Source : Consortium News, Robert Spell
Traduit par les lecteurs du site Les Crises
Si Trump ou Biden refusent de céder, Robert Speel affirme que ce ne serait pas la première fois que les troubles persistent pendant des jours et des semaines après une élection.
Alors que les États continuent de compter leurs bulletins de vote pour l’élection de 2020, il semble possible que les Démocrates et les Républicains se retrouvent devant les tribunaux pour savoir si le président Trump remportera un second mandat à la Maison Blanche.
Le président Trump a déclaré qu’il allait contester les résultats des élections – allant jusqu’à dire qu’il pense que l’élection sera finalement décidée par la Cour suprême. Pendant ce temps, le candidat démocrate à la présidence, Joe Biden, dispose d’une équipe d’avocats prêts pour une bataille juridique.
Des changements sans précédent dans les procédures de vote en raison de la pandémie de coronavirus ont créé des ouvertures pour que les candidats puissent crier à la faute. Les Républicains ont fait valoir au début de l’année que la prolongation des délais de réception et de dépouillement des bulletins de vote entraînerait la confusion et la fraude, tandis que les Démocrates estiment que les Républicains s’emploient activement à priver les électeurs de leur droit de vote.
Si Trump ou Biden refusaient de céder, ce ne serait pas la première fois que les troubles et les accusations de fraude dominent les jours et les semaines qui suivent les élections.
Les élections de 1876, 1888, 1960 et 2000 ont été parmi les plus controversées de l’histoire américaine. Dans chaque cas, le candidat et le parti perdants ont traité différemment les résultats contestés.
1876 : le compromis a un prix
En 1876 – 11 ans après la fin de la guerre civile – tous les États confédérés avaient été réadmis dans l’Union et la Reconstruction battait son plein. Les Républicains étaient les plus forts dans les zones pro-Union des régions du Nord et afro-américaines du Sud, tandis que le soutien des Démocrates se regroupait autour des Blancs du Sud et des régions du Nord qui avaient moins soutenu la guerre de Sécession. Cette année-là, les Républicains ont présenté le gouverneur de l’Ohio, Rutherford B. Hayes, et les Démocrates ont choisi le gouverneur de New York, Samuel Tilden.
Mais le jour du scrutin, les électeurs républicains afro-américains ont fait l’objet d’intimidations généralisées dans tout le Sud. Trois de ces États du Sud – la Floride, la Louisiane et la Caroline du Sud – avaient des commissions électorales dominées par les Républicains. Dans ces trois États, certains résultats initiaux semblaient indiquer des victoires de Tilden. Mais en raison d’allégations généralisées d’intimidation et de fraude, les commissions électorales ont invalidé suffisamment de votes pour donner aux États – et à leurs votes électoraux – la faveur de Hayes. Avec les votes électoraux des trois États, Hayes remporterait une majorité de 185-184 au Collège électoral.
Des jeux de rapports d’élection et de votes électoraux concurrents ont été envoyés au Congrès pour être comptés en janvier 1877. Le Congrès a donc voté la création d’une commission bipartite composée de 15 membres du Congrès et de juges de la Cour suprême pour déterminer comment répartir les électeurs des trois États contestés. Sept commissaires devaient être républicains, sept démocrates et un indépendant, le juge David Davis de l’Illinois.
Mais dans un schéma politique qui s’est retourné contre lui, Davis a été choisi par les Démocrates de l’assemblée législative de l’État de l’Illinois pour servir au Sénat américain. (Les sénateurs n’ont pas été choisis par les électeurs avant 1913.) Ils espéraient gagner son soutien au sein de la commission électorale. Au lieu de cela, Davis a démissionné de la commission et a été remplacé par le juge républicain Joseph Bradley, qui a rejoint une majorité de 8 à 7 Républicains qui ont attribué tous les votes électoraux contestés à Hayes.
Les Démocrates ont décidé de ne pas contester ce résultat final en raison du «Compromis de 1877 », dans lequel les Républicains, en échange de la présence de Hayes à la Maison Blanche, ont accepté de mettre fin à la reconstruction et à l’occupation militaire du Sud.
Hayes a eu une présidence inefficace d’un seul mandat, tandis que le compromis a fini par détruire tout semblant de poids politique afro-américain dans le Sud. Au cours du siècle suivant, les législatures du Sud, libérées de la supervision du Nord, allaient mettre en œuvre des lois discriminatoires à l’égard des Noirs et limitant leur capacité de vote.
1888 : corruption des blocs de cinq
En 1888, le président démocrate de New York, Grover Cleveland, se présente à la réélection contre l’ancien sénateur américain de l’Indiana, Benjamin Harrison.
À l’époque, dans la plupart des États, les bulletins de vote étaient imprimés, distribués par les partis politiques et déposés publiquement. Certains électeurs, appelés « flotteurs », étaient connus pour vendre leurs votes à des acheteurs intéressés.
Harrison avait nommé un avocat de l’Indiana, William Wade Dudley, au poste de trésorier du Comité national républicain. Peu avant l’élection, Dudley a envoyé une lettre aux dirigeants locaux républicains de l’Indiana, dans laquelle il promettait des fonds et donnait des instructions sur la manière de diviser les électeurs réceptifs en « blocs de cinq » pour recevoir des pots-de-vin en échange du vote du ticket républicain. Les instructions indiquaient comment chaque militant républicain serait responsable de cinq de ces « flotteurs ».
Les Démocrates ont reçu une copie de la lettre et l’ont largement diffusée dans les jours précédant l’élection. Harrison a fini par remporter l’Indiana par seulement 2 000 voix environ, mais il aurait quand même gagné au Collège électoral sans cet État.
Cleveland a en fait remporté le vote populaire national par près de 100 000 voix. Mais il a perdu son État d’origine, New York, d’environ 1 % des voix, ce qui place Harrison en tête du Collège électoral. L’échec de Cleveland à New York pourrait également être liée à des programmes d’achat de votes.
Cleveland n’a pas contesté le résultat du Collège électoral et a remporté une revanche contre Harrison quatre ans plus tard, devenant ainsi le seul président à exercer des mandats non consécutifs. Entre-temps, le scandale des « blocs de cinq » a conduit à l’adoption à l’échelle nationale de bulletins de vote secrets.
1960 : la machine de Daley a-t-elle tenu ses promesses ?
L’élection de 1960 oppose le vice-président républicain Richard Nixon au sénateur démocrate John F. Kennedy.
Le vote populaire a été le plus serré du XXe siècle, Kennedy ne battant Nixon que d’environ 100 000 voix – soit une différence de moins de 0,2 %.
En raison de cette répartition nationale – et parce que Kennedy a officiellement battu Nixon par moins de 1 % dans cinq États (Hawaï, Illinois, Missouri, New Jersey, Nouveau-Mexique) et moins de 2 % au Texas – de nombreux Républicains ont crié à la fraude. Ils se sont concentrés sur deux endroits en particulier : le sud du Texas et Chicago, où une machination politique dirigée par le maire Richard Daley aurait produit juste assez de votes pour donner à Kennedy l’État de l’Illinois. Si Nixon avait gagné le Texas et l’Illinois, il aurait eu la majorité du Collège électoral.
Alors que les journaux à tendance républicaine ont mené une enquête et conclu à une fraude électorale dans les deux États, Nixon n’a pas contesté les résultats. Suivant l’exemple de Cleveland en 1892, Nixon se présente à nouveau à la présidence en 1968 et remporte la victoire.
2000 : les Chads suspendus
[chads : il s’agit des confettis issus des perforations du bulletin de vote, NdT]
En 2000, de nombreux États utilisaient encore le vote par carte perforée, un système de vote créé dans les années 1960. Même si ces bulletins avaient une longue histoire de dysfonctionnement des machines et de votes ratés, personne ne semblait le savoir ou s’en soucier – jusqu’à ce que tous les Américains réalisent soudainement que cette technologie dépassée avait créé un problème en Floride.
Puis, le jour de l’élection, les médias nationaux ont découvert qu’un « bulletin papillon », un bulletin de vote à perforation dont le dessin violait la loi de l’État de Floride, avait semé la confusion chez des milliers d’électeurs du comté de Palm Beach.
Beaucoup de ceux qui pensaient voter pour Gore ont, sans le savoir, voté pour un autre candidat ou pour deux candidats. (Par exemple, le candidat du Parti réformateur, Pat Buchanan, a reçu environ 3 000 votes d’électeurs qui avaient probablement l’intention de voter pour Gore). Gore a fini par perdre l’État au profit de Bush par 537 voix – et, en perdant la Floride, il a perdu l’élection.
Mais finalement, le processus d’un mois pour déterminer le vainqueur de l’élection présidentielle s’est réduit à une question de « chads suspendus. »
Plus de 60 000 bulletins de vote en Floride, la plupart sur des cartes perforées, n’avaient pas enregistré de vote pour le président sur les lecteurs de cartes perforées. Mais sur de nombreuses cartes perforées, les confettis qui résultent de la perforation de la carte de vote – appelés « chads » – étaient encore suspendus par un, deux ou trois coins et n’avaient pas été comptés. Gore s’est adressé au tribunal pour que ces bulletins soient comptés à la main afin d’essayer de déterminer l’intention de l’électeur, comme le permet la loi de l’État.
Bush s’est opposé à la demande de Gore devant le tribunal. Alors que Gore a gagné devant la Cour suprême de l’État de Floride, la Cour suprême des États-Unis a décidé, le 12 décembre à 22 heures, que le Congrès avait fixé une date limite au niveau des États pour le choix des électeurs, de sorte qu’il n’y avait plus de temps pour compter les votes.
Gore a concédé le lendemain.
Le drame et le traumatisme national qui ont suivi le jour des élections en 1876 et 2000 pourraient se répéter cette année. Bien sûr, beaucoup dépendra des marges et de la réaction des candidats.
La plupart des yeux seront tournés vers Trump, qui n’a pas dit s’il accepterait ou non le résultat s’il perdait. Le soir des élections, il a annoncé qu’il avait gagné avant que tous les votes n’aient été comptés dans un certain nombre d’États incertains.
Robert Speel est professeur associé de sciences politiques au campus d’Erie, dans l’État de Penn.
Source : Consortium News, Robert Spell, 04-11-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
De toutes façons, comme dans toutes les démocrassies, le système bi-partiste ne permet aux électeurs que le choix entre la peste et le choléra.
Avec en premier lieu bien sûr la sur-évaluation « bénéfique » des partis « éligibles » (qui ne le seraient plus sans une propagande acharnée) qui incite les électeurs à se comporter de manière panurgienne en votant « utile » en fonction de « valeurs » qui ne sont que de la publicité mensongère.
Et en second lieu suite à l’écœurement causé par toutes les promesses non tenues qui entraînera bien sûr un « vote sanction » à l’encontre du candidat sortant et donnant un avantage stratégique à son « opposant ».
Les électeurs sont des ânes (je demande pardon à ces équidés qui sont loin d’être aussi stupides) et de plus les lois électorales sont rédigées de telle manière (sans parler des « médias indépendants ») qu’il est strictement impossible à un candidat qui ne soit pas adoubé par la caste dirigeante (non élue) de pouvoir espérer ne serait-ce que se présenter (sans même évoquer de manière équitable) à la moindre élection.
Et les deux « éligibles » se contentent de défendre « un peu plus » les intérêts de leurs « mécènes » tout en préservant ceux des « élites » en place au détriment de la population.
Ensuite nous avons des « grandes victoires » avec 20% de votes réels en faveur du gagnant, des consultations populaires que les « élites » répudient sans complexe et c’est la population qui trinque et paye les pots cassés.
Trump et Biden, comme tous leurs prédécesseurs et les autres « dirigeants charismatiques » actuels de cette planète se foutent royalement des électeurs.
Ces derniers ne sont que de simples crétins dont il faut « caresser le cul » avant chaque élection tout en diabolisant l’adversaire (qui avait été favorisé avant l’élection pour effrayer les gogos afin qu’ils « votent utile »).
Ce sont les règles légales (pas légitimes) des démocrassies et les gogos ne sont là que pour les subir sous peine de représailles « légales » de ceux qui profitent du système sans prendre le moindre risque.
6 réactions et commentaires
Ce qui a réellement changé, c’est que l’élection ait été troublée depuis 4 ans par une presse et des média farouchement hostile au processus « démocratique ». Quand la bête est blessée, elle est d’autant plus dangereuse.
Par contre, Quid des candidats alternatifs ?
+12
AlerterDire que des millions de gens croient que le pouvoir yankee réside à la maison blanche! Là est la plus grande manipulation, le plus grand mensonge avalé sans problème urbi et orbi. Qu’a fait Trump pendant 4 ans contre le pouvoir réel? Servi de commis voyageur aux marchands d’armes, déclaré ou renforcé une guerre économique contre tous les pays qui refusent de se soumettre, continué à renverser (Equateur) ou à essayer de renverser (Venezuela) des gouvernements légitimes.
Et in fine voter NON à une résolution de l’ONU qui propose de « combattre le nazisme » (avec le Canada et l’Ukraine!).
Et qu’on fait les pays européens? Ils se sont abstenus! France y compris. Donc l’UE accepte le nazisme et le néo-nazisme, ou en tout cas s’abstient de le combattre.
Maintenant c’est clair.
+7
AlerterDe toutes façons, comme dans toutes les démocrassies, le système bi-partiste ne permet aux électeurs que le choix entre la peste et le choléra.
Avec en premier lieu bien sûr la sur-évaluation « bénéfique » des partis « éligibles » (qui ne le seraient plus sans une propagande acharnée) qui incite les électeurs à se comporter de manière panurgienne en votant « utile » en fonction de « valeurs » qui ne sont que de la publicité mensongère.
Et en second lieu suite à l’écœurement causé par toutes les promesses non tenues qui entraînera bien sûr un « vote sanction » à l’encontre du candidat sortant et donnant un avantage stratégique à son « opposant ».
Les électeurs sont des ânes (je demande pardon à ces équidés qui sont loin d’être aussi stupides) et de plus les lois électorales sont rédigées de telle manière (sans parler des « médias indépendants ») qu’il est strictement impossible à un candidat qui ne soit pas adoubé par la caste dirigeante (non élue) de pouvoir espérer ne serait-ce que se présenter (sans même évoquer de manière équitable) à la moindre élection.
Et les deux « éligibles » se contentent de défendre « un peu plus » les intérêts de leurs « mécènes » tout en préservant ceux des « élites » en place au détriment de la population.
Ensuite nous avons des « grandes victoires » avec 20% de votes réels en faveur du gagnant, des consultations populaires que les « élites » répudient sans complexe et c’est la population qui trinque et paye les pots cassés.
Trump et Biden, comme tous leurs prédécesseurs et les autres « dirigeants charismatiques » actuels de cette planète se foutent royalement des électeurs.
Ces derniers ne sont que de simples crétins dont il faut « caresser le cul » avant chaque élection tout en diabolisant l’adversaire (qui avait été favorisé avant l’élection pour effrayer les gogos afin qu’ils « votent utile »).
Ce sont les règles légales (pas légitimes) des démocrassies et les gogos ne sont là que pour les subir sous peine de représailles « légales » de ceux qui profitent du système sans prendre le moindre risque.
+10
AlerterOn attend l’analyse statistique des resultats improbables des dépouillements des jours qui ont suivi l’élection. Par exemple il y a eu très officiellement une une « salve » de 570 000 pour Biden contre 3200 pour Trump en Pennsylvanie.
https://www.zerohedge.com/political/watch-live-pennsylvania-legislature-giuliani-hold-public-hearing-2020-election
+13
AlerterJe ne comprends en quoi mon commentaire précédent violait la charte.
Par ce qu’il comportait un lien vers une liste très complète des allégations de fraude? Ce n’est qu’un de ces partage d’information qui fait la richesse des commentaires.
Dans tous les cas l’article suggère que la fraude électorale est une vieille habitude américaine qui se règle au tribunal ou par compromis. Donc rien de nouveau si ce n’est peut être l’ampleur que permettent les moyens modernes. Quelque soit finalement l’occupant de la maison blanche il serait salutaire de ne pas escamoter ce débat tant il risque de débouler à nouveau pour les échéances électorales françaises à venir. Je pense même qu’il est dangereux d’éviter ce débat.
+14
AlerterEt pas un mot sur l’arnaque la plus désastreuse, celle qui, avec la participation des services secrets, écartera en 1945 Henry Wallace de la vice-présidence! A l’époque comme aujourd’hui on sait que le président Roosevelt ne finira pas son mandat et que le vice-président deviendra de facto président. Il faut à tout prix écarter Wallace, pourtant déjà vice-président du mandat précédent, car il n’est pas assez anti-soviétique. Il veut même faire la paix avec l’URSS (ça vous rappelle rien?) et n’aurait jamais lancé la bombe atomique, et ça ce n’était pas envisageable. Donc magouilles à tous les étages pour éliminer la personne la plus populaire de l’époque et promouvoir un robot inconnu, Truman qui, lui, fera ce qu’on veut.
« Un siècle de peur » promet-il si on suit la doctrine Truman! Avec lui, on n’aurait eu ni Hiroshima, ni la guerre froide, ni le Vietnam etc. C’est donc la plus grande réussite parmi toutes les manipulations électorales.
Tout est bien décrit par Oliver Stone dans « Une autre Histoire de l’Amérique »
+1
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