Un mandat de la Cour pénale internationale (CPI) accuse l’ancien président des Philippines de crimes contre l’humanité.
Source : Truthout, Eloise Goldsmith, CommonDreams
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Mardi, l’ancien président philippin Rodrigo Duterte a été arrêté par les autorités locales à l’aéroport international de Manille après que la Cour pénale internationale a émis un mandat l’accusant de crimes contre l’humanité. La nouvelle de son arrestation a incité certains observateurs à insister sur l’arrestation d’une autre personnalité publique inculpée par la CPI : le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Selon le New York Times, l’affaire Duterte constituera un test pour la Cour. Au cours des six derniers mois, la CPI a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de Netanyahou, de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et de Min Aung Hlaing, le chef de la junte militaire au Myanmar.
Trita Parsi, vice-présidente exécutive du Quincy Institute for Responsible Statecraft, a écrit : « Peut-être Netanyahou et Gallant seront-ils les prochains » en réponse à cette information. Danny Shaw, professeur à la City University of New York, a posté une vidéo de l’arrestation de Duterte et a écrit : « Pourquoi n’arrêtent-ils pas Netanyahou ? »
Wim Zwijnenburg, chef de projet à l’organisation pacifiste néerlandaise PAX, a écrit : « Maintenant, arrêtez Netanyahou. »
Mardi soir, Duterte a été embarqué à bord d’un avion à destination de La Haye, où se trouve le siège de la Cour, selon le Times, qui cite deux personnes ayant connaissance de l’affaire.
La CPI a accusé Duterte d’avoir commis des crimes contre l’humanité alors qu’il était président et aussi quand il était maire de la ville de Davao. Pendant son mandat de président, de 2016 à 2022, les forces de sécurité de Duterte ont perpétré des milliers d’assassinats que son gouvernement a présentés comme des affaires liées à la drogue. Dans un rapport de 2017, Human Rights Watch a décrit sa « guerre contre la drogue » comme étant de fait « une campagne d’exécutions extrajudiciaires dans les quartiers pauvres de Manille et d’autres zones urbaines. » Des agents de la police nationale philippine et des « justiciers » non identifiés ont tué plus de 7 000 personnes entre le début de son mandat et la publication de ce rapport de Human Rights Watch, selon le groupe.
En 2017, Duterte s’est attiré les louanges du président américain Donald Trump, qui lui a dit lors d’un appel téléphonique qu’il faisait « un travail incroyable quant au problème de la drogue », selon des informations publiées à l’époque.
« L’arrestation de Duterte en vertu d’un mandat de la CPI est un signe d’espoir pour les victimes aux Philippines et au-delà. Elle montre que les auteurs présumés des pires crimes, y compris les chefs de gouvernement, peuvent être traduits en justice et le seront, où qu’ils se trouvent dans le monde », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale de l’ONG de défense des droits humains Amnesty International, dans un communiqué publié mardi. « À l’heure où trop de gouvernements reviennent sur leurs obligations vis-à-vis de la CPI tandis que d’autres s’attaquent aux tribunaux internationaux ou les sanctionnent, l’arrestation de Duterte est un moment incroyable pour le renforcement du droit international. »
L’ancien conseiller juridique en chef et porte-parole de la présidence de Duterte, Salvador Panelo, a déclaré que la « CPI n’a pas compétence aux Philippines », notamment parce que « le pays a renoncé à son statut d’État membre de la CPI en 2018 », selon un message publié sur les médias sociaux.
Selon le Times, la Cour affirme que le dossier ne concerne que les crimes présumés commis alors que le pays faisait encore partie de la Cour.
Selon une copie du mandat, obtenue par le Times, trois juges de la CPI ont déclaré qu’ils croyaient que Duterte « était responsable des meurtres liés à la guerre contre la drogue qui ont eu lieu lorsqu’il était président et lorsqu’il était maire de Davao, et qu’il y avait des motifs raisonnables de considérer que ces crimes étaient » à la fois généralisés et systématiques »».
Le gouvernement lui-même, en 2022, a déclaré que plus de 6 200 « personnes liées au domaine de la drogue » avaient été tuées pendant la guerre contre la drogue menée par Duterte à partir de 2016. Les associations de défense des droits estiment que le nombre total de personnes décédées est beaucoup plus élevé, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers, selon la chaîne PBS.
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Eloise Goldsmith est rédactrice pour Common Dreams.
Source : Truthout, Eloise Goldsmith, CommonDreams, 11-03-2025
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
« la Cour affirme que le dossier ne concerne que les crimes présumés commis alors que le pays faisait encore partie de la Cour »
Ce passage prouve que Netanyahou n’a rien à craindre, Israël n’ayant pas ratifié le Statut de Rome.
On est donc un peu dans le dénis de réalite ici.
4 réactions et commentaires
« la Cour affirme que le dossier ne concerne que les crimes présumés commis alors que le pays faisait encore partie de la Cour »
Ce passage prouve que Netanyahou n’a rien à craindre, Israël n’ayant pas ratifié le Statut de Rome.
On est donc un peu dans le dénis de réalite ici.
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AlerterEn 1993 la Belgique adoptait la loi de compétence universelle permettant à la justice belge de poursuivre des auteurs présumés de crimes de guerre quel que soit l’endroit où les crimes ont été commis. Sans que l’auteur soit présent / passe sur le sol belge. Le juge pouvait juger par défaut.
Elle a été abrogée en 2003 – maintenant il fait que l’auteur soit sur le territoire.
Pourquoi ?
Parce que Bush junior (après le senior, pas le grand père Prescott qui a collaboré avec les nazis) et Ariel Sharon (alors premier ministre Israélien- je vous passe son cv c’est sanglant) ont été cités.
Alors menace des USA de déplacer le siège de l’OTAN etc. Et hop à la poubelle la compétence.
Conclusion: les droit et la justice internationale dépend de votre couleur de peau et de vos rapports avec le camp occidental. On pourrait arrêter de faire semblant … Gaza est là pour nous le rappeler.
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AlerterMwouai…les familles Marcos descendantes d’un un ex dictateur quand même mais pro Occidentales et Dutertre qui a été très efficace contre les narcotrafiquants ( raison pour laquelle il a été élu !)…mais pro chinois sont surtout en conflit par CPI interposé…La CPI n’est qu’un ‘outil’ à l’aléa moral et judiciaire à géométrie variable…Le reste ? …bah…
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AlerterPourtant il avait pris ses précautions le vieux , il avait casé sa fille VP de Marcos Jr. Ça n’a pas suffit.
Enfin c’est un truc à savoir ça , si tu veux pas d’emm.. avec la CPI , tu fait ton Alya … la déstination risque de retrouver un certain engouement passager d’ici peu (parce que niveau crimes de guerre , Bibi est certes très bon dans son domaine ayant commencé jeune , mais il y en a qui ont des ardoises un poil plus chargés.)
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