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15.avril.201815.4.2018 // Les Crises

Emmanuel Todd : « En équilibrant les pouvoirs, la Russie est un pôle de stabilité »

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Source : France Culture, 14/04/2018

« Où en sommes-nous ? » C’était le titre du dernier ouvrage de l’historien et anthropologue Emmanuel Todd. Et c’est la question que nous lui posons alors que les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont mené cette nuit des frappes sur la Syrie.

(copie ici)

P.S. Nous aurions besoin de quelqu’un ayant du temps et à l’aise avec Word, et de quelqu’un se sentant de rédiger une synthèse des nouveautés de l’affaire Skripal dans le ton habituel su site (rien de bien compliqué, quelques recherches et un peu synthèse). Merci de nous contacter ici.

Source : France Culture, 14/04/2018

Transcription (merci aux bénévoles !) :

Journaliste : Nous sommes donc avec l’invité de la deuxième heure des Matins, Emmanuel Todd. Une réaction, peut-être, à chaud, à ces frappes déclenchées contre l’armée syrienne par Paris, Londres et Washington ? Est-ce que c’est le fait que Donald Trump se soit immédiatement positionné en meneur de cette opération ou le fait qu’Emmanuel Macron par exemple se range à ses côtés qui vous semble le plus parlant ?

Todd : Moi ce qui m’intéresse, c’est que je suis un peu rassuré parce qu’il ne s’est rien passé. En fait, quand on suivait la presse anglo-américaine, ce que je fais tous les matins, on était dans une séquence anti-Russes : ce qui montait depuis les affaires d’Angleterre, ce qui montait dans les discours, c’est une sorte de montée en puissance d’une russophobie, absolument mystérieuse et qui mériterait analyse.

Les derniers développement diplomatiques, c’étaient : les Américains et Trump faisant des tweets menaçant d’une frappe massive etc. et les Russes disant « Eh bien écoutez, si c’est ça, nous allons utiliser notre défense anti-aérienne », et le système qui fait peur à tout le monde, le système S 400 qui, paraît-il, est le meilleur système de défense sol-air du monde.

On avait là simplement la possibilité d’une guerre majeure et d’une sorte de showdown, c’est-à-dire d’une révélation de la fin d’une partie de poker puisqu’en fait on ne sait pas exactement ce dont les Russes sont capables. Le S 400 est peut-être capable de détruire en l’air tout ce qui vole et ç’aurait été en dix minutes la fin de l’imperium américain, ou ç’aurait été l’échec du S 400 et c’était de nouveau des États-Unis déchaînés. C’était ça l’enjeu.

Là, on a tiré des pétards, on a négocié avec les Russes.

Journaliste : Donc la Russie a réussi à désamorcer complètement les représailles ?

Todd : C’est-à-dire qu’il y avait une dynamique qui montait, anti-russe, et puis finalement, apparemment, les Américains, les Britanniques et les Français ont tapé là où les Russes les autorisaient. Donc on est revenu dans le « rien » – au stade actuel de l’information. Donc je suis plutôt rassuré. […]

Avant, je vais dire de quel point de vue je parle : je parle d’un point de vue a priori très favorable au monde anglo-américain. Je suis Français, mais comme la France est prisonnière d’un Euro qu’elle ne contrôle pas et que son action ne compte plus beaucoup, ça n’a pas tellement d’importance.

Alors, ce qui me préoccupe actuellement, quand on lit la presse occidentale, c’est que c’est une presse folle. C’est-à-dire que la vision du monde dans laquelle on entretient les citoyens du monde occidental, la vision d’une Russie hyper puissante, menaçante, tentaculaire, totalitaire, etc. est en fait une vision hallucinatoire.

Journaliste : Ce n’est pas vrai ? ce n’est pas le cas ?

Todd : La Russie a un régime que j’appelle une démocratie autoritaire : c’est-à-dire que Poutine est élu ; il y a un certain type de contrôle des organes de presse mais les Russes sont informés ; tout le monde est d’accord sur le fait que les Russes sont favorables à la politique de Poutine.

La Russie est un pays qui doit avoir un peu plus de 140 millions d’habitants, c’est-à-dire dix fois moins que le monde dit occidental. On parle de dix fois moins ! C’est un pays qui vient de retrouver un certain type de stabilité et de sécurité sociale : le taux de suicides et d’homicides s’y effondre. Un certain type de confiance sociale vient d’être rétabli en Russie, c’est la vraie raison de la popularité de Poutine. C’est simplement qu’après la crise de la sortie du communisme, les Russes se sentent mieux, ils ont un avenir. La fécondité est un peu remontée – quoiqu’elle rebaisse un petit peu – et ce pays est revenu à parité sur le plan des technologies militaires, cela ne fait aucun doute qu’ils ont fait une remontée technologique. Et, de fait, la Russie se trouve être la seule force au monde qui puisse faire face, être une puissance d’équilibre face aux États-Unis sur le plan militaire.

Journaliste : D’où la crainte du moment.

Todd : Oui évidemment, mais si on pense en terme d’équilibre des pouvoirs, si on respecte même la Constitution américaine, on doit se dire que c’est mieux, quand même. L’idée qu’un seul pays au monde serait capable de faire ce qu’il veut n’est pas un bon concept d’un point de vue libéral. Donc même si l’on n’aime pas la Russie, l’existence d’un pôle de stabilité qui n’a pas de vraie capacité d’expansion parce qu’il est trop petit en terme de population, trop faible, on devrait prendre cela comme une bonne nouvelle !

Or là, la Russie, pas seulement Poutine, la Russie est un monstre ; située en plus par rapport à des critères anthropologiques et familiaux qui ne doivent rien avoir à faire avec la géopolitique, comme le statut des homosexuels ou des choses comme cela… Il y a une vision extrêmement négative de la Russie.

Journaliste : Et vous trouvez qu’on ne comprend rien à ce qui se passe en Russie aujourd’hui.

Todd : Et donc toutes les interventions russes, tout ce que disent les Russes est considéré comme la parole de Satan, du mensonge, etc. Et puis nous, on fait comme si on était normaux. Mais la vérité, c’est que le monde le plus occidental, c’est-à-dire les trois démocraties occidentales originelles : la France, l’Angleterre et les États-Unis – c’est-à-dire les nations qui ont construit la démocratie, en fait – peuvent être considérées dans un état de fébrilité absolument incroyable. C’est un monde en crise.

Journaliste : De quel point de vue ?

Todd : La crise, c’est l’affrontement partout dans ces trois démocratie ; une sorte de division sociale entre ce que l’on pourrait appeler un camp oligarchique et un camp populaire. J’essaie d’échapper à la dialectique fausse de l’élitisme et du populisme. Je viens de relire Thucydide – non, pas relire, lire. Je ne l’avais jamais lu auparavant, c’est tout à fait des vantardises…

Journaliste : Vous avez de saines lectures.

Todd : Et donc, il y a un parti oligarchique – qui était par exemple représenté aux États-Unis par Clinton – et un parti populaire – qui est représenté par Trump. En France, on a en théorie une domination du parti oligarchique avec Macron et puis un parti populaire ou un camp populaire marginalisé, divisé entre Le Pen – Mélenchon ; en Angleterre, il y a eu le Brexit où – en théorie – le parti populaire l’a emporté ; mais la vérité est que dans ces trois démocraties, on est dans une situation d’instabilité et de schizophrénie : le conflit n’est pas réglé.

L’Angleterre va sortir de l’Europe, le Brexit va se faire. Mais Theresa May n’était pas partisane du Brexit, la classe dirigeante anglaise reste très divisée, les universités sont toujours favorables au Remain ; il reste un élément de schizophrénie dans la culture politique anglaise.

Bon, les États-Unis, c’est encore plus simple, on ne sait plus qui est au pouvoir.

Journaliste : C’est-à-dire ?

Todd : C’est-à-dire que Trump est au pouvoir…

Journaliste : On le sait, quand même, il le rappelle assez souvent !

Todd : Oui mais les seuls véritables pouvoirs de Trump sont des pouvoirs externes. Alors : il peut faire sa politique commerciale, c’est une bizarrerie du système -, il a été élu sur un programme protectionniste, il peut l’appliquer. Il le fait, et dans ce contexte, l’adversaire fondamental, c’est la Chine. Mais il a aussi des pouvoirs de type militaire et cela donne ces actions totalement…

Journaliste : …Cette nuit, ces frappes contre la Syrie avec ses alliés britanniques et français, comme une réaffirmation de la puissance de ces trois puissances occidentales.

Todd : Honnêtement, moi je suis un chercheur et en plus j’ai perdu tous mes combats politiques, ce qui est très bien pour regarder les choses sereinement. Et je dois avouer que je ne comprends pas très bien ce qui se passe. Quand Trump fait – de mon point de vue – des choses qui sont raisonnables, c’est-à-dire prendre des mesures protectionnistes alors que l’on sait que la mortalité augmente aux États-Unis dans les comtés dont l’industrie a été détruite par l’entrée de la Chine à l’OMC, il fait des choses raisonnables et toute la presse occidentale dit qu’il est fou ! Et puis quand il fait des choses déraisonnables, c’est-à-dire quand il fait des tweets expliquant qu’il faut envoyer des tas de missiles sur la Syrie où la guerre est perdue et terminée en fait, c’est pour rien, tout cela – tout le monde fait comme si Trump était un type raisonnable ! Mais en fait, je prends conscience d’une chose, c’est difficile pour moi d’admettre que le monde anglo-américain est quand même un peu à la ramasse. J’essayais de donner une interprétation raisonnable, rationnelle, de la russophobie anglaise et américaine. Donc j’ai essayé de me dire que toutes ces histoires de poison…

Journaliste : Peut-être ne lisez-vous pas, d’ailleurs, la presse russophone, Emmanuel Todd. Ceux qui lisent la presse en Russie et qui peuvent nous la traduire, nous disent que les Russes rendent bien cette russophobie aux Américains dans l’autre sens, comme si la tension était réciproque. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de regain de « guerre froide » aujourd’hui – qui se réchauffe d’ailleurs.

Todd : Je lis les trucs russes en français, je lis les textes de Poutine ou de Lavrov et je veux dire que cela n’est pas tellement rassurant non plus : qu’il s’agisse de textes de Poutine et Lavrov ou des contacts que j’ai pu avoir (j’ai pu déjeuner à l’ambassade de Russie), le niveau intellectuel des diplomates russes et des dirigeants russes est très supérieur à celui des Occidentaux. Vous ne pouvez pas comprendre la situation si vous ne voyez pas cette asymétrie. Une interview de Lavrov ou une discussion de l’ancien ambassadeur Orlov, ce sont des gens qui sont très supérieurs intellectuellement aux gens du Quai d’Orsay.

Journaliste : Et alors ? Ça veut dire quoi, ça ?

Todd : Cela veut dire qu’ils ont une vision de l’histoire et du monde, une vision de la Russie et de l’équilibre des puissances, une vision du contrôle de soi, c’est ce qu’ils appellent « professionnalisme ». C’est cela qui est très inquiétant : si vous arrêtez de lire juste Le Monde et de croire ce qu’il y a dedans, vous vous dites « Où est la rationalité ? Où est l’intelligence ? Où est le contrôle de soi ? » C’est cela qui est important ! Je pense que l’on ne voit pas …

Journaliste : … ce qui est en train de se passer.

Todd : Je voudrais terminer ce que je disais parce que j’étais dans une discussion où j’ai admis que mon interlocuteur avait raison contre moi. Je discutais avec mon copain Olivier Berruyer, le patron du site Les-Crises – qui est d’ailleurs en procès avec Le Monde -, et j’essayais de lui trouver une interprétation rationnelle et cynique du comportement de Theresa May et de Trump envers les Russes.

Sur la russophobie, puisque c’est le problème maintenant la russophobie ou l’hostilité à la Russie. À mon avis May n’a pas négocié le Brexit comme elle l’espérait, et elle essaye maintenant de noyer le poisson. Mais c’est tout à fait absurde parce que la Russie ne menace aucunement l’Angleterre. Celui qui menace le Royaume Uni, c’est Barnier avec son jeu sur la frontière irlandaise.

Et puis Trump, eh bien il a constaté que, à chaque fois qu’il tire des missiles ou bien qu’il dit des choses antirusses, le Washington-Post et le New-York Times lui lâchent un peu les baskets…

Mais Olivier me disait : « Oui bon peut-être, mais il y autre chose. C’est-à-dire que cette russophobie, cette fixation pathologique sur un pays qui n’a pas la puissance qu’on dit est sincère chez les journalistes et certains ou la plupart des dirigeants politiques occidentaux. »

Et en effet, il y a quelque chose de sincère qui mérite d’être analysé, et c’est une analyse que ne n’arrive pas à faire. Je ne comprends pas cette fixation pathologique, et c’est terrible pour un chercheur. Si vous êtes du côté Russe, vous êtes dans un univers de rapport de force rationnel et de maîtrise de soi mais si vous êtes du côté occidental, vous êtes dans un univers de passions incontrôlées qui renvoient à des troubles psychiques que vous ne comprenez pas.

Journaliste : Ce qui est clair, Emmanuel Todd, c’est que pour vous, on est peut-être, à nouveau, dans un changement de cycle. Que cela peut être un retour à une tension binaire, dans deux camps front contre front. Les États-Unis, d’un côté, avec des alliés, occidentaux dites-vous, et la Russie, de l’autre. On croyait quand même s’en être sortis de cette binarité. Or, depuis dix minutes, vous ne nous parlez, à nouveau que de cela…

Todd : Non, ce n’est pas moi, c’est la presse…

Journaliste : Oui, mais votre incompréhension, votre inquiétude…

Todd : Moi je rêverai d’avoir une décoration russe pour services rendus à la Paix. Donc, ce n’est pas moi qui parle comme ça. Si on essaye d’avancer vers une solution rationnelle, je pense que ce qui se passe, c’est qu’il faut chercher la réalité des problèmes du monde dans les pays les plus avancés. Et la Russie ne fait pas partie des pays les plus avancés, la Russie est sur une position de reconstruction défensive. Elle ne fait pas l’Histoire du monde, elle est une puissance d’équilibre…

Journaliste : Ce n’est pas non plus l’Europe qui n’est pas l’ensemble des pays…

Todd : Mais l’Europe est en crise. Rien ne marche. On a 10 % de chômage. On vient de perdre la capacité de construire des chemins de fer, on a un déficit commercial épouvantable en France…

Journaliste : On a une bonne natalité en France, quand même…

Todd : Mais non, elle est en train de baisser… Et puis le monde anglo-saxon est est dans une mutation, il est encore dans un état intermédiaire.

Journaliste : Et la Chine ?

Todd : La Chine doit faire face au protectionnisme américain. Là, on est dans la partie rationnelle finalement. J’essaye de voir ce que peut représenter rationnellement la Russie. Donc, il y a ce parti populaire et ce parti oligarchie dans toutes les démocraties occidentales, le parti populaire est protectionniste, il veut un État qui s’intéresse à la protection de ses citoyens, des nations qui se referment un peu sur elles-mêmes pour les protéger tout en continuant à commercer raisonnablement et en fait, à l’insu de son plein gré, la Russie est peut-être devenue un modèle pour ces gens. La Chine est un régime policier, mais le parti communiste chinois a mis sa force de travail au service du capitalisme occidental. Le vrai défaut c’est que Poutine est le dirigeant qui a refusé de mettre les Russe sur le marché mondial du travail. Et de fait, la Russie devient peut-être, à l’insu de son plein gré, un modèle de développement autonome des nations et fascine le parti populaire. C’est peut-être là, là on a un élément de rationalité… [pause]

Todd : J’ai été très frappé, il y en aurait beaucoup sur tout, par le témoignage sur la Syrie. Je voudrais essayer de suggérer que on ne nous dit pas la vérité sur la Syrie. Assad est un dictateur sanguinaire, ignoble etc, et on est censé agir, envoyer des pétards…

Journaliste : C’est quand même plus que des pétards, ça fait 2 fois que vous dites pétards…

Todd : Non, mais je veux dire l’effet militaire de ces tirs sera nul

Journaliste : C’est quand même plus que des pétards

Todd : Les missiles coûtent plus cher que les cibles !

Journaliste : On verra…

Todd : Non, on a déjà vu, bon, vous me faites venir, je donne mon opinion, voilà

Journaliste (riant) : Bien sûr, bien sûr.

Todd : Mais au-delà de ça personne ne réfléchit sur les raisons de la victoire d’Assad. On dit toujours c’est les Russes, c’est les Iraniens, mais la vérité c’est que la société syrienne de départ était très divisée. Au moment où la France est intervenue dans cette affaire, où François Hollande avait commencé à réclamer à corps et à cri le départ d’Assad, je faisais, vous savez je fais de la cartographie, je suis anthropologue.

Donc j’ai ma carte des systèmes familiaux, des cartes démographiques de la Syrie, j’ai la carte des régions où la fécondité est la plus basse, où il y a moins de mariages entre cousins, où les femmes ne sont pas toutes enfermées, en fait puisqu’il y a de grandes différences culturelles à travers la Syrie. Et puis je suis tombée sur une carte des zone tenues par le régime Assad et par les rebelles. Et la carte des régions, tenues par le régime Assad, est la carte des régions, de toutes les régions, où le statut de la femme est le plus élevé. Et la carte des régions rebelles c’était la carte des taux de patrilocalité à plus de 99,99 %, avec un taux de mariage entre cousins super élevé. Ça veut dire que nos alliés là bas, en fait culturellement sont les plus loin de nous.

Si on était sincères, si on agissait vraiment au nom de Valeurs, comme on le dit, on se poserait ce genre de question. La réalité de la victoire d’Assad, c’est qu’il n’est pas seulement soutenu par les régions alaouites – qui ont une parenté avec le chiisme qui encourage un statut de la femme plus élevé, ce qui donne des sociétés plus efficaces, etc. Il l’est également par les classes moyennes sunnites. Personne ne réfléchit là-dessus !

Le témoignage précédent semblait à la fois désespéré et étonné de voir les alliés se transformer en ennemis. Mais c’est simplement parce que la rébellion était le fait des régions les plus antiféminismes, les plus arriérées, les plus fermées. Et si on réfléchit rationnellement, c’est aussi la raison pour laquelle les Russes ont gagné cette guerre : parce qu’ils ont pris les bons alliés sur le plan culturel ! Et que la vérité, c’est que tous nos alliés à nous, occidentaux là-bas, à commencer par l’Arabie Saoudite, sont les pays les plus loin de nous et les plus inefficaces en termes de dynamique éducative et culturelle.

Alors c’est pour ça que, confrontés à ces forces majeures, vous envoyez une centaine de missiles sur des bâtiments vides. Il y a une sorte de disproportion entre la puissance des forces historiques anthropologiques sur le terrain et ces actions militaires. On n’a plus de but ! L’Occident est perdu.

Journaliste : Sur cette dérive autoritaire, y compris dans les démocraties libérales, Mélanie citait le journal le1 sur ces présidents à vie. Cela fait penser à ce que vous écriviez il y a dix ans maintenant après le communisme, après la post-démocratie. On y est dans la post-démocratie ? C’est la fin d’une histoire commencée en 89 ?

Todd : Évidemment, mais il ne faut pas généraliser. Il y a une dynamique générale de l’histoire humaine, il y a une hausse des taux d’éducation par exemple. Mais il y a une stagnation des taux d’éducation dans les pays les plus avancés.

Mais par exemple, on ne peut pas dire que la Russie et la Chine c’est la même chose sur le plan de la « dictature ». La Chine a un régime de parti unique avec contrôle d’Internet, la police règne, il n’y a pas d’élections. Et en Russie, il y a des élections. Dans les trois grandes démocraties occidentales, il y a ce problème d’affrontement entre entre un parti populaire et un parti oligarchique, mais il y a des différences.

La France est le pays le plus fermé, où le monde populaire est le plus marginalisé avec d’un côté Macron, représentant les éduqués, les riches, etc. et le Front National représentant le monde populaire en perdition culturelle. Alors qu’en Angleterre le Brexit a quand même été accepté ; une partie du parti conservateur a accepté le vote populaire. Il faut accepter de rentrer dans la diversité, on ne peut pas faire simplement des slogans disant : « il y a des gentils c’est nous, il y a des méchants c’est les autres », c’est de ça que j’essaie de sortir…

Journaliste : Est ce que je peux vous faire entendre un ancien président, le nôtre, François Hollande, il était sur France Inter jeudi matin, écoutez ce qu’il dit de l’avancée de l’Histoire :

– F. Hollande : moi je fais partie d’une génération ou la démocratie était en mouvement et en progrès partout dans le monde et ou le mur de Berlin c’est effondré ou les pays émergents aspiraient aussi à la liberté et à la démocratie »

– Journaliste 2 : « on va y revenir »,

– F. Hollande : « c’est fini, pour l’instant c’est arrêté, et même dans notre pays dans notre Europe il y a ce recul et la presse pour moi elle est aussi menacée ce que je regrette c’est que la presse ne se fasse pas respecter comme elle doit le faire mais sur sa place sur son rôle ; pas sur le bruit ou la presse est très présente, sur la conception de ce que est la démocratie

Journaliste : Alors c’est moins sur la presse, on vous a entendu, que sur l’évolution de cette démocratie.

Todd : Le Guardian que vous avez cité est en train de devenir complètement cinglé…

Journaliste : Vous avez vu cette évolution, avec la réélection notamment dimanche dernier de Victor Orban en Hongrie, et de ce qu’il est en train de faire et qu’il appelle une démocratie illibérale

Todd : Mais vous voyez ce qui est choquant quand j’entends François Hollande, c’est qu’il parle de la démocratie et qu’il se met dans la posture de celui qui est du côté de la démocratie mais ça n’est pas vrai, c’est un européiste..

Journaliste : Quand même…

Todd : Mais ce n’est pas vrai, c’est un européiste !

Journaliste : Il faut s’entendre sur ce qu’est la démocratie…

Todd : Et bien c’est ça qui est le problème ! Le mot est là, tout le monde l’a dans la bouche, mais on ne sait plus ce que c’est. La France est un pays où les gens croient que la démocratie c’est quand on vote, et qu’il y a une presse qui dit ce qu’elle veut…

Journaliste : …c’est déjà pas mal !

Todd : Oui, c’est déjà pas mal, mais ça ne suffit pas. La démocratie c’est quand les gens votent, que des élites légitimes sont désignées et qu’elles appliquent les décisions populaires. Ce qui est caractéristique de « la démocratie française », c’est que si les gens votent et prennent des décisions qui ne plaisent pas aux élites, eh bien elles ne sont pas appliquées !

Le moment ou la France à cessé d’entre une démocratie représentative au sens classique c’est le référendum de 2005, quand les Français ont voté non et que les élites ont transformé ce non en oui. L’Angleterre reste une démocratie parce que le Brexit est appliqué par le parti conservateur. L’Amérique reste une démocratie, mais, nous, on ne peut plus dire ça.

Et quant à la Hongrie, vous voyez, moi j’aime la Hongrie pour d’autres raisons. C’est dans un voyage en Hongrie que j’ai découvert la fin du communisme. Les Hongrois sont un peuple héroïque, c’est le seul pays qui a osé se lever contre la dictature soviétique en 1956 ; ils ont été sauvagement réprimés, et les Russes les ont respectés pour ça. C’est eux qui ont abattu le mur, c’est eux qui ont laissé passer les Allemands de l’est. Et oui, parce que les Hongrois ont des valeurs.

Journaliste : Les Hongrois sont inquiets.

Todd : Oui, mais il faut voir les choses correctement. Encore une fois je ne dis pas que Orban est un type sympathique, mais je dis qu’il faut essayer de comprendre ce qu’il se passe et ne pas se raconter que tout est manichéen. J’ai l’impression que l’establishement est complotiste, il croit qu’il y a des complots partout.

Personne ne veut voir pourquoi Orban est réélu. Je déteste sa campagne sur l’immigration, etc., mais l’une des valeurs fondamentale de la Hongrie, que montre toute son Histoire de 1848 à 1989 en passant par 1956, c’est que les Hongrois sont un peuple patriote, c’est une valeur fondamentale. La Hongrie, c’est peuple tout petit qui survit au cœur de l’Europe centrale, contre vents et marées, et qui n’a pas envie que son territoire soit parcouru de vents incontrôlables. Et j’ai envie de dire que l’existence de la Hongrie en tant que nation est la preuve que nous, nous avons des élites qui ne sont plus patriotes.

Est-ce que j’irais jusqu’à dire que l’on a des traîtres ? Non, on a simplement des gens qui veulent dépasser la nation, qui ne sont pas très clairs sur le respect des frontières nationales. La russophobie, la « magyaro-phobie » (NdT : phobie de la Hongrie), les gens qui en parlent ne connaissent rien à la Russie, rien à la Hongrie, est ce que ces gens savent qu’il y a une partie de la tradition hongroise qui est calviniste très importante qui explique la dynamique de ce pays, qu’il y a eu 3 cultures.

En fait, quand on parle de la Russie ou de la Hongrie, on parle de nous, de notre crise à nous, de notre déficit de valeurs spirituelles, de notre déficit de sentiment national. Sans sentiment national, il n’y a pas de projet, on est à la dérive, on devient agressif, on lance des missiles comme des couples qui se jettent des assiettes dans des cuisines, comme des couples qui n’arrivent plus à se parler ; on est dans l’irrationnel et dans l’émotionnel.

Je recommande à tous la lecture des textes de Lavrov et de Poutine, s’ils veulent lire des choses intelligentes sur la géopolitique. Et je vous garantis que, ce matin, les exposés du Guardian, du Daily Telegraph et du Monde sur ce qui se passait étaient tellement mauvais que j’ai du aller, ce que je n’ai jamais fait, sur le site de RT France, pour comprendre à peu près ce qu’il se passait !

Journaliste : Et vous pensez avoir mieux compris ?

Todd : c’était beaucoup plus détaillé et vous aviez toutes les informations qu’il y avait dans les autres plus d’autres.

Journaliste : Nous n’avons pas eu le temps de parler de la situation en France. Mais vous reviendrez (sur France culture) pour parler de la France et des grèves…

Todd : Mais je ne vais pas pouvoir dire mon soutien à la grève des cheminots ?

Journaliste : Eh bien, si, voila, vous l’avez fait !

Todd : Je peux vous dire ce qu’il va se passer s’ils perdent ?

Journaliste : Vous avez 30 secondes pour le faire.

Todd : Je viens de faire récemment une intervention devant une mutuelle sociale agricole. J’ai découvert que la mise en instabilité par l’Europe des prix agricoles, avait provoqué la poussée nationale, Front National constatée dans les milieux agricoles. Et ce puisque flexibilité pour les gens, cela veut dire insécurité, et je vous fais le pari que si l’on brise la SNCF, si l’on brise la CGT, on n’obtiendra aucune amélioration économique mais que le réseau de chemin de fer va devenir l’un des axes de diffusion supplémentaire de l’influence du Front National en France.

Journaliste : Et Macron ?

Todd : Ah non, je n’écoute plus du tout ce que dit Macron, il ne m’intéresse plus du tout ! Il est hors.. il répète toujours la même chose.

Macron fait semblant d’être président : par exemple, il ne contrôle pas la monnaie. Donc aujourd’hui, être Président en France, c’est simplement passer à la télé, si vous voulez. Et puis réduire les petits « privilèges » des petites gens et ne pas toucher aux gens qui ont de gros privilèges. Et donc je n’écoute plus Macron, et je n’écouterai pas son intervention demain.

Source : France Culture, 14/04/2018

Commentaire recommandé

Walty // 15.04.2018 à 06h22

E.Todd a parfaitement compris le monde politique tel qu’il est actuellement et je doit reconnaître comme lui que je suis obligé de chercher mes informations sur ce site puis sur RT entre autres.
Le cas français est désespérant et me semble t’il désespéré
Merci pour cet exposé

87 réactions et commentaires

  • Walty // 15.04.2018 à 06h22

    E.Todd a parfaitement compris le monde politique tel qu’il est actuellement et je doit reconnaître comme lui que je suis obligé de chercher mes informations sur ce site puis sur RT entre autres.
    Le cas français est désespérant et me semble t’il désespéré
    Merci pour cet exposé

      +106

    Alerter
  • Charles Michael // 15.04.2018 à 07h26

    Extraordinaire Emmanuel Todd
    merci à O.B.

    Intelligence, courage, lucidité, profondeur d’anlyse, attitude principielle car structurée, un grand moment .

    ps: je ne lit plus les MSM, la manip à venir est tjrs dans les titres, j’étais aussi sur RT hier et sur les sites dissidents, souvent anglophones, qunat à écouter du Macron… jamais

      +53

    Alerter
    • t2lt // 15.04.2018 à 09h24

      Au contraire il est nécessaire d’entendre les 2 sons de cloches seul à même de comprendre les stratégies de dés-information. Quand bien même les ficelles sont devenues des cordes, il est toujours éclairant de voir à l’oeuvre la propagande de moins en moins subtile des MSM.

        +12

      Alerter
      • calal // 15.04.2018 à 18h59

        oui m’enfin se taper des « J-2 avant le discours de macron », des debats « qu’est ce que va bien pouvoir dire le president ce jeudi » puis l’interview ,puis l’exegese de l’interview faut vraiment vouloir …heureusement que le ridicule ne tue pas sinon y aurait pas de probleme de surpopulation mondiale…

          +5

        Alerter
    • Canal // 15.04.2018 à 19h02

      Pour connaitre la position MSM, je consulte régulièrement le site du Monde. Même sans abonnement, rien qu’avec les titres, on a déjà une bonne vue d’ensemble.

        +3

      Alerter
  • DUGUESCLIN // 15.04.2018 à 07h41

    Moi non plus je n’écoute pas Macron, ça ne sert à rien.
    Concernant l’Europe, je pense que nous sommes, pour beaucoup, réellement européens, c’est pour cela que l’européisme est incompatible avec l’Europe parce qu’il n’est pas représentatif des patries européennes. Il n’est pas représentatif de l’Europe profonde.
    Quand je voyage en Italie, en Autriche, en Espagne, en Allemagne, en Russie, j’y vais en tant que français, j’y suis accueilli comme tel. Aussitôt je trouve des amis, car nous nous faisons une joie de partager un très grand nombre de valeurs culturelles communes, sans avoir besoin de les souligner tellement elles sont évidentes. Le fait d’avoir une identité implique une existence de l’autre, la reconnaissance et le respect de l’autre comme quelqu’un qui nous est proche.
    Mais chez les européistes il est impossible de savoir qui nous sommes, chacun est tout et rien en même temps. Il est impossible d’être un vrai européen si nous ne sommes plus porteur de rien, réduits à une existence sans patrie et sans racines, réduits à l’état d’utilitaires au service d’un pouvoir qui nous échappe.

      +76

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  • Denis Monod-Broca // 15.04.2018 à 07h49

    Formidable interview !
    Notre mal est spirituel. Todd le mentionne mais à la fin, sans développer.
    Notre seule croyance (collectivement parlant) est qu’il n’y a aucune croyance qui vaille. Nous ne croyons même plus dans nos mots, ni dans leur sens, ni qu’ils puissent avoir un sens, encore moins en la vérité. Alors nous nous abandonnons à l’émotion et le sacrifice fait son retour par écran interposé : il nous faut le rituel du 20h avec ses horreurs et ses coupables désignés.
    Mais ça ne marche pas.
    Le sacrifice est efficace dans la méconnaissance.
    Or l’ignorance ne s’apprend pas.
    D’où un très profond désarroi.
    Croire, c’est douter. Raison et savoir reposent sur croyance et doute. Quand on croit dur comme fer qu’on ne croit en rien (que la croyance est réservée au domaine privé), tout part en quenouille et le pire peut arriver.

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    • Anne // 15.04.2018 à 10h40

      Votre commentaire me semble tout à fait juste merci à E.Todd, à Olivier et à vous.
      Nous vivons dans un monde où tout semble fait pour que nous ne soyons plus reliés à notre nature autre que matérielle ou passionnelle, et dans une société où l’on évacue la notion de conscience individuelle, (celle là même qui, de façon intime et personnelle, nous permet la distinction entre la vérité et le mensonge, le bien et le mal, les actions justes ou injustes, les comportements corrects, suivant nos propres critères personnels éthiques).

      Nous ne sommes plus en position d’exercer notre responsabilité d’êtres humains, notre société tend à décourager l’effort sur soi même, l’effort intellectuel tout comme l’effort spirituel, l’effort d’une bonne conduite et du vrai respect pour les autres et soi même.

      Notre société occidentale tend à nous séparer de notre âme, et à faire de nous des consommateurs, et des êtres sans âmes, chez qui l’essentiel est nié, découragé, désespéré.

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      • Denis Monod-Broca // 15.04.2018 à 23h34

        Macron, dans son interview, a beaucoup parler comme à son habitude – et avec son brio habituel – d’efficacité, de réussite, de réforme mais il n’a pas dit pour quoi faire, sinon pour être efficace, pour réussir, pour réformer… C’est toujours la même question : « en marche ! » mais pour aller où ?
        Toujours ce manque d’une cette dimension spirituelle.
        Toujours de beaux mots, de belles paroles, mais pas de sens…
        Et pour finir bien sûr l’Europe… qu’il faut refonder mais qui, malgré la fragilité de ses fondations, est censée nous protéger de tout.

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  • Manuel // 15.04.2018 à 08h24

    « j’étais dans une discussion où mon interlocuteur avait raison contre moi. Je discutais avec mon copain Olivier Berruyer [..] »

    Moment magique sur France culture. Moment en or. De savoir que Todd s’est trompé d’analyse et qu’OB est là pour l’éclairer.

    Un grand chapeau bas M. Berruyer.

    Le passage où Todd annonce que l’élite russe est plus intelligente que l’élite occidentale est aussi criant de vérité.

    Tout dans l’interview 😉

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    • caliban // 15.04.2018 à 09h03

      M. Berruyer n’a aucun mérite, il a des commentateurs de haut niveau 🙂

      Plus sérieusement le site Les Crises porte une attention scrupuleuse au traitement médiatique de l’information. A force de constater les manquements répétés aux règles déontologiques des journalistes (et en particulier français), il est possible de « monter en généralité » et d’introduire dans ce phénomène une dimension pathologique. Bon nombre de journalistes croient effectivement aux mensonges qu’ils répandent jour après jour.

      Bien heureux que M. Todd ait pu enrichir sa réflexion sur ce domaine.

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      • basile // 15.04.2018 à 09h18

        ce que Emmanuel Todd n’a peut-être pas eu le temps de dire, ou qui ne lui est pas venu à l’esprit, concernant la sincérité des russophobes : je pense que c’est le conditionnement pendant toute l’enfance de ces gens là. Deux décennies de lavage de cerveau, de récits anti russes, de bolchevique le couteau entre les dents, le soir autour de la table familiale.

        ces gens sont dans le même état de terreur et d’irrationnel que les paysans au moyen âge en sortant de la messe à propos du diable.

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        • Sandrine // 15.04.2018 à 11h48

          Très juste. Pour se rendre compte de l’obscurantisme et du fanatisme des russophobes hexagonaux, je conseille d’écouter ce débat entre H.Carere d’Encausse et une représentante de cette russophobie viscérale dans l’émission Réplique – c’est saisissant :
          https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/la-russie-daujourdhui

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          • Vjan // 15.04.2018 à 12h32

            Émission très éclairante, c’est vrai. Je me rappelle avoir été admirative du sang-froid et de la mesure de Hélène Carrère d’Encausse face aux coups de boutoir russophobes de Françoise Thom.

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            • Marie // 25.04.2018 à 00h09

              Il est absolument stupéfiant d’entendre à quel point la « spécialiste de la Russie » Françoise Thom est à côté de la plaque. A l’entendre, la Russie est peuplée d’imbéciles manipulés par Poutine le maléfique. Il ne faut quand même pas oublier qu’ a la fin de 1999 quand Poutine est arrivé au pouvoir, la principale préoccupation des Russes était les retards dans le payement des salaires: les gens ne recevaient pas de salaires pendant plusieurs mois. L’alcoolisme et le nombres de suicides ont augmenté, dans les années 1990, d’une façon spectaculaire. Les familles ne faisaient plus d’enfants, il était rare de voire une poussette dans la rue. Rien de comparable avec la Russie d’aujourd’hui. La fin du communisme était un désastre pour des gens simples, pas seulement des Russes d’ailleues. Il ne faut pas oublier tous les conflits armés et les guerres civiles dans les républiques de l’ex-URSS. Or, aussi étonnant que ça puisse paraître, il n’y a pas qu’en Occident que les gens ont envie de vivres, de manger à leur faim, de pouvoir nourrir leurs familles. Quant au rôle des Occidentaux dans les réformes économiques des années 1990, il faut vraiment oublier ce que l’expeession « Honnêteté intellectuelle » signifie pour pouvoir prétendre qu’ils n’ont pu rien faire face aux « jeunes réformateurs russes ».

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        • Charles Michael // 15.04.2018 à 12h28

          Basile, vous n’avez probablement pas lu Où En Sommes Nous .

          E.Todd y explique très bien que les USA , cette fédération d’Etats, s’est constituée contre d’Autres, les indispensables Autres: les Indiens exterminables, les Noirs sous-race d’esclaves.
          Développant ce concept à l’idée d’identité nationale Todd explique et démontre que toute nation dont la France se constitue autour d’un enemi héréditaire: Perfie Albion, puis les Boches et aujourd’hui les Musulmans.

          Au niveau de cette très factice Union Européenne (beurk et re-beurk) l’enemi nécessaire, indispensable à l’homo-europaicus est le Russe.

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          • Sandrine // 15.04.2018 à 14h19

            Le « Russe » de l’époque Eltsinienne , taillable et corvéable à merci, convenait très bien à l’homo europaicus… Celui de l’époque Poutinienne, qui défend fièrement ses couleurs nationales, beaucoup moins.
            Ce Russe-la est bien plus énervant pour l’Europeiste, que, par exemple le Chinois… parce qu’il vote pour son dirigeant, contrairement au Chinois qui, lui, vit, dans un État incontestablement autoritaire…

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          • Madudu // 15.04.2018 à 15h12

            En europe-union avant que l’adversaire désigné soit la Russie, avant que la Russie ne se relève, l’ennemi désigné était à l’intérieur : le « réactionnaire », le « raciste », le « xénophobe », les « antisémites », etc.

            Cette rhétorique n’a pas disparu, elle vise maintenant « les extrêmes », c’est-à-dire tous ceux qui ne sont pas derrière Macron ou le PS. Même LR commence « à jouer le jeu » « des extrêmes » ^^

            L’ennemi désigné, avant les russes et maintenant avec eux, c’est nous.

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        • Brigitte // 15.04.2018 à 13h02

          Les anglais sont nationalistes et peu ouverts aux autres cultures. Quand ils vont à l’étranger c’est pour faire comme chez eux. Ils ont un sentiment de supériorité et contemplent le monde du haut de leur passé glorieux. A les entendre, ils ont inventé la démocratie, le capitalisme, le sport, et ont excellé dans tous les domaines de la culture et de la technologie, de l’électronique à la pop. Le monde parle anglais!
          ça parait caricatural mais j’ai une amie anglaise qui confirme la règle. Dans le camp pro Cameron, elle s’est liquéfiée en apprenant les résultats du Brexit, de peur que son pays se marginalise et sombre dans l’oubli et maintenant elle soutient T. May comme un seul homme!
          Le sport favori des médias, qu’elle pratique, est de ridiculiser Trump et Poutine. Le premier est un idiot et le deuxième un tyran. Son pays est là pour montrer au monde ce que c’est que la civilisation occidentale et donner des leçons de démocratie.
          Pour elle, les russes sont des barbares.

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          • Vjan // 15.04.2018 à 14h16

            « Pour elle, les russes sont des barbares. »

            Des barbares.

            Relire Todorov : « Le barbare n’est pas du tout celui qui croit que la barbarie existe, c’est celui qui croit qu’une population ou un être n’appartiennent pas pleinement à l’humanité et qu’ils méritent des traitements qu’il refuserait résolument de s’appliquer à lui-même. »

            Se souvenir de la façon dont l’Occident a « traité » Kadhafi. Se rappeler que pour Trump, Bachar el-Assad est un « animal ». Garder mémoire du prix que Madeleine Albright accordait aux enfants irakiens.

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        • Soizic // 15.04.2018 à 13h53

          Basile,
          Oui, c’est surtout le cas de la population des Etats Unis.

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      • caliban // 15.04.2018 à 10h52

        @Basile

        « Deux décennies de lavage de cerveau, de récits anti russes, de bolchevique le couteau entre les dents, le soir autour de la table familiale. »

        S’il s’agit des journalistes, je pense que vous êtes un peu dans la caricature. Le milieu social qui fournit les contingents de journalistes n’est pas si hétérogène dans la société française, par conséquent les repas familiaux ont été peu ou prou les mêmes que ceux de la population. C’est à mon avis après que cela se « gâte » :
        • les écoles de formation, de toute évidence l’esprit critique et la méthodologie d’analyse des sources n’est pas suffisamment ancrée dans les esprits, la pratique professionnelle montre en effet que ces « bases » sont assez vites oubliées
        • le microcosme journalistique, qui agit – comme dans n’importe quelle autre profession intellectuelle – comme un carcan politique
        • et – peut-être avant tout, les conditions de travail. Quand vous sentez instinctivement que dire non va vous apporter des ennuis, l’acquiescement se transforme vite en une conviction personnelle

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        • basile // 15.04.2018 à 11h42

          @ caliban : Quand je parlais lavage de cerveau, je ne pensais pas à celui dû aux journalistes.

          La lecture du Monde a une influence infiniment plus faible que les récits de 10 millions de petits bourgeois dont la famille n’a pas jamais digéré la révolution russe, les emprunts russes, et qui rentrent dans le crâne de leur bambin des récits sur les Rouges.

          Et que dire du troufion qui fait ses 3 jours (disons 1,5 jour), à qui on trouve le moyen de passer dans ce court laps de temps, un film où il est encore question de rouges.

          Olivier et Emmanuel Todd s’interrogeaient sur l’origine de la russophobie. En effet, comment (un copain à moi), instruit, bon métier, n’aimant pas les Rom (c’est important à préciser) a voté Macron, en me disant les Russes sont un danger.

          Il y a bien une histoire familiale là dessous.

          Quand dans sa famille, personne n’a fait les grèves de 36, qu’il n’y a pas eu d’ancêtre communard, il est évident que toute la lignée gobe j’importe quoi sans contester.

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          • Sandrine // 15.04.2018 à 11h52

            Je pense aussi que dernière la russophobie actuelle, il y a d’abord et avant tout une haine du communisme (cf. L’émission dont je mets le lien dans mon commentaire plus haut).

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  • Brigitte // 15.04.2018 à 08h55

    Analyse lucide et courageuse de Todd, favorable par ailleurs au monde anglo-américain.
    Alors que la Russie n’est pas une grande puissance capable de rivaliser avec les USA, qu’est-ce qui pousse les anglo-américains à se focaliser sur ce pays et sur son dirigeant?
    Quelle est donc la nature de la menace russe qui justifierait de leur part une propagande russophobe aussi grossière et des agissements aussi irresponsables?
    La menace russe est-elle de jouer un rôle de plus en plus influent au Moyen-Orient, chasse gardée des anglo-américains et des français depuis plus d’un siècle?
    Les frappes en Syrie ont-elles pour but de déstabiliser le camp russe au risque de revivifier le terrorisme islamiste?
    Il semblerait que non puisque les russes ont tout de suite montré qu’ils étaient les arbitres dans ce jeu de dupes.
    Todd avoue que la situation est incompréhensible et mériterait une analyse plus poussée pour en définir les véritables contours.
    A suivre…

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    • Kapimo // 15.04.2018 à 16h15

      La menace Russe, les néo-cons l’ont parfaitement exprimée dans les années 90, en écrivant qu’ils devaient travailler à empecher la résurgence de toute puissance pouvant remettre en cause leur pré-éminence mondiale. La France a été ciblée en sous-main car potentiellement genante (c’est pour cela qu’après des années d’attaques sur ce qui fait la France nous avons aujourd’hui Macron). Le processus d’accaparement a été enrayé en Russie par Poutine et ceux qui le soutiennent.
      Russe, Chine sont aujourd’hui des entités inacceptables pour les néo-cons, qui sont des suprémacistes et ont une vision mystique de l’Amérique. La Russie est plus dangereuse car excellente pour développer des armes, et autonome pour très longtemps en terme de richesses naturelles.
      L’hystérie anti-Russe, c’est le cri de celui qui se rend compte qu’il est en train de perdre inexorablement sa suprématie (et qui en conséquence s’enfonce encore plus vite).
      Todd n’inclut pas le messianisme néo-con dans ses analyses, et c’est bien dommage.

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      • Galvan // 16.04.2018 à 18h50

        La Russie a été attaquée aussi en 1989 par un soutient en sous main de la CIA à la montée au pouvoir de B. Yeltsine. Le résultat désastreux de la politique ultra libérale de cet homme a réveillé les russes qui ont porté Poutine au pouvoir et le soutiennent depuis lors, au grand damne de nos soit disant élites qui ne sont en réalité qu’une caste d’ultra privilégiés.
        A quand le réveil des Français ? L’épisode Macron se terminera probablement comme Yeltsine …

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  • aikongo // 15.04.2018 à 09h00

    Les anglo saxons et principalement les américains sont des fans de la bi polarité bien/mal, avoir un ennemi, indiens, communistes leur a toujours permis de justifier et d’extérioriser leur agressivité et leur volonté de conquête, dans le même temps ils pensent qu’un Dieu est derrière eux et leur donne le droit de se comporter ainsi ! Complètement archaïque et dangereux dans un monde interconnecté.

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  • tchoo // 15.04.2018 à 09h04

    Ce qu’il y a de remarquable dans cet interview c’est l’incompréhension qui transparaît dans les interventions de la journaliste.
    Je pense que ce qui justifie cette russophone est le fait que la Russie devient malgré elle un exemple de régime à suivre pour de plus en plus de pays mettant à mal le néo-libéralisme de certains. Chose insupportable pour les tenants de Tina

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  • Jean-Luc // 15.04.2018 à 09h15

    Les interruptions autoritaires de cette femme, pour ne rien ajouter au débat, semblent un signe de la perte de distance des médias qui tendent à imposer des « réalités » plutôt que de questionner respectueusement leurs invités.

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    • Ben // 15.04.2018 à 14h17

      Très désagréable en effet, les interruptions crispées de cette femme. Difficile de dire si elle essaie de pratiquer l’intimidation (dont Todd à l’air de se foutre complètement), ou si ce n’est qu’une forme d’hébétude intellectuelle agressive, découlant d’un vague début de prise de conscience de la nullité de sa classe socio-professionnelle.
      Todd a été débonnairement génial.

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  • Brigitte // 15.04.2018 à 10h05

    Depuis Sarkozy, la France montre qu’elle n’a plus de tête. Elle rallie l’axe atlantiste au détriment d’une Europe unie et indépendante tout en nous vantant les potentiels de l’UE comme rempart contre les grandes puissances mondialistes et en se montrant plus europhile que de raison.
    Elle est d’un opportunisme à courte vue dans tous les domaines, elle se vend au plus offrant, méprisant les valeurs nationales et le sens de l’histoire de notre pays, au profit de coups d’éclat sans lendemain. C’est la politique bling-bling. Elle a vendu son âme.
    La France n’est plus la France.

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  • TuYolPol // 15.04.2018 à 10h07

    « Le niveau intellectuel des diplomates russes […] est très supérieur à celui des occidentaux » et la journaliste de répondre « Et alors ça donne quoi, ça ? ».
    On ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif. Les matinales sont toujours le domaine du clergé médiatique.
    C’est l’effet « au rang Otan »

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    • Fritz // 15.04.2018 à 10h27

      « Et alors ça donne quoi, ça ? » = journalisme du monde libre, 2018.
      « Hi han ! » eût été une réponse plus intelligente, et plus honnête.

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    • Fritz // 15.04.2018 à 13h05

      « Tout ce que disent les Russes est considéré comme la parole de Satan » (à 4’50)

      Habillage intello de Tan Khaerr, le néocon de Wikipédia :
      « Tout ce que disent les Russes est complotiste. Source non admissible, je l’ai effacée ».

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  • basile // 15.04.2018 à 10h30

    J’oubliais le facteur le plus important : le racisme anti slave. Hitler haïssait les slaves, et c’est pourquoi il a cru n’en faire qu’une bouchée.

    Et dans notre pays où le racisme historique qui servait de défouloir est réprimé sévèrement, reste le racisme défouloir autorisé par nos gouvernants. ca tombe bien, ça arrange sur le plan géostratégique. Et n’oublions pas que les Américains aussi sont raciste. Ce ne serait pas étonnant vis à vis des Russes, aussi.

    C’est vrai que ces gens qui vivent dans ce pays mystérieux, ce pays froid… Qui en plus boivent !
    Sentiment entretenu volontairement pour le rendre inconnu, dangereux. D’autres nordiques sont sous les mêmes latitudes, mais on en fait la promo pour les rendre gentils, accueillants, civilisés. Pour encourager à y voyager. Qui se hasarderait à dire dans une conversation qu’il passe ses vacances en Russie ?

    Sentiment inquiétant entretenu en boycottant à la télé la culture russe. Combien d’émissions avons-nous vues à a télé ?

    – Les 200 ans du Bolchoï (2011)
    – Les 100 ans du Sacre du Printemps (2013)

    Sûr que l’élite macronienne doit avoir aussi une vision des russes très sous développée

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    • Sandrine // 15.04.2018 à 12h51

      Le racisme est souvent une justification idéologique d’antagonismes « bassement » économiques…
      Même dans le cas hilterien, il s’agit d’une forme de « moralisation » (si j’ose m’exprimer ainsi) de rapports de force d’origine socio-économiques. En d’autres termes, c’est un complexe psychologique qui permet de légitimer l’impérialisme.

        +1

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    • Sandrine // 15.04.2018 à 13h41

      (Suite de mon message précédent)
      Dans le cas du racisme anti-slave que vous évoquez, il y a une rivalité multi-seculaire au sujet les territoires d’Europe centrale (et de l’est) entre les nations « germaniques »(France et GB incluses) et l’Etat russe. On a transposé ça en termes racistes au XIXE siècle mais le fond de l’affaire est d’ordre géostratégique et économique.
      C’est ce qui explique que la Chine (malgré ses « origines » communistes et les précédents historiques de la peur du « péril jaune ») soit beaucoup moins touchée par la « phobie «  et le racisme européens que la Russie.

        +2

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  • Homère d’Allore // 15.04.2018 à 10h37

    La haine de la Russie comme transposant la haine (et la peur) du parti populaire dont font preuve les oligarques…

    Bonne explication. Cela explique les délires sur Trump, c’est les Russes, le Brexit, c’est les Russes, le mouvement Cinq Etoiles, c’est les Russes…

      +10

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    • calal // 15.04.2018 à 13h55

      Tout a fait ca. Tous les francais ou europeens qui desesperent depuis des annees reprennent espoir en pensant a poutine, orban.

      Perso j’ai un poster de JAck MA plutot que de Bezos 😉

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  • Bellettre // 15.04.2018 à 10h40

    Il y a de la justesse et de la réjouissance dans l’analyse fine de monsieur Todd. A l’inverse de nos médias complaisants il aborde avec lucidité, sincérité, les vrais sujets cruciaux permettant de prendre de la hauteur vis-à-vis des événements que nous subissons. De plus, le bénéfice de ses recherches anthropologiques – notamment sur la Syrie et ses provinces – sont passionnantes et devraient être prises en considérations par les dirigeants ignorants de certains pays occidentaux dont la France fait partie. Je le rejoins lorsqu’il dit « nos élus ne sont plus patriotes » car pour ma part, je ressens de l’Etat Français l’ impression, désagréable, qu’il participe à la « chasse » à la « punition » des dirigeants des pays qui le sont. L’ exemple à l’encontre de la Russie et ou de son dirigeant est flagrant. Injuste !

      +9

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  • xavier37 // 15.04.2018 à 10h42

    Que ça fait du bien, les « pas de coté » et les regards derrière le miroir de Mr Todd. Merci Mr Todd. Faudrait l’envoyer enseigner à l’ENA pour que la prochaine génération de « zelite » voit le monde un peu autrement.

      +9

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  • lon // 15.04.2018 à 11h18

    Avec des gens comme Todd il y a encore de l’espoir en France .

    Merci aussi à M Berruyer pour son énorme travail sur ce dossier syrien

      +17

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  • Robin G // 15.04.2018 à 11h34

    En raison de ma surdité, je tiens à remercier les transcripteurs pour la transcription de l’interview.

    Cela me permettra de m’instruire et je suis sûr qu’il n’y a pas que moi qui en ai besoin.

    Encore merci

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    • calal // 15.04.2018 à 13h58

      il existe des programmes informatiques qui transforment un fichier sonore en texte ecrit et d’autres qui font l’inverse. Ils ne sont pas parfait mais font quand meme assez bien le job.

        +3

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  • LE GALL // 15.04.2018 à 11h56

    todd égal à lui-même: remarquable.
    j’imagine avec grand plaisir les têtes d’oeufs de france culture, se retrouvant avec un invité pareil sur les bras un matin comme celui-ci, alors même qu’il est trop tard pour le décommander, comme cela lui est arrivé plusieurs fois dernièrement (voir son interview par aude lancelin sur « lemedia »).
    comme beaucoup – et comme todd, donc, apparemment; chaque fois qu’un évènement de ce type (croque-mitaine russe, pour faire court) se produit, je me réfugie sur « russiatoday » (en anglais). jusqu’à il y a peu, je le faisais, en tant qu’abonné de canalsat, sur ma télé, canal 474.
    je suis dorénavant contraint de le faire sur internet, car ce fleuron de nos médias zimpartiaux – zobjectifs – gârants de la démôcrâsssie (bien accentuer je vous prie) a décidé de purement et simplement supprimer l’accès à la chaîne – sans prévenir, se justifier, et encore moins s’excuser, bien entendu …
    qu’elle est belle notre france
    à noter quand même le coup de maître de manu le petit: ce soir, plénel l’atlantiste forcené se retrouve obligé de lui passer les plats … 

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  • Michel B. // 15.04.2018 à 12h06

    Un petit élément élément « raisonnable et rationnel » sur les premières frappes : parmi les cibles principales il y avait le centre de recherche de Barzeh, où ce tweet nous enseigne que CIA, MI5 et Nord-Coréens ont oeuvré : https://twitter.com/Kapitol23/status/985183322103001088

    De mon point de vue Trump nettoie les ramifications de son Deep State, son PRINCIPAL ENNEMI. Et ses ramifications mènent jusqu’à Téhéran. Je vous invite à vous intéresser au parcours de Valérie Jarrett, Conseillère principale d’Obama à la Maison Blanche. Cet article de Politico éclaire aussi les alliances passées à défaire : https://www.politico.com/interactives/2017/obama-hezbollah-drug-trafficking-investigation/. La « guerre » de Trump est celle-là.

    Je trouve des analogies entre Poutine et Trump, à commencer par leur arrivée : ils sont arrivés au moment où leur pays, pour des raisons différentes, se trouvait au bord du nervous break down, puis ils lèvent un vent d’espoir dans leurs pays.

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    • Michel B. // 15.04.2018 à 14h35

      Merci Soizic pour ce bon conseil, je m’y efforce et je vous promets de redoubler d’effort.

      J’ai éteint ma TV il y a bientôt dix ans, je me suis extrait du rituel d’ouvrir les mêmes canards le matin, je ne m’intéresse plus à l’agenda de news des JT. Je sélectionne mes sujets et je creuse par moi-même, en ayant affiné au fil de l’eau la variété et la robustesse de mes sources. Et en réfléchissant au lieu de réagir comme je le faisais à mon époque TV.

      Il se trouve que le sujet Trump m’intéresse beaucoup, depuis sa victoire à l’investiture républicaine qui a éveillé ma curiosité. J’y consacre du temps, quotidiennement, depuis deux ans.

      Je ne prétends pas détenir une « vérité », je revendique simplement une bonne compréhension de sa doctrine et de ses finalités.

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  • FrédéricB // 15.04.2018 à 12h21

    Pour répondre à la question que pose E. Todd d’expliquer l’irrationalité des réactions occidentales anti-russes, je pense qu’il est bon de se référer à l’histoire : dans l’inconscient occidental, la Russie actuelle est confusément ressentie comme une sorte d’URSS moderne. L’irrationalité des réactions dénoncée par Todd reflète la persistence de la mémoire face à une évolution de la Russie que l’on a du mal à analyser. Il faut ajouter qu’il est quand même difficile de faire abstraction du fait que V. Poutine dirige la Russie d’une main de fer et que l’oligarchie qui lui est liée s’est enrichie en pillant les richesses nationales, lors du passage au capitalisme.

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    • Michel B. // 15.04.2018 à 14h04

      Certes, les amis oligarques de Poutine s’enrichissent, mais le niveau de vie de tous les russes ne cesse de progresser depuis son arrivée. Vous me direz qu’ils partaient de vraiment très bas, et c’est vrai, mais la tendance est importante.

      Car elle n’est pas du tout la même en Occident : la proportion de pauvres grandit dans les « démocraties » emblématiques, l’espérance de vie recule au Royaume-Uni.

      Au moment où Poutine a construit son système, celui du néo-libéralisme dominant occidental est en train de s’effondrer.

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    • Ben // 15.04.2018 à 15h33

      DE QUOI POUTINE EST-IL LE NOM ?

      https://www.youtube.com/watch?v=IOFIRyzK0LA

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    • Madudu // 15.04.2018 à 16h26

      Est-ce qu’on ne pourrait pas trouver une analogie avec un cas beaucoup plus ancien, ancré beaucoup plus profondément dans notre histoire : est-ce que la Russie n’est pas aujourd’hui la figure de la horde d’esclaves dociles menée par le roi Darius, homme qui règne sur un empire richissime et immense, contre les fiers et libres peuples grecs ?

      Je trouve que la représentation néocone du russe ressemble pas mal à celle que le grec avait du perse il y a 2500 ans.

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      • FrédéricB // 15.04.2018 à 16h52

        On pourrait aussi remonter au temps des tsars et se demander
        si Poutine n’est pas en fait un tsar des temps modernes. Si on pense que ce que dit Todd est juste, une telle analogie n’est pas injustifiée : le fond anthropologique est bien sûr le même (famille communautaire, place élevée des femmes) ainsi que la religion, et le pouvoir est également autoritaire.
        Faut savoir, on est « Toddien » ou on ne l’est pas…

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        • Madudu // 15.04.2018 à 17h51

          Je parlais de la représentation que les néocons ont de la Russie, pas de celle que Todd en a.

          Mais ça souligne une chose intéressante : les néocons voudraient faire passer la Russie pour un pays non seulement autoritaire mais aussi inégalitaire, socialement injuste.

          On nous explique que les oligarques ceci, la fortune de Poutine cela, le désespoir éthylique traditionnel ici, la résignation atavique là, …

          Alors qu’en effet Todd nous apprend qu’ils sont certes issus d’une tradition politique autoritaire, mais aussi égalitaire. Or l’égalitarisme c’est ce truc auquel la plupart des peuples aspirent et qui en même temps heurte violemment la sensibilité des convertis au libéralisme économique.

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  • Cruzz T. Batt // 15.04.2018 à 12h55

    Le caractère projectif, impulsif et illogique des actions occidentales est analysé et démonté avec méthode et entrain… cette interview est une vraie bouffée d’air frais !

    Heureusement que le paysage intellectuel français produit encore des gens de la trempe de Todd, cela prouve au sale pessimiste misanthrope qui écrit ces quelques lignes que l’espoir n’est encore pas tout à fait perdu.

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  • Patrique // 15.04.2018 à 13h19

    L’émission « l’Esprit Public » sur France culture ce matin était, comme d’habitude une émission où tous était d’accord pour dire que les bombardements sur la Syrie d’hier sont une chose formidable. L’absence de pluralisme est devenu la base du service public de radio télévision.
    L’effondrement trentenaire du système éducatif français se retrouve à France Culture comme à l’Elysée ou au quai d’Orsay.
    Et n’espérez pas une réponse si vous leur écrivez. Du haut de leur insuffisance ils ne vous répondront pas.

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    • Fritz // 15.04.2018 à 13h38

      Et du bas de notre résistance nous ne les écouterons plus. Sauf l’entretien avec E. Todd.

      En particulier ce moment où Todd avoue son désarroi face à la russophobie, cette fixation pathologique qu’il n’arrive pas à expliquer – ce qui est terrible pour un chercheur… Une russophobie sincère et qui mérite d’être analysée, Olivier Berruyer l’a convaincu à ce sujet (10’45 à 12’20) …

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    • jeanluc // 16.04.2018 à 21h27

      en effet avec France Désinfo – la CIA et le Quai d’Orsay vous parlent -, L’Esprit public est devenu une vraie caricature. L’antlantisme européiste et ultra-libéral jusqu’à la nausée.
      J’ai cessé de l’écouter tellement c’est convenu d’avance.

      Une « journaliste » sur Europe 1, plus hystérique que John Bolton et B. Netanyahu réunis, Agnès Levallois a fait un numéro ahurissant : nier les faits, ramener 2018 à 2011, parler des « Syriens » en bloc tous contre Assad bien sûr, insulter les contradicteurs, se faire plus sainte en « morale » que le pape et la Vierge Marie, traiter de « complotistes » tous les outrecuidants qui réclament des preuves, prétendre que les frappes sont « légales ». Pour elle, les vidéos twitter Youtube sont des « preuves », elle le « sait ». Elle doit encore croire (ou feindre de) qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak. Or tout ce qu’elle dit – qui est simplement ignorance et délire idéologique syrianophobe et russophobe – est un copié-collé de Le Drian. Ah oui elle a été au ministère de la Défense avant d’être « journaliste » et « spécialiste » (sic) de la Syrie.

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  • EchoGmt7 // 15.04.2018 à 13h23

    Quelle clarté!
    Quelle autorité!
    La journaliste intervieweuse est restée dans sa niche.
    Merci Emmanuel Todd

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  • Grand-père // 15.04.2018 à 13h27

    Cet exposé est une remarquable synthèse qui couvre des tas de sujets,qui mériteraient chacun d’être détaillés. Quel talent de dire autant de choses intelligentes en si peu de temps.

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  • Grand-père // 15.04.2018 à 13h33

    Cet exposé est une remarquable synthèse qui couvre des tas de sujets,qui mériteraient chacun d’être détaillés. Quel talent de dire autant de choses intelligentes en si peu de temps.

    Et la journaliste qui rame pour tenter de le ramener dans la « bonne direction » ! trop drôle comme disent les jeunes !

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  • Goudal // 15.04.2018 à 13h46

    Merci Emmanuel Todd d’expliquer la russephobie qui prévaut en occident.Il rejoint ainsi malgré lui sans-doute la position de Mélenchon. Dommage qu’il se situe toujours et encore comme défenseur du monde anglo-américain alors que tout ces écrits démontrent la différence anthropologique essentielle qui nous sépare. Les structures familiales anglo-américaines sont nucléaires absolus donc inégalitaires. Les structures familiales en Europe du Sud sont majoritairement nucléaires égalitaires, égalitaires comme les sociétés communautaires russes.
    Hormis l’Europe du Nord souche, il existe un espace européen spécifique ni anglo-américain ni communautaire qui peut s’affirmer politiquement hors de l’espace anglo-américain.

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  • bluetonga // 15.04.2018 à 14h09

    Particulièrement jouissif, chaudement recommandé! Peut-être son dernier sur une radio publique vu la désinvolture éléphantesque avec laquelle il écrabouille méthodiquement les poncifs médiatiques balancés sur son chemin. Je pense discerner une pointe d’ahurissement dans les interventions de ses interlocuteur-trice, comme s’ils nourrissaient toujours l’espoir que ce soit plutôt du second degré.

    Todd m’irrite parfois avec ses théories une peu marc-du-café pour expliquer l’actualité et toute l’actualité, et surtout, par son adhérence têtue à une vision idyllique et fantasmée des démocraties anglo-saxonnes (dont il semble doucement se désintoxiquer). Mais cet interview est un pur moment de bonheur et je lui présente ici mes plus sincères remerciements pour cette bouffée d’oxygène dans le marasme putride de notre presse lobotomisée.

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  • Scytales // 15.04.2018 à 14h42

    Cette intervention d’Emmanuel Todd est d’une rare clarté pour appréhender le monde qui nous entoure.

    A ce sujet, je me permets de signaler la fondation d’un nouveau cabinet de réflexion stratégique français autour de Caroline Galactéros et d’Hervé Juvin, Geopragma, comme outil pour tenter de ré-ancrer dans le réel plutôt que le fantasme l’analyse stratégique en France.

    Les deux interventions inaugurales de la présidente et du vice-président de ce cabinet :

    https://www.youtube.com/watch?v=0cIYjQ0Gas4&t=3s
    https://www.youtube.com/watch?v=rn6XK_RjsEg

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  • Mr K. // 15.04.2018 à 14h52

    La raison principale de cette russophobie occidentale exacerbée est peut-être que la Russie s’impose de plus en plus comme le plus grand rival géostratégique des États-unis.

    Rappelons que la dissolution de l’Union soviétique le 26 décembre 1991 consacrait pour les élites américaines leur victoire totale. Il était même question de la « fin de l’histoire »…

    Dès février 1992 la couleur était annoncée concernant la politique extérieure américaine. Par ce qui a été appelé par la suite la « doctrine Wolfowitz ».

    https://en.wikipedia.org/wiki/Wolfowitz_Doctrine

    Pour le néoconservateur Wolfowitz, sous-secrétaire à la défense de Bush père, la nouvelle doctrine de « défense » américaine devait consister en :

    « par une politique d’unilatéralisme et d’actions militaire préventives, supprimer les menaces potentielles par d’autres nations et empêcher toute autre nation d’accéder au status de superpuissance ».

    L’existence d’une Russie rivale géopolitique est pour les élites des États-unis, chaque jour qui passe, la preuve matérielle insupportable de leur échec. D’autant qu’ils pensaient posséder la Russie, fut un temps.

    Ce qui est en jeu à terme est la survie du dollar comme monnaie internationale. Sans lui, le système monétaire anglo-saxon s’effondre, leur puissance avec. C’est de la plus haute importance pour eux.

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    • Cruzz T. Batt // 15.04.2018 à 22h06

      Le dollar comme monnaie étalon mondial indiscutable, c’est déjà du passé.

      La seule question qui prévaut pour lui est de savoir s’il est en mesure d’encaisser la concurrence du pétro-yuan/or ou si cette confrontation va le rabaisser au niveau de ce qu’il devrait représenter, au regard de la colossale dette de son émetteur, c’est-à-dire à celui d’une monnaie de singe.

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      • Cruzz T. Batt // 15.04.2018 à 22h08

        Tandis que la Chine conteste les visées hégémoniques US dans le domaine de l’économie, la Russie prouve, elle, qu’une nation souveraine peut refuser de courber l’échine sur les questions de politique internationale. Elle prouve qu’un équipement et des effectifs militaires pléthoriques ne font pas tout. Elle prouve que la parole donnée d’un Etat peut avoir de la valeur, pour peu que celui-ci s’en montre digne. Elle prouve que la coopération et la stratégie entre Etats peuvent mettre en échec un adversaire, pourtant bien plus puissant, mais ne comptant que sur sa force brute et son cynisme. Elle prouve — comme le souligne fort justement E. Todd — que des contre-modèles à la globalisation néo-lib sont possibles et que leur existence est même salutaire.

        L’exemple qu’est devenue — sans le vouloir — la Russie de Poutine est avant tout le reflet de l’effondrement éthique des pays occidentaux et de la perte de sens du modèle capitaliste devenu essentiellement prédateur.

        Un autre monde est possible, selon un poncif progressiste.

        En fait, bien d’autres mondes seraient possibles si l’Ouest ne constituait pas aujourd’hui le principal frein à leur émergence, au point d’entraîner la planète toute entière vers l’abîme.

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        • Michel B. // 16.04.2018 à 00h36

          Merci pour cette vision très clairement exprimée.

          La doctrine partout instaurée par les globalistes est bousculée par les ruades successives de Trump vis à vis des instances internationales. Par exemple l’OMC se retrouve assez largement vidée de sa substance avec les négociations bilatérales d’un acteur moteur.

          Que des discussions de gré à gré se substituent à un ordre suprême ne peut pas être mauvais pour la raison et le sens produit.

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  • Julie // 15.04.2018 à 15h07

    Excellent Todd! certains à FC vont en tomber malade!

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    • Fritz // 15.04.2018 à 15h18

      Il faut reconnaître à France Culture le mérite d’avoir invité Todd, et de l’avoir laissé parler.

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  • SARTON Bernard // 15.04.2018 à 15h25

    La Russophobie est une sottise et ampute le cerveau d’une réflexion intelligente et constructive . Les russes ont une civilisation de qualité avec leur langue , leur religion orthodoxe , leur marxisme léninien et leur ancrage rural et culturel millénaire . Poutine est un compromis de toute cette culture historique avec une force de frappe militaire héritée de l’URSS et un KGB-FSB d’une redoutable efficacité . Ce pays immense avec des dizaines d’ethnies et 9 habitants au km2 a donc un avenir dynamique par son étendue géographique et ses réserves de matières premières incalculables . Son seul défi c’est la démographie avec 150 millions d’habitants , ce qui est très peu ; Son alliance avec le Chine Communiste va l’aider à combler cet handicap . Alors face à ce colosse les pays occidentaux en déclin cherchent à freiner son développement par une agressivité démesurée qui ne peut que plonger l’humanité dans un désastre apocalyptique . Le réveil des peuples d’occident est nécessaire pour empêcher les castes au pouvoir d’essayer l’aventure militaire nucléaire . Cette crise du capitalisme permanente en fin de vie historique, comme l’avait prévue Karl Marx ,est dangereuse et même suicidaire si les peuples continuent de dormir . Alors réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard …

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    • Marc Michel Bouchard // 16.04.2018 à 05h26

      En dehors du fond: white anglo saxon protestant que j’ai exprimé par arguments sur l’hostilité antirusse. On peut dire que le premier duo angloaméricain puis son extension australienne, canadienne hors Québec francophone, que ce duo a peur de voir son imperium économique et culturel éventuellement qu’il ne subisse la chute. Des fantasmes de chute habitent l’oligarchie et des fantasmes c’est virulent. La peur de perdre l’usage international du dollar par la Russie, la peur devant l’alliance entre la Chine et la Russie et y compris son complément iranien.
      E.Todd le sait bien que la peur nourrit la pulsion antirusse. La prétention universaliste américaine est contenue dans le logiciel impérial de la culture américaine qui se voit l’ordre contre le chaos qui là est vu russe plutôt que communiste hier. Les Américains sont les Romains d’aujourd’hui. Puissance du latin avant hier, de l’anglais de nos jours. Il faut faire les correspondances.

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  • Ben // 15.04.2018 à 15h56

    A propos de la russophobie, cette bizarrerie me rappelle ce que disait Jankélévitch à propos de l’antisémitisme: la phobie et la haine de celui qui est PRESQUE semblable, et qui par conséquent n’est PAS semblable.
    C’est par excellence l’altérité dont il faut se méfier, c’est l’imperceptiblement AUTRE qu’il faut désigner nommément pour qu’on le reconnaisse comme ennemi.
    En effet, pourquoi des types comme Poutine et Lavrov qui ont des têtes quelconques de ministres de l’espace euro-américain s’acharnent-il à être AUTRES que ce qu’ils devraient être ? C’est tout à fait intolérable.

    Quelqu’un plus haut dans cette discussion rappelait que Hitler détestait les Slaves. Les nazis détestaient les Juifs et les Slaves. C’est un fait incontestable.

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  • Roger // 15.04.2018 à 16h21

    J’ai perçu « l’intelligence » de Poutine , il y a déjà longtemps, lors de cette répartie à GW Bush, dont l’ironie et la pertinence n’ont pas échappé aux journalistes présents qui s’esclaffent de bon coeur:
    https://www.youtube.com/watch?v=byY-BRNiAHQ

    Depuis, j’ai constaté à chaque fois , que les interventions de Poutine, comme celles de Lavrov, ou celles des représentants Russes à l’ONU, sont en effet d’une qualité qui enfonce nos pantins , comme le souligne très justement E.Todd.

      +8

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  • Duracuir // 15.04.2018 à 17h25

    Super interview.
    Bravo quand même à la journaliste qui a réussi le prodige de canaliser notre grand E.T. et en tirer ainsi le meilleur. Jamais entendu E.T. si précis, concentré, sans infinies digressions, sans hésitations, sans longs silences ni « heuuuu ». Super.

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  • FrédéricB // 15.04.2018 à 17h43

    Je trouve particulièrement sympa ce que Todd dit des cheminots, a la fin de l’interview : il a parfaitement raison et il le dit bien.
    Par contre, je trouve un peu ridicule sa recommandation de lire les textes de Lavrov et Poutine et son appel à aller sur le site de RT France « pour comprendre à peu près ce qu’il se passait » : comment ne se rend-t-il pas compte qu’il s’agit de propagande d’Etat, à prendre, autant que celle du Monde, de France Inter ou de l’AFP, avec des pincettes ?

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    • ccondamy // 15.04.2018 à 19h41

      E Todd précise bien qu’il a sur RT à la fois les nouvelles mainstream et les nouvelles dpv russe ce qui permet de se faire une vue plus exacte .

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  • destin // 15.04.2018 à 17h57

    Il manque la traduction écrite à partir de la 17 »45 où Mr TODD explique la situation de guerre de la Syrie

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  • Duvernoy // 15.04.2018 à 19h56

    Super Todd, comme toujours. En voilà au moins un qui cherche à comprendre réellement ce qui se passe plutôt que de nous bassiner avec les grandes déclarations à la mord-moi-le-noeud des brigands qui nous gouvernent et nous leurrent.
    J’ai adoré la fin de la vidéo sur Macron. Il a entièrement raison: celui que l’on devrait appeler le nullâtre ne sert à rien, ou plutôt si, il sert à tondre encore un peu plus les classes populaires, il met à un niveau jamais atteint le syndrôme de la rapacité.

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  • Loki // 16.04.2018 à 00h22

    Super ! Lui aussi il n écoute plus Macron ! Je me sens moins seul ! Et les textes de Poutine ou Lavrov sont d un haut niveau ! Et dispos sur les crises !
    Le dernier ouvrage de Todd je le recommande car il fait du bien a l esprit critique !

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  • Marc Michel Bouchard // 16.04.2018 à 04h55

    Le comportement anti-Russie des anglo-américains ou anglophones peut être expliqué de par la révolution anglicane et surtout protestante qui déterminerait pour les anglophones que tout ce qui ne viendrait pas de leur conception de la conscience personnelle et de l’usage des libertés appartiendrait aux fossoyeurs des libertés. On parle plus que d’une philosophie ici, on parle d’une conception du monde développée d’abord par des sectes et qui inclut une sorte de xénophobie fermé à l’extérieur. L’église catholique a été la première cible des Britanniques du 17ème siècle, L’empire anglais s’est forgé en partie dans la guerre contre les papistes français comme les Amérindiens rencontrés en Amérique ne pouvaient être -moraux- et avoir le droit de garder leurs terres. Les É.U ont prolongés dans le mou ou souvent dans le dur, toute cette conception dont le protectionnisme culturel depuis Hollywood certes plus léger qu’une guerre, témoigne en durée d’un refus de l’autre s’il n’adopte pas -l’amitié- avec les valeurs américaines. La Russie indocile et souveraine a perdu donc de son -humanité- pour l’anglophone US qui croit connaître une élection par le progrès technique et qui voit dans l’autre non américanisé celui qui détruirait les libertés et la civilisation. Voilà ma réponse à E.Todd sur le rejet russe, qu’il mesure son anglophilie en égard pour lui, car avec l’oligarchie US qui reste majoritairement peu ouverte à l’État protecteur, à la démocratie populaire. Le Brexit probable atténué, celui ci reste insuffisant pour juger d’une vraie révolution dans le monde anglophone. Washington est toujours aux mains des lobbyistes et groupes libéraux. Voir le film Mme ou Miss Sloane (2016) sur le milieu du congrès et les lobbystes.

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  • Rosa // 16.04.2018 à 13h24

    Quel plaisir de retrouver l’Emmanuel Todd des grands jours ! Lucide, courageux, égal à lui-même quoi ! Avec en prime une petite pointe de modestie qui lui donne un charme fou.

    Heureusement que ce pays qu’est la France compte encore quelques intellectuels de haut niveau, aussi intelligents que sensibles, et qui parviennent à garder la tête hors de cette fange élitiste nauséabonde.

    Et merci également à Olivier Berruyer de permettre à ce site d’utilité et de salubrité publiques d’exister.

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  • SARTON Bernard // 16.04.2018 à 14h28

    Très bonne analyse de Todd sur le monde occidental qui devient dangereux . On peut simplement regretter qu’il ne condamne pas le capitalisme en crise et qui est la cause de tous les disfonctionnement de la planète . Son analyse anthropologique est d’une grande vérité et sur ce sujet c’est un savant de très grande valeur pour la France . Le cadre National est bien entendu absolument nécessaire pour une politique en liaison étroite avec les besoins du peuple et je ne crois pas qu’on peut exclure de l’avenir des peuples une société de type communiste succédant à la société capitaliste comme l’a envisagé Karl Marx . L’exemple URSS a démontré que ce n’est pas une bande d’apparatchiks qui peut amener le bonheur au peuple . L’autogestion ouvrière et paysanne reste fondamentale pour une économie socialiste-communiste harmonieuse et efficace . Chaque Nation doit l’expérimenter à sa manière en fonction de son histoire . Et là Emmanuel Todd est d’une grande utilité sur les aspirations populaires face aux riches qui s’accrochent à leurs privilèges d’une manière vénale et égoïste , ce qui développe à leur encontre une « haine » populaire qui peut engendrer des violences dramatiques comme en 1789 ou même pendant la résistance de 39/45 . la crise actuelle du capitalisme me rappelle la fin de la crise de la féodalité avec ses nobles repus et fainéants . Attention les oligarques ,votre heure est à mon avis venu de céder la place à une autre classe dite populaire qui continuera l’histoire humaine avec plus d’efficacité et de fraternité .

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  • Rp // 16.04.2018 à 22h35

    Où peut-on trouver ces textes de lavrov et Poutine dont parle Todd?

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    • JC // 16.04.2018 à 23h21

      Sur notamment un site que la censure automatique du blog m’empêche de te passer, et qui recense les interventions, discours, résolutions, etc. traduites en français et bien d’autres langues, des principaux acteurs géopolitiques.

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  • lilly // 17.04.2018 à 11h07

    magnifique interview, tout est dit!

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