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3.octobre.20173.10.2017 // Les Crises

Comprendre la situation en Catalogne, par Miguel Ortiz Lombardía

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Source : Lundi matin, Miguel Ortiz Lombardía, 01-10-2017

Cette lettre naît d’un désarroi, celui de voir le peu d’intérêt des médias “alternatifs” français, au moins la longue liste de ceux que je suis couramment, pour ce qui est en train de se passer en Catalogne. Elle cherche aussi à renseigner mes amis et à partager avec eux mon point de vue sur ce sujet. Parce qu’évidemment, je peux seulement vous faire partie de mon interprétation des faits que je connais. Je vous invite fortement à aller en trouver d’autres.

Nous avons appris l’importance d’être informés sur ce qui se passe ailleurs, autant par vrai souci pour la vie d’autrui que pour mieux comprendre ce qui nous arrive, ici et maintenant. Nous savons aussi que les grands médias nous offrent une vision du monde qui correspond, presque exclusivement, aux points de vue culturels et aux intérêts matériels et symboliques de la classe que les possède. C’est pourquoi les gens qui ne partageons pas ces points de vue, ces intérêts, cherchons à prendre des nouvelles du monde aussi, quoique souvent avec difficulté, par d’autres moyens. On réussit ainsi à trouver des informations sur les vies et les parcours des migrants qui arrivent ou tentent d’arriver aux portes de notre forteresse, sur les résistances kurdes, palestiniennes, sahraouis et autres, sur les luttes des peuples africains et amérindiens contre les fléaux combinés des inégalités, de l’oppression, de l’extractivisme, sur celles en Grèce contre l’asphyxie économique et culturelle programmée par les technocrates de l’UE.

On peut se dire que nous avons en France assez de problèmes, et cela sans tenir compte des problèmes personnels qui peuvent être déjà assez lourds. Nous avons l’état d’urgence permanent, la casse du droit du travail au profit du capital, le démantèlement progressif des services publics, du système de santé… C’est trop pour, en plus, tout vouloir savoir d’ailleurs. Alors, s’informer un peu, ça va, ça enrichit nos conversations au passage, mais après il faut se focaliser sur ce qu’on peut envisager de résoudre localement. Soit, sauf qu’à y regarder de près, ces problèmes « d’ici » ne sont pas tout à fait nouveaux dans le monde, y compris pas très loin de nous. Allez enquêter en Grèce, au Portugal ou en Espagne à propos de ces questions, vous aurez un bon aperçu des effets des mesures connues déjà là-bas, celles qui viennent au galop en France, dans les ordonnances d’un autre docteur Folamour.

On se dit également que ce sont trop d’informations, qu’on ne peut pas toutes les intégrer : trop d’information tue l’information, vous savez. Mais le monde est grand et complexe et s’il est vrai que nul ne peut tout savoir, il ne l’est pas moins que nous avons besoin de ces récits et de leur mémoire, accessibles, si l’on veut que l’intelligence collective puisse en faire quelque chose d’utile le moment venu.

Eh bien, je vais vous parler de ce qui se passe en Catalogne, ce sujet passé à la trappe, même pour des gens qui s’efforcent à être informés. En fait, je pourrais m’étendre sur la superficialité avec laquelle on passe trop souvent sur ce qui concerne un pays pourtant voisin comme l’Espagne. Je ne le ferai pas, mais je vais vous donner un exemple : j’entends souvent le terme « extrême-gauche » collé à Podemos ou à la maire de Barcelone, Ada Colau. Mais Podemos se définit lui-même comme « ni de gauche, ni de droite », cela vous dit quelque chose ? Et Ada Colau gouverne la ville de Barcelone en coalition avec le PSC, le parti “socialiste” catalan. Si elle a pris quelques bonnes décisions, vis-à-vis du tourisme de masses par exemple, elle a aussi continué la répression contre les migrants qui essaient de gagner leur vie par la vente à la sauvette. Bref, si ces partis politiques présentent un certain renouveau et ont des prises de position défendables, on risquerait moins de se tromper à propos de leur vrai nature en les qualifiant de sociaux-démocrates. Car c’est cet espace politique-là qu’ils ont occupé après la fuite vers la droite des partis qui traditionnellement s’en réclamaient. Corollaire : mon mensuel préféré, CQFD, avait consacré en 2015 un dossier au « pari municipaliste » en Espagne. Il y était question des différents parfums de Podemos et, surtout, des partis dits des “communs”, comme celui d’Ada Colau. Par contre, pas un mot sur les CUP (« candidatures d’unité populaire ») présentes surtout en Catalogne depuis le début des années 2000, bien avant le 15M (sigle par lequel on connaît en Espagne le mouvement des “indignados”) Contrairement à Podemos ou aux “communs”, les CUP sont un mouvement ouvertement anti-capitaliste, qui est contre la monnaie unique, contre les programmes dits « d’austérité » de la troïka, qui fonctionne et prend les décisions en assemblée(s) et dont les élus répondent en tout moment devant la base et ne se présentent qu’à un seul mandat. Un parti qui malgré tout cela a 7 % des sièges du parlement catalan. Dans mon innocence, j’avais pensé qu’il y en avait assez pour attirer l’attention de la « gauche-de-gauche » en France. J’ai même fait un courrier à CQFD pour montrer ma déception et les inviter à s’y intéresser. Ma lettre est restée sans réponse, ce que je peux toutefois comprendre et qui me permet de la reprendre en partie ici. Je pense que les CUP ont, hélas, un stigmate difficilement acceptable en France : elles sont aussi ouvertement pour la constitution d’une république catalane indépendante. Et là, c’est le blocage : parce que vu d’ici, on se dit, à raison, que les kurdes ont le droit de réclamer un ou des états propres et ainsi sous-diviser trois états existants, à savoir l’Iran, l’Irak, la Turquie. Mais l’Espagne, ah non, c’est différent, sa sacrée constitution dit qu’elle est « une et indivisible », tout comme la République Française.

J’ai l’impression, quand j’en parle avec les amis, que le sentiment ici est que la Catalogne essaie de faire un peu comme ce qu’on nous dit du nord de l’Italie, c’est-à-dire, d’échapper un État qui “oblige” ces régions relativement plus riches, à une certaine forme de solidarité avec des régions moins prospères. Je ne vais pas nier que pour une partie des indépendantistes catalans il s’agit bien de cela. Mais en Catalogne vous ne trouverez pas l’équivalent de la Ligue du Nord italienne : la majorité des fascistes catalans sont pour l’union avec l’Espagne. D’autre part, Barcelone a été la première grande ville européenne où des dizaines de milliers de gens sont sorties à la rue pour réclamer que l’état accepte et organise la venue et l’accueil de son quota de réfugiés, voire davantage. Mais la vision économiste du « problème catalan » est, on ne saurait espérer autrement, véhiculée et mise en avant par les grands médias, en Espagne et ailleurs. Il est plus inattendu qu’elle reste presque le seul point de vue des gens qui sont pourtant capables d’aller au-delà des idées reçues concernant d’autres sujets. Je n’accuse personne, j’ai exposé plus haut des raisons qui peuvent expliquer cette méconnaissance. Des raisons que j’accepte en un premier temps, mais que je pense qu’il faut dépasser.

Que se passe-t-il donc en Catalogne ? Je commence un peu à côté, pour vous dire que je ne suis pas nationaliste. Ni catalan, ni espagnol, ni européen. Lorsqu’on me demande d’où je viens, je réponds invariablement par le fait géographique de base : Barcelone. Si j’étais sûr d’être compris, je donnerais la latitude et la longitude, à la place du nom de ma ville. Pourtant, je n’ai pas honte d’être né là-bas, c’est que pour moi, cela n’est qu’une partie, la plus contingente qui soit, de mon histoire. Ne me sentant donc pas partie de la nation catalane, les arguments “historiques” pour son indépendance me sont étrangers, insuffisants, très discutables. Je suis par contre pour l’autodétermination de toute société qui voudrait se gouverner par elle-même. Qu’elle s’appelle “nation” ou non m’est secondaire, je ne me suis jamais posé la question de savoir si les communautés zapatistes s’en considèrent une. Ceci dit, je ne pourrais pas accepter n’importe quelle forme de gouvernement, en particulier ceux basés sur la haine, la violence, l’exclusion. Mais ce seraient alors la haine, la violence et l’exclusion que je combattrais, non leur volonté de se gouverner par eux-mêmes.

Voici donc ce que je pense à propos du « problème catalan ». Ce “problème” vient de loin, les nationalistes vous diront 300 ans, ceux qui se sont passés depuis la fin de la guerre de succession espagnole. Il a connu différents formes en différents moments, il a été nourri par l’attachement des catalans à leur langue et à leurs traditions, ainsi que par les narratives héroïques de son histoire, plus ou moins fausses, comme souvent le sont ce type de récits. Jusqu’ici, le cas typique d’une « nation sans état », une parmi d’autres que dans la formation des états modernes en Europe n’a pas réussi à construire le sien. On ne peut donc nier que c’est bien un sentiment nationaliste qui a cherché avec plus ou moins de force l’autonomie, voire l’indépendance. On ne peut pas non plus nier, comme les gouvernements espagnols l’ont toujours fait, qu’il y a une nation en Catalogne, vu que le sentiment d’en constituer une a été constant et souvent majoritaire chez les catalans. J’ai quitté Barcelone il y a 18 ans. À ce moment-là, une majorité des catalans se disaient nationalistes, mais je dirais que moins de 20 % étaient pour l’indépendance. Je n’étais pas parmi eux. Aujourd’hui, près de la moitié, dont moi, sommes pour l’indépendance. Une si rapide évolution montre que le « problème catalan » a dû quelque part changer de nature. H. L. Macken, par ailleurs assez peu fréquentable, écrivit « il y a toujours une solution bien connue pour chaque problème humain : claire, plausible et fausse ». Il serait facile d’expliquer la montée de l’indépendantisme par la crise. Ce serait oublier la partie symbolique du problème, celle du mépris du peuple “démocratiquement représenté”. En 2005, avant que la crise éclate, le gouvernement catalan est dirigé par une coalition « de gauche », avec les “socialistes” en tête, et dont seulement un parti, ERC (gauche républicaine catalane) se déclare indépendantiste. La droite nationaliste, alors non ralliée à l’indépendantisme, est en minorité au parlement catalan. Ce parlement approuve, en septembre 2005, un nouveau « statut d’autonomie » avec 90 % des voix de ses députés. Deux ans avant, en décembre 2003, alors candidat “socialiste” au poste de premier ministre, Rodríguez Zapatero, avait promis, lors d’un meeting à Barcelone, qu’il soutiendrait toute proposition de statut approuvé par le parlement catalan. En 2006, avec une majorité suffisante au Congrès espagnol, en bonne partie grâce aux députés “socialistes” catalans, Zapatero non seulement ne tient pas sa promesse, mais il oblige à raboter le statut de ses demandes les plus fédéralistes et nationalistes. Abandonnant ces alliés de gauche et même les propres socialistes catalans, il s’allie à la droite nationaliste catalane et arrive à un compromis au Congrès espagnol. Le statut ainsi dénaturalisé est pourtant approuvé en Catalogne par un referendum (74 % pour, 21 % contre, participation 49 %) que le gouvernement d’Espagne a accepté à contrecœur, craignant que la population refuse le statut : la commission électorale et la cour suprême avaient interdit de promouvoir la participation. Quelques jours plus tard la droite espagnole (PP) dépose un « recours d’inconstitutionnalité » auprès de la cour constitutionnelle, contre 187 des 223 articles du nouveau statut. Le PP arrive au pouvoir en 2008, la cour constitutionnelle ne s’est toujours pas prononcée, le renouvellement de ses juges est un enjeu majeur de la législature et ce sont des juges très à droite qui, en juin 2010, donnent raison à la plupart des demandes du PP. Moins de deux semaines plus tard, le 10 juillet, entre un million et un million et demi de personnes manifestent à Barcelone derrière le slogan « Nous sommes une nation. Nous décidons », la première d’une longue série de manifestations massives. La crise, certes, était arrivée entre temps, mais ce n’est pas elle qui a sorti ces gens à la rue. Le premier point de bascule dans cette histoire est, à mon avis, ce 10 juillet 2010. En ce moment ce sont surtout des nationalistes de droite, jusqu’ici pour la plupart commodes avec le système dit « autonomique », qui commencent à pencher pour le camp de l’indépendance.

En 2011, le mouvement du 15M remue l’Espagne. Quelques tabous se brisent, la monarchie par exemple ne va plus de soi, le républicanisme et le fédéralisme reviennent aux discussions politiques pour une partie de la population. Pendant un certain temps un élan de démocratie directe souffle et fait naître des espoirs. Mais manquant de force et d’organisation, le mouvement s’essouffle, en partie parasité par des nouveaux partis politiques créés ad hoc, dont Podemos, qui tire finalement l’épingle du jeu. Ces partis promettent d’entrer dans le jeu représentatif pour porter aux institutions « la voix du peuple », ce peuple qui disait aux députés « vous ne nous représentez pas ». En Catalogne ce « mouvement des places » est, en plus, traversé par les mouvements nationalistes de gauche. Il aura une évolution différente de celle qu’il vivra en Espagne. Entre les discussions qui se tiennent dans les assemblées des places et des quartiers, le sentiment que l’indépendance pourrait être un moyen de donner plus de pouvoir au peuple prend ampleur. Certains diront que les nationalistes de gauche ont manipulé les autres pour rallier au camp indépendantiste des gens qui ne venaient pas du nationalisme. Que des manipulations il y en a de toutes sortes, et surtout en politique, j’en suis convaincu. Je me trompe peut-être, mais je ne pense pas que ce soit ici le facteur le plus important. Quoi qu’il en soit, je pense qu’à ce moment, ce sont en effet des gens de gauche, nationalistes ou non, qui ont basculé vers le camp de l’indépendance, la voyant comme une condition de possibilité d’un « procès constituant », vers une république, catalane, plus sociale, moins dominée par les oligarchies.

Après la fameuse sentence de la cour constitutionnelle, à chaque fois que le gouvernement catalan a passé des lois qui étaient près de la limite du statut deux fois raboté, le gouvernement espagnol l’a saisie pour paralyser ces lois. La cour lui a donné gain de cause presque à chaque coup. Certaines de ces lois touchaient, par exemple, aux écoles, aux impôts (comme celui gravant les banques propriétaires de logements vides) à certaines garanties sociales (comme une loi empêchant les compagnies de gaz et d’électricité de couper le jus aux gens sans ressources) à l’écologie. Le sentiment de mépris, alimenté en plus par une arrogance sans pareil de la part du gouvernement espagnol, ne pouvait que nourrir en un premier temps la rage, puis l’envie de trouver une sortie. On a commencé à parler de plus en plus d’un référendum d’autodétermination, que la plupart des catalans voulaient négocier. On s’est trouvés avec la négative systématique. On nous a dit que la constitution espagnole ne permettait pas une telle rêverie et que puisque cette constitution était le fruit laborieux d’un grand consensus à l’issue de la dictature, il ne fallait pas la toucher. La stratégie bien rodée de la peur : si on touche la constitution, c’est à nouveaux la division, le chaos et qui sait, même la guerre. Or la constitution avait été déjà reformée en 1992, suite au traité de Maastricht. Pire, l’été de cette année 2011, l’année des “indignados”, en plein mois d’août et par une procédure d’urgence et en lecture unique, les Cortes (réunion des deux chambres législatives) avec les “socialistes” de Zapatero au gouvernement et avec le support du PP et de ses affidés de l’UPN (droite de Navarre) réforment son article 135. Cette réforme inscrit dans la constitution espagnole la « règle d’or », désormais indépassable, dans les dépenses publiques. Pire encore, elle impose que le service de la dette passe devant toute autre priorité de l’état. Y compris la santé, l’éducation, les retraites. Comme les trois partis ont plus de 90 % des sièges, aucun référendum n’est convoqué, alors qu’une très grande partie de la population crie au scandale. La constitution est donc réformable, mais seulement si les grands partis, représentant des oligarchies vielles et nouvelles, le veulent. Le sentiment de la plupart de nous, en Catalogne et au-delà, est qu’ils ne le voudront jamais en ce qui concerne la forme de l’état (république ou monarchie) ni en ce qui concerne le droit d’autodétermination des peuples faisant partie de l’Espagne. Podemos n’a pas réussi le sursaut politique qui avait donné un certain espoir de vrai renouveau et n’importe qui avec un peu d’honnêteté intellectuelle se doit d’avouer que la situation est dans une impasse.

Je ne suis pas le seul à penser que si les politiciens espagnols avaient montré un peu plus d’intelligence et avaient vraiment souhaité négocier, tout ce “procès” aurait été désamorcé. Mais ils ne veulent négocier autre chose que le financement, ils ne veulent pas admettre qu’il ne s’agit (plus ?) d’une question d’argent. Si un référendum d’autodétermination avait été proposé et conduit, comme au Québec, comme en Écosse, les indépendantistes l’auraient fort probablement perdu. Parce qu’il y a au minimum une moitié de la population qui ne veut pas, même aujourd’hui, l’indépendance. Parmi eux, beaucoup de nationalistes espagnols, dont une minorité reste dans les pires schémas de la dictature franquiste, tandis qu’une majorité d’entre eux a tout simplement le même attachement à leur langue, leurs coutumes, leurs histoires plus ou moins inventées, que les nationalistes catalans aux leurs. Mais il y a aussi de gens qui sont contre l’indépendance sans être des nationalistes espagnols, qui pensent seulement qu’une Catalogne indépendante n’a pas de sens, ni politiquement, ni économiquement, qu’on va plus loin unis que séparés, ou qui sont tout simplement dégoûtés par la propagande nationaliste catalane, qui a sévi avec force décuplée ces derniers cinq ans. Avec tous, sauf avec les plus rances, on devrait pouvoir discuter, il aurait été sain de le faire. Je comprends en particulier les compas « d’en bas à gauche » qui me disent que c’est beaucoup d’énergie investie en un “procès” qui ne devrait aboutir, au “mieux”, qu’à un autre état. J’ai été du même avis longtemps, mais je pense maintenant que face à l’immobilisme, voire le recul, un pas en avant, d’ailleurs pas si petit que ça, même s’il est insuffisant, vaut le coup. Bref, dans le scénario d’un référendum négocié, je pense qu’une partie des indépendantistes d’aujourd’hui auraient rejoint les rangs de ces unionistes qui voudraient aussi un changement.

Hélas, on n’en est pas là. Certes, les indépendantistes du parlement catalan ont fait des entorses à leurs propres lois et règlements pour pouvoir passer en force et en urgence les textes qui convoquent le référendum unilatéral et qui créent le cadre pour une transition en cas de victoire du “oui”. Ils ont agi ainsi par stratégie, pour que l’attendue réponse du gouvernement espagnol n’aie pas le temps de se déployer et de l’arrêter. Mais le gouvernement espagnol a réagi rapidement et sans ménagement, se moquant au passage, lui aussi, de ses propres lois : perquisitions sans ordre judiciaire, mandats d’arrêts avant qu’un délit soit commis, essai d’intervention des comptes et de la police catalane… et, plus grave encore, attaque d’un droit fondamental, le droit à la liberté de presse. S’entêtant à résoudre par la voie judiciaire, qui sait si par la force, un problème politique, le gouvernement espagnol a montré que la séparation de pouvoirs en Espagne est une chimère. En plus, on nous dit que ce référendum est illégal et que ce qui est illégal est anti-démocratique ; ce sont les mots du premier ministre espagnol. Oubliant au passage que toutes les luttes démocratiques ont dû à un moment ou à un autre faire fi de lois injustes, y compris par voie révolutionnaire, pour précisément aboutir à plus de démocratie. En envoyant des policiers pour explicitement empêcher ce référendum, ce gouvernement a aussi montré qu’il est capable d’aller très loin, on espère que ce ne soit pas trop loin. Que tout cela arrive dans un pays européen sans que personne bronche au-delà des Pyrénées, me semble très préoccupant. Ça dit très long du niveau d’acceptation de ce type de « mesures d’urgence » en Europe.

Ces derniers jours nous ont montré qu’une solution négociée n’est pas possible aujourd’hui. Certains politiciens espagnols gesticulent maintenant et demandent de pourparlers. Or Podemos, malgré leur nom, ne peuvent pas : pour changer la constitution espagnole il faut compter avec le PP, majoritaire au Sénat, et avec les “socialistes”. Et les “socialistes”, même s’ils prétendaient vouloir négocier, ont perdu toute crédibilité à force de rompre leurs promesses. Seules des instances internationales pourraient forcer une médiation. Mais on connaît bien l’efficacité de la « communauté internationale » et de l’européenne en particulier, alors, contrairement à beaucoup de catalans, je n’y attends rien.

Je ne peux pas vous dire qu’est-ce qui va se passer le premier octobre, ni le jour après. Je peux vous dire par contre, que nous sommes beaucoup à vouloir montrer ce jour-là notre détermination à nous gouverner comme peuple souverain. Aussi, je pense qu’une étape a été franchie et que difficilement la vie politique sera la même en Catalogne et en Espagne.

Quoi qu’il advienne ces prochains jours, il faudra toujours lutter contre toute autorité, espagnole, catalane ou autre, nous imposant une vie que nous ne voulons pas.

Salut i alegria !

Miguel Ortiz Lombardía

Source : Lundi matin, Miguel Ortiz Lombardía, 01-10-2017


Comprendre la situation en Catalogne 1

Source : Lundi matin, 01-10-2017

À la veille du scrutin pour l’indépendance, des barcelonais nous racontent la situation, sa genèse, ses enjeux.

Face à la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve la Catalogne, il nous a semblé nécessaire, avec quelques camarades de récapituler et raconter les faits. Notre but est de faire la lumière sur certaines interrogations dont nous ont fait part nos amies ces derniers jours, d’expliquer la situation dans laquelle nous nous trouvons ainsi que les incertitudes auxquelles nous faisons face.

Commençons par une brève chronologie du procés (nous utiliserons ce terme pour parler du processus d’indépendance de la Catalogne) de ces dernières années.

2010.

Après une deuxième attaque au statut d’autonomie de la Catalogne de la part du Tribunal Constitutionnel Espagnol, le procés débute, impulsé par le gouvernement de Convergència i Unió, parti historique de la droite catalaniste. Il est bon de rappeler qu’il s’agit d’un moment de grandes coupes budgétaires, ceci provoquant des mobilisations massives de la part de la population.

2012.

La CUP (Candidature d’Unité Populaire), intègre le parlement catalan, il se défini comme un parti assambleiste, anti-capitaliste, socialiste et féministe.

2014.

Une demande de referendum est faite au gouvernement espagnol. Celui-ci refuse, une consultation est effectuée, à la suite de laquelle seront condamnées plus tard des membres du gouvernement catalan.

2015.

Le Gouvernement catalan convoque des élections anticipées en annonçant que les résultats seront considérés comme plébiscitaires pour l’indépendance de la Catalogne. Les partis indépendantistes se regroupent au sein de la coalition Junts pel Sí. Seule la CUP décide de se présenter séparément mais accepte l’idée d’élections plébiscitaires. Le total du nombre des voies exprimées en faveur des deux candidatures rend la force indépendantiste majoritaire au parlement. L’absence de majorité absolue ne permettant pas de déclarer l’indépendance unilatéralement, le pari est fait d’amplifier la base sociale favorable à un état propre, et ensuite d’impulser un référendum. Les 10 députés obtenus par la CUP la placent dans un rôle déterminant pour le procés, notamment en lui permettant d’empêcher le maintien d’Artur Mas, connu pour ses coupes budgétaires et sa politique d’austérité à la présidence de la Catalogne. C’est le début du processus vers l’indépendance.

Junts pel Si a cherché à tenir la promesse du referendum sur l’indépendance jusqu’au dernier moment. Les alliés de circonstance léniniste de la esquerra independentista, dont fait partie la CUP ont de leur côté tout fait afin que le référendum ne ressemble pas au pétard mouillé du vote de 2014, dans lequel le gouvernement de Convergencia i Unio se bornait à un simple calcul arithmétique d’un citoyennisme engagé.

Une fois passées les élections de 2015, l’Union Patriotique se place en fer de lance de l’indépendance alors que les socialistes inspirés de Fanon jouent le rôle de caution radicale du mouvement, empêchant les premiers de trahir les attentes crées par ce projet. Le projet indépendantiste peut alors se lancer dans son véritable projet : la construction des structures pour un nouvel État-nation.

Après deux années de litanies et de répétitions dignes d’une mauvaise série tv, le gouvernement Indépendantiste Catalan en vient à tenter le tout pour le tout avec la mise en place concrète de l’autonomie. Ce qu’il se passe en Catalogne apparaît comme un arrêt de la reconnaissance du fondement constitutionnel de l’État post-Franquiste. Cependant, ce qui ressemble à une sécession de masse n’est plutôt en réalité qu’un émiettement, une fragmentation d’une entité d’apparence solide, cet état Espagnol, mais qui honteusement se sait instable.

La “culture catalane” comme incarnation de la nostalgie d’une communauté dans un monde d’inconnus, est une marchandise très attractive dans un pays qui s’est principalement enrichi grâce au commerce. Ce talent a créé de la richesse et constitue l’axiome principal de la supériorité morale du catalanisme néolibéral : abolition des frontières du marché, progressisme multiculturel, hipsterisme global. Talent également incarné dans la figure pétrifiée du travailleur-proletaire pour le gauchisme de la CUP : militant hautain, sacrifié pour la production et homme de fer obéissant. Une grande partie de la stratégie du front indépendantiste se base sur la construction de légitimité jusqu’à sa reconnaissance institutionnelle par au moins une partie des entités de l’hégémonie politique internationale.

Septembre 2017.

Un mois avant le 1er octobre, le parlement de Catalogne approuve la loi du referendum, dans lequel il est précisé que celui-ci donnera lieu, en cas de victoire du oui, à la mise en place effective d’une indépendance, ainsi que la Ley de Transitoriedad, qui précise les conditions de cette indépendance et les changements juridiques qu’il entraînera. Ces lois sont immédiatement suspendues par le Tribunal Constitutionnel Espagnol (héritier du tribunal d’Ordre Public Franquiste, qui a l’autorité d’annuler toute décision avec l’argument de l’exception).

Le gouvernement Catalan de son côté ne reconnaît pas la suspension, et déclare que l’organisation du référendum se poursuivra. Suite à cela, la machine répressive de l’État Espagnol se réveille et va attaquer durement tous les organes opérationnels du procés :

  • Fouille des imprimeries suspectées d’imprimer le matériel pour le référendum et des locaux des partis indépendantistes.
  • Interdiction de tout soutien public au référendum. Arrestation des personnes qui créent des copies de la page web officielle, qui est censurée.
  • Prise de contrôle des comptes bancaires du gouvernement Catalan.
  • Tentative de prise de contrôle des Mossos d’Esquadra, la Police autonome catalane.
  • Réquisition de tout le matériel destiné au référendum.
  • Convocation de tout les maires qui ont signé le manifeste de soutien au référendum (ce qui représente 75% des maires catalans).
  • Arrestation et inculpation des hauts fonctionnaires du ministère de l’Economie Catalan et de personnalités de collectifs citoyens promoteurs du référendum.

Par rapport au Partido Popular (Parti de droite d’héritage fasciste au pouvoir), on ne pouvait pas s’attendre à moins. Proche des acteurs de l’immobilier et d’investisseurs déterminants dans le marché européen, la stabilité législative est garante de leur croissance. En tant que droite conservatrice ils ont toujours été prêts a la confrontation.

Faute d’une réelle loyauté de la part du Mossos, le gouvernement central a déployé en Catalogne la plupart des effectifs anti-émeutes de la Guardia Civil, très étrangère aux catalans et figure hostile associée culturellement au franquisme. Un climat d’exceptionnalité est palpable, la Catalogne s’attend à la répression dans une ambiance calme sous haute tension. Depuis deux semaines, les gens ont répondu face aux manœuvres contre-insurrectionnelles en se rendant immédiatement sur place interpeller la police en proclamant des mots d’ordre indépendantistes et des chants joyeux ou encore en empêchant l’avancée de la Guardia Civil en y mettant en jeu leur corps quand cela a été nécessaire. Dans certains cas ces actions ont permis un recul de la force publique.

Si les opérateurs de téléphonie ont empêché l’accès a certains sites internet suite a l’ordre de la magistrature la copie et la multiplication de contenus ont été les moyens utilisés pour rétablir les communications sabotées. Pendant qu’un camp tente d’émietter la structure organisatrice du référendum en bloquant ses exécuteurs techniques et en s’attaquant à leurs nœuds logistiques, les autres parient sur le blocage pacifique de ladite stratégie en dupliquant autant de fois que cela sera nécessaire le matériel de vote. Reste à voir ce qu’il va se passer quand la résistance passive ne suffira plus, si l’on mettra de côté les discussions sclérosantes sur les moyens légitimes d’auto-défense.

Une telle escalade de la répression provoque largement, chez ceux qui ne s’étaient jusque là pas prononcés ou sentis interpellés, un positionnement en faveur de la consultation. Des cacerolades et affichages massifs dans toute la Catalogne s’en sont suivis, des collectifs autonomes et anarchistes y ont pris part activement. Le 20 septembre, Barcelone s’est réveillée avec la police espagnole perquisitionnant les huit sièges du gouvernement Catalan. Tout au long de la journée ils ont aussi tenté de fouiller le siège de la CUP. Des milliers de personnes se sont spontanément retrouvées dans la rue pour insulter la police. Ça a été une séquence ou pendant de longues heures des situations insolites ont été vécues, ou l’on a pu voir des anarchistes défendre le ministère de l’économie de la région catalane ou des libéraux défendre le siège de la candidature anticapitaliste. La consigne a en tout moment été le pacifisme absolu, marque de fabrique de tout le procés.

Dans l’action, des vitres et des roues des fourgons de la Guardia Civil ont été détruites, faits pour lesquels certaines personnes ont été accusées de sédition. Il y a eu ceux qui se sont assis par terre face aux charges de la police catalane (mossos de esquadra) et des chaînes humaines citoyennes effectuées par certaines des organisations qui donnent leur appui à l’indépendantisme. Nous avons pu sentir ce jour-là une situation proche du débordement, quand les organisations citoyennes ont annulé un rassemblement auquel elles n’avaient même pas appelé, les gens leur conseillant de rentrer se coucher tout en proposant avec enthousiasme de commencer une occupation de la place. Dans les jours qui s’en sont suivi, les « gouverneurs » du procés comme la ANC (assemblée nationale catalane, organisation mobilisante avec un fort enracinement territorial et porte parole citoyen du procés) se sont acharnés a répéter encore et encore qu’il s’agit d’une lutte indiscutablement pacifique.

Nous assistons à l’arrivée d’une limite au sein du Spectacle, car les promesses qui s’éternisent deviennent irréversibles. Nous sommes témoins du choc entre deux pouvoirs constituants. Désormais, il nous faut voir si les gens qui en ont marre, les formes-de-vie destituantes, celles qui traversèrent autant le 15M ( mouvement des places) ainsi que la grève de leur secteur d’activité, en passant par l’une des chaînes humaines de l’ANC, sont prêtes à tout donner. Nous verrons si ça passe du geste-mort du canapé de son chez-soi à mettre son corps en jeu pour les autres. Nous verrons si le désir d’intensité de ce qui est vécu est plus fort que le mauvais vent de tristesse pour ce qui est à perdre. On dit des catalans que nous sommes modérés, prudents, aseptisés, mais aussi qu’on est vindicatifs et qu’on perd la tête si la situation le mérite. C’est que qu’on appelle « el seny i la rauxa »

Entre les anciens qui vécurent les vestiges du franquisme et les orphelins de classe qui l’avons appris à l’école, le ciseau de la brèche générationnelle se ferme, tout comme en 2011 sous le mouvement du 15M (Mouvement des places). C’est un sous-produit de sentimentalisme nationaliste qui est en train d’accomplir ce que le mouvement ouvrier de 77 n’a pas su faire. Nous verrons maintenant si nous sommes capables de nous organiser en une force collective, dans sa multiplicité d’acteurs et son hétérogénéité de pratiques, qu’elles soient plus ou moins intenses, plus ou moins offensives, et ainsi atteindre un geste de rupture définitive. Les prochains jours de cette semaine seront déterminants.

Aux vues de la singularité de la situation il est difficile de prédire ce qu’il va se passer. Il y a d’un côté un gouvernement de droite qui défie et est prêt à désobéir à un état fasciste. De l’autre côté il y a la gauche indépendantiste, avec qui on a beaucoup coïncidé dans la rue, qui poursuit depuis des années ce moment et est prête à le défende avec des méthodes proches de nôtres.

En dernier lieu, il y a énormément de monde dans la rue, la situation peut déborder à n’importe quel moment. Tout le monde ne s’accordait pas sur la méthode de la chaîne humaine le 20-S. Les syndicats portuaires ont annoncé qu’il ne permettraient aucun service aux paquebots qui logent les 6000 policiers que l’état espagnol a déplacé à Barcelone. Les syndicats les plus radicaux ont appelé à la grève générale à partir du 3 octobre. Le reste de l’État Espagnol se vide de ses effectifs de police anti-émeutes. Samedi après-midi, une manif a été appelée aux congrès des députés de Madrid, tout comme pendant le mouvement 15M. Il y aura sûrement un effet de multiplication exponentielle des appels en solidarité suivis d’actions dans toutes les villes, tout comme pendant les émeutes de Gamonal ou celles de Can Vies. De façon générale, la sensibilité commune à se servir de cette situation pour que tout tombe est largement partagée, ainsi que la rapidité efficace de la réaction générale spontanée. Le climat de la métropole catalane est électrique.

Les étudiants se sont mobilisés massivement eux aussi, en occupant une cible symbolique : le rectorat de Barcelone. Celui-ci pourrait s’avérer être un lieu clé durant les journées à venir, un lieu depuis lequel propager le sentiment que nous sommes plus vivants que jamais.

Des Centaines de Comités de Défense du Référendum surgissent au sein des quartiers et des villages. Des assemblées où confluent des singularités hétéroclites autour d’un objectif commun. Des affichages massifs se déroulent chaque nuit en un geste de résistance. Il semblerait que la bataille pourrait se mener entre le seny du gouvernement catalan avec ses entités citoyennistes et leurs chaînes humaines, et la rauxa de celles et ceux qui se rencontrent dans les rues, prêts à tout. Entre celles et ceux qui sont à la recherche d’un état propre et qui organisent la logistique en conséquence et celles et ceux qui n’ont jamais étés indépendantistes mais qui sont là, puissants, pour combattre le fascisme et pour lancer la gréve générale. On parle de maintenir les Comités de Défense après le référendum, de les transformer en Comités de Grève, pourquoi pas les faire devenir des Comités pour la Vie après la Grève ?

Le gouvernement catalan persiste, le premier octobre il y aura vote, et les gens sont déterminés, même s’il faut refuser de se soumettre à la légalité pour y arriver.

De l’autre côté l’espagnolisme vieux jeu se dévoile sous sa forme la plus classique et morbide : des manifs haineuses des fascistes qui frappent des familles sur leur passage aux adieux de la Guardia Civil qui part en voyage en Catalogne aux cris de « a por ellos » et « exécution des séparatistes. Il faudra sans doute être préparés pour nous défendre des attaques fascistes qui auront sûrement lieu. Ce sera peut être le moment ou ceux qui seront là ne voudront plus se jeter par terre et lever les mains en signe de paix.

Dernièrement, nosotros, entre camarades, nous nous sommes interrogés sur le fait de ne pas avoir pensé une stratégie par rapport a cette situation auparavant. Par idéologie, par incapacité ou par simple mépris, nous nous voyons poussés à prendre des décisions rapidement, des décisions qui ne seront sûrement pas les meilleures. Nous avons toujours vu ce contexte comme traversable, jamais comme un scénario dans lequel pouvoir dessiner un geste possible. Pour certaines, ce qui nous habite est le fait de ne pas savoir comment se servir de cette situation pour y agrandir la blessure de l’époque, dans la brèche qui s’ouvre, comment marteler la colonne vertébrale du Tout. Nous nous projetons dans une action imaginable de l’incroyable, et même, qui sait, peut être attirer un tas de monde(s) vers une sécession sans retour de et depuis la vie même.

Source : Lundi matin, 01-10-2017

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Commentaire recommandé

Sam // 03.10.2017 à 09h12

Il semble que le délitement des souverainetés, sous la pression de l’UE, est le responsable. On dirait les icebergs de l’Antarctique, qui se désintègrent irrémédiablement.

Sans la souveraineté, les différentes composantes du corps social se décomposent, et on voit fleurir de nouvelles souverainetés un peu partout. Bruxelles, dans son grand mouvement centralisateur, n’avait certainement pas prévu cette conséquence : elle voulait de grandes régions administrées, pas de nouveaux centres de décision.

La Catalogne aujourd’hui illustre un peu plus l’irresponsabilité et l’incurie de nos dirigeants et de leurs politiques depuis des années, complétement coupées du réel.

69 réactions et commentaires

  • Fritz // 03.10.2017 à 06h03

    Je pense que le référendum catalan est légitime sinon légal. Cependant, la participation plutôt faible (42,3 %) ne traduit pas seulement la peur des violences policières, mais aussi l’indifférence des nombreux Espagnols non-catalans qui habitent en Catalogne.

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    • Sandrine // 03.10.2017 à 09h26

      Le modèle que vous défendez, c’est celui du « Law shopping » le marché du droit. Chacun doit pouvoir choisir la législation qui favorise au mieux ses intérêts… Et que les autres aillent se faire f…
      C’est le modèle défendu par l’ultra-libéralisme. Si vous croyez que cela va favoriser la démocratie, vous vous trompez profondément… Cela aggravera seulement un peu plus encore la féodalisation de la société.

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      • Fritz // 03.10.2017 à 12h50

        Merci pour le compliment, Sandrine, et merci pour l’expression anglaise que vous m’apprenez. Thank you very much. Mon principe est seulement la souveraineté des peuples, principe que les ultralibéraux ont défendu mordicus lorsque les Grecs ont dit NON en 2015, c’est bien connu.

        Au passage, je rappelais que les Catalans ne sont pas les seuls habitants de la Catalogne. Les « Espagnols » sont nombreux à Barcelone, et on ne peut les ignorer.

        Sans dévoiler mon identité, je répondrai seulement qu’il est risqué de parler de « féodalisation » à quelqu’un qui a soutenu sa thèse sur la féodalisation d’une société méridionale entre le Xe et le XIe siècle. Qui plus est, sous la direction de Pierre Bonnassie, qui avait soutenu sa propre thèse sur la même problématique… en Catalogne.

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        • Le Rouméliote // 03.10.2017 à 18h05

          La thèse de Bonnassie sur le XII° est remarquable. Elle avait alimenté les cours de médiévale !

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      • Gwen // 03.10.2017 à 13h16

        C’est intéressant ce que vous dites là, « chacun choisit la législation qui le favorise le mieux »… Durant le bas Moyen Âge (Clovis rex francurom tout ça tout ça), lorsque vous étiez devant un tribunal, on a souvent pensé que vous deviez être jugé selon les lois de votre peuple (droit romain pour les romains, loi salienne pour les francs….) alors qu’en fait vous pouviez choisir selon quelle législation vous pouviez être jugé ! Et c’était vraiment très intéressant dans certains cas de choisir une droit ou un autre. Ce que je veux dire (si j’ai bien compris), c’est que votre « Law Shopping » (dieu que je haie les anglicismes !), n’est pas un truc sorti de nulle part, ça existait déjà avant donc rien à voir avec l’ultra libéralisme (qui n’a rien à voir avec le libéralisme politique du 19ème siècle).

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        • Sandrine // 03.10.2017 à 16h19

          L’utilisation du terme Law shopping n’est pas une coquetterie de ma part : c’est un concept juridique utilisé actuellement (malheureusement) dans l’UE (https://www.scts.fr/info/glossaire/125440/forum-shopping-law-shopping).
          De mon point de vue, c’est le signe de la fin du gouvernement par les loi (seul à même de garantir la démocratie, comme les anciens Grecs l’avaient bien vu) et celui de l’entrée dans une nouvelle ère, où ce qui primera ce seront les liens d’allégeance personnelle, à l’image de ce que fut le système féodal (et qui se manifeste déjà par la prolifération des mafias de toute sorte.).

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        • Sandrine // 03.10.2017 à 16h20

          Suite du précédent …
          L’idée de droit des peuples à l’auto-determination est pour cette raison très ambivalente (tout comme ce referendum en Catalogne). On ne peut pas évidemment etre contre le fait que des populations cherchent à (re)prendre en main leur destin. Pour autant, le séparatisme, comme le communautarisme, participent de l’affaiblissement généralisé de l’idée de loi souveraine (qui s’impose aux gouvernants comme aux peuples pour garantir l’épanouissement de la liberté)

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          • Fritz // 03.10.2017 à 20h36

            Mais je suis d’accord avec vous là-dessus, Sandrine. Je remarque seulement que l’idée de loi souveraine était exprimée avec force en Catalogne depuis le Haut Moyen Age, par exemple dans la loi Stratae du XIe siècle qui dispose que « les puissances » ne possèdent les routes et chemins publics que pour garantir leur utilisation publique :

            « les routes et chemins publics, les eaux courantes, les fontaines vives, les prés, les pâturages, les forêts, les garrigues et les rochers qui se trouvent en ce pays, sont aux puissances, non pas qu’elles les aient en alleu, ni qu’elles les possèdent en toute propriété, mais pour qu’ils soient en tout temps à l’usage de leurs peuples, sans contradiction ni obstacle, et sans charge d’aucune sorte ».

            Vous conviendrez que cette loi Stratae, intégrée aux Usatges de Barcelone (article 72), n’est pas précisément d’inspiration ultra-libérale. Si elle était reconnue en France, le gouvernement Villepin n’aurait jamais pu privatiser les autoroutes.

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            • Sandrine // 03.10.2017 à 21h09

              Il s’agit d’une loi toujours en vigueur ??
              Le propre du capitalisme moderne c’est précisément de transformer en marchandise des choses que les civilisations anciennes excluaient du marché, en particulier, justement, la terre, (également le travail et l’argent). Or à ma connaissance le capitalisme ne s’est pas arrêté aux frontières de la Catalogne…

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            • Fritz // 03.10.2017 à 21h19

              Est-elle toujours en vigueur, oui d’une certaine manière : dans les Pyrénées-Orientales (« Catalogne française »), des maires et des associations ont fait respecter le droit de passage dans les zones de montagne en s’appuyant sur la loi Stratae (ainsi nommée d’après ses premiers mots : « Stratae publicae… »).

              D’autre part, la thèse de Bonnassie devrait vous intéresser puisqu’elle montre comment l’ordre public antérieur à l’an mil a été détruit entre 1020 et 1060 par les « milites ».

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    • Espana Ribera José // 03.10.2017 à 18h04

      La question est qu’est-ce qu’un catalan et un non catalan? Je me demande si moi en tant que catalan né en catalogne et parlant toujours le catalan après 45 ans d’absence de ma région natale j’aurais plus le droit de voter qu’un castillan installé à Barcelone depuis longue date, et si non, quels sont les critères pour être un véritable arien, oups pardon, catalan.

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      • Francesc Pougault // 04.10.2017 à 10h09

        josé, si parles el català, ho pots llegir.
        Procediment electoral – Qui és elector?
        Qui pot votar en les eleccions al Parlament de Catalunya?

        Poden participar com a electors els ciutadans espanyols majors de divuit anys que tinguin la condició política de catalans (que s’obté mitjançant la inscripció o alta en el padró municipal d’habitants com a veí a qualsevol municipi de Catalunya) inscrits al cens electoral i que no es trobin en alguna de les situacions que legalment priven del dret de vot.
        https://www.parlament.cat/web/composicio/resultats-electorals/elector/index.html

        També poden votar a les eleccions al Parlament els ciutadans espanyols residents al l’estranger que hagin tingut a Catalunya el darrer veïnatge administratiu, i que acreditin aquesta condició al consolat d’Espanya corresponent, i també els seus descendents inscrits com a espanyols, si ho sol·liciten, en la forma que determini la llei de l’Estat.

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        • Espana Ribera José // 05.10.2017 à 01h11

          Je pense que tu n’as pas compris le sens de mes propos, il ne s’agit pas de légalité. Excuse-
          moi aussi pour le tutoiement, mais je pense que tu as commencé le premier.

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  • fanfan // 03.10.2017 à 06h29

    Pour information, le lien vers CQFD : dossier « Au-delà de Podemos : le pari municipaliste » (en pdf) est le suivant : http://cqfd-journal.org/IMG/pdf/dossiermunicipalismecqfd137.pdf

    Repères – Les grandes dates de l’aspiration de la Catalogne à l’indépendance par la libre (nov 2015) :
    http://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/les-grandes-dates-de-l-aspiration-de-la-catalogne-a-l-independance-564099203570bccfaee831df

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  • fanfan // 03.10.2017 à 06h52

    CATALOGNE : PRENDRE PARTI DANS UNE SITUATION ÉTRANGE par Santiago López Petit.
    « Quand on en appelle à ’la Loi et l’Ordre’, tout à coup, tout s’éclaire et chaque position apparaît parfaitement définie sur la table de jeu. Puis, de façon viscérale, ceux d’entre nous qui restaient silencieux savons où nous situer : nous serons toujours face à ceux qui veulent imposer la consigne de rétablir l’autorité …
    Le mérite incontestable de l’indépendantisme est d’avoir dévoilé le mythe de l’État de Droit.
    https://lundi.am/PRENDRE-PARTI-DANS-UNE-SITUATION-ETRANGE

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    • P. Peterovich // 03.10.2017 à 11h37

      Si le mérite incontestable de l’indépendantisme est d’avoir dévoilé le mythe de l’Etat de droit, sa sottise est de ne pas s’être assuré d’avoir un bâton plus grand que le pouvoir central… Avant de faire son referendum, la Crimée a commencé par déployer ses troupes et ses systèmes d’armes. Ici, les indépendantistes catalans pensent arriver à leur fin à coup de feuilles de textes juridiques. Pitoyable…

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      • Chris // 03.10.2017 à 12h56

        L’Espagne n’est pas la Crimée ! Elle n’a pas la même histoire : l’Espagne est déjà passée par une guerre civile meurtrière suivie par une dictature de 45 ans.
        Le caractère espagnol arabo-occidental ne s’accommode pas de l’oubli bisounours.

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      • Gwen // 03.10.2017 à 13h18

        Faut croire que la mentalité scandinave n’a aucune influence sur les pauvres latins que nous sommes (indépendance de la Norvège via une consultation plutôt calme et une négociation reposée des deux parties)

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  • Lambert85 // 03.10.2017 à 07h55

    « Aujourd’hui, près de la moitié, dont moi, sommes pour l’indépendance. « , Une quarantaine de pourcent sans doute, mais pas la majorité !
    Il est évident que l’attitude rigoriste du gouvernement espagnol a plutôt renforcé le camp indépendantiste. Mais je pense aussi que certains indépendantistes espéraient cette réaction brutale du gouvernement espagnol qui les renforcerait.
    Quand on voit que la police espagnole n’a saisi que 4% des bulletins, avec toute cette violence, c’est plutôt minable. S’ils avaient vraiment voulu être efficace, c’est en fin de journée qu’il fallait saisir des urnes bien remplies.

      +5

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    • Suzanne // 03.10.2017 à 10h52

      Il me semble au contraire que c’était une excellente stratégie de peur. Vous vous levez le matin avec l’intention d’aller voter dans un scrutin dont vous savez qu’il est problématique. Vous entendez parler des violences, vous faites quoi? Pour beaucoup de votants potentiels, la réponse a sans doute été « bon ben ce sera pour la prochaine fois, pas envie de me faire tabasser ».

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  • Francesc Pougault // 03.10.2017 à 09h07

    Lambert;
    comment savez vous que les independentistes neson pas la majorité, quand les franquistes ont saboté le vote à coup de matraques, de balles de caoutchouc, de grenades lacrymogènes? « s’ils avaient voulu être efficaces »… ah quel regret! puissante analyse qui établit une complicité entre la fliquaille fasciste et « certaina independentistes; même Rajoy partage votre réflection.

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    • Lambert85 // 03.10.2017 à 17h09

      Tous les sondages montraient bien qu’il n’y avait que 40% d’indépendantistes. Mais eux étaient motivés pour aller voter. On risquait donc déjà un vote motivés contre non motivés. Comme le vote a été déclaré illégal en plus, très peu d’adversaires de l’indépendance se sont présentés, d’où la participation ridicule de 40%.
      La police espagnole était violente pour rien, ils ont en plus été inefficaces, voila tout. Ce n’est qu’un constat, pas un regret.

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      • Guepe // 03.10.2017 à 20h49

        Ah bah tiens, les sondages redeviennent crédibles ? ^^ Pendant le Brexit et Trump, ils étaient faux mais maintenant , ils sont justes ? ^^

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    • R. // 03.10.2017 à 19h26

      Les franquistes? Non mais je rêve là! Dans ma famille, il y en a qui sont morts dans les geôles de Franco et leurs enfants ne sont PAS DU TOUT avec les indépendantistes.
      Et la police, violente pour rien? Savez vous que la police a logé dans certains hôtels pris d’assaut par des gentils indépendantistes?

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    • Espana Ribera José // 05.10.2017 à 01h16

      Si les catalans étaient vraiment indépendentistes, ils n’auraient pas été vivre en Espagne.

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  • Sam // 03.10.2017 à 09h12

    Il semble que le délitement des souverainetés, sous la pression de l’UE, est le responsable. On dirait les icebergs de l’Antarctique, qui se désintègrent irrémédiablement.

    Sans la souveraineté, les différentes composantes du corps social se décomposent, et on voit fleurir de nouvelles souverainetés un peu partout. Bruxelles, dans son grand mouvement centralisateur, n’avait certainement pas prévu cette conséquence : elle voulait de grandes régions administrées, pas de nouveaux centres de décision.

    La Catalogne aujourd’hui illustre un peu plus l’irresponsabilité et l’incurie de nos dirigeants et de leurs politiques depuis des années, complétement coupées du réel.

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    • marc // 03.10.2017 à 12h18

      je ne sais pas si bruxelles désire qu’il y ait « un nouveau centre de décision » en catalogne, mais elle me semble tout à fait favorable à cette « indépendance », on le voit par les médias qui voient tout ça d’un bon oeil… [Modéré]

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      • Jonas061 // 03.10.2017 à 18h54

        En effet. Et cette complaisance des médias et des élites européennes à l’égard des indépendantistes catalans est à mettre en parallèle avec l’animosité et le mépris dont ils avaient fait preuve, il n’y a pas si longtemps, vis-à-vis des partisans du Brexit….

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    • Crapaud Rouge // 03.10.2017 à 18h34

      « Il semble que le délitement des souverainetés, sous la pression de l’UE, est le responsable. » : comme vous dites, « il semble », mais qu’en est-il concrètement ? Les États européens ont clairement abdiqué leur souveraineté budgétaire et monétaire, mais il leur en reste pas mal, à commencer par la police, la défense et l’immigration, cette dernière en faisant fi d’accords fameux. Pour être réaliste, disons que l’UE a impérativement besoin que soit maintenu une bonne dose de « souveraineté » pour que les États servent efficacement de relais à ses décisions. Loin de se déliter, les souverainetés se durcissent, elles font de plus en plus dans l’arbitraire, au détriment des aspirations populaires. Leur légitimité et leurs marges de manœuvre s’étiolent, mais pas leurs pouvoirs.

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      • Sandrine // 03.10.2017 à 20h04

        Je ne crois pas qu’on puisse présenter les choses comme cela. La souveraineté, c’est précisément une question de légitimité.
        Sous l’ancien régime, le seul souverain était Dieu, le roi n’étant que son représentant. Ensuite, on a parlé de souveraineté nationale, puis populaire. Mais le fond reste le même : ce n’est pas l’état qui détient la souveraineté, celle-ci réside dans quelque chose au dessus de lui.
        Le problème aujourd’hui, c’est que l’état détient toujours le monopole de la violence soi-disant légitime mais qu’il semble ignorer ce que demande le souverain « en titre » (le peuple) pour mieux se soumettre à des puissances extérieures (économiques, notamment). C’est plus à une crise de légitimité que l’on assiste

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        • Crapaud Rouge // 04.10.2017 à 01h23

          « ce n’est pas l’état qui détient la souveraineté » : oui, si l’on veut, puisqu’elle lui vient du peuple, mais c’est bien l’État qui l’exerce, en particulier dans le cas de la répression policière au titre de l’ordre public.

          « C’est plus à une crise de légitimité que l’on assiste » : ben oui, mais la légitimité ce n’est pas la souveraineté.

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          • Sandrine // 04.10.2017 à 08h13

            Article 3 de la constitution : « la souveraineté nationale appartient au peuple »
            Donc pas à l’état. Si la souveraineté appartenait à l’état, on serait dans un régime totalitaire, tel que l’a défini Mussolini (pour lui, c’était positif).
            « L’Etat c’est moi » aurait dit Louis XIV, formule éclairante qui montre que l’Etat est toujours distinct de la souveraineté (qui a l’époque était Dieu). Il n’est que le représentant de la souveraineté (son serviteur).

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            • Crapaud Rouge // 04.10.2017 à 11h35

              Sandrine, en droit vous avez raison, mais dans les faits c’est plus que discutable, à moins d’imaginer que nous serions dans un régime parfaitement démocratique. Je suis tenté de dire que l’État détient de facto la souveraineté du peuple comme une banque l’argent d’un client à travers son compte en banque. L’argent appartient toujours au client, mais la banque en fait ce qu’elle veut, et le client n’a aucun moyen de l’en empêcher.

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        • Crapaud Rouge // 04.10.2017 à 02h48

          De toute façon, je pense que c’est plutôt la classe politique qui se délite, pas la souveraineté, surtout si l’on considère que celle-ci vient du peuple. Todd affirmait récemment dans un débat à la télé qu’il y avait au contraire une « demande » d’État qui « montait », c’est-à-dire une demande de nationalisme, soit un besoin de réaffirmation de la souveraineté du peuple parce que ses « élites » s’en moquent, comme l’a récemment montré le scandale Alstom.

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          • Sam // 04.10.2017 à 09h42

            une “demande” d’État qui “montait”.
            C’est de cela que je voulais parler. A la place de souveraineté, j’aurai pu dire les peuples d’Europe se sentent de moins en moins représentés, ils aspirent à cette représentation, et la reconstituent lorsqu’elle est insuffisante, comme aujourd’hui en Catalogne.
            S’il ne reste que les pouvoirs de coercition à l’Etat (police et défense), il n’incarne plus la souveraineté populaire et devient illégitime, et c’est ce que l’on voit dans toute l’Europe.

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  • Outis // 03.10.2017 à 10h23

    La fragmentation des grands états européens en entités plus petites serait un bienfait:
    – au lieu d’une équipe de lobbyistes il en faudrait des dizaines;
    – on éviterait les grands projets inutiles (tunnels, équipements nucléaires, armées pros prévus pour des affrontements, etc);
    – le citoyen récalcitrant aurait plus de chances de trouver un pays où s’exiler.

    D’accord ça ne réglerait pa tous les problèmes, mais il y aurait au moins plus de problèmes et plus de solutions.

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    • Sandrine // 03.10.2017 à 10h44

      L’Europe a connu ça déjà, aux alentours du Xe-XIe siècle.
      « au lieu d’une équipe de lobbyistes il en faudrait des dizaines »… Qui immanquablement s’organiseraient sur le mode de la mafia, c’est à dire que les petits feraient allégeance aux plus fort pour avoir une change de survivre et de faire fructifier leurs petites affaires.
      Ou est l’impératif de justice sociale (et de défense de justice tout court) dans le monde que vous appelez de vos voeux?

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      • Outis // 03.10.2017 à 11h54

        Je n’appelle rien et je n’ai rien appelé de mes voeux.
        Essayez de comparer la Confédération hélvétique (26 cantons) et l’Italie, un grand pays. Lequel est gangréné par des mafias ?

        Où l’impératif de justice est-il mieux garanti, en Suisse ou en France ?

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        • Chris // 03.10.2017 à 13h07

          Oui mais…
          Ce qui fait la force (et la faiblesse aux yeux de l’oligarchie globaliste) de la Suisse est sa démocratie directe, laquelle permet de gérer le développement économique et la vie quotidienne locale selon les voeux d’une population qui s’exprime à travers les urnes (5-8 votations par an) et surtout son système fiscal : ce sont les Communes qui prélèvent les impôts et les partagent avec les cantons/Etats/Fédération en observant des règles de péréquation qui se négocient au National (Parlement Fed.).

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        • christian gedeon // 03.10.2017 à 17h26

          Ohlalala…l’Italie n’est devenue un pays qu’à l’aube déjà bien avancée du XXième siècle quoi!Quant à l’Italie mafieuse que vous évoquez Mussolini(eh oui,c’est ballot) l’avait éradiquée et elle est revenue dans les fourgons du vainqueur américain en l’occurrence. C’est triste à dire,mais c’est la vérité. Le plus drôle est que vous parlez de mafia à propos de cet article comme contre exemple…mais qui croyez vous qui tienne la Catalogne,franchement? « Le peuple catalan? »…quelle blague.La Catalogne est le point nodal de tous les trafics européens,jarnidieu! Que ne voulez vous le voir…il ne faut pas désespérer les ramblas?

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  • oscar // 03.10.2017 à 11h00

    La promesse d’une Catalogne indépendante dans l’UE est ce qui motive les électeurs indépendantistes. L’attrait pour l’indépendance chute de moitié, selon enquête, si l’indépendance est en dehors de l’UE. C’est donc bien l’UE la source première de l’indépendantisme catalan.

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  • Moi , BHL , intello // 03.10.2017 à 12h46
    • Sam // 03.10.2017 à 13h06

      Devant la multitude d’images illustrant la violence de la répression en Catalogne, l’immonde agite trois images bidons, ils veulent nous prouver quoi ? Que c’est de la fake-violence manipulée par des complotisses sans scrupule ?
      Et en dessous : « Decodex, nos outils contre les fausses informations ». C’est peut être de l’humour, allez savoir…

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      • Alfred // 03.10.2017 à 15h12

        Dieu sait que je déteste le decodex. Pour autant vous ne pouvez pas faire semblant que ces trucages n’existent pas (de même que l’on ne peut ignorer la réalité de la violence policière). Le fait que ces images existent est en soi une information (que je donnais hier soir) qui illustre la guerre de la communication qui fait rage à chaque fait politique d’ importance. Ce fait n’est pas nouveau en soi mais il est nouveau dans son ampleur (il peut aller jusqu’aux casques blancs (avé série Netflix et prix « prestigieux »). Plutôt que le nier il faut 1- prendre toutes les infos avec précaution (même et surtout celles qui nous plaisent) 2- se demander qui les produit. C’est cet attirail (ainsi que quelques activistes récurents) qui m’ont alerté hier soir. Que les catalans s’expriment, voire soient indépendants je m’en moque (bien que mon opinion est que ce n’est pas très bon à priori pour l’Espagne ni pour la France (mais je peux changer d’opinion)); par contre les méthodes utilisées par chaque camp m’intéressent car elles décrivent notre futur.

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        • Sam // 03.10.2017 à 16h19

          Je ne fais pas semblant que ces trucages n’existent pas. Ils existent. La preuve, le monde les publie.
          Mais au lieu de nous informer, ils spéculent sur des fakes. En nous disant que la violence, oui, non, mais quand même, faut se méfier des sources, … et hop, une pub pour le décodex, fameux pourfendeur de fakes.
          Minimiser la violence, ca s’apparente pour moi à prendre parti pour Madrid, et à justifier la répression.
          Car moi aussi, l’indépendance catalane, je suis ni pour, ni contre. Voire les deux…

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  • Krystyna Hawrot // 03.10.2017 à 13h56

    Finalement, l’Ukraine et l’Espagne ce n’est pas différent. Qui a été sourd à la question de Donieck, est sourd aux problème de la Catalogne. Et pourtant, il aurait mieux valu une Ukraine fédérale et en paix avec elle même; ses voisins et son histoire et il vaudrait mieux une Espagne apaisée… Mais le capitalisme apporte la guerre, comme la nuée l’orage…

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    • R. // 03.10.2017 à 19h45

      Ah, il y a eu un gouvernement Catalan renversé avec l’aide d’une puissance étrangère?

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    • Fritz // 03.10.2017 à 19h57

      Merci, Krystyna. Le parti-pris anti-catalan de maint commentateur me laisse pantois, moi qui suis très circonspect face au nationalisme catalan.
      D’autre part, j’aime lorsque vous écrivez Donetsk avec l’orthographe polonaise (c = ts dans les langues slaves utilisant l’alphabet latin, donc Plock = Plotsk).

      @R. : oui, il y en eut un, la Generalitat de Lluis Companys renversée en 1939 par les troupes nationalistes de Yaguë, qui avaient bénéficié de l’aide allemande et italienne. En 1940, les Allemands livreront Companys à Franco, qui fera fusiller le président de la Généralité de Catalogne.

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    • Crapaud Rouge // 04.10.2017 à 01h34

      « Finalement, l’Ukraine et l’Espagne ce n’est pas différent. » : on peut comparer, mais pour relever des différences qui sautent aux yeux. Kiev avait interdit purement et simplement le russe, (pour ne parler que de ça), alors que Madrid n’a pas interdit le catalan. C’est une différence énorme, et je ne parle pas des nazis ukrainiens, toujours aussi actifs actuellement.

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  • Catalina // 03.10.2017 à 14h15

    Krystina,
    Je trouve la comparaison très forcée, Donetsk était contre le gouvernement issu d’un coup d’état et le placement à la tête de l’état d’hyper-nazionalistes….plus l’interdiction de parler le russe et les menaces de mort sur les gens du Donbass qualifiés de « sous-hommes » par l’Ukraine. De plus, on ne leur pas pas envoyé que des policiers brutaux mais le gouvernement leur a envoyé les avions pour les bombarder et les chars ! ainsi qu’il a intégré des bataillons neo-nazis à son armée régulière.
    Donc, un point commun est la violence d’état mais elle n’est rien en Catalogne comparée à ce qu’ont subis les gens du Donbass. Autre différence, le Donbass ne réclamait pas son indépendance depuis des dizaines d’années, c’était un oblast de l’Ukraine (contrairement à la Crimée qui en était une subdivision)

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  • Albert // 03.10.2017 à 15h09

    Il y a des réflexions ethnicistes, voire racistes, inacceptables de la part de certains prétendus indépendantistes, et de certains commentateurs sur ce forum, au sujet des FAUX catalans en Catalogne ! C’est quoi un VRAI Catalan ? Rappelons que les autorités actuelles de la Catalogne ont commémoré les victimes de l’attentat de Barcelone en commençant par les VRAIS Catalans, et en reléguant en fin de liste les Catalans d’origine étrangère ! En plus, le gouvernement libéral actuel de la Catalogne est minoritaire sur son projet indépendantiste. Et il s’imagine que les prolétaires européens vont aimer un tel gouvernement, qui (en plus) ne respecte pas la Constitution espagnole approuvée par une majorité de Catalans, et qui refuse (surtout) les transferts sociaux pour les Espagnols! Une fois dans l’UE, ce sera pareil ? C’est ça le véritable objectif du pouvoir Catalan actuel (et non la culture, la langue ou l’autonomie catalanes): défendre la bourgeoisie catalane !

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  • serge // 03.10.2017 à 16h25

    Une indépendance, pourquoi pas. Mais avant, il faudrait un peu plus se faire la main en ayant une forme d’autonomie que la Catalogne n’a pas (pas eu) comme le pays basque espagnol. Et un bon rodage de « séparation » des liens économiques, fiscaux, industriels, etc… afin de ne pas emmener sa population au bout d’un délire de quelques politiques locaux. Voir déjà les interrogations de l’Ecosse, plus avancée en ce domaine que la Catalogne.

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  • Le Rouméliote // 03.10.2017 à 18h13

    N’empêche que ce sont les pays baltes, les plus riches (ou les moins pauvres) de l’URSS qui ont affirmé les premiers leur volonté d’indépendance, dès 1987 et que c’est la Slovénie le 25 juin 1991 qui a enclenché la désagrégation de la Yougoslavie, elle aussi la république la plus riche… Sans parler des Tchèques qui ne furent pas mécontents, le 1er janvier 1993,de se débarrasser de ces « ploucs » (c’est eux qui le disent !) de Slovaques. Et les Écossais voudraient bien garder leurs hydrocarbures pour eux tout seuls… Je ne sais pas si les Andalous sont bien vus en Catalogne.

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    • Guepe // 03.10.2017 à 20h52

      Pays baltes qui ont subi une déportation forcée et un massacre post 1945 par les valeureux soviets et qui n’avaient rien demandé. Qui les entraine dans la guerre déjà ?

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      • PL // 04.10.2017 à 00h07

        Je pense qu’il faut se garder de parler de ces ‘pays baltes’ comme si tout le monde y pensait toujours la même chose.
        Tout le monde a-t-il les mêmes opinions en France ?

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        • PL // 04.10.2017 à 00h22

          Bien sûr, c’est vrai aussi de la population catalane, et plutôt que de parler de vrais et de faux catalans comme j’ai pu le lire plus haut, il semble plus raisonnable de rester sur une simple position sociologique, et remarquer que l’état d’esprit (l’imaginaire) a beaucoup changé ces trente-quarante dernières années, au fur et à mesure que les enfants nés en catalogne, et issus de l’immigration de masse de leurs parents quittant les régions pauvres d’espagne, se sont acclimatés par le jeu de l’école surtout, et sont devenus biens plus indépendantistes que beaucoup de retraités autochtones.
          Ce qui rend certain l’approfondissement du problème catalan dans les années à venir, à moyen terme.

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  • Macarel // 03.10.2017 à 19h24

    Pour le Washington Post, tout cela est la faute des russes.

    https://politica.elpais.com/politica/2017/10/03/actualidad/1507039246_094551.html

    Ben oui, tous les problèmes du monde dit libre, c’est à cause du Kremlin.

    Quand est-ce que ces gens accepteront de balayer devant leur porte ?

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    • Fritz // 03.10.2017 à 20h13

      Merci, @Macarel. Le preuve que l’éditocratie occidentale ne voit pas forcément le séparatisme catalan d’un bon œil. Une citation de l’article en anglais : « a reckless and irresponsible drive by Catalan nationalists to create an independent republic in violation of the law and, most likely, the wishes of the majority of the region’s residents. »

      (« Un mouvement téméraire et irresponsable des nationalistes catalans pour créer une république indépendante en violation de la loi et, très probablement, en violation des désirs de la majorité des habitants de cette région »)

      « the Catalan nationalists’ only backers are separatist-ruled Scotland, the pariah government of Venezuela and Russia’s intelligence and propaganda apparatus, which mobilized its media outlets and social media bots in support of the separatists. Moscow evidently perceives the Catalan movement as another vehicle for dividing and weakening the democratic West. »

      (« Les seuls soutiens des nationalistes catalans sont l’Écosse dirigée par les séparatistes, le gouverne-ment-paria du Venezuela, et l’appareil russe de renseignement et de propagande […]. Moscou perçoit manifestement le mouvement catalan comme un autre vecteur pour diviser et affaiblir l’occident démocratique »)

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  • Opps’ // 03.10.2017 à 20h14

    Bien sûr la Catalogne a aussi une identité forte, une histoire douloureuse , mais enfin ce n’est pas la Palestine. Républicaine et bosseuse , c’est quand même une région bien petite-bourgeoise qui sait accueillir la main-d’oeuvre non catalane tout en étant discrètement rétive à l’étranger , sauf s’il est riche comme un allemand ou travailleur comme le français.
    Oui c’est traditionnellement un espace de culture mais enfin rien à voir avec la verticalité sèche et altière de l’Espagne , avec ce désir de noblesse parfois mortifère , avec cette hauteur de vue si singulière aux vapeurs de folie conviviale et suicidaire. C’est d’ailleurs à cette source que les artistes catalans ont produit leur meilleur.

    Et il faut quand même être bien miro pour ne pas voir que derrière ce mouvement il y a , non pas une histoire de gros sous de quelques uns (encore qu’ils doivent bien être tapis, par derrière), mais une histoire de richesse globale qu’on veut garder plutôt pour soi , et de volonté de pouvoir .
    Mais après tout , même si les raisons invoquées sont minces , il reste que le désir d’indépendance , même s’il s’illusionne sur lui même à coup d’indignation et de crise de faux martyrs, monte et qu’il est réel.

    D’ailleurs M. Rajoy , avec sa balourdise habituelle , fait tout pour maire monter ce mouvement . Quoiqu’en général sa balourdise est tellement sincèrement grossière qu’il finit quand même par être sauvé , même en slip, ses adversaires l’ayant trop sous-estimé!

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  • Jeanne L // 04.10.2017 à 09h44

    Pertinente phrase de D. Bleitrach: » La revendication indépendantiste mêle les manœuvres d’une droite pro-européenne et la colère d’un peuple qui en Catalogne comme dans d’autres régions espagnoles n’a jamais accepté le compromis de 1978 qui sous une monarchie imposée laissait en place les franquistes ».
    Je pense qu’il faut revenir aussi à l’établissement de « la démocratie » après la mort de Franco qui a « passé  » le pouvoir à un roi élevé comme successeur qui n’a fait que faire la « relève » de la vielle garde franquiste, La question de la respublica comme dit Sapir comme fondement de la légitimité se double de la question de la République comme régime par rapport à ce masque d’une royauté « garante » de la démocratie. N’oublions pas comment Philippe V a succédé à son père. Le protégé, élevé par Franco a du abdiquer à cause de l’utilisation de l’Etat à des fins personnelles, les velléités de repenser le régime ,la monarchie ont été vite étouffées dans les fastes du couronnement … .
    Comme dit Danielle: »un roi qui n’est pas plus celui des Catalans que .celui des Basques ou des Galiciens, ni même des Espagnols, mais celui d’une classe dominante qui a fait la preuve de sa capacité au massacre de ses « sujets ». https://histoireetsociete.wordpress.com/

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    • fanfan // 04.10.2017 à 11h50

      « En fait il s’agit moins de voter pour l’indépendance de la Catalogne que pour briser le régime de 1978, héritier du franquisme. C’est franco lui-même qui a préparé sa succession monarchique et celle-ci s’est faite dans un compromis honteux. Il était renoncé à la République espagnole et faisait du roi élevé par Franco pour cet usage le seul garant de l’unité nationale. Ce compromis a entériné l’amnistie des crimes du franquisme alors qu’il continuait à traquer les Basques. Il a laissé en poste la justice, le pouvoir, la presse, les banques franquistes. Cette honte fut y compris l’oeuvre de la gauche, d’un parti socialiste qui bientôt se confondit dans sa politique avec la droite d’Aznar, celle qui n’avait jamais renoncé au fascisme, mais aussi l’eurocommuniste santiago Carillo qui s’est vendu et a vendu les luttes héroïques de ses camarades contre le fascisme. »
      https://histoireetsociete.wordpress.com/2017/10/01/breve-reflexion-a-propos-du-vote-en-catalogne/

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    • Fritz // 04.10.2017 à 12h05

      Pas entièrement faux, le point de vue de Danielle Bleitrach, mais vraiment manichéen : le Bien contre le Mal. Fallait-il recommencer la guerre civile en 1975 ou 1978 ? Que cela plaise ou non, toute une partie des Espagnols a soutenu Franco, et pas seulement dans les classes dirigeantes.

      La gauche espagnole (PSOE et PCE) en était consciente en 1975, elle l’a oublié aujourd’hui, à force de ressasser le même discours unilatéral (la « récupération de la mémoire historique »).

      Un détail : c’est Philippe VI qui a succédé à son père. Philippe V (1683-1746) avait succédé au dernier des Habsbourg d’Espagne.

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    • Alain // 04.10.2017 à 16h02

      Parce que la république est le garant d’une représentation du peuple? Ravi d’apprendre que Macron par définition n’est pas le représentant de la classe dominante

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  • Alain // 04.10.2017 à 15h59

    Les Catalans s’attaquent à un dogme fondamental des états nationaux – même si on le viole quand cela nous arrange pour affaiblir les « méchants » – celui de l’intangibilité des frontières. On admet moultes violences – physiques ou autres – dans ce but, le plus ridicule étant l’état concerné qui dépense des ressources considérables pour garder en son pouvoir des populations qui ne veulent plus de lui et ne lui apporteront que des problèmes qui lui coûteront toujours plus de ressources.

    Ceci posé, quel que soit la légitimité de la demande catalane, leur cause n’aura jamais de soutien d’un état européen ou autre. L’Espagne n’est pas la Yougoslavie qu’il fallait démanteler pour éradiquer le Titisme et ses avatars.

    Personnellement je suis pour le droit des peuples à disposer de leur propre état à condition d’un référendum dans les règles avec vote positif de la moitié des inscrits (et non des votants, dans un tel contexte on ne peut dire que les abstentionnistes font confiance au vainqueur, si on a pas le courage d’aller voter c’est qu’on ne veux pas du projet soumis à consultation)

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  • Fritz // 04.10.2017 à 17h22

    Un papier bref de Philippe Grasset : le référendum catalan revigore les anti-système déçus par « l’embourbement » du Brexit et l’élection de Macron.
    http://www.dedefensa.org/article/la-catalogne-dissipe-le-brexit-blues

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  • Ribouldingue // 04.10.2017 à 17h38

    Moi ce qui m’inquiète c’est qu’il n’y a pas de projet politique autre que « les catalans sont meilleurs que leurs voisins »
    Les zapatistes en ont un, quand ils se détachent des institutions mexicaines c’est pour les remplacer par un autre fonctionnement. Quand la Suisse se détache de l’empire austro-hongrois c’est pour proposer un autre fonctionnement. Voilà des indépendances qui veulent dire quelque chose.

    Là non, on nous explique tout le long de ce papier qu’il y a des méchants à Madrid de tradition autoritaire et des gentils à Barcelone qui eux sont de vrais démocrates par nature, tout cela par le miracle de la naissance géographique, bref ce qu’il y a de pire dans le nationalisme, quand il tire au racisme.
    On connait des projets stratégiques d’élimination de la concurrence par le morcellement des pays, employés actuellement au moyen orient, et bien c’est curieux, mais ça sent plutôt ça. Morceler les pays souverains pour en manger les morceaux quand ils sont trop petit pour résister.
    Une caste politique, dans l’union européenne comme localement, a tout à gagner en détournant les problèmes fondamentaux vers un nationalisme béat. Et au final on voit même des gens qui culturellement devraient combattre le type même de régime suivre au pas.
    Est ce qu’il y a un vrai projet politique en Catalogne aujourd’hui autre que c’est mon territoire?
    Si ce n’est pas le cas, c’est un attrape nigaud politique de plus.

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  • Gaston // 04.10.2017 à 20h03

    « Cette lettre naît d’un désarroi, celui de voir le peu d’intérêt des médias “alternatifs” français »

    Ben dites, pour une introduction… Ou étaient les Catalans pendant que tout le monde s’offusquait de ce qui se passait en Grèce ?
    J’habitai à Barcelone ces années là et j’ai rien vu.
    Par contre les drapeaux Catalan on fleuri à cette époque, dès 2009 quand la crise fut là.

    Donc c’est la crise, belle et bien Européenne (né américaine après la faillite de Lehman Brother), qui a cristallisé les rencoeur envers Madrid, jugé responsable de tout les maux.

    Alors évidement il ne fallait pas voir ce qui se passait à Athènes, hors de question, cela contredirait tout. La preuve? Les indépendantistes ne jurent que par Bruxelles et les appel même à l’aide (pour finaliser l’indépendance on imagine !!).

    A l’inverse, un soutien des Grecs les auraient fait comprendre que leur problème n’est pas national…
    Même le mouvement 15M était plutôt anti Capitaliste qu’anti Europe. Accessoirement, la police CATALANE tirait déjà des balles en caoutchouc, donc rien de nouveau sous le soleil.

    Désolé, mais le combat des Catalans n’engage pas la compassion, elle basé sur une vielle rancoeur, rien à voir avec l’actualité de ce qui touche les Européens dans la Crise.

    Faut savoir tourner la page, et perso je n’ouvrirai pas la boite de pandore avec l’indépendance d’une région en Europe.

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  • Julie // 04.10.2017 à 23h00

    Imaginons que des Européens habitant des monarchies souhaitent se débarrasser des familles royales et du decorum. Quelle serait la marche à suivre, du point de vue de Bruxelles? Est ce que cela restera « une affaire interne »?

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  • Nicolas // 05.10.2017 à 11h05

    Voici un article montrant que certaines photos et vidéos montrant la violence policières contre les votants / manifestants du 1er octobre montraient bien de la violence policière, mais à Madrid en 2012 et 2014, d’autres images ont été photoshoppées. http://www.elmundo.es/f5/comparte/2017/10/02/59d20455268e3e96278b45de.html
    Et tout le monde passe sous silence le fait que les arguments avancés par les partis indépendantistes sont surtout économiques, et que l’euro plombe catastrophiquement l’économie espagnole qui ne peut pas dévaluer la peseta.

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