Famine à Gaza : la grande majorité des enfants de moins de 5 ans passent des journées entières sans manger

Depuis qu’Israël a commencé à envahir Rafah, le montant de l’aide entrant dans la région a chuté des deux tiers.

Source : Truthout, Sharon Zhang
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La grande majorité des enfants de moins de 5 ans à Gaza sont régulièrement contraints de passer au moins une journée entière sans manger, la famine organisée par Israël s’étant intensifiée ces dernières semaines, ont rapporté des groupes d’aide.

Selon une enquête alimentaire menée par des groupes d’aide humanitaire en mai, 85 % des enfants de moins de cinq ans ont été privés de nourriture au moins une journée sur une période de trois jours. Les chiffres officiels des décès rapportés par le gouvernement de Gaza ne comprennent pas les décès dus à la famine. Au moins 30 enfants sont morts de faim à Gaza jusqu’à présent.

La campagne d’affamement menée par Israël a entraîné une propagation rapide de la famine dans la région, qui, selon les groupes d’aide, s’aggrave de jour en jour alors qu’Israël poursuit son blocus quasi-total de l’aide humanitaire. Selon un rapport d’Oxfam publié lundi, le risque de famine à Gaza est plus élevé que jamais, car l’assaut incessant d’Israël et l’obstruction de l’aide ont rendu « virtuellement impossible » pour les groupes de mener à bien une réponse humanitaire.

Les Nations unies ont signalé que, depuis qu’Israël a commencé à envahir Rafah, la quantité d’aide entrant dans la région a chuté des deux tiers par rapport aux niveaux qui provoquaient déjà la famine avant le mois de mai.

Depuis le 6 mai, date à laquelle Israël a saisi et fermé le principal point de passage de l’aide humanitaire à Gaza, seuls huit camions d’aide sont entrés en moyenne chaque jour, soit environ 1 % des 500 à 600 camions qui, selon les Nations unies, devraient entrer chaque jour pour répondre aux besoins des Palestiniens.

En plus du blocus, les forces israéliennes ont récemment levé l’interdiction de livrer des denrées alimentaires à Gaza, ce qui signifie que les livraisons commerciales en provenance d’Israël et de Cisjordanie évincent désormais les camions d’aide qui tentent de franchir les postes frontières.

La nourriture et les autres fournitures, comme les tentes, qui entrent par camions commerciaux sont ensuite vendues à des prix extrêmement élevés, ce qui les met hors de portée des Palestiniens qui luttent déjà pour maintenir leurs familles en vie après des mois d’exactions et de destructions. Le Guardian rapporte que les camions commerciaux sont beaucoup plus nombreux à entrer dans la zone parce qu’ils peuvent payer plus cher les gardes de sécurité israéliens que les groupes opérant des camions d’aide.

Il y a deux semaines, les Nations unies ont signalé que leurs entrepôts de nourriture et de tentes à Gaza étaient vides en raison du blocus israélien. Aujourd’hui, des familles déclarent devoir payer 700 dollars pour une simple tente qu’elles devront ensuite planter dans des cimetières en raison de la surpopulation.

« Lorsque la famine sera déclarée, il sera trop tard. Lorsque la faim fera de nombreuses victimes, personne ne pourra nier l’impact horrible de l’obstruction délibérée, illégale et cruelle de l’aide par Israël », a déclaré Sally Abi Khalil, directrice d’Oxfam pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dans un communiqué. « Obstruer des tonnes de nourriture pour une population souffrant de malnutrition tout en faisant passer des boissons et du chocolat contenant de la caféine est écœurant. »

Plus d’un million de personnes ont fui Rafah lors de l’invasion israélienne, se réfugiant dans les villes voisines de Khan Younis, Al-Mawasi et Deir al-Balah, selon Oxfam. En conséquence, les deux tiers de la population de Gaza, soit 1,7 million de personnes, ont été contraints de se réfugier dans une zone qui représente moins d’un cinquième de la superficie de la bande de Gaza – une zone que les forces israéliennes bombardent de toute façon, bien qu’elles aient déclaré qu’il s’agissait d’une zone sûre.

La campagne de nettoyage ethnique menée par Israël à Gaza conduit à des conditions extrêmement insalubres et dangereuses. À Al-Mawasi, il n’y a que 121 toilettes pour plus de 500 000 personnes, selon Oxfam, ce qui signifie qu’il y a environ 4 130 personnes par toilette.

Israël poursuit son blocus et l’assaut sur Rafah bien que la Cour internationale de justice ait ordonné, en mai, la fin du siège israélien de Rafah et l’afflux immédiat d’aide humanitaire à Gaza afin d’empêcher la propagation de la famine et de sauver d’innombrables vies palestiniennes.

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Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et couvre la politique, le climat et le travail. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la trouver sur Twitter : @zhang_sharon.

Source : Truthout, Sharon Zhang, 04-06-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises