Suite du billet sur le réchauffement local. L’index général de la série de billets sur le réchauffement climatique est disponible ici
Paris depuis 1675
Daniel Rousseau, membre du Conseil Supérieur de la météorologie, a réalisé un formidable travail de reconstruction des températures à Paris depuis 1675, qu’il a publié dans la revue La Météorologie (n° 67, nov. 2009). Les résultats sont les suivants (température moyenne puis écart à la moyenne 1951-1980, corrigé de l’effet « îlot de chaleur urbain ») :
On note donc un léger refroidissement autour de 1815, mais surtout un très fort réchauffement à partir des années 1970.
On peut étudier la situation au niveau des saisons :
On constate un très fort réchauffement des hivers au cours du siècle passé, même si ce sont les étés qui se sont le plus réchauffés récemment. Précisons que ce réchauffement a surtout concerné les températures minimales plutôt que les maximales (ce sont surtout les nuits d’été qui sont plus chaudes, pas les jours).
Paris Récent
Enfin, au niveau des températures plus récentes, on a :
On note que 2011 a probablement été l’année la plus chaude à Paris depuis plusieurs millénaires…
Avec un léger lissage on obtient :
Le réchauffement est donc particulièrement marqué :
Voici le tableau détaillé :
On note évidemment l’hétérogénéité mensuelle plus marquée que sur des zones plus vastes, mais au niveau de la tendance moyenne, on retrouve bien le net réchauffement.
Pour l’anecdote, on observe l’incroyable printemps 2011, le plus chaud de l’histoire récente, et ce qui s’annonce être un été particulièrement frais…
Enfin, je vous signale cet article traitant des températures à Fontainebleau entre 1596 et 2000, et l’intéressante conférence de la chercheuse Valérie Daux, dont été tiré le graphique suivant, représentant l’estimation de l’évolution de la température dans le Nord de la France entre avril et septembre depuis 1496 (et à Fontainebleau depuis 1596) :
Terminons par une vision des précipitations annuelles – dont l’allure est plus variable :
Avec un lissage 3 ans :
Voici le détail des précipitations mensuelles :
Et voici le détail de l’écart à la moyenne :
De même, voici l’évolution du nombre annuel de jours de pluie :
Avec un lissage 3 ans :
Pour terminer, synthétisons les 6 dernières années. Voici les températures :
et leur écart moyen :
De même pour les précipitations :
et leur écart moyen :
Et enfin pour le nombre de jours de pluie :
et leur écart moyen :
Dans le billet suivant, vous trouverez une analyse en profondeur sur le réchauffement climatique.
15 réactions et commentaires
bonjour Olivier,
je suis paysans d’une ferme d’une centaine d’hectares, et je peux témoigner que le changement climatique c’est pas de la blague.
Même si moi (et mon père) n’avons qu’une vision parcellaire du phénomène, je peux vous dire que depuis quelques années, la pousse du foin n’est plus garantie !
Tout se joue à un orage ou deux au printemps…
Du temps de mon père et mon grand père, c’était le contraire, ou devait attendre un épisode sec pour faire sécher le foin maintenant, c’est le cas 1 an sur 5 au maximum.
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AlerterCe qui serait intéressant, c’est de superposer ces courbes, avec celles de l’ensoleillement.
On devrait voir des surprises.
Température ne dit pas obligatoirement soleil.
Prenons ces 6 derniers mois ……….
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AlerterBonjour,
Bel article. Je vous cite : « Précisons que ce réchauffement a surtout concerné les températures minimales plutôt que les maximales (ce sont surtout les nuits d’été qui sont plus chaudes, pas les jours). ». Faut-il y aussi voir une conséquence et un effet de l’îlot de chaleur urbain ?
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AlerterC’est peut-être « un formidable travail » mais c’est surtout un travail incomplet. L’effet « Ilot de chaleur urbain » est totalement passé sous silence.
Il serait intéressant de rapprocher la courbe du réchauffement à Paris avec l’extension de l’urbanisation à Paris et en ile de France depuis 1900 ( ce qui pourrait expliquer l’augmentation des minimales )
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AlerterAu nord de la France, c’est plutôt l’hiver climatique ses dernières années qui serait expliqué par la fonte de la banquise beaucoup plus rapide au pôle nord, impliquant des courants d’air froid qui descendraient plus bas et plus longtemps sur le continent européen.
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AlerterJe suis impressionné par ces reconstitutions des températures sur plusieurs siècles, bien avant que des relevés systématiques soient faits par des stations météos scientifiques.
En tout cas, le réchauffement climatique depuis 1975 apparaît clairement. Et les mesures pour le limiter qui ne sont toujours pas prises sérieusement… Je nous vois mal partis !
Je commence à penser que notre seul espoir d’éviter les graves inconvénients prévisibles réside dans l’ingénierie climatique.
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AlerterJe suis étonné de ne pas voir ressortir de façon plus visible la fameuse année sans été (et sans récolte)…
Ou bien?
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AlerterSuper, on avance ! Ca s’emboîte très bien avec vos points météo. Je suis tombé sur ce travail (la série de Paris sur 333 ans) de Daniel Rousseau après votre dernier point météo ! J’en profite pour donner le lien vers une de ses conférences* et vers un de ses articles**. Un aspect intéressant que vous ne mentionnez pas est l’utilisation de la corrélation entre les dates de vendange en Bourgogne et la température moyenne d’avril à septembre à Paris pour vérifier l’homogénéité de la série.
On avance grâce à la longueur de la série qui permet d’étudier ce que Daniel Rousseau appelle les fluctuations décennales. Dans l’optique d’étudier le réchauffement climatique, on voudrait savoir si le net réchauffement observé entre ~1990 et ~2010 est compatible, où pas, avec une fluctuation ‘naturelle’. Si on ne regarde que le 20 ème siècle, il est difficile de caractériser des fluctuations d’une largueur de 20 ans, on manque de statistique. De plus on a une claire tendance au réchauffement pendant tous le 20 ème siècle ce qui dégrade la caractérisation des fluctuations. Avec cette période de 337 ans, tout devient plus clair ! Les plots des anomalies de température saisonnière à Paris (1675-2012) sont vraiment parlant. On voit que le réchauffement printemps-été des années 1930-1950 est compatible avec une fluctuation ‘naturelle’, celui de 1990-2010 est nettement plus suspect ! A mon sens, il ne serait pas inintéressant d’analyser davantage ces plots. Il faudrait regarder la distribution statistique de l’amplitude et de la période de ces fluctuations. C’est dans l’esprit de ce qui est fait sur le plot ‘lire le climat sur les cernes de bois’ avec la comparaison entre +1,8 en 10 ans et +2,7 en 29 ans.
* http://www.inrap.fr/via_podcast/p-8738-Les-temperatures-en-Ile-de-France-de-1676-a-2008.htm
** http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/30038/meteo_2009_67_43.pdf?sequence=1
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AlerterC’est très intéressant les données sur une longue période mais ça reste sujet à caution car l’homogénéisation implique obligatoirement l’implémentation de nouveaux biais dans celles-ci.
Quand on sait l’impact que peut avoir un abri et sa localisation sur les températures et à fortiori les minimales en plaine, je pense qu’il faut rester prudent sur ces très longues séries.
La hausse des températures, particulièrement sur les minimales impliquent deux choses :
– soit que le milieu a beaucoup changé car les températures minimales sont très dépendantes des micro-conditions favorables au rayonnement
– soit que la nébulosité a beaucoup augmenté, modifiant les conditions de rayonnement
Des études publiées récemment suggèrent que l’impact de l’aire urbaine serait plus important que ce qu’on pensait initialement et que cet apport de chaleur dans les basses couches modifierait la circulation à l’échelle de toute une région de l’hémisphère.
Dans tous les cas il est certain que notre climat actuel est bien plus chaud que celui du PAG, ça ne fait aucun doute.
Pour ceux qui aiment l’histoire climatique, je ne peux que vous conseiller les livres d’Emmanuel Leroy Ladurie.
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AlerterPourquoi toujours compare a 1951-1980 et pas une autre periode?
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Alerterla courbe correspond en tous cas avec l’augmentation du transport aérien , il serait intéressant de croiser ces données avec celles qui recensent le nombre de vols ou la consommation de carburant aviation?
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Alerterqui dit réchauffement climatique dit plus d humidité donc moins de désert donc plus de terre cultivable! non?
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AlerterQui dit réchauffement climatique dit instabilité climatique avec perturbations déconcertantes des cultures.
Delphin
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AlerterEt si on superposait la courbe de l’accroissement de CO2 à celle des températures ?
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AlerterEt l’année 2014 a l’air de confirmer tout cela
Onze mois sans gelée à Paris… et ce n’est pas finit… pour cette année
http://monbuzzamoi.com/actualite/18-environnement-nature/56-onze-mois-sans-gelee-a-paris
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