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13.juillet.202013.7.2020 // Les Crises

Emmanuel Todd : Le souverainisme, grand gagnant de la crise ?

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Source : France Culture

Le souverainisme, grand gagnant de la crise ? On en parle avec Emmanuel Todd, historien, démographe et anthropologue, à l’occasion de la parution au Seuil de la revue « Par ici la sortie ! », à laquelle il contribue.

Emmanuel Todd est docteur en histoire de l’université de Cambridge, anthropologue et chercheur à l’Institut national d’études démographiques (INED).

Je ne me considère pas comme un intellectuel. Je suis un chercheur, et je suis intervenu occasionnellement dans le débat parce que j’avais le sentiment d’avoir mis la main empiriquement sur des choses intéressantes que les gens n’avaient pas pour comprendre.
(Emmanuel Todd)

Ce 18 juin paraissait au Seuil le premier numéro de Par ici la sortie !, nouvelle revue qui réunit de grands noms du monde intellectuel pour penser la crise du Covid-19. Aux côtés de Thomas Piketty, Eva Illouz, Michelle Perrot, ou Corine Pelluchon, Emmanuel Todd y a lui-même contribué à travers l’article « La défaite (pas si étrange) de nos élites », où il revient en outre sur la mauvaise gestion de la crise du Coronavirus par les pouvoirs publics en France.

« Gouverner c’est choisir », c’est la formule de Mendès France. Aujourd’hui, en France, gouverner c’est mentir : sur les bénéfices de l’euro, sur le bien-être que va nous apporter la globalisation… […] Quelque chose de formidable s’est passé dans cette épidémie : on a vu le mensonge en direct.[…] Quand il n’y a pas de masque parce qu’on n’a plus d’industrie, on est pris en flagrant délit de mensonge.
(Emmanuel Todd)

Selon lui, le Covid-19 ne changera pas notre trajectoire historique, mais il va bien agir comme un révélateur et un accélérateur des vérités nationales. Par exemple, il note que la plupart des décès ont eu lieu dans le Grand Est et la région parisienne, et 30% dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes, Paca et Bourgogne-Franche-Comté. Des zones qui dessinent ce qu’il nomme la carte de la « France des tempêtes », celle qui est bousculée par les crises industrielle ou migratoire, par contraste avec la France « abritée » et plus favorisée de l’Ouest.

L’épidémie de sida avait été un bouleversement beaucoup plus grand que cette épidémie.
(Emmanuel Todd)

Selon lui, la pandémie montre la primauté de l’appareil industriel sur la monnaie, les pays n’ayant pas pris soin de leur industrie étant les plus durement touchés par cette crise, car ne disposant pas de l’équipement nécessaire à la lutte contre le Covid-19 : la France, l’Angleterre… en opposition à des pays comme l’Allemagne ou la Corée. Surtout, il craint un « vrai risque d’explosion sociale », non plus une lutte des classes civilisées pour répondre à l’incompétence qu’il dénonce des dirigeants, mais une véritable guerre civile en France.

Pour les pays avancés, le problème n’est pas d’arriver à la conclusion logique que seule la nation peut agir, mais d’avoir chez les citoyens de l’ensemble d’un pays, et pas seulement dans les classes dirigeantes, un substrat de sentiment collectif qui permet de mettre les choses en place. […] Qu’est-ce qui fait qu’on est incapable de croire ensemble en un but commun, même si, en gros, on est d’accord?
(Emmanuel Todd)

A l’heure où certains déplorent que le qualificatif « Rouge-brun » soit utilisé à tout va, notamment à l’encontre de Michel Onfray, qui, le 23 juin, publie de son côté le premier numéro de sa revue Front populaire pour donner naissance à ce qu’il nomme « l‘union des souverainistes de droite, de gauche, et d’ailleurs« , Emmanuel Todd s’est lui-même vu reprocher des prises de position souvent polémiques. Dans l’utilisation du terme «fascistoïde», par exemple, pour décrire le climat actuel. Terme qu’il maintient, lui qui prévient que la crise du covid-19 pourrait mettre à mal la « légalité républicaine » en jouant de cette atmosphère de désordre et de peur.

A noter que Emmanuel Todd publie Eloge de l’empirisme. Dialogue sur l’épistémologie des sciences sociales (CNRS, 2020), un dialogue entre lui et plusieurs sociologues (Morgan Jouvenet…) et épistémologues, emmenés par Marc Joly. L’occasion, notamment, de revenir sur son parcours et sa méthode de recherche.

Source : France Culture

Commentaire recommandé

Morne Butor // 13.07.2020 à 09h20

Assez d’accord avec vous pour mettre E. Todd dans la catégorie des grands intellectuels, quoi que ça veuille dire. Cependant, il ne faut pas lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. Quand E. Todd dit « on a vu le mensonge en direct », cela signifie seulement que même les moins éclairés d’entre nous ne peuvent plus ignorer les mensonges de nos gouvernants. Par là même, il dit que nombreux savaient déjà ces mensonges, y compris la plupart des grands intellectuels, même les plus endoctrinés d’entre-eux. Mais qui écoute encore les grands intellectuels ?

36 réactions et commentaires

  • jules Vallés // 13.07.2020 à 07h34

    « Gouverner c’est mentir »
    Nos gouvernants sont des menteurs pathologiques…en fait nous vivons dans un pays sous addiction, les politicards sont des dealers de mensonges, et la plupart consomment ce qu’ils distribuent, et une grande majorité de nos « con-citoyens » sont des consommateurs compulsifs !
    La France ce n’est pas « Disneyland » mais plutôt « PINOCCHIOLAND »…

      +31

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    • Bruno // 13.07.2020 à 10h29

      A ce propos savez vous quand un homme politique ment ?
      Facile, c’est quand il ouvre la bouche …

        +18

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    • Cording // 14.07.2020 à 07h52

      Gouverner c’est prévoir. Donc nous ne sommes pas gouvernés mais gères par une bande d’incapables, ou plus exactement par une classe dirigeante qui s’est mise volontairement dans l’incapacité de peser sur le cours des choses, UE oblige.

        +7

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  • LibEgaFra // 13.07.2020 à 07h47

    « Quelque chose de formidable s’est passé dans cette épidémie : on a vu le mensonge en direct.[…] Quand il n’y a pas de masque parce qu’on n’a plus d’industrie, on est pris en flagrant délit de mensonge.
    (Emmanuel Todd) »

    Ah bon, c’est seulement maintenant que les grands intellectuels se rendent compte que le mensonge est une méthode de gouvernement? Il était temps, plus que temps. On le sait depuis un certain jour de novembre 1963. On le sait depuis « 1985 ». On a seulement voulu faire croire que ce sont les autres qui mentent, un autre mensonge cela va de soi. On a voulu faire croire que l’occident était le camp du bien, de la « démocratie », des droits de l’homme, bref tout un arsenal « moral » qui donne licence d’agresser et de massacrer tout pays souverain pour le soumettre à la tyrannie de la « démocratie » et du grand capital que sont les multinationales.

    Mais chut! Je suis un « con-plooootiste », nouveau gimick pour tuer dans l’oeuf toute vérité pas bonne à dire!

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    • Morne Butor // 13.07.2020 à 09h20

      Assez d’accord avec vous pour mettre E. Todd dans la catégorie des grands intellectuels, quoi que ça veuille dire. Cependant, il ne faut pas lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. Quand E. Todd dit « on a vu le mensonge en direct », cela signifie seulement que même les moins éclairés d’entre nous ne peuvent plus ignorer les mensonges de nos gouvernants. Par là même, il dit que nombreux savaient déjà ces mensonges, y compris la plupart des grands intellectuels, même les plus endoctrinés d’entre-eux. Mais qui écoute encore les grands intellectuels ?

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      • jmathon // 13.07.2020 à 11h15

        Et Emmanuel Todd dit également qu’il ne se considère pas comme un intellectuel mais comme un chercheur… pour dire qu’il ne s’autorise à intervenir publiquement que pour faire de la vulgarisation (une des missions de l’enseignant-chercheur) à partir de résultats qu’il considère comme significatifs de ses recherches.
        Cela dit, s’il répond (en général et en particulier ici) quand on l’interroge sur d’autres sujets, l’objet de son interview consistait en une forme d’éloge de l’empirisme.
        Du coup, je ne peux que me réjouir que cette interview fasse l’objet d’une publication sur ce blog même si je ne connais pas les intentions qui ont conduit à celle-ci.

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      • reneegate // 13.07.2020 à 22h09

        Oui avec un peu plus d’écoute ça sonne vraiment plus fort.

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    • Fernet Branca // 13.07.2020 à 17h31

      John Kennefy avait pourtant fait le job antirouge : débarquement de la baie des cochons , crise des missiles, l’amorçage de la guerre du Vietnam
      Il n’aura pas vu le bourbier vietnamien et indochinois se développer.

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  • Michel LEMOINE // 13.07.2020 à 08h56

    Le dénigrement des « élites », l’antiparlementarisme, tiennent lieu de pensée chez certains. Car nous sommes dans une période de crise. Et toute crise est un moment de tensions sociales fortes. Comme toujours ce sont les classes dominantes qui sont à l’offensive. Elles sont mieux organisées politiquement, plus conscientes de leurs intérêts. Elles vont vers plus d’intégration, plus d’Europe. Le souverainisme qui leur est opposé n’est guère réfléchi. E Todd a au moins le mérite d’en faire une question à approfondir.

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    • Anouchka // 13.07.2020 à 10h25

      Il faut en effet toujours faire bien la différence entre « classes dominantes » et « élites »

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    • Jérôme // 13.07.2020 à 17h08

      Les classes dominantes ont surtout le pouvoir grâce aux armes de la police et de l’armée. Les politiciens peuvent faire ce qu’ils veulent, ils ont le pouvoir depuis longtemps et le garderont aussi longtemps qu’ils seront protégés contre le peuple. Il n’y a pas de raison que le souverainisme ne soit pas moins bien réfléchi que l’ensemble de la doctrine du gouvernement qui n’est qu’une suite de mensonge et de violence contre la population. On peut effectivement discuter longtemps du sexe des anges mais au fond, y-a-t-il encore des gens qui croient que le gouvernement travaille pour l’intérêt de la Nation? J’en doute car il faudrait être sincèrement naïf ou de très mauvaise fois. Nous ne pouvons rien faire contre ce gouvernement en place depuis bientôt 40 ans, les noms et les visages changent régulièrement pour mieux nous faire croire à l’alternance mais on sait bien que le gouvernement est inamovible et on doit se résigner et se soumettre ou risquer la mutilation, la prison et la mort.

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      • Michel LEMOINE // 13.07.2020 à 17h27

        « Nous ne pouvons rien faire contre ce gouvernement « .
        En disant cela vous confirmez que l’hégémonie culturelle est bien plus importante que la domination armée. Elle pénètre jusque dans les consciences. Pour la vaincre il faut mener une bataille de tous les instants, une bataille contre les mots qui masquent la domination, en efface les contours. Les expressions comme « les éltes » par exemple. Et quand on lit les commentaires sur Les Crises on se dit qu’il y a du boulot.
        E Todd fait sa part, comme Lordon, mais ils ne sont ni Marx ni Lénine !

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        • christian gedeon // 15.07.2020 à 03h12

          Ah vous en êtes encore au gros plein de soupe barbu et au chauve sanguinaire? Poutine dirait que vous n’avez pas de tête.

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      • Fernet Branca // 13.07.2020 à 17h38

        Les classes dominantes ont d’abord la presse et les mediaspour intoxiquer le bon peuple et bon nombre d’intellectuels font la bonne propagande et c’est grâce à cela qu’ils sont connus.

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      • Marcouboy // 13.07.2020 à 22h11

        Le vrai pouvoir est à Bruxelles, c’est pourquoi il est uniformément appliqué par nos Présidents successifs qui ne rmettent jamais en cause cette question cruciale. Emmanuel Todd en parle aussi. Je suis étonnée que personne n’ai relevé !

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      • Subotai // 14.07.2020 à 21h25

        «  »Nous ne pouvons rien faire contre ce gouvernement en place…  »
        **********
        Évidemment, puisque c’est NOUS qui le MAINTENONS en place.
        Ah, TINA, toujours TINA..!

        PS: pas plus tard qu’hier, discussion avec un ami, qui a voté Macron, qui est désespéré de la situation et de l’action gouvernementale Macroniste, qui reconnait qu’ils ont merdé.
        Et vous savez quoi?
        Il est prêt à revoter Macron en 2022…
        Mais, pour qui tu veux que je vote..? me dit il..!!!!
        Nous aurons ce que nous aurons mérité.

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        • yaglourt // 16.07.2020 à 14h35

          Votre ami de droite peut tjrs voter LR.
          Pas génial mais au moins ce ne sont pas des sociopathes.

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    • Cordialement // 14.07.2020 à 10h32

      Il n’y a rien à appronfondir! Quoi! Si les peuples voulaient être souverain ils le seraient depuis belle lurette. Les gens ne sont pas des penseurs, des décideurs et ont horreur du risque! Une belle promesse même complètement irréaliste trouvera toujours plus d’électeurs qu’une réalité à construire à force d’intelligence et de quelques sacrifices.
      Rappelez vous le mouton; bien dans son parc bien dans l’assiette.

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  • Les-CRIs // 13.07.2020 à 09h03

    C’est un sentiment de souverainisme.
    Et un désir de souverainisme.
    Mais la réalité ?

    Vous pensez vraiment que les populations vont mettre en place et pratiquer une hygiène numérique digne de ce nom, qui les mettront à l’abri de la centralisation et la mondialisation des services numériques ?

    Le numérique, tel qu’il est pratiqué, et dont raffole les populations (tous pays confondus, visiblement), se fait par la centralisation et la mondialisation.
    Qui a envie de faire autrement, à part Framasoft et quelques autres qui proposent de la vraie hygiène numérique ?

    En dehors des sentiments de souverainisme, la réalité est, et sera probablement, une mondialisation…
    Un des ingrédients majeur sera le numérique tel qu’il est pratiqué.

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    • pseudo // 14.07.2020 à 09h00

      > Qui a envie de faire autrement, à part Framasoft

      le type qui a inventé le protocole torrent. Les chercheurs qui ont inventés le réseau tor. Ceux qui nous ont donné la dht. L’homme masqué qui nous a donné le bitcoin avec sa blockchain. Torvalds qui a fait et distribué linux. Rob Pike et Kenneth Thompson pour l’utf8. Mais avant cela les chercheurs qui ont établi les premiers réseaux. N’oublions pas l’armée d’anonyme qui créent et maintiennent des langages, portent des librairies, fournissent du support. Tout cela gratuitement. Tout cela à la base d’une révolution industrielle et de nos mode de vies. Comme quoi…

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      • Les-CRIs // 14.07.2020 à 20h02

        Oui ! c’est vrai !
        et heureusement qu’ils sont là.

        Je parlais pour la population, du coté des utilisateurs, et de manière un minimum consciente.
        Ca ne se presse pas au portillon.
        Linux ? c’est quoi ?
        Un logiciel libre ?

        A part quand les gens utilisent un linux qui est dans leur box adsl, … sans le savoir.
        Ou VLC…. sans savoir que c’est du libre.

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  • RGT // 13.07.2020 à 09h30

    Le mensonge comme stratégie de gouvernement n’est pas nouveau…
    Il suffit simplement de se rappeler que la guerre des gaules n’avait pour seul objectif que la conquête du pouvoir par Jules César…
    Sans le mensonge généralisé à tous les niveaux de l’état, comment croyez-vous qu’un pouvoir central pourrait s’imposer à l’ensemble de la population et assurer sa propre survie ?

    Et le pire, c’est que tous ceux qui mentent pour maintenir ce système de gouvernance en place sont persuadés qu’ils le font en toute sincérité, au nom de « l’intérêt général » ou des « valeurs de l’état ».

    Pourquoi croyez-vous qu’une telle haine existe dans TOUS les systèmes politiques centralisés à l’encontre des anarchistes ?
    Certes, les « anars » vont « supprimer leur boulot », mais surtout ils vont mettre à bas leur croyance mystique dans les « bienfaits » de la gouvernance par des « élites omniscientes » qui imposent aux « imbéciles de la base » une « vision » d’une société stable et bien organisée qui devrait durer des millénaires.

    Quand on confie son sort à des types qui n’ont pour seul objectif que de faire perdurer un système dans leur propre interrêt et conforme à l’idéologie dans laquelle ils sont plongés depuis leur naissance il ne faut pas s’étonner ensuite d’être mené en bateau et de devoir avaler des couleuvres plus longues que notre tube digestif.

    Tout gouvernement centralisé n’est rien d’autre qu’une dictature.
    Particulièrement s’il est impossible aux citoyens de pouvoir intervenir dans les décisions unilatérales des « élites ».

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    • pascalcs // 13.07.2020 à 11h38

      D’accord sur bien des points de votre analyse. Le mensonge au coeur des principes de gouvernance est vieux comme le monde. Par contre, son degré d’utilisation est très variable en fonction d’un certain nombre de critères.
      1. Plus l’état est gros, plus il est tentant d’utiliser le mensonge. Ceci résulte de la nécessité du contrôle du « troupeau » de fonctionnaires qui servent l’etat et de le formater suivant une logique permettant d’anticiper son comportement, et donc sa manière de penser.
      2. Plus l’état est complexe dans son fonctionnement, plus l’opportunité d’utilisation du mensonge se présente. Mettre a jour un mensonge nécessitera ici une approche de dialectique quasi « Hégélienne » qui se transformera en un débat d’experts. Au final, le mensonge est masqué par le caractère abscon du langage menant « largage » des populations arbitres.
      3. Le mensonge n’est pas l’apanage des seuls gouvernants. La pratique est quotidienne dans la comm des entreprises. Dans ce cas, le mensonge prend bien entendu diverses formes mais, au final, c’est endémique leur fonctionnement.
      Alors qu’en tirer comme conclusion?
       Dans la transparence et la simplicité, il est difficile de mentir. C’est pourquoi les politiques et les gouvernances les plus efficaces sont locales; elles permettent une plus large participation et des décisions rapides. Hélas, ces structures vont à l’opposé des souhaits des psychopathes mégalos que nous remettons au pouvoir élection après élection. Au final c’est bien nous les responsables du mensonge.

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    • pseudo // 14.07.2020 à 09h09

      on en revient surtout à la racine du problème. Le mode d’élection compétitif mis en place pour **simuler** la démocratie. cf les travaux de chouard et aussi de toqueville qui avait tout vu. Ils ne peuvent pas se permettre de dire la vérité de leurs erreurs se serait aller à contre sens de leur désir d’humain de conquérir le pouvoir pour satisfaire à leurs dissonances cognitive. Quand quelqu’un demande sa voix à un électeur faut toujours se demander ce qui le pousse à se sacrifier pour subir les épreuves d’une campagne électorale.

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  • jean-pierre.georges-pichot // 13.07.2020 à 10h33

    Emmanuel Todd : toujours divertissant. Critique des gouvernants successifs, et avec beaucoup de verve. Dans mon panthéon personnel, placé à côté de Jean-François Revel, brillant dans le passage d’un anti-gaullisme systématique à un pro-américanisme problématique : ce qui sonne comme un signal d’alarme. EM, ou Revel, c’est comme Voltaire qui fait rire de Rousseau, assis sur ses rentes. Bilan de la pensée E Todd sur le fond ? La critique est plaisante mais facile. Traiter Sarkozy, Hollande et Macron d’ineptes et dangereuses canailles, c’est enfoncer des portes ouvertes avec un frisson d’irrévérence. Succès public garanti, en dépit des exclusions médiatiques. Par ailleurs, référence insistante à des percées en anthropologie que le petit personnel médiatique ne se risque pas à contester, par peur des morsures… Mais la contradictions est massive : d’où son désarroi lorsqu’il constate que toute réaction anti-autoritaire et anti-ploutocratique est empêchée par la coupure entre banlieues islamisées et France périphérique. Il devrait être le dernier à s’en étonner, après avoir construit sa carrière sur la thèse de la permanence et de la prégnance des structures mentales ancestrales, tout en s’aveuglant avec son compère Hervé Le Bras sur la réalité de l’immigration qui a profondément et irréversiblement transformé la psychologie collective du pays. Quel peut être le sens du mot « souverainisme » quand une proportion considérable des milieux populaires a pour référence une identité religieuse universaliste et mondialisée ?

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    • Anouchka // 13.07.2020 à 14h46

      Comment définissez -vous la « psychologie collective du pays »?

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      • pseudo // 14.07.2020 à 09h11

        fracturée avec des horizons de compréhensions et de solutionnement divergeant.

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      • Spiridon // 14.07.2020 à 09h32

        Il n’y a plus de psychologie collective à l’ancienne. D’une certaine façon il n’y a déjà plus de pays. La seule valeur collective aujourd’hui recevable est dans une fuite en avant de la dilution, voire la dissolution de la France. D’une certaine façon les dirigeants l’assument et le comprennent bien. A la limite, on pourrait même les voir comme freinant la dissolution; ils proposent l’horizon européen comme un moindre mal, presque un rempart à la dissolution mondiale. Le problème est leur manque de courage sur ce chapitre: s’il y a souveraineté européenne (sorte de pis aller, de solution d’aterrissage) quelles en sont les digues, les remparts? Ils y viendront, ils le diront, mais ce sera trop tard.

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      • jean-pierre.georges-pichot // 16.07.2020 à 10h26

        « psychologie collective du pays » : l’objet central de l’anthropologie d’Emmanuel Todd. La France a un certain rapport à la politique et aux libertés en raison de structures mentales stables et permanentes autant que souterraines qui découlent elles-mêmes des structures familiales, des règles qui président au mariage, à l’héritage, etc. Je ne vous refais pas le film : Todd répète ça sans arrêt, et ici à nouveau. Par rapport à l’immigration arabo-musulmane, son optimisme reposait sur la constatation que les mariages mixtes étaient exceptionnellement nombreux. Puis il y eut « Charlie », et un livre pessimiste où Todd fait remonter la fracture à l’existence des « catholiques zombies ». Puis les « Gilets jaunes » et une phase optimiste puisque la France était toujours le pays des révolutions, puisque terre de structure familiale soit autoritaire-égalitaire soit libérale-égalitaire, en tous cas pas favorable à une ploutocratie autoritaire à l’allemande dont l’Europe de Maastricht est porteuse. Ici, le cyclothymique Emmanuel Todd est pessimiste à nouveau en constatant les progrès des identitaires arabo-africains : chose que sa théorie aurait prédit s’il avait considéré l’Afrique. Car il suffit de lire Hannah Arendt pour savoir que la race y est le concept politique ancestral, seulement contrebattu par l’Islam qui ne le dépasse que par l’universalisme de l’Oumma, qui enjambe le concept intermédiaire de « nation », fondateur chez nous de la liberté collective.

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    • Hölderlin // 13.07.2020 à 15h03

      Justement, vous répondez à la question du problème par le problème lui même. Comment affirmer un retour au souverainisme quand un nombre aussi important de personnes vivants sur le territoire (qui y sont nées ou y ont vécu durant des décennies pour la plupart) sont rejeté par l’autre partie ?

      Je vous pose la question sincèrement.

        +1

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      • Anouchka // 13.07.2020 à 19h32

        Le problème n’est pas le rejet des uns par les autres mais l’imposition d’un référen
        tiel commun minimum non négociable.
        Le fait est que E.Todd évite soigneusement cette question. C’est un peu court de dire que la nation ne peut pas se passer ses citoyens noirs, arabes (etc.) si elle veut exister et rester souveraine.

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        • Subotai // 14.07.2020 à 22h59

          Vous avez une alternative non destructrice..?
          C’est une vrai question.
          Parce que quand j’écoute les arguments, pas seulement ici, l’alternative souvent en filigrane (par toujours discrete) et quelquefois clairement proposée est une séparation physique sur des critères (qui ne sont pas clairement définis, s’ils parfois sont clairement énoncés) impossibles à réaliser concrètement.
          Prenons quelques trucs simples:
          – Tous les musulmans dehors! –
          Comment fait on?
          Tous les musulmans ne sont pas maghrébins
          Tous les maghrébins ne sont pas musulmans
          Dans une même famille il peut y avoir des musulmans et des non musulmans
          Etc….
          – Tous les étrangers dehors –
          On peut penser que c’est simple en se basant sur la |nationalité existante|.
          Mais idem, parents et enfants nationalités différentes.
          Binationaux qui ne peuvent pas renoncer légalement à l’une ou l’autre des nationalités.
          Et autres situations complexes.
          – Qu’est ce qui reste de concevable? –
          La couleur de la peau? ou autres choses du même genre?
          Les gènes ? Alors là beaucoup, beaucoup, beaucoup de surprises parce que s’il y a quelque chose que l’humanité a bien mélangé, ce sont ses gènes depuis les quelques dizaines de milliers de chasseurs cueilleurs qui arpentaient la planète.
          Alors, comment on fait?
          L’argument de Todd est finalement le seul recevable en pratique. On prends tout ceux qui sont dans les frontières et qui le veulent comme [français|, on resserre les frontières, on fait ce qu’il faut politiquement pour TOUS les français le soit vraiment et on arrête de de discuter de la francitude entre nationaux

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  • tchoo // 13.07.2020 à 20h32

    Le truc qui m’énerve au plus haut c’est toujours faire remonter les faits constatés aujourd’hui aux calendes grecques comme le font certains dans les commentaires.
    Cette méthode vise à atténuer à diluer la gravité des faits aujourd’hui. Sûrement que les politiciens ont toujours mentir mais ce que nous vivons aujourd’hui nous ne l’avons pas vécu hier. Les gouvernants d’aujourd’hui en sont venus à un tel cynisme qu’il se moquent bien de mentir et de le montrer, ils le font avec aplomb en toute conscience en nous prenant ouvertement pour des imbéciles. Il décrédibilise toutes paroles désormais et toute confiance en une autorité mettant par terre tout ce qui fait sens dans une société pour vivre ensemble. Comme Todd j’ai peur que tout ça se termine dans le sang d’une guerre civile

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  • Ando // 14.07.2020 à 11h54

    Un chercheur est un intellectuel, mais ce n’est pas qu’un intellectuel. E. Todd fait bien le constat de cette sorte d’impuissance diffuse qui imprégne désormais le pays où il semble que les éléments de langage se substituent à un projet collectif. Certes, Macron est ‘perdu dans l’ Histoire ‘, histrion inconsistant et forcément peu fiable, mais le dire n’ avance à rien. Les lignes de force qui sous tendent nos existences finissent toujours par émerger, qu’elles soient privées ou collective (le sens tragique de l’existence ou de l’histoire). Dans la sphère privée on sait bien qu’il ne suffit pas, souvent, que l’on ait un vrai problème pour vouloir vraiment le résoudre. Il faut qu’il soit réellement devenu insupportable, presqu ‘une question de vie ou de mort. C’ est sans doute la même chose pour la dimension collective.

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  • Lola Fleurie // 14.07.2020 à 14h03

    @ Tchoo : Je suis tellement d’accord avec vous !
    Il y a une progression d’insincérité dans le discours-même des politiques aujourd’hui. Au moins les Pompidou, Giscard, Chirac et Mitterrand d’hier tentaient de « lisser » les apparences et cherchaient une certaine forme d’approbation chez le citoyen. Depuis Sarkozy, la mauvaise foi s’affiche. Les affaires révélant les malhonnêtetés notoires se révèlent souvent très vite au grand jour. Pourtant, l’électeur continue de voter pour ces candidats en pleine connaissance de cause.
    Et comment faire autrement d’ailleurs puisque les candidats à la présidentielle sont par essence des personnalités sans scrupules et avides d’un pouvoir finalement de plus en plus narcissique et personnel (pour Macron, qui pouvait l’ignorer quand sa campagne elle-même reposait sur une trahison parfaitement ouverte et déclarée ?) ? Comme si les vestiges d’un idéal collectif s’étaient perdus définitivement au profit d’ambitions singulières…
    Moi aussi, j’ai peur que seule une guerre civile ne réponde à une telle situation… il m’arrive même de l’espérer, parfois…

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  • mikatypa // 16.07.2020 à 13h41

    « L’argument de Todd est finalement le seul recevable en pratique. On prends tout ceux qui sont dans les frontières et qui le veulent comme [français|, on resserre les frontières, on fait ce qu’il faut politiquement pour TOUS les français le soit vraiment et on arrête de de discuter de la francitude entre nationaux »
    Tout à fait ! Citoyens d’une République, avec l’égalité des droits et des devoirs, la fraternité des armes pour se défendre et la Liberté comme drapeau contre les tyrannie. Des hommes libres dans un pays libre.
    C’est une construction intellectuelle fragile, mais qui a le temps long de l’histoire pour elle.
    Cette République à éclairé et inspiré le monde, même si elle a été trahie et violée maintes fois (Napoléon, Jules Ferry, De Gaulle,…).
    Le souverainisme c’est l’alliance de tous ceux qui croient en cette Histoire, une foi laïque en l’homme raisonnable capable de compromis autour du Bien Commun et du Vivre ensemble Libres..

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