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17.février.202417.2.2024 // Les Crises

Face au massacre à Gaza, le Congrès américain est déconnecté de ses électeurs

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Les sondages réalisés auprès des électeurs américains montrent une sympathie grandissante pour les Palestiniens. Mais cette semaine, une simple mesure visant à vérifier si Israël utilise l’aide américaine pour violer les droits humains n’a même pas pu être votée par le Sénat.

Source : Jacobin, Branko Marcetic
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des manifestants pro-palestiniens interrompent la séance du 31 octobre au Sénat, au cours de laquelle le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, témoignaient. (Drew Angerer / Getty Images)

En 2024, les États-Unis d’Amérique continuent d’être un pays pro-israélien, même si une frange importante et croissante de la population est sensible à la cause palestinienne ; en particulier chez les jeunes, les démocrates et les progressistes.

Au Congrès américain, le soutien à Israël est quasi systématique et inconditionnel, et le soutien aux Palestiniens est minoritaire, au point d’être marginal.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le dernier vote du Sénat concernant la destruction quasi sans précédent de Gaza par Israël. Le mois dernier, le sénateur Bernie Sanders (Indépendant-Vermont) a proposé une modeste mesure qui ferait appel à une loi américaine existante qui oblige le département d’État à vérifier si un pays recevant une aide américaine respecte ou non les lois de la guerre, et à l’appliquer à Israël. La mesure de Sanders a finalement été soumise au vote en début de semaine.

La résolution n’aurait pas stoppé l’aide américaine à Israël, même si le robinet de l’aide se serait automatiquement fermé dans le cas où le Département d’Etat se serait trouvé dans l’incapacité de produire un rapport dans un délai de 30 jours. Le résultat le plus probable aurait été que le rapport soit présenté, et que le Congrès vote alors la poursuite de l’aide à Israël – un vote qui, avouons-le, aurait probablement été favorable à Israël, quelle que soit la conclusion du département d’État sur la campagne militaire du pays.

Néanmoins, le projet de loi a été rejeté au Sénat par une majorité écrasante de 72 à 11, 17 sénateurs s’étant abstenus. Tous les sénateurs qui ont voté en faveur de la mesure étaient des Démocrates, à l’exception de deux d’entre eux : Sanders lui-même et le sénateur Républicain Rand Paul. Des opposants comme le sénateur Ben Cardin (Démocrate-Maryland) ont affirmé que le projet de loi « afficherait une dissension entre Israël et les États-Unis ».

Si on traduit cela en pourcentage, cela veut dire que 72 % des membres du Sénat sont opposés à ce que le gouvernement américain ne fasse, ne serait-ce que vérifier si son aide est utilisée pour commettre des violations des droits humains, une accusation que Washington brandit régulièrement contre ses adversaires pour justifier l’escalade des hostilités ou une action militaire à leur encontre, et dont les politiciens américains se targuent en permanence au nom de la protection du monde entier. Seuls 11 % des sénateurs pensent que les États-Unis devraient s’assurer qu’ils ne sont pas en train de faciliter les crimes de guerre israéliens.

Si l’on en revient à des lignes partisanes, seuls 19 % des Démocrates du Sénat ont voté en faveur de ce contrôle modéré des crimes de guerre israéliens, et 77 % ont voté contre. Pour les Républicains, ces chiffres n’étaient que de 2 % et 67 %, respectivement.

Comparons maintenant ces chiffres aux récents sondages de l’opinion américaine concernant la guerre de Gaza ; cette enquête, par exemple, commanditée par l’American Arab Institute (AAI) et la Rainbow PUSH Coalition a été réalisée au début de ce mois. Ce sondage révèle qu’une majorité de 42 % des personnes interrogées pensent que la politique américaine devrait respecter un équilibre entre les besoins israéliens et ceux concernant les palestiniens, et pour la population américaine, selon ce sondage, les États-Unis devraient s’efforcer d’être un intermédiaire honnête entre les deux parties, dans un rapport de 57 à 26 %.

Quiconque s’assurerait que l’aide apportée à l’une des parties à un conflit n’est pas utilisée pour violer les droits humains de l’autre partie pourrait considérer qu’il s’agit là d’une approche « équilibrée » et d’un « rôle honnête d’intermédiaire ».

Par ailleurs, le sondage demandait très précisément si l’assistance militaire américaine à Israël devait être absolument sans conditions alors que les civils palestiniens sont mis en danger. La réponse à cette question ? Non, par 51% contre 26. La même proportion de personnes interrogées a également approuvé les objections formulées à l’encontre du président Joe Biden, qui a court-circuité le Congrès pour envoyer des armes à Israël en décembre, tandis qu’une autre fraction, cette fois de 41 %, a déclaré que les États-Unis devraient envisager de réduire ou de soumettre à des conditions les milliards de dollars d’aide américaine qu’Israël reçoit chaque année.

Penchons-nous sur ces chiffres. L’opinion publique américaine pense que les États-Unis doivent conditionner l’aide qu’ils accordent à Israël dans une proportion de près de deux contre un. Le Sénat américain de son côté pense à sept contre un, que les États-Unis n’ont pas besoin de vérifier que leurs armes ne servent pas à commettre des atrocités.

Le Congrès semble tout aussi peu représentatif, même si on le met en parallèle avec des sondages qui montrent un public plus favorable à la guerre d’Israël. Un sondage CBS News-YouGov réalisé au début du mois de décembre, par exemple, demandait si les « récentes déclarations et actions de Biden vis à vis d’Israël » avaient montré trop ou pas assez de soutien pour le pays. Au total, 69 % des personnes interrogées ont estimé qu’il avait fait preuve d’un soutien suffisant (41 %) ou insuffisant (28 %), ce qui ne correspond pas exactement au contenu du vote du Sénat de cette semaine, mais montre qu’il existait (du moins au début du mois de décembre) une solide majorité de l’opinion publique en faveur du soutien à Israël.

Mais ce sondage a également révélé que pas moins de 31 % des Américains estimaient que Biden avait trop soutenu Israël, ce qui contraste fortement avec les 11 % seulement de sénateurs qui ont voté en faveur du projet de loi de Sanders – et ce sondage a été réalisé avant les événements du mois et demi écoulé, dont l’explosion de la famine à Gaza, la barre des 20 000 morts palestiniens franchie et le procès pour génocide intenté contre Israël devant la Cour internationale de justice. Ce même sondage, d’ailleurs, montrait que 38 % des démocrates et 23 % des républicains estimaient que Biden accordait trop de soutien à Israël – soit bien plus que les 19 % de sénateurs Démocrates et les 2 % de sénateurs républicains qui venaient de voter pour le strict minimum en matière de contrôle de l’aide à ce pays.

Mais puisque le vote du Sénat porte sur une question assez spécifique qui ne correspond pas exactement à ce que les sondeurs ont demandé aux électeurs américains, intéressons-nous à quelque chose qui y correspond : le soutien des membres du Congrès en faveur d’un cessez-le-feu, la principale demande mondiale du mouvement de solidarité avec la Palestine, des organisations de défense des droits humains et des États atterrés par la guerre.

Selon le décompte de Win Without War, 59 membres de la Chambre des représentants et quatre sénateurs – tous démocrates – ont jusqu’à présent soutenu les appels au cessez-le-feu. Cela signifie qu’un cessez-le-feu n’est soutenu que par :

  • 13,6 % de la Chambre des représentants,
  • 4 % du Sénat,
  • 24 % de l’ensemble des Démocrates du Congrès et
  • 0 % de l’ensemble des Républicains du Congrès.

Ces chiffres sont en décalage flagrant avec le reste du pays, toutes tendances confondues.

Prenons l’exemple du sondage AAI/Rainbow PUSH, qui demandait aux électeurs s’ils seraient « plus enclins » ou « moins enclins » à soutenir un candidat à la Chambre des représentants qui soutiendrait un cessez-le-feu. Dans une proportion de plus de deux contre un, soit 51 contre 23, les électeurs ont déclaré qu’ils y seraient plus enclins, y compris une grande majorité de sondés démocrates, qui se sont prononcé par 61 contre17. Même la marge républicaine en faveur d’un cessez-le-feu, beaucoup plus faible (39 contre 30), est nettement plus favorable à l’idée que le nombre de républicains au Congrès qui la soutiennent actuellement (zéro).

On retrouve cette même tendance dans d’autres enquêtes. Selon un sondage de Morning Consult réalisé à la mi-décembre, les électeurs sont tous favorables à un cessez-le-feu par une marge de 59-19, soit trois contre un, y compris une majorité des Démocrates (68-13, soit plus de cinq contre un) et de Républicains (53-24, soit plus de deux contre un). Un sondage réalisé par Data for Progress au début du mois de décembre indique que ces mêmes chiffres sont respectivement de 61-28, 76-16 et 49-41. Même un sondage New York Times-Sienna College au cours du même mois, qui montrait une approbation moins catégorique d’un cessez-le-feu, révélait un électorat américain largement favorable à cette idée, quel que soit son parti, avec des marges respectives de 44-39, 61-22 et 24-60 ; là encore, très éloignées du niveau de soutien au Congrès.

On remarquera que tous ces chiffres, qu’il s’agisse des Démocrates ou des Républicains, sont loin de correspondre à l’opposition quasi universelle à un cessez-le-feu au sein du Congrès américain et au soutien apporté par les membres du Congrès des deux partis à Israël, quelque soit la manière dont sont utilisées les armes américaines. On sait depuis longtemps que le Congrès ne représente pas les opinions et les besoins de la population américaine. On a la preuve que c’est vrai, qu’il s’agisse de l’assurance-maladie pour tous ou, semble-t-il, de l’arrêt des massacres des Palestiniens par Israël.

CONTRIBUTEUR

Branko Marcetic est un des rédacteurs de Jacobin, il est aussi l’auteur de Yesterday’s Man : The Case Against Joe Biden (L’homme du passé, le dossier contre Joe Biden, NdT). Il vit à Chicago, dans l’Illinois.

Source : Jacobin, Branko Marcetic, 20-01-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Denis Monod-Broca // 17.02.2024 à 10h19

Nouvelle et troublante manifestation de la « sécession des élites ».

Comment l’expliquer ? Le poids de l’argent sans doute, qui peut se manifester de toutes sortes de façons…

16 réactions et commentaires

  • Denis Monod-Broca // 17.02.2024 à 10h19

    Nouvelle et troublante manifestation de la « sécession des élites ».

    Comment l’expliquer ? Le poids de l’argent sans doute, qui peut se manifester de toutes sortes de façons…

      +15

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  • olivier // 17.02.2024 à 15h01

    Les sondages et l’art de les faire parler.

    Info en passant sur le sondage dont il est question ici : « The web-based AAI poll, conducted Jan. 4 and 5, has a margin of error of plus or minus 3.2 percentage points. » Voila qui relativise les calculs.

    De l’autre coté :
    « A recent poll with a larger sample of 1,637 voters, commissioned for the Democratic Majority for Israel, indicated that 68% wouldn’t change their vote for Biden because of the way he is handling the war. Only 15% said they were less likely to support Biden due to his support for Israel. The DMFI poll also showed that 44% of American Jews are more likely to vote for Biden because he backs Israel. »
    (Forward)

    En decembre : « enquête mensuelle menée par Harvard CAPS/Harris a établi que le soutien à Israël dans sa campagne militaire était constant parmi toutes les catégories d’âge, sauf chez les 18-24 ans.
    En tout, 81 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles soutenaient Israël. Toutefois, parmi la classe d’âge la plus jeune, ce soutien est uniformément divisé entre Israël et le Hamas. » (TOI)

    « Sondage : 80 % des Américains soutiennent Israël dans sa guerre contre le Hamas » « Un sondage récent mené par Harvard CAPS-Harris et impliquant plus de 2 300 électeurs américains a mis en lumière un fort soutien envers Israël dans son conflit contre le Hamas » (I24News)

    Donc on constate que chacun fait les sondages qu’il lui convient pour faire parler le peuple de son côté. La chose a deja été relevé ici a propos du soutient à la solution a 2 etats.
    Prudence, la guerre de l’opinion fait rage

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    • La Mola // 17.02.2024 à 18h04

      « un fort soutien envers Israël dans son conflit contre le Hamas » (I24News) »

      ben, quand on répète à l’envi « Israël CONTRE LE HAMAS »dans la question, en rabâchant la propagande zioniste (dont I24News est un pur représentant) sûr qu’on ne peut plus s’attarder sur le sort des dizaines/centaines de milliers de victimes civiles actuelles et à venir !

      A contrario, des organisations US telles que JVP (Voix Juives pour la Paix) ou CODEPINK (féministes pour la paix) mobilisent avec de vrais succès contre ce qu’elles n’hésitent pas à qualifier de génocide !

      ex. https://www.codepink.org/hfacfail?utm_campaign=cpc_02202024&utm_medium=email&utm_source=codepink « you failed – vous avez échoué »

      et comme dans la plupart des pays « occidentaux » lémédia font la chasse à toutes les voix discordantes susceptibles de déconstruire le mythe des « valeurs » !

      après, à chacun de s’arranger avec sa conscience, hein.

        +10

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      • olivier // 17.02.2024 à 21h59

        J’evoque les sondage et la façon dont ont les fabrique. I24 vous ne l’aimez pas, soit. Ca reste une chaine d’info qui ne fait que citer un sondage Harvard CAPS-Harris. Vous pouvez ne pas aimer non plus. Les sondages…

        C’est une simple demonstration que chacun voit midi a sa porte, surtout avec les sondages. Les sondages servent a forcer les conciences pour imposer un moralement correct, souvent en dépit du bon sens. C’est l’effet conformiste : l’expérience de Asch. Vous connaissez ?

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        • moussaillon // 24.02.2024 à 04h47

          I24 Jwes c’est quoi et QUI ? Ce n’est pas assez clair ? Hypocrite et menteur . Chacun , midi à sa porte ? Sortez de votre machin du machin et vous verez le monde n’est pas à VOTRE image .

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  • DVA // 17.02.2024 à 15h18

    Euh, il n ‘ y a pas que le Congrès US qui est déconnecté de ses électeurs…Tous les gouvernements arabes (sauf Yémen, et Hezbollah) ainsi que les gouvernements occidentaux…pour des raisons d’argent aussi sans doute ? !

      +7

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    • bili // 18.02.2024 à 02h30

      Oui mais se sont les US qui donne le la de l opinion occidentale. Si demain les US condanne et sanctionne Israël, comme par magie tout les autres chancellerie vont leur emboîter le pa…

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    • moussaillon // 24.02.2024 à 04h44

      Précisez les pays arabe = du Golfe . Juste une question , vous connaissez combien de pays arabe ? Par contre , il est clair qu’un groupe et toujours le même occidental , parle d’une seul voix . OTAN , les masscreurs d’humain depuis 1990 , ils avaient seulement fait une pose de quelques année . Je hais tous que représente l’occident de son racialiste , dominateiur et de civilisation de barbare . Dans tous les pays du nord ouest sauf exseption pour le sud , allez en Afrique , Amérique du sud , asiatique : Vous ne croiserez jamais de regard autain et méprisan comme l’occident blanbèque . IL manque juste leur armures de 50 Kg et leur épées de 20 kg .

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  • landstrykere // 17.02.2024 à 19h12

    « les États-Unis d’Amérique continuent d’être un pays pro-israélien, même si une frange importante et croissante de la population est sensible à la cause palestinienne …/… le Congrès ne représente pas les opinions et les besoins de la population américaine. »

    les Etats-Unis ne sont pas une démocratie, mais une république patricienne à la romaine.
    Les éléments de langage dérivés du calvinisme anglo-saxons colportent le jargon utilisant des mots bannières vides de leur sens propre, tel démocratie.

    Or, pour rester très près du thème de l’article: celui-ci en gros souligne l’amoralisme criminel du régime américain, comme en porte-à-faux avec un sens des valeurs et de la justice au sein d’une partie de la population.
    En soi, puisqu’il ne s’agit que d’une partie de la population, celà indique que majoritairement l’absence de compas moral est bel et bien dominant. A savoir qu’une bonne partie de la population est tout simplement elle-même « déconnectée ».
    On songe alors à la prévalence d’une violence individualiste sans vision sociale au sein de la population.
    Sans quoi on s’imagine qu’ils se seraient révoltés depuis longtemps contre plusieurs absurdités telles les dérives financières du système de santé, la spirale triangulée violence-armes-prisons.

    [modéré]

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  • Lt Briggs // 17.02.2024 à 20h55

    Il n’y a pas que face au massacre à Gaza que le Congrès américain est déconnecté de ses électeurs :
    https://fr.statista.com/infographie/26640/niveau-confiance-dans-le-gouvernement-selection-pays-france/
    Trahir leurs électeurs un peu plus ou un peu moins… les congressistes US ne s’arrêteront pas à de telles considérations. Ce sont les mêmes qui votent sans sourciller les budgets militaires records, qui apportent comme chacun sait la paix dans le monde : https://www.rtbf.be/article/etats-unis-le-congres-adopte-un-budget-militaire-de-886-milliards-de-dollars-pour-2024-11301174
    La montée d’un sentiment pro-palestinien aux États-Unis est largement attestée. Ce qui est intolérable pour le pouvoir. Ainsi, des centaines de Juifs qui manifestaient dans les rues de New York et arboraient des tee-shirts « Cessez-le-feu » ont été arrêtés :
    https://www.bfmtv.com/international/amerique-nord/etats-unis/etats-unis-des-centaines-d-arrestations-lors-d-une-manifestation-juive-a-new-york-pour-un-cessez-le-feu-a-gaza_AN-202310280215.html
    Mais la répression s’accompagne aussi de désinformation. Comme sur I24News, qui est un peu la voix de Netanyahou. La chaîne a relayé les rumeurs d’une « quarantaine de nourrissons et d’enfants tués par le Hamas, dont certains décapités» dans le kibboutz de Kfar Azza. Le 4 décembre 2023, le quotidien Haaretz revient en détails sur le narratif et la chronologie des « bébés décapités » et conclut que « cette histoire est fausse ».
    Les sources :
    https://www.letemps.ch/monde/proche-orient-la-guerre-de-la-desinformation-fait-rage
    https://www.haaretz.com/israel-news/2023-12-04/ty-article-magazine/.premium/hamas-committed-documented-atrocities-but-a-few-false-stories-feed-the-deniers/0000018c-34f3-da74-afce-b5fbe24f0000
    Quand à la marge d’erreur de « plus or minus 3.2 percentage points », elle ne relativise strictement rien puisque « The survey also asked specifically whether US military assistance to Israel should come with absolutely no strings attached while Palestinian civilians are being put at risk. The answer? No, by a ratio of 51 to 26% ». Il est même possible que la marge d’erreur renforce le résultat global.
    Oui, plus que jamais la guerre de l’opinion fait rage, ici comme ailleurs.

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  • Olivier // 18.02.2024 à 16h22

    Il existe plusieurs sondages, ceux qui font l’objet d’études et ceux qui sont commandés, dont le résultat est rendu publique et dont la finalité est de soutenir une campagne de communication ( Ici le “Emergency Summit on Gaza ») C’est donc une recherche de crédibilité manifeste. Le commanditaire paye pour un résultat, il obtient donc son dû.

    L’art est d’encadrer les questions.

    La question, comme toutes les autres, était orientée dans un choix binaire entre A et B.
    « 6. Which statement comes closer to your own view :
 Statement A: The United States should always provide unrestricted financial and military assistance to the Israeli government.
Statement B: The United States should not provide unrestricted financial and military assistance to the Israeli government if it continues to operate in a way which puts civilian lives at risk in Gaza. « 
    B:51 A:26

    51 + 26 =77, il manque 23% des interrogés, ce qui ne gêne personne. Avec la marge d’erreur, probablement seule une minorité est d’accord avec le B, le A servant pourtant de repoussoir.

    Détail croustillant et conflit d’intérêt possible : Sondage réalisé par John Zogby Strategies pour le compte de Arab American Institute. Organisation a été fondé par James Zogby.

    Oui, c’est le frere de celui qui a réalisé le sondage. Un simple sondage consultatif en ligne, avec une marge d’erreur plus importante que la moyenne (1 a 3 en général) ici 3,2. Statistiquement trop faible pour être significatif. Trop peu crédible pour en faire un article.

    Dans la guerre de l’opinion, il y a ceux qui la combatte et ceux qui l’alimente.

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    • Lt Briggs // 18.02.2024 à 20h34

      « Organisation a été fondé par James Zogby. Oui, c’est le frere de celui qui a réalisé le sondage »
      « La question, comme toutes les autres, était orientée dans un choix binaire entre A et B. »

      J’ignorais qu’on devait disqualifier d’office le travail d’un sondagier parce qu’il aurait le malheur de répondre à la commande d’un institut dirigé par son frère.
      De même, un sondage avec des termes clairs peut parfaitement s’appuyer sur deux choix offerts aux répondants. Le résultat gagne ainsi en clarté. Les Etats-Unis fournissent en effet à Israël une aide permanente et massive sur les plans économique et militaire. La bibliographie abonde sur ce thème.

      Par contre, le parti-pris et les mensonges de I24News, média sur lequel vous vous appuyez, sont avérés, par exemple sur les bébés décapités. Ces mensonges ont été immédiatement suivis de discours de dirigeants israéliens qui entraient en résonance avec le média. Le ministre de la défense israélien a pu déclarer : « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».

      Je ne sais pas ce que « combattre la guerre de l’opinion » veut dire, mais vous l’alimentez assurément.

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      • olivier // 18.02.2024 à 23h37

        Je ne m’appuis pas sur i24, je cite un sondage Harvard CAPS-Harris pour souligner leur versatilité selon qui les commandes. Vous n’aimez pas non plus I24, c’est noté mais sans intérêt ici.

        Mon propos n’est pas sur le premier ministre israelien, sans intérêt ici, mais sur le sondage et cet article qui repose dessus.

        Quand a la question, oui, cela suffit pour orienter le résultat. Elle est enfermée entre deux choix binaire qui fait que 23% des sondés n’ont pas voulu répondre, et qu’une part des 51% a certainement choisit la réponse B faute de mieux. En encore, surement moins. Ce manque de choix multiples ou d’une case « Autre » par exemple empêche l’émergence d’une réponse sincère.

        C’est tres exactement ce qu’a noté le Dr. Khalil Shikaki du Palestinian Center for Policy and Survey Research lors de son 8e Arab Barometre a propos de la question posé sur le soutient de la solution a 2 états. Changez le nombre de choix, vous changez le résultat.

        Quand a l’évidence du possible conflit d’intérêt qui remet en question la crédibilité du sondage, inutile d’y revenir. C’est a minima un népotisme flagrant qui pose question.

        49% n’ont pas cliqué cette réponse malgre l’enfermement et une marge d’erreur énorme. L’interprétation qui est fait de ce résultat est plus que discutable. Je la qualifierait de militante et orientée.

        Je ne savais pas qu’analyser un sondage et exercer un esprit critique en exposant une possible manipulation revenait selon vous a « faire la guerre de l’information ». Interessant. Je disais qu’il fallait être prudent avec tous les sondage. Tous.

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        • Lt Briggs // 19.02.2024 à 13h31

          « Vous n’aimez pas non plus I24 »
          Il ne s’agit pas d’aimer ou pas qui ou quoi que ce soit, mais je suis étonné que vous contriez un sondage que vous jugez orienté par un autre sondage publié par le média si attaché à la vérité qu’est I24News.

          « …et qu’une part des 51% a certainement choisit la réponse B faute de mieux »
          Pure spéculation. Ou sinon écrivez vous-même le résultat du sondage, on gagnera du temps. Vous n’avez à aucun moment démontré la malhonnêteté du sondage dont il est question dans l’article.

          « Je disais qu’il fallait être prudent avec tous les sondage. Tous. »
          C’est bien vrai, ça. Je suis certain que vous attacherez autant de rigueur avec tous les futurs sondages dont il sera question ici, sans exception.

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          • olivier // 19.02.2024 à 18h46

            vous êtes etonné que je cite logiquement un sondage qui contredit celui posté ici comme démonstration du fait que les sondages sont à géometrie variable ? C’est ça qui est étonnant plutot.

            Non pas spéculation, terme impropre ici, mais déduction. Le résultat du sondage a semble-il été ecris a l’avance par ceux qui ont rédigé les questions de façon a avoir les resultats qu’ils souhaitaient. Que vous ne partagiez pas ce constat est votre liberté.

            Pour le reste, je l’ai deja fait et je le referais avec plaisir. Si j’en ai le temps, si j’en ai envie, si on ne me censure pas, et si ce dernier me semble incohérent. Les exemples ne manquent jamais. J’ai d’ailleurs faillis me pencher sur la fameuse analyse des grands medias dont d’experience je subodore la aussi une manipulation. Mais faute de temps…

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            • Lt Briggs // 19.02.2024 à 20h30

              « Le résultat du sondage a semble-il été ecris a l’avance par ceux qui ont rédigé les questions de façon a avoir les resultats qu’ils souhaitaient »

              Ah peut-être. Reprenons le sondage de Harvard CAPS-Harris, sur lequel vous vous êtes appuyé pour contrer celui de l’article. On n’y interroge pas les Américains sur les Palestiniens, mais sur le Hamas, avec forcément des résultats attendus, du genre « L’étude a également révélé que 80 % des personnes interrogées soutiennent Israël plutôt que le Hamas » ou « 74 % des sondés croient que le Hamas cherche à exterminer les Juifs en Israël ». Quel travail de fond, vraiment… C’est aussi honnête que si on avait interrogé les Américains avec des questions du genre : « Soutenez-vous l’armée israélienne ou les enfants bombardés de Gaza ? ». En faisant de plus de 2 millions d’habitants enfermés dans une prison à ciel ouvert des terroristes assoiffés de sang, on obtient la preuve souhaitée d’un soutien massif de l’opinion. C’est tout un art que d’accorder ou d’ôter la qualité de peuple.
              Les sondages sont à géométrie variable, c’est vrai, mais pourquoi avoir pris le pire ? Je n’ai pas besoin de revenir sur le média d’opinion dont vous avez mis le lien.

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