Source : BFM TV, Elsa Trujillo
Des discussions ont été lancées entre le mastodonte américain de l’analyse de données Palantir et l’AP-HP, pour concevoir un outil technologique de lutte contre le coronavirus. S’il s’avère concluant, le dispositif pourrait être étendu à l’ensemble des hôpitaux français.
La pandémie actuelle, alarmante et qui semble échapper à tout contrôle, se prête aux décisions hâtives. L’état d’urgence sanitaire, et les menaces que l’épidémie de Covid-19 fait peser sur l’économie française, légitiment le recours à des solutions rapides et prêtes à l’emploi, quitte à bousculer le cadre juridique existant, voire à en faire fi. Ainsi du choix de drones patrouilleurs, pour rappeler aux Français de rentrer chez eux, ou des vues gouvernementales sur des dispositifs de surveillance des smartphones, par leur géolocalisation.
Faut-il pour autant céder aux sirènes de Palantir, le très controversé champion américain de l’analyse de données? Ce 1er avril, Bloombergrévélait que des pourparlers avaient été entamés entre l’entreprise et plusieurs pays européens, pour créer un outil de « lutte contre le virus ». En France, les discussions s’orientent spécifiquement autour de l’AP-HP, de ses 39 hôpitaux, et de la quantité de données qu’ils brassent. Avec, pour perspective, celle d’étendre un tel partenariat à l’ensemble des hôpitaux français.
Après les renseignements, la santé
L’initiative est loin d’être dénuée de sens. Palantir dispose de solutions de big data inégalées à ce jour. Une fois nourris des données d’une entreprise ou d’une institution, ses logiciels mettent en valeur l’information comme aucun autre, de façon à faire ressortir des recommandations essentielles et de rendre visible ce qui aurait été invisible à l’œil nu. Par le passé, il y a déjà dix ans, ils ont fait leurs preuves dans le secteur de la santé, en permettant à Haïti de mieux combattre une épidémie de choléra.
En l’occurrence, Palantir propose de mettre ses technologies à disposition, pour analyser la propagation du virus et aider les hôpitaux à anticiper des pénuries de matériel médical. Ou déterminer le nombre de masques requis par une région, à date précise, d’après un exemple cité à BFM Tech par un spécialiste du secteur.
Palantir n’en est pas à sa première incursion en France. La société fondée en 2004, et en partie financée par un fonds de la CIA, compte Airbus parmi ses clients et a signé un contrat avec la DGSI en mai 2016, dans un contexte d’urgence cette fois-ci tout autre: les attentats de 2015, et la menace qu’ils faisaient peser sur la sécurité nationale.
L’accord, conclu faute de concurrent français à la hauteur, a été renouvelé fin 2019. Et en a fait tousser plus d’un. « Techniquement, c’est la meilleure solution, stratégiquement, c’est la pire », notait ainsi à l’époque Nicolas Arpagian, expert en cyberdéfense, pour qualifier cet outil miracle.
La raison? En tant que société américaine, Palantir se plie à sa législation nationale, qui implique de céder si nécessaire aux requêtes de son gouvernement, pour accéder aux données qu’elle brasse. La DGSI a déjà avancé que l’outil n’avait la main que sur son réseau interne, en assurant avoir pu vérifier l’étanchéité du système.
L’AP-HP ne peut se targuer d’un niveau de sécurité équivalent, juge un expert du secteur, et sera moins en mesure de repérer d’éventuelles fuites de données. « S’il y a une porte dérobée sur leurs serveurs, c’est cadeau », estime-t-il. Sans compter les questions éthiques liées au secret médical. Car qui, parmi les patients d’hôpitaux français, donnera son consentement pour que des données liées à son état de santé soient récupérées de la sorte ?
Un manque criant de concurrence
Derrière Palantir, il y a par ailleurs un homme: Peter Thiel, le cofondateur de PayPal et ancien conseiller numérique de Donald Trump. L’investisseur de la Silicon Valley a notamment parié sur Clearview, une discrète entreprise américaine qui a aidé les autorités américaines à identifier des millions de citoyens.
Cette société a conçu un algorithme si puissant qu’il lui est possible de retrouver les photos d’une seule personne sur l’ensemble des plateformes en ligne les plus connues, dont Facebook et Twitter, à partir d’un simple cliché. Cette conception de la vie privée s’avère difficilement compatible avec la gestion de données de santé.
« Il ne faut pas diaboliser cette entreprise, ni aucune autre d’ailleurs. Leur solution est particulièrement performante et unique », tempère Sébastien Garnault, fondateur du collectif CyberTaskForce, qui met en relation des décideurs publics et privés sur des enjeux de transformation numérique.
« Ce qui est à craindre, en revanche, c’est l’impact en termes de souveraineté, de libertés publiques, voire même de secret médical. Le gouvernement étudie les outils de gestion et de sortie de crise, ce qui est absolument nécessaire. Mais nous devons garder à l’esprit que la dépendance technologique limite le libre arbitre, des États comme des citoyens » complète-t-il.
Les rares tentatives de créer un concurrent de taille se sont soldées par un échec, par manque d’investissement ou manque de temps. Le défaut de concurrence laisse désormais un boulevard à Palantir, qui a de grandes chances de nouer ce partenariat avec les hôpitaux de Paris, d’après une autre source du milieu de la cybersécurité. Et l’évolution rapide de l’épidémie, ainsi que son nombre croissant de victimes, pourraient encore accélérer les discussions.
Source : BFM TV, Elsa Trujillo
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Commentaire recommandé
Depuis la mise en place de la T2A toutes les commandes / transactions initiées par les services de chaque hôpital sont partagées avec les laboratoires pharmaceutiques.
Un partage censé :
• améliorer l’efficacité de la gestion des stocks
• et ne pas du tout être utilisé pour le démarchage commercial, c’est même interdit par la loi
… cela fait rire tout le monde au sein des labos.
15 réactions et commentaires
Je regarde tous les jours « corona-scanner.com » et je constate que les données réelles ne sont jamais reprises par les médias mainstream. Hier le nombre de morts était de 1 341. La France juste derrière les US mais l’important c’était la visite à Marseille. Le fumigène a parfaitement fonctionné. La technique est simple on transmet les données réelles après les informations du soir. Ce chiffre n’étant visible que le matin et disparaît avant le journal de 13 heures.
+8
AlerterVous pouvez regarder https://www.worldometers.info/coronavirus/, ou https://ourworldindata.org/coronavirus.
Mais avec les décalages horaires, le temps de remontée des infos et le choix politique du timing de publication tous les chiffres n’arrivent pas en même temps.
Les Etats-Unis publient en journée (le matin pour eux) et la France publie le soir les chiffres de la veille.
+0
AlerterSi on arrêtait avec les chiffres aussi non ? Ils servent à quoi honnêtement ? tout ceci n’est qu’une partie de propagande. Les morts il y en a. Arrêtons ce compteur débile et honteux quotidien, et honnêtement invérifiable par le quidam lambda, tous ces chiffres on s’en cogne. personnellement je me contre balance du nombre de morts au quotidien. De toute façon je n’allume plus ma TV ni la radio et je ne vais plus sur les sites infos mainstream. Terminé. qu’ils gardent leur psychose je n’en ferai pas partie et je non je ne suis pas le déni je suis dans la vie. je vis aussi bien que je peux avec ma famille tout en bossant dans une unité covid ou hier encore nous avons eu un décès. mais peut importe, dezinguons le seul espoir de traitement au profit de bigpharma pour tous ces gens en début de maladie. Continuons à vendre de la peur de la méfiance. Divisions un peu plus le pays. Faisons les experts sur les plateaux tv, brassons du vent sur BFM… Tout ce que je trouve y compris ici me sort par les yeux parfois. ça devient grotesque.
+13
AlerterConcernant la DGSI une des deux sources est fausse
18/10/2018
Big Data : la DGSI s’émancipe de Palantir pour une solution 100% française
https://www.silicon.fr/renseignement-la-dgsi-semancipe-de-palantir-222231.html
+3
AlerterTout à fait :
Le plan de l’Armée pour éviter un nouveau scandale Palantir
Le ComCyber (commandement de la cyberdéfense) s’appuie désormais sur des start-up pour répondre aux besoins cybers de l’Armée. Début octobre, il a inauguré sa Cyberdéfense Factory à Rennes, où doivent se retrouver start-up, PME et chercheurs. Publié le 15 oct. 2019
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/le-plan-de-larmee-pour-eviter-un-nouveau-scandale-palantir-1140013
https://twitter.com/comcyberfr?lang=fr
+1
AlerterNe nous faites pas rire. L’armée française n’est qu’une dépendance de l’armée américaine. Et le plus grave, c’est que cela ne résulte pas seulement des options gouvernementales, mais de la mentalité collective des militaires, qui est une mentalité de guerre froide. Pour eux, l’ennemi sera toujours ‘les Rouges venus de l’est’. D’ailleurs, dans les hautes sphères militaires on ne monte pas en grade si l’on ne possède pas l’anglais et si l’on n’a pas fait son stage de l’autre côté de l’Atlantique. L’armée française actuelle est plus indéfectiblement et servilement américaine que l’armée d’armistice de Pétain et Laval n’était allemande.
+5
Alerter>s’appuie désormais sur des start-up pour répondre aux besoins cybers de l’Armée.
et sinon, engager des gens pour gérer cet aspect majeur de manière fiable et contrôlée plutôt que sous traiter à tout va et engraisser des actionnaires avec l’argent public, ça ne vient jamais à l’idée de personne ?
+2
AlerterDepuis la mise en place de la T2A toutes les commandes / transactions initiées par les services de chaque hôpital sont partagées avec les laboratoires pharmaceutiques.
Un partage censé :
• améliorer l’efficacité de la gestion des stocks
• et ne pas du tout être utilisé pour le démarchage commercial, c’est même interdit par la loi
… cela fait rire tout le monde au sein des labos.
+21
Alerterah ah ah , effectivement
ainsi que le dossier des patient accessibles…
arnaque totale
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AlerterA lire absolument car tous les vrais enjeux sont posés:
Titre La sécurité sanitaire au risque de nous perdre? et lien :
https://www.vududroit.com/2020/04/pandemie-la-securite-sanitaire-au-risque-de-nous-perdre/
+1
Alerterdans tous les cas Danger
garder nos datas center en france
supprimer go go le et autre de notre tasse de thé
bref, indépendance infortatique , santé , alimentaire ,
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AlerterPalentir est souvent critiqué, certe c’est pas ce qu’il y a de mieux, mais n’importe qu’elle société de big data se serait vu racheter ses données à coups de billets verts sur table, dans ce cas par Big Pharma et le secteur privé de la santé. Tous le monde dans l’avenir est d’accord pour dire que la santé de l’individu sera de plus en plus contrôlée dans l’avenir par les entreprises privées de la santé et de l’assurance. Ça fait peur, ça fait Orwellien. Faut pas oublier que l’obésité et le diabète son des facteurs aggravants face au coronavirus. 80% des personnes en réa face au coronavirus ont de l’obésité disent ils à TF1.
Et ça fait des années là aussi que les médecins tirent la sonnette d’alarme, donc le secteur privé de la mutuelle santé pa exemple, (si on ne va pas vers plus de privatisation) pourait enfin faire quelque chose en touchant plus au porte monnaie plutôt que les simples taxes sur le coca de l’État qui fond bien rire le secteur privé de l’agroalimentaire. En corée du Sud ils ont peu de cas graves, mais avec l’un des régimes parmis les meilleurs au monde, ils n’ont pas de souci sanitaire avec l’obsité et le diabète. Ça joue.
+3
Alerterfaut arreter d’etre naif:
– vous etes maigre,sportif,jeune en pleine sante,vous ne buvez pas vous ne vous droguez pas (tests recents de -de 1 mois a l’appui), vous aurez droit a un genereux -10%
-vous avez 5 kg de plus qu’un indice quelconque +130% de cotisation….
Ben y aura qu’a aller voir la concurrence:
-ben non,tous partiqueront les memes conditions,ca s’appelle un cartel d’entente sur les prix
Ben y aura des regulateurs qui veilleront au grain
-ben oui comme d’hab,ils regarderont du porno pendant leur temsp de travail comme les regulateurs bancaires aux us en 2007, ou ils donneront une amende de 5 millions a une compagnie d’assurance tous les 10 ans alors que les mecs se feront 100 millions en cotisation indues chaque annee…
Et apres vous vous demanderez ou a disparu votre pouvoir d’achat….
+9
Alerter« Tous le monde dans l’avenir est d’accord pour dire que la santé de l’individu sera de plus en plus contrôlée dans l’avenir par les entreprises privées de la santé et de l’assurance. » A bon ? C’est un argument, ça ?
+1
AlerterPas besoin d’attendre Palantir pour que nos données de santé soient privatisées.
Expérience vécue: il y a 2-3 ans, j’ai pris un rendez-vous médical, ai donné mon numéro de portable (ai peut-être donné ma date de naissance au moment de la prise de RV, je ne sais plus).
Et bingo, voilà que je reçois une alerte de Doctissimo pour ne pas oublier mon RV (site « français » auquel je ne me suis jamais inscrite.) C’est j’imagine la secrétaire médicale qui m’a inscrite sans mon accord (incentivée ou pas, je n’en ai aucune idée.)
Depuis ça ne s’est jamais arrêté. Donc Doctissimo peut intuiter mes pathologies et peut-être un jour les vendre (juré craché ça jamais, comme l’avait promis M Zuckerberg) mes données à un tiers. Sans que je le sache (Réf Cambridge Analytica).
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AlerterLes commentaires sont fermés.