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19.février.201319.2.2013 // Les Crises

[Réforme bancaire] Ces banques françaises qui spéculent sur la faim, par Oxfam France

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Petit papier reprenant l’excellent rapport de l’ONG Oxfam France qui lutte contre la spéculation sur les produits agricoles…

CES BANQUES FRANÇAISES QUI SPÉCULENT SUR LA FAIM

Les marchés agricoles et alimentaires se financiarisent de manière spectaculaire. Les spéculateurs financiers occupent aujourd’hui 65% de ce marché ; tandis que les producteurs et commerçants physiques en constituent seulement 35%. Cette spéculation participe à l’augmentation de la volatilité et de la hausse tendancielle des prix des denrées avec les conséquences dramatiques que l’on connait pour les populations les plus vulnérables. Oxfam France montre avec ce rapport que de nombreuses banques françaises contribuent à cette spéculation.

Oxfam France établit ici un classement des différentes banques françaises qui spéculent le plus sur les matières premières. En 2012, les banques françaises possédaient au moins 18 fonds participant à la spéculation sur les produits dérivés des matières premières, pour une valeur de près de 2,6 milliards d’euros. La BNP Paribas possède à elle seule plus de la moitié de ces fonds. La plupart ont été créés depuis la crise alimentaire de 2008.

Les marchés de matières premières agricoles, désormais considérés comme rentables par les spéculateurs, se financiarisent en effet massivement, et entrainent régulièrement des pics de prix alimentaires tels que ceux qu’on a pu observer en 2008, 2010 et 2012. Entre février 2005 et février 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 83%, enregistrant des hausses records de 191% pour des denrées de base comme le blé. Ces violentes fluctuations des prix touchent sévèrement les ménages les plus pauvres des pays du Sud, qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leur budget à l’alimentation.

Et pourtant, dans la réforme bancaire présentée par le gouvernement au Parlement français en février 2013, rien ne garantit que les activités spéculatives concernant les matières premières agricoles cessent.

Oxfam France demande que soient interdites les activités d’investissement dans des fonds indiciels de matières premières agricoles, ainsi que l’établissement de contrats spéculatifs sur les marchés dérivés de matières premières agricoles. Oxfam France demande également aux banques et aux investisseurs institutionnels de publier le détail de l’ensemble de leurs investissements sur les marchés agricoles.

Source : Oxfam

TÉLÉCHARGEZ LE RAPPORT OXFAM

Le rapport est disponible en cliquant ici ou sur l’image.

Nos banques universelles sont à l’honneur :

Oxfam France lance le 12 février une nouvelle campagne intitulée Banques : la faim leur profite bien. Cette campagne, qui durera jusqu’en juin 2013, vise à interpeller les PDG des grandes banques françaises afin qu’ils mettent fin aux activités bancaires qui nuisent à la sécurité alimentaires des populations du Sud.

BANQUES : LA FAIM LEUR PROFITE BIEN

Près d’une personne sur huit souffre encore de la faim dans le monde : notre système alimentaire ne fonctionne pas ! La campagne CULTIVONS d’Oxfam analyse les causes et propose des solutions pour remédier à cette insécurité alimentaire mondiale.

De nombreuses causes sont en jeu mais Oxfam a identifié deux phénomènes qui jouent un rôle déterminant : les pics de prix alimentaires qui empêchent d’accéder à la nourriture, et les accaparements de terre, qui privent les paysans de leurs moyens d’existence.

A qui la faute ? Aux États bien sûr, qui doivent jouer leur rôle de régulateurs mais aussi aux banques !

Spéculation sur les matières premières agricoles comme si l’agriculture était un marché virtuel, prêts bancaires aux plus gros producteurs européens d’agrocarburants, ou fonds destinés à être socialement responsables qui s’avèrent aussi peu éthiques que les autres : les recherches menées par Oxfam France ont montré la responsabilité des banques françaises, et en particulier de BNP Paribas, Société générale et Crédit agricole dans cette situation.

Envoyez l’email ci-dessous aux PDG de ces trois banques pour leur rappeler leur responsabilité ! Et si vous êtes client-e de l’une d’elles, n’hésitez pas à leur dire, votre banque vous doit des comptes !

Envoyez ce mail à la BNP Paribas, la Société générale et au Crédit agricole :

Monsieur le directeur général,
Certaines banques, dont la vôtre, mènent des activités qui affectent la sécurité alimentaire dans les pays du Sud et mettent en péril le droit à l’alimentation des populations vulnérables.
C’est pourquoi je vous demande :

  • de mettre un terme aux activités spéculatives de votre banque sur les marchés de produits dérivés de matières premières agricoles ;
  • de cesser l’octroi de nouveaux prêts à des entreprises qui produisent des agrocarburants ou qui sont accusées d’avoir accaparé des terres ;
  • de retirer des fonds ISR (Investissement socialement responsable) les entreprises qui produisent, transforment, commercialisent ou financent des agrocarburants ou qui ont été accusées d’avoir accaparé des terres.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, mes sincères salutations.

Source : Oxfam

17 réactions et commentaires

  • Seb // 19.02.2013 à 08h08

    Spéculer sur le blé sur les futures (incl. options et warrants) est questionnable si il n’y a en effet aucune intention de prendre livraison à terme, mais un fond qui irait investir dans des sociétés agricoles c’est plutôt positif non? Si l’agriculture à plus de moyens pour ce developper moins de gens auront faim il me semble.

    Même si le fond réplique un index tant qu’il et long détient le sous-jacent il participe au financement de l’entreprise. Les fonds cités sont-ils réellement spéculatif? Celà signifie-t’il que le capital ne dois pas financer l’agriculture?

    Je ne dis pas qu’il faut spéculer sur la nourriture au détriment des pauvres, mais si on fait l’amalgame que se passera-t’il si l’économie ne vient pas allouer les fonds nécessaires au dévellopement de l’agriculture?

    Faut-il nationaliser les activités agricoles?

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  • Acrithene // 19.02.2013 à 08h25

    Encore que sur les agrocarburants on voit rapidement l’argument, que pour la « spéculation » on dirait du Paul Jorion, c’est-à-dire du vent du bien-pensant.

    Il faudrait expliquer en quoi la « spéculation » est un problème.

    Comme le disait justement Adam Smith dans ses Lectures on Jurisprudence, on peut réguler les prix des matières premières comme on veut, seule la quantité de grains fait qu’on meurt de faim ou non, au final. Et empêcher les prix de monter, c’est juste risquer de cacher aux acteurs du marché une opportunité de profit à produire la matière première qui fait défaut.

    Et c’est triste à dire, mais dans beaucoup de pays c’est la démographie qui s’adapte à la limite agricole, et non l’inverse.

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    • Dam // 19.02.2013 à 10h50

      Il faudrait expliquer en quoi la “spéculation” est utile.

      Et non, l’argument de la liquidité ne fonctionne pas sur un marché en sous-production.

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      • chris06 // 19.02.2013 à 17h17

        @Dam,

        La spéculation est utile car un marché illiquide est un marché où le bid to ask spread devient prohibitif et rend les marchés inefficaces.
        La spéculation est utile car producteur et utilisateur final n’ont pas forcément les mêmes préférences temporelles, le producteur cherchant a financer sa production X mois avant de pouvoir la livrer et l’utilisateur final cherchant à lui payer Y mois après la livraison.

        C’est tout ou vous voulez d’autres explications de l’utilité de la spéculation?

        Au fait, que veut dire « l’argument de la liquidité ne fonctionne pas sur un marché en sous-production », ça mérite explication, non?

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        • samuel // 19.02.2013 à 23h08

          La spéculation est utile 🙁 , pour avoir droit à une part de la valeur, soit un acteur apporte de la valeur ajouté, soit il apporte un financement sur un temps long (prêt), sinon c’est du parasitisme économique.
          La liquidité n’offre de la trésorerie qu’à ceux qui en ont, celui qui veut un contrat à terme à 6 mois d’intervalle aura un prix d’environ 10 euros de moins que celui qui vendra le jour même, il peux aussi acheter une option qui aura un coût en fonction du risque prix (donc moins de trésorerie).
          Cela n’a l’air de rien mais un producteur sans trésorerie (qui ne peut pas passer par une banque) perd 5 à 10% de son chiffre d’affaire pour ce couvrir, à l’inverse le producteur ayant de la trésorerie (au hasard héritier ou vieux) gagnera 5 ou 10% de plus en vendant le jour même pour un contrat qu’il livrera dans 6 mois. C’est énorme alors qu’il y a quelques années les prix avec l’intervention européenne était quasiment les mêmes sur une année (avec une légère plus valu pour le stockage), aujourd’hui le même positionnement de prix peut donner un écart de 20% de recette entre un producteur riche ou pauvre (dans nos contrés y à pas vraiment de pauvres céréaliers) et je parle d’un même positionnement prix, si le pauvre ne bénéficie pas des informations permit par la « transparence » des marchés l’écart est bien supérieur.
          Et sinon Chris06, tu as crée combien de valeur ajouté dans ta vie, pour justifier un tel écart entre le même travail d’un riche ou d’un pauvre producteur?

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    • bizbee // 19.02.2013 à 11h00

      « Et c’est triste à dire, mais dans beaucoup de pays c’est la démographie qui s’adapte à la limite agricole, et non l’inverse. »

      sources?

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    • celimen // 19.02.2013 à 14h19

      Raisonnement de riche…
      Comme il est écrit dans le document, la spéculation amplifie la volatilité des prix. Que des traders gagnent ou perdent de l’argent sur ces mouvements on s’en ficherait à la limite si c’était sur des actions du CAC40, mais là derrière il y’ a des populations qui n’ont même pas les moyens de stocker en cas de hausse rapide, et ne parlons même pas de se couvrir avec des dérivés…
      On vous suivrai plus volontiers sur le signal fort du prix en tendance (mais surtout pas en volatilité, qui est assassin, n’ayons pas peur des mots…) pour réaliser des investissements productifs pour le plus grand bénéfice de chacun, mais même là j’ai des doutes: il serait sans doute hautement préférable de réaliser des vrais investissements productifs dans des « fermes » ou des machines agraires etc… plutôt que des investissements sur telle ou telle quantité de blé, non?
      De plus il me semble qu’il y’a une contradiction « physique » sur l’horizon de placement de ces « investisseurs »: le temps de l’agriculture, c’est long!

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    • celimen // 19.02.2013 à 14h39

      Un autre article intéressant, d’Eric Benhamou, éditorialiste à La Tribune, le 23/06/2011
       »
      Prix agricoles : forts indices de spéculation
      Les études sur l’impact de la spéculation sur la hausse des prix agricoles sont souvent contradictoires. Mais l’inquiétude grandit sur la montée en puissance des fonds indiciels, qui nuirait au bon fonctionnement des marchés à terme.
      A l’initiative de la France, un G20 de l’agriculture – une première – se réunit depuis mercredi soir pour tenter de trouver des solutions visant à assurer une meilleure stabilité des prix agricoles. Un sujet devenu très sensible depuis la flambée du prix du blé l’été dernier mais qui est, en réalité, récurrent depuis le premier « pic » des prix agricoles en 2007. La question de la volatilité renvoie naturellement à celle de la spéculation, encore plus difficile à débattre, car mal comprise et souvent assimilée aux marchés à terme. Or ces derniers sont indispensables à double titre : ils permettent aux producteurs de se couvrir contre les variations de prix et ils reflètent les anticipations de prix au comptant. Ils constituent donc une source de liquidité et d’information capitale.
      Tout le problème est que les frontières entre couverture et spéculation s’estompent et c’est dans ce flou académique que les politiques se sont emparés du sujet de la spéculation en prenant bien soin de traiter le sujet… plus tard. Car, curieusement, cette question, qui concentre l’essentiel de la controverse sur les prix agricoles, ne sera pas au menu de ce G20 mais tout juste évoquée dans la déclaration finale. Quels sont, en effet, les termes du débat ? Dans sa vision simpliste, il oppose ceux pour qui le « physique » de l’offre et la demande explique l’envol et la volatilité des prix à ceux qui pensent que la spéculation est seule responsable, comme en témoigne le poids croissant des fonds indiciels sur les marchés de matières premières. La controverse est en fait aujourd’hui plus nuancée : les uns reconnaissent une corrélation entre fonds indiciels et volatilité sans démontrer un lien de causalité et les autres admettent le rôle d’amplification des marchés dérivés en soulignant que ce sont toujours des facteurs « physiques » qui sont à l’origine des mouvements de prix. C’est la position de la France.
      Malheureusement, les études empiriques sur l’influence des dérivés sont bien souvent contradictoires et les méthodologies contestables.
      Mais un consensus émerge peu à peu en faveur d’une responsabilité (à définir) de la spéculation dans la hausse des prix agricoles. Les critiques semblent se focaliser sur le rôle des fonds indiciels et même les organisations internationales (FAO, OCDE) ont retenu à maintes reprises un lien de causalité entre la montée en puissance des fonds indiciels et la montée des prix. Le minikrach de mai dernier en serait d’ailleurs un nouveau témoignage. Dès lors, on peut légitimement s’interroger sur ces fonds indiciels, qui traitent les matières agricoles comme un actif financier parmi d’autres. En cinq ans, ces actifs qui répliquent des indices ont été multipliés par 25, atteignant plus de 300 milliards de dollars. L’objectif de ces indices, constitués par de grandes banques d’investissement pour leurs clients institutionnels, n’est évidemment pas de se couvrir contre une variation des prix, l’investisseur n’ayant aucune obligation de livraison physique. Il s’agit, pour le fonds indiciel, de revendre un contrat à terme avant son échéance et d’acheter un nouveau contrat à l’échéance suivante pour maintenir son exposition sur l’actif sélectionné.
      Ce mécanisme de « roll over » (reconduction de contrat) est au coeur de la spéculation des matières premières. Il permet en effet de conserver une position plusieurs mois, voire plusieurs années, sans lien véritable avec les fondamentaux physiques du marché. Les produits agricoles représentent certes à peine 10% des fonds indiciels de matières premières. Mais les sommes drainées dans ces fonds sont telles qu’elles peuvent aisément étouffer le marché des produits agricoles (40 milliards de dollars), qui représente lui-même un faible pourcentage des productions (seul 15% du blé produit est échangé sur le marché). Une simple variation à la marge suffit à décaler les cours. Autre problème, ces fonds détiennent des positions longues (spéculation à la hausse), une asymétrie qui nuit au bon fonctionnement d’un marché.
      Enfin, les paniers d’indices, qui sont des agrégats de plusieurs matières premières, ne peuvent plus remplir la fonction propre à un dérivé « d’anticipation » d’un prix. Les marchés dérivés deviennent peu à peu des boîtes noires aux mains des grandes banques. Surtout, comme l’a montré une enquête du Sénat aux États-Unis, les banques développent toute une palette d’instruments financiers complexes (swaps d’indices, ETF…) qui faussent également la fonction d’information du prix à terme. Or, cette distorsion de l’information circule de plus en plus vite et de plus en plus loin, au risque de désorganiser toute la filière, de la production à la distribution. Cette puissance décuplée risque ainsi s’assujettir le monde agricole à la finance. L’agriculture a besoin des marchés à terme mais pas nécessairement des fonds indiciels, nouvelle source d’instabilité.
      « 

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  • KYI // 19.02.2013 à 09h39

    La faim justifie donc leurs moyens …

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  • Hctaib // 19.02.2013 à 15h18

    Reste un problème majeur, pour le particulier un tant soit peur éthique, de où placer son argent aujourd’hui ?

    Je suis au Canada et ici pas de livret A ou LDD. Quand on s’adresse à une banque les « produits » d’épargnes sont :
    – Des fonds actions, à rendement quasi nul et au risque grand.
    – Des fonds d’obligations, à rendement quasi nul et au risque de défaut qui ne va qu’en grandissant.
    – Des fonds éthiques dont on peu lire qu’ils ne sont pas si éthiques que ca ( 🙁 ).
    – Des fonds un peu plus performants mais qui font du HFT.

    Bref aucune solution pour placer son argent hormis l’or ou l’argent mais dont on dit qu’il y a une bulle…

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    • Tikehau // 20.02.2013 à 19h14

      Je dirais qu’il est éthique de dépenser l’argent fruit de son travail. C’est d’ailleurs sa fonction première. Personnellement, sans aucunes illusions, j’en reste là.

      On reparlera ensemble de l’épargne et de ce qu’il en restera après le collapsus général du système bancaire mondial qui ne peut, certitude mathématique absolue, que se produire.

      Le système monétaire génère rareté et cherté des moyens monétaires pour les agents économiques créateurs de richesses alors que le QE infini est son alter ego dans les banques chargées de créer la monnaie.

      Vous croyez que c’est viable ?

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  • celimen // 19.02.2013 à 15h19

    Pour ceux que cela intéresse, nos politiques tellement honnis ont tout de même bossé sur le sujet (espérons que ce travail continue sur sa lancée…):

    – octobre 2011: Rapport d’information déposé (…) par la commission des affaires économiques sur le prix des matières premières sur http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3863.asp
    (gros rapport de 242p mais vous avez un beau sommaire pour accéder aux sous-sujets qui vous intéressent le plus…)

    Présentation:
    « Prix du baril de pétrole, du gaz naturel ou encore des matières premières agricoles telles que le blé, les principales matières premières ont toutes connu, au cours de la décennie 2000, une hausse importante des cours, qui s’est conjuguée à une très forte volatilité, à la hausse comme à la baisse. Le présent rapport d’information a pour objet de participer à la réflexion menée dans le cadre de la présidence française du G20 sur l’amélioration du fonctionnement des marchés de matières premières et sur les moyens de mettre fin à l’excès de volatilité des cours.  »

    – Juin 2010: Rapport du Centre d’analyse stratégique: Les cessions d’actifs agricoles à des investisseurs étrangers dans les Pays en Développement sur http://www.strategie.gouv.fr/content/rapport-les-cessions-d%E2%80%99actifs-agricoles-des-investisseurs-etrangers-dans-les-pays-en-devel-0

    Présentation:
    « Ce rapport commandé par Nathalie Kosciusko-Morizet au Centre d’analyse stratégique a pour objectif de proposer un cadre plus transparent à ces transactions et des règles pour s’assurer qu’elles s’accompagnent de progrès sociaux pour les pays « vendeurs ». Alors que l’industrie européenne de l’agro-alimentaire prévoit de consacrer une grande partie de ses investissement en dehors de l’Union, les différentes solutions envisagées permettront d’apporter un éclairage nouveau à destination des pouvoirs publics comme des instances européennes.

    Plus d’un milliard d’êtres humains souffrent aujourd’hui de la faim dans le monde. La crise alimentaire de 2008 a encore assombri ce tableau faisant sombrer dans la faim et la pauvreté chroniques, selon les termes mêmes du directeur général de la FAO, quelque 100 millions de personnes de plus par rapport à 2007. Alors que la population mondiale, estimée en 2010 à 6.8 milliards d’individus, devrait atteindre 9 milliards d’ici 2050, la sécurité alimentaire s’impose au cœur des grands défis de ce siècle et replace sur le devant de la scène la question des cessions d’actifs agricoles à des investisseurs étrangers.

    Afin de garantir leurs approvisionnements, nombre de pays ont adopté des stratégies offensives d’acquisitions de terres arables hors de leurs frontières, en particulier dans les Pays en développement (PED) et Pays les moins avancés (PMA), pour lesquels ces investissements doivent se traduire par des opportunités de développement.

    Or, l’absence de gouvernance foncière dans la plupart des pays « hôtes », notamment sur le continent africain, comme de code permettant d’encadrer et de réguler ces transactions peuvent avoir des conséquences dramatiques sur les populations locales. La spoliation des terres, l’augmentation du prix des denrées alimentaires ou encore la pollution de l’environnement en sont les risques majeurs. A ces menaces bien concrètes s’ajoute également le risque de dérive spéculative sur les terres arables.
    Nourrir 9 milliards de personnes en 2050 impose d’actionner deux leviers :

    accroître la production agricole mondiale de 70%, selon les estimations de la FAO, ce qui suppose d’augmenter fortement les investissements dans l’agriculture, en particulier dans les PMA et PED.
    Permettre aux plus pauvres d’accéder à la nourriture. Les investissements agricoles dans les PMA et PED sont donc amenés à se développer très fortement. La crise financière récente nous l’a montré : plutôt que d’être un jour contraints à moraliser en urgence les dérives potentielles d’un système, il vaut mieux le réguler en amont. C’est pourquoi il nous incombe de mettre en place une régulation des phénomènes de cessions agricoles.

    Elle pourrait s’appuyer sur deux principes :

    Un apport de capital massif dans les filières agricoles des pays du Sud est indispensable pour nourrir huit milliards d’êtres humains en 2030. Il faut donc augmenter les investissements et les sécuriser : l’absence de cadre foncier reconnu dans une grande partie des Etats africains est une source majeure de risque pour les investisseurs ;
    mais ces investissements ne seront cependant acceptables que s’ils sont réalisés de manière responsable. Nombre de PED et de PMA font le choix de céder des terres agricoles à des entreprises et Etats étrangers, alors même que certains n’arrivent pas, à nourrir leur population Les investissements devront donc être accompagnés d’une concertation transparente avec les parties prenantes locales.

    Cette démarche de responsabilité pourrait conduire à la création d’un label « Agro Investissement Responsable ». Ce dernier devrait diminuer les risques de long terme associés au projet et permettre aux investisseurs d’obtenir de meilleurs taux d’emprunt. De plus, la publicité de ce label auprès des consommateurs pourrait favoriser la vente des produits correspondants.

    Elle devrait également s’appuyer sur les institutions internationales qui réfléchissent activement sur ce sujet et sur une action déterminée de l’Union européenne et de la France pour aider les pays hôtes à négocier avec les investisseurs. »

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