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25.mai.201625.5.2016 // Les Crises

[GEAB] L’émergence du monde multipolaire impose un changement de méthode

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Je vous propose une vision un peu décalée, pour ne pas s’endormir les méninges

Source : Global Europe Anticipation Bulletin Mai 2016, par Laboratoire Européeen d’Anticipation Politique, Mai 2016.

Depuis le lancement du GEAB en 2006, notre équipe place au cœur de la crise systémique globale l’émergence du monde multipolaire. Les effets du processus de relativisation de la puissance américaine ont constitué les premiers signes visibles d’une vaste reconfiguration globale. Dès 2009, avec la constitution du club des BRIC(S)[1], les nouveaux acteurs ont commencé à s’imposer de manière organisée sur la scène internationale, commençant en effet à donner corps à cette notion de monde multipolaire[2].

Cela dit, la stratégie des puissances émergentes a d’abord consisté à faire cause commune pour créer un front de réforme des institutions internationales existantes, via en particulier le G20[3]. Dans un premier temps, les nouvelles puissances ont donc surtout souhaité être reconnues et intégrées par/dans l’édifice international construit par l’Occident au XXe siècle.

Certains changements ont bel et bien résulté de ce travail de « lobbying » mais la relative perte de contrôle par les Occidentaux de leurs outils de pouvoir les a conduits à agir de manière croissante à l’extérieur des instances qu’ils avaient créées. C’est ainsi par exemple que les États-Unis sont sortis de plus en plus souvent du cadre de l’ONU[4] et même de celui de l’OTAN[5] pour mener leurs campagnes militaires. C’est ainsi également que les Occidentaux se sont éloignés de l’OMC[6]…

Mais ce retrait partiel des Occidentaux du système international n’a pas pour autant permis aux instances de la gouvernance internationale du XXe siècle une véritable prise en compte de la nouvelle diversité d’intérêts représentés. L’ADN puissamment occidental de ces institutions reste à l’œuvre. Et les nouvelles puissances voient surtout dans leur participation à ces instances un moyen de limiter les risques de polarisation entre eux et l’Occident.

En réalité, tout comme les Occidentaux, ils agissent sur la scène internationale via un large spectre de nouveaux instruments de gouvernance : BRICS, NDB[7], AIIB[8], OBOR[9], etc., comme nous l’avons vu maintes fois.

Approfondir le concept de multipolarité

Ce constat oblige à réfléchir plus attentivement au concept de monde multipolaire. En effet les nouveaux pôles mondiaux ne sont pas simplement de nouveaux membres importants du club international. Et la méthode consistant à intégrer des pays comme la Russie, l’Inde ou la Chine à un système de règles préétablies par les Occidentaux n’a aucune chance de parvenir à circonscrire le rôle et l’action de ces pays. Un monde multipolaire se compose d’acteurs éminemment différenciés : langues, cultures, systèmes de valeurs, intérêts stratégiques, modèles économiques, etc. Ce qui met d’accord ces acteurs, c’est la recherche de paix et de prospérité. Mais cette quête ne peut se faire sous une tutelle réglementaire préexistante, à l’élaboration de laquelle ces acteurs n’ont pas pris part.

De plus en plus visiblement, la méthode dite internationale émane en fait d’un club occidental invitant le reste du monde à se ranger sous son drapeau de valeurs et de principes pour que la paix règne. On voit à cet énoncé combien la méthode est sur le fond inacceptable pour des acteurs dont la puissance est au moins équivalente à celle des « maîtres » de ce jeu-là.

Pour une gouvernance mondiale garante de paix, en lieu en place d’une méthode « internationale », il est temps de penser une méthode « multipolaire » fondée sur une pluralité d’acteurs dominants : États-Unis, Europe, Chine, Russie, Inde, Brésil, Afrique du Sud… Contrairement à la méthode internationale, la méthode multipolaire accepte les différences et les incompatibilités en se focalisant sur les objectifs communs de coexistence pacifique dans un monde globalisé. La méthode multipolaire n’enferme pas ses composantes dans un club aux règles strictes ; elle met autour de la même table des acteurs indépendants pour les faire échanger sur leurs contraintes respectives, les risques de chevauchement et leur nécessaire mise en compatibilité, projet par projet, thème par thème. Elle se fonde sur la reconnaissance de la légitimité de tous les agendas, tout en imposant la nécessité de trouver les moyens pour une articulation la plus harmonieuse possible.

Un précédent : le projet européen des années ’50

Cette méthode est en réalité très proche de celle inaugurée par l’Europe de la CECA[10] puis des Communautés européennes à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale dans la gestion de son continent. C’est la méthode dite « communautaire », à l’équilibre entre fédéralisme et inter-étatisme, abandonnée en 1992 avec le traité de Maastricht qui est passé à la méthode « unioniste », beaucoup plus nivelante. Par conséquent, si l’UE a dans son histoire des caractéristiques fortes lui permettant de contribuer utilement à la mise en place de la méthode multipolaire au niveau mondial, ses errements plus récents lui font prendre du retard dans cette contribution. Mais indéniablement, la construction européenne enclenchée dans les années 50 pour mettre fin aux guerres européennes consistait bel à bien à gérer le caractère multipolaire d’un continent européen qui n’accepterait plus jamais de se soumettre aux lois de l’une ou de l’autre de ses nations.

Le bateau amiral des années 2010 : les BRICS

Les BRICS sont l’avatar le plus évident de cette méthode. Si les Occidentaux n’ont cessé de voir dans leur disparité un signe de leur non-pérennité, c’est que c’était à l’aune de la méthode internationale que la pérennité des BRICS était jugée. En réalité, les BRICS jouent sur les complémentarités et non sur les similarités. Une fois de plus on constate la communauté d’objectifs bien sûr comme ciment d’une alliance de circonstance sans vocation de pérennité. Les BRICS se sont agrégés en 2009-10 sur un objectif de réforme de la gouvernance mondiale allant dans le sens de la multipolarité. Ils se dissoudront dans l’avènement de cette gouvernance. Cette méthode présente l’avantage de ne pas laisser traîner sur la scène internationale de lourdes et onéreuses institutions devenues parfaitement inutiles…

Le multipolaire à l’œuvre dans la réorganisation des pays producteurs de pétrole

Plus récemment encore, nous avons vu se mettre en place un nouveau rapprochement multipolaire : celui des pays qui se sont retrouvés autour de la table de la réunion des pays producteurs de pétrole à Doha le mois dernier. Nous en avons parlé dans le dernier numéro : Russes, Saoudiens et Iraniens en particulier, prennent l’initiative de se réunir en dehors d’une OPEP de fait non inclusive et moribonde (peut-être dans le but à terme de la ressusciter d’ailleurs) pour acter de leurs divergences et trouver les terrains d’entente, a minima. Du point de vue de la pensée internationaliste, la réunion a été un échec parce que les participants ne se sont pas mis d’accord pour les siècles des siècles sur les taux de production. En réalité, la tenue même d’une telle réunion est un succès magistral ; la preuve en est la remontée des cours du pétrole, alors même que l’Iran augmente à toute vitesse sa production[11].

Un Moyen-Orient multi-tout

La méthode multipolaire est également à l’œuvre, comme nous l’avions d’ailleurs anticipé il y a trois ans[12], dans la réorganisation désormais en cours du Moyen-Orient. Les grands pôles de la région que sont la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite et Israël, dont nous avions remarqué à l’époque que leur coexistence créait les conditions de résurrection d’un Moyen-Orient multi-confessionnel et multi-ethnique en phase avec la nature multi-millénaire de la région, suivent actuellement un double processus apparemment paradoxal de différentiation (ils affirment de plus en plus leurs spécificités) et de rapprochement (ils expriment de plus en plus clairement leur besoin de travailler ensemble) :

  • la Turquie, par l’éviction symbolique de Davutoglu[13], tourne résolument le dos à l’intégration européenne après avoir marqué également son éloignement de la Russie[14]. On pourrait croire qu’elle est désormais dans un processus de mise sous tutelle saoudienne. Il n’en est rien : la Turquie est proche de l’Arabie saoudite sur la question syrienne[15] ; mais elle est proche de l’Iran sur la question de Kurdistan[16] ; elle est proche d’Israël sur les questions énergétiques[17]. Ayant par ailleurs prouvé qu’elle était irréductible (elle est notamment un géant économique et militaire du Moyen-Orient), tout le monde doit compter avec elle. Le président Erdogan joue donc actuellement une carte de réorganisation de la région fondée sur une logique multipolaire et en interaction croissante avec tous les autres grands acteurs reconnus en tant que tels ;
  • l’Arabie saoudite fait son « coming out » et rentre officiellement sur la scène régionale et internationale, via notamment son projet d’économie post-pétrole à l’horizon 2030[18] qui met sur la table sa stratégie. Une stratégie qui peut faire froid dans le dos par certains aspects mais qui a le mérite d’être présentée aux yeux de tous et de pouvoir donc être prise en compte et articulée aux autres stratégies (nous reviendrons sur ce sujet plus loin dans ce numéro) ;
  • l’Iran est maintenant un acteur incontournable et central au Moyen-Orient, imposant également des stratégies de développement dont on est bien en mal de lui refuser la légitimité ;et Israël, face à ces axes de restructuration, n’a plus d’autre choix que de prendre en compte son nouvel environnement régional, qui n’a plus rien de confins d’empire (comme dans les années 70-80) ni du chaos des années 90-2000. Son rapprochement stratégique du grand allié régional des États-Unis, l’Arabie saoudite, ces dernières années, et l’ouverture de cet allié stratégique à l’ensemble de la région, est sur le point de contribuer à l’intégration de l’État juif dans un Moyen-Orient multiconfessionnel (chiites, sunnites, juifs, chrétiens…)[19].

À l’œuvre dans l’accélération de ces tendances restructurantes de la région, on trouve l’État Islamique dont nous avions anticipé qu’il constituait le nouvel ennemi commun régional (en lieu et place d’Israël) qui allait mettre tout le monde d’accord. Mais indéniablement, le catalyseur de transition aura été l’intervention russe en Syrie.

Nous avons listé quelques exemples de gestion des relations internationales sur la base de la méthode multipolaire dont le Moyen-Orient est actuellement l’exemple le plus frappant. Ailleurs, la méthode peine à s’imposer.

Expansionnisme européen : fin de non-recevoir

L’intégration européenne, qui s’est transformée en processus expansionniste suite à la chute du Mur, incapable de gérer son voisinage autrement qu’en tentant de l’intégrer, fournit aujourd’hui un bel exemple du modèle internationaliste et des limites qu’il a atteint. Ukraine, Turquie, Russie… n’avaient d’avenir que dans l’UE, un avenir de communion extatique autour des valeurs européennes du point de vue des institutions européennes, vecteur de mise à niveau économique du point de vue des candidats. Idéologies, agendas cachés, mensonges et manipulations tous azimuts se sont engouffrés dans la folle conquête européenne des années 90 et 2000. Aujourd’hui, l’intégration/expansion européenne se retrouve à l’arrêt alors que rien n’est fini, en particulier l’intégration politique du continent. Et il ne reste à l’Europe que l’indignation de voir les anciens candidats à son paradis demander une reconnaissance de leur droit à ne pas vouloir faire partie de son club :

  • la Russie bien sûr, à laquelle l’Europe refuse officiellement[20] de parler, drapée dans son indignation face à une Russie fondant sa politique étrangère sur la légitimité de ses intérêts nationaux ; une intransigeance qui, comme nous l’avons déjà mentionné, fait courir de grands risques de fracturation dans le zones tampons telles que les Balkans et l’Europe de l’Est. Non, la Russie ne souhaite pas être intégrée à une pan-Europe louchant sur ses richesses. Pour autant, doit-on cesser de lui parler alors que l’organisation de la zone des Balkans constitue un thème vital de dialogue euro-russe ?
  • et maintenant la Turquie, sur le point d’être jugée non fréquentable depuis qu’elle a entrepris de nier la légitimité des demandes européennes, comme exemple cette demande de modification des lois anti-terroristes turques en échange de la libéralisation des visas[21]… une demande qui est en réalité une pure ingérence du point de vue d’un pays qui a moins besoin de l’UE que l’UE a besoin d’elle (en particulier dans l’affaire des migrants). Non, la Turquie ne sera pas la dernière roue du carrosse européen alors qu’elle est la première puissance économique du Moyen-Orient. Mais va-t-on la bouder pour autant, au risque de renforcer la thèse du choc des civilisations entre islam et Occident si chère à Huntington et autres idéologues armagedonnistes[22] ?
  • et les États-Unis bientôt, eux-mêmes dans un processus de différentiation du « camp occidental », révélé par les succès de campagne d’un Donald Trump, anti-thèse de toutes les valeurs prônées par l’Occident. L’affaire des visas américains donne une indication de la dégradation des relations UE-US[23].

S’il est évidemment souhaitable que l’Europe finalise l’indépendance stratégique et politique de son continent, l’isolement est l’écueil qu’il va lui falloir désormais éviter. Et pour cela, il va lui falloir reconnaître la légitimité des choix politiques et stratégiques des grands acteurs de la planète et composer avec, en mettant un mouchoir sur sa vocation de juge, ce qui ne signifie pas se départir de sa vocation en matière de valeurs universelles. Mais des valeurs qui ne sont plus reconnues par tous ne sont de facto plus des valeurs universelles. Si l’Europe reconnaît cette réalité sans s’en offusquer, elle sera alors en mesure de mettre en route un grand chantier consistant à repenser un jeu, a minima, de principes universels indépassables dans lequel tout le monde se retrouve… pour quelque temps en tous cas…

(Abonnez-vous pour lire la suite)

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[1] Lancement des BRIC en juin 2009 à Ekaterinbourg. Source : BRICS2015.ru
[2] Le titre de ce livre résume bien le projet des BRICS : «
The BRICS and coexistence, an alternative vision of global order », Cédric de Coning, Routledge 2014
[3] Comme on le voit par exemple ici : « BRICS can give shape to G20 : Modi ». Source :
The Hindu, 15/11/2015
[4] Avec le cas de la guerre en Irak de 2003 bien sûr, une terrible erreur d’après Hans Blix. Source :
CNN, 19/03/2013
[5] Un chaos rendu visible par l’intervention en Libye. Source :
Deutsche Welle, 23/03/2011
[6] Notamment lorsqu’ils ont laissé tomber le cycle de Doha. Source :
Delta Farm Press, 24/07/2006
[7] Ou banque de développement des BRICS. Source :
Hindustan Times, 17/04/2016
[8] Ou banque asiatique de développement, destinée à financer le projet de Route de la Soie. Source :
Financial Times, 29/06/2015
[9] One Belt, One Road, soit le projet de Route de la Soie de la Chine. Source :
Xinhua Finance Agency

[10] CECA inaugurée lors du Traité de Paris en 1951. Source :
Toute l’Europe, 26/08/2008
[11] L’Iran juge d’ailleurs cette réunion une étape importante. Source :
CNBC, 23/04/2016
[12] Article « Moyen-Orient : Une lumière apparaîtrait-elle enfin au bout du tunnel ? », GEAB N°92. Source :
GEAB, 15 février 2013
[13] Le premier Ministre Ahmet Davutoglu, face pro-européenne du gouvernement turc, a donné sa démission. Source :
LSE, 10/05/2016
[14] Lorsque la Turquie a abattu l’avion russe. Source :
CNN, 25/11/2015
[15] La Turquie accueille le roi Salman le 11 avril. Source :
Hürriyet, 12/04/2016
[16] Erdogan rencontre Rohani le 16 avril. Source :
Hürriyet, 16/04/2016
[17] Le gaz et la Syrie rapprochent la Turquie d’Israël. Source :
Times of Israel, 17/02/2016
[18] Saudi Vision 2030. Source :
Arab News

[19] Très intéressant article sur les enjeux de la transformation de l’environnement géopolitique d’Israël. Source :
Value Walk, 12/05/2016
[20] Les sanctions officielles sont en fait de plus en plus critiquées par les instances démocratiques telles que l’Assemblée Nationale française qui a voté pour la levée des sanctions contre la Russie le 28 avril dernier. Source :
Le Monde, 28/04/2016
[21] Source :
The Guardian, 06/05/2016
[22] Source :
Wikipedia
[23] Où le Parlement européen demande la réintroduction temporaire de visas pour les Américains et les Canadiens venant en Europe, en représailles des demandes de visas imposées par les États-Unis et le Canada à certaines nationalités de l’UE. Source :
Politico, 20/04/2016

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Commentaire recommandé

PatrickLuder // 25.05.2016 à 07h54

A quoi sert une monde multipolaire s’il n’est dirigé que par la course au profit et à l’argent dans un système qui ne profite qu’à une toute petite élite? Le monde continue sa progression d’aspiration des richesses par les plus riches => il n’y a aucune réflexion de prise en compte des plus faibles, aucune réflexion sur la sauvegarde et le partage équitable des ressources terrestres, tous ceux qui ne sont pas des prédateurs dans l’âme ne sont simplement pas écoutés.

Ce que le GEAB ne voit pas (ne peut pas voir), c’est l’émergence par la base d’un monde autochtone-ouvert (je n’ai pas trouvé de meilleure terme), seule alternative résiliente possible. Dans un monde de gaspillage ou tout devient pourtant toujours plus rare et précieux, la mondialisation en peut plus qu’être dans la pensée et la réflexion, chaque région devant trouver ses propres moyens pour faire survivre ses générations futures.

25 réactions et commentaires

  • Crapaud Rouge // 25.05.2016 à 00h51

    Le GEAB semble avoir enfin compris que l’Europe « unioniste » n’a plus d’avenir puisqu’il cite en exemple l’Europe d’avant Maastricht. C’est un bon point pour lui, mais ses anticipations me donnent toujours l’impression de tomber dans le vide. Avec la Turquie qui vient de se fâcher avec la Russie, le Brésil qui risque de retomber dans le camp occidental, et l’axe US-Arabie qui bat de l’aile, l’on se dit que la réalité est assez riche en surprises pour fiche par terre toutes les anticipations…

      +13

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  • Pegaz // 25.05.2016 à 03h02

    Il est évident que je ne vais pas m’abonner pour lire la suite. Alors qu’une grande part des investissements et projets pour un monde multipolaire est en voie de déconstruction systématique, par des coups d’état et guerres, médiatiques, économique, financière ou armées.
    Je ne m’y retrouve que bien peu dans leurs propos.
    État des lieux : Pôle Africain et son leader, Libye ! Pôle Amérique du Sud ( UNASUR ) et son leader, Brésil ! Pôle Eurasiatique et son leader, Russie ! Pôle International ( BRICS ), Brésil en révolution, la Russie en guerre, l’Inde fait l’exception, la Chine sous tension économique et politique et l’Afrique du sud sous tension politique !
    Multipolaire oui mais ! Où est le grain de sable ?

      +4

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    • vincent // 25.05.2016 à 08h38

      Les USA, sans eux je suis persuadé que le monde multipolaire fonctionnerait.

        +15

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      • Roman Garev // 25.05.2016 à 09h57

        Exact. Brésil en « révolution » (au fait en coup d’État), c’est les USA ; la Russie en guerre (au fait l’Ukraine en guerre civile), c’est les USA ; la Chine sous tension économique, c’est les USA. Même l’Inde qui fait l’exception, c’est toujours les USA, car pour le moment ils sont à la recherche en mariage avec elle (attendons la suite).

          +17

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    • Roman Garev // 25.05.2016 à 09h14

      La Russie serait en guerre, dites-vous ? Ah bon, ça c’est une nouvelle ! Néanmoins, les Russes ne s’en aperçoivent point. Sont-ils tous sourds, ou aveugles, ou les deux ?

        +8

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  • Fabrice // 25.05.2016 à 06h42

    De  » L’occident qui doit se défaire de sa vocation de juge sans perdre ses valeurs universelles »
    ça c’est une jolie déclaration ronflonflon mais absurde.
    D’abord parce que nos valeurs universelles …ça fait belles lurette (XVI Siècle) que tous les dirigeants du monde s’en tamponnent et leur préfèrent leurs valeurs de puissance militaire et commerciale.
    Ensuite parce qu’après un article pareil, on ne peut conclure que  » nul n’est prophète en son pays » ou « chacun voit midi à sa porte et c’est peut être pas plus mal s’il n’oublie pas qu’il fait parti d’un village finalement tout petit ».
    Enfin parce ce que finalement l’Occident est le berceau de toutes les colonisations, l’archétype du sauveur qui détient la vérité et donc le pouvoir…et que jamais il ne cédera sa place de bon gré.

      +11

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  • Etiocle // 25.05.2016 à 06h43

    La conception de multipolarité désigne une méthode, un cheminement, une manière de faire plutôt que des règles préétablies dépendant elles-mêmes de valeurs prédéfinies : le mouvement se découvre en marchant. Elle me paraît mieux adaptée aux rapports entre États souverains et aux aléas de l’histoire étant donné que l’accord entre eux ne se résout pas par l’intégration dans une instance préexistante.
    Par ailleurs, cette conception met l’accent sur la complémentarité plutôt que sur la recherche d’une fusion.

      +4

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  • cording // 25.05.2016 à 07h02

    En tous cas toujours la, même naïveté européenne qui s’exprime par le dernier paragraphe cité en effet l’UE n’est que l’expression étatsunienne du continent européen.

      +7

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  • PatrickLuder // 25.05.2016 à 07h54

    A quoi sert une monde multipolaire s’il n’est dirigé que par la course au profit et à l’argent dans un système qui ne profite qu’à une toute petite élite? Le monde continue sa progression d’aspiration des richesses par les plus riches => il n’y a aucune réflexion de prise en compte des plus faibles, aucune réflexion sur la sauvegarde et le partage équitable des ressources terrestres, tous ceux qui ne sont pas des prédateurs dans l’âme ne sont simplement pas écoutés.

    Ce que le GEAB ne voit pas (ne peut pas voir), c’est l’émergence par la base d’un monde autochtone-ouvert (je n’ai pas trouvé de meilleure terme), seule alternative résiliente possible. Dans un monde de gaspillage ou tout devient pourtant toujours plus rare et précieux, la mondialisation en peut plus qu’être dans la pensée et la réflexion, chaque région devant trouver ses propres moyens pour faire survivre ses générations futures.

      +20

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  • Ailleret // 25.05.2016 à 08h49

    Cette analyse pondérée a le mérite de distinguer entre la CEE (avant le traité de Maastricht) et l’UE (depuis Maastricht). La CEE n’était pas parfaite, loin de là, mais c’est bien une mutation supranationale qui s’est effectuée au début des années 1990.

    Peu après la naissance de cette entité nuisible, l’UE, les dirigeants américains décidaient d’étendre à l’Europe de l’Est une organisation de guerre froide qui aurait dû disparaître vers 1990, l’OTAN : « une erreur tragique » selon le vétéran de la diplomatie américaine George Kennan, celui -là même qui avait préconisé l’endiguement de l’URSS en 1947.

      +6

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  • Claude_k // 25.05.2016 à 10h26

    Le livre de Chantal Mouffe « l’illusion du consensus » donne des éléments théoriques sur l’échec de l’approche d’un monde unipolaire.

      +1

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  • Louis Robert // 25.05.2016 à 10h39

    Pour ne pas « s’endormir les méninges », il faut d’abord s’avouer la réalité brutale en appelant les choses par leurs noms. Dans le cas présent, « un monde multipolaire » désigne la mort, sans résurrection, du colonialisme et de l’impérialisme, essentiellement, exclusivement, occidentaux. Voilà à quoi non seulement aspire mais travaille ardemment, aujourd’hui encore, 85% de l’humanité, occupée à se libérer du joug occidental plusieurs fois centenaire et bien déterminée à ne plus jamais se laisser dire « ce qu’on DOIT penser de… », même par les Européens des soi-disant Lumières.. En ce monde, voilà bien l’enjeu géopolitique central, primordial, incontournable. Cela rend compte, notamment, de la libération par la Chine de 800 millions de Chinois des affres de la pauvreté, comme est forcée de l’admettre cette Banque occidentale dite « Mondiale »…

    http://www.worldbank.org/en/country/china/overview

    Fin d’une ère, fin d’un monde… mais non pas de l’Histoire, pace Fukuyama.

      +9

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  • LS // 25.05.2016 à 11h25

    La meilleure synthèse du GEAB que j’ai lu.
    La notion de multipolaire qu’il propose comme principe de construction me semble adaptée du point de vue de la coexistence des peuples et des cultures, dans leurs diversités. Les débats sur le niveau d’adaptation de cette construction vis-a-vis de la soutenabilité globale du développement, de l’efficacité de la lutte contre l’impérialisme ou de la justice sociale sont d’autres débats, qui ne sont pas abordés dans l’article (ni dans mon commentaire).
    Le GEAB en tire les conclusions qui me vont en ce qui concerne l’impossible coexistence entre l’UE et ses voisins, ainsi que le constat de l’ineptie de la notion même de valeur culturelle « universelle ».
    Il est par contre dommage qu’il n’aborde pas la forme de coexistence qui devrait être construite au sein de l’UE. La forme « unioniste » qu’elle a prise n’a pas l’air d’être remise en question.

      +2

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  • Chris // 25.05.2016 à 11h56

    Multipolarité = accords bilatéraux entre pays ayant des intérêts économiques et/ou sécuritaires communs.
    Il convient d’annuler les lois extra-territoriales américaines (FACTA, JACTA, etc…) qui ne sont que des outils de colonisation.
    Mais aussi d’abolir le CFA (outil français de pillage et soumission des pays africains francophones).
    De redonner aux nations leur pleine souveraineté. A elles de choisir sur quel modèle économique et social elles veulent fonctionner sur une durée déterminée renouvelable telle un bail, se donner les moyens légaux pour retenir les richesses nationales produites (musèlement des transnationales dont la principale activité est la défiscalisation et le vol), bref mettre tout en place pour que la pompe aspirante « internationale » occidentale cesse.
    En effet, l’Union Européenne aurait dû s’arrêter à la CECA. Il est urgent d’y revenir pour éviter la grande casse programmée des pays européens qui ont eu l’imbécilité d’adhérer à son idéologie mortifère sous la houlette du « parrain » US.
    [Modéré]
    Commercer librement afin que les peuples produisent selon leurs besoins et moyens, élèvent leur descendance et pratiquent leurs rites et croyances en toute sécurité.

      +5

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  • NOURKARIM // 25.05.2016 à 12h46

    La paix ne régnerait sur cette terre qu’à la condition que les sociétés comprendraient que leur mission principale et fondamentale n’est pas de faire les guerres et s’entre tuer mais l’entre aide, la solidarité voire la fraternité.

    Les richesses de la terre suffisent pour nourrir toute la planète à condition qu’on sache en disposer et les préserver.

    Malheureusement, la cupidité et la folie domination mondiale font que les sociétés ont perdu tout humanisme et se sont transformé en monstres… A quoi servent les universités ? A PRODUIRE LA SAGESSE OU LA FOLIE MEURTRIÈRE?

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    • Roman Garev // 25.05.2016 à 15h42

      Exigez-vous de tous vos voisins « la solidarité voire la fraternité » ? M’est avis que c’est demander trop (donc ne rien obtenir). L’estime des droits d’autrui, la non-agression et la non-intervention, ces principes de loin plus réalistes, suffiraient largement.

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  • Manant // 25.05.2016 à 13h32

    « De plus en plus visiblement, la méthode dite internationale émane en fait d’un club occidental invitant le reste du monde à se ranger sous son drapeau de valeurs et de principes pour que la paix règne. On voit à cet énoncé combien la méthode est sur le fond inacceptable pour des acteurs dont la puissance est au moins équivalente à celle des « maîtres » de ce jeu-là. »
    Appliquons cette réflexion à l’aristocratie française (et européenne) avant la Révolution et posons-nous la question suivante : les valeurs de l’aristocratie étaient-elles autre chose que la traduction de ses intérêts de classe, et de classe dominante ? Et maintenant demandons-nous si les « valeurs » de l’Occident, ainsi comprises, peuvent survivre à la perte de sa position dominante et aux intérêts qui y sont liés ?
    Par extrapolation, et non par comparaison, nous pouvons considérer, dans ce monde globalisé de facto, l’Occident comme étant son aristocratie et les « émergents » comme formant les « états généraux ». On aurait alors une idée un peu plus claire de ce qui est en train de se passer.

      +3

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    • Louis Robert // 25.05.2016 à 14h39

      Intéressant, Manant!

      « Extrapolation et non comparaison »? Il faut néanmoins insister, encore et encore je crois, sur le fait que nous sommes bien en présence d’une Révolution… non pas nationale entre classes, mais internationale entre nations, donc mondiale et sans précédent, une première quoi! Cela fait toute la différence « du monde », ce « monde fini qui commençait » (selon Valéry)… si je puis ainsi m’exprimer…

      Il n’empêche, rappel!… — Chou Enlai, à qui l’on demandait ce qu’il concluait de la Révolution française aurait, dit-on, répondu: « Il est trop tôt pour conclure ».

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    • Roman Garev // 25.05.2016 à 15h52

      Penser que cette « aristocratie », datant de deux siècles à peine, est composée d’anciens brigands évadés sans foi ni loi, massacreurs du peuple autochtone, maîtres d’esclaves jusqu’à hier, brûleurs de villes et de pays entiers dans le sens propre de ce mot…

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    • Manant // 25.05.2016 à 18h41

      Merci pour le commentaire. L’émancipation des nations peut revêtir un aspect pacifique et c’est, me semble-t-il le cours que prennent les choses. À la différence de la situation extrapolée, nous avons affaire à une aristocratie occidentale qui a parfaitement compris que son existence est menacée en tant que classe dominante et semble prête à tout pour se maintenir. Jusqu’où ira-t-elle? Seule l’histoire le dira, à condition qu’il y ait encore quelqu’un pour le faire.

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  • Jusdorange // 25.05.2016 à 16h22

    Je n’ai pas compris ce texte.
    Quelle est la différence entre un «pôle» et une zone d’influence ?

    Comment se constitue un pôle ? Par proximité géographique ?

    Un pays peut avoir des intérêts convergents avec un autre sur un sujet, et des intérêts divergents sur un autre sujet. Croire en la pertinence des pôles, c’est croire que plusieurs pays peuvent avoir, sur tous les sujets, ou du moins sur une quantité très importante, des intérêts convergents.

    Les voisins ont rarement des intérêts convergents, ils préfèrent les alliances de revers, sinon c’est qu’il y a une puissance qui les domine (URSS pour le Pacte de Varsovie ; E-U pour OTAN\UE) et les contraint à suivre une politique contraire à leurs intérêts.
    J’attends d’être convaincu de la pertinence de la méthode multipolaire, en attendant je lui préfère la méthode internationale où les rapprochements sont établis sur la base d’une convergence de vues et d’intérêts plutôt que sur une simple proximité géographique.

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  • christian gedeon // 25.05.2016 à 18h24

    Pas du tout d’accord avec cette analyse…la multipolarité est à mon sens une lune de plus,et pas des moindres. Des alliances régionales ne font pas une « multipolarité ».Parce que tout ces nouveaux « pôles  » imaginaires communient dans une seule et même doxa celle de l’ultralibéralisme à tous crins.C’est un camouflage,un nacht und nebel,cette histoire de « multipolarité ». Parce que sur le fond,les dirigeants de ces pôles,à l’exception peut être de la Russie (à voir avec le temps),pensent la même chose,et sont guidés par le même appétit féroce,mais pour le même gâteau. Nous sommes plus que jamais dans un monde bipolaire: les ultralibéraux d’un coté,le reste des peuples de l’autre.Là est le vrai combat,là est le seul enjeu. Tout le reste est du maquillage de mauvais maquignons.GEAB,hein? Retenez bien ce nom,il vont vous en servir de la soupe « fais dodo » ceux là!

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  • theuric // 25.05.2016 à 23h38

    « L’ADN puissamment occidental de ces institutions reste à l’œuvre. »

    Voilà le problème du G.E.A.B. dévoilé, par cette simple phrase, par ces simples lettres: « A.D.N. » qui, normalement, ne se devrait de désigné que l’acide désoxyribonucléique, soit les éléments chimiques composant notre code génétique.
    Je ne savais pas que les institutions humaines se reproduisaient par leur code génétique, c’est tout nouveau, ça vient de sortir.
    Ils auraient pu écrire, « Les structures puissamment occidentales… » ou « Les habitus puissamment occidentales.. », voire « Les composantes puissamment occidentales… », c’eût été ô combien plus précis et correcte.
    En fait, d’écrire ainsi montre bien que le L.E.A.P. souffre lui aussi, puissamment, de ce gras obscurantisme occidentale qui, dorénavant, semble bien plus toucher ses institutions que le reste de la population, montre ainsi la vulgarité parfois discrète dont elle fait preuve.
    Tout cela me fait penser à un film: « Ridicule », contant les mésaventures d’un petit aristocrate humaniste dans la cours du roi Louis le seizième juste avant la révolution.

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    • theuric // 26.05.2016 à 00h05

      Au-delà de cet aveu de faiblesse manifeste et magistrale, l’erreur du L.E.A.P. vient de ce qu’il reste cantonné à ses petits espoirs: par la grâce de la bienséance et la prolifique bonté de la main invisible du Dieu des marchés omniscient, la paix s’étendra sur terre et sur les hommes qui prieront pour lui chaque jour comme les doux agneaux qu’ils sont.
      J’ai rarement vu une telle série de balivernes comme celles-là proférée, de plus, avec un tel sérieux.
      Les B..R.I.C.A. n’existent qu’en raison de l’agressivité U.S., voyez ce qu’il se passe au Brésil, dès que les U.S.A. ne représenteront plus une menace, tout le monde reprendra ses billes, pour le meilleurs et pour le pire.
      L’union-Européenne commence à avoir une grippe carabinée de type espagnole depuis que le gouvernement Valls fait mumuse avec les nerfs des français, ce qui nous permet de découvrir une stratégie syndicale inconnue jusqu’alors.
      D’ailleurs, même Sputnik n’en fait pas état, ce qui montre bien son importance, en revanche, le Québec, lui, commence à s’y intéresser, tout comme la Belgique.

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      • theuric // 26.05.2016 à 00h27

        De plus, les U.S.A. ont détruits les institutions sensées faire prévaloir la paix, la prospérité, la santé et le savoir, par ruses mesquines et noyautages divers.
        Ce qui fait qu’après eux, il ne restera plus rien de ce qui fut la tentative des années 50 d’un minimum de tempérance des peuples, comme l’O.N.U. ou l’O.M.S., voire le F.M.I..
        Près du quart de leur population ne travaille plus et une majorité n’est même plus pris en compte des statistiques du chômage, une bonne partie du reste survit en s’éreintant dans une multitude d’emplois payés une misère et tous, même les plus riches, sont endettés jusqu’au coup jusqu’à la fin des temps.
        Le dollar fut tant produit qu’il ne vaut plus rien et si le prix de l’or n’avait pas été truqué, il faudrait un train entier de monnaies U.S. pour en acheter un seul lingot.
        Quand à leurs production, même les puits de pétroles ferment…
        Tous les pays, sauf ceux occidentaux, leurs esclaves, se débarrassent de leurs bons du trésors U.S. le plus vite possible en espérant d’en avoir le moins possible lorsque Tonton Sam sera occis.
        Des États-Unis-d’Amérique, qu’en reste-t-il, sinon du vent?

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