Ce billet poursuit la petite série sur les dettes totales de différents pays et il est la suite de l’analyse de la situation de l’Allemagne et de l’Angleterre. Nous parlons beaucoup des dettes publiques, mais il convient de garder également à l’esprit l’importance des dettes privées.
Toute l’étude est basée sur les chiffres de la Banque de France, qui s’arrêtent fin mars 2011.
Voici la composition et l’évolution de la dette totale de l’Espagne pour les 3 grands secteurs que sont : les ménages, les entreprises non financières et l’administration. N’est pas traité ici le cas particulier des dettes des entreprises du secteur financier (banques…), nous y reviendrons à la fin de la série.
On observe clairement pour ce pays que :
- les ménages se sont surendettés et qu’ils se désendettent désormais, depuis 2010. Ceci est en grande partie lié au fait que la bulle immobilière n’a pas encore éclaté ;
- les entreprises ont suivi la même tendance à l’endettement – la situation se retourne ;
- l’État, après une diminution de sa dette et une longue accalmie, a vu ses efforts balayés par la Crise et sa dette pratiquement doubler depuis 2008 – avec un léger répit depuis mi-2010.
La dette totale espagnole a ainsi fortement augmenté au cours des 15 dernières années… On assiste bien à cette forme de spécialisation survenue en Europe : l’Allemagne produit, et les autres pays s’endettent pour acheter…
Le cas espagnol est assez proche du cas anglais au final.
L’évolution trimestrielle montre bien que le très fort retournement de tendance concernant la dette publique fin 2010 n’a été qu’un feu de paille… L’État essayait encore début 2011 de compenser par sa dette le désendettement des autres secteurs, afin de soutenir la consommation… L’État a ainsi fortement soutenu l’économie, en dépensant des sommes folles – jusqu’à 4 % du PIB en UN TRIMESTRE !
Venons-en au cas de l’Italie :
On observe clairement pour ce pays que :
- les ménages se sont endettés, mais de façon très modérée ;
- les entreprises ont suivi la même tendance à l’endettement ;
- l’État, fait rare a stabilisé sa dette (certes, à un niveau extrêmement élevée) pendant plus de 10 ans, avant une augmentation limitée liée à la Crise.
Contrairement à l’Allemagne, la dette totale italienne a ainsi augmenté au cours des 15 dernières années…
L’évolution trimestrielle montre bien le très fort retournement de tendance concernant la dette publique fin 2010.
La tendance générale était ainsi, début 2011, à un léger retour à l’endettement du pays…
Nous verrons dans le prochain billet le cas du Japon et des États-Unis…
4 réactions et commentaires
Merci Olivier pour tout ce travail !
Bonne journée.
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AlerterBonjour Olivier,
J’envoie ce lien à mes amis madrilènes…
Un tout grand merci pour tout le travail accompli pour nous faire comprendre les enjeux politico-économiques.
Tous mes Voeux pour un Joyeux Noël et une très Bonne et très Heureuse Année 2012, que nous espérons tous malgré les circonstances.
Dominique
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AlerterComment ça la bulle immobilière n’a pas explosé en Espagne ?
Je me souviens avoir lu plusieurs articles concernant son explosion (des trucs du genre : « avant l’explosion de la bulle, l’Espagne construisait plus que l’Angleterre, la France et l’Allemagne réunis »).
De plus, mes amis architectes en Espagne me disent qu’il n’y a quasiment plus de travail pour eux.
Qu’en est-il ?
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AlerterConcrètement ça change quoi que ce soient les ménages, les états ou les non-financières qui s’endettent ?
Les sociétés, ca pourrait être pour de la trésorerie ou de l’investissement … les ménages pour de la consommation … et les états pour ???
mais au final, ca revient au même ou pas ? c’est toujours les « actifs », les productifs qui devront rembourser d’une manière ou d’une autre, non ?
Une explication sur les impacts des différentes structures d’endettement serait la plus que bien venue.
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