Source : Consortium News, Chris Hedges
Assange et Wikileaks nous ont ouvert les coulisses du fonctionnement d’un empire – ce qui est le rôle le plus essentiel de la presse – et pour cette raison, ils sont devenus la proie de l’empire, écrit Chris Hedges de Thruthdig.
L’arrestation de Julian Assange, jeudi, fait voler en éclat toute affirmation de la primauté de la loi ainsi que les droits d’une presse libre. Les violations du droit assumées par les gouvernements équatorien, britannique et américains dans l’interpellation de Julian Assange sont de funeste augure. Elles nous prédisent un monde dans lequel les mauvais fonctionnements internes, les abus, la corruption, les mensonges et les crimes, particulièrement les crimes de guerre, commis par les états au service du capital et les élites dirigeantes mondiales seront dissimulés au public. Elles nous prédisent un monde dans lequel celles et ceux qui ont le courage et la probité de dévoiler les abus de pouvoir seront traqués, torturés et soumis à des simulacres de procès pour finir leurs jours à l’isolement au fond d’une prison. Enfin, elles nous prédisent une dystopie orwellienne qui verra les actualités remplacées par la propagande, les futilités et les divertissements. Je crains que l’arrestation de Julian Assange ne marque la naissance officielle du totalitarisme des multinationales qui conditionnera dorénavant nos vies.
En vertu de quelle loi le président équatorien Lenin Moreno a-t-il capricieusement mis un terme au droit d’asile accordé à Julian Assange en tant que réfugié politique ? En vertu de quelle loi Moreno a-t-il autorisé la police britannique à entrer dans l’ambassade équatorienne – territoire souverain selon les accords diplomatiques internationaux – pour y arrêter un citoyen naturalisé équatorien ? En vertu de quelle loi la première ministre britannique Theresa May a-t-elle pu donner l’ordre à la police britannique de se saisir de Julian Assange, alors qu’il n’a jamais commis de crime ? En vertu de quelle loi le président Donald Trump a-t-il pu exiger l’extradition d’Assange, alors qu’il n’est pas citoyen des États-Unis et que son organisme de presse n’est pas domicilié aux États-Unis ?
Je suis convaincu que les avocats des gouvernements procèdent très habilement pour faire ce qui est devenu de rigueur dans un état au service des entreprises, utiliser des arguments juridiques spécieux pour mettre en pièce des droits fondamentaux consacrés par des décrets de justice. Et voilà comment nous avons un droit à la vie privée sans vie privée. Voilà comment nous avons des élections « libres » financées par l’argent de compagnies privées, relayées par des médias privés complaisants et qui sont sous le contrôle de fer de ces compagnies. Voilà comment nous avons un système législatif dans lequel les lobbyistes d’entreprise rédigent les lois que les politiciens liés à ces entreprises votent. Voilà comment nous avons droit à une justice équitable sans justice équitable. Voilà comment nous avons un gouvernement – dont la responsabilité première est de protéger les citoyens – qui donne l’ordre de faire exécuter ses propres citoyens comme le religieux fondamentaliste Anwar al-Awlaki et son fils de 16 ans. Voilà comment nous avons une presse qui a légalement le droit de diffuser des informations classifiées et un éditeur incarcéré en Grande Bretagne dans l’attente de son extradition vers les États-Unis et une lanceuse d’alerte, Chelsea Manning, dans une cellule de prison aux États-Unis.
La Grande Bretagne utilisera comme argument légal de l’arrestation de Julian Assange, la demande d’extradition de Washington fondée sur des accusations de conspiration. Dans un système judiciaire qui fonctionne, ce type d’argument juridique serait réfuté. Malheureusement, nous n’avons plus un système judiciaire qui fonctionne. Nous saurons bientôt s’il en est de même en Grande Bretagne.
Refus d’un sauf-conduit
Julian Assange avait obtenu l’asile politique dans l’ambassade équatorienne en 2012 pour éviter son extradition vers la Suède, où il devait faire face à des accusations de prétendues agressions sexuelles, finalement abandonnées. Julian Assange et ses avocats ont toujours soutenu qu’il serait extradé vers les Etats-unis s’il était mis en garde à vue en Suède. Une fois son droit d’asile et sa citoyenneté équatorienne accordés, le gouvernement Britannique lui a refusé un sauf-conduit pour l’aéroport de Londres, le piégeant dans l’ambassade équatorienne pendant sept années au cours desquelles sa santé s’est détériorée.
L’administration Trump va chercher à juger Julian Assange pour avoir conspiré avec Chelsea Manning en 2010 dans le but de voler les documents concernant les guerres d’Irak et d’Afghanistan obtenus par Wikileaks. Le demi million de documents que Chelsea Manning a fait fuiter du département d’État et du Pentagone, ainsi que la vidéo de 2007 montrant des pilotes d’hélicoptère abattant tranquillement des civils irakiens, dont des enfants et deux journalistes de l’agence Reuters, ont fournis de nombreuses preuves de l’hypocrisie, de la violence aveugle, de l’utilisation régulière de la torture, du mensonge, de la corruption et des méthodes grossières d’intimidation par le gouvernement américain dans ses relations étrangères et ses guerres au Moyen-Orient. Julian Assange et Wikileaks nous ont donné à voir les rouages internes de l’empire – c’est le rôle fondamental de la presse – et c’est pour cela qu’ ils sont devenus la proie de l’empire.
Les avocats du gouvernement américain essaieront de dissocier Wikileaks et Julian Assange du New York Times et du journal britannique The Guardian, qui ont tous deux également publié les éléments divulgués par Chelsea Manning, en accusant Julian Assange du vol des documents. Chelsea Manning a subi des pressions brutales et répétées durant sa détention et son procès afin qu’elle implique Julian Assange dans le vol des documents, ce qu’elle a fermement refusé de faire. Elle est actuellement en prison pour avoir refusé de témoigner sans avocat devant le grand jury de l’affaire Assange. Chelsea Meaning, condamnée à 35 ans de détention, avait ête graciée par le président Barack Obama au bout de sept années d’emprisonnement dans une prison militaire.
Après que les documents et vidéos fournis à Julian Asange et Wikileaks par Chelsea Manning ont été publiés et diffusés par des médias tels que le New York Times et le Guardian, la presse s’en est prise à Julian Assange d’une façon impitoyable et stupide. Les médias qui pendant des jours avaient diffusé les éléments de Wikileaks sont d’un seul coup devenus des vecteurs de propagande noire pour discréditer Julian Asange et Wikileaks. Cette campagne concertée de diffamation était détaillée dans un document qui a fuité du Pentagone ; préparé par le « Cyber Counterintelligence Assessments Branch » [agence d’analyse du cyber-contrespionnage NdT] en date du 8 mars 2008, ce document appelait les États-Unis à éradiquer le « sentiment de fiabilité » qui est le « centre de gravité » de WikiLeaks et à détruire la réputation d’Assange.
La fureur des démocrates
Assange, qui grâce aux fuites de Manning avait révélé les crimes de guerre, les mensonges et les manipulations criminelles de l’administration de George W. Bush, a rapidement déclenché la fureur de l’establishment du Parti démocrate en publiant 70 000 courriels piratés provenant du Comité national démocrate (DNC) et de hauts responsables démocrates. Les courriels ont été copiés à partir des comptes de John Podesta, président de la campagne d’Hillary Clinton. Les courriels de Podesta révélaient le don à la Fondation Clinton de millions de dollars de l’Arabie saoudite et du Qatar, deux des principaux bailleurs de fonds de l’État islamique. Ils révélaient les 657 000 $ que Goldman Sachs a versés à Hillary Clinton pour rétribuer ses conférences, une somme si importante qu’elle ne peut être considérée que comme un pot-de-vin. Cela a révélé les mensonges répétés de Mme Clinton. Elle a été piégée par les courriels disant, par exemple, aux élites financières qu’elle voulait « l’ouverture du commerce et celle des frontières » et était convaincue que les dirigeants de Wall Street étaient les mieux placés pour diriger l’économie, des affirmations en contradiction avec ses propos de campagne. Cela a révélé les efforts de l’équipe de campagne de Clinton pour influencer les primaires républicaines afin de s’assurer que Trump serait le candidat en lice. Cela a apporté la preuve que Mme Clinton connaissait à l’avance les questions qui lui seraient posées lors d’un débat des primaires. Cela a révélé que Mme Clinton était l’architecte principal de la guerre en Libye, une guerre dont elle pensait qu’elle allait redorer son blason dans la course à la présidence. Les journalistes peuvent soutenir que ces informations auraient dû rester secrètes, tout comme les dossiers sur la guerre, mais ils ne peuvent alors se revendiquer du titre de journalistes.
La Direction démocrate, qui est décidée à faire porter à la Russie la responsabilité de sa défaite électorale, accuse des pirates du gouvernement russe d’avoir obtenu les courriels de Podesta, alors même que James Comey, l’ancien directeur du FBI, a admis que les courriels avaient probablement été envoyés à WikiLeaks par un intermédiaire. Assange a dit que les e-mails n’avaient pas été fournis par des « agents d’état ».
WikiLeaks a fait plus pour dénoncer les abus de pouvoir et les crimes de l’Empire américain que toute autre organisme de presse. En plus des fichiers sur la guerre et des courriels de Podesta, ils ont rendu publics les outils de piratage utilisés par la CIA et l’Agence nationale de sécurité [NSA NdT] et leur ingérence dans des élections étrangères, notamment les élections françaises. Ils ont révélé la conspiration interne des députés travaillistes du Parlement contre le chef du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn. Ils sont intervenus pour sauver Edward Snowden, qui avait rendu publique la surveillance à grande échelle du peuple américain par nos services de renseignement, d’une extradition aux États-Unis, en l’aidant à fuir de Hong Kong à Moscou. Les révélations de Snowden ont aussi prouvé qu’Assange était sur une « liste de personnes cibles de chasse à l’homme » américaine.
Traîné hors de l’ambassade par la police britannique, Assange, l’air hagard, a agité l’index en criant : « Le Royaume-Uni doit résister à cette manœuvre de l’administration Trump. … Le Royaume-Uni doit résister ! »
Nous devons tous résister. Nous devons, par tous les moyens possibles, faire pression sur le gouvernement britannique pour que s’arrête le lynchage judiciaire d’Assange. Si Assange est extradé et jugé, cela créera un précédent judiciaire qui mettra fin à la capacité de la presse, que Trump a appelé à plusieurs reprises « l’ennemie du peuple », de demander au pouvoir de rendre des comptes. Non seulement on assistera à l’aggravation des crimes de guerre, des délits financiers, de la persécution des dissidents, des minorités et des immigrés, du pillage de la nation et de l’écosystème par les entreprises et de la paupérisation implacable des travailleurs et des travailleuses pour pouvoir gonfler les comptes bancaires des riches et consolider la totale mainmise de l’oligarchie mondiale sur le pouvoir, mais cela ne fera tout simplement plus partie du débat public. D’abord Assange. Et puis ce sera nous.
Cet article a été initialement publié sur Truthdig, et est republié ici avec son autorisation.
Chris Hedges est un chroniqueur de Truthdig, journaliste lauréat du prix Pulitzer, auteur à succès du New York Times, professeur du programme universitaire offert aux prisonniers de l’État du New Jersey par la Rutgers University et pasteur presbytérien. Pour en savoir plus sur lui, cliquez ici. Cet article est paru pour la première fois dans Truthdig.
Source : Consortium News, Chris Hedges, 14-04-2019
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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Commentaire recommandé
Un contre-pouvoir ? C’est Wikileaks
Une ONG qui fait trembler les gouvernements ? Wikileaks
Mais le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté…
Ce qui a changé depuis la chanson de Guy Béart, c’est que la presse, le « contre-pouvoir officiel », n’a pas bougé lors de l’exécution-arrestation de Julian Assange, quand elle ne l’a pas dénigré.
Quelques extraits d’un éditorial maccarthyste (Le Monde, 13 avril 2019) :
« Julian Assange est un justiciable comme les autres. Ses démêlés avec la police ont commencé parce qu’il a refusé de se rendre à une convocation de la police suédoise qui souhaitait l’entendre après les plaintes de deux femmes pour agression sexuelle, au motif fantaisiste, à l’époque, qu’il craignait que la Suède ne le livre à la CIA. Il a eu tort de refuser de s’expliquer sur ces graves accusations.
Deuxièmement, Julian Assange n’est pas un ami des droits de l’homme […] le militant antiaméricain s’attaque aux secrets des pays démocratiques, et rarement à ceux de pays totalitaires. Il a travaillé pour Russia Today, la télévision pro-Poutine financée par le Kremlin… »
8 réactions et commentaires
Un contre-pouvoir ? C’est Wikileaks
Une ONG qui fait trembler les gouvernements ? Wikileaks
Mais le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté…
Ce qui a changé depuis la chanson de Guy Béart, c’est que la presse, le « contre-pouvoir officiel », n’a pas bougé lors de l’exécution-arrestation de Julian Assange, quand elle ne l’a pas dénigré.
Quelques extraits d’un éditorial maccarthyste (Le Monde, 13 avril 2019) :
« Julian Assange est un justiciable comme les autres. Ses démêlés avec la police ont commencé parce qu’il a refusé de se rendre à une convocation de la police suédoise qui souhaitait l’entendre après les plaintes de deux femmes pour agression sexuelle, au motif fantaisiste, à l’époque, qu’il craignait que la Suède ne le livre à la CIA. Il a eu tort de refuser de s’expliquer sur ces graves accusations.
Deuxièmement, Julian Assange n’est pas un ami des droits de l’homme […] le militant antiaméricain s’attaque aux secrets des pays démocratiques, et rarement à ceux de pays totalitaires. Il a travaillé pour Russia Today, la télévision pro-Poutine financée par le Kremlin… »
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Alerter(Suite de l’éditorial de l’imMonde) :
« il a utilisé WikiLeaks, durant la campagne présidentielle américaine de 2016, comme diffuseur de documents subtilisés par les services secrets russes au Parti démocrate et à sa candidate, Hillary Clinton, dans le but de la discréditer. Il a, ce faisant, comme Moscou, aidé Donald Trump à remporter l’élection. »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/13/la-trajectoire-ambivalente-de-julian-assange_5449804_3232.html
Allez vous étonner que la France soit tombée si bas, quand on voit son « journal de référence ».
+28
Alerter« comme diffuseur de documents subtilisés par les services secrets russes au Parti démocrate et à sa candidate »
Ah bon, l’immonde a une preuve de ce qu’il avance là comme grave accusation?
Moi qui croyais que les « documents » avaient été non pas hackés, mais tout simplement copiés sur une clé USB par un certain Seth Rich, membre du parti démocrate qui comme par hasard a été assassiné peu après. Wikileaks a même offert une récompense pour toute information permettant l’arrestation du coupable…
+10
AlerterTiens ! Pas de page Wikipédia sur Seth Rich, sauf en anglais… comme c’est bizarre !
Gageons que s’il y en avait une en français, elle serait bientôt verrouillée par les néocons de service, les Tan Khaerr et autres Lebob.
La page du Wikipédia anglophone stigmatise dès l’introduction les « conspiracy theorists » :
https://en.wikipedia.org/wiki/Murder_of_Seth_Rich
Mais ceux qui ont accusé Wikileaks d’avoir conspiré avec le Kremlin et le KGB pour faire battre sainte Hillary ne sont pas des conspiracy theorists, ça va de soi.
+9
AlerterLe testament politique du Président François Mitterrand qui, dans le livre de Georges-Marc Benamou confiait aux Français trois parties importantes en plus de tout le reste:
Amérique : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. » 1.
Europe : « “En fait je suis le dernier des grands présidents.” Il me dit ça vite, dans un mélange de pudeur et de grandiloquence. Comme s’il craignait que je le prenne pour un vieux fou, il tente de rationaliser l’aveu qu’il vient de me faire : “Enfin, je veux dire le dernier dans la lignée de De Gaulle. Après moi, il n’y en aura plus d’autres en France… À cause de l’Europe… À cause de la mondialisation.”..»
Constitution française : « À cause de l’évolution nécessaire des institutions… Dans le futur, ce régime pourra toujours s’appeler la Ve République… Mais rien ne sera pareil. Le président deviendra une sorte de super-Premier ministre, il sera fragile… » (p. 159)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_Mitterrand
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Alerter« Nous devons tous résister »?
Nous devons vaincre!
*
Tant que le Pouvoir impérial subsistera, la Bête ne reculera devant rien pour anéantir tout ce qui lui résistera. La Guerre totale en cours est hors limites. Il faut apprendre un nouvel art de mener victorieusement cette guerre.
____________
Qiao Liang, Wang Xiangsui, « Unrestricted Warfare »
https://archive.org/stream/Unrestricted_Warfare_Qiao_Liang_and_Wang_Xiangsui/Unrestricted_Warfare_Qiao_Liang_and_Wang_Xiangsui_djvu.txt
http://telechargerebookfr.blogspot.com/2015/04/telecharger-ebook-gratuit-la-guerre.html
+2
AlerterQuand il y avait l’URSS, les communistes disaient « D’accord, nous n’avons pas la démocratie, mais nous n’avons pas de chômage non plus », et les anti-communistes (le monde « libre ») disaient « d’accord nous avons du chômage mais nous avons la démocratie ». Maintenant que l’URSS a disparu la démocratie ne sert plus à rien.
+2
AlerterSi avoir la « démocratie » c’est choisir un des gars sélectionnés par les 0.001% les plus riches de la planète tout les 5ans pour faire la politique qui leur est la plus avantageuse, oui, il y avait de la démocratie.
Si c’est « l’expression de la volonté du peuple », permettez moi d’en douter. D’ailleurs ça me fait toujours sourire que l’URSS soit considéré comme non démocratique par rapport aux démocraties libérales, quand il y avait tout une structure de gens élus aux commandes, y compris sur le lieu de travail, ce qui est impensable chez nous…
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