Prado était présent lorsque les paramilitaires ont fait sauter la jetée.
Qu’il le croie vraiment ou qu’il s’y réfère pour apaiser son âme, Prado présente une vision déformée et souvent carrément fausse de la situation du Nicaragua des années 1980 sous le gouvernement sandiniste. Tout d’abord, il ne mentionne jamais l’élection présidentielle de 1984, que les Sandinistes ont remportée. Au lieu de cela, il dépeint les Sandinistes comme un régime dictatorial qui est resté impopulaire dans le pays.
Mais ses crimes ne s’arrêtent pas à l’omission. Il affirme que les Sandinistes ont supervisé un « pogrom de type nazi » qui a entraîné des milliers de « réfugiés religieux » et que les Sandinistes ont activement assassiné des prêtres. Il évite soigneusement de mentionner l’influence de la théologie de la libération sur les Sandinistes ou, plus important encore, l’inclusion de prêtres catholiques dans des postes gouvernementaux de haut niveau, notamment le ministre de l’Education, le révérend Fernando Cardenal, entre autres.
Dans un passage choquant, Prado compare même sa formation des forces paramilitaires au Honduras à la formation de la résistance française aux Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce faisant, il minimise les atrocités commises par les Contras et les félicite pour leurs efforts, affirmant qu’ils étaient des combattants de la liberté désireux d’apporter la démocratie à leur pays.
Les Contras, cependant, étaient tout sauf admirables.
Un rapport de Human Rights Watch décrit les Contras comme « des violateurs majeurs et systématiques des normes les plus fondamentales des lois sur les conflits armés, notamment en lançant des attaques aveugles contre des civils, en assassinant de manière sélective des non-combattants et en maltraitant des prisonniers ». Mais bien que les preuves de la sauvagerie des Contras et des crimes de guerre se soient accumulées au cours des dernières décennies, rien de tout cela n’a modifié la vision déformée de Prado.
Poules mouillées et trous de l’enfer
Ailleurs dans le livre, Prado décrit son implication dans la « guerre contre le terrorisme » et dans les activités de la CIA à travers le monde. Cependant, étant donné le caractère récent de certains de ces événements, il n’est pas en mesure de divulguer beaucoup d’informations. Pour être honnête, il n’y a pas grand-chose à apprendre dans ces passages, si ce n’est le mépris de Prado pour les « trous de l’enfer » du monde entier, les « humains aigris » qui y vivent et les « mauviettes » qui s’opposent à l’intervention de la CIA.
Prado affirme que l’intention première de son livre est d’apporter honneur et respect à la CIA, une attitude qui fait vraisemblablement défaut aux citoyens américains. La CIA ayant publiquement adopté l’intersectionnalité, il est surprenant que personne ne lui ait dit que sa rhétorique hypermasculine et ethnocentrique risquait de ne pas combler ce prétendu déficit d’admiration.
Ou peut-être n’est-ce pas si surprenant – du moins pour quiconque connaît les réalités de la politique étrangère américaine. Ce n’est pas tous les jours que nous la voyons mise à nu, comme c’est le cas dans Black Ops, pour notre plus grand plaisir.
A propos de l’auteur :
Tim Gill est professeur adjoint de sociologie à l’université du Tennessee. Il est l’auteur d’un livre à paraître, Encountering US Empire in Socialist Venezuela : The Legacy of Race, Neocolonialism, and Democracy Promotion [Face à l’Empire américain dans un Venezuela socialiste : l’héritage de la promotion du racisme, du néocolonialisme et de la démocratie, NdT].
Source : Jacobin Mag, Tim Gill, 23-05-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
L’armée ukrainienne et ses paramilitaires ciblent, depuis 8 ans, les populations civiles du Donbas.
La liste de leurs crimes est si longue qu’on ne sait plus par où commencer.
La destruction des » hôpitaux, centres culturels, églises, centres commerciaux, immeubles, maternités, fermes, ponts, terminal pour l’exportation », c’est-ce que font les américains et leurs supplétifs en Irak, Viet-Nam, Corée, Serbie, Libye, Syrie, Afghanistan, Yemen …
Vos propos sont le triste reflet de cette propagande de guerre que nous subissons tous depuis notre naissance, qui nous cache les crimes américains, ou les présentent de façon extrêmement atténués, tout en faisant croire que l’adversaire cible délibérément les civils. Des centres commerciaux, des écoles, des centres cultures sont détruits mais servaient au stockage des munitions ukrainiennes.
Et dire qu' »ils ne sont pas des nazi », c’est aussi être dans le déni d’éléments bien documentés depuis 8 ans. Ils ne le sont pas tous, mais beaucoup se réclament de ceux qui voyaient les nazis comme ceux qui allaient libérer leur pays du communisme (ce en quoi ils n’avaient pas bien compris les intentions des nazis).
8 réactions et commentaires
« Dans un passage choquant, Prado compare même sa formation des forces paramilitaires au Honduras à la formation de la résistance française aux Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. »
Les nazis aussi appelaient les résistants français des terroristes aussi il est utile de rappeler la différence entre ces deux formes de guérilla. Un terroriste à pour objectif de terroriser la population civile en s’attaquant à des cibles non combattantes alors qu’un résistant résiste à l’occupation de son pays par une armée étrangère en s’attaquant à des cibles militaires.
+8
AlerterC’est vrai et c’est bien pour cela que les militaires ukrainiens ne sont ni des terroristes, ni des nazis mais simplement et courageusement s’opposent à l’occupation de leur pays par une armée étrangère en s’attaquant à des cibles militaires….eux…la population civile ukrainienne doit elle supporter les terroristes avec la destruction systémique des hopitaux, centres culturels, églises, centres commerciaux, immeubles, maternités, fermes, ponts, terminal pour l’exportation de blé, quelques mosquées en passant, des monastères, sans oublier femmes, enfants, vieillards…
Merci de ces excellentes définitions !!!
+1
AlerterL’armée ukrainienne et ses paramilitaires ciblent, depuis 8 ans, les populations civiles du Donbas.
La liste de leurs crimes est si longue qu’on ne sait plus par où commencer.
La destruction des » hôpitaux, centres culturels, églises, centres commerciaux, immeubles, maternités, fermes, ponts, terminal pour l’exportation », c’est-ce que font les américains et leurs supplétifs en Irak, Viet-Nam, Corée, Serbie, Libye, Syrie, Afghanistan, Yemen …
Vos propos sont le triste reflet de cette propagande de guerre que nous subissons tous depuis notre naissance, qui nous cache les crimes américains, ou les présentent de façon extrêmement atténués, tout en faisant croire que l’adversaire cible délibérément les civils. Des centres commerciaux, des écoles, des centres cultures sont détruits mais servaient au stockage des munitions ukrainiennes.
Et dire qu' »ils ne sont pas des nazi », c’est aussi être dans le déni d’éléments bien documentés depuis 8 ans. Ils ne le sont pas tous, mais beaucoup se réclament de ceux qui voyaient les nazis comme ceux qui allaient libérer leur pays du communisme (ce en quoi ils n’avaient pas bien compris les intentions des nazis).
+20
Alerter@6422amri,
Dans votre monde fantasmé les habitants du Dombas ne sont pas des citoyens non combattants ukrainiens, dans le monde réel un régime politique qui massacre sa propre population en intégrant dans les effectifs de son armé des unités qui revendiquent leur allégeance au nazisme porte un autre nom.
Et sinon, Hollywood a t’il répondu à vos propositions de scénarios ?
+9
AlerterCher Amri,
J’apprécie vos commentaires mais pas cette fois-ci. En effet , sans reprendre les arguments de Linder et Jean que je partage, je suggère votre curiosité pour découvrir ce qui se passe depuis 2014 en Ukraine. Il existe un dossier, assez fourni, à ce sujet, en autres, sur ce site.
Quelle confiance à accorder à une équipe (USA/UE), parangon de vertu, qui emprisonne un journaliste pour avoir révélé des crimes de guerre et des milliers d’autres révélations sur les actes criminels de ces défenseurs des droits de l’homme et de la liberté ?
+7
AlerterEncore un personnage « limite » (borderline en anglais) qui est devenu psychopathe suite à la propagande d’une idéologie suprémaciste favorisant non pas les intérêts de la majorité de la population mais seulement les oligarques qui contrôlent les organes de pouvoir dans leur seul intérêt.
En fait, si ces types peu recommandables n’existaient pas les « élites » seraient bien en mal pour préserver leurs privilèges et devraient payer au prix fort des mercenaires pour faire le sale boulot.
J’avoue quand-même que la publication des « mémoires » (plutôt nauséabondes) de cet homme m’intriguent beaucoup.
Personnellement je ne suis pas certain qu’il soit de lui-même à l’origine de cette idée et sans doute a-t-il encore été manipulé (ou on lui a suggéré contre une bonne rémunération) pour écrire (lui-même ou par un « nègre » spécialiste en propagande) un « ouvrage » élogieux afin de redorer le blason d’une institution qui brille surtout pour son infamie au delà de toute limite.
Si ce genre d’individus facilement manipulables et embrigadables n’existaient pas les pires idéologues auraient bien du mal à mettre en applications leurs idées et l’humanité n’aurait jamais connu les pires moments de « nettoyage ethnique » ou « idéologique », actions qui malgré les grands discours des « intellectuels pacifistes » continuent sans faiblir.
Ces criminels sont convaincus qu’ils sont des héros car ils œuvrent pour la défense du « Bien » comme le faisaient les einsatzgruppen en leur temps.
+12
AlerterLe CV d’Enrique « Ricky » Prado ressemble à celui de l’officier de la CIA par excellence : vétéran des guerres d’Amérique centrale, responsable des opérations de la CIA en Corée, espion de haut niveau dans le cadre des programmes d’espionnage américains contre la Chine, adjoint du chef du contre-terrorisme Cofer Black – puis un passage chez Blackwater. Mais il aurait également commencé sa carrière comme tueur à gages pour un truand notoire de Miami, et aurait continué à travailler pour la mafia même après avoir rejoint la CIA. Enfin, il a été à la tête de l’équipe secrète d’assassins de la CIA contre Al-Qaida.
En ce sens, il y a deux histoires qui se confondent : Prado l’officier de la CIA, et Prado le tueur présumé. Cette dernière commence lorsque Prado rencontre son futur patron présumé de la mafia, Alberto San Pedro, alors qu’il est lycéen à Miami après que leurs familles aient fui Cuba suite à la révolution. Prado a ensuite rejoint l’armée de l’air, bien qu’il n’ait jamais servi au Vietnam, et est retourné à Miami pour travailler comme pompier. Mais il continuait à travailler au noir comme tueur à gages pour San Pedro, qui était devenu l’un des plus redoutables trafiquants de cocaïne de Miami, selon Wright.
San Pedro organisait des fêtes pour l’élite de la ville, a perdu un testicule lors d’une fusillade en voiture devant sa maison, a reconstruit sa maison en forteresse, a torturé des chiens de garde pour le sport et a importé pour des dizaines de millions de dollars de cocaïne aux États-Unis par an, ajoute Wright. Il avait des liens avec un collaborateur de l’ancien gouverneur de Floride Bob Graham, de nombreux juges, des lobbyistes et un procureur de l’État. Il était également ami avec l’ancien présentateur de CNN Rick Sanchez, alors reporter à la télévision locale.
Prado, quant à lui, déposait des corps, selon Wright. Les enquêteurs de la brigade du crime organisé de la police de Miami-Dade le soupçonnaient d’avoir participé à au moins sept meurtres et une tentative de meurtre. Il a tenté de rejoindre la CIA, mais est retourné à Miami après avoir échoué dans la vérification de ses antécédents (en raison de son inquiétude apparente quant à ses liens familiaux). Mais il a été admis après que l’administration Reagan a lancé une offensive secrète contre les militants gauchistes d’Amérique centrale, où il aurait servi à former les Contras.
Plus surprenant encore, les meurtres de Miami auraient continué après que Prado ait rejoint la CIA. L’une des cibles était un distributeur de cocaïne au Colorado, tué par une voiture piégée. Les enquêteurs pensent qu’il a été tué par crainte qu’il ne parle à la police.
Mais il est difficile de dire où s’arrêtent les liens criminels présumés de Prado. Il est possible que ses liens se soient asséchés, ou qu’il ait déménagé. Même les mafieux, comme Alberto San Pedro, prennent leur retraite. Une autre théorie veut que Prado ait voulu rompre ses liens avec la pègre de Miami – et San Pedro – depuis le début, et qu’il ait cherché un emploi légitime dans l’armée, dans la lutte contre les incendies et à la CIA pour s’échapper. Mais, selon la théorie, il est resté parce qu’il avait encore une dette envers ses patrons.
L’autre question concerne la CIA elle-même. Ce n’est un secret pour personne que l’agence s’est associée à des personnes douteuses, mais elle est aussi « notoirement réticente au risque », écrit Wright. Pourtant, l’agence est aussi protectrice. Et laisser Prado à bord ne serait pas le premier échec de l’agence en matière de renseignement.
Vous devriez vérifier le passé des gens et ne pas vous contenter de traduire….Dans ce cas il s’agit d’un mafieux qui s’achète une sortie, pas d’une vocation.
Trouvé sur l’excellent site Wired..et le criminel en question ne se nomme pas Ric mais Enrique. Ric est un diminutif comme Bob pour Robert..
Le journaliste est Robert Beckhusen, spécialisé sur l’Amérique du sud et centrale.
+5
AlerterJe me gausse , tant d’efforts pourquoi ? Au final l’Amérique latine repasse quand même à gauche, le Venezuela demande aux states de négocier avec Juan Guiado en mode « parle à ma main », les Russes font des manœuvres combinées avec des pays d’Amérique centrale et les Chinois signent des accords commerciaux comme jamais.
T’as bien bossé mec.
+0
AlerterLes commentaires sont fermés.