Le gouverneur du territoire autonome américain de Porto Rico a reconnu dimanche que l’île ne pourrait pas rembourser ses 72 milliards de dollars de dettes accumulées. Récit d’une longue descente aux enfers qui rappelle le cas grec.
C’est un territoire qui croule sous les dettes, est empêtré dans un cercle vicieux d’austérité et de récession et dont la majorité de la population est au chômage. Bienvenue… à Porto Rico, qui vit une situation qui a le goût de la crise grecque, l’odeur de la crise grecque, mais n’est pas la Grèce.
Là où Athènes tente encore d’éviter une faillite, ce territoire des États-Unis vient de jeter l’éponge. Le gouverneur de cette île des grandes Antilles, Alejandro García Padilla, a reconnu que son territoire ne pourrait pas rembourser ses créanciers lors d’un entretien au « New York Times », dimanche 28 juin. Porto Rico doit maintenant trouver un accord avec ses créanciers concernant les 72 milliards de dollars (64 milliards d’euros) qu’il leur doit.
Spirale infernale
« Nous sommes tombés dans une spirale infernale », a-t-il déclaré au quotidien de la côte Est des États-Unis. Ce territoire autonome tente de sortir d’une récession quasi-permanente depuis 10 ans. L’absence de croissance réduit ses rentrées fiscales, oblige Porto Rico à emprunter toujours plus d’argent sur les marchés pour se financer, ce qui a fait exploser la dette publique (qui atteint 100 % du PNB, le Produit national brut). Conséquence : plus personne ne veut prêter des fonds, sauf à des taux d’intérêt exorbitants, et les caisses du Porto Rico se sont vidées.
Mais on ne tombe pas dans une spirale infernale comme Obélix dans une marmite de potion magique par accident quand on est petit. « Il est coutumier de dire que les problèmes proviennent de la fin de la provision fiscale américaine 936 pour les entreprises du continent [États-Unis] qui s’installeraient sur l’île”, peut-on lire dans une analyse de la situation de Porto Rico rédigée par plusieurs membres passés et présents du FMI, à la demande des autorités locales. Oncle Sam se serait donc créé sa propre version de la Grèce en ne prolongeant pas, en 2006, une incitation fiscale qui avait fait de l’île un paradis pour des entreprises de divers secteurs de pointe. « Il y a eu un exode massif d’entreprises, notamment du secteur pharmaceutique, qui a favorisé la récession », souligne le « Wall Street Journal ».
Cette clause n’était, pourtant, pas le seul ver dans la pomme portoricaine, assurent les experts du FMI. L’activité a en effet commencé à décliner dès 2004 et cet accident réglementaire a servi de révélateur de problèmes plus profonds. Il y a d’abord eu une crise de l’immobilier, puis la crise financière de 2007 qui a durement frappé le « continent », principal partenaire commercial de l’île. La reprise n’a ensuite pas été au rendez-vous à Porto Rico car, d’après la note de synthèse, son marché du travail protège davantage les salariés que dans le reste des États-Unis, ce qui a dissuadé des entreprises de revenir s’installer sur l’île et d’autres d’embaucher. Le tout a entraîné une crise bancaire et du crédit.
Pas bon pour l’Américain moyen
C’est donc un tableau très noir que dressent ces économistes du FMI. Ils ajoutent, en outre, que l’austérité imposée par les autorités pour tenter de réduire le déficit et la dette a « été contre-productive ». Les Grecs seront sûrement ravis d’apprendre que de l’autre côté de l’Atlantique, des experts du FMI peuvent estimer que la rigueur en période de récession ne fait qu’aggraver les choses…
Le statut particulier de ce territoire rajoute aux problèmes de l’île. Porto Rico ne peut, en effet, pas demander à être placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites comme ont pu le faire Detroit et d’autres villes américaines. Ce texte permet, en effet, d’encadrer la procédure de restructuration des dettes. Mais Porto Rico va devoir se débrouiller comme un territoire autonome.
Le seul atout de l’île est que cette faillite n’est pas bonne pour l’Américain moyen, comme le souligne la BBC. Si dans le cas grec, la plupart des créances sont entre les mains d’importantes institutions financières, la situation est très différente à Porto Rico car les dettes sont, essentiellement, entre les mains de fonds de pension. C’est donc de l’argent de salariés et de retraités du « continent », et ceux-ci ont un poids politique certain.
Source : Sébastien Seibt, pour France 24, le 30 juin 2015.
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Commentaire recommandé
Le vote du parlement grec a fini! 229 pour, 64 contre et 6 « présent ». Varoufakis, Zoi Kostantopoulou , Panagiotis Lafazanis, des ministres, etc.ont voter NON Tsipras plane si il pense que à partir de Septembre il va gouverner tranquille !
La capitulation de Tsipras face à Bruxelles était le premier coup. La transformation de la gauche radicale a un nouveau Pasok (PS) continue. Tsipras a passé le 3eme mémorandum avec les votes de la droite, Pasok et Potami ! Alors l’unique pensée gouverne à partir de ce soir la Grece 10 jours après le NON du referendum ! Comme a dit Martin Schulz hier, seulement Tsipras « peut transformer la Grèce »…. Il prépare déjà la remaniement du gouvernement parce que faire élections , sait qu’il risque de lui couter cher…..
Honneur aux 39 sur 149 députés de Syriza qui ont dit non (32 non, 6 « présent » ! Ils ont résisté à la menace de Tsipras de faire élections (aux élections anticipés en Grèce, le chef du parti décide des futurs députés, alors il est clair qui ceux qui ont voté NON ils étaient exclus du parlement).
KKE et Aube Dorée ont vote NON.
Tsipras a vendu la gauche Grecque, et pire, a ouvert la porte aux néo nazis de Aube Dorée (d’ailleurs, vous savez que le 2013 avaient invites leurs amis de Kiev du Secteur Droit en Grèce ?)
Pratiquement un nouveau Maidan , contre l’avis de la population, on transforme le NON de 62% en Oui ! Pour les intérêts de l’Euro, de Bruxelles et de l’Allemagne !
Mais si au milieu de Juillet il déjà eu ce soir des violents affrontements, Septembre risque d’être très très compliqué pour Tsipras : en Grèce voter une loi est une chose, l’appliquer est une autre…..
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Ni l’un, ni l’autre
Même Laval mérite d’être davantage défendu que le pantin de Pigasse.
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