Les Crises Les Crises
6.mai.20186.5.2018 // Les Crises

Emmanuel Macron, le Tony Blair de Trump ?

Merci 109
J'envoie

Source : The Atlantic, Yasmeen Serhan, 17-04-2018

Un président qui ne croit pas vraiment en l’OTAN, mais qui se tourne vers de vieux alliés pour la Syrie.

Rencontre entre le président Macron et le président Trump à New York, le 18 septembre 2017. Kevin Lamarque / Reuters.

Yasmeen Sherhan

17 avril 2018

Avant que le président Trump ne décide de ses frappes contre le programme d’armes chimiques de la Syrie, il avait fait part de son désir de se désengager complètement de la Syrie. Probablement, ses conseillers, si l’on en croit leurs déclarations publiques qui prônaient de laisser sur place les 2 000 soldats américains qui s’y trouvaient, ont-ils essayé de le convaincre de changer d’avis. Cependant une autre source inattendue s’est flattée d’être à l’origine de ce changement, le président français.

« Il y a 10 jours, le président Trump disait que les États-Unis devraient se retirer de la Syrie. Nous l’avons convaincu qu’il était nécessaire d’y rester dans la durée », a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée dimanche dernier. « Nous l’avons aussi convaincu qu’il fallait limiter ses frappes aux [sites d’] armes chimiques, alors qu’il y a eu un emballement par voie de tweets ».

Il est peu habituel d’entendre la France prétendre être à l’origine d’une politique de guerre des États-Unis, tout comme l’est la relation entre Trump et Macron. Même s’ils sont diamétralement opposés sur une certain nombre de questions politiques, les deux dirigeants ont réussi à forger, au cours de l’année écoulée, une sorte d’amitié. Immédiatement après la prétendue attaque aux armes chimiques en Syrie, c’était Macron qui était au téléphone avec Trump pour coordonner « une forte réaction conjointe » à ce qu’ils considéraient tous les deux comme un crime inacceptable d’Assad. Moins d’une semaine plus tard, à la fois les États-Unis et la France ont ordonné des frappes militaires sur des cibles gouvernementales syriennes, y compris un centre de recherche et deux centres de stockage d’armes chimiques. Ajoutons que le Royaume Uni dont le Premier ministre Theresa May avait discuté aussi du problème avec Trump, deux jours après Macron, a, lui aussi, participé à ces frappes.

La Maison-Blanche maintient que « la mission des États-Unis [en Syrie] n’a pas changé », il faut toujours combattre ce qui reste de l’EI. Lundi soir, Macron a essayé de résoudre cette apparente discordance, en disant que la France, avait, elle aussi, cette position et que, hormis les frappes sur les sites d’armes chimiques d’Assad, les Français étaient engagés militairement « contre l’EI et cesseraient le jour où la guerre contre [l’EI ] serait terminée ».

Ce va et vient a été emblématique de la relation plus large entre Macron et Trump, qui apparemment se montrent solidaires, même s’ils ne se rencontrent que rarement. Et elle a une place particulière parmi celles qu’entretient Trump avec les autres dirigeants européens, qui lui reprochent son échelle de valeurs ou les fuites des services de renseignement. « L’amitié entre nos deux pays et nous-mêmes, oserais-je ajouter, est indissoluble », a déclaré Trump lors d’une conférence de presse conjointe avec Macron pendant sa visite à Paris en juillet dernier. Et c’est un sentiment que Macron apparemment partage. « Rien ne nous séparera jamais », a-t-il affirmé lors de sa visite.

Et l’étroite coopération entre ces deux dirigeants sur des problèmes controversés comme celui de la guerre, et ce, malgré le scepticisme de leurs peuples, rappelle une autre relation transatlantique bien connue, celle de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et du président George W. Bush, qu’on a jadis appelés « l’étrange couple ». Comme Blair, Macron est connu pour son énergie de jeune libéral et son désir de dépasser la division droite gauche. Le porte-parole de l’ancien Premier ministre Alastair Campbell, a fait remarquer, en janvier, la ressemblance et a qualifié Macron de « véritable héritier de Tony Blair ». Et la façon dont Macron a facilité l’envie qu’avait Trump d’intervenir contre Assad, alors que d’autres alliés hésitaient à le faire, rappelle aussi la façon dont Blair a aidé Bush à obtenir un soutien international pour la guerre d’Irak. Une récente enquête du gouvernement britannique sur l’arrière-plan de cette guerre a conclu que la relation Blair-Bush avait été un « facteur déterminant » qui avait mené à la décision de l’entreprendre.

La relation Macron-Trump ne constitue pas tout à fait un retour de « la bromance » [relation très proche entre deux hommes sans connotation sexuelle] Blair-Bush. La guerre d’Irak était une entreprise d’une ampleur bien autre – et le reste d’ailleurs –, que tout ce que les États-Unis ont pu faire en Syrie. « Un lancement de missiles d’une nuit en Syrie est d’un ordre de grandeur bien différent que l’envoi de centaines de milliers de troupes pour envahir un pays, changer son régime et faire face ensuite à une résistance armée ». m’a dit Jacob Parakilas, le vice-président de l’US and Americas Project de Chatham House, avant d’ajouter qu’il y avait aussi la façon dont Blair et Macron présentaient en public leur relation au président des États-Unis. « Je ne crois pas que Blair aurait jamais prétendu avoir convaincu Bush d’envahir l’Irak. Il lui a offert, avant tout, de bout en bout, son soutien inconditionnel ».

Pourtant Blair a justifié la guerre d’Irak aux yeux des Américains et d’autres qui auraient pu se montrer sceptiques devant les plans du gouvernement Bush. Et c’est ce rôle et le chaos qui a suivi dans l’Irak d’après Saddam qui a fait de Blair, au départ l’un des hommes politiques les plus populaires du Royaume Uni, l’un de ses plus vilipendés. Vu la nature limitée de l’attaque récente en Syrie, il paraît peu probable que Macron subisse le même sort. Cependant il a été critiqué en France par l’extrême-droite, représentée par Marine le Pen et l’extrême-gauche, représentée par Jean-Luc Mélenchon, tous deux opposés à une action militaire en Syrie. En outre, la cote de popularité de Trump en France ne dépasse pas 14%, ce qui n’exclut pas que Macron ait, un jour, dans son pays, à pâtir politiquement de son soutien au président américain.

Il y a un an, sans doute une relation de ce genre entre Trump et n’importe quel allié européen aurait-elle paru improbable. Après tout, le président de « l’America first » a mis en cause son soutien à l’OTAN , qu’il a même, à un certain moment, qualifiée de « dépassée ». Quand Trump a décidé que les États-Unis allaient frapper la Syrie à cause de son utilisation d’armes chimiques en avril 2017, il l’a fait de façon unilatérale. Macron n’avait pas encore remporté les élections à la présidence française. Même après sa victoire en mai 2017, sa relation avec son homologue américain n’a pas démarré si facilement, ponctuée de divergences dans les visées politiques et d’une série de poignées de mains embarrassantes.

Mais tout en reprochant à Trump sa décision de sortir les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et en le recevant pour le défilé militaire du 14 juillet, Macron a réussi à séduire le président américain. Et maintenant, il n’est pas seulement le dirigeant mondial que Trump a choisi pour en faire, la semaine prochaine, l’hôte de sa première visite d’État comme président, il est aussi, puisqu’il en parle lui-même, quelqu’un vers qui Trump se tourne pour recevoir des conseils en cas de crise, ce qui n’est pas nécessairement ce que serait censé faire un président qui ne croit pas en l’OTAN

Ce n’est pas comme si Macron avait d’autre choix que de complaire à Trump, même si le soutien du président n’est pas nécessaire pour mener une politique en particulier. Les États-Unis sont la puissance mondiale dominante. Sa cote de popularité en France ou dans son propre pays n’empêche pas Trump d’être toujours président des États-Unis. Et en conséquence, il est dans l’intérêt de Macron d’entretenir cette relation s’il veut se garder la possibilité de convaincre Trump sur la façon dont l’Amérique devrait agir, sur le plan mondial.

Source : The Atlantic, Yasmeen Serhan, 17-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

LBSSO // 06.05.2018 à 08h46

Le loup et le laboureur (Esope)
« Ayant dételé ses bœufs, un laboureur les menait boire. Un loup affamé qui
cherchait sa pitance rencontra la charrue. Tout d’abord, il lécha les deux pièces
du joug, puis insensiblement vint à y glisser le cou; enfin incapable de s’en
dégager, il traîna la charrue dans le sillon. À son retour, le laboureur s’exclama
devant ce spectacle: “Mauvaise bête, si seulement tu renonçais à piller et à
nuire pour te consacrer au travail de la terre!”

« Cette image du loup affamé est intéressante car, poussé par la nécessité, ce
n’est pas une proie qu’il choisit mais un instrument de labour. Seule sa faim le
guide et c’est elle qui le met sous le joug. Est-ce le joug de l’esclavage ou
seulement celui de la nécessité? (..) Il ne sera pas directement question d’esclavage ou de liberté mais de regard sur une “servitude volontaire” liée à la nécessité de survivre pour le loup qui prend
sous le joug la place du bœuf  » (Marie-Claude Charpentier ,Université de Besançon)

Les français qui suivent leurs dirigeants atlantistes préfèrent de manière consciente , rationnelle et assumée le confort du caniche à la liberté du loup qui lui choisit ,provisoirement, d’être sous le joug .

17 réactions et commentaires

  • LBSSO // 06.05.2018 à 08h46

    Le loup et le laboureur (Esope)
    « Ayant dételé ses bœufs, un laboureur les menait boire. Un loup affamé qui
    cherchait sa pitance rencontra la charrue. Tout d’abord, il lécha les deux pièces
    du joug, puis insensiblement vint à y glisser le cou; enfin incapable de s’en
    dégager, il traîna la charrue dans le sillon. À son retour, le laboureur s’exclama
    devant ce spectacle: “Mauvaise bête, si seulement tu renonçais à piller et à
    nuire pour te consacrer au travail de la terre!”

    « Cette image du loup affamé est intéressante car, poussé par la nécessité, ce
    n’est pas une proie qu’il choisit mais un instrument de labour. Seule sa faim le
    guide et c’est elle qui le met sous le joug. Est-ce le joug de l’esclavage ou
    seulement celui de la nécessité? (..) Il ne sera pas directement question d’esclavage ou de liberté mais de regard sur une “servitude volontaire” liée à la nécessité de survivre pour le loup qui prend
    sous le joug la place du bœuf  » (Marie-Claude Charpentier ,Université de Besançon)

    Les français qui suivent leurs dirigeants atlantistes préfèrent de manière consciente , rationnelle et assumée le confort du caniche à la liberté du loup qui lui choisit ,provisoirement, d’être sous le joug .

      +20

    Alerter
    • Chris // 06.05.2018 à 18h43

      J’y vois tout autre chose.
      Henri laborit http://www.nouvellegrille.info/
      “Beaucoup d’entre nous mourront ainsi sans jamais être nés à leur humanité, ayant confiné leurs systèmes associatifs à l’innovation marchande, en couvrant de mots la nudité simpliste de leur inconscient dominateur.”
      « Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. » HL dans Mon oncle d’Amérique
      Face au danger, trois réponses sont possible,
      – l’attaque
      – la fuite
      – la soumission
      Lorsque aucune de ces trois “réponses” n’est possible le résultat en est soit la mort soit une catalepsie de nos facultés de raisonner, ce que H.L. nomme “situation de stress aigüe.
      L’observation clinique de cette situation démontre un “désordre” émotionnel” d’autant plus intense que la situation se prolonge.

      Et plus trivial… :
      Il y a trop d’argent basé sur la perpétuation et l’expansion de l’empire américain pour ruiner l’arnaque atlantiste.
      Trop d’« alliés » dépendent des largesses de l’empire : leur carrière est basée dessus, leur prestige et leur fortune en dépendent.
      Tant que le dollar existe, ils ne lâcheront pas et poursuivront la braderie de nos intérêts pour que le « robinet » continue de les arroser à flot.
      Ainsi pensent les French Young Leaders et leurs semblables…

        +12

      Alerter
  • calal // 06.05.2018 à 08h57

    Pas d’accord.Je reste dans le paradigme que le camp occidental est le theatre d’une lutte entre deux clans au sein de l’elite: le clan « trump » et le clan « clinton ». Macron est je crois un membre du clan « clinton ». Selon cette theorie, macron essaie en tant que membre du clan « clinton » de pousser trump a la guerre en syrie/iran. Pour ca d’ailleurs que trump fait des sales coups a macron. Macron a participe a l’attaque contre la syrie uniquement parce trump y etait oblige par le camp « clinton ».
    Trump essaierait de se debarrasser de toutes les « taupes clintoniennes » tout en essayant de ne pas se faire assassiner facon kennedy ni s’aliener tous ses soutiens. Parce qu’on ne gouverne pas seul contre tous, que la majorite des voix n’est pas suffisante sans un soutien d’une partie de l’elite qui detient des pouvoirs financiers,militaires ou autre.

    Le clan clinton va t il se rallier a trump s’il voit que trump se maintient et que les « clintoniens » ne peuvent reprendre le pouvoir? Trump peut il leur faire assez de concessions pour en rallier un certain nombre sans perdre ses propres soutiens? On se croirait dans le jeu des trones avec Hillary clinton qui serait Cercei lannister sur le trone,trump comme Robb stark en train de gagner sa rebellion tout en etant sous la menace de perdre ses soutiens ou sa tete au moindre faux pas…

      +18

    Alerter
    • ZX // 06.05.2018 à 09h31

      Yes, et en même temps no, comme dirait micron. Macron n’est pas le Tony Blair, ou le caniche, de Trump, mais les deux le sont des néoconservateurs. Trump est un caniche récalcitrant (mais non un bulldog, puisqu’il finit toujours par se coucher), micron, un authentique « toutou à sa maman ».

        +11

      Alerter
    • olivier // 06.05.2018 à 13h32

      En effet la French American foundation est à la botte des Clinton et des néoconservateurs. A la fois impliquée en géopolitique et en économie (pour les bien des USA cela va sans dire). On a à la tête des pays de l’UE et de l’UE elle même (mogherini FAF italienne) des pions de l’Etat profond américain.

        +5

      Alerter
  • tchoo // 06.05.2018 à 09h13

    Dans leur relation , nous sommes au loin de relation d’état à état, Plutot celle d’un vassal qui tente de faire croire a tous qu’il est émancipé. Je ne sais pas ce que Macron doit aux USA piur entrainer notre pays dans cette relation déséquilibré. Il y a là probablement quelque chose a creuser.
    Le voici notre petit Micron, qui dans la perspective d’aller visiter Poutine déclaré le contraire que ses actes démontre.

      +8

    Alerter
  • Adéchoix // 06.05.2018 à 09h49

    Quand on est à la tête d’un pays où les personnes âgées ont du mal à vivre tout simplement, que des milliers de gens dorment dans la rue, faire la gueguerre avec des vion-vions et dépenser des millions, cela montre simplement que ce monsieur veut marquer son époque, et j’ai bien peur qu’il y arrive, mais dans quel sens ?
    La France pays des droits de l’homme et du citoyen , apparemment ce monsieur a fait l’impasse sur l’histoire, et doit être meilleur en Français, et théâtre.

      +16

    Alerter
    • Adéchoix // 06.05.2018 à 12h27

      J’espère qu’ils ont conservé le  » bon de garantie  » pour nos missiles.

        +5

      Alerter
  • Duracuir // 06.05.2018 à 12h00

    Pas si inhabituel que ça.
    C’est bien la France qui a forcé la main à Obama sur le dossier Libyens, ou plutôt qui a servi de levier aux néocons US des deux partis contre Obama, fort réticent en l’affaire.
    C’est aussi la France qui a poussé Obama à bombarder la Syrie malgré sa plus extrême réticence à le faire. Le Parlement Anglais lui a permis de se défiler en sauvant la face.
    Nous avons nous aussi nos néo-cons. Depuis Sarkozy puis Hollande, ils ont pris l’intégralité du Quai d’Orsay et la totalité de Bercy.

      +16

    Alerter
  • Ben // 06.05.2018 à 13h18

    Blair n’était pas un caniche. C’était un requin authentique, de la pire espèce. Il l’est encore. Pour Macron, c’est un peu tôt pour savoir ce qu’il est. Sans doute pas grand chose. Un type qui avait besoin d’une maman et qui a peut-être aussi besoin d’un papa. Les photos terribles de Trump le traitant comme un petit garçon sont siderantes. Il est possible que cet aventurier politique soit d’une espèce très médiocre.

      +15

    Alerter
    • Michel B. // 06.05.2018 à 13h35

      Médiocrité est aussi le mot qui m’est venu à la lecture de cet article du Parisien : http://www.leparisien.fr/politique/un-an-de-macron-a-l-elysee-enquete-sur-une-equipe-au-bord-du-burn-out-02-05-2018-7694037.php#xtor=AD-1481423554

      On reste un peu sur l’impression qu’il entraine tout son entourage dans une cadence de folie car c’est le terrain sur lequel il se sent supérieur aux autres : s’il a une qualité, c’est celle de l’énergie physique. Pour le reste …

        +3

      Alerter
      • kriss34 // 07.05.2018 à 08h02

        Je ne suis pas un idolâtre de Macron, loin s’en faut mais tout de même, médiocre, lui ? non. Soyez objectif, et regardez ses adversaires sur le terrain national :ça fait pitié.

          +1

        Alerter
        • Michel B. // 07.05.2018 à 09h01

          Je précise ma critique (qui n’a rien à voir avec le niveau de ses adversaires politiques) : le talent d’un leader se mesure dans la capacité à créer les conditions pour faire passer son message et ses idées. Il a d’abord choisi le flou des idées pour se faire élire, depuis son élection il aborde une ligne dure, où l’on ne discute pas ses choix, où la décision se prend de plus en plus centralisée.

          Force est de constater que si les lois passent dans un parlement tenu en laisse, c’est loin d’être le cas dans le public. En ce sens, je trouve effectivement qu’un leader qui veut faire « contre tous » est un leader médiocre, dont la principale préoccupation aujourd’hui est de se prouver à lui-même, ainsi qu’à ses commanditaires, qu’il est à la hauteur de la mission qu’on lui a confié.

            +2

          Alerter
          • Ben // 07.05.2018 à 18h13

            Ce monsieur est peut-être, comme le dit Emmanuel Todd, le rêve eveillé de la classe moyenne supérieure éduquée. Ce fantasme incarné est doublement hors-sol: vis à vis du corps social global du pays (ce qui n’était pas tout à fait le cas du désastreux Hollande) et surtout vis à vis de lui-même: il croit que son fantasme correspond à une réalité solide. En cela, c’est un sot. Il sera démenti dans les faits et deviendra alors logiquement crispé. La police à la manière Valls (ce misérable qui attend son heure, tapi dans l’ombre) sera de retour sur nos écrans. Ce type finira par s’évaporer de l’Histoire après avoir déçu ses électeurs-narcisses qui débattront longtemps sur la meilleur endroit pour jouir encore un peu avant de mourir: Los Angeles ou New York ? Dans le fond, ce n’est pas Macron qui est médiocre, ce sont avant tout ces gens qui ont fait ce rêve infantile, irresponsable.

              +4

            Alerter
  • Michel B. // 06.05.2018 à 13h22

    Comme beaucoup j’ai été surpris par l’irruption de Trump, c’est pourquoi je la suis quotidiennement depuis sa victoire aux primaires américaines, pour mieux la comprendre.

    L’élection de Trump n’est pas celle d’un autocrate en quête de gloire ultime. Elle résulte d’une fronde dans l’establishment judiciaire, dans les services secrets, dans l’appareil militaire. La fracture née après le onze septembre quand des voix se lèvent pour dire que ça va trop loin. Ce mouvement (les « white hats », en opposition aux « black hats ») décide d’organiser la riposte après Uranium One et la signature du deal iranien. Trump est sollicité et choisi parce qu’il incarne l’Amérique et qu’il est beaucoup plus indépendant que les autres personnages publics.

    L’ennemi de Trump est donc avant tout l’establishment US en place à son arrivée, installé par vingt cinq années de verrouillage des postes clés et huit ans de doctrine Obama, massivement soutenue par les mass-medias (à l’exception notable de Fox). N’oublions pas que Macron a été promu par les ramifications européennes de ce même establishment : politiquement, tant qu’il reste sur une stratégie néo-libérale globaliste, Macron est l’ennemi de Trump. Leurs désaccords sur l’Iran et le commerce sont profonds, et la visite présidentielle à Washington n’y a rien changé.

    L’observation de Trump m’a appris qu’il cultive un art abouti pour entrainer ses adversaires là où il veut : il joue avec les médias et les pousse à l’autodestruction (voir les dernières audiences de CNN en chute libre aux US), de même parmi le personnel de ses opposants politiques qu’il pousse à des réactions toujours plus surréalistes. Il leur sert ce qu’ils attendent pour dérouler leur agenda, pendant que lui met le sien en œuvre loin du tapage.

    Je pense que Trump joue avec Macron, par le faste de sa réception il a donné à notre petit marquis ce que son désir de toute puissance réclame : les honneurs d’un grand chef d’Etat. Une façon de maintenir notre président dans l’écriture de son histoire rêvée, pendant que lui agit discrètement et concrètement à réaliser la sienne. Personne n’a rien vu venir de la purge saoudienne, ni de la vitesse de recul de ISIS en Irak et en Syrie, ni sur la Corée du Nord, ni sur le possible changement de régime en Iran.

    Pour conclure un autre point sépare nos présidents : leurs situations politiques intérieures. Trump est en train de gagner la première manche de son pari auprès des américains, sa cote de popularité augmente régulièrement (+10 points depuis novembre, à un moment du mandat où d’habitude on mesure un essoufflement), et gagne du terrain sur des territoires inattendus (millenials, afro-américains). De notre côté difficile de défendre l’idée que Macron soit sur une dynamique porteuse. On peut faire confiance à Trump pour savoir en tirer avantage dans leurs discussions futures.

      +12

    Alerter
    • Jérôme // 06.05.2018 à 17h24

      On donne beaucoup d’importance à la France. La France ne peut retrouver son poids qu’en menant une politique gaullienne d’inde nationale. La France ne pèse que quand elle se démarque de l’empire.

      Or depuis 2011 et la Libye, la France s’est pour l’essenTime alignée sur les impérialistes américains et sur leurs vassaux wahhabites et israéliens. Hollande a encore aggravé la direction prise par Sarkozy. Et Macron, malgré ses quelques mots trompeurs contre le néoconservatisme, va encore plus loin.

      Macron se contrefiche d’etre populaire. Il lui suffit d’atteindre le second tour de la présidentielle en 2022 face à un candidat de droite radicale ou de gauche radicale pour être réélu. Il a réussi à faire ressortir de sa bouteille le mauvais génie centriste-atlantiste, empêchant quasiment toute alternance, et ça va être extrêmement compliqué de renfermer ce mauvais génie.

        +7

      Alerter
  • caliban // 07.05.2018 à 16h14

    Visiblement les moeurs ont quelque peu changé sur les-crises 🙁
    Il n’est plus possible de critiquer le choix de vos publications ?

    Bah, c’est pô grave, on vous aime quand même :p

      +1

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications