I. La crise des années 1990
La République Socialiste Soviétique d’Ukraine était un des joyaux de l’URSS. Bien qu’elle ne représentait que 3 % de sa superficie et 18 % de sa population :
- elle en était le « grenier à blé« , notamment grâce à ses Terres Noires, produisant, à partir de 1955, 30 % du blé soviétique, mais aussi 40 % de la betterave (notamment sucrière) ou 40 % de la pomme de terre. En 1991, la République réalisait 35 % de la production agricole soviétique. (source)
- elle hébergeait un complexe industriel puissant. Avant la guerre, 72 % de l’acier et 68 % du charbon de l’URSS étaient produits en Ukraine, principalement dans le Donbass. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, et après l’évacuation de nombreuses usines devant l’avancée allemande, que d’autres régions soviétiques devinrent de grandes zones industrielles. En effet, Staline pensait que centraliser toute la production industrielle de l’URSS en Ukraine était une erreur, puisqu’en cas d’attaque de l’Ouest, l’Ukraine aurait été touchée la première, privant l’URSS de son industrie. Cependant, en 1991, la RSS d’Ukraine est restée la clef de voûte de l’industrie soviétique, produisait encore 42 % de l’acier et 31 % du charbon soviétique. (source)
La fin de l’URSS en 1991 a été une période dramatique pour les différentes républiques, à commencer pour la Russie – qui connut une division par près de 2 son PIB.
L’Ukraine, plus développée et industrialisée, fut encore plus touchée que la Russie – comme on le voit ici avec le PIB par habitant :
II. L’approvisionnement énergétique de l’Ukraine
Un autre phénomène a accentué les problèmes de l’Ukraine, et probablement plongé le pays dans le sous-développement : son addiction au gaz et au pétrole.
L’Ukraine est un cas assez unique : tant qu’elle était dans l’URSS, elle profitait des avantages à appartenir à un pays gros producteur d’hydrocarbures, c’est-à-dire à avoir du gaz et du pétrole très bon marché pour assurer son développement, ce qui apparaît dans son mix énergétique en 1990 :
On constate donc un mix constitué alors d’un tiers de gaz naturel, d’un tiers de charbon et d’un quart de pétrole.
Ce qui est remarquable dans l’Approvisionnement Total en Énergie Primaire (ATEP) de l’Ukraine, c’est son évolution depuis 1990 – là ou la plupart des pays ont connu une augmentation régulière du leur :
On constate ainsi que la crise économique, puis les efforts du pays, ont conduit l’Ukraine a réduire sa consommation d’énergie de 65 % en 25 ans ! Soulignons cependant que sa population a diminué, passant de 52 à 45 millions, soit une baisse de 14 %.
On sait que les gros pays producteurs d’hydrocarbures ont généralement tendance au gaspillage énergétique. On en a une preuve supplémentaire avec l’Ukraine : on constate que l’intensité énergétique du pays (c’est-à-dire la consommation d’énergie nécessaire pour obtenir 1 € de PIB) reste de loin la pire d’Europe, trois fois supérieure à la moyenne. – en 1999, elle était même 5 fois supérieure à celle de l’Union européenne (arch) :
On constate des progrès récents (la dégradation correspondait à la récession des années 1990) mais le pays a encore beaucoup à faire comme on le voit encore en 2018 :
Voici d’ailleurs un graphe (src ; arch 1 et 2 dont sont tirées les infographies de cette partie) qui représente visuellement la balance énergétique (src : 1, 2, 3, 4, 5 pour 2002) du pays en 2016 :
Ce graphe zoome sur la consommation finale d’énergie – montrant bien que le gaz sert surtout au chauffage et à l’industrie :
Soulignons également que le secteur de l’énergie est le 4e secteur économique du pays, avec 8 % du PIB, et que, s’il n’emploie que 3 % de la population, il génère 25 % des rentrées fiscales.
Nous n’allons pas analyser plus en détail tout le mix énergétique du pays. Nous présentons simplement le niveau d’autosuffisance énergétique du pays par source d’énergie :
On voit donc que l’Ukraine reste assez dépendante du pétrole et du gaz étranger, mais sans commune mesure avec la situation d’il y a 30 ans, comme nous allons le voir.
Concluons cette partie cette intéressante infographie, présentant l’Ukraine (28e consommateur d’énergie de la Planète, pour le 33e pays par la population) et les 10 premiers consommateurs avec leur mix énergétique (cliquez pour agrandir ; rappel : « oil » = pétrole, « gas »= gaz, « coal »= charbon, « renewable » = renouvelables).
Mais pour revenir au coeur de notre analyse, nous allons maintenant concentrer seulement sur le gaz naturel, dont l’Ukraine est un producteur de taille moyenne.
III. Le gaz naturel en Ukraine
Fait peu connu, l’Ukraine est en effet une région productrice d’hydrocarbures – et c’est même une des plus anciennes : dès le IIIe siècle avant J.C., on avait noté la présence de pétrole sur la péninsule de Kertch en Crimée (sources : 1, 2, 3, 4).
Bassins de gaz non conventionnel en Europe – mais ils recouvrent aussi les bassins conventionnels
Le territoire de l’Ukraine est traversé par deux gros bassins : à l’Ouest, dans les Carpates, l’extrémité méridionale du bassin de Lublin (Pologne – Ukraine de l’Ouest – environ 10 % des réserves) et surtout, à l’Est le bassin de Dniepr-Donetsk (Ukraine de l’Est – environ 85 % des réserves), qui comprend à l’Est le fameux bassin de charbon de Donetsk :
La Crimée et le nord de la mer Noire sont également une zone productive, mais plus limitée (environ 5 % des réserves):
Ainsi, l’Ukraine n’est pas un pays pauvre en énergie : avec un territoire égal à 0,4 % de la planète, les ressources minérales ukrainiennes représentent 5 % des ressources mondiales – qui se répartissent ainsi :
Soulignons que l’Ukraine est bien plus riche en gaz qu’en pétrole : au niveau des réserves, on constate 110 Mt de pétrole, et 829 mcm de gaz, représentant 746 Mt équivalent pétrole ; au niveau de la production d’hydrocarbures, la structure est environ 90 % de gaz naturel, 7 % de pétrole et 3 % de condensat de gaz.
Là-encore, terminons par cette intéressante infographie qui présente l’Ukraine avec les pays disposant des 5 plus grosses ressources de charbon (l’Ukraine est 7e), de gaz (l’Ukraine est 29e), de pétrole (faible, donc) et d’uranium (12e) :
IV. Historique de la production de gaz naturel
Le pétrole était déjà utilisé en Galice au XIIIe siècle, cette « huile de roche » était utilisée à des fins médicales et de lubrification des roues de chariots. La production de pétrole a commencé en 1771 à Kolomyia (Galicie, Ukraine orientale) et en 1886, les premiers puits ont été forés à Boryslav. La production de pétrole en Galicie atteignit son point culminant en 1909 – 2 millions de tonnes – puis déclina progressivement pour atteindre 245 000 tonnes en 1945.
L’industrie gazière en Ukraine s’est développée dans les Carpates par l’utilisation du gaz produit dans les gisements de pétrole. La première centrale au gaz d’Ukraine est ouverte à Lviv en 1858 ; c’est dans cette ville que se tient le premier Congrès mondial du Pétrole en 1877. En Ukraine, l’éclairage au gaz des rues a commencé à Odessa en 1866 ; dans certaines villes, l’éclairage au gaz dure jour et nuit, car il serait plus coûteux de l’éteindre la journée, tant les prix sont bas. En 1921 est mis en production le premier puits d’exploration du champs gazier de Dachava, à l’époque le plus important d’Europe et où va se développer l’industrie gazière ukrainienne.
Comment le gaz est produit
Voici donc l’historique de la production de gaz naturel en Ukraine :
Voici la répartition géographique de la production :
Ceci transparaît dans ce graphique analysant la répartition de 75 % de la production de gaz :
Nous étudierons ci-après les producteurs de gaz.
V. Consommation et importations de gaz naturel
Voici l’historique de la consommation de gaz, rapportée à celle de la production :
On voit donc que l’Ukraine a cessé d’être un pays exportateur en 1978, et que sa consommation a atteint des niveaux très élevés, démesurés par rapport aux capacités du pays.
Alors qu’elle coulait des jours (énergétiques) heureux de producteur de gaz, l’Ukraine s’est donc retrouvée, lors de son indépendance en 1991, littéralement du jour au lendemain, dans un état d’énorme dépendance énergétique, car elle produisait bien moins que ses besoins. Ceci explique qu’elle ait atteint son pic de consommation en 1990 ; à cette date, l’Ukraine est le 3e consommateur mondial de gaz, et elle devient dès lors le 1er importateur mondial, ce que sa faible économie après l’indépendance ne pouvait se permettre longtemps.
En conséquence, voici la situation des importations de gaz du pays :
stavisky
V. Le transit de gaz naturel
En 1922, la construction du premier gazoduc Dashava-Stryj, d’une longueur de 14 km, est achevée ; il sera prolongé progressivement.
Gazoduc traversant une rivière de Lviv à Stryj en 1932
Il atteint Lviv en 1928 (81 km). Les tranchées sont alors creusées à la main. Pour les creuser, il fut ordonné à tous les travailleurs habitant à proximité du futur pipeline de prendre sa propre pelle et d’aller creuser une tranchée – d’une largeur de 2 mètres et d’une profondeur de 70 cm -, et ce par tous les temps, qu’il pleuve ou qu’il neige.
Gelé après la crise de 1930 puis la guerre, le développement du gazoduc reprend ensuite, et il atteint Kiev en 1948, devenant, à l’époque, le gazoduc le plus long (509 km) et le plus puissant d’Europe. Avec ce gazoduc a commencé le développement du système de transport de gaz actuel de l’Ukraine : en 1945 a lieu la première exportation mondiale de gaz, de l’Ukraine à la Pologne.
En 1956, est découvert le gisement géant de gaz de Shebelynka dans la région orientale de Kharkiv (bassin de Dniepr-Donetsk) : il devient alors le plus grand champ de gaz en Europe. Ce nouveau volume de production de gaz permis donc d’étendre le gazoduc l’oléoduc à Minsk, en Biélorussie, et dans les pays baltes.
L’Ukraine produisait à cette période 60 % de tout le gaz de l’URSS.
En 1976 , le gazoduc international Soyouz a été mis en service. Cet événement marquant marque l’ ère des grandes exportations de gaz vers l’Europe centrale et occidentale.
Humour des gaziers soviétiques : « Vos sanctions sont du pipeau [NdT : jeu de mots avec « tube » en russe], M. Reagan! » [sic.]
Au final, environ 500 milliards de mètres cubes (mcm) de gaz provenant des deux gisements de gaz ukrainiens ont été pompés et distribués gratuitement vers les pays communistes d’Europe orientale. (sources : 1, 2, 3, 4, 5, 6)
Un des tronçons du gazoduc Dashava-Kiev
Le réseau de transport de gaz en Ukraine comprend près de 40 000 km de gazoducs,
inversé snes pipeline
(source : EIA)
(source)
(source)
peak gaz en 1998, 141 mcm
Le vol :
Naftogaz estime les prélèvements illégaux à 1,8 mcm en 2017 et 1,5 mcm en 2018, ce dernier chiffre représentant une valeur de marché d’environ 500 millions d’euros par an.
statiosn essence
V. Situation récente
en 2015, fin russie
V. Les opérateurs privés
La principale position dans la production de gaz en Ukraine appartient aux sociétés d’État, à savoir: PJSC Ukrgasvydobuvannya, PJSC Ukrnafta – représentant respectivement 74% et 5% de la production. Six grandes sociétés privées ukrainiennes produisent 18% et les 3% restants de la production de gaz proviennent de 45 petits producteurs de gaz privés.
VI. La problématique du gaz naturel en Ukraine
Voici le gaz.
soit a menti pour porochenko good man, soit menti sur procureur pourri