Source : Le Point, Marc Fourny, 23-03-2020
Affole-t-on trop les Français en les bombardant tous les jours de chiffres sur le nombre de décès liés au coronavirus ? C’est en tout cas l’avis de Michel Cymes, médecin ORL à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, animateur sur France 2 et chroniqueur sur RTL, qui est sur tous les ponts depuis le début de la crise sanitaire. « Je crois qu’il faudrait arrêter avec les taux et les chiffres de mortalité, a-t-il estimé ce week-end dans les colonnes du JDD. C’est inutilement anxiogène. Car, à la télé, quand c’est balancé, c’est balancé. Conséquence : une multiplication par quatre d’appels au Samu depuis le début de la crise… »
Il est vrai que tous les médias tiennent un décompte morbide chaque jour, aussi bien sur le nombre de décès en France que sur ceux en Italie ou dans le reste du monde, un compteur virant à l’hécatombe qui peut, à juste titre, entretenir une sacrée anxiété chez les populations. Mais il s’agit également d’informations publiques, un décompte contrôlé par le directeur général de la Santé. Ne pas les diffuser pourrait aussi entraîner une suspicion des Français vis-à-vis du gouvernement, qui a choisi la transparence. « Trouver le juste milieu reste un exercice difficile et un dilemme quotidien, poursuit Michel Cymes. Il nous faut rassurer d’un côté, sensibiliser de l’autre. Et débugger les fake news. Avec une règle simple : se garder de toute intuition et rester dans la preuve. »
Funeste décompte
Ce n’est pas la première fois que le célèbre médecin de France 2 s’emporte sur cette avalanche de chiffres qui panique les Français. Le 10 mars dernier, il s’agaçait déjà sur ce funeste décompte sur le plateau de l’émission Quotidien. « Pardon de revenir sur la grippe en permanence, mais il y a entre 8 000 et 10 000 morts de grippe par an. Si chaque année, on fait des dépêches à chaque fois qu’il y a un mec qui a la grippe, vous vous rendez compte ! » Et de tenter de rassurer les téléspectateurs : « Ce n’est pas une grippette, ce n’est pas un rhume. C’est une forme de grippe qui est peu plus cognée que la grippe, mais ça reste une maladie virale comme on en voit tous les ans… »
Des propos qui lui ont valu à l’époque des critiques, beaucoup l’accusant de trop banaliser le coronavirus. Depuis, Michel Cymes a fait son mea culpa. « J’ai probablement trop rassuré les Français », estimait le médecin le 16 mars dernier sur le plateau de C à vous. « Mais comment les inquiéter de manière excessive alors qu’on n’a pas de données épidémiques à quinze jours ou trois semaines, qui permettent de dire que c’est aussi catastrophique qu’aujourd’hui ? se justifiait-il. D’un côté, il faut lutter contre la psychose, qui est déjà installée, en disant que 80 % des cas sont des formes bénignes, que 98 % des personnes touchées vont guérir, poursuivait-il. Puis, de l’autre côté, le fait de dire aux gens ne paniquez pas, fait que les gens se disent : si je l’ai, ce n’est pas si grave ou je ne suis pas concerné. » Et de conclure : « C’est toute la difficulté de la communication, je peux vous dire que je suis bien placé pour le dire… »
Source : Le Point, Marc Fourny, 23-03-2020
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1 réactions et commentaires
Étrangement, M. Cymes avait raison, on a du lui expliquer ensuite ce qu’il fallait dire. Mieux que d’arrêter avec les chiffres de mortalité, il faudrait arrêter d’empêcher les soins des malades, donc arrêter d’augmenter la mortalité d’une maladie si facilement combattue par ceux qui s’autorisent à le faire.
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