Il y a une économie générale de la violence. Ex nihilo nihil : rien ne sort de rien. Il y a toujours des antécédents. Cette économie, hélas, ne connaît qu’un principe : la réciprocité – négative. Lorsque l’injustice a été portée à son comble, lorsque le groupe a connu le meurtre de masse et, pire peut-être, l’invisibilisation du meurtre de masse, comment pourrait-il ne pas en sortir une haine vengeresse ? Les rationalités stratégiques – faire dérailler la normalisation israélo-arabe, réinstaller le conflit israélo-palestinien sur la scène internationale –, si elles sont réelles, n’en ont pas moins trouvé parmi leurs ressources le carburant de la vengeance meurtrière.
par Frédéric Lordon, 15 octobre 2023
Source : MondeDiplo
« Terrorisme », mot-impasse
La FI n’a pas commis les erreurs dont on l’accuse. Mais elle en a commis. Une – et de taille. Dans un événement de cette sorte, on ne se rend pas directement à l’analyse sans avoir d’abord dit l’effroi, la stupeur et l’abomination. Le minimum syndical de la compassion ne fait pas l’affaire, et on ne s’en tire pas avec quelques oblats verbaux lâchés pour la forme. Quand bien même ce qui est donné au peuple palestinien ignore jusqu’au minimum syndical, il fallait, en cette occurrence, se tenir à ce devoir – et faire honte aux prescripteurs de la compassion asymétrique.
Ce manquement, réel, a cependant été saisi et déplacé pour se transformer dans le débat public en un point de sommation, d’abjuration même, sur lequel la FI, cette fois, a entièrement raison de ne pas céder : « terrorisme ». « Terrorisme » devrait-il être, comme l’affirme Vincent Lemire, « le point de départ du débat public » ? Non. Il n’en est même pas le point d’arrivée : juste le cul-de-sac. « Terrorisme » est un mot impasse. C’est ce que rappelle Danièle Obono, et elle a raison. Fait pour n’installer que la perspective de l’éradication et barrer toute analyse politique, « terrorisme » est une catégorie hors-politique, une catégorie qui fait sortir de la politique. La preuve par Macron : « unité de la nation » et dérivés, 8 occurrences en 10 minutes de brouet. Suspension des conflits, neutralisation des différends, décret d’unanimité. Logiquement : les manifestations de soutien au peuple palestinien sont des manifestations de soutien au terrorisme, et même des manifestations terroristes, en conséquence de quoi elles sont interdites.
Concéder « terrorisme », c’est annuler que ce qui se passe en Israël-Palestine est politique. Au plus haut point. Même si cette politique prend la forme de la guerre, se poursuivant ainsi par d’autres moyens selon le mot de Clausewitz. Le peuple palestinien est en guerre – on ne lui a pas trop laissé le choix. Une entité s’est formée en son sein pour la conduire – d’où a-t-elle pu venir ? « On a rendu Gaza monstrueux », dit Nadav Lapid. Qui est « on » ?
Sans avoir besoin de « terrorisme », « guerre » et « crimes de guerre » sont hélas très suffisants à dire les combles de l’horreur. Très suffisants aussi à dire les massacres abominables de civils. Si dans la guerre, qui est par principe tuerie, on a forgé sans pléonasme la catégorie de « crimes de guerre », c’est bien pour désigner des actes qui font passer à une chose atroce en soi d’autres paliers d’atrocité. C’est le moment de toute façon où il faut faire revenir l’économie générale de la violence : des crimes qui entraînent des crimes – des crimes qui ont précédé des crimes. L’acharnement à faire dire « terrorisme » ne satisfait que des besoins passionnels – et aucune exigence intellectuelle.
En réalité, « terrorisme » et « crimes de guerre » sont deux catégories qui ne cessent de passer l’une dans l’autre, et ne dessinent aucune antinomie stable. Hiroshima est, à la lettre, conforme à la définition ONU du terrorisme : tuer des civils qui ne sont pas directement parties à des hostilités pour intimider une population ou contraindre un gouvernement à accomplir un certain acte. A-t-on entendu parler de terrorisme pour la bombe d’Hiroshima ? Et pour Dresde ? – comme Hiroshima : terroriser une population en vue d’obtenir la capitulation de son gouvernement.
Mais pour ceux qui, dans la situation présente, en ont fait un point d’abjuration, « terrorisme » a une irremplaçable vertu : donner une violence pour dépourvue de sens. Et de causes. Violence pure, venue de nulle part, qui n’appelle rigoureusement aucune autre action que l’extirpation, éventuellement dans la forme relevée de la croisade : le choc des civilisations, l’axe du Bien, à laquelle il n’y a aucune question à poser. Il est vrai qu’ici nous naviguons en eaux vallsiennes où comprendre est contradictoire avec s’émouvoir, et vient nécessairement en diminution du sentiment d’horreur, donc en supplément de complaisance. L’empire de la bêtise, comme une marée noire, n’en finit plus de s’étendre.
La passion de ne pas comprendre
Surtout donc : ne pas comprendre. Ce qui demande un effort d’ailleurs, car l’évidence est massive et, avoir les yeux ouverts suffit – pour comprendre. Un peuple entier est martyrisé par une occupation, ça fait bientôt 80 ans que ça dure. On les enferme, on les parque à les rendre fous, on les affame, on les tue, et il n’est plus une voix officielle pour en dire un mot. 200 morts depuis dix mois : pas un mot – entendre : qui se comparerait, même de loin, aux mots donnés aux Israéliens. Des témoignages vidéos à profusion des crimes israéliens encore frais : pas un mot. Des marches palestiniennes pacifiques à la frontière, 2018, 200 morts : pas un mot. Des snipers font des cartons sur les rotules, 42 en une après-midi, pas mal : mais pas un mot – si : « l’armée la plus morale du monde ». D’anciens militaires de l’armée la plus morale du monde expriment le dégoût, l’inhumanité de ce qu’on leur a fait faire aux Palestiniens : pas un mot. À chacune des abominations du Hamas ce week-end, on en opposerait tant et plus commises par les militaires ou les colons – à peine quelques rides à la surface de l’eau. Les tragédies israéliennes sont incarnées en témoignages poignants, les tragédies palestiniennes sont agglomérées en statistiques. En parlant de statistique : on voudrait connaître la proportion des hommes du Hamas passés à l’attaque ce week-end qui ont tenu dans leurs mains les cadavres de leurs proches, des corps de bébés désarticulés, pour qui la vie n’a plus aucun sens – sinon la vengeance. Non pas « terrorisme » : le métal en fusion de la vengeance coulé dans la lutte armée. L’éternel moteur de la guerre. Et de ses atrocités.
En tout cas voilà le sentiment d’injustice qui soude le groupe. Une vie qui ne vaut pas une autre vie : il n’y a pas de plus haute injustice. Il faut être épais pour ne pas parvenir à se représenter ça – à la limite, même pas par humaine compréhension : par simple prévoyance stratégique. Qu’un martyre collectif soit ainsi renvoyé à l’inexistence, que les vies arabes se voient dénier toute valeur, et que ceci puisse rester indéfiniment sans suite, c’était une illusion de colonisateur.
Bloc bourgeois et « importation »
Maintenant le fait le plus frappant : tout l’Occident officiel communie dans cette illusion. En France, à un degré étonnant. On s’y inquiète beaucoup des risques d’« importation du conflit ». Sans voir que le conflit est déjà massivement importé. Bien sûr, « importation du conflit » est un mot à peine codé pour dire indifféremment « Arabes », « immigrés », « banlieues ». Mais le canal d’importation réel n’est pas du tout celui-là, il est sous nos yeux pourtant, large comme Panama, bouillonnant comme une conduite forcée : le canal d’importation-du-conflit, c’est le bloc bourgeois (Amable et Palombarini ©). Tout son appareil, personnel politique, éditocratie en formation serrée, médias en « édition spéciale », s’est instantanément déclenché pour importer. Pourquoi le point de fixation sur le terrorisme ? Pour la FI bien sûr – nous y revoilà. Cette fois-ci cependant avec un nouveau point de vue : le point de vue de l’importation intéressée. Le bloc bourgeois quand il fait bloc derrière Israël à l’extérieur saisit surtout l’occasion de faire bloc contre ses ennemis à l’intérieur.
Il faudrait ici une analyse de la solidarité réflexe du bloc bourgeois avec « Israël » (entité indifférenciée : population, Etat, gouvernement) et des affinités par lesquelles elle passe. Des affinités de bourgeois : le même goût de la démocratie frelatée (bourgeoise), la même position structurale de dominant (dominant national, dominant régional), les mêmes représentations médiatiques avantageuses, ici celles d’Israël comme une société bourgeoise (start-ups et fun à Tel Aviv). Tout porte le bloc bourgeois à se reconnaître spontanément dans l’entité « Israël », partant à en épouser la cause.
Et le bloc bourgeois français est plus israélien que les Israéliens : il refuse qu’on dise « apartheid » alors que des officiels israéliens le disent, il refuse de dire « Etat raciste » alors qu’une partie de la gauche israélienne le dit, et qu’elle dit même parfois bien davantage, il refuse de dire la responsabilité écrasante du gouvernement israélien alors qu’Haaretz le dit, il refuse de dire la politique continûment mortifère des gouvernements israéliens alors qu’une kyrielle d’officiers supérieurs israéliens le disent, il refuse de dire « crimes de guerre » pour le Hamas alors que l’ONU et le droit international le disent. Gideon Levy : « Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Palestiniens sans en payer le prix cruel ». Daniel Levy, ancien diplomate israélien à une journaliste de la BBC qui lui dit que les Israéliens sur le point d’annihiler Gaza « se défendent » : « Vous pouvez vraiment dire une chose pareille sans ciller ? Ce genre de mensonges ? » Le bloc bourgeois : « Israël ne fait que se défendre ». Il dit « Terreur » quand les Russes coupent toute ressource à l’Ukraine, il ne dit rien quand Israël coupe toute ressource à Gaza. Le bloc bourgeois vit un flash d’identification que rien ne peut désarmer.
Il le vit d’autant plus intensément que la lutte contre les ennemis du frère bourgeois au dehors et la lutte contre les adversaires du bloc bourgeois au-dedans se potentialisent l’une l’autre. C’est comme une gigantesque résonance inconsciente, qui prend toute son ampleur dans une situation de crise organique où le bloc bourgeois contesté est devenu prêt à tout pour se maintenir.
Le bloc regarde autour de lui, il ne se voit plus qu’un seul ennemi significatif : la FI. PS, EELV, PC, il a tout neutralisé, plus aucune inquiétude de ce côté-là, ces gens ne représentent aucun danger – quand ils ne sont pas de précieux auxiliaires. La FI, non. Une occasion se présente pour l’anéantir : ne pas hésiter une seule seconde. Comme avec Corbyn, comme avec Sanders, les affabulations d’antisémitisme, connaissaient déjà leur régime de croisière, mais une opportunité pareille est inespérée. Providentiel loupé inaugural de la FI : tout va pouvoir s’engouffrer dans cette brèche : le mensonge ouvert, la défiguration éhontée des propos, les sondages bidons sur des déclarations ou des absences de déclarations fabriquées, les accusations délirantes. La BBC s’abstient de dire « terroriste » mais la FI doit le dire. Des universitaires incontestables produisent de l’analyse sur les plateaux, mais la même analyse fournie par la FI est un scandale. La FI a une position somme toute fort proche de l’ONU, mais elle est antisémite. « Que cherche Jean-Luc Mélenchon ? A cautionner le terrorisme islamiste ? » s’interroge avec nuance La Nuance.
Cristallisation
La violence du spasme que connait la vie politique française n’a pas d’autre cause. L’événement a œuvré comme un puissant réactif, révélant toutes les tendances actuelles du régime, et les portant à un point que même les émeutes de juillet ne leur avaient pas fait atteindre. L’effet de catalyse est surpuissant. Crise après crise, la dynamique pré-fasciste ne cesse de prendre consistance et de s’approfondir. Le terme en a été donné par Meyer Habib député français d’extrême-droite israélienne : « Le RN est entré dans le camp républicain ».
Les moments de vérité recèlent toujours quelque avantage : nous savons désormais en quoi consiste le camp républicain. C’est le camp qui interdit le dissensus, qui interdit l’expression publique, qui interdit les manifestations, qui impose l’unanimité ou le silence, et qui fait menacer par ses nervis policiers tous ceux et toutes celles qui seraient tentés de continuer à faire de la politique autour de la question israélo-palestinienne. C’est le camp qui fait faire des signalements par des institutions universitaires à l’encontre de communiqués de syndicats étudiants, qui envisage tranquillement de poursuivre des organisations comme le NPA ou Révolution permanente, qui doit sans doute déjà penser secrètement à des dissolutions.
C’est bien davantage qu’un spasme en fait. Par définition, un spasme finit par relaxer. Ici, ça cristallise : une phase précipite. Et pas n’importe laquelle : catalyse totalitaire. « Totalitaire » est la catégorie qui s’impose pour toute entreprise politique de production d’une unanimité sous contrainte. L’intimidation, le forçage à l’alignement, la désignation à la vindicte, la déformation systématique, la réduction au monstrueux de toute opinion divergente en sont les opérations de premier rang. Viennent ensuite l’interdiction et la pénalisation. Témoigner du soutien au peuple palestinien est devenu un délit. Arborer un drapeau palestinien est passible de 135€ d’amende – on cherche en vain une base légale présentable. « Free Palestine » est un graffiti antisémite – dixit CNews, devenu arbitre des élégances en cette matière, signes de temps renversés où d’actuelles collusions avec des antisémites distribuent les accusations d’antisémitisme, et d’anciennes collusions avec le nazisme celles de nazisme. Sous l’approbation silencieuse du reste du champ politique et médiatique. Dans les couloirs de toute la galaxie Bolloré, on ne doit plus en finir de se tenir les côtes de rire, pendant qu’à LREM, à France Inter et sur tous les C Trucmuche de France 5, on prend la chose au tout premier degré. Le camp républicain, c’est le camp qui suspend la politique, les libertés et les droits fondamentaux, le camp soudé dans le racisme anti-Arabe et dans le mépris des vies non-blanches.
Le monde arabe, et pas seulement lui, observe tout cela, et tout cela se grave dans la mémoire de ses peuples. Quand la némésis reviendra, car elle reviendra, les dirigeants occidentaux, interloqués et bras ballants, de nouveau ne comprendront rien. Stupid white men.
Commentaire recommandé
Moi, ce qui me frappe dans l’histoire, c’est à quel point les va-t-en guerre sont mis en avant. J’aurais attendu des politiques, après l’attaque du Hamas, une condamnation claire de la violence de celle-ci, accompagnée d’une condamnation de la politique de Netanyahu qui en est une cause. Comme pour l’Ukraine, les partisans de la paix ne sont pas conviés à s’exprimer.
21 réactions et commentaires
Ok, bonne analyse de lordon dans cet article.
Mais le finir par une generalisation comme « stupid white men » alors que dans une grande partie de l’article il parle de « bourgeoisie »,c’est dommage.
C’est toujours plus facile de critiquer les autres que d’observer et corriger ses propres biais.
Question a 100 euros et gros piege: lordon et lfi seraient ils prets a accueillir les 2 millions de gazaouis en france?
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AlerterPetit clin d oeil pour une replique fameuse du film ‘dead man’ ..
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AlerterC’est plutôt à ceux qui permettent à Israël de vider la bande de Gaza qu’il faudrait poser la question. Car les Palestiniens sont plus que légitimes à être réfugiés. Normalement, si un des peuples Israélien ou Palestinien finit par demander l’asile, on devrait leur ouvrir grand les portes en France. Alors on les aide à trouver une solution ?
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AlerterLa dictature néo-libérale qui finit de mettre en place sous Macron ne peut plus tolérer le moindre dissensus. Au contraire, elle poursuit chacun d’entre eux afin d’asseoir son pouvoir en éradiquant la pensée indépendante, le libre examen, l’idée même de réfléchir qui doit, selon elle, être réservée au pouvoir de plus en plus totalitaire que la France se laisse imposer.
Techniquement, elle verra une forme d’apogée sous la botte des J.O. de 2024 et les législations d’exceptions que le pouvoir va y expérimenter. Socialement, elle se précipite à toute vitesse vers les exemples créés sous Trump et Biden aux USA.
1984 s’est trompé en mettant le totalitarisme dans un cadre socialiste alors qu’il ne peut avoir réellement lieu que dans un cadre de négation des humains ce que seul le capitalisme a déjà pu réaliser avec l’aide des dictateurs mis en place dans les années ’30 en Europe et tout au long du XXe siècle en Amérique Latine et avant cela sous le colonialisme et ses dizaines de millions de morts tel l’Inde sous la botte britannique où des recherches récentes l’évaluent à 50 à 100 millions de victimes.
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Alerter1984 ne mettait pas le totalitarisme dans un cadre socialiste exclusivement ; Orwell prenait soin de justement montrer un totalitarisme assez universel. Et il a eu raison : les régimes socialistes ont versé là dedans autant que des régimes capitalistes. Le goulag, les purges, les camps de rééducation, les révolutions, les privations de liberté, les éliminations physiques, les famines organisées pour palier les faillites économiques, cela ressemble assez bien au « cadre de négation des humains » que vous dénoncez. De mon point de vue, le néolibéralisme promeut aussi un tel cadre en promettant de libérer l’individu, isolé et centré sur lui, donc fragilisé face à une oligarchie. Vous avez raison aussi sur le caractère de plus en plus autoritaire du pouvoir en France et ailleurs, avec des expériences hallucinantes sur des citoyens qui se laissent faire, mais j’ai du mal à reconnaître du libéralisme dans le gouvernement français actuel, hormis sur cette exaltation du nombril, très boomer
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AlerterJe pense que si John Doe dit que l’œuvre d’Orwell met en scène le socialisme, c’est parce que « Le Ferme des Animaux » le fait sans ambiguïtés. Mais je peux me tromper.
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AlerterMoi, ce qui me frappe dans l’histoire, c’est à quel point les va-t-en guerre sont mis en avant. J’aurais attendu des politiques, après l’attaque du Hamas, une condamnation claire de la violence de celle-ci, accompagnée d’une condamnation de la politique de Netanyahu qui en est une cause. Comme pour l’Ukraine, les partisans de la paix ne sont pas conviés à s’exprimer.
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AlerterOn peut condamner tant qu’on veut, « avec la plus grande fermeté » comme il se doit, ça ne changera rien à rien, malheureusement. Ni le Hamas ni le régime Netanyahu n’ont la moindre intention de tenir compte des condamnations d’où qu’elles viennent. Comme disait Staline : Le Vatican, combien de divisions ?
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AlerterL’intérêt de cette double condamnation est de renvoyer les belligérants dos à dos pour leur faire cesser leurs vengeances réciproques et les pousser à la paix. Comme pour l’Ukraine, l’occident prend ouvertement parti et n’appelle donc pas à la paix. Comme l’Ukraine, la Palestine n’est qu’un épisode de la guerre mondiale qui n’a jamais vraiment cessé depuis 1914 pour le contrôle de la mondialisation. Aujourd’hui les acteurs de la guerre sont l’occident (USA +UE), la Russie, la Chine et certains pays musulmans. Les occidentaux sont sans doute les plus à craindre parce qu’ils ont l’impression de passer tout près de la victoire totale.
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AlerterD’apres Lordon, LFI aurait fait l’erreur de passer a l’analyse sans passer par la case « compassion » .
Le »« terrorisme » est une catégorie hors-politique » ?
Mais pourtant, LFI n’avais pas cette pudeur en 2018 vis a vis de Stéphane Poussier (ils déclaraient porter plainte contre ce cadre LFI pour applogie du terrorisme). « Affaire Beltrame.
« J’ai toujours condamné en toutes circonstances le meurtre. J’ai toujours condamné les assassins, les actes terroristes. J’ai toujours condamné l’islamisme politique », » disait-il. En 2017 quand une élue PCF Zoé Desbureaux avait qualifié le meurtrier de martyr (attentat Gare Saint-Charles).
Mieux : Melenchaon n’avais pas de scrupule a utiliser ce terme pour qualifier de terrorisme l’extreme droite (tweet du 19 avril 2018).
Mot-impasse ou hypocrisie ? Quoi qu’on en pense il est manifeste que l’analyse de Lordon est completement fausse.
La passion de ne pas pas comprendre… tellement juste en revanche.
+3
AlerterLordon se montre capable d’excellentes analyses ; son problème vient de ce qu’il a décidé de mener un combat politique mais depuis sa chaire d’analyste justement. Ça ne va pas : s’il veut produire de l’analyse, fort bien, mais elle doit rester rigoureuse et non devenir un outil de combat en soi car alors elle perd tout intérêt ; s’il veut faire de la politique, fort bien aussi, mais qu’il tombe le masque hypocrite de l’analyste. Alors, certes, il opposera que le système électoral ne permet rien à des gens défendant ses idées, et que même s’il le permettait, la population n’y entendrait rien, engluée dans ses réflexes pilotés par la propagande. Il s’agit d’arguments non dénués de fondements, mais surtout, bien confortables…
+3
AlerterPresque. Sauf que l’idée de l’analyste impartial n’existe pas, c’est un héritage du scientisme qui deborde dans le domaine des science humaine de maniere maladroite et sers d’argument d’autorité. Lordon ne peut l’ignorer. L’analyse, c’est a dire la décomposition des affaires humaines de maniere a les classer pour mieux les comprendre se fait toujours a travers une grille de lecture, qui elle s’appuie necessairement sur un parti pris politique, philosophie et antropologique. Comme ici, quand il decide sciement d’introduire et de justifier le déroulé de sa pensée sur une myopie volontaire afin de signifier qu’il partage globalement la position de LFI, tout refusant de l’assumer publiquement car trop risqué. Il reproche a LFI de ne pas avoir été suffisament hypocrite vis a vis du systeme mediatique. La est l’hyprocrisie : quand on la justifie a coup d’analyse. Il en appel a la dissimiluation et a la duplicité, rien que ça. Vu le contexte du conflit actuel, on se demande quel type de préjugés et d’opinion cela traduis vis a vis du systeme médiatique « bourgeois » . Comme disait Aron, « »C’est un de ces conflits où inévitablement la prise de position est affective ». Il a oublié de preciser que cela ne concernais que les sincères. Les autres agissant par calcul. Lordon et LFI sont-il sincère ? on a le devoir d’en douter.
+4
AlerterCe texte amphigourique prétend nous dire en fin de compte que quand le terroriste a de « bonnes raisons » d’user de méthodes terroristes, il ne s’agit plus de terrorisme, et que s’il venait à la rue arabe du Moyen orient ou d’Europe l’envie de violenter les « stupid white men », elle en aurait le droit pourvu qu’elle ait de « bonnes raisons ». On n’est pas des bêtes quand même. On a de « bonnes raisons ». Ouf. Ça va alors. Mais au fait qui donc va décerner le label de « bonnes » aux raisons de la violence ? Leurs auteurs ? Ceux-là ont depuis la nuit des temps une fâcheuse tendance à trouver leurs motifs toujours excellents. Alors qui ? Des initiés à la subtile notion de « bonnes raisons » ? Quelque omniscient autoproclamé ? Allons, nul besoin d’entortiller avec vice les faits : si des attaques contre les casernes de Tsahal relèveraient de la guerre, envoyer des hommes armés canarder des festivaliers désarmés ou des bébés munis de biberons et de hochets, non. Et que le gouvernement interdise des manifestations de manière abusive n’y change rien. Bref, après avoir sacrifié les classes ouvrières à ses desseins, le white man de l’intelligentsia bourgeoise d’extrême gauche veut embrigader les musulmans, en feignant d’en épouser ce qu’il croit leur cause, pour qu’ils lui servent de chair à canon pour sa révolution menée pour de « bonnes raisons « , les siennes. En clair, ses intérêts.
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Alerter« Quand la némésis reviendra… les dirigeants occidentaux… de nouveau ne comprendront rien. » Quand F.Lordon comprendra-t-il que son parler d’intellectuel bourgeois ne permet pas aux « simples citoyen-ne-s » (entendez: ceux et celles qui n’ont pas dépassé le degré d’enseignement obligatoire, y compris de nombreux « dirigeant-e-s ») de comprendre son point de vue, sur n’importe quel sujet?
N’est-ce pas le devoir de ceux et celles qui savent quelque chose, sources à l’appui, de la faire savoir au plus grand nombre?
Hier, au Festival des Libertés à Bxl, lors d’un débat sur « Porto Alegre, 20 ans plus tard », Aminata Dramane Traoré (ancienne ministre de la Culture du Mali) disait que le drame de l’Afrique, c’est l’ignorance (la connaissance étant remplacée par la publicité, le désir des populations, en particulier des jeunes, ne se porte plus que sur ce qu’il leur est proposé de consommer, a-t-elle développé).
Là-bas comme ici(depuis la fin de la seconde guerre mondiale), les mots et les images ne sont plus utilisés que pour convaincre, et non pas pour expliquer.
+16
AlerterChose curieuse, M. Lordon n’utilise pas une seule fois le terme de résistance. Pourtant, terrorisme et résistance vont de pair, tout dépend le point de vue. Les travers de notre Histoire rappellent aussi que terrorisme rime avec collaboration, résistance avec libération et retournement de veste avec pouvoir.
Par ailleurs, la couche d’injonction peut sembler superflue, d’autres exemples montrent qu’il n’en est rien.
+10
AlerterMélenchon n’a pas fait d’erreur, il s’est placé d’entrée au dessus des querelles picrocholine au regard de cette tragédie, des enjeux en cours, et des conséquences qui suivent.
Quoiqu’il aurait dit, toute la macronie et les embouchés des trompettes médiatiques auraient trouver à redire sur ses propos.
Ce qu’il ya de remarquable dans tous ça, c’est un certain éclairement sur LFI, certain se révélant tel qu’ils sont en fait ( Corbière, Garrido, Ruffin) et qui vont finir par pactiser avec ce qui se veut encore de gauche mais qu’i n’est plus qu’une chose molle et informe.
Quand à Lordon, ici, j’ai la désagréable impression qu’il tente de faire du « enmêmetemps »
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AlerterDans l’usage qui en est fait habituellement, ‘terroriste’ et ‘résistant’ sont des synonymes. C’est pourquoi lorsqu’il écrit sur la ‘Résistance’ un ouvrage comme ‘Le sang des communistes’ un historien comme Jean-Marc Berlière peut s’appuier sur le fichier policier des ‘terroristes’. La dénotation est objective, la connotation subjective, et l’écart entre les deux mots est de connotation mais pas de dénotation. Le choix de l’un plutôt que de l’autre indique seulement le choix d’un camp. Il faudrait une définition objective du ‘terrorisme’, qui est possible dans le champ de la technique militaire : une action de guerre consistant à influencer les décisions stratégiques de l’ennemi non directement par son effet matériel mais par l’effet moral de son effet matériel, ou même simplement par sa possibilité. Dans ce sens, tous les états modernes ont le terrorisme dans leur carquois, et en particulier la doctrine anti-cités de notre force de dissuasion nucléaire est essentiellement terroriste. L’acte terroriste paradigmatique est Hiroshima et la campagne terroriste la plus marquante dans les temps récents est celle contre la Yougoslavie, tandis que nos islamistes sont de très petits joueurs.
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AlerterJ’aimerai savoir si Monsieur Lordon est personnellement victime de cette catalyse totalitaire … Ce qui permettrait de mieux comprendre de quel balcon il parle. Des détails factuels seraient les bienvenus à moins qu’il encourt un risque réel a les produire.
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AlerterDu très bon Lordon. Je n’en reviens pas tant j’ai été déçu par sa logorrhée d’intellectuel. Là, il vise juste, et il parle directement et sans circonlocution. Il n’y a que les trois derniers mots qui sont de trop, les mots en angliche.
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AlerterC’est quand même un peu sidérant d’ergoter sur ces mots… comme si on avait débattu pour nommer Auschwitz comme camp de travail, ou camp de déportation, ou centre d’extermination. Ce qu’a fait le Hamas, c’est semer la terreur, donc c’est du terrorisme. Le reste, c’est de la logorrhée pour occidental oisif
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AlerterDans l’article : « A-t-on entendu parler de terrorisme pour la bombe d’Hiroshima ? Et pour Dresde ? – comme Hiroshima : terroriser une population en vue d’obtenir la capitulation de son gouvernement. »
Pour Jean Lopez, » le Japon n’a pas capitulé à cause d’Hiroshima » mais parce qu’aussi l’URSS est entré en guerre contre le Japon et était à sa porte ; il préféra capituler face aux Etats-Unis. https://www.dailymotion.com/video/x39ru2w
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