En octobre dernier, un bureau américain s’est opposé à l’envoi d’armes à une unité qui a ensuite mené l’attaque la plus meurtrière d’Israël contre Gaza.
Source: Truthout, Sharon Zhang
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
L’année dernière, quelques jours seulement après le début du génocide israélien à Gaza, un bureau du département d’État a émis des objections à plus d’une douzaine de livraisons d’armes à Israël, invoquant des « violations flagrantes » des droits de l’homme par l’unité qui devait les recevoir. Un nouveau rapport révèle que ces objections ont été ignorées et que cette unité a ensuite été impliquée dans le massacre le plus meurtrier du génocide à ce jour.
Un rapport de Reuters publié vendredi révèle que, le 14 octobre 2023, Ori Katzav, conseiller principal en matière de défense à l’ambassade d’Israël à Washington, a envoyé un courriel à une division du département d’État chargée d’approuver les ventes d’armes afin d’accélérer l’envoi de 20 000 fusils automatiques à la police nationale israélienne, qui comporte une unité de lutte contre le terrorisme connue sous le nom de « Yamam ».
Selon Reuters, un fonctionnaire du département d’État a demandé au Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail (DRL) de l’agence d’examiner la vente. Le secrétaire adjoint du DRL, Christopher Le Mon, a recommandé au département de refuser 16 lots d’armes, qui comprenaient des fusils et des pièces d’armes à feu, ainsi que des lance-grenades. Dans un courriel, il a cité les activités de Yamam en particulier, faisant état de « nombreux rapports » sur les « violations flagrantes des droits de l’homme » commises par l’unité.
Mais la quasi-totalité des ventes ont tout de même eu bien lieu, selon l’agence Reuters. Huit mois plus tard, en juin, Yamam a perpétré un massacre dans le camp de réfugiés de Nuseirat, tuant au moins 274 Palestiniens et en blessant près de 700 autres. Les forces israéliennes ont récupéré quatre captifs israéliens lors de cette attaque, la plus meurtrière du génocide israélien.
Selon un rapport de ProPublica publié vendredi, cet échange – au cours duquel des fonctionnaires du département d’État ont ignoré des recommandations internes visant à mettre fin à des livraisons d’armes – est l’un des nombreux échanges similaires qui ont eu lieu au sein du département tout au long du génocide de Gaza.
Selon ProPublica, une multitude de recommandations ont été formulées au sein du département d’État en vue d’une suspension partielle ou totale des ventes d’armes à Israël, en vertu des lois américaines et internationales interdisant les transferts d’armes aux auteurs de violations des droits de l’homme. Mais les hauts responsables du département d’État ont rejeté ces recommandations à plusieurs reprises, malgré les preuves évidentes des violations commises par les forces israéliennes, et au lieu de cela, les fonctionnaires du département d’État ont fait des heures supplémentaires pour autoriser les livraisons d’armes, a constaté ProPublica.
Il y a eu d’autres avertissements précoces au sein du département. Selon Reuters, plusieurs fonctionnaires du département d’État ont envoyé des courriels à des personnalités concernées, comme Brett McGurk, conseiller principal de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, pour les avertir des crimes de guerre potentiels commis par les forces israéliennes à partir du 11 octobre, quelques jours seulement après qu’Israël se soit lancé dans son génocide et avant qu’il n’ait commencé son invasion terrestre de la bande de Gaza.
Dans ces messages, répartis sur trois échanges de courrier électronique, les fonctionnaires du département d’État ont mis en garde contre les violations des droits de l’homme déjà commises à Gaza. Bill Russo, responsable de la diplomatie, a déclaré que les États-Unis risquaient « d’être complices de crimes de guerre potentiels en restant silencieux sur les actions d’Israël contre les civils », alors qu’Israël frappait des hôpitaux et annonçait un blocus total de la bande de Gaza.
Deux jours plus tard, Dana Stroul, secrétaire adjointe à la défense pour le Moyen-Orient, a averti que l’évacuation forcée par Israël d’un million de Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza conduirait à des accusations de crimes de guerre à l’encontre d’Israël, et a fait remarquer qu’il était impossible d’évacuer un tel nombre de civils dans les 24 heures imparties ; un fonctionnaire a déclaré qu’il en résulterait une « catastrophe humanitaire ».
En réponse, McGurk – qui a joué un rôle clé dans le maintien du rôle des États-Unis dans le génocide israélien – a déclaré que les États-Unis pourraient être en mesure de prolonger la fenêtre d’évacuation, mais qu’ils ne s’opposaient pas à l’évacuation elle-même. Il aurait ensuite comparé l’ordre d’évacuation à une incursion militaire menée par les États-Unis contre l’État islamique à Mossoul, en Irak, en 2016 et 2017, au cours de laquelle plus de 600 000 civils ont été déplacés et près de 6 000 civils ont été tués.
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Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et couvre la politique, le climat et le travail. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la trouver sur Twitter : @zhang_sharon.
Source: Truthout, Sharon Zhang, 04-10-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Commentaire recommandé
@Sharon Zhang
« Mais la quasi-totalité des ventes(d’armes) ont tout de même eu bien lieu, selon l’agence Reuters. »
Pour ma part de simple citoyenne européenne, j’aimerais savoir QUI a payé ces armes fabriquées aux USA (ou s’est engagé à les payer, s’est porté « caution » en cas de non-paiement par « Israël »)…
(Ce que, selon les informations livrées dans cet article, l’agence Reuters devrait savoir aussi?)
Ceci dit pour souligner le pouvoir de « l’argent » qui fait tourner le monde, pour le plus grand malheur des êtres vivants de tous les continents(ainsi que des airs et des mers).
Et pour comprendre QUI tient réellement les rênes du pouvoir aux USA, à quelques jours d’élections soi-disant « démocratiques »(que les européen-ne-s scrutent-à tort ou à raison- comme si elles allaient déterminer leur vie de tous les jours dans leurs propres démocraties malmenées, mal-insuffisamment-informées… en oubliant que ce sont eux/elles qui ont à choisir et construire leur futur).
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@Sharon Zhang
« Mais la quasi-totalité des ventes(d’armes) ont tout de même eu bien lieu, selon l’agence Reuters. »
Pour ma part de simple citoyenne européenne, j’aimerais savoir QUI a payé ces armes fabriquées aux USA (ou s’est engagé à les payer, s’est porté « caution » en cas de non-paiement par « Israël »)…
(Ce que, selon les informations livrées dans cet article, l’agence Reuters devrait savoir aussi?)
Ceci dit pour souligner le pouvoir de « l’argent » qui fait tourner le monde, pour le plus grand malheur des êtres vivants de tous les continents(ainsi que des airs et des mers).
Et pour comprendre QUI tient réellement les rênes du pouvoir aux USA, à quelques jours d’élections soi-disant « démocratiques »(que les européen-ne-s scrutent-à tort ou à raison- comme si elles allaient déterminer leur vie de tous les jours dans leurs propres démocraties malmenées, mal-insuffisamment-informées… en oubliant que ce sont eux/elles qui ont à choisir et construire leur futur).
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