Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 06-05-2019
Alastair Crooke
Le 6 mai 2019
La ligne de faille entre la Turquie et les États du Golfe – avec les États-Unis et Israël en coulisses – vient de s’élargir de façon menaçante. Les pressions sur Erdogan augmentent. C’est un combattant de rue susceptible de réagir avec ses poings. L’Iran – comme la Turquie – fait l’objet d’un « blitz du Trésor » à outrance. Cela aussi pourrait, d’une manière ou d’une autre, renvoyer dans leurs bancs ceux qui ont encouragé l’esprit belliciste du président Trump et de ses faucons. Ils savent qui est à blâmer, qui a attisé le feu : MbZ et son acolyte, MbS [Mohammed ben Zayed, prince héritier des Émirats arabes unis et Mohammed ben Salmane, prince héritier saoudien NdT]. Cette tension aggravée se manifestera vraisemblablement dans le nord et la Corne de l’Afrique.
Cette ligne de faille s’ajouter à celles qui fracturent déjà le Proche-Orient. La situation est extrêmement tendue. Le langage belliqueux de Trump est souvent compris comme étant de la fanfaronnade calculée, dans le but de tirer parti d’un avantage dans les négociations. Mais le président n’avait peut-être pas prévu que son agressivité allait se propager à Washington et dans les groupes de réflexion qui y gravitent . Tout carriériste espérant une promotion, ou un poste au sein de l’exécutif, veut maintenant s’inspirer de la rhétorique intransigeante du « pistolero » Bolton [conseiller à la sécurité nationale de Trump depuis 2018 NdT] (et idéalement, la pratiquer sur Fox News).
Ce qu’il importe de souligner ici, c’est que est que dans l’immobilier de Trump ; le « retournement » est possible, quand cela est nécessaire. Il le pratique. Il l’a pratiqué en affaires. Les volte-face ne le dérangent pas. C’est comme ça qu’il gère ses affaires. Mais son équipe ? Ce n’est pas si clair. Certains d’entre eux, à l’occasion, peuvent voir l’agressivité rhétorique de Trump comme le levier nécessaire pour engager le Président dans une voie de plus en plus étroite, dans laquelle « se retourner » ne serait plus une option.
Les pressions exercées par les États-Unis sur Erdogan sont réellement intenses : les sanctions, certes, mais aussi les appels répétés des grandes banques américaines de Wall Street à court-circuiter la lire jusqu’à la « mort » ; la promesse d’une nouvelle punition américaine (c’est-à-dire davantage de « guerre » par le Trésor), si la Turquie devait recevoir les SAM S 400 de Russie ; et maintenant, le retrait de la « dérogation » américaine concernant le pétrole « léger » que la Turquie importe d’Iran – et pour lequel les raffineries de Turquie sont calibrées (i.e. leur production est réglée pour le pétrole léger iranien et les re-régler serait coûteux).
Ensuite, il y a les pressions stratégiques. La première d’entre elles est l’intention déclarée de Trump d’inscrire les Frères musulmans (FM) sur la liste des groupes terroristes. Cela n’est toujours qu’un projet de la « machine » politique de Washington, mais on s’attend à ce que cela se produise.
Et alors? Alors rappelons que l’AKP [Parti au pouvoir en Turquie, NdT] est officieusement consubstantiel aux Frères Musulmans (au moins dans le sens qu’ils en sont une composante majeure) ; Erdogan est culturellement un Frère Musulman, et se considère comme leur mécène ; enfin l’AKP facilite le financement des organisations sociales des Frères Musulmans en Turquie (c’est-à-dire par des subventions de la municipalité d’Istanbul). Les commentateurs turcs reprochent directement à certains États du Golfe d’avoir lancé Trump sur la voie de l’ostracisation. Ils ont raison. Et ce n’est pas à prendre à la légère.
Ensuite, il y a les Kurdes de Syrie que les États-Unis disent vouloir armer de missiles sol-air Stinger. Vraiment ? Est-ce que l’EI utilise des hélicoptères de nos jours ? Ensuite, il y a la récente déclaration d’un fonctionnaire du département d’État américain selon laquelle les États-Unis occuperont le tiers est de la Syrie pour une « longue durée » – et y investiront (traduction : armeront davantage les Kurdes). Et l’envoyé américain, James Jeffry, fait pression sur Erdogan pour qu’il accepte une police des frontières kurde armée le long de la frontière sud de la Turquie avec la Syrie pour la contrôler.
Il n’est pas surprenant que les cercles proches d’Erdogan voient le nœud coulant se resserrer autour du cou de la Turquie, et considèrent ce « projet » kurde comme une « plate-forme » à partir de laquelle pénétrer et affaiblir la Turquie elle-même. Pour les dirigeants, tout cela équivaut à une conspiration, à ciel ouvert, visant à ébranler la Turquie.
Enfin, dans la catégorie du « front » direct du Golfe contre la Turquie, se trouve le changement de régime monté au Soudan contre un président lié aux Frères musulmans ; l’expulsion probable de la Turquie de sa base navale soudanaise installée en face de Djeddah – et enfin et surtout – l’assaut du général Haftar contre Tripoli et Misrata (qui sont défendues par des forces soutenues par la Turquie et le Qatar). Une proportion importante de la population du nord de la Libye est d’origine turque.
Ainsi, comme le rapporte Abdel Bari Atwan dans Rai al-Youm (en arabe), « le développement le plus important au niveau de la scène libyenne est l’intervention du président turc … [par] un appel à M. Al-Sarraj lui indiquant qu’il, [Erdogan], consacrera toutes les capacités de son pays à empêcher ce qu’il appelle « la conspiration » de nuire au peuple libyen. Il a ensuite loué le rôle d’Al-Sarraj et de son gouvernement pour repousser l’attaque contre Tripoli. A notre avis, cela signifie un soutien militaire et pas seulement politique », conclut Bari Atwan.
En bref, Erdogan (allié au Qatar) se dresse contre les EAU et les forces de Haftar soutenues par l’Arabie saoudite et les États-Unis – et en soutien au Gouvernement d’union nationale soutenu par l’ONU (et l’Italie).
L’assaut de Haftar s’est déjà enlisé à la périphérie de Tripoli. Il semble peu probable maintenant que le Qatar comme la Turquie acceptent le coup d’État monté par les EAU et les Saoudiens, sans livrer un combat sanglant. Pour l’instant, le Gouvernement d’union nationale – par l’intermédiaire de la Banque centrale – contrôle les recettes pétrolières (bien que Haftar tienne les champs sous sa garde). Il pourrait essayer de renverser la situation et de s’approprier les revenus. La Banque centrale qui contrôle l’accès à ces fonds, détenus sur un compte séquestre à New York, est située à Tripoli.
Le fait est que, bien que la Turquie subisse d’énormes pressions, internes (avec son économie fragile et le nouveau maire d’Istanbul contestant les principes mêmes de la politique de l’AKP) comme externes, les États du Golfe en subissent également, bien que de nature différente.
Premièrement, la guerre au Yémen ne se déroule pas bien pour l’Arabie saoudite. Le front méridional saoudien semble se désintégrer gravement, et les forces yéménites s’enfoncent dans le sud de l’Arabie saoudite. Deuxièmement, la tentative du Golfe d’installer des régimes militaires sécuritaires au Soudan, en Algérie et en Libye n’est nullement réussie. Le risque est ici que l’instabilité générée par ces tentatives de coups d’État ne fasse tache d’huile dans toute l’Afrique du Nord. Le Tchad est inquiet (Haftar y a tenté un coup d’État il y a quelques années) ; la Mauritanie pense que les EAU sont en train de lorgner sur ses ressources ; et le Maroc est en désaccord avec les EAU sur son attitude envers le Qatar. Le résultat final de ce « trio de coups d’État » est en suspens.
Ce qui nous ramène au tableau d’ensemble : Trump est résolu à déclencher une refonte du Proche-Orient. Kushner et les envoyés n’hésitent pas à le dire : leur objectif est de reconstruire la région au gré d’Israël : Israël doit devenir le Grand Israël (qui englobe quelque 6,5 millions de Palestiniens) ; et pour faciliter ce plan, trois nations historiques – les piliers de la région – doivent être réduites : La Grande Syrie le serait encore plus (perdant un tiers de son territoire déjà diminué) ; et les nations iranienne et turque doivent être contenues, affaiblies, et leurs gouvernements actuels renversés, si possible, pour être remplacés par des dirigeants plus dociles.
Cette initiative ambitieuse comporte toutefois des lacunes évidentes. La première est expliquée par une source on ne peut plus directe en matière de sanctions : David Cohen, ancien sous-secrétaire au Trésor américain pour le terrorisme et le renseignement financier. C’est-à-dire de l’ancien « M. Sanctions » lui-même :
Au cours des dernières décennies, les sanctions sont devenues un outil clé de la politique étrangère américaine. L’administration Trump en a fait un usage particulièrement intensif, spécialement dans ses efforts pour provoquer des changements de régime au Venezuela et en Iran … Et bien que l’administration ait été moins frontale dans son appel au renversement du régime clérical iranien, les demandes qu’elle a adressées à Téhéran sont si excessives que, comme l’a affirmé l’ancien ambassadeur américain Robert Blackwill, il est « effectivement impossible pour l’Iran de s’adapter sans changer fondamentalement sa direction et son système gouvernemental ». Le président américain Donald Trump, en d’autres termes, « exige un changement de régime en Iran sans l’appeler ainsi. »
« Mais pour que les sanctions fonctionnent… elles doivent viser un comportement que la cible peut, même à contrecœur, changer. La partie visée doit également croire que les sanctions seront levées si elle abandonne le comportement en question.
« La logique des sanctions coercitives ne s’applique toutefois pas lorsque l’objectif des sanctions est un changement de régime. Dit simplement, parce que le coût de l’abandon du pouvoir dépassera toujours le bénéfice de l’allègement des sanctions, un État ciblé ne peut raisonnablement accéder à une demande de changement de régime… »
« Il n’y a guère de raison de s’attendre à un résultat différent aujourd’hui au Venezuela ou en Iran. Les sanctions unilatérales américaines font des ravages, mais cet impact économique ne doit pas être confondu avec le succès politique, surtout lorsque le changement de régime est l’objectif. »
Et un autre expert, le colonel américain Pat Lang, note que les derniers remous d’une tentative de soulèvement par l’armée locale au Venezuela pour évincer le président Maduro sont, à bien des égards, aussi ineptes que le débarquement de la « Baie des Cochons » de 1961 à Cuba (fondé sur la croyance erronée que le peuple cubain, là aussi, se soulèverait pour apporter immédiatement son soutien).
Cet épisode vénézuélien souligne combien la rhétorique macho américaine est souvent plus de la prétention que de l’action (i.e. que l’image de dur est inversement proportionnelle au rendement réel dans ce ministère.). Bien sûr, tout le monde au Proche-Orient en aura pris note.
Donc, si les sanctions n’aboutissent pas, et que les États-Unis s’emmêlent probablement en tentant un coup d’État secret de type Maidan en Iran ou en Russie, n’y a-t-il rien à craindre ?
Eh bien, pas tout à fait. La tentative de faire de l’« avant-poste de l’Occident » au Proche-Orient la force dominante d’ensemble va faire vaciller toute la région – que les États-Unis s’emmêlent ou non – et pourtant, l’essentiel est ailleurs : l’escalade de l’agressivité verbale des États-Unis émanant des officiels n’est pas une lubie. Il s’agit de la notion de « guerres éternelles » de l’Amérique : la guerre interminable et générationnelle – dans la doctrine dominante – contre la Russie et l’Iran. Le terme de « mal cosmique » utilisé pour désigner l’Iran et le président Poutine est délibéré. Cela fait partie de la rupture progressive des axes d’engagement et de communication entre l’Occident et la Russie et l’Iran (le public américain n’a pas encore pris l’habitude de considérer le peuple chinois comme « le mal »).
Progressivement, les canaux d’intercommunication se sont atrophiés ; les domaines de coopération construits au fil des ans sont coupés ; les accords en matière d’armement et de sécurité, soigneusement assemblés, sont abandonnés. Et la formule selon laquelle il n’y a personne à qui parler – car « leur » nature est de mentir, de tricher et d’être malhonnêtes – est établie.
Bien sûr, ceux qui considèrent le langage guerrier de Bolton et de Pompeo comme une simple stratégie de négociation sont parfaitement libres de garder cette opinion, mais on peut aussi le considérer comme la construction pièce par pièce d’un tunnel qui se rétrécit et se termine par une seule issue : une escalade permanente contre « la malignité ».
La vraie question est de savoir si Trump le voit et le comprend. Ou s’est-il convaincu lui-même que les fanfaronnades plus nombreuses de l’administration sont vraiment en train de gagner : qu’« elle rendent sa grandeur à l’Amérique » ? C’est sur cette question que repose notre avenir commun.
Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 06-05-2019
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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Commentaire recommandé
Toutafé.
Par contre, il est AUSSI nécessaire que TOUTES ces actions soient assumées par les oligarques qui ont été à l’origine de ces désastres et qu’ils soient contraints d’indemniser les victimes sur leurs fortunes fort mal obtenues.
Inconvénient : Comme il y a eu une énorme perte (les profits qu’ils ont réalisé, bien que colossaux n’étant qu’une faible part de la spoliation et des destructions passées – il y a beaucoup de pertes dans ces « actions humanitaires ») ils se retrouveraient sur la paille sans pouvoir réparer leurs ignominies et celles de leurs ancêtres.
« Heureusement » il y a toujours la « culture de la rédemption » qui permet de faire assumer ces atrocités à l’ensemble de la population (oligarques et politicards exceptés) et de lever un nouvel impôt pour faire payer aux victimes les moins pauvres les dégâts causés par ces « hommes exceptionnels ».
Si déjà les populations locales pouvaient profiter des profits générés par LEURS ressources naturelles et que ces profits soient utilisés pour améliorer durablement leurs conditions de vie un grand pas serait franchi par l’humanité.
Hélas, quand la « population » « profite » des revenus de ses propres ressources, dans 99% des cas ces « bienfaits » vont à la construction d’autoroutes en plein désert à la construction d’infrastructures démentielles totalement inutiles à la population et qui ne leur permettront JAMAIS de parvenir à l’auto-suffisance.
Ne vous étonnez donc pas si ensuite des nuées de migrants se ruent vers les « grandes démocraties » pou simplement tenter de survivre dans des conditions déplorables.
Le seul pays qui n’avait PAS d’émigration massive (même pas d’émigration du tout) était la Libye de l’infâme Kadhafi.
Simplement parce qu’il redistribuait intelligemment les revenus de la manne pétrolière dans des projets réellement utiles à la population.
Il s’en mettait peut-être un peu « à gauche » au passage, je ne sais pas, mais au moins la population avait le plus haut niveau de vie africain.
Heureusement l’Otan a corrigé cette aberration et la Libye est retournée dans la situation qu’elle n’aurait jamais dû quitter : Le chaos.
Et les compagnies pétrolières occidentales ont enfin pu retrouver leurs profits VOLÉS pendant de nombreuses années par cet individu méprisable.
15 réactions et commentaires
Le seul chemin pour diminuer les tensions et aller vers la Paix dans l’Asie du Sud Ouest (et partout d’ailleurs) passe par plusieurs étapes :
– la reconnaissance des offenses passées
– le pardon des offenses
– construire un projet ensemble.
C’est grosso modo l’idée derrière le Traité de Westphalie de 1648.
Dit d’une façon plus moderne, cette démarche nécessite :
=> un dialogue entre les cultures en lieu et place des murs.
=> la Paix par le développement commun :grands projets entre nations sur l’eau, l’énergie, les infrastructures physiques de base (routes, chemin de fer, hôpitaux, écoles, recherche..)
…
Je me demande dans quelle mesure l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie crée ce type de cadre propice au dialogue au vu de la gestion effective de la Paix pour les Corées ?
+9
AlerterToutafé.
Par contre, il est AUSSI nécessaire que TOUTES ces actions soient assumées par les oligarques qui ont été à l’origine de ces désastres et qu’ils soient contraints d’indemniser les victimes sur leurs fortunes fort mal obtenues.
Inconvénient : Comme il y a eu une énorme perte (les profits qu’ils ont réalisé, bien que colossaux n’étant qu’une faible part de la spoliation et des destructions passées – il y a beaucoup de pertes dans ces « actions humanitaires ») ils se retrouveraient sur la paille sans pouvoir réparer leurs ignominies et celles de leurs ancêtres.
« Heureusement » il y a toujours la « culture de la rédemption » qui permet de faire assumer ces atrocités à l’ensemble de la population (oligarques et politicards exceptés) et de lever un nouvel impôt pour faire payer aux victimes les moins pauvres les dégâts causés par ces « hommes exceptionnels ».
Si déjà les populations locales pouvaient profiter des profits générés par LEURS ressources naturelles et que ces profits soient utilisés pour améliorer durablement leurs conditions de vie un grand pas serait franchi par l’humanité.
Hélas, quand la « population » « profite » des revenus de ses propres ressources, dans 99% des cas ces « bienfaits » vont à la construction d’autoroutes en plein désert à la construction d’infrastructures démentielles totalement inutiles à la population et qui ne leur permettront JAMAIS de parvenir à l’auto-suffisance.
Ne vous étonnez donc pas si ensuite des nuées de migrants se ruent vers les « grandes démocraties » pou simplement tenter de survivre dans des conditions déplorables.
Le seul pays qui n’avait PAS d’émigration massive (même pas d’émigration du tout) était la Libye de l’infâme Kadhafi.
Simplement parce qu’il redistribuait intelligemment les revenus de la manne pétrolière dans des projets réellement utiles à la population.
Il s’en mettait peut-être un peu « à gauche » au passage, je ne sais pas, mais au moins la population avait le plus haut niveau de vie africain.
Heureusement l’Otan a corrigé cette aberration et la Libye est retournée dans la situation qu’elle n’aurait jamais dû quitter : Le chaos.
Et les compagnies pétrolières occidentales ont enfin pu retrouver leurs profits VOLÉS pendant de nombreuses années par cet individu méprisable.
+25
Alerter@daniel
« -La Paix par le développement commun: grands projets entre nations…. »
Excellent programme! Mais… qui ignore encore qu’on ne fabrique pas des armes pour faire la guerre, mais qu’on fomente des guerres pour vendre des armes sur-produites dans les pays industrialisés dominant la scène internationale.
Hier encore, les ouvrier-e-s syndiqué-e-s de la Fabrique Nationale d’armement (fleuron de la lutte des classes belge, en majorité des femmes) exprimaient devant les élu-e-s chargé-e-s de la formation du gouvernement wallon(compétent en la matière) leurs inquiétudes de ne peut-être plus pouvoir exporter vers l’Arabie Saoudite (80% de leur production mortifère).
Par ailleurs, l’ambition de « nouveau projet européen » de Macron, que les français-e-s ont élu(ou ont laissé élire, par l’abstention), avec sa « défense européenne », me semble surtout, de toute évidence, une tentative pour maintenir et augmenter la prospérité de l’industrie de l’armement française(ainsi que la servilité aveugle du monde ouvrier).
+7
AlerterSuite
Pas de paix, nulle part, tant que les peuples ne se lèveront pas en masse pour la réclamer!
Exigeons la transformation des industries nuisibles et polluantes, bouffeuses d’énergies(fossiles et humaines-force de travail), sur-productrices de trucs inutiles et/ou vite « déclassés » formant des montagnes de déchets qui détruisent la Vie, en unités de production de biens et de services favorisant la santé, le bien-vivre tou-te-s ensemble, ainsi que la réparation des dégâts commis par des siècles de compétition forcenée entre des Nations dirigées par des gouvernants follement épris de « grandeur ».
+4
AlerterExcellent article où l’on apprend plein de choses.
En particulier le role (que je ne connaissais pas) de la Turquie au Soudan et surtout en Libye.
Et aussi, l’objectif final des US dans la région (le grand Israel), qui reste jusqu’à présent un simple soupçon, semble de plus en plus visible.
+10
AlerterErdogan a échoué. L’économie turque était dans le fossé bien avant ses aventures en Syrie et ailleurs, ses revendications maritimes ou les menaces de sa députation d’envahir certaines îles grecques (accord de 1921). Ajoutons l’obsession kurde pour faire bonne mesure. Il a perdu les municipalités d’Istamboul ET d’Ankara à cause de ses résultats et de la répression de l’opposition. A Istamboul les quartiers les plus pieux ont voté contre lui.
+2
AlerterComme toujours, le texte de Crooke est très bien documenté, mais on peut lui faire le reproche d’être un peu idéaliste. Marx nous invite à chercher les causes profondes sous « l’écume des choses » et les motivations individuelles.
Au début des années 2010, Washington avait le choix entre une stratégie de conciliation avec l’Iran et une stratégie de tension:
1> la première méthode, soutenue par Wall Street, a échoué au sens ou la Russie qu’elle devait affaiblir a fait mieux que tenir. Dès lors, le bol d’air accordé à l’Iran risquait de profiter aux européens et aux russes.
2> Donc, la stratégie de la tension, soutenue par le CMI et la CIA a pris le dessus. Les équipes de Bolton et Pompeo ont maintenant pour mission de créer l’affrontement avec les puissances « révisionnistes » en sacrifiant largement le Dollar. Comme on peut le constater, ça ne marche pas très bien pour mille et une raisons (faiblesse de l’Us Army, soutiens extérieurs à l’Iran etc).
Tout ceci n’est pas réellement une affaire de choix personnel de tel ou tel acteur. Les américains sont dans un entonnoir, ils mettent en oeuvre la seule stratégie qui reste pour espérer garder l’hégémonie. Le jeu profond des forces agît de lui-même, en quelque sorte.
+5
AlerterDans quelle mesure ce grand réveil religieux (américain, arabe et juif) ne va-t-il pas nous plonger dans une guerre à grande échelle ?
+2
AlerterVous croyez vraiment qu’il s’agit ici de problématiques religieuses? Come on…
+1
Alerter« Mais le président n’avait peut-être pas prévu que son agressivité allait se propager à Washington et dans les groupes de réflexion qui y gravitent . »
Personnellement je penserais le contraire.
Depuis très très longtemps le « Deep State » nous a habitués à des positions bellicistes quelle que soit celles du président.
Aux USA comme partout ailleurs dans les « républiques démocratiques de la communauté internationale » le président n’est qu’un pantin sans pouvoir car TOUS les pouvoirs ont été captés par une collusion entre les « hauts fonctionnaires » indéboulonnables et les « élites » ploutocratiques de la nation.
Les « élus », contrairement à ce que peuvent penser l’immense majorité de la population, ne sont là que pour faire de la figuration et changer quelques virgules sans importance dans les textes de lois tant que ces modification n’entraînent aucun changement réel dans la répartition du pouvoir entre les véritables acteurs qui décident de la vraie politique qui sera appliquée.
Ne comptez surtout pas sur l’élection d’un candidat « providentiel », vous serez TOUJOURS déçus.
Que ce soit Trump, Macron, Tsipras, etc. dans tous les cas la population ne peut que fermer sa gueule quand elle s’aperçoit qu’elle a été bernée un fois de plus par une « alternance » dans la continuité.
Et en cas de « révolution », celle-ci ne concernera bien souvent que le palais qui sera investi par de nouveaux « seigneurs » aux dents longues qui veulent remplacer leurs prédécesseurs vieillissants.
Les seules authentiques révolutions ne peuvent avoir lieu que dans des pays sans importance et sans ressources attractives pour les ploutocrates.
+6
AlerterAlastair Crooke pense que « Les pressions exercées par les États-Unis sur Erdogan sont réellement intenses ».
Pourtant, la situation sur le terrain montrent une réalité plus nuancée avec la reconquête d’Idlib. Il ne s’agit pas seulement d’une ville, mais de toute une région qui porte ce nom d’Idlib entre Lattaquié et Alep, et qui se trouvait sous le contrôle de la Turquie. Elle est reprise petit à petit par les forces syriennes de Bachar al-Assad avec les l’aide des Russes.
La Turquie avait minimisé son rôle dans cette région, prétendant apporter de l’aide humanitaire, et jouer un rôle d’observateurs. En réalité, il a été démontré qu’elle apportait aussi des armes et souhaitait étendre son territoire par cette petite annexion. D’ailleurs, Erdogan, en panique, est allé voir Poutine quand la région a été attaquée.
Les Etats-Unis et la France soutenaient aussi les rebelles d’Idlib, où se trouve notamment le fameux front al-Nosra, jusqu’à ce que l’alliance occidentale tourne sa veste très récemment. Par contre certains Kurdes, qui étaient présentés comme neutres ou opposés à Erdogan, se sont repliés en Turquie.
+3
AlerterJ’ai cru lire :
« Que les États Unis s’emmêlent ou pas ».
Il faut sans doute comprendre :
Que les États-Unis s’en mêlent ou pas.
Mais la version originale me plaît aussi. Les États Unis s’emmêlent effectivement assez souvent dans leur politique étrangère.
+4
AlerterA la fin du sommet du G7, dans tous les médias français, sur toutes les chaînes de télévision françaises, dans toute la presse française, les joueurs de pipeau nous avaient dit qu’Emmanuel Macron avait obtenu un triomphe diplomatique !
Pipeau !
Dans le monde réel, Macron s’est fait ridiculiser par les Iraniens.
Iran : le président Rohani ordonne la reprise du programme nucléaire iranien.
https://www.lci.fr/international/en-direct-le-president-rohani-ordonne-la-reprise-du-programme-nucleaire-iranien-2124663.html
+1
AlerterEt voilà Erdogan qui veut sa bombe aussi. Le grand bordel proche et moyen oriental a le vent en poupe. L’arc qui va du Xin Jiang à l’Europe est en flammes. Les papous « indonésiens » se font spolier et massacrer sans que les grands esprits prompts à régir sur des sujets plus « porteurs » ne s’en émeuvent le moins du monde. Juste pour dire.
+0
AlerterMonsieur Crook a l’air moins obnubilé par l’idée d’un « grand Califat » qui serait mis en place par Erdogan.
Il était pourtant tellement bien inspiré…
+0
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