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9.octobre.20239.10.2023 // Les Crises

Combustibles fossiles : les États-Unis continuent d’injecter des fonds publics dans des projets d’exploitation à l’étranger

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« Les États-Unis, l’Italie et l’Allemagne sont en train de devenir des voyous en revenant sur leur engagement de mettre fin au financement public international des combustibles fossiles », a déclaré un analyste. « Il doivent rendre des comptes ».

Source : Common Dreams, Jessica Corbett
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des militants du climat manifestent à Central Park pour mettre fin à toutes les énergies fossiles, alors que le président Joe Biden se rend à New York pour une réception de campagne, le 10 mai 2023. (Photo : Angela Weiss/AFP via Getty Images)

Alors que l’urgence climatique s’aggrave et que se préparent deux sommets des Nations Unies pour y faire face, une analyse publiée mercredi reproche à de nombreux pays, dont les États-Unis, de continuer à déverser 4,4 milliards de dollars dans des projets de combustibles fossiles à l’étranger après s’être engagés à stopper ce financement public à la fin de l’année dernière.

Oil Change International (OCI) [une organisation de recherche, de communication et de plaidoyer dont l’objectif est d’exposer les coûts réels des combustibles fossiles et de faciliter la transition vers les énergies propres, NdT] a constaté que les États-Unis, la Finlande, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas et la Suisse ont plus de 20 projets de combustibles fossiles en attente d’approbation finale et 15 projets approuvés. Quatre projets financés par les États-Unis en Indonésie, en Pologne, à Singapour et en Afrique du Sud sont déjà approuvés et reçoivent 1,5 milliard de dollars.

Six autres projets soutenus par les États-Unis – aux Bahamas, à Bahreïn, en Bulgarie, en Guyane, en Irak et en Papouasie-Nouvelle-Guinée – sont encore en attente. Deux projets de gaz naturel liquéfié (GNL), situés aux États-Unis et bénéficiant d’un financement allemand d’un montant total de 472 millions de dollars, ont également été approuvés, de même qu’un projet en attente basé aux États-Unis et soutenu par le Japon.

L’Allemagne a également approuvé un projet au Bangladesh et des projets en cours au Brésil, à Cuba, en République dominicaine, en Irak et en Ouzbékistan. Le Japon a approuvé des projets en Inde, en Indonésie et en Ouzbékistan, et d’autres en attente au Brésil, en Jamaïque et en Russie. L’Italie a approuvé des projets en Indonésie, au Pérou et en Ouzbékistan et des projets en attente au Brésil, au Mozambique, en Turquie et au Viêtnam.

« Assez, c’est assez ! Plus de zones sacrifiées, plus de combustibles fossiles – nous refusons d’être sacrifiés ! »

Ce financement intervient en dépit de la Déclaration sur le soutien public international à la transition vers des énergies propres – souvent appelée Déclaration de Glasgow parce qu’elle est issue du sommet COP26 en Écosse – et d’un engagement similaire du Groupe des Sept. L’OCI, qui a déjà dénoncé les « briseurs de promesses » pour avoir négligé ces engagements, a noté que « bien que les États-Unis aient apparemment adopté une politique pour donner suite à leurs engagements de mettre fin au financement public international des combustibles fossiles, ils refusent de la publier. »

Claire O’Manique, analyste des finances publiques à l’OCI, a déclaré mercredi que « les États-Unis, l’Italie et l’Allemagne se comportent en voyous en revenant sur leur engagement de mettre fin au financement public international des combustibles fossiles. L’argent public qui devrait servir à soutenir une transition juste vers les énergies renouvelables est au contraire injecté dans des projets de combustibles fossiles qui détruisent le climat et nuisent aux populations. »

« D’autres pays ont tenu leur promesse de mettre fin au financement public international des combustibles fossiles, a-t-elle souligné. Cela a déjà permis de transférer des milliards de dollars vers les énergies propres. Les signataires qui reviennent sur leur parole doivent rendre des comptes. »

Les dirigeants des communautés de première ligne se sont également exprimés. Le directeur exécutif du Centre pour le droit de l’environnement et les droits des communautés, Peter Bosip, a déclaré : « La population de Papouasie-Nouvelle-Guinée est déjà confrontée à la force du changement climatique. L’élévation du niveau des mers, les phénomènes météorologiques extrêmes et la dégradation de l’environnement menacent déjà l’existence de nombreuses personnes et notre mode de vie. Le GNL de Papouasie ne fera qu’ajouter à cette crise climatique et l’exacerber, et les financiers ne peuvent pas, et ne doivent pas, le financer. »

Anabela Lemos, directrice de Justiça Ambiental au Mozambique, a accusé les « pays riches d’être dépendants des combustibles fossiles » et a souligné l’importance de lutter contre les projets pétroliers et gaziers.

« S’il n’y a pas de réaction forte, le reste [du monde] suivra bientôt et les pays vulnérables comme le Mozambique n’auront plus aucune chance de faire face aux ravages de la crise climatique, a averti Mme Lemos. Au lieu d’aider le Mozambique à développer des sources d’énergie propres et justes, ces pays le poussent à s’engager sur la voie du développement des combustibles fossiles. »

La militante s’en est pris à l’agence italienne de financement des crédits à l’exportation, Servizi Assicurativi del Commercio Estero (SACE), pour son implication dans « la ruée vers le gaz dans le nord du Mozambique, qui a entraîné des violations des droits humains, des vies dévastées, une intensification des conflits et de la militarisation, ainsi que l’oppression des communautés, des journalistes et de la société civile. »

Au même moment, dans l’État américain du Texas, John Beard, du Port Arthur Community Action Network, a exhorté l’Allemagne à « s’opposer avec nous aux combustibles fossiles. »

« En investissant dans le projet Port Arthur LNG, l’Allemagne investit dans un nouveau projet destructeur au sein d’une communauté déjà accablée par la pollution mortelle et toxique de l’industrie des combustibles fossiles, a déclaré Beard. Tandis que l’industrie et les actionnaires s’enrichiront, Port Arthur LNG accentuera la destruction d’une communauté majoritairement noire et brune déjà confrontée à des taux de cancer plus de deux fois supérieurs à la moyenne. »

« Nos parents et nos amis meurent chaque jour de maladies cardiaques, pulmonaires et rénales causées par la pollution industrielle. Mais les habitants du Golfe ripostent, a-t-il ajouté. Trop c’est trop ! Finies les zones sacrifiées, finis les combustibles fossiles – nous refusons d’être sacrifiés ! Nous continuerons à nous battre pour accélérer la transition vers des énergies renouvelables propres et vertes. »

L’analyse de l’OCI a été publiée alors que les scientifiques ont confirmé que cet été a été le plus chaud jamais enregistré et que l’année dernière, les concentrations de gaz à effet de serre, le niveau de la mer et le contenu thermique des océans ont atteint des sommets historiques. Elle a aussi été publiée dans le cadre des préparatifs du sommet sur l’ambition climatique organisé par le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, à New York à partir du 20 septembre.

Avant le sommet, les défenseurs du climat prévoient de se rendre dans la ville américaine pour la marche du 17 septembre, visant à mettre fin aux combustibles fossiles. Elle est soutenue par 500 organisations, dont l’OCI. La mobilisation et la réunion de ce mois seront suivies en novembre par la COP28, la prochaine conférence des Nations Unies pour les parties à l’accord de Paris sur le climat, organisée par les Émirats arabes unis.

Notre travail est placé sous licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 3.0). N’hésitez pas à le republier et à le partager largement.

Jessica Corbett

Jessica Corbett est rédactrice en chef et collaboratrice de Common Dreams.

Source : Common Dreams, Jessica Corbett, 07-09-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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4 réactions et commentaires

  • Savonarole // 09.10.2023 à 14h13

    Toujours la même methode. Un truc est interdit, c’est pas grave on va le faire là où c’est autorisé.
    Ca a fonctionné pour tellement d’autres trucs avants : OGMs, labos bacteriologiques, GPA où stocks de pesticides par éxemple : c’est jamais un problème d’exporter les problèmes des riches chez ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre. C’est jamais sanctionné , alors , pourquoi se priver ? On peut même demander des subventions à ceux qui ont interdit le truc en question :p.
    Comme quoi , l’extraterritorialité du droit s’arrête là où commencent les bénéfices des donateurs.

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  • Bouddha Vert // 09.10.2023 à 22h15

    L’édition s’appelle « rêves communs ».
    Les rêves doux sont les plus appréciés, leur langueur, douceur, clochettes qui tintinnabulent au lointain nous rapprochent de l’Olympe… Mais je ne peu abonder à une légitime indignation lorsqu’elle conclue par le slogan:
    « Nous continuerons à nous battre pour accélérer la transition vers des énergies renouvelables propres et vertes ».
    Si l’on nous promet walt disney et que le chemin ressemble à une sortie de béret vert, il va y avoir désillusion, désertion, dépression,… un énorme gâchis de bonnes volontés.
    Nous sommes adultes et ce qui n’est pas dépassable doit être intégré comme une limite qui oblige à réfléchir à de nouvelles règles, puisque le jeux n’est plus le même.

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  • RGT // 12.10.2023 à 18h22

    « la COP28, la prochaine conférence des Nations Unies pour les parties à l’accord de Paris sur le climat, organisée par les Émirats arabes unis. »…

    Pas la peine de chercher quels seront les résultats de cette COP (Coopération Opportuniste du Pétrole), grandes messes médiatiques dans lesquels les chefs d’état viennent (en avion bien sûr) pour s’auto-congratuler devant le buffet de petits fours (subventionné par les plus gros cartels pétroliers).

    Ils pourraient au moins avoir la décence de faire les derniers km en chameau ou en pédalo…

    En parlant de grand’ messe médiatique « écologique » pour flatter son égo, ça me fait penser à Saint Éric Piolle qui s’est rendu à Rio pour être pris en photo devant le buffet (bio ???) en s’achetant un pédalo billet d’avion avec l’augmentation de 25% des impôts locaux que TOUS les grenoblois devront payer…
    Le reste servira bien sûr à payer les frais de justice et les avocats qui l’ont défendu lors de sa dernière condamnation en justice…
    Il avait signé un engagement à démissionner s’il était condamné – il a bien sûr « oublié » cet engagement suite à l’urgence climatique, c’est certain !!!

    Tous ces « machins » ne sont en fait qu’un moyen de passer du bon temps pour les « élites » au frais du con-tribuable…

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  • laurent35500 // 12.10.2023 à 21h07

    Lisez « Or Noir » de Mathieu Auzanneau et vous comprendrez.

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