Le coup de balai auquel se livre le DOGE contre le gouvernement fédéral atteint déjà des proportions « catastrophiques », selon la plainte.
Source : Sharon Zhang, Truthout
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Dans la plainte déposée mercredi (5 février), la coalition de syndicats d’employés fédéraux affirme que le DOGE s’en prend aux agences fédérales et saisit leurs données, ce qui, selon les experts, est illégal et soulève des questions majeures quant à l’intégrité des données des Américains et au pouvoir apparent de Musk de dépecer le gouvernement avec peu ou pas de contrôle, en dépit de son statut de citoyen privé sans habilitation.
Le groupe demande l’intervention d’un tribunal, par le biais d’une ordonnance restrictive ou d’un sursis administratif, pour empêcher le DOGE de cibler le ministère du travail dans son coup de balai à l’encontre les agences fédérales. Le DOGE a déjà exigé que les employés du ministère lui donnent accès à « tout ce qu’ils demandent – sous peine d’être licenciés », selon les termes de l’action en justice.
Une ordonnance restrictive a été accordée pour empêcher temporairement le département du travail de transmettre des informations au DOGE pendant que le tribunal statue sur la plainte, a rapporté Lauren Kaori Gurley, du Washington Post, ce jeudi (6 février).
« À chaque étape, le DOGE viole de multiples lois, indique la plainte. Il cherche à accéder à des systèmes sensibles avant que les tribunaux ne puissent les en empêcher, à démanteler des agences avant que le Congrès ne puisse faire valoir ses prérogatives en matière de budget fédéral, et à intimider et menacer les employés qui se mettent en travers de son chemin, sans se soucier des conséquences ultérieures. Les résultats en sont catastrophiques
La plainte a été déposée par Democracy Forward au nom de l’AFL-CIO et de ses syndicats affiliés, l’American Federation of Government Employees (AFGE), l’American Federation of State, County and Municipal Employees, le Service Employees International Union (SEIU) et le Communications Workers of America (CWA). L’Economic Policy Institute s’est également joint à l’action en justice.
« Aujourd’hui, c’est au ministère du travail qu’ils vont s’attaquer. Sur la base d’informations disponibles, nous sommes persuadés que le schéma sera le même : ils exigeront que le personnel du DOGE ait accès à des systèmes qui lui sont légalement interdits ; ils licencieront tout employé qui protège l’intégrité de ces systèmes ; et ils revendiqueront des pouvoirs et une autorité que le Congrès ne leur a jamais accordés en ce qui concerne le personnel de l’agence et les programmes du département », indique la plainte.
« Il n’appartient absolument pas à Elon Musk de faire une descente au ministère du travail pour obtenir des informations personnelles sensibles sur les employés », a déclaré Liz Shuler, présidente de l’AFL-CIO, dans un communiqué. « Que Musk pense qu’il a le pouvoir d’accéder aux données privées des salariés d’une agence qui est chargée de protéger les droits fondamentaux des travailleurs est scandaleux. Avec cette action en justice, nous avons l’intention de stopper net le coup de force de Musk. »
Le jour même où la plainte a été déposée, l’AFL-CIO et ses affiliés ont organisé un rassemblement devant le ministère du travail pour protester contre la campagne de pillage du gouvernement par Musk. Des milliers de personnes y ont participé, selon Zeteo.
Des parlementaires comme la députée Rashida Tlaib (Démocrate-Michigan) ont participé au rassemblement, condamnant les plans du milliardaire voyou de prendre d’assaut le département.
« Si nous bénéficions d’avantages, de soutien et de protections, c’est parce que les travailleurs se sont organisés, qu’ils ont riposté et qu’ils se sont battus. Et à défaut, nous mettrons la clef sous la porte », a déclaré Tlaib devant la foule.
Le DOGE a passé les dernières semaines à donner un coup de balai au sein du gouvernement fédéral, prenant une machette pour éviscérer les agences de manière apparemment indiscriminée. La saisie du système de paiement du département du Trésor, qui contient des données sur les numéros de sécurité sociale et les informations financières des Américains, a soulevé de sérieuses inquiétudes quant à la confidentialité des données placées entre les mains des jeunes talents de la tech de Musk, qui agissent au nom du DOGE.
Selon certains, le programme de nettoyage de Musk, bien que généralisé, semble donner la priorité aux agences qui enquêtent sur des infractions dans ses propres entreprises.
Selon l’action en justice, il est à craindre, par exemple, que le DOGE puisse accéder à des informations sensibles au sein du ministère du Travail, notamment des données des travailleurs ainsi que des informations sur les enquêtes menées par l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) sur SpaceX, Tesla et The Boring Company.
Des enquêtes précédentes ont révélé, par exemple, que le taux d’accidents du travail est chez Tesla bien plus élevé que dans le reste de l’industrie du secteur automobile, par exemple. The Lever a également rapporté que l’Agence américaine pour le développement international (USAID), que Musk et ses agents ont essayé de fermer complètement, avait enquêté sur Starlink de Musk dès 2022.
La secrétaire de presse de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré lundi que l’administration autorisait Musk à déterminer si certaines questions relevaient d’un conflit d’intérêts le concernant et à « présenter des excuses ».
Les défenseurs des travailleurs préviennent également depuis longtemps que l’administration Trump s’en prendra au ministère du Travail afin de s’attaquer au mouvement syndical qui refait surface aux États-Unis. L’une des premières mesures prises par Donald Trump lors de son entrée en fonction a été le licenciement de Jennifer Abruzzo, l’avocate générale du National Labor Relations Board qui a joué un rôle clé dans la promotion des droits des travailleurs ces dernières années, ainsi que de Gwynne Wilcox, membre du conseil du travail, alors même que Trump n’a aucun pouvoir légal en matière de licenciement de membres du conseil du travail pour des raisons politiques.
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Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et ses sujets de prédilection sont la politique, le climat et l’emploi. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la suivre sur Twitter : @zhang_sharon et Bluesky
Source : Sharon Zhang, Truthout, 06-02-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Les experts affirment qu’un coup d’État est en cours alors que Musk prend le contrôle d’agences gouvernementales
Le milliardaire non élu s’est emparé de vastes pans du gouvernement fédéral, prévient le stratège Waleed Shahid.
Source : Truthout, Amy Goodman, DemocracyNow !
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Elon Musk, le milliardaire de la technologie et conseiller non élu du président Donald Trump, affirme son contrôle sur une grande partie de la bureaucratie fédérale et sur les systèmes informatiques sensibles du gouvernement, alors même qu’il ne dispose pas d’une autorité bien définie. Le plus haut fonctionnaire de carrière du département du Trésor a été évincé pour avoir refusé de remettre à l’équipe de Musk les clés de l’ensemble du système de paiement du gouvernement et des 6 000 milliards de dollars de paiements que le système traite chaque année, notamment les chèques de sécurité sociale, les remboursements d’impôts et les prestations d’assurance-maladie. Musk et son équipe ont également pris le contrôle de l’Office of Personnel Management et de la General Services Administration, des institutions clés qui constituent le système nerveux central du gouvernement américain. « Dans n’importe quelle autre situation, on parlerait de captation de l’État, et les gens du monde entier condamneraient cette pratique », déclare Waleed Shahid, stratège démocrate, qui écrit dans son nouveau billet de blog qu’Elon Musk est en train d’organiser un coup d’État. Nous nous entretenons également avec Lindsay Owens, directrice exécutive de Groundwork Collaborative, qui nous avertit que Musk pourrait préparer le terrain pour les importantes réductions d’impôts promises par les Républicains et qui profiteront de manière disproportionnée aux entreprises et aux personnes fortunées comme lui. « Elon Musk va financer sa réduction d’impôts avec votre sécurité sociale », déclare Lindsay Owens.
TRANSCRIPTION
Il s’agit d’une transcription rapide qui peut ne pas être dans sa forme définitive.
AMY GOODMAN : Ici Democracy Now !, democracynow.org. Je suis Amy Goodman.
Le plus haut fonctionnaire de carrière du département du Trésor des États-Unis, David Lebryk, a été contraint de quitter l’agence pour avoir résisté à la demande d’Elon Musk et de ses associés du DOGE de donner accès au vaste système de paiement du gouvernement, qui verse des milliers de milliards de dollars en paiements fédéraux chaque année. Le nouveau secrétaire au Trésor de Trump, le milliardaire Scott Bessent, a fini par accorder à Musk l’accès au système qui contient des informations sensibles concernant les contribuables, les bénéficiaires de la sécurité sociale, les sous-traitants du gouvernement, y compris les concurrents de Musk. Ce dernier est également accusé d’avoir pris le contrôle de l’Office of Personnel Management, un organisme au sein duquel les fonctionnaires de carrière se sont vus interdire l’accès aux systèmes informatiques.
Pour en savoir plus, nous recevons deux invités. Waleed Shahid est un stratège démocrate. Son nouvel article sur Substack est intitulé « Elon Musk prépare un coup d’État ». Waleed était auparavant le porte-parole de Justice Democrats et ancien conseiller de haut niveau pour les campagnes d’Alexandria Ocasio-Cortez et de Jamaal Bowman. Nous sommes également rejoints à Washington par Lindsay Owens, directrice exécutive de Groundwork Collaborative, qui déclare : « Il y a plusieurs raisons qui font que Musk veut avoir le contrôle des paiements du Trésor. Aucune d’entre elles n’est acceptable. »
Waleed Shahid, commençons par vous. Que voulez-vous dire par « Elon Musk prépare un coup d’État » ?
WALEED SHAHID : Si cette histoire se déroulait quelque part en Asie centrale ou en Afrique, les médias américains, le département d’État américain et les institutions internationales parleraient probablement d’un coup d’État. Un industriel milliardaire qui a fait un don de 300 millions de dollars pour une campagne électorale est en train d’installer ses propres fidèles dans des secteurs clés de la bureaucratie fédérale. Il s’agit là en fait du schéma de Viktor Orbán.
Et il nous faut savoir : Pourquoi un industriel milliardaire, qui a des millions de dollars de contrats gouvernementaux, de contrats militaires pour ses entreprises privées, a-t-il besoin des numéros de sécurité sociale de tous les Américains, a-t-il besoin de connaître chaque chèque que le gouvernement américain distribue aux entreprises, aux organisations caritatives ? Pourquoi ce milliardaire a-t-il besoin de connaître ces informations ?
Il n’a pas été contrôlé ni approuvé par le Sénat américain. Il a des antécédents de corruption et d’utilisation des ressources publiques à des fins privées. C’est l’un des hommes les plus riches du monde. Dans n’importe quelle autre situation, on parlerait de captation d’État, et les gens du monde entier condamneraient cette pratique. Mais aux États-Unis, nous ne sommes pas habitués à un tel niveau d’autoritarisme rampant, de ploutocratie, d’oligarchie aussi manifeste.
Et comme l’a dit la représentante Ocasio-Cortez hier soir, il s’agit d’un incendie de niveau 5. Les Démocrates du Sénat doivent communiquer avec le peuple américain. Et hier soir, un appel a été lancé par Indivisible Action pour que les gens se rendent auprès de leurs sénateurs locaux et leur demandent de paralyser le Sénat, de réclamer des enquêtes et de savoir pourquoi Elon Musk a besoin de connaître ces informations. Pourquoi se présente-t-il le samedi dans les bureaux du gouvernement fédéral pour demander les informations privées des citoyens de tout le pays ?
AMY GOODMAN : Lindsay Owens, vous dites qu’aucune de ces raisons n’est bonne. Pouvez-vous les préciser ?
LINDSAY OWENS : Oui, absolument. Pour la plupart des Américains, c’est la première fois qu’ils entendent parler du système de paiement du Trésor. Qu’est-ce que le système de paiement du Trésor ? Il s’agit en fait de la partie du gouvernement fédéral qui émet les chèques. Et il y en a beaucoup. Il s’agit de 6 000 milliards de dollars par an – de l’argent qui va aux particuliers sous forme de prestations de sécurité sociale pour les personnes âgées, de l’argent qui va à des organisations comme Meals on Wheels pour la livraison de repas, de l’aide à l’étranger, ainsi que des fonds que le gouvernement met de côté pour des programmes clés, pour payer ses dettes, pour s’assurer que nous ne dépassons pas le plafond de la dette et que nous ne manquons pas à nos obligations.
Le fait qu’Elon Musk ait pris le contrôle des clés d’une infrastructure de paiement d’une valeur de 6 000 milliards de dollars est vraiment sans précédent. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, comme vos téléspectateurs le savent, la semaine dernière, le président Trump a tenté de mettre fin aux dépenses fédérales, d’arrêter complètement les paiements fédéraux. C’était tellement scandaleux et en violation de la Constitution que les tribunaux sont intervenus et ont dit qu’il ne pouvait pas faire cela. Ce qui se passe peut-être ici, c’est que Musk est en train de contourner les tribunaux, en allant directement à la source pour pouvoir continuer à stopper ces paiements qui, selon les tribunaux, doivent rester effectifs.
Deuxièmement, il pourrait s’agir d’une bonne vieille cyberattaque. Elon Musk pourrait être intéressé par les numéros de sécurité sociale et les numéros d’identification fiscale de dizaines de millions d’Américains. Nous savons qu’il s’est associé à Visa et qu’il envisage de créer son propre système de paiement. Il se peut qu’Elon Musk tente d’obtenir des informations privées pour son propre profit financier.
L’autre chose qui est incroyablement inquiétante ici, c’est que 6 000 milliards de dollars de dépenses, ce n’est pas seulement beaucoup d’argent, c’est une somme qui a une incidence macroéconomique. Si Elon Musk commence à bricoler le code, à savoir la technologie qui sous-tend ces paiements qui garantit que ces paiements soient effectués de manière transparente et efficace, il pourrait, par mégarde ou volontairement, paralyser la macroéconomie. Il s’agit d’une confiscation d’infrastructure gouvernementale extrêmement préoccupante, mais c’est aussi un moment économiquement important pour le pays.
Je suis donc tout à fait d’accord avec Waleed. Je veux dire que le mot « coup d’État » est le mot qui convient le mieux. Et le Congrès doit intervenir. Si j’étais sénateur, je pense que la chose la plus importante à faire serait de convoquer le secrétaire au Trésor au Sénat dès aujourd’hui pour qu’il réponde aux questions relatives aux données auxquelles Musk a accès.
AMY GOODMAN : Et donc, l’inspecteur général du département du Trésor, qui aurait pu vérifier les activités du DOGE, faisait partie des 15 autorités de surveillance qui ont été limogées par le président Trump. Qui est maintenant en charge ou supervise l’équipe de Musk ?
LINDSAY OWENS : Eh bien, c’est Musk qui commande. C’est tout à fait exact. Certains des principaux garde-fous qui auraient permis de s’assurer qu’une telle chose n’arrive pas ont été écartés, délibérément, soigneusement écartés. Ainsi, le président Trump a viré l’inspecteur général du Trésor, et de plus le plus haut fonctionnaire du département du Trésor, l’homme qui était le secrétaire au Trésor par intérim entre le moment où Janet Yellen s’est retirée et celui où Scott Bessent a été confirmé par le Sénat, a également été mis à l’écart, et il a démissionné parce qu’il ne voulait pas donner à Musk, un citoyen privé, un milliardaire, les clés du système de paiement du Trésor. Il n’y a donc pas grand-chose qui puisse empêcher Musk de prendre le contrôle. Vous savez, Trump et Bessent lui ont vraiment ouvert une voie royale.
AMY GOODMAN : Alors, Waleed Shahid, et le Parti démocrate dans tout ça ? Où sont les sénateurs et les membres Démocrates du Congrès ? On a un Hakeem Jeffries qui organise une réunion d’urgence des Démocrates après qu’un juge a empêché les paiements fédéraux d’aller aux… vous voyez bien, il met fin à l’interdiction du financement fédéral.
WALEED SHAHID : Le Parti démocrate à Washington est quasiment assoupi. Ils agissent comme s’ils étaient en quelque sorte des bibliothécaires qui font taire le bruit dans une salle bondée. Ils croient encore aux procédures normales, au décorum normal, à la normalité – que tout ici est la transition normale du pouvoir. Et ils continuent de croire que ce que Elon Musk et Donald Trump font n’est qu’une réforme libertarienne du gouvernement, et non une prise de contrôle oligarchique et ploutocratique par un milliardaire privé qui cherche à savoir – qui cherche potentiellement à savoir ce que ses concurrents pourraient faire avec des contrats gouvernementaux. Il dispose d’informations privées qui… Elon Musk a conclu des contrats avec des gouvernements dans le monde entier. Mais le parti démocrate n’est pas fichu de présenter un message d’opposition en ce moment, parce qu’ils ont l’impression – pour eux tout ça c’est normal.
C’est pourquoi il est si important que les citoyens qui, partout dans le pays se sentent concernés, fassent pression sur les sénateurs démocrates de leur circonscription. Allez dans leur bureau. Si vous vous rendez sur Indivisible.org aujourd’hui, vous pourrez trouver comment trouver votre antenne locale dans tout le pays, que vos sénateurs soient républicains, démocrates ou indépendants. Ils doivent entendre les citoyens préoccupés, parce que le parti démocrate ne réagit pas face à ces problèmes d’oligarchie, de ploutocratie, de prises de décrets, à moins que leurs électeurs ne se manifestent en personne et exigent qu’ils organisent des débats, qu’ils prennent la parole dans les médias et qu’ils immobilisent le Sénat jusqu’à ce que nous sachions pourquoi Elon Musk est en possession de ces informations, alors que c’est quelqu’un qui n’a pas été élu.
AMY GOODMAN : Samedi, le Comité national démocrate a élu, au poste de président, Ken Martin, un politicien modéré, alors même que les électeurs appellent à changer de vitesse en urgence et à répondre aux besoins des travailleurs après la défaite écrasante du parti, même si en chiffres ce n’était pas une défaite majeure, mais il y a eu défaite en novembre. Que pensez-vous de Ken Martin ? Où pensez-vous que tout cela nous mène ?
WALEED SHAHID : Actuellement, le parti démocrate est, en grande partie, un véhicule de collecte de fonds pour la campagne présidentielle. J’espère que Ken Martin réformera le parti pour qu’il fasse des choses comme celles que je viens de décrire. Le Parti démocrate devrait quotidiennement tenir des conférences de presse pour expliquer aux Américains de la classe ouvrière et de la classe moyenne pourquoi le fait qu’Elon Musk détienne des informations du département du Trésor et de l’OPM pourrait nuire à leur portefeuille, qu’il a l’habitude d’utiliser les ressources publiques à des fins privées, qu’il est quelqu’un qui dit en direct sur Twitter qu’il veut réduire chaque jour la dette du gouvernement fédéral de plusieurs milliards de dollars, et que l’un des seuls moyens d’y parvenir serait de commencer à privatiser la sécurité sociale. Voilà ce que le parti démocrate devrait être en train de faire.
Pour en venir à Ken Martin, de nombreux membres du mouvement des « non-engagés » au sein du Parti démocrate ont été personnellement malmenés par les comités locaux du Parti démocrate, et Ken Martin, heureusement, est intervenu pour veiller à ce que cela ne se produise pas. Cela a été ma seule interaction personnelle avec lui, et il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour s’assurer que notre délégation de non-engagés soit traitée avec respect. À part cela, je ne sais pas grand-chose de lui, mais j’attends avec impatience ; j’espère qu’il pourra mettre en place un programme populaire et prolétarien pour le parti, et que cela ne soit pas simplement un transfert de compétences en matière de collecte de fonds.
AMY GOODMAN : Lindsay Owens, le DOGE n’est pas une agence gouvernementale officielle, n’est-ce pas ? Ce qui signifie qu’il n’entre dans aucune catégorie.
LINDSAY OWENS : Oui, je pense que lorsque le président Trump a annoncé qu’Elon Musk allait diriger le Département de l’efficacité gouvernementale, il y a eu une sorte de fantasme alléchant voulant que Musk, un homme d’affaires de la tech, un homme d’affaires ayant réussi, pourrait arriver là et restaurer une certaine efficacité dans le gouvernement, peut-être moderniser certains aspects du gouvernement qui pourraient avoir besoin de se renouveler. Je pense qu’avec la captation du système de paiement du Trésor ce week-end, nous pouvons dire clairement que ce fantasme n’a plus lieu d’être. C’est Musk qui déterminera qui va recevoir des fonds dans ce pays, quels programmes vont être financés dans ce pays. N’oublions pas que Musk n’est pas un partenaire désintéressé. Comme nous l’avons dit, il a lui-même de nombreux contrats fédéraux, des milliards de dollars rien que cette année pour ses entreprises – SpaceX, Tesla et X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
Mais il souhaite également supprimer ce financement pour une raison très personnelle, à savoir qu’il souhaite financer les réductions d’impôts que le Congrès prépare pour cette année. Les réductions d’impôts sont estimées à 5 000 milliards de dollars, principalement en faveur des riches et des entreprises. Et le DOGE est l’entité qui est censée trouver l’argent, trouver les économies pour payer ces réductions d’impôts. Je pense donc que nous pouvons résumer la situation de la manière suivante : Elon Musk va payer sa propre réduction d’impôts avec votre sécurité sociale à vous. C’est vraiment de cela qu’il s’agit. C’est ce que le DOGE a l’intention de faire. Et je pense que nous pouvons mettre de côté…
AMY GOODMAN : Lindsay Owens, nous allons devoir en rester là. Et je veux juste donner le dernier mot à Waleed. En dix secondes. Qu’est-ce que les gens devraient faire maintenant ?
WALEED SHAHID : Les gens devraient aller sur Indivisible.org, puis se rendre dans le bureau de leur sénateur et exiger une enquête sur Elon Musk et exiger que les travaux du Sénat soient interrompus.
AMY GOODMAN : Nous tenons à remercier Waleed Shahid, stratège pour le parti démocrate. Nous mettrons en lien son article « Elon Musk prépare un coup d’État ». Et Lindsay Owens, merci de nous avoir rejoints, vous êtes à Groundwork Collaborative, et dans votre article, vous écrivez : « Il y a plusieurs raisons pour lesquelles Musk veut contrôler les paiements du Trésor. Aucune n’est acceptable ». Je suis Amy Goodman. Merci de nous avoir suivis.
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Amy Goodman est l’animatrice et la productrice exécutive de Democracy Now !, un programme d’information national, quotidien, indépendant et primé, diffusé sur plus de 1 100 chaînes de télévision et stations de radio publiques dans le monde entier. Le Time Magazine a nommé Democracy Now ! « Pick of the Podcasts » ( Sélection des meilleurs podcasts) , au même titre que Meet the Press de NBC.
Source : Truthout, Amy Goodman, DemocracyNow !, 03-02-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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2 réactions et commentaires
« Une ordonnance restrictive a été accordée pour empêcher temporairement le département du travail de transmettre des informations au DOGE pendant que le tribunal statue sur la plainte »
Mais si ils n’ont rien à cacher, « il n’y a pas raison d’avoir peur ».
Ah les bureaucrates qui instrument la justice pour empecher que la lumiere soit faite sur leurs exactions…
Toujours le meme objectif par les memes moyens:
Empecher toutes remises en question d’un systeme moribond en invoquant une reglementation dont l’action objective est d’empecher toute modification de l’ordre etablit.
L’effondrement d’une société complexe est toujours une simplification rapide.
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AlerterLe problème c’est que les deux côtés ont raison, c’est escrocs contre voleurs.
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