Source : Global Citizen
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Du Venezuela au Kenya, nombre de personnes sont menacées de famine. La pandémie de Covid-19 est en train d’entraîner des crises en chaîne dans le monde entier. Les économies vacillent, les droits de l’homme sont menacés et la nourriture devient une denrée rare, créant une insécurité alimentaire généralisée dans divers pays.
Selon le Fonds international de développement agricole des Nations unies, la crise alimentaire ne se présente pas sous la forme d’une unique question sensible à laquelle on pourrait remédier rapidement. Il s’agit plutôt d’une crise globale qui s’étend au système de production alimentaire dans son ensemble.
Moins de personnes sont capables de gérer les cultures alors que les ouvriers agricoles sont contraints de respecter la distanciation physique. Les chaînes d’approvisionnement ont été désorganisées. Les industries de transformation et les marchés ont été fermés. Les réseaux de solidarité financière – y compris les envois de fonds – se réduisent, alors même que les petits exploitants agricoles perdent l’accès aux principales formes complémentaires de revenus dont ils ont besoin pour exploiter leurs champs.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies prévient que ces répercussions pourraient conduire à ce que 130 millions de personnes de plus soient confrontées à des famines aiguës en 2020.
Cette crise alimentaire grandissante peut être évitée par le biais d’interventions efficaces, mais les experts affirment que les gouvernements doivent soutenir le gigantesque système de production et de consommation alimentaire, depuis les travailleurs agricoles jusqu’au transport et à la conservation des aliments, en passant par la possibilité pour les familles d’acheter des produits alimentaires.
« Il n’y a pas encore de famines », a déclaré David Beasley, le directeur exécutif du PAM, dans un communiqué. « Mais je dois vous prévenir que si nous ne nous préparons pas et n’agissons pas maintenant – pour garantir l’accès, éviter les déficits de financement et les perturbations du commerce – nous pourrions être confrontés à de multiples famines de dimensions bibliques dans un court laps de temps ».
Voici six pays confrontés à des crises alimentaires aggravées par la pandémie.
Venezuela
Avec une crise économique qui s’aggrave, un système de soins de santé sous-financé et en sous-effectif, et un manque d’eau potable, le Venezuela est classé par les Nations unies comme l’un des pays du monde les plus vulnérables au coronavirus.
Selon Reuters, le pays est actuellement confronté à une crise alimentaire de plus en plus grave car les agriculteurs sont incapables d’amener leurs récoltes jusqu’aux marchés. Des champs entiers de cultures vitales – de la laitue aux pommes de terre en passant par les bananes plantains – pourrissent sur place parce que les agriculteurs sont incapables de les transporter et de les conserver.
Avant la pandémie, plus d’un cinquième du pays luttait pour obtenir suffisamment de nourriture au quotidien, en grande partie à cause des sanctions économiques extrêmes imposées au pays par les États-Unis. Alors que les mesures de confinement continuent à être appliquées au Venezuela, le nombre de personnes privées de nourriture pourrait augmenter de façon dramatique.
Selon Reuters : « C’est ce que les militants humanitaires espéraient ne jamais voir : une crise sanitaire venant s’ajouter à une crise alimentaire », a Twitté Susana Raffalli, experte vénézuélienne en nutrition. « Cela nous frappe de plein fouet parce que le pays n’a pas d’équipements de protection, pas plus qu’une réponse claire face au Covid-19 ».
Liban
Au Liban, la pandémie a rapidement déclenché une crise économique, accompagnée ces dernières semaines d’une inflation galopante.
Selon le New York Times, près de la moitié de la population libanaise vit dans la pauvreté, les mesures de confinement ont fait perdre leur emploi à une grande partie de la population et les nouvelles restrictions de retrait imposées par les banques ont empêché les gens d’accéder à leurs fonds. En conséquence, les gens ont du mal à acheter de quoi se nourrir.
Pendant ce temps, les citoyens dans le besoin n’ont toujours pas reçu d’aide du gouvernement, les troubles civils explosent dans tout le pays et les familles qui étaient auparavant aisées sont en quête de nourriture dans les rues.
Colombie
Selon Colombia Reports, les morceaux de tissu rouge accrochés aux fenêtres sont désormais le symbole de la faim. Ces dernières semaines, ces drapeaux du désespoir sont apparus en nombre croissant dans tout le pays, les gens n’ayant pas les moyens de se nourrir dans le contexte d’incertitude économique créé par la pandémie.
L’aide alimentaire promise par le gouvernement ne s’est pas encore concrétisée dans certaines villes, ce qui a entraîné des manifestations et des pillages.
« Nous devons nous assurer que le monde sait que nous existons », a déclaré Robinson Álvarez Monroy, 31 ans, au Washington Post. « Nous n’avons rien à manger. Nous dépendons des gens de bonne volonté qui passent et voient les drapeaux. C’est comme ça qu’ils savent que nous avons faim ».
Kenya
Au Kenya, les mesures de distanciation physique et le confinement visant à contenir le virus ont privé de nombreuses personnes de leurs sources de revenus, aggravant la pauvreté déjà largement présente dans le pays.
L’insuffisance du soutien du gouvernement signifie que de nombreuses familles ne peuvent plus acheter de nourriture pendant la crise. À Nairobi, la capitale, une ruée lors d’une récente distribution de nourriture a fait deux morts.
« Nous n’avons pas d’argent, et maintenant nous devons survivre », a déclaré au New York Times Pauline Karushi, qui a perdu son emploi dans une bijouterie à Nairobi. « Cela veut dire ne pas manger grand chose. »
Inde
Selon l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), la mesure de confinement généralisé imposée par le gouvernement indien pour contenir le Covid-19 a mis en lumière l’aspect inégalitaire du filet de sécurité sociale du pays. La perte soudaine de revenus a laissé les centaines de millions de personnes qui travaillent dans le secteur informel ou qui sont à leur compte dans l’impossibilité totale de se procurer de la nourriture.
Le gouvernement indien a mobilisé d’énormes sommes d’argent pour faire face à la crise alimentaire, mais beaucoup de gens passent entre les mailles du filet. De nombreuses personnes qui ont perdu leur emploi doivent désormais faire la queue deux fois par jour pour obtenir les repas qui leur éviteront la famine.
Des organisations comme le FIDA [Fonds international de développement agricole, NdT] contribuent à soutenir les travailleurs agricoles et les fermiers pendant cette période afin de garantir que l’approvisionnement alimentaire reste stable, sans aucune certitude que tout cela suffira à empêcher une famine.
Haïti
La pandémie a accru la pauvreté déjà très répandue en Haïti, où plus de la moitié du pays vit en dessous du seuil de pauvreté.
Depuis que le gouvernement a adopté des mesures de confinement, la faim a augmenté dans le pays. Selon l’ONU, plus de 4 millions d’Haïtiens ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence et près d’un million d’entre eux risquent de mourir de faim.
Les personnes vivant dans des camps de réfugiés et ayant peu accès à l’aide gouvernementale ont été les plus durements touchées, selon CNN.
« Nous sommes sans défense contre ce nouveau virus », a déclaré Miguel Wilner, un Haïtien de 40 ans, à CNN. « Les gens meurent déjà de faim ; ici au camp, nous ne recevons aucune aide et nous ne savons pas ce qu’il va se passer. A ce stade, tout est possible. Nous n’avons que très peu d’informations sur ce qui se passe. En plus de la faim et du manque d’hygiène, nous n’avons pas d’électricité pour pouvoir suivre l’actualité ».
Comme l’a dit Beasley du PAM [Programme Alimentaire Mondial, NdT], ces crises alimentaires peuvent être évitées. Les pays peuvent être soutenus. Les chaînes d’approvisionnement, les centres de production et les marchés alimentaires peuvent être dynamisés. La faim, en fin de compte, peut être combattue.
Source : Global Citizen, Joe McCarthy
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Coronavirus : le chef de l’ONU alerte sur le risque de crise alimentaire mondiale
Source : Les Echos
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde mardi contre une « crise alimentaire mondiale » aux répercussions à long terme pour « des centaines de millions d’enfants et d’adultes ». Il appelle à protéger les travailleurs, préserver l’aide humanitaire et renforcer le soutien à l’industrie alimentaire.
« Nos systèmes alimentaires ne fonctionnent plus et la pandémie du Covid-19 aggrave la situation ». C’est le constat dressé mardi par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU dans un communiqué accompagnant une étude de l’organisation.
Il met en garde contre une « crise alimentaire mondiale » aux répercussions à long terme « pour des centaines de millions d’enfants et d’adultes » si rien n’est fait pour atténuer les conséquences de l’épidémie. Aujourd’hui, plus de 820 millions de personnes ne mangent pas à leur faim », rappelle Antonio Guterres.
Lire l’article complet sur Les Echos
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
La famine comme arme de guerre
« Des hélicoptères Apache des forces d’occupation américaines volaient bas dimanche matin, selon des habitants du village d’Adla, dans la campagne de Shaddadi, au sud de la ville syrienne de Hassaké, alors qu’ils lâchaient des « ballons thermiques », une arme incendiaire qui a détruit les champs de blé dans des explosions de flammes, tandis que les vents chauds et secs attisaient le feu qui faisait rage.
Après avoir largué leur charge enflammée, les hélicoptères ont volé près des maisons d’une manière agressive, si bien que les habitants et surtout les jeunes enfants craignaient pour leur vie. La manœuvre militaire délivrait un message clair : ne vendez pas votre blé au gouvernement syrien. Le chef de la direction agricole de Hassaké, Rajab Salameh, a déclaré dans un communiqué à l’agence de presse nationale SANA que plusieurs incendies se sont également déclarés dans les champs agricoles de la campagne de Tal Tamer. »
https://www.mideastdiscourse.com/2020/05/19/the-us-is-using-wheat-as-a-weapon-of-war-in-syria/
13 réactions et commentaires
Effectivement le système financiariste pour sauver sa peau met tout sur le dos de la crise sanitaire on observera aussi que le même cas s’était présenté lors du H1N1 nous étions au bord d’une crise financière qui s’est caché déjà par une crise sanitaire, c’est pratique ces crises sanitaires à croire qu’il y a un bon dieu veau d’or pour les financiers.
+18
AlerterA moins que … les crises sanitaires ne soient que la suite, provoquée, pour détournement l’attention des peuples ?
Peut être, aussi, la mise en exergue des tensions inter-raciales ?
Tout est bon, non pas dans le veau, mais dans le cochon, qu’est l’ultralibéralisme.
Et les citoyens sont des veaux (voir De Gaulle). (des adorateurs de leur géhenne).
+9
AlerterDésormais, un simple souffle suffit à faire s’effondrer les châteaux de cartes que sont devenus les institutions et organisations capitalistes. Une épidémie, une mauvaise récolte, une grève ou un coup d’état font lâcher le’un après l’autre chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement.
Le système agonise mais le dernier bouclier, médiatique, le cache encore à la population.
+4
AlerterLa crise sanitaire est le résultat de la crise écologique crée par le capitalisme qui se noie dans une crise financiére qu’il fabrique de toute piéce. Quel merveille la boucle est bouclée.
+7
Alerterje ne vois pas le rapport entre crise sanitaire et pseudo-crise écologique.
Par contre , je suis d’accord pour la crise financière , créée non pas par le capitalisme mais par les banques centrales qui impriment de la monnaie et du crédit depuis 50 ans.
La capitalisme est un système sain tant que les différentes institutions ne s’amusent pas à créer de la monnaie ex-nihilo , c’est cette création monétaire qui nous amène dans la situation actuelle , avec une super crise économique à la clef.
Le « méchant » virus ne sert que de déclencheur, il montre au passage que l’économie était déjà bien malade. Une économie saine ne se serait pas écroulée à cette vitesse même après quelques semaines d’arrêt.
+2
AlerterLa famine comme arme de guerre
« Des hélicoptères Apache des forces d’occupation américaines volaient bas dimanche matin, selon des habitants du village d’Adla, dans la campagne de Shaddadi, au sud de la ville syrienne de Hassaké, alors qu’ils lâchaient des « ballons thermiques », une arme incendiaire qui a détruit les champs de blé dans des explosions de flammes, tandis que les vents chauds et secs attisaient le feu qui faisait rage.
Après avoir largué leur charge enflammée, les hélicoptères ont volé près des maisons d’une manière agressive, si bien que les habitants et surtout les jeunes enfants craignaient pour leur vie. La manœuvre militaire délivrait un message clair : ne vendez pas votre blé au gouvernement syrien. Le chef de la direction agricole de Hassaké, Rajab Salameh, a déclaré dans un communiqué à l’agence de presse nationale SANA que plusieurs incendies se sont également déclarés dans les champs agricoles de la campagne de Tal Tamer. »
https://www.mideastdiscourse.com/2020/05/19/the-us-is-using-wheat-as-a-weapon-of-war-in-syria/
+21
Alerter« Ce n’est pas la pandémie qui aggrave la crise économique mais les réactions disproportionnées face à ce qui ne tue pas plus qu’une grippe. » la grippe espagnole par exemple ?
+1
Alerter@Roger
420 000 est-ce plus proche de 650 000 ou de 20 millions ?
Coupez votre TV et réveillez-vous.
Covid-19 : 420 000 décès dans le monde
Grippe saisonnière : entre 290 000 et 650 000 décès annuel
https://www.who.int/fr/news-room/detail/14-12-2017-jusqu-%C3%A0-650-000-d%C3%A9c%C3%A8s-par-an-sont-dus-aux-affections-respiratoires-li%C3%A9es-%C3%A0-la-grippe-saisonni%C3%A8re
Grippe espagnole : de 20 à 50 millions
+9
AlerterLe problème , c’est qu’il est facile de sortir les chiffres après coup. Que savions nous de ce virus au début de l’année ? Et que ferons nous pour le prochain ? Ne pas oubliez que les chiffres des morts s’ajoutent 420000 + 290000 à 650000 et non 4200000 ou 290000 à 650000 pour s’en tenir aux « grippes ».
+1
AlerterSoit, si l’on fait l’addition pour la france, c’est 0 + 29000 (dans aucun des points epidemiologique de cette année on ne parle de mort, il y a du en avoir, mais sous le radar).
Mais si la grippe avait fait ses 12 300 morts comme une petite année avec grippe (2018-2019), on n’aurait probablement pas eu 41300 morts, et on n’aurait peut être même eut moins de 30000 morts. La population mourrant de la grippe est aussi la population qui meure du covid (mêmes comorbidités, même age), et on ne meurt qu’une fois.
+0
AlerterD’accord sur le principe, avec une année « normale » de grippe les morts du COVID seraient mort avant de la grippe et nous aurions zéro morts du COVID. Espérons que nous aurons une bonne grippe cet hiver pour éviter un retour du COVID. Ne pas oublier au passage les « guéris » du COVID qui ne le sont pas vraiment.
+1
Alerterc’est clair qu’il était assez facile de faire écrouler le Vénézuela après des années d’incurie socialiste. On peut même se demander si les USA ont vraiment agit , tellement Chavez et Madura ont eux-mêmes sapé l’économie du pays, en particulier en détruisant l’exploitation pétrolière.
+0
AlerterL’économie bat de l’aile depuis des années , l’injection massive de pognon et l’envolée des dettes ont permis de camoufler la misère mais il suffisait d’un événement pour déclencher la crise, ça a été la crise sanitaire.
Les gouvernements étaient surendettés , ils ont rajouté une louche de dettes.
Beaucoup de grosses entreprises ne tournaient qu’en empruntant de l’argent , elles sont au bord du gouffre ( voir Hertz et les compagnies aériennes )
+0
AlerterLes commentaires sont fermés.