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Covid-19 : Il ne peut y avoir de protection de l’Économie sans une solide réponse de Santé publique

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Source : The Lancet, 15-10-2020
Traduit par les lecteurs du site Les Crises

Le SARS-CoV-2 a infecté plus de 35 millions de personnes dans le monde, avec plus d’un million de décès enregistrés par l’OMS en date du 12 octobre 2020. Alors qu’une deuxième vague de COVID-19 touche l’Europe et que l’hiver approche, nous avons besoin d’une communication claire sur les risques posés par la COVID-19 et sur les stratégies efficaces pour les combattre. Nous partageons ici notre point de vue sur le consensus actuel sur la COVID-19, fondé sur des données probantes.

Le SARS-CoV-2 se propage par contact (via de grosses gouttelettes et des aérosols), et par transmission à longue distance via des aérosols, en particulier dans des conditions où la ventilation est mauvaise. Sa forte infectiosité, (1) combinée à la sensibilité des populations à un nouveau virus, crée les conditions d’une propagation rapide au sein de la communauté. Le taux de mortalité lié à l’infection par la COVID-19 est plusieurs fois supérieur à celui de la grippe saisonnière (2) et l’infection peut entraîner une maladie chronique, y compris chez des personnes jeunes et précédemment en bonne santé (c’est-à-dire un COVID longue durée). (3)

On ne sait pas exactement combien de temps dure l’immunité protectrice (4) et, comme les autres coronavirus saisonniers, le SARS-CoV-2 est capable de réinfecter des personnes qui ont déjà eu la maladie, mais la fréquence de réinfection est inconnue. (5) La transmission du virus peut être atténuée par l’éloignement physique, l’utilisation de protections faciales, l’hygiène des mains et des voies respiratoires, et en évitant les foules et les espaces mal ventilés. Les tests rapides, la recherche des contacts et l’isolement sont également essentiels pour contrôler la transmission. L’OMS préconise ces mesures depuis le début de la pandémie.

Dans la phase initiale de la pandémie, de nombreux pays ont instauré des mesures de confinement (restrictions générales sur la population, y compris l’ordre de rester chez soi et de travailler à domicile) pour ralentir la propagation du virus. Cette mesure était essentielle pour réduire la mortalité (6, 7) éviter le débordement des services de santé et gagner du temps pour mettre en place des systèmes de réponse à la pandémie afin de supprimer la transmission après le confinement.

Bien que les mesures de confinement aient été perturbatrices, affectant considérablement la santé mentale et physique des populations et nuisant à l’économie, ces effets ont souvent été plus graves dans les pays qui n’ont pas pu utiliser le temps pendant et après le confinement pour mettre en place des systèmes efficaces de contrôle des pandémies. En l’absence de dispositions adéquates pour gérer la pandémie et ses impacts sociétaux, ces pays ont été confrontés à des restrictions permanentes.

Cela a naturellement conduit à une démoralisation généralisée et à une diminution de la confiance. L’arrivée d’une deuxième vague et la prise de conscience des défis à venir ont suscité un regain d’intérêt pour l’approche dite d’immunité collective, qui suggère de permettre une importante flambée incontrôlée dans la population à faible risque tout en protégeant in fine les personnes vulnérables.

Il s’agit d’une erreur dangereuse, non étayée par des preuves scientifiques.

Toute stratégie de gestion de la pandémie reposant sur l’immunité contre les infections naturelles pour la COVID-19 est imparfaite. Une transmission non contrôlée chez les jeunes risque d’entraîner une morbidité (3) et une mortalité importantes dans l’ensemble de la population.

Outre le coût humain, cela aurait un impact sur l’ensemble de la main-d’œuvre et dépasserait la capacité des systèmes de santé à fournir des soins d’urgence et de routine. En outre, il n’existe aucune preuve d’une immunité protectrice durable contre le SARS-CoV-2 après une infection naturelle, (4) et la transmission endémique qui serait la conséquence de l’affaiblissement de l’immunité présenterait un risque pour les populations vulnérables dans un avenir indéterminé.

Une telle stratégie ne mettrait pas fin à la pandémie de COVID-19 mais entraînerait des épidémies récurrentes, comme ce fut le cas pour de nombreuses maladies infectieuses avant l’avènement de la vaccination. Elle imposerait également un fardeau inacceptable à l’économie et aux travailleurs de la santé, dont beaucoup sont morts de la COVID-19 ou ont subi des traumatismes du fait d’une pratique d’une médecine en catastrophe.

En outre, nous ne comprenons toujours pas bien comment fonctionnent les COVID longs. (3) Définir qui est vulnérable est complexe, mais même si nous considérons les personnes exposées à une maladie grave, la proportion de personnes vulnérables représente jusqu’à 30 % de la population dans certaines régions. (8) L’isolement prolongé de larges pans de la population est pratiquement impossible et complètement contraire à l’éthique.

Des données empiriques provenant de nombreux pays montrent qu’il n’est pas possible de limiter les épidémies non contrôlées à des segments particuliers de la société. Une telle approche risque également d’exacerber les inégalités socio-économiques et les discriminations structurelles déjà mises à nu par la pandémie. Des efforts particuliers pour protéger les plus vulnérables sont essentiels mais doivent aller de pair avec des stratégies à composantes multiples au niveau de la population.

Une fois de plus, nous sommes confrontés à une augmentation rapide des cas de COVID-19 dans une grande partie de l’Europe, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays du monde. Il est essentiel d’agir de manière décisive et urgente. Des mesures efficaces de suppression et de contrôle de la transmission doivent être mises en œuvre à grande échelle, et elles doivent être soutenues par des programmes financiers et sociaux qui encouragent les réponses communautaires et s’attaquent aux inégalités qui ont été amplifiées par la pandémie.

Des restrictions continues seront probablement nécessaires à court terme, pour réduire la transmission et réparer les systèmes inefficaces de réponse à la pandémie, afin d’éviter de futurs blocages. L’objectif de ces restrictions est de supprimer efficacement les infections par le SARS-CoV-2 pour les ramener à des niveaux bas, permettant une détection rapide des foyers localisés et une réponse rapide grâce à des systèmes efficaces et complets de recherche, de test, de traçage, d’isolement et de soutien, afin que la vie puisse revenir à une situation quasi normale sans qu’il soit nécessaire d’imposer des restrictions généralisées. La protection de nos économies est inextricablement liée au contrôle de la COVID-19. Nous devons protéger notre main-d’œuvre et éviter l’incertitude à long terme.

Le Japon, le Vietnam et la Nouvelle-Zélande, pour ne citer que quelques pays, ont montré que de solides réponses de santé publique peuvent contrôler la transmission, permettant ainsi à la vie de revenir à une situation quasi normale, et il existe de nombreuses réussites de ce type. Les preuves sont très claires : le contrôle de la propagation communautaire de la COVID-19 est le meilleur moyen de protéger nos sociétés et nos économies jusqu’à l’arrivée de vaccins et de produits thérapeutiques sûrs et efficaces dans les mois à venir. Nous ne pouvons pas nous permettre des distractions qui sapent une réponse efficace ; il est essentiel que nous agissions de toute urgence en nous basant sur les preuves.

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Annexe complémentaire

Références

1.Hao X Cheng S Wu D Wu T Lin X Wang C – Reconstitution de la dynamique de transmission complète du COVID-19 à Wuhan. Nature. 2020 ; 584 : 420-424 – Google Scholar

2.Verity R Okell LC Dorigatti I et al. – Estimations de la gravité de la maladie à coronavirus 2019 : une analyse basée sur un modèle. Lancet Infect Dis. 2020 ; 20 : 669-677 – Google Scholar

3. Nature – COVID long : laissons les patients contribuer à la définition des symptômes de la COVID chronique – Nature. 2020 ; 586 : 170 – Google Scholar

4.Chen Y Tong X Li Y et al. – Une analyse longitudinale complète des réponses humorales spécifiques à quatre antigènes recombinants du SARS-CoV-2 chez des patients atteints de COVID-19 graves et non graves. Pathogène PLoS. 2020 ; 16e1008796 – Google Scholar

5.Parry J – COVID-19 : Hong Kong signale le premier cas confirmé de réinfection. BMJ. 2020 ; 370m3340 – Google Scholar

6.Flaxman S Mishra S Gandy A et al. – Estimation des effets des interventions non pharmaceutiques sur la COVID-19 en Europe. Nature. 2020 ; 584 : 257-261 – Google Scholar

7.Dehning J Zierenberg J Spitzner FP et al. – L’inférence de changements dans la propagation de COVID-19 révèle l’efficacité des interventions. Science. 2020 ; 369eabb9789 – Google Scholar

8.Clark A Jit M Warren-Gash C et al. – Estimations mondiales, régionales et nationales de la population exposée à un risque accru de COVID-19 grave en raison des affections sous-jacentes en 2020 : une étude de modélisation. Lancet Glob Health. 2020 ; 8 : e1003-e1017 – Google Scholar

Source : The Lancet, 15-10-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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