Avec la montée du financiarisme et de la mondialisation, les banques sont sorties de leur coeur de métier (encaisser des dépôts et réaliser des crédits de proximité) pour se lancer dans de la spéculation à outrance, par différents moyens – allant des subprimes aux matières premières, en passant par les dettes d’État, aidées par le levier de la titrisation de leurs propres créances.
Observons donc l’évolution des crédits qu’elles ont accordés à l’étranger – allant du secteur privé au secteur public (via l’achat de bons du trésor pour ces derniers). Les chiffres suivants concernent tous les secteurs, et correspondant au risque final net (les encours notionnels sont supérieurs).
On observe que l’exposition totale des banques françaises à l’étranger a juste doublé en 2 ans (en 2006 et 2007), en étant augmentés de juste 2 000 Md$, soit presque le montant du PIB…
Depuis la Crise, les montants sont orientés à la baisse. Elles détiennent toutefois encore dans leurs comptes 3 000 Md$ de crédits divers à l’étranger…
Les banques françaises ont surtout prêté aux États-Unis (bons du trésor en l’espèce), à l’Italie, au Royaume-Uni et à l’Allemagne – qui représentent la moitié de leur exposition.
Le désengagement du risque États-Unis est patent…
L’exposition aux pays à risque actuels (PIGS = Portugal, Irlande, Grèce, eSpagne) est d’environ 260 Md$ :
- 140 Md$ sur l’Espagne
- 60 Md$ sur la Grèce
- 30 Md$ sur l’Irlande et sur le Portugal
ce qui suffit largement à les mettre en faillite en cas de défauts de ces pays…
Passons aux banques allemandes :
On observe que l’exposition totale des banques allemandes à l’étranger n’a augmenté « que » de 50 % en 2006 et 2007, soit 1 500 Md$.
Depuis la Crise, les montants sont orientés à la baisse et ont retrouvé leur niveau de 2006. Elles détiennent toutefois encore dans leurs comptes 3 000 Md$ de crédits divers à l’étranger…
Les banques allemandes ont surtout prêté aux États-Unis (bons du trésor en l’espèce), au Royaume-Uni, à la France, à l’Italie et à l’Espagne – qui représentent la moitié de leur exposition.
Comme pour les banques françaises, le désengagement du risque États-Unis et Angleterre est patent…
L’exposition aux pays à risque actuels (PIGS = Portugal, Irlande, Grèce, eSpagne) est d’environ 370 Md$ :
- 180 Md$ sur l’Espagne
- 120 Md$ sur l’Irlande
- 35 Md$ sur la Grèce et sur le Portugal
Passons aux banques espagnoles :
On observe que l’exposition totale des banques espagnoles a presque doublé en 2006 et 2007.
Depuis la Crise, les montants sont restés stables. Elles détiennent encore dans leurs comptes près de 1 500 Md$ de crédits divers à l’étranger…
Les banques espagnoles ont surtout prêté au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Brésil – qui représentent la moitié de leur exposition.
Il est frappant de voir qu’au contraire des banques allemandes et françaises, les banques espagnoles continuent joyeusement à prêter à l’Angleterre et aux États-Unis…
L’exposition des banques espagnoles est de :
- 85 Md$ sur le Portugal
- 10Md$ sur l’Irlande
- 1 Md$ sur la Grèce
Terminons par les banques anglaises :
On observe que l’exposition totale des banques anglaises a presque doublé en 2006 et 2007.
Depuis la Crise, les montants sont restés stables. Elles détiennent encore dans leurs comptes près de 4 000 Md$ de crédits divers à l’étranger…
Les banques anglaises ont surtout prêté aux États-Unis, aux Centres offshores (surtout Hong-Kong, Singapour, Iles Caïmans, Jersey, etc.), à la France et à l’Allemagne – qui représentent la moitié de leur exposition.
Le désengagement du risque États-Unis est là-encore patent…
L’exposition aux pays à risque actuels est d’environ 280 Md$ :
- 140 Md$ sur l’Irlande
- 100 Md$ sur l’Espagne
- 25 Md$ sur la Grèce
- 15 Md$ sur le Portugal
ce qui suffit largement à les mettre en faillite en cas de défauts de ces pays…
À demain pour la fin de cette étude ! 🙂
9 réactions et commentaires
On comprend pourquoi l’Allemagne flippe de voir la dette grecque restructurée…
Très bon billet, merci 😉
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AlerterD’après ce que j’ai compris, la France est plus exposée encore.
Ce qui est sûr, c’est que les dominos sont branlants et dangereusement rapprochés… Au moindre coup de vent, ça va être la cata.
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AlerterUn Bon Conseil : Du Gold et Du Silber (physique uniquement).
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AlerterMercredi 8 juin 2011 :
L’Allemagne est POUR une restructuration de la dette grecque.
Le ministre allemand des Finances a conditionné mercredi une aide financière supplémentaire à la Grèce à une participation accrue des créanciers privés à l’effort, par le biais d’une restructuration de la dette.
Dans une lettre aux plus hauts responsables s’occupant de la crise de la dette, dont l’Associated Press a obtenu une copie, Wolfgang Schäuble propose d’allonger de sept ans les délais de remboursement de la dette afin de donner plus de temps à la Grèce pour réformer son économie.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=1dfd8e2e0a616ead15d58310fae3ac7d
Le même jour, la France se déclare CONTRE une restructuration de la dette grecque.
La France a réaffirmé mercredi, par la voix du porte-parole de son gouvernement François Baroin, son opposition à toute restructuration de la dette grecque.
M. Baroin, qui est également ministre du Budget, était interrogé, lors de son compte-rendu hebdomadaire du Conseil des ministres, sur la proposition du ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble d’allonger de sept ans les échéances des obligations grecques en circulation.
La ligne de la France, c’est « le refus de la restructuration de la dette grecque. Nous ne dévions pas de cette ligne », a affirmé M. Baroin.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=bf8f32af6fe5d7dbdbbea6de7c912e8e
Conclusion :
l’Union Européenne, c’est des Etats qui ne sont d’accord sur rien.
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AlerterJeudi 9 juin 2011 :
Le PIB grec dévisse au 1er trimestre : – 5,5 % sur un an.
L’économie grecque s’est contractée beaucoup plus qu’attendu au premier trimestre, ce qui devrait rendre encore plus douloureuses pour le pays les mesures d’austérité supplémentaires réclamées à Athènes par l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI).
Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de – 5,5 % sur un an sur la période janvier-mars, selon des chiffres préliminaires publiés jeudi par l’agence grecque de la statistique Elstat, soit davantage que la contraction de – 4,8 % annoncée en estimation flash.
D’un trimestre sur l’autre, l’économie grecque affiche une croissance de 0,2 % sur les trois premiers mois de l’année, contre + 0,8 % en estimation flash.
Pour Emilie Gay, économiste chez Capital Economics, cela augure mal des efforts de la Grèce pour atteindre les objectifs de réduction du déficit prescrits par ses bailleurs de fonds internationaux.
« Nous prévoyons que l’économie se contractera de 5 % cette année. Pour nous, cela signifie que la Grèce ne parviendra pas à atteindre ses objectifs, comme l’an dernier », juge-t-elle.
http://www.latribune.fr/depeches/reuters/le-pib-grec-devisse-au-1er-trimestre-la-rigueur-va-peser.html
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AlerterJeudi 9 juin 2011 :
Le Portugal est obligé d’emprunter à des taux records.
Les taux des obligations portugaises à 10 ans ont dépassé ce jeudi les 10 % pour la première fois depuis la création de la zone euro, alors que les divergences au sein des instances européennes sur la Grèce font craindre des risques de contagion à d’autres pays. A 18h30, les taux à dix ans s’inscrivaient à 10,026 %, contre 9,855 % mercredi à la clôture.
«Il y a de plus en plus de cacophonie sur la Grèce entre ceux qui prônent une restructuration et ceux qui y sont farouchement opposés, cela a pesé sur les pays fragiles de la zone euro, et en premier lieu sur le Portugal», a souligné René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a réaffirmé que son institution était toujours catégoriquement opposée à toute forme de restructuration de la dette hellénique, y compris à celle proposée par l’Allemagne.
Berlin veut faire participer les créanciers privés, banques et fonds d’investissement, au nouveau sauvetage de la Grèce par le biais d’une restructuration «douce» qui passerait par un échange des titres en circulation contre des obligations d’une maturité allongée de sept ans.
Mais l’institution de Francfort craint qu’une telle opération ne soit interprétée par les marchés comme «un défaut» d’Athènes et que la panique ne les gagne concernant d’autres pays en difficulté de la zone euro, le Portugal et l’Espagne notamment.
http://www.20minutes.fr/ledirect/738811/portugal-oblige-emprunter-taux-records
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AlerterGrèce : la zone euro vers un rééchelonnement de la dette.
Berlin, qui veut faire participer les créanciers privés au deuxième plan d’aide à Athènes, semble en voie d’avoir gain de cause.
Bruxelles a annoncé vendredi 10 juin que la zone euro étudiait l’option d’un rééchelonnement de la dette grecque, sur une base volontaire de la part des créanciers, en précisant bien qu’il ne s’agissait pas d’une restructuration.
« Nous avons discuté ces derniers jours d’une initiative du style de celle de Vienne », a reconnu Amadeu Altafaj, le porte-parole du commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn. En 2009 dans la capitale autrichienne, les banques créancières de la Roumanie, alors en grave crise, s’étaient engagées en 2009 à maintenir leurs prêts arrivant à échéance.
« Dans ce contexte, nous avons aussi examiné la faisabilité d’une rééchelonnement volontaire de la dette ou reprofilage » de la dette, a-t-il poursuivi.
Il a toutefois insisté sur le fait que cela s’entendait « bien sûr à la condition, extrêmement importante, que ceci ne crée pas un événement de crédit », à savoir « une restructuration de dette » susceptible de créer la panique sur les marchés.
D’après l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel », la zone euro veut faire participer les créanciers privés de la Grèce à hauteur de 20 à 35 milliards d’euros, suivant ainsi la volonté allemande.
Selon le magazine, les ministres des Finances européens seraient prêts à considérer un échange d’obligations contre des titres à maturité plus éloignée.
C’est la solution prônée par le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, qui veut un allongement de sept ans des maturités pour toutes les obligations en circulation.
La Banque centrale européenne (BCE) est catégoriquement opposée à toute action sur la dette qui s’apparenterait à un défaut de paiement, mais pourrait consentir à une solution de « rollover » qui verrait les créanciers réinvestir dans de la dette grecque quand leurs titres arrivent à maturité.
Selon un porte-parole du ministère allemand des Finances vendredi, quelque 80 à 90 milliards d’euros de dette grecque arrivent à maturité d’ici à 2014.
http://www.challenges.fr/actualites/monde/20110610.CHA6614/grece__la_zone_euro_vers_un_reechelonnement_de_la_dette.html
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AlerterComment parler du défaut de paiement de la Grèce sans prononcer le mot tabou « défaut de paiement » ?
Réponse : il faut dire à la place « restructuration douce » !
Samedi 11 juin 2011 :
Grèce : Juncker pour « une restructuration douce » de la dette.
Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a prôné samedi sur une radio allemande « une restructuration douce » de la dette grecque, avec une participation volontaire des créanciers privés, comme le demande l’Allemagne.
« Il n’y aura pas de restructuration totale, là-dessus les gouvernements sont d’accord, l’appui de la BCE à une telle option ne pourrait être obtenu », a dit M. Juncker.
« Il va falloir qu’il y ait une restructuration douce et volontaire », a-t-il ajouté.
http://actu.orange.fr/une/grece-juncker-pour-une-restructuration-douce-de-la-dette_146484.html
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Alerter[…] à ce sujet le blog les crises, qui vous montre l’exposition des banques Françaises à l’étranger. Avec la montée […]
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