Les attitudes ouvertement racistes à l’égard du peuple palestinien sont omniprésentes dans les milieux politiques européens et américains, du centre libéral à l’extrême droite. Cette forme de sectarisme est une porte d’entrée par laquelle le racisme colonial à l’ancienne peut gagner une nouvelle légitimité.
Source : Jacobin, Daniel Finn
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
En 2021, Peter Beinart a écrit un article pour Jewish Currents dans lequel il notait que le terme « anti-palestinien » n’apparaissait jamais dans le débat politique américain. Comme le souligne Beinart, cela n’est « pas dû au fait que le fanatisme anti-palestinien est rare, mais parce qu’il est omniprésent […] si le concept existait, presque tous les membres du Congrès en seraient coupables, à l’exception d’une infime minorité de progressistes rebelles qui sont régulièrement dénoncés comme antisémites ».
Les événements de l’année dernière nous ont montré à quel point Beinart avait raison. Il a même largement sous-estimé l’ampleur du problème. Non seulement le racisme anti-palestinien est omniprésent, mais c’est aussi la forme de racisme la plus virulente et la plus répandue dans le courant politique euro-américain, celle qui peut s’exprimer le plus ouvertement, tout en étant la moins stigmatisée. Donald Trump et Kamala Harris, Rishi Sunak et Keir Starmer, Olaf Scholz et Viktor Orbán peuvent tous s’abriter sous le même grand parapluie, unis par la conviction que les vies palestiniennes valent moins que celles des Israéliens ou des citoyens des pays occidentaux.
À première vue, la profondeur et l’étendue de ces préjugés semblent difficiles à expliquer. Il ne s’agit pas d’une communauté d’immigrants relativement importante et visible, comme les Mexicains et leurs descendants aux États-Unis, ou les Turcs et leurs descendants en Allemagne. Il ne s’agit pas non plus d’un simple héritage de l’empire : la Grande-Bretagne est le seul pays occidental à avoir gouverné directement les Palestiniens à l’époque moderne, et même là, la période du mandat n’a pas laissé la même empreinte dans la mémoire populaire que l’expérience de la colonisation de l’Algérie en France, par exemple.
L’hostilité à l’encontre des Palestiniens est manifestement le contrepoint du fort attachement des élites euro-américaines à Israël. Cet attachement n’est pas seulement une question de calculs stratégiques réfléchis sur la valeur d’Israël en tant qu’allié occidental dans l’une des régions les plus importantes du monde. Il reflète également le rôle idéologique d’Israël en tant que source d’une arme de communication immensément puissante, qui permet à ceux qui la manient de présenter le racisme comme de l’antiracisme et vice versa.
En dressant un tableau plus clair du sectarisme anti-palestinien – ce qu’il est et comment il fonctionne – il est possible de mieux comprendre certaines des tendances les plus dangereuses de la politique mondiale d’aujourd’hui.
L’occidentalité
Peu après le début de l’assaut israélien contre la population de Gaza, laquelle a déjà fait des milliers de victimes civiles, l’entreprise technologique israélienne Wix a licencié une employée travaillant dans sa succursale irlandaise. Dans un post sur les réseaux sociaux, Courtney Carey avait décrit Israël comme un « État terroriste » se livrant à des bombardements « à l’aveugle » sur Gaza. L’entreprise a dû verser à Mme Carey une indemnité de 35 000 euros pour licenciement abusif.
Très vite, il est devenu évident que Wix n’avait pas d’objection à ce que ses employés prennent position sur des questions politiques. En fait, les responsables avaient spécifiquement encouragé le personnel de Wix à « soutenir le narratif d’Israël» sur les médias sociaux. Le mémo interne expliquait combien il était important de « faire preuve d’occidentalité » et d’exploiter le fait que « contrairement aux Gazaouis, nous ressemblons et vivons comme des Européens et des Américains ». Cela était d’autant plus important que « le nombre de morts et de bombardements à Gaza sera significativement plus élevé » que celui subi par les Israéliens le 7 octobre.
Le terme « occidentalité » est l’une des clés du racisme anti-palestinien, lequel s’inscrit dans le cadre d’une attitude négative beaucoup plus générale à l’encontre des populations du Sud postcolonial. On retrouve cette forme de préjugé dans tous les débats acerbes sur le renforcement des frontières pour empêcher les immigrants d’entrer, que la frontière en question longe le Rio Grande ou traverse la Méditerranée. Dans le sous-titre de son brûlot triomphaliste, Civilisation, Niall Ferguson divise le monde en deux catégories, « l’Occident et le Reste », et les chantres de « l’Occidentalité » sont déterminés à préserver cette ligne de démarcation.
Le terme « occidentalité » est l’une des clés du racisme anti-palestinien, lequel s’inscrit dans le cadre d’une attitude négative beaucoup plus générale à l’encontre des populations du Sud postcolonial.
Ce préjugé recoupe certainement l’idée de suprématie blanche, mais il ne lui est pas identique. La cause défendue par le racisme géopolitique occidental accepte volontiers des champions non blancs, d’Ayaan Hirsi Ali à Suella Braverman, l’ancienne ministre britannique de l’intérieur qui a incité une horde de fascistes à attaquer ceux qui manifestaient contre le carnage à Gaza. Ce qui compte, c’est leur détermination à maintenir les inégalités actuelles du système mondial.
Au lieu d’accuser les habitants d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine d’être responsables de leur propre pauvreté et de leur claquer agressivement la porte au nez, il faut reconnaître avec lucidité l’impact néfaste de l’Occident sur le Reste. Cette histoire ne se limite pas aux legs de l’esclavage et du colonialisme. Elle se poursuit au travers d’innombrables formes d’ingérence pendant et après la guerre froide, depuis l’organisation de coups d’État jusqu’aux invasions à grande échelle, sans parler de ces programmes d’ajustement structurel imposés par des organismes dominés par l’Occident, tels que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
Aujourd’hui, les émissions de carbone générées par l’Occident au cours des deux derniers siècles sont en train de transformer le climat de la Terre, les pays du Sud étant les plus durement touchés. Bien entendu, ceux qui ont le plus profité de cette histoire infamante – les descendants des propriétaires d’esclaves, les entreprises d’armement, les géants des combustibles fossiles – sont déterminés à éviter tout bilan, qu’il s’agisse de réparer le passé ou de transformer le système mondial pour prévenir les injustices futures.
Pour eux, blâmer les victimes est beaucoup plus tentant, surtout dans un contexte de pression constante en faveur d’un repli social, même dans les économies les plus riches de l’Occident. Après tout, il est bien plus facile pour les politiciens occidentaux de dire à leurs concitoyens à quel point ils ont de la chance de ne pas vivre dans d’autres parties du monde – tout en promettant de nouvelles mesures pour empêcher les moins fortunés d’entrer – que de promettre et d’apporter des améliorations tangibles à leur vie.
L’« occidentalisme » est la traduction idéologique de cette préférence. Bien qu’il se pare d’habits culturels, il s’agit en fin de compte d’une question de pouvoir tant politique qu’économique. Si nous définissons l’Occident comme une culture ou une civilisation, le Mexique est évidemment plus proche de cette civilisation que le Japon, en tant qu’État majoritairement catholique où la principale langue de communication est une langue européenne. Mais le Japon peut bénéficier du programme américain d’exemption de visa, ce qui n’est pas le cas du Mexique, en raison de leur place respective dans la hiérarchie mondiale.
L’esprit de 1492
La rhétorique toxique des conservateurs américains à l’encontre des immigrants d’Amérique centrale montre que l’héritage chrétien ne protège pas de la diabolisation. Cependant, le racisme anti-palestinien tire certainement une force supplémentaire de la prévalence de l’islamophobie et de l’orientalisme dans la culture occidentale. Il existe deux formes principales d’islamophobie politisée : une version rudimentaire colportée par la droite ultranationaliste et une version plus sophistiquée qui va bien plus loin pour rejoindre le centre libéral.
Dans sa version rudimentaire elle défend l’idée d’un affrontement historique entre l’Occident et son adversaire islamique, tous deux présentés comme des blocs culturels solides et immuables. Il s’agit, nous dit-on, d’un choc entre le bien et le mal, la civilisation et la barbarie, la modernité et l’arriération. Sa forme a peut-être changé depuis le siècle qui a suivi la mort de Mahomet, mais son contenu reste fondamentalement le même.
Avant de penser que personne ne pourrait croire à quelque chose d’aussi manifestement contraire à l’histoire, il suffit de rappeler la remarque faite par Viktor Orbán en 2015 alors qu’il rejetait une proposition visant à admettre les réfugiés du Moyen-Orient : « Lorsqu’il s’agit de vivre ensemble avec des communautés musulmanes, nous sommes les seuls à avoir une certaine expertise, parce que pendant 150 ans nous avons pu en faire l’expérience. »
Le racisme anti-palestinien tire certainement une force supplémentaire de la prévalence de l’islamophobie et de l’orientalisme dans la culture occidentale.
Orbán faisait référence à la période de domination ottomane en Hongrie. Il ne voit (ou prétend ne voir) aucune différence significative entre une force d’invasion du début de l’ère moderne et les immigrants musulmans qui vivent aujourd’hui dans les villes européennes. Dans le même ordre d’idées, le politicien français d’extrême droite Éric Zemmour a appelé son parti « Reconquête », faisant référence aux guerres menées par les armées chrétiennes dans l’Espagne médiévale pour faire reculer, et finalement détruire, la région sous domination musulmane connue sous le nom d’Al-Andalus.
Cette argumentation simpliste repose sur un tour de passe-passe. Elle exalte de prétendues « valeurs occidentales » telles que la démocratie, la laïcité ou les droits des femmes, valeurs qui de toute évidence n’avaient pas cours à l’époque de Charles Martel ou de Ferdinand et Isabelle, comme si elles avaient toujours fait partie de l’héritage culturel occidental.
En réalité, ces « valeurs » ne sont devenues hégémoniques en Europe et en Amérique du Nord (pour autant qu’elles le soient) que depuis deux siècles, après des luttes longues, âpres et encore inachevées contre les ancêtres politiques d’hommes comme Orbán et Zemmour. Accepter la réalité voulant que les affrontements les plus importants sont ceux qui ont lieu au sein des civilisations plutôt qu’entre elles ferait sombrer la version rudimentaire de l’islamophobie sous le niveau de la ligne de flottaison, c’est pourquoi ses défenseurs préfèrent falsifier l’histoire.
L’expression « civilisation judéo-chrétienne », autre slogan de la droite euro-américaine, se fonde également sur la méconnaissance (ou l’indifférence) à l’égard de l’histoire manifestée par le public auquel elle s’adresse. Il va sans dire que les relations entre le judaïsme et le christianisme au cours des siècles ont été tout sauf harmonieuses, et le discours autosatisfait sur la « civilisation judéo-chrétienne » fait abstraction de la longue histoire de l’antisémitisme européen.
Les politiciens israéliens pour leur part semblent très désireux de procéder à ce blanchiment de leurs confrères politiques occidentaux. Lorsque l’Espagne a annoncé qu’elle reconnaissait la création d’un État palestinien en mai 2024, le ministre israélien des affaires étrangères, Israël Katz, a lancé une attaque virulente contre Yolanda Díaz, vice-première ministre à Madrid : « Si cette personne ignare et remplie de haine veut comprendre les réelles aspirations de l’islam radical, elle devrait étudier les 700 ans de domination islamique en Al-Andalus ».
Quiconque connaît l’histoire de la éninsule ibérique sait que les juifs espagnols bénéficiaient d’une plus grande tolérance sous la domination musulmane et que pour célébrer la destruction définitive d’Al-Andalus en 1492, les souverains catholiques ont décrété l’expulsion des Juifs. Certains de ces réfugiés se sont rendus à Salonique, qui comptait encore une importante population juive parlant une forme archaïque d’espagnol au début du XXe siècle, avant qu’un autre fruit de la civilisation occidentale n’envahisse la Grèce et ne commence à les envoyer dans ses camps de la mort.
Il n’y a qu’une seule façon d’interpréter les propos de Katz : il considère que 1492 a été un moment de libération pour le peuple espagnol. Le traumatisme subi par les juifs espagnols chassés de chez eux à la pointe de l’épée ne le concerne pas du tout. C’est un message qui passera très bien auprès des forces de droite en Espagne et dans d’autres pays occidentaux que Katz considère, à juste titre, comme ses alliés naturels.
Échappatoires impériales
L’islamophobie rudimentaire se nourrit de la version plus sophistiquée qui est monnaie courante au sein des forces politiques centristes en Europe et aux États-Unis. Les adeptes de cette école de pensée nient généralement qu’ils sont hostiles aux musulmans. On les entend souvent insister sur le fait que l’islam est une « religion de paix » et souligner qu’ils n’ont de problème qu’avec les « extrémistes violents ». Mais ils refusent catégoriquement de débattre du bilan destructeur de l’intervention occidentale dans les États à majorité musulmane, en particulier ceux du Moyen-Orient.
L’islamophobie rudimentaire se nourrit de la version plus sophistiquée qui est la norme au sein des forces politiques centristes en Europe et aux États-Unis.
L’expression la plus concise de ce point de vue se trouve dans un tweet bien connu de David Frum, plume de George W. Bush, qui clamait que l’invasion menée par les États-Unis « offrait à l’Irak un avenir meilleur » avant que son peuple ingrat ne ruine cette noble entreprise : « La guerre entre sectes était un choix que les Irakiens ont fait pour eux-mêmes. » Frum sait très bien que ce sont les forces d’occupation américaines qui ont organisé des escadrons de la mort à caractère confessionnel responsables de terribles atrocités, mais il continuera jusqu’à son dernier souffle à blâmer les Irakiens pour les horreurs que ces derniers ont endurées après 2003.
Plus récemment, Hillary Clinton a profité d’une intervention dans l’émission Morning Joe de la chaîne MSNBC pour accuser les étudiants qui manifestaient contre le génocide israélien de ne rien connaître à l’histoire. Elle a notamment reproché aux étudiants de ne pas pointer du doigt Yaser Arafat, affirmant que son mari Bill aurait depuis longtemps donné naissance à un État palestinien si il n’y avait eu une obstruction délibérée d’Arafat lors des pourparlers de Camp David en 2000.
Robert Malley faisait partie de l’équipe américaine à Camp David et a ensuite été le négociateur en chef de Barack Obama pour l’accord nucléaire iranien de 2015. Un texte de 2001 sur l’échec des négociations, rédigé par Malley et l’universitaire palestinien Hussein Agha, aurait tout aussi bien pu être adressé à Mme Clinton et à sa prétention ridicule à faire preuve d’une compréhension supérieure :
Pour un processus d’une telle complexité, le diagnostic est remarquablement superficiel. Il ignore l’histoire, la dynamique des négociations et les relations entre les trois parties. Ce faisant, il ne permet pas de comprendre pourquoi ce que beaucoup considéraient comme une offre israélienne généreuse, les Palestiniens ne l’ont considérée ni comme une offre généreuse, ni comme une offre israélienne, ni même comme une offre. Pire encore, il constitue une barrière préjudiciable au bon fonctionnement de la politique américaine en proposant un coupable unique et opportun : Arafat – plutôt qu’une analyse plus nuancée et plus réaliste.
Ce déni de la culpabilité occidentale ne permet pas d’expliquer la montée en puissance des acteurs politiques généralement qualifiés d’« islamistes » ou de « fondamentalistes islamiques » (termes qui peuvent autant brouiller les piste que les éclairer) dans le Moyen-Orient contemporain. Si l’on prend l’exemple de l’Iran, les États-Unis et leurs alliés ont laissé leurs empreintes sur le cours de l’histoire iranienne depuis les années 1950, lorsqu’un coup d’État anglo-américain a renversé le gouvernement de Mohammad Mosaddegh.
Mosaddegh était un nationaliste laïc, appuyé par le parti communiste Tudeh. Lorsque la dictature du Shah, soutenue par les États-Unis, a été renversée en 1978-1979, l’opposition iranienne s’est dotée d’une nouvelle force, regroupée autour de Ruhollah Khomeini, qui souhaitait instaurer un système fondé sur son interprétation de l’islam chiite. Bien que les courants de gauche et libéraux aient également été très présents pendant la révolution iranienne, c’est la faction de Khomeini qui a pu prendre le pouvoir et supprimer ses rivaux.
On retrouve des variantes de cette histoire partout, du Liban à Oman. Les États occidentaux et leurs alliés locaux ont fait la guerre aux forces nationalistes laïques et de gauche, créant ainsi un vide qui a ensuite été comblé par des formes diverses d’islam politique. Dans le cas de la Palestine, à partir de la toute première Intifada des années 1980, ce sont les organisations de gauche, et non le Hamas, qui n’a été fondé qu’en 1987, qui ont principalement contesté le leadership du Fatah sur le mouvement national. C’est la mise sous tutelle débilitante du Fatah par les accords d’Oslo et la marginalisation de la gauche après la chute de l’Union soviétique qui ont permis au Hamas de devenir un rival sérieux du Fatah.
Les États occidentaux et leurs alliés locaux ont fait la guerre aux forces nationalistes laïques et de gauche, créant un vide qui a ensuite été comblé par des formes diverses d’islam politique.
Alors que ces faits sont bien connus de quiconque a étudié l’histoire du Moyen-Orient, il semble bien que des personnalités comme Hillary Clinton les ignorent puisqu’elles n’arrivent pas à accepter la nature systématiquement négative de l’intervention de l’Occident dans la région. Cela signifie aussi qu’il leur est impossible de répliquer aux thèses de l’islamophobie simpliste, qui met dans le même sac toutes les formes d’islam politique, depuis le Hamas et les Frères musulmans jusqu’à Al-Qaïda et I’Etat islamique, avant de les présenter comme le vrai visage de l’islam.
Le parcours de Tony Blair depuis le 11 septembre est une illustration révélatrice de l’islamophobie libérale qui perd régulièrement du terrain au profit d’une version plus simpliste, en l’occurrence dans la tête même de Blair. Un universitaire chargé de donner à Blair un cours accéléré sur l’histoire de l’Irak avant l’invasion l’a décrit comme « quelqu’un à l’esprit très superficiel, indifférent aux questions autres que celles liées à la personnalité des dirigeants ». Face à la catastrophe qui s’annonçait en Irak, Blair avait besoin qu’on lui explique les problèmes du Moyen-Orient mais cela devait tenir confortablement dans sa petite tête, idéalement cela devait être une explication qui tiendrait en un seul mot. Le terme « impérialisme » n’ayant pas sa place dans sa vision du monde, l’islam ferait l’affaire.
La conception qu’a Obama de la région, exposée en détail dans ses entretiens avec Jeffrey Goldberg pour l’Atlantic, est plus raffinée dans son mode d’expression, mais en fin de compte elle est tout aussi superficielle et égocentrique. À un moment donné, Obama a déclaré à Goldberg que les jeunes du Moyen-Orient pourraient tirer quelques enseignements de leurs homologues d’Asie du Sud-Est, qui « ne se demandent pas comment tuer des Américains ». Le fait que l’occupation du Viêt Nam ait pris fin alors qu’Obama était encore enfant, tandis que l’occupation de l’Irak se poursuivait pendant sa présidence, est un élément qui n’est pas entré en ligne de compte dans son analyse – et il ne pouvait pas l’être si Obama voulait jouer son rôle de responsable de la politique étrangère des États-Unis.
Redéfinition de l’antisémitisme
Le racisme anti-palestinien s’inscrit donc dans ces cadres plus larges de préjugés, mais il a aussi une vie et une logique qui lui sont propres et le rendent particulièrement puissant. Pour le comprendre, il faut se plonger dans le concept de « nouvel antisémitisme » qu’Israël et ses partisans défendent inlassablement depuis le début du siècle. Ce changement d’orientation du plaidoyer pro-israélien est intervenu à un moment où les responsables du gouvernement israélien renonçaient à prétendre qu’ils permettraient un jour la formation d’un État palestinien, ce qui imposait de modifier les termes du débat.
Selon la théorie du « nouvel antisémitisme », l’hostilité à l’égard des Juifs dans le monde moderne s’exprime principalement par des attitudes à l’encontre d’Israël. Il est impossible de répondre à cette argumentation sans être confronté à des exemples concrets de ce qui est censé être inacceptable. Personne n’est assez téméraire pour affirmer que toute critique d’Israël est antisémite, il doit donc y avoir un point à partir duquel une telle critique devient illégitime. L’État israélien et les groupes qui le soutiennent en Occident revendiquent le droit exclusif de déterminer où nous devons tracer cette ligne.
Le racisme anti-palestinien s’inscrit dans des cadres plus larges de préjugés, mais il a aussi une vie et une logique qui lui sont propres et le rendent particulièrement puissant.
Des organisations telles que l’Anti-Defamation League aux États-Unis [La Ligue antidiffamation, au sens de contre la calomnie, est une organisation non gouvernementale dont le but premier est de soutenir les Juifs contre toute forme d’antisémitisme, NdT] sont en mesure de formuler cette théorie dans le langage de l’activisme moderne de la justice sociale, en parlant du droit des minorités ethniques à définir leur propre oppression. Cependant, leur véritable objectif est de refuser à un groupe particulier la possibilité de discuter de sa propre oppression, sans parler de la définir. Depuis un siècle, l’histoire du peuple palestinien est inséparable de l’histoire d’Israël et du sionisme, de sorte que toute déclaration concernant Israël est aussi une déclaration concernant les Palestiniens, même (ou surtout) si elle ne les mentionne pas du tout.
C’est l’une des principales caractéristiques du racisme anti-palestinien. Il peut certainement prendre la forme d’une rhétorique haineuse et déshumanisante et d’un soutien aux massacres de Palestiniens au nom du « droit d’Israël à se défendre ». Mais il peut aussi se manifester par des exercices de contorsion rhétorique, qui conduisent à qualifier des gens d’antisémites parce qu’ils décrivent avec précision les agissements d’Israël et de ses soutiens occidentaux.
L’utilisation cynique et abusive du délit d’antisémitisme pour salir les Palestiniens et ceux qui défendent leurs droits est bien connue et bien documentée, c’est pourquoi nous limiterons notre étude à quelques exemples récents. Le 6 octobre dernier, l’Observer, un journal britannique libéral, a publié un article du romancier Howard Jacobson. Celui-ci y affirmait que dire que les soldats israéliens tuaient délibérément des enfants à Gaza était une « diffamation de type meurtre rituel », inspirée des fables utilisées pour justifier les pogroms médiévaux. Dans une interview qui a suivi, Jacobson a précisé qu’il n’avait pas l’intention de s’engager sur le terrain des preuves – pour lui, accuser Israël d’essayer de tuer des enfants était intrinsèquement antisémite, et la conversation pouvait donc s’arrêter là.
Le journal jumeau de l’Observer, le Guardian, a publié un article d’un genre très différent le 24 octobre. S’appuyant sur des reportages minutieux plutôt que sur des insinuations irréfléchies, il a démontré que l’université du Michigan avait demandé à la procureure générale de l’État, Dana Nessel, d’engager des poursuites pénales contre les manifestants solidaires de Gaza alors que les procureurs locaux étaient réticents à le faire. Comme l’a expliqué Tom Perkins du Guardian :
Les révélations soulèvent de nouvelles questions quant aux conflits d’intérêts potentiels. Six des huit recteurs [d’université] ont contribué à hauteur de plus de 33 000 dollars aux campagnes de Nessel, son bureau a engagé le cabinet juridique d’un recteur pour traiter des affaires majeures de l’État, ce même recteur a coprésidé sa campagne de 2018 et elle entretient des relations personnelles avec certains des recteurs. Dans le même temps, pour sa campagne, selon les archives, elle a reçu des dons importants de politiciens pro-israéliens, d’organisations et de donateurs universitaires ayant, au cours de l’année écoulée, vivement critiqué les manifestations de soutien à Gaza.
Rashida Tlaib, la seule Américaine d’origine palestinienne au Congrès, avait déjà critiqué Nessel, l’accusant d’avoir traité les manifestants du campus avec une sévérité inhabituelle : « Je pense que des gens de l’université du Michigan ont fait pression pour qu’elle agisse de la sorte et elle a marché ! Tlaib avait raison, bien sûr, même si elle a péché par excès de générosité en présentant Nessel comme une poire crédule. Cela explique sans doute pourquoi cette dernière a décidé de lancer une campagne de diversion cynique, habilement assistée par les présentateurs de CNN Jake Tapper et Dana Bash, en calomniant Tlaib et en la qualifiant d’antisémite.
Le retour des réprimés
Jacobson et Nessel ne sont pas à l’origine de cette tactique de débat, ils l’ont simplement empruntée, et nous pourrions citer un grand nombre de débordements similaires, émanant des hautes sphères publiques occidentales. La redéfinition de l’antisémitisme par Israël et ses partisans a créé un monde sens dessus dessous qui permet aux opposants farouches au racisme d’être dépeints comme des fanatiques génocidaires tandis que d’odieux démagogues se posent en champions des opprimés. Cette inversion s’est avérée extrêmement précieuse pour les deux blocs de forces tant de droite que centriste qui, ensemble, dominent le terrain politique en Europe et en Amérique du Nord.
Pour la droite, ce mode de discours présente un réel attrait. Il leur permet de raviver les formes les plus primaires du fanatisme progressivement délégitimé par le succès des mouvements contre le racisme et le colonialisme depuis le début du vingtième siècle. Avant ces avancées, il était parfaitement respectable de tourner en dérision la notion même d’égalité entre les êtres humains.
Il suffit de penser à une remarque faite par Winston Churchill sur le peuple palestinien en 1937, qui est devenue célèbre à juste titre :
Je ne reconnais pas au chien dans une niche le droit final à celle-ci, même s’il y est resté couché pendant très longtemps. Je ne reconnais pas ce droit. Je n’admets pas de considérer, par exemple, qu’un grand tort ait été fait aux Indiens en Amérique ou aux peuples noirs en Australie.
Churchill considérait qu’il était tout à fait naturel qu’une « race plus forte, une race de qualité supérieure » supplante ceux qu’il considérait comme des êtres inférieurs. Il s’agit là d’une expression plus brutale et sans fard des préjugés raciaux que celle que véhiculent aujourd’hui des hommes politiques tels que Donald Trump ou Boris Johnson, mais Churchill ne se serait pas gêné pour la prononcer.
Le racisme anti-palestinien est une porte d’entrée par laquelle le bon vieux sectarisme churchillien à l’ancienne peut à nouveau intégrer le courant dominant. Les politiciens de droite et les commentateurs des médias montrent clairement qu’ils sont ravis de pouvoir utiliser les tropes habituels du racisme colonial contre les Palestiniens, en les dépeignant comme des sauvages primitifs contre lesquels Israël doit mener une guerre impitoyable pour défendre la civilisation occidentale. Parmi ses figures représentatives, on peut citer l’éditorialiste britannique Douglas Murray, qui se réjouit d’un génocide tout en publiant des hommages larmoyants à l’intégrité morale de la Waffen SS.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est un autre symptôme morbide de cette tendance régressive. Comme l’a souligné Adrian Daub, il serait tout à fait erroné de parler du soutien allemand à Israël en termes de culpabilité historique mal placée, alors que les preuves de jubilation abondent : « Au-delà de la rhétorique apocalyptique, pour de nombreux écrivains et hommes politiques allemands, ce moment a été celui de la libération plutôt que celui de la répression. » Peu de personnes ont montré plus de satisfaction que von der Leyen au cours de l’année écoulée. Sa position s’inscrit parfaitement dans le cadre du rapprochement croissant entre les partis chrétiens-démocrates européens et l’extrême droite.
Le racisme anti-palestinien est une porte d’entrée par laquelle le bon vieux sectarisme churchillien à l’ancienne peut à nouveau intégrer le courant dominant.
La droite euro-américaine est en faveur du soutien au meurtre de masse à Gaza et hostile aux droits démocratiques dans son pays. Suella Braverman, ambassadrice des thèses de Murray, et ses collègues conservateurs ont exigé que la police réprime les manifestations britanniques contre le massacre, manifestations qu’ils qualifient cyniquement de « marches de la haine » antisémites.
En réalité, ils considèrent que les manifestants sont la manifestation la plus visible d’une cinquième colonne de traîtres, composée de ceux qui considèrent que toutes les vies humaines ont la même valeur. L’effort de la droite pour présenter la solidarité avec Gaza comme une cause exclusivement musulmane, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays, relève d’un exercice de projection sans intérêt, destiné à dissimuler son propre racisme.
Le front anti-palestinien
Le bloc de droite n’aurait pas le même impact sans la complicité du centre, depuis le Parti démocrate américain jusqu’aux Verts allemands. La motivation des centristes est un peu plus complexe que celle de leurs homologues de droite. Ils ont fait de l’antiracisme, sous une forme strictement circonscrite et représentative, une partie de leur image de marque, régulièrement déployée en période électorale pour accentuer le contraste avec leurs adversaires de droite. Dans le même temps, ils sont fermement attachés au maintien des alliances de leurs États respectifs avec Israël.
La feuille de vigne que constituait le progrès théorique vers une « solution à deux États » ne leur étant plus possible dans le contexte de l’effondrement total du sionisme travailliste au profit de ses rivaux likoudniks, il devenait de plus en plus difficile pour les libéraux et les sociaux-démocrates déclarés de justifier leur soutien à Israël sans dévoiler leur mépris pour les Palestiniens. Dans ce contexte, le concept de « nouvel antisémitisme » est devenu une bénédiction et ils ont été ravis de l’adopter, car il leur permettait d’exprimer une position ouvertement raciste avec les attributs verbaux de l’antiracisme.
Cette manipulation rhétorique, qui consiste à faire passer une solidarité sincère avec les Palestiniens pour une menace sinistre pour les Juifs, s’est également révélée extrêmement utile dans la lutte entre les centristes et leurs adversaires de gauche. Au cours de la dernière décennie, ce procédé a été déployé à maintes reprises : contre Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne, Jean-Luc Mélenchon en France, Rashida Tlaib et d’autres Démocrates de gauche aux États-Unis. Il est beaucoup plus facile de diaboliser des politiciens comme Corbyn, Mélenchon et Tlaib au moyen de fausses allégations d’antisémitisme que d’énoncer ouvertement les raisons pour lesquelles les centristes les jugent inacceptables : à savoir, leur soutien à des politiques publiques redistributives qui auraient été auparavant monnaie courante pour la social-démocratie.
Les attaques contre la gauche et les mouvements de solidarité avec la Palestine seraient bien moins efficaces si elles ne venaient que de la droite. Les politiciens centristes et leurs relais médiatiques, de CNN au Guardian, jouent un rôle crucial dans la légitimation du racisme anti-palestinien et la répression de ceux qui s’y opposent.
Si l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) a déboursé près de 30 millions de dollars pour battre Jamaal Bowman et Cori Bush, cela aurait été un pur gaspillage d’argent si le groupe n’avait pu leur opposer sur le ring que des Républicains MAGA. Sans des politiciens comme George Latimer, le challenger de Bowman, qui offrent leurs services, le front anti-palestinien serait une présence forte mais minoritaire aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux. De son côté, l’establishment politique centriste est très heureux d’accepter le soutien du lobby israélien, qu’il s’agisse de dons pour les campagnes électorales ou d’un approvisionnement constant en arguments fallacieux pour condamner la gauche.
L’idée, récemment exprimée dans The Atlantic, que la gauche occidentale souffre d’une « obsession pour Israël » malsaine et disproportionnée prend la réalité à contrepied. Ce sont les forces du centre qui sont devenues de plus en plus obsédées par la démonstration de leur allégeance à Israël afin de pouvoir dénoncer leurs rivaux de gauche. Voilà qui a été l’un des principaux axes du leadership de Starmer à la tête du parti travailliste britannique.
En France, c’est Raphaël Glucksmann, figure de proue du centre-gauche, qui a rompu une alliance avec La France Insoumise (LFI) à l’automne dernier parce qu’il n’aimait pas les positions de Mélenchon sur la Palestine. Le Nouveau Front Populaire qui a battu l’extrême droite lors des élections législatives françaises de cet été a dû être bricolé à la hâte à cause de la manœuvre de division et de sectarisme de Glucksmann : une manœuvre qu’il aimerait bien répéter dans un avenir proche.
Il frappe à la porte
Comme pour les deux formes théorisées de l’islamophobie, la version centriste du racisme anti-palestinien a une tendance intrinsèque à dériver de plus en plus vers la droite, en stigmatisant de plus en plus durement ceux qui n’acceptent pas que la vie des Palestiniens ne compte pas. Les politiciens centristes se trouvent ainsi en décalage par rapport à leur base électorale.
La version centriste du racisme anti-palestinien a une tendance intrinsèque à dériver de plus en plus vers la droite.
Aux États-Unis, les électeurs démocrates sont beaucoup moins favorables à Israël que leurs homologues républicains, et la même distinction s’applique aux partisans travaillistes et conservateurs en Grande-Bretagne. L’administration Biden a cherché à dissimuler son soutien indéfectible aux massacres à Gaza derrière une façade Potemkine de pourparlers de cessez-le-feu, mais il y a une limite à la durée de telles tromperies. Dans ces circonstances, les élites occidentales sont plus susceptibles d’intensifier la répression que de répondre aux pressions de leurs bases.
Les mesures de rétorsion à l’encontre de la solidarité avec la Palestine ont coïncidé avec une répression plus sévère de l’activisme climatique. Les acteurs politiques de droite et leurs soutiens centristes méprisent les personnes impliquées dans ce type de militance pour les mêmes raisons que celles qui amenaient le régime d’apartheid en Afrique du Sud à détester et harceler les membres blancs de l’African National Congress. Ils se réclament ainsi des principes humanistes fondamentaux auxquels la plupart des Occidentaux adhèrent encore, à en juger par les sondages qui montrent à quel point le soutien au massacre génocidaire d’Israël est limité, une fois que l’on a dépassé le conformisme étouffant des élites politiques et médiatiques.
Le président colombien Gustavo Petro a souligné à plusieurs reprises le lien entre les massacres à Gaza et l’aggravation de la crise climatique. Lors du sommet de la COP 28 de décembre dernier, Petro a rappelé à ses auditeurs que le maintien ou l’augmentation du niveau actuel des émissions de carbone conduirait inévitablement à un effondrement du climat, obligeant des millions, voire des milliards de réfugiés à fuir les régions les plus touchées :
Cet immense exode suscitera une réaction au Nord. On la voit déjà à l’oeuvre dans les politiques anti-immigration des pays riches et dans la montée de l’extrême droite qui s’y manifeste. Hitler frappe à la porte des foyers de la classe moyenne européenne et américaine, et nombre de ceux-ci l’ont déjà laissé entrer. L’exode trouvera une réponse d’une violence inouïe et sera accompagné de la même barbarie que celle que nous observons à Gaza, qui est le lieu de la répétition qui prépare l’avenir.
Le cauchemar de Petro est le rêve de Benjamin Netanyahu. Au cours de l’année écoulée, les adversaires des massacres perpétrés par Netanyahou ont à maintes reprises convoqué le jugement de l’histoire, disant à ses complices et à ses apologistes qu’on se souviendrait d’eux de la même manière que de ceux qui ont jadis porté l’apartheid à bout de bras. Le calcul de Netanyahou est tout autre : il espère clairement que la vague mondiale en faveur de l’égalité, qui a atteint son point culminant avec la libération de l’Afrique du Sud, est en train de se retirer pour laisser place à une nouvelle ère qui permettra de défendre sans euphémisme la valeur inégale des vies humaines, comme à l’époque de l’apogée de l’impérialisme européen.
Dans l’état actuel des choses, il serait téméraire de prédire lequel de ces deux scénarios a le plus de chances de se réaliser. Il fut un temps où il semblait que l’apartheid en Afrique du Sud ne prendrait jamais fin ; il fut un temps où il semblait également impossible que l’apartheid en Cisjordanie dure aussi longtemps que ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui, sans aucune perspective apparente de fin en vue. Mais nous devons être absolument clairs sur ce qui est en jeu et sur le désastre qui frappera l’humanité si la vision de Netanyahou devait se concrétiser.
Contributeur
Daniel Finn est rédacteur en chef de Jacobin. Il est l’auteur de One Man’s Terrorist : A Political History of the IRA.
Source : Jacobin, Daniel Finn, 04-11-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Antisémitisme ?
Je tiens à rappeler aux lecteurs que les palestiniens sont des sémites (contrairement à la majorité des juifs qui ne le sont pas, le judaïsme est une religion, pas une « race »).
Quand j’entends des juifs « caucasiens » hurler sur les toits qu’ils sont victimes « d’antisémitisme » dès que l’on signale que le gouvernement israélien se comporte de manière ignoble envers la population palestinienne qui n’a rien demandé (depuis plus de 70 ans malgré les résolutions de l’ONU)…
C’est comme si les catholiques se mettaient à hurler à la mort et se plaindre « d’antiromanisme » quand on vient critiquer leurs opinions et leurs comportements.
S’ils soutiennent un état qui est dans la lignée des pires anciens bourreaux des adeptes de cette religion dans le passé il faudrait leur faire comprendre (essayez, je vous souhaite bonne chance de convaincre un fanatique politico-religieux) que leurs « revendications » sont strictement identiques à celles des idéologies des « heures les plus sombres de notre histoire ».
Et s’ils avaient un tant soit peu d’honnêteté ils devraient aussi se battre contre « l’oubli » des massacres récents d’autres populations à savoir les arméniens, les kurdes, les tziganes, les slaves (26 millions de morts rien qu’en ex-URSS – Staline était un « petit joueur ») et de tous les autres.
Sans oublier bien sûr les « revendications territoriales » en se battant pour que les colons soient expulsés de l’intégralité des Amériques pour que les amérindiens puissent récupérer les territoires de leurs ancêtres..
Du moins ceux qui ont survécu au génocide.
Les « revendications » de groupes violents sont toujours à géométrie variable, et leurs soutiens sont toujours assez puissants pour que leur propagande soit fortement médiatisée.
4 réactions et commentaires
Antisémitisme ?
Je tiens à rappeler aux lecteurs que les palestiniens sont des sémites (contrairement à la majorité des juifs qui ne le sont pas, le judaïsme est une religion, pas une « race »).
Quand j’entends des juifs « caucasiens » hurler sur les toits qu’ils sont victimes « d’antisémitisme » dès que l’on signale que le gouvernement israélien se comporte de manière ignoble envers la population palestinienne qui n’a rien demandé (depuis plus de 70 ans malgré les résolutions de l’ONU)…
C’est comme si les catholiques se mettaient à hurler à la mort et se plaindre « d’antiromanisme » quand on vient critiquer leurs opinions et leurs comportements.
S’ils soutiennent un état qui est dans la lignée des pires anciens bourreaux des adeptes de cette religion dans le passé il faudrait leur faire comprendre (essayez, je vous souhaite bonne chance de convaincre un fanatique politico-religieux) que leurs « revendications » sont strictement identiques à celles des idéologies des « heures les plus sombres de notre histoire ».
Et s’ils avaient un tant soit peu d’honnêteté ils devraient aussi se battre contre « l’oubli » des massacres récents d’autres populations à savoir les arméniens, les kurdes, les tziganes, les slaves (26 millions de morts rien qu’en ex-URSS – Staline était un « petit joueur ») et de tous les autres.
Sans oublier bien sûr les « revendications territoriales » en se battant pour que les colons soient expulsés de l’intégralité des Amériques pour que les amérindiens puissent récupérer les territoires de leurs ancêtres..
Du moins ceux qui ont survécu au génocide.
Les « revendications » de groupes violents sont toujours à géométrie variable, et leurs soutiens sont toujours assez puissants pour que leur propagande soit fortement médiatisée.
+21
AlerterLes juifs n’ont pas arrêté de répéter « plus jamais ça ! » Et pourtant, durant la guerre civile au Rwanda où, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, un ministre africain a officiellement signé un document soutenant l’extermination du camps adverse, les juifs qui pourtant ont tant souffert durant la seconde guerre mondiale, on ne les a pas vu bouger un poil du cu.l !
+11
Alertermerci de rappeler ces faits – ce qu’on peut faire sur ce blog 😉
et oui, « ethniciser » une religion conduit toujours au pire…
quand je parle à mon voisin, je ne me préoccupe pas de savoir s’il est animiste ou athée – ce qui compte c’est ce qu’on FAIT
et c’est toujours instructif de prendre en compte « d’autres » (cultures, coutumes…)
+8
AlerterUn grand merci pour l’honnêteté de votre plume.
C’est absolument réconfortant, dans un monde qui a perdu la raison, de lire que dans cet occident (qui est devenu un oxydant pour tout ce qui touche) il existe encore des voix et des plumes qui osent prendre un risque au prix de leurs carrières et de leurs vies pour dénoncer la culpabilité ouvertement assumée des dirigeants euro-américains mais aussi des monarques du golfe et d’autres dans l’horreur que subi le peuple palestinien.
Fort heureusement, l’éternité n’est pas de ce monde. Les empires naissent avec, pour certains, l’espoir d’un monde meilleur mais disparaissent avec le rejet et le mépris de tous pour les crimes et les horreurs qu’ils ont commis. Tout comme les empires du passé : perse, égyptien, grec, romain, musulman, l’impérialisme occidental, tôt ou tard, finira lui aussi par connaitre le déclin et la fin.
On oubli toujours que les Palestiniens sont colonisés et opprimés depuis plus de 70 ans et ils ne demandent rien de plus que de vivre en paix sur les terres de ces ancêtres. Mais cela est trop demandé. Les amérindiens nous le rappellent encore aujourd’hui. Imaginez un instant les Français, les Allemands, les Britanniques… subir le dixième de ce qu’endurent les Palestiniens depuis 48.
« L’homo-civilisus » n’a rien appris des leçons du passé. Il ne fait que répéter les mêmes bêtises. Nous ne faisons que passer sur cette terre. Les billions de $ et les empires terrestres et peut-être bientôt planétaires ne sont au fond que des mirages.
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