Ce billet poursuit la petite série sur les dettes totales de différents pays et est la suite de l’analyse de la situation de la France. Nous parlons beaucoup des dettes publiques, mais il convient de garder également à l’esprit l’importance des dettes privées.
Toute l’étude est basée sur les chiffres de la Banque de France qui s’arrêtent fin mars 2011.
Voici la composition et l’évolution de la dette totale de l’Allemagne pour les 3 grands secteurs que sont : les ménages, les entreprises non financières et l’administration. N’est pas traité ici le cas particulier des dettes des entreprises du secteur financier (banques…), nous y reviendrons à la fin de la série.
On observe clairement pour ce pays que :
- les ménages qui étaient assez endettés n’ont eu de cesse de se désendetter, même durant la Crise. Ceci est en grande partie lié au fait que ce pays n’a pas connu de bulle immobilière ;
- les entreprises ont également suivi une tendance au désendettement – le phénomène se poursuit ;
- l’État, après deux brèves accalmies, a vu ses efforts balayés par la Crise et sa dette exploser depuis 2008 – avec un léger répit depuis mi-2010.
Il est assez remarquable de constater qu’au global, sa dette totale a finalement peu varié depuis 15 ans…
L’évolution trimestrielle montre bien le très fort retournement de tendance concernant la dette publique au 1er trimestre 2011. Petit bémol, il faut savoir que l’Allemagne est très habile au jeu consistant à dissimuler sa dette réelle dans des véhicules spéciaux. Prudence, donc. La fin de 2011 apparaîtra probablement moins glorieuse… L’État a fortement soutenu l’économie en dépensant des sommes folles – jusqu’à 5 % du PIB en UN TRIMESTRE !
Venons-en au cas de l’Angleterre :
On observe clairement pour ce pays que :
- les ménages se sont surendettés et ils se désendettent désormais, depuis 2010. Ceci est en grande partie lié au fait que la bulle immobilière n’a pas encore éclaté ;
- les entreprises ont suivi la même tendance à l’endettement – la situation se retourne ;
- l’État, après une diminution de sa dette et une longue accalmie, a vu ses efforts balayés par la Crise et sa dette doubler depuis 2008 – avec un léger répit depuis mi-2010.
Contrairement à l’Allemagne, la dette totale anglaise a fortement augmenté au cours des 15 dernières années… On assiste bien à cette forme de spécialisation survenue en Europe : l’Allemagne produit et les autres pays s’endettent pour acheter…
L’évolution trimestrielle montre bien le très fort retournement de tendance concernant la dette publique fin 2010.
La tendance générale est désormais au désendettement – mais cela plonge actuellement le pays en récession. Les factures sont toujours douloureuses à régler…
Nous verrons dans le prochain billet que le chemin de l’Espagne et de l’Italie n’a pas été si différent…
10 réactions et commentaires
Merci pour ces infos.
Serait il possible de faire un comparatif type France, Allemagne ; France Angleterre ? pour chacune des courbes (ménage, Etat, entreprises) ? Merci.
Sinon qu’en est il des entreprises financières ? Je me suis laissé dire que l’Angleterre basait tout son avenir sur une activité financière, comme l’Allemagne l’industrie et la France l’agriculture . Pour l’instant on voit l’Allemagne s’en sortir pas trop mal, la France peine à maintenir la tête hors de l’eau. Qu’en est il des Englois ? 🙂
Merci
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AlerterBonjour olivier et encore merci pour toutes ces informations.
Juste une remarque, il est dommage que les graphiques n’aient pas la même échelle en ordonnée. si c’était le cas on pourrait comparer graphiquement les pays entre eux.
Par ailleurs, si l’on compare les endettements F, D et GB, je trouve que les ménages français ont été bien sages depuis 98. comparativement les ménages allemands et anglais ont beaucoup plus vécu à crédit. Question y aurait il encore de la marge pour les ménages français?
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AlerterBonjour Olivier,
Beau travail comme d’habitude.
Que veux-tu dire par « l’Allemagne est très habile au jeu consistant à dissimuler sa dette réelle » ? Les accuses-tu d’être malhonnêtes ? Sinon, je doute qu’une honnête « habileté » suffise à tromper les agences de notation, et que la France soit tant « malhabile » qu’elle ne sache pas faire de même.
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AlerterPar exemple : http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/11/19/et-si-l-allemagne-n-etait-pas-si-exemplaire_1606367_3234.html
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AlerterEffectivement, merci pur l’article.
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AlerterDe mémoire l’allemagne a été aussi menacée de dégradation récemment, après je pense il faudrait savoir les critères d’évaluation censés être pris en compte pour tenter de comprendre les agences de notation.
Fitch bien que basé à Londres est partiellement française (appartient à la holding Fimalac, détenue par le chef d’entreprise français Marc Ladreit de Lacharrière je crois) les deux autres sont New Yorkaises après peut on aborder du point de vu national ? Moi je dirais plus axé sur des dogmes financiaristes serait plus une certitude.
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AlerterPour sauver les Etats européens surendettés, les dirigeants européens ont créé un machin vide : le FESF.
Le FESF emprunte des milliards d’euros sur les marchés internationaux. Ensuite, le FESF reprete ces milliards d’euros aux Etats européens surendettés.
Problème : les juristes du FESF ont demandé qu’une phrase d’avertissement figure dans la brochure de présentation du FESF. Les juristes du FESF ont demandé qu’une phrase avertisse les éventuels preteurs qu’il y avait un risque d’éclatement de la zone euro.
Mais les dirigeants du FESF ont réfléchi. Les dirigeants du FESF ont pensé que cette phrase risquait de faire peur aux investisseurs internationaux. Les investisseurs internationaux auraient pu ne pas preter au FESF par peur de perdre leur mise.
Résultat : les dirigeants du FESF ont demandé que la phrase d’avertissement soit supprimée de la brochure de présentation du FESF.
Je trouve cette information ahurissante.
Vendredi 16 décembre 2011 :
Le Fonds de secours de la zone euro (FESF) a nié aujourd’hui vouloir mettre en garde des investisseurs contre un éclatement de l’Union monétaire.
Le Fonds européen de stabilité financière va ainsi supprimer du document de présentation de sa prochaine émission obligataire une clause informant les investisseurs de la possibilité d’un éclatement de la zone euro, un sujet devenu sensible, a-t-on appris aujourd’hui de source proche du FESF.
Le Financial Times avait rapporté hier que le projet de prospectus mentionnait explicitement le risque de voir l’euro disparaître ou cesser d’être une « monnaie légale » à part entière.
Une source du FESF a dit à Reuters que cette clause avait été ajoutée au document par des juristes, mais qu’elle n’avait pas été approuvée par la direction de l’institution et qu’elle ne figurerait pas dans la version définitive du texte.
« La phrase avertissant du risque d’éclatement de la zone euro figurait entre crochets dans le projet et elle va être retirée », a déclaré la source.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/12/16/97002-20111216FILWWW00295-le-fesf-nie-s-inquieter-de-la-fin-de-l-euro.php
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AlerterBonjour et merci pour ces infos
Y aura-t-il l’Irlande dans la série? (n’y a t’on pas surperformé l’endettement prive?)
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Alerterbonjour,
est il possible de savoir qui aujourd’hui achète de la dette anglaise?
est ce que comme aux États Unis c’est uniquement la banque centrale qui achète les obligations émises ou est ce que la BoE a un rôle moins important?
c’est juste histoire de comprendre si la cause des taux d’intérêts bas anglais est la confiance des investisseurs dans l’économie anglaise ou juste, comme aux Etats Unis, le fait que c’est uniquement du fait de la Banque centrale qui achete les oblig emises à un taux bas.
merci
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Alerter@edd:on soupçonne les usa et les gb de s’acheter mutuellement leurs dettes a travers les paradis fiscaux.c’est une partie de l’explication
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