Il était une fois les États-Unis d’Amérique – le soi-disant « phare de la démocratie» du monde – qui ont failli atomiser les 600 millions de gens innocents que comptait alors la Chine. Et ce, avant même que Pékin n’ait ses propres bombes A. Eh bien, ça, dans les grandes lignes nous sommes au courant – mais, je le crains, sans que cela nous ait conduit à l’examen de conscience qui en découle – depuis l’article de 1988 de l’historien Gordon Chang JFK, la Chine et la bombe. (Chang m’a été confié à l’école supérieure alors qu’il était en chemin vers la faculté de West Point).
Source : antiwar.com, Danny Sjursen
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Le mémoire de Chang, qui a fait l’objet d’un examen par ses pairs, a fait des vagues – du moins dans le milieu universitaire – en révélant le fait assez grave qui est que l’administration Kennedy a apparemment sérieusement envisagé de s’allier aux Soviétiques pour, selon un suivi ultérieur de l’auteur érudit, « étrangler le bébé au berceau ». En d’autres termes, contraindre la Chine à abandonner son programme nucléaire naissant – et si nécessaire le détruire (même par le biais de bombes à hydrogène) – avant que Pékin ne puisse produire une arme fiable.
C’était aux alentours de 1961-64. Finalement, les Chinois ont bien testé leur première bombe en octobre de cette année-là. Et vous savez quoi ? Il ne s’est pas passé grand chose – peu de choses ont changé, l’Amérique a survécu, la fin du monde ne s’est pas produite. Si seulement ces pauvres âmes – et leurs descendants qui ne sont plus vraiment communistes – savaient combien elles ont été près d’être sacrifiées inutilement, ou de ne jamais exister, sur l’autel de l’absurdité stratégique des États-Unis.
Eh bien, ce qui est fait est fait, n’est-ce pas ? Faux (!), affirme Daniel Ellsberg, 90 ans, militant, véritable légende nationale, érudit, écrivain et « lanceur d’alerte citoyen » – bien connu dans le cadre des Pentagon Papers. Et c’est bien le contraire, il a récemment divulgué un document apparemment toujours classé, indiquant que six ans avant le premier essai nucléaire de Pékin, en réponse au bombardement communiste des îles contrôlées par Taïwan en 1958, les États-Unis ont élaboré des plans pour effectuer des frappes nucléaires sur la Chine continentale.
On connaît certaines parties de cette histoire obscure depuis que le ministère de la Défense a déclassifié des parties choisies de l’étude analytique de la crise en 1975, mais le gouvernement a gardé et censuré certaines sections démontrant que les chefs militaires américains avaient insisté pour que des frappes nucléaires de premier recours soient utilisées contre la Chine – bien qu’ils aient aussi prévu que dans ce cas, les Soviétiques réagiraient probablement de la même manière. En d’autres termes, les généraux et amiraux de haut rang étaient prêts à accepter la mort de millions de personnes – y compris des Américains – en massacrant d’innombrables citoyens d’une nation non nucléaire, pour défendre un allié non essentiel auquel aucun traité ne les liait.
C’est sûrement grotesque – mais pourquoi révéler ça maintenant ? Eh bien, Ellsberg a apparemment photocopié l’étude top secrète sur la crise du détroit de Taïwan au même moment – il y a quelques cinquante ans – que les Pentagon Papers, mais il ne la révèle qu’aujourd’hui, dans un contexte de montée des tensions de la « nouvelle guerre froide » entre les États-Unis et la Chine au sujet des îles de la mer de Chine méridionale et notamment, une fois encore, de Taïwan. Alors que l’oncle Joe et le Donald ont, lors des récentes élections, semblé s’efforcer de se montrer plus faucon l’un que l’autre sur la question de la Chine, et que les exercices de démonstration de force rhétorique et militaire sont désormais à l’ordre du jour tant à Pékin que dans le Washington de Biden, Ellsberg espère apparemment qu’un acte radical de courage et de prise de risque pourrait calmer les esprits, ne serait-ce qu’un peu.
Cela seul vaudrait déjà la peine. Mais il y a d’autres raisons, tout aussi pertinentes, qui mènent à publier cette analyse d’une vieille histoire à ce moment précis. Car le fait est que, bien souvent, le passé est un prologue, et parfois cela n’appartient même pas au passé. En fin de compte, ce que Ellsberg a dévoilé témoigne de la folie – la folie endémique des politiciens américains, et peut-être même du pouvoir en général. Et si nous voulons survivre en tant qu’espèce, c’est là un sujet qui mérite d’être étudié.
#1 : nous obliger à nous souvenir des politiques délirantes du passé
La première chose que le document révèle, et qui devrait maintenant être une évidence absolue – mais qui ne l’est pas – est que les dirigeants américains n’étaient pas, et ne sont pas, intrinsèquement plus rationnels ou humains que la plupart des gens. Cela peut encore choquer de nombreux patriotes dénués d’esprit critique, superficiels et de façade, ici dans cette « Terre de Liberté », mais c’est pourtant une simple vérité selon les critères les plus fondamentaux de la philosophie et de la politique.
Le fait que ces leaders de la Grande Génération, mon dieu tellement vénérés, qui ont atteint le sommet même de la hiérarchie militaire américaine adulée, aient même pu envisager d’appeler à l’atomisation de millions d’enfants chinois – alors qu’ils avaient anticipé (à tort ou à raison) que les représailles nucléaires soviétiques allaient certainement anéantir des milliers de leurs propres troupes stationnées sur le front, et peut-être des millions de civils américains vivant aux États-Unis – illustre parfaitement la capacité des hauts dirigeants américains à faire preuve d’une cruauté impitoyable et d’une témérité de cow-boy imprudent.
Ce qui prouve une fois de plus que, comme les historiens critiques l’affirment depuis longtemps et le plus souvent possible, dans le contexte de la guerre froide, Washington a souvent été le principal provocateur et le joker écervelé. Bien souvent il l’est encore. Non pas que les États-Unis soient à tous points de vue le pire empire de l’histoire. Même Ellsberg admet que ce n’est pas le cas. Cependant, il a récemment fait remarquer que l’Amérique « a une particularité : Nous avons inventé l’Arme de l’Apocalypse, véritable outil de notre influence ». Et, comme le montre le document qu’il vient de rendre public, les chefs militaires américains, immensément populaires, étaient souvent extrêmement désinvoltes quand ils conseillaient le président sur la façon d’exercer ce pouvoir quasi divin. Heureusement, Ike – comme Kennedy plus tard – a finalement renâclé.
Encore heureux, parce que bien sûr, comme pour les catastrophistes de l’ère Kennedy qui criaient au loup, les adeptes du risque de la fin du monde parmi les conseillers civils – et surtout militaires – d’Eisenhower se sont révélés être une autre bande de sinistres alarmistes. Le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, dont on se souvient surtout parce qu’il a théâtralisé le coup de sa chaussure aux Nations unies, s’est montré plutôt rationnel en ce qui concerne l’imbroglio du détroit de Taïwan. Il avait déjà senti que se profilait une scission imminente dans le tout sauf monolithique camp communiste – excepté du point de vue délirant des Américains – et était de plus en plus inquiet quant à la vision apparemment condescendante de Mao Zedong concernant la guerre nucléaire et, dans l’année, il y a réagi en mettant fin à l’assistance technique de Moscou au programme nucléaire de Pékin.
Il s’en est fallu de peu pour que la catastrophe civile ne se produise – ce qui ne veut pas dire que les personnages clés de l’administration Kennedy, qui dans sa course à la victoire fondée sur un « retard en missiles » [par rapport aux Soviétiques] qui n’existait pas, ont tenu compte de ce meurtre de masse évité de justesse en 1958.
#2 : Exposer les loufoqueries passées et présentes de l’Amérique
Nous en arrivons à la deuxième raison pour laquelle la publication par Ellsberg des sections classifiées de l’étude sur la crise de Taiwan est opportune et toujours une exigence. Depuis la Seconde Guerre mondiale, et en dehors des sentiers battus, surtout depuis le « show » de la guerre du Golfe persique de 1990-91 et les attentats du 11 septembre, un mythe fétichiste s’est développé montrant le militaire comme le phare moral et sobre stratège réaliste dans un monde en déliquescence sur le plan de l’éthique et des aptitudes civiques. C’est exactement la raison pour laquelle les faux libéraux de l’establishment ont fait tout ce cirque au sujet des généraux qui étaient censés freiner Trump et être les seuls « adultes dans la salle ». Pourtant, ce que l’histoire montre, et qui n’est pas révélé seulement par les documents d’Ellsberg – et que tant JFK que Ike ont fini par savoir – c’est que la notion de généraux sauveurs n’est pas seulement un mythe erratique, mais aussi une illusion dangereuse. C’est peut-être la raison pour laquelle ce sont précisément les parties de l’étude top secrète révélant l’attitude des officiers supérieurs à l’égard des options nucléaires dans le détroit de Taïwan que le gouvernement a maintenues sous censure. Une lecture même sommaire permet de comprendre pourquoi.
Prenons par exemple la description que fait le document des recommandations du général Laurence S. Kuter, commandant en chef de l’armée de l’air pour le Pacifique, en 1958. Ce personnage souhaitait obtenir une délégation d’autorisation pour une attaque nucléaire de premier recours contre la Chine continentale dès le début de tout conflit – discours bien audacieux pour un officier qui avait effectué très peu de missions de combat pendant la Seconde Guerre mondiale et était considéré par ses pairs et ses supérieurs comme un simple « fonctionnaire d’état-major ». Or il était prêt à adopter un plan de déclenchement de la guerre en ne bombardant – du moins dans un premier temps – que les aérodromes chinois, afin de rassurer les sceptiques au sein de l’administration Eisenhower, vous savez, les opposants aux meurtres de masse (à l’étranger) et aux morts en masse (dans le pays) .
Ce n’est pas que Kuter ait éprouvé le moindre respect pour ce genre de « colombes », déclarant tout simplement lors d’une réunion : « Une proposition de l’armée de limiter la guerre géographiquement [aux seules bases aériennes] aurait du mérite, si elle pouvait écarter l’intention de certains humanitaires malavisés de limiter la guerre à des bombes métalliques désuètes et à de la poix bouillante ». Maudits soient ces voyous de pacifistes qui ont prouvé qu’ils avaient indiscutablement raison de s’opposer à l’atomisation de millions de civils à chaque fois, c’est bien ça ?
Et puis il y avait le chef suprême de l’armée, le général Nathan F. Twining, commandant en chef de tous les chefs d’état-major interarmées. Selon le document d’Ellsberg, ce fou-furieux a déclaré que si le bombardement des bases aériennes – et, étant donné la nature des charges nucléaires, entraînant de fait la mort d’innombrables civils chinois à proximité – ne forçait pas Pékin à se retirer de Taïwan, il n’y aurait « pas d’autre choix que de mener des frappes nucléaires en Chine jusqu’à Shanghai ». Compris ? Aucune alternative, absolument aucune alternative – un vrai génie créatif ce type, le plus grand militaire américain de l’époque !
Il est parfois arrivé que de tels généraux et amiraux dotés de l’arme nucléaire se révèlent non seulement stratégiquement obtus et dérangés, mais aussi potentiellement insubordonnés et frappadingues. Comme il le raconte dans The Doomsday Machine, au cours de ses nombreux voyages d’enquête dans le Pacifique, Ellsberg a interrogé les principaux commandants américains en Asie quant à leur réaction probable si théoriquement ils recevaient un ordre présidentiel leur demandant de diriger leurs bombardiers uniquement vers l’Union soviétique dans une guerre bilatérale. Même lui a été choqué par les réponses, puisque l’esprit de clocher des militaires de haut rang (principalement de la marine) et du théâtre du Pacifique les conduisait non seulement à être horrifiés par la perspective « hors de question » de ne pas lancer des missiles nucléaires simultanément sur les villes chinoises en cas d’attaque contre les Soviétiques, mais aussi à insinuer, et pas très subtilement, qu’ils considéreraient probablement l’ordre comme une erreur (évidemment « démentielle ») mais envisageraient de le suivre quand même.
De peur qu’Ellsberg ne paraisse alarmiste dans sa façon d’évaluer ces militaires, ou quant à ses motivations pour publier maintenant ce document classifié vieux de 62 ans, gardez à l’esprit qu’après avoir travaillé sur des plans de guerre de commandement et de contrôle nucléaires – voyageant dans le Pacifique et rencontrant de réels commandants de bombardiers stratégiques de l’Air Force – il a quitté le Pentagone pendant une journée de travail pour aller voir la sombre comédie Docteur Folamour ou : Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe [Dans ce film de Stanley Kubrick de 1964, le général Jack Ripper, convaincu que les Russes ont décidé d’empoisonner l’eau potable des États-Unis, lance sur l’URSS une offensive de bombardiers B-52 en ayant pris soin d’isoler la base aérienne de Burpelson du reste du monde. Pendant ce temps, Muffley, le Président des Etats-Unis, convoque l’état-major militaire dans la salle d’opérations du Pentagone et tente de rétablir la situation, NdT]. Comme il l’a décrit de manière assez glaçante dans son livre de 2017, The Doomsday Machine : Confessions of a Nuclear War Planner, lui-même et Harry Rowen, son collègue – plus tard secrétaire adjoint à la défense pour les affaires de sécurité internationale sous Dick Cheney – ont quitté le cinéma dans un état d’hébétude, « tous deux convenant que ce que nous venions de voir était, au fond, un documentaire. »
Il ne fait aucun doute qu’Ellsberg a rencontré son juste lot de personnages folamouriens – des généraux de type Jack D. Ripper et Buck Turgidson [personnages du film Docteur Folamour, NdT] – de près et en personne au cours de ses voyages dans le Pacifique et au Pentagone, mais voilà où on en est : il n’est que très moyennement convaincu qu’il y ait aujourd’hui des adultes qui tiennent la boutique mieux qu’hier. Faisant le parallèle entre le duo Trump-Biden et les cliquetis de sabres chinois de l’ère Ike-Kennedy dans le détroit de Taïwan, Ellsberg conclut de manière déconcertante : « Je ne crois pas que les gens impliqués à l’époque étaient plus stupides ou irréfléchis que ceux du cabinet actuel ou que ceux de la période intermédiaire ».
En d’autres termes, même les libéraux « bien-élevés » et les gestionnaires politiques de niveau intermédiaire faillibles pourraient bien continuer de miser sur la survie de l’espèce, ou faire une vraie bourde – pour un prix stratégiquement plus insignifiant que n’importe quel autre – un minuscule Taïwan bien lointain… les humains n’étant (bien souvent de manière irrationnelle) que des humains après tout.
#3 : Remettre en question la folie d’une nouvelle guerre froide
Ces considérations mineures que sont les risques potentiellement existentiels de l’escalade actuelle de la rhétorique et des actions concernant la Chine – sur lesquelles nous, citoyens « démocratiques », n’avons pas voix au chapitre – expliquent l’urgence d’Ellsberg et le moment choisi pour la publication. Une grande partie du problème est que, plus de 60 ans après la crise décrite dans le document, le statut de Taïwan vis-à-vis de sa relation avec la Chine continentale – et la question de savoir si Washington voudrait, pourrait ou devrait la défendre (peut-être avec des armes nucléaires) – reste stratégiquement ambiguë. D’une manière ou d’une autre, cette option de massacre thermonucléaire n’est pas non plus totalement impensable, même aujourd’hui. Comme l’a fait valoir Odd Arne Westad, historien respecté de la guerre froide, en réagissant à la révélation d’Ellsberg, si la Chine envahissait Taïwan maintenant, « l’éventualité d’une telle confrontation mettrait une pression suffisamment énorme sur les politiciens américains pour qu’ils réfléchissent à la manière dont ils pourraient déployer des armes nucléaires ». Écoutez, il a probablement raison – mais ce sont des propos insensés.
Westad a évoqué le fait que de telles possibilités sont probablement envisagées par les planificateurs d’urgence du Pentagone comme quelque chose qui « donne à réfléchir » ; Ellsberg a qualifié de « superficielles et imprudentes » ces discussions de haut niveau qui nous rappellent 1958. Mais c’est encore pire que tout cela, car – bien que l’on entende rarement parler de cet éléphant dans la salle de commandement – les dirigeants politiques et militaires américains font finalement monter les enchères et risquent l’apocalypse, pour la primauté dans une mer qui porte le nom de la Chine et un détroit qui est l’équivalent par sa taille du détroit de Floride entre Key West et Cuba.
En d’autres termes, on sait très bien qui navigue réellement sur le territoire aquatique de qui, et donc qui a plus qu’un intérêt vital à le sécuriser. Vous pensez que ce n’est pas un chemin exceptionnellement périlleux à parcourir avec une puissance économique de plus d’un milliard de citoyens, désormais bien armée [nucléairement parlant] ? Imaginez la réaction de Washington si Pékin faisait naviguer l’un de ses deux porte-avions (bien sût, l’US Navy en a onze) bien au-delà des fêtards de Duval Street à Key West – comme l’US Navy l’a justement fait le mois dernier, navigant dans le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale. Il y a de fortes chances pour que cela ne se termine pas bien.
Il s’est avéré, en 1958, que les États-Unis pouvaient tolérer sans risque une Chine communiste – tout comme il s’est avéré, après 1964, qu’ils pouvaient vivre avec – comme nous le faisons depuis des décennies maintenant – une Chine dotée de l’arme nucléaire. Imaginez cela. Il ne fait aucun doute que nous serions tous mieux lotis si toutes ces machines à suicide thermonucléaires suivaient le chemin du dinosaure avant que notre espèce entière ne le fasse – mais il n’y a aucun sens à risquer tout cela inutilement.
#4 : Défier la folie politique du gouvernement
Ma grand-mère bien-aimée, quoique parfois rébarbative, qui croyait sincèrement que les Beatles qui se faisaient pousser les cheveux et les astronautes qui « batifolaient là-haut [dans l’espace] » présageaient une Amérique sur le déclin et partant à vau-l’eau, est décédée en janvier dernier à l’âge de 99 ans. À la fin, son esprit était pratiquement rongé par la maladie d’Alzheimer, mais jusqu’à ses années de nonagénaire, Mary (née Maria Lompado) est restée étonnamment vive d’esprit. Pourtant, sans vouloir faire preuve de la moindre once d’âgisme (je l’espère), il est difficile de l’imaginer, comme beaucoup d’autres personnes de 90 ans – ou d’ailleurs de n’importe quel âge – décider de s’attaquer seule au gouvernement américain (encore une fois !) et risquer de passer le reste de sa vie en prison. Pourtant, c’est précisément ce que Daniel Ellsberg défie le ministère de la Justice de faire.
Dans un sens très réel, outre l’espoir de tempérer les tensions grandissantes inutiles d’aujourd’hui avec la Chine, l’autre objectif d’Ellsberg en choisissant ce moment pour la publication du document classifié est de contester – voire de dénoncer – la guerre de Washington contre les lanceurs d’alerte et le climat général de censure des discours dissidents. Et, en vérité, qui le ferait mieux que lui ?
En fait, Ellsberg ne s’est pas contenté de prendre le risque d’une inculpation pénale en publiant ce qu’il estime être des révélations cruciales : il veut créer un précédent en se présentant en tant que défendeur dans une affaire qui remet en question l’utilisation accrue par le ministère de la Justice de l’Espionage Act pour poursuivre les fonctionnaires qui divulguent des informations – même quand il s’agit de révélations capitales qui sont incontestablement d’intérêt public. Ce n’est pas une mince affaire, et peut-être – en espérant qu’il ait une longévité digne de l’Ancien Testament – il s’agit là pour lui d’un dernier et courageux défi face aux abus et à l’indécence du gouvernement, dans une vie entièrement dédiée à cette cause.
Daniel Ellsberg incite essentiellement les procureurs du gouvernement à procéder à des mises en accusation, afin de tester les limites et d’exposer tant les abus que les incohérences d’une loi archaïque sur l’espionnage qui aurait dû être abandonnée il y a plus d’un siècle – ne serait-ce qu’en raison de son héritage autoritaire et liberticide relevant de la Première Guerre mondiale. Il est prêt – il l’espère même – à porter une telle affaire jusqu’à la Cour suprême.
Bien que la démarche soit sans doute risquée, la décision d’Ellsberg est une pique audacieuse et peut-être brillante lancée à l’encontre de Washington. Le gouvernement américain, en particulier sous la direction de Biden, qui s’est autoproclamé « pour le retour de l’éthique », pourrait se retrouver piégé dans une situation perdant-perdant face à cet activiste âgé légendaire et chevronné (qui, sans aucun doute, a inspiré de nombreux membres de l’administration tout au long de leur vie). Pensez-y. Soit :
A) Le ministère de la Justice décide de ne pas procéder à une mise en accusation – apportant ainsi la preuve de la nature politisée, inéquitable et souvent arbitraire des poursuites engagées en vertu de la loi sur l’espionnage, dont la portée est abusive et excessive. De plus, cela pourrait créer un dangereux précédent problématique pour les futures procédures contre les prochains lanceurs d’alerte d’intérêt public. Et Dieu sait que les puissants ne veulent pas perdre cette arme de leur boîte à outils quand il s’agit de restriction de la liberté d’expression.
Ou alors :
B) Ils portent plainte – démontrant à tous la capacité du gouvernement à faire preuve de cruauté en matière de censure de la presse et d’entrave à la liberté d’expression, en exposant publiquement son linge sale antidémocratique. Cela voudrait dire faire un martyr d’une légende militante américaine et signifierait que le ministère de la Justice se place délibérément en procès à rebours devant le tribunal de l’opinion publique.
Ce n’est pas vraiment un choix idéal parmi les options disponibles, même s’il ne fait aucun doute qu’auparavant le gouvernement a stupidement choisi le marteau le plus lourd à de nombreuses reprises.
Enfin, Ellsberg classe Chelsea Manning et Edward Snowden respectivement aux premier et deuxième rangs de son « Top 5 des lanceurs d’alerte », et il ne fait aucun doute que sa décision de mettre le gouvernement au défi de l’inculper, et donc prenant ainsi le risque de mourir en prison, vise en partie à leur donner publiquement raison – et probablement à Julian Assange aussi –, et à ouvrir une voie plus sûre pour que les futurs Manning et Snowden puissent révéler des vérités vitales qui parlent haut et fort au pouvoir. Ellsberg a raison sur ce point : L’Amérique, et les Américains, auraient bien besoin de gens comme ça en cette époque de guerre sans fin.
Lorsqu’il s’agit de l’escalade de la « nouvelle guerre froide » américaine d’aujourd’hui avec la Chine, inutile, déséquilibrée, ingagnable et (qui devrait être) inimaginable, la citation d’Albert Einstein en épigraphe du livre d’Ellsberg, The Doomsday Machine, est inconfortablement appropriée : « Le pouvoir déchaîné de l’atome a tout changé, sauf nos manières de penser, et nous dérivons ainsi vers une catastrophe sans pareille. »
Le « père de la physique moderne » – qui a lui-même influencé le lancement du projet Manhattan (visant à mettre au point la première bombe atomique pendant la Seconde Guerre mondiale) – a écrit ces mots il y a 75 ans. Pourtant, à écouter des politiciens soi-disant sérieux ou à lire les « penseurs » de nombreux groupes de réflexion de l’establishment, il est douloureusement évident que les modes de pensée des puissants n’ont encore pas beaucoup changé.
Donc, à moins que le courageux et risqué Ave Maria d’Ellsberg ne fasse bouger l’aiguille un peu plus que d’habitude – ou qu’un grand nombre de vrais citoyens se mettent à faire la même chose en masse – il semble bien que les Américains, et le reste des citoyens du monde, non consultés, sont sûrs de continuer de dériver vers la catastrophe. Peut-être même allant de l’illusion à l’extinction. Voilà maintenant des décennies qu’Ellsberg soutient la même chose, et bien que dans un article récent de The Nation on lise que « le bonheur n’est pas un état d’esprit qu’Ellsberg porte à la boutonnière », il a l’intention de mourir en luttant. Lorsqu’on lui a demandé si, à 90 ans, « il pourrait ralentir un peu » et passer le relais à des militants plus jeunes, il a répondu : « Je continuerai d’essayer de sensibiliser les gens jusqu’au jour de ma mort. Je pense que notre politique nucléaire est… dangereusement délirante. » Voilà tout.
Daniel Ellsberg ne possède pas une once de lâcheté – et nous devrions prendre exemple sur lui.
*
Danny Sjursen est un officier de l’armée américaine en retraite, directeur du Eisenhower Media Network (EMN), chargé de recherche au Center for International Policy (CIP), collaborateur d’Antiwar.com et co-animateur du podcast « Fortress on a Hill ». Ses travaux sont parus dans le NY Times, le LA Times, The Nation, The Hill, Salon, The American Conservative et Mother Jones, entre autres publications. Il a effectué des missions de combat en Irak et en Afghanistan et a enseigné l’histoire à West Point. Il est l’auteur de trois livres, Ghostriders of Baghdad : Soldiers, Civilians, and the Myth of the Surge, Patriotic Dissent : America in the Age of Endless War, et plus récemment A True History of the United States. Vous pouvez le suivre sur Twitter @SkepticalVet.
Source : antiwar.com, Danny Sjursen, 27-05-2021
Traduit les lecteurs Les-Crises
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Commentaire recommandé
Cet article nous permet entre autres choses, de nous faire comprendre que les soit-disantes déclassifications qui nous tombent dessus comme de grandes révélations, sont aussi des outils de propagande pour maintenant. « ILS » caviardent (et je complote), ILS proposent peut-être des inventions, des faux. Pourquoi se gêner et qui a les moyens de s’en rendre compte ?
Ceci pour dire que les secrets présents et passés de nos décideurs sont une violation des discours (dits) démocratiques : nous ne décidons en rien et leurs promesses le restent.
La dite délégation de pouvoir n’est pas : c’est une perte totale de pouvoir et une domination totale (à epsilon près, cet epsilon qui nous illusionne sur le tout.
24 réactions et commentaires
Cet article nous permet entre autres choses, de nous faire comprendre que les soit-disantes déclassifications qui nous tombent dessus comme de grandes révélations, sont aussi des outils de propagande pour maintenant. « ILS » caviardent (et je complote), ILS proposent peut-être des inventions, des faux. Pourquoi se gêner et qui a les moyens de s’en rendre compte ?
Ceci pour dire que les secrets présents et passés de nos décideurs sont une violation des discours (dits) démocratiques : nous ne décidons en rien et leurs promesses le restent.
La dite délégation de pouvoir n’est pas : c’est une perte totale de pouvoir et une domination totale (à epsilon près, cet epsilon qui nous illusionne sur le tout.
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AlerterOui et permettez moi d’insister en nommant correctement les choses: dictature de la bourgeoisie ou oligarchie ploutocratique.
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AlerterOui bien-sûr !
merci
et puisque ce robot exige plus de mots :
Une ploutocratie (i.e. forme de dictature au sens a-démocratique) soutenue par une bourgeoisie tenue par le fric, les miettes de biens, juste assez pour les maintenir comme larbins serviles.
+5
AlerterMerci pour ce super article. Espérons que le pari de Daniel Ellsberg aidera Julian Assange. Et juste pour info : c’est très court :https://www.franceculture.fr/histoire/lhistoire-du-premier-lanceur-dalerte
+1
AlerterAh les braves scientifiques…..Oppenheimer qui cite la Bhagavad Gita en assistant à la première explosion nucléaire dans le désert ( « Si dans le ciel se levait tout à coup la Lumière de mille soleils, elle serait comparable à la splendeur de ce Dieu magnanime…81,n 1 » ), Einstein qui regrette que les façons de penser restent les mêmes .
Oui mais sans eux pas de bombes .
Une chose est sûre : 1945 c’est le vrai changement de paradigme dans l’histoire militaire de l’humanité .
+1
AlerterEt la bombarde qui détruit les murailles ?
et l’arbalette qui tue de si loin ?
et la massue qui assome tellement plus fort et sans douleur que le poing ?
et la plume qui dénonce ce que les salopards et tout un Système cache aux gueux nourriciers ?
Et l’Internet ..
Bon d’accord, le gain de puissance et les séquelles pour des siècles, ça impressione encore, et surtout ça tue très bien.
Mais un ‘bon’ microbe-virus-champignon-germe .. ? ILS (nos gouvernants) ont toujours continué à chercher à tuer de mieux en mieux.
Les scientifiques exercent leur métier comme le militaire, le flic ou le marchand de marrons.
Nos gouvernants, EN NOTRE NOM, leurs demandent de préparer les massacres de masse.
Comment refuser quand c’est l’autorité, quand c’est pour exercer son métier, quand c’est pour vivre ?
Si ILS disent c’est pour se défendre des méchants et que je n’ai aucun moyens de savoir si c’est vrai ou faux, que faire ? Se laisser tuer par les méchants ou « collaborer » ?
On en revient toujours à la même chose, la délégation de pouvoir est une lacheté quand ce n’est pas une stupidité.
+7
AlerterBonjour,
£e problème de base, mainte ƒois signalé (en vain), c’est que plus personne ne semble avoir peur d’un affrontement nucléaire — pourtant, chacun peut aisément comprendre que LA 3° GUERRE MONDIALE sera ƒorcément la dernière.
SOIT par un cataclysme immédiat ; il y a, de chaque côté, 250 ƒois le matériel nécessaire pour TOUT détruire.
SOIT par des « petites » attaques (« ciblées »), provoquant un déchaînement de sauvagerie interminable entre victimes essayant de survivre en pillant ƒérocement la nourriture, l’eau, les médicaments urgents……… Voir et revoir le ƒilm documentaire de Peter Watkins pour la B.B.C. « The War Game » (£a Bombe), 1965 — d’ailleurs censuré par le Général de Gaulle pour ne pas ƒaire détester sa « Force de Frappe » en cours de développement.
De là, chacun peut aussi comprendre que le pays martyrisé se déchaînera sans aucun scrupule et sans aucune retenue « civilisée » contre ses bourreaux…
+3
Alerter≈≈≈≈≈≈≈≈> Touteƒois, les ƒous ƒurieux n’ont pas toujours été à Washington : « Военная Cтратегия » (Stratégie militaire) était publié en 1966, côté Soviétiques, et utilisé comme manuel de base de leur Ecole de Guerre (pour colonels appelés à devenir généraux) : Il y était savamment « démontré » que les paciƒistes occidentaux se trompaient lourdement, qu’une guerre nucléaire était ƒacile à gagner ; à la « simple » condition d’attaquer massivement avant que l’ennemi n’ait eu le temps de préparer sa riposte !
Alors, il ƒaut peut-être enƒin apprendre à compter : Quels seraient les bénéƒices paradisiaques et quelles seront les pertes inévitables ? Car, pour une ƒois, les pauvres ne seront pas les seuls à trinquer……
+5
AlerterDes « faucons », il y en avait dans les deux camps, mais le pouvoir militaire en URSS était extrêmement contraint par le pouvoir civil, donc les militaires belliqueux devaient se tenir à carreaux, s’ils ne voulaient pas se retrouver avec comme seule perspective de carrière de diriger un sous district en Sibérie avec -20° de température moyenne à l’année.
+5
AlerterBonjour,
Merci pour vos observations.
J’ai quelque mal à bien comprendre votre enchaînement de causes et d’effets : survivre AVANT d’avoir été attaqué… c’est le déƒi perpétuel, le nœud gordien…… C’est le très-grand mérite de M. Ellsberg de montrer que l’essentiel de la gravité des crises est dû au ƒait qu’arrivés à un certain paroxysme de tension et de SOUPÇON, plus personne n’arrive à écouter, à comprendre ce que ceux d’en-ƒace peuvent bien manigancer de diaboliquement inƒernal. Et les militaires ne sont pas ƒormatés pour la négociation (voir Douglas MacArthur en Corée). D’où une certaine hystérie des affrontements À L’INTÉRIEUR MÊME de chaque camp (sauƒ dans l’équipe autour des TROIS ƒrères Kennedy pendant la crise-des-missiles-pour-Cuba, réunie plusieurs jours non-stop, il ƒaut le souligner).
Mon ami William Garner, qui ƒaisait partie des négociateurs S.A.L.T., avait donc pris la peine de bien s’acclimater avec ses vis-à-vis, au point de se ƒaire introniser « £éopard-des-Neiges-de-l’Oural » par les Alpinistes russes. Mais qui prend encore soin, et Le Temps, de ƒraterniser pour sauvegarder la paix et la compréhension?
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AlerterIl y a ceux qui sont constamment en mode agression et ceux qui sont constamment en mode défensif. Ce ne sont pas les mêmes. J’espère que vous comprenez la différence.
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AlerterBonsoir, c’est vrai. Et vous comprenez aussi que cela ne supprime pas le côté cauchemardesque de certaines « déƒenses »… Auriez-vous oublié les Nederlandais qui ont ouvert les digues, pour repousser l’invasion de Louis 14 — et encore, cela n’affectait pas les pays voisins, comme d’innombrables tonnes de poussières radioactives!!!
Songez quand même qu’il s’agit ici de SUICIDER INTÉGRALEMENT notre planète… pour se protéger. Il ne ƒaut pas se contenter de protestations simplistes.
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Alerter« Il y était savamment « démontré » que les paciƒistes occidentaux se trompaient lourdement, qu’une guerre nucléaire était ƒacile à gagner ; à la « simple » condition d’attaquer massivement avant que l’ennemi n’ait eu le temps de préparer sa riposte ! »
Source, svp?
Parce que je ne prends pas ce que vous écrivez pour argent comptant.
Il se trouve que l’ennemi est toujours prêt à riposter.
Et en quoi les Soviétiques auraient été des « fous furieux »? La phrase que vous citez signifie simplement qu’il faut être prêt à riposter en cas d’attaque. Les fous furieux sont ceux qui avaient planifié de bombarder toutes les villes de l’URSS et des pays de l’Est.
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AlerterBonsoir Madame,
Vos lunettes semblent un peu déƒraîchies ; j’ai très clairement cité le livre, et vous pouvez donc vous le procurer comme tout lecteur de bonne ƒoi.
En plus, vous dites « Riposter EN CAS D’ATTAQUE »…… on voit mal ce que cela aurait à voir avec ce que j’ai cité (j’ai traduit du Russe) : « Attaquer massivement AVANT que l’ennemi n’ait eu le temps de préparer sa riposte ».
Si vous voulez en savoir plus, le £ivre cité arguait également que « £’hiver nucléaire » contre lequel de nombreux lauréats du Prix Nobel mettaient en garde, n’était qu’une ƒumisterie inventée par des Hippies et autres gosses de riches.
Je suis Bon Prince et reconnais volontiers que les Doctor-Strangelove (Folamour) étaient plus nombreux… un peu plus à l’Ouest. J’ai d’ailleurs cité Douglas MacArthur qui se préparait à vitriƒier la Corée du Nord. £e Sénateur Goldwater et le Général Curtis £e May déclaraient aussi, « We’ll bring North Viêt Nam back to the Stone age ».
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Alerter« Vos lunettes semblent un peu déƒraîchies ; j’ai très clairement cité le livre, et vous pouvez donc vous le procurer comme tout lecteur de bonne ƒoi. »
Où? J’ai cherché, pas trouvé.
https://www.worldcat.org/search?q=%D0%92%D0%BE%D0%B5%D0%BD%D0%BD%D0%B0%D1%8F+C%D1%82%D1%80%D0%B0%D1%82%D0%B5%D0%B3%D0%B8%D1%8F&qt=lang_switch&lang=fr
» on voit mal ce que cela aurait à voir avec ce que j’ai cité (j’ai traduit du Russe) : « Attaquer massivement AVANT que l’ennemi n’ait eu le temps de préparer sa riposte ». »
Ah, et c’est ce que l’URSS a fait? Est-ce que l’URSS a fait des plans pour « attaquer massivement »?
https://aphadolie.com/2018/08/14/les-revelations-dun-des-architectes-du-plan-nucleaire-des-etats-unis/
Vos phrases sont sorties de leur contexte. Alors dites-moi donc où je peux trouver ce livre.
Ce qui s’est passé en Corée et au Vietnam sont des crimes contre l’humanité sans l’utilisation de l’arme nucléaire.
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Alerter£ibégaFrappes tous azimuths, vous avez toujours raison.
£e sénateur de l’Arizona n’a naturellement pas pu appuyer sur le « ßouton Rouge » puisqu’à ƒorce de ƒulminer, il a été battu aux élections présidentielles. Ainsi que le général £eMay, co-listier du gouverneur George Wallace, le boucher des émeutes raciales en Alabama………
Quant au très-populaire général MacArthur (qui a tué plus de 400.000 enƒants Nord-Coréens avec les poupées empoisonnées par le monstre Shiro Ishii), il ne ƒut pas ƒacile de le débarquer avant qu’il n’atomise toute la péninsule.
Pour le livre russe, il y a la £librairie Globe, Boulevard Beaumarchais, Paris XI°. Et le Centre Culturel, avec bibliothèque, avenue Rapp, Paris VII°.
En effet, vous sortez mes phrases de leur contexte, mais c’est « de-bonne-guerre », je ne saurais vous en vouloir. Adieu, détendez-vous et ƒaites plutôt sauter…… un bouchon de Champagne : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord assurait que « c’est une boisson civilisatrice » (elle lui a permis de calmer le Congrès de Vienne destiné à venger l’Europe en dépeçant la France, alors même qu’il n’y était pas invité).
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AlerterPetite correction: Hammourabi prend deux « m ».
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AlerterPas en écriture cunéiƒorme, Monsieur le Redresseur de torts je vous souhaite le bonsoir.
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Alerter« Pas en écriture cunéiƒorme, Monsieur le Redresseur de torts je vous souhaite le bonsoir. »
Ah, je ne savais pas que ce site utilisait l’écriture cunéiforme.
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AlerterÉtats unis « phare de la démocratie» du monde. C’est comme Champs Elysées « la plus belle avenue du monde ». on dit ça quand on n’a pas voyagé.
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Alerter*** la folie endémique des politiciens américains, et peut-être même du pouvoir en général. ***
Bien vu. Posséder rend fou ou dit autrement, change notre fonctionnement cérébral (en dysfonctionnement).
Quand vous désirez cette poupée ou cette petite voiture (ou ce super téléphone bourrés de gadgets) et que tout soudain vous en devenez possesseur, c’est une tempête cérébrale.
Plus ou moins durable suivant les effets. Pour l’objet, ce sera d’obtenir ce que le marketeux vous aura concocté de ‘nouveau’, pour l’objet aimé, ce sera s’affiner vos plaisirs et ses soumissions ou d’en changer, pour le pouvoir, ce sera de l’exercer sans cesse dans toutes sortes de domaines – et c’est fascinant, c’est fou ! Transformer son désir en réalité est gratifiant, enivrant. Toujours plus, pour satisfaire quelques neurones dominants (ceux qui activent du/le plaisir).
C’est cette délégation de pouvoir qu’il faut repenser sans cesse pour l’affiner en cohérence avec une pensée collective élaborée (et non pas assénée par répétition psittacine ou plus subtilement de façon omnicanal (l’astrosurfing)).
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Alerter*** mais aussi potentiellement insubordonnés et frappadingues. ***
Non pas frappadingues mais ils poussent le raisonnement de ce pour quoi ILS EXISTENT dans leur rôle de militaire. Ces gens sont faits pour apprendre, savoir, proposer de détruire les ennemis qu’on leur désigne. Donc rien de surprenant qu’ils tiennent leur rôle. Ce ne sont pas des gens qui considèrent le reste du monde mais des quasi machines. De nouveau, c’est une organisation dont on ne maîtrise pas les dysfonctionnements. Les personnes ne sont presque pas en cause car ce comportement est fréquent.
Toujours ce problème de délégation de pouvoir.
Qui décide et comment ?
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AlerterOn peut aussi se poser la question suivante :
que signifie de la part de ces dirigeants-penseurs étasuniens, de désigner la Chine comme ennemi en arguant de son régime, à savoir communiste. En quoi le régime d’un État peut déranger un autre État ?
On peut penser à son comportement pour sa population ? La démocratie (on a entendu cela il y a peu mais le sort des populations après intervention étasunienne et larbins est atroce) … Mais ici les moyens envisagés, prouvent que des populations il n’est pas question – sauf au Spectacle.
On peut penser à son agressivité. Est-ce raisonnable de la part des États-Unis de craindre la Chine ?
Que reste-t-il pour dénoncer un ennemi ? Le régime ? Mais pas comme dangereux pour les chinois puisqu’ils s’en moquent ? Alors quoi ? Le communisme comme idée ? Le communisme comme idée contagieuse ? C’est à dire comme une meilleure solution sociale que l’empire capitaliste ?
On n’ose pas y penser mais c’est peut-être une raison. Le communisme risque d’être vu comme bien meilleur que la coercition et la précarisation capitaliste – on l’a vu avec le maccarthysme.
Sinon quoi d’autre ?
La réponse est simple si l’on regarde les faits : TOUS les régimes qui refusent de se soumettre à l’Empire, sont des ennemis à exterminer.
CQFD (c’est trivial et bien connu mais quoi, à force d’entendre des sornettes, on s’y laisse prendre)
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AlerterBestseller en Allemagne, maintenant en France « Une brève histoire de L’empire américain » de Daniele Ganser. L’éditeur: « De l’avis de beaucoup, les États-Unis ont la plus forte influence déstabilisatrice et représentent donc la plus grande menace pour la paix dans le monde. Cette position n’a pas été acquise par hasard. Aucune autre nation n’a bombardé autant de pays et renversé autant de gouvernements depuis 1945. Ils entretiennent le plus de bases militaires, exportent le plus d’armes et disposent du budget d’armement le plus élevé au monde.
Daniele Ganser décrit de façon impressionnante la façon dont les États-Unis poursuivent une politique de domination dans laquelle la violence est un élément central. Il s’agit aussi d’une histoire de propagande et de parfaite maîtrise de la narration qui fait de l’exceptionnalisme américain (la Destinée manifeste) la clé de voûte d’un discours où les valeurs affichées sont clairement inversées par rapport à la réalité. »
« Une brève histoire de l’empire américain-Le mythe de l’exceptionnalisme » du chercheur Daniele Ganser aux éditions Demi Lune.
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