SECRÉTAIRE MATTIS : Bonjour à tous et bienvenue à l’événement d’aujourd’hui, une causerie entre l’ancienne secrétaire d’État Condoleezza Rice et notre secrétaire d’État actuel Tony Blinken. À une époque où l’Amérique s’interroge sur son rôle dans un monde en mutation, l’entretien d’aujourd’hui, inscrit dans la plus pure tradition de la grande université où nous nous rencontrons, offre une occasion unique d’approfondir ces questions importantes.
La discussion d’aujourd’hui portera sur l’évolution et l’importance de la technologie, de la diplomatie et de la sécurité nationale – des sujets familiers ici dans la Silicon Valley et très pertinents dans notre pays et dans le monde entier. Vous venez de vivre une semaine assez importante, et je ne parle pas seulement de ce qui se passe dans le monde, mais aussi de la publication de la stratégie de sécurité nationale [La stratégie de sécurité nationale est un document préparé périodiquement par la branche exécutive des États-Unis qui énumère les problèmes de sécurité nationale et la manière dont l’administration prévoit d’y faire face. Le fondement juridique du document est énoncé dans la loi Goldwater-Nichols, NdT]. Et pour ceux qui ne suivent pas vraiment tout ça, je pense que la stratégie de sécurité nationale est une occasion pour le Président de demander vraiment à son équipe : Que devrions-nous faire maintenant pour nous préparer à un avenir meilleur ?
Mais vous commencez par parler des valeurs américaines mais aussi de la rivalité entre autocratie et démocratie. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la façon dont vous envisagez la situation ? Les États-Unis ont eu de nombreux adversaires tout au long de leur histoire, mais à ce moment précis, comment appréhendez-vous cette grande question ?
Source : U.S. Department of State
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Extraits choisis
Secrétaire RICE : La stratégie de sécurité nationale prévoit de contenir la Russie et de supplanter la Chine, et ce sont deux façons très différentes d’envisager les grandes puissances. Alors – et peut-être voulez-vous introduire un peu d’Ukraine dans l’histoire de la Russie, mais pouvez-vous commencer par contenir la Russie – certains diraient que c’est une puissance en déclin dans la concurrence entre grandes puissances, mais c’est une puissance qui fait la une des journaux tous les jours ?
Secrétaire BLINKEN : Et pourtant, la Russie – surtout sous la direction du président Poutine – est un perturbateur majeur qui peut créer d’énormes problèmes. Nous le voyons en Ukraine. Mais nous le voyons aussi dans son opposition de principe et l’hostilité de Poutine à l’ordre qui a émergé après les deux guerres mondiales et ensuite après la guerre froide sur la base d’un ensemble de règles et de principes fondamentaux que nous avons jugés indispensables pour essayer de garantir la paix et la sécurité internationales.
Tout cela entre en opposition directe avec ce que le président Poutine essaie de faire en reconstituant un empire russe ou soviétique. Et cela se manifeste au travers des actions qu’il a entreprises. Nous avons vu cela se produire au cours de la dernière décennie. Mais pour nous – et je ne le dirai que très brièvement – la raison pour laquelle l’Ukraine fait l’objet d’une telle attention est double. Tout d’abord, il s’agit de l’Ukraine elle-même. Je pense que cela nous dérange tous profondément lorsqu’un pays essaie d’en dominer un autre, lorsqu’il essaie d’affirmer un monde dans lequel c’est la force qui fait loi, lorsqu’il change les frontières par la contrainte, lorsqu’il essaie de soumettre un autre pays à sa volonté. C’est ce qu’il se passe.
Mais il y a aussi autre chose : il ne s’agit pas seulement d’une agression contre l’Ukraine. C’est une agression contre les principes fondamentaux incarnés par la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits humains et toute une série de normes et de règles que de nombreuses générations ont mis du temps à construire. Sont-elles parfaites ? Loin de là. Avons-nous commis de nombreuses erreurs tant dans leur conception que dans leur application ? Oui, c’est vrai. Mais fondamentalement, elles ont permis d’éviter un nouveau conflit mondial après les deux guerres mondiales. Et ce que fait la Russie, ce que fait Poutine, vient en directe opposition avec ces principes.
Si nous et d’autres ne défendons pas ces notions fondamentales, ces règles de base, l’idée que l’indépendance d’un pays doit être respectée, que son intégrité territoriale doit être respectée et non modifiée par la force ; si nous ne défendons pas cela – et nous pouvons le faire de diverses manières, que nous aborderons – si nous ne défendons pas cela partout où c’est contesté, alors le risque est d’ouvrir une boîte de Pandore, qui fera que les agresseurs – pas seulement en Europe, pas seulement en Russie – retiendront une leçon et diront : Je peux agir en toute impunité ; je peux faire ceci. Et cela va attiser les conflits dans de nombreuses régions du monde.
Secrétaire RICE : C’est exactement ça. Parlons de l’autre grande puissance. J’en viendrai à une puissance régionale dans un moment, mais parlons de la grande puissance, la Chine. Un grand congrès du parti est en cours. Beaucoup d’enjeux. Xi Jinping est susceptible d’être reconduit pour son troisième mandat. Et il a été un leader chinois quelque peu différent. Lorsque j’étais là-bas, on avait l’habitude de dire des dirigeants chinois – Hu Jintao, Jiang Zemin avant lui – « se cacher et attendre ». Continuons simplement de développer la Chine. Les Chinois disaient toujours : « Oh, nous ne sommes qu’un pays en développement, nous ne faisons pas vraiment de politique étrangère. »
Eh bien, Xi Jinping a une vision assez différente du rôle de la Chine. Et voilà que plus de 30 ans d’une sorte de récit intégrationiste au sujet de la Chine semblent s’effondrer. Vous avez parlé de « supplanter » la Chine, ce qui me semble être un concept intéressant. Parlez-nous donc de la Chine et des États-Unis à cet égard.
Secrétaire BLINKEN : Eh bien, vous avez tout à fait raison. Nous avons vu, ces dernières années, une Chine très différente émerger sous la direction de Xi Jinping. Elle est plus répressive à l’intérieur, elle est plus agressive concernant l’extérieur, et dans de nombreux cas, cela représente un défi pour nos propres intérêts, ainsi que pour nos propres valeurs. Ce que nous avons vu ces dernières années, c’est l’émergence d’aspects clairement antagonistes dans la relation ; bien sûr – et j’y reviendrai rapidement – ce sont des aspects compétitifs, mais il reste aussi des aspects coopératifs. Et nous ne pouvons pas les perdre de vue, car certains des grands problèmes que nous devons résoudre sont beaucoup plus difficiles à résoudre si les États-Unis et la Chine ne s’engagent pas réellement à essayer de les résoudre : le climat, la santé mondiale, etc.
Mais l’aspect compétitif est au premier plan, et il est central, car il s’agit, comme je l’ai indiqué, du moins de notre point de vue, d’une compétition pour façonner ce qui viendra après cette période d’après-guerre froide. À quoi cela ressemble-t-il ? Quelles valeurs vont se refléter dans ce que nous faisons ? Et pour les États-Unis, le choix est le suivant : Si nous ne jouons pas un rôle dans l’organisation, si nous n’assumons pas un rôle de leader dans ce domaine, de deux choses l’une : soit quelqu’un d’autre le fait, et ce pourrait bien être la Chine, et là encore, probablement pas d’une manière qui reflète pleinement nos intérêts et nos valeurs ; soit, ce qui est tout aussi grave, personne ne le fait, et alors on aura tendance à avoir des vides qui se remplissent de mauvaises choses avant d’être remplis de bonnes choses.
Nous avons donc intérêt à nous impliquer, à prendre la tête du mouvement et à nous assurer que, dans la mesure où nous sommes en compétition pour déterminer à quoi ressemblera ce nouvel ordre, nous mettons tout sur la table. À mon avis, la Chine veut aussi un ordre, mais c’est un ordre profondément illibéral. L’ordre que nous recherchons – encore une fois, de manière imparfaite – est plus libéral, et c’est là l’enjeu de cette compétition.
Secrétaire RICE : Nous avons eu une coopération raisonnable à un moment donné concernant une autre partie du monde qui pose aussi problème, la Corée du Nord. De toute évidence, ce pays est récemment revenu dans l’actualité. A votre avis, ce scénario – il s’agit en fait de non-prolifération – est-il envisageable ? Voulez-vous vraiment que des armes nucléaires se retrouvent entre les mains de régimes, disons, problématiques comme celui de la Corée du Nord ?
Secrétaire BLINKEN : Au cours des derniers mois, depuis environ un an, nous avons considérablement intensifié notre propre collaboration avec nos alliés et partenaires dans la région – la Corée du Sud, le Japon – à la fois sur une base bilatérale où nous avons, par exemple, repris des exercices que nous menions depuis des années et qui avaient été suspendus il y a quelques années. Nous les avons repris, les exercices militaires, pour nous assurer que nous pouvions nous défendre et, espérons-le, dissuader toute forme d’agression nord-coréenne – de même que les efforts déployés aujourd’hui par les États-Unis, le Japon et la Corée, comme ce n’était plus le cas ces dernières années, ce qui offre de nombreux avantages, notamment le rapprochement de la Corée et du Japon. Je pense que Kim Jong-un a vu cela et n’a pas vraiment apprécié, et ça a été une réponse à cela. En fin de compte, l’une des réponses les plus importantes et les plus convaincantes lorsqu’on essaie de continuer nous-mêmes à faire des avancées dans le domaine de la non-prolifération, de la limitation de la propagation des armes, ainsi que du contrôle des armes et de devenir des acteurs responsables dans le cadre du traité de non-prolifération, c’est de nous assurer que nous ne nous retrouvions pas dans un monde où toute une série de pays en arrivent à la conclusion qu’ils seront mieux lotis s’ils acquièrent les armes nucléaires qu’ils n’ont pas.
Secrétaire RICE : Pouvez-vous nous parler de l’investissement dans l’innovation pour protéger nos forces, et de la façon dont cela joue dans la diplomatie que nous devons mener mais aussi dans la sécurité nationale que nous devons atteindre.
Secrétaire BLINKEN : C’est tout simplement fondamental, et permettez-moi de dire deux choses à ce sujet. Tout d’abord, revenons à ce constat selon lequel nous sommes face à un moment de forte concurrence afin de déterminer l’avenir. La technologie, l’innovation, l’esprit d’entreprise sont au cœur de cette compétition. C’est de cette façon que nous allons refaçonner les économies pour l’avenir. C’est ainsi que nous allons moderniser les armées si besoin était. C’est ainsi, grâce à la technologie, que nous allons littéralement remodeler la vie des gens. Il s’agit donc fondamentalement de notre force nationale, mais aussi d’une vision positive de l’avenir qui pour les États-Unis peut être incroyablement attrayante dans le monde entier.
Pendant que nous inventons, pendant que vous inventez de nouvelles technologies qui vont nous permettre de vaincre les maladies, de renforcer la santé mondiale et d’éviter que nous n’ayons un nouvel épisode de type COVID-19 ; pendant que vous trouvez les moyens afin de garantir un approvisionnement alimentaire durable et sain pour tous les gens qui en ont désespérément besoin dans le monde entier et qui vivent une période d’insécurité alimentaire intense ; pendant que vous cherchez les moyens afin de vous assurer que nous développons réellement les technologies pour garantir un avenir énergétique qui ne dépende pas des combustibles fossiles ; pendant que vous cherchez les moyens afin de vous assurer que nous ayons des chaînes d’approvisionnement sûres pour les technologies à venir et de bons emplois pour l’avenir ; alors, si nous continuons de faire cela correctement, si nous continuons à être à l’avant-garde dans ce domaine, si nous continuons à être considérés comme un phare pour le monde entier, cela se répercutera immédiatement sur notre position dans le monde, notre puissance dans le monde à un point tel que je ne saurais le décrire avec précision.
Secrétaire RICE : En ce qui concerne plus particulièrement les relations avec les Européens, nous n’avons pas toujours été très en phase avec nos alliés les plus proches sur des questions telles que la protection de la vie privée, etc. Pouvez-vous nous parler un peu des relations avec les Européens ? Ont-elles été modifiées par l’extraordinaire coopération qui, à ce stade, s’est instaurée autour de l’Ukraine ? Quelqu’un a dit que Vladimir Poutine avait, en l’espace de quelques mois, mis fin au pacifisme allemand et à la neutralité suédoise, ce qui est probablement vrai. Mais cela a-t-il une incidence ?
Secrétaire BLINKEN : Il est impressionnant de voir à quel point Poutine a accéléré pratiquement tout ce qu’il dit vouloir empêcher, en particulier en ce qui concerne le soi-disant monde occidental qui se serre les coudes et renforce réellement sa coopération dans toute une série de domaines. Si nous appliquons des contrôles sur les exportations des technologies de pointe qui, selon nous, ne devraient pas se retrouver entre les mains de certains de nos concurrents, y compris la Chine, si nous sommes les seuls à le faire et que d’autres ne s’y conforment pas, cela ne fonctionnera pas. Il nous faut donc tenter de réaliser un alignement dans ce domaine et c’est ce que nous faisons. Nous sommes en concurrence avec les Européens, mais tant eux que nous avons fondamentalement le même intérêt pour un système où les gens respectent les règles de base, où la vie privée est respectée, même si nous avons des points de vue différents sur la meilleure façon de le faire, où notre sécurité est garantie, où les droits humains sont respectés et où nous pouvons améliorer notre compétitivité. La question est donc de savoir si nous pouvons trouver des moyens de créer ensemble, de nous mettre d’accord. Et enfin, une dernière question : la concurrence, lorsqu’elle est loyale, lorsqu’elle se fait à armes égales, lorsqu’il s’agit d’une compétition vers le haut, est bonne. C’est l’essence même de notre système.
Pour nous, il ne s’agit donc pas de dire que nous devons éviter la concurrence avec nos amis, nos partenaires et nos alliés ; il s’agit au contraire de veiller à ce que cette concurrence soit équitable, transparente, respectueuse des droits des travailleurs, de l’environnement et de la protection de la propriété intellectuelle. Et si nous faisons cela, alors les pays qui ne respectent pas la même façon de faire les choses devront décider s’ils veulent se lancer dans la course au sommet avec nous et améliorer leurs propres normes, leur propre jeu – ce qui est bon pour le monde entier – ou non.
QUESTION : Merci beaucoup pour vos observations motivantes, Secrétaire Blinken. Je suis curieux de savoir ce que vous considérez comme les bénéfices de la diplomatie par le biais d’institutions multilatérales telles que les Nations Unies, alors que leur efficacité dans l’application des traités et le maintien de l’ordre international s’est avérée quelque peu précaire.
Secrétaire BLINKEN : Je vous remercie pour cette question, et c’est une question sur laquelle nous travaillons chaque jour qui passe. Toutes ces institutions, à commencer par les Nations unies, sont uniquement aussi performantes ou aussi médiocres que les pays qui les composent. Donc, oui, il y a certaines choses qui sont inhérentes aux institutions elles-mêmes, et leur leadership est vraiment important. Mais fondamentalement, ce sont leurs membres qui en assurent le bon fonctionnement ou non, et vous avez tout à fait raison de dire que nous avons constaté des dysfonctionnements d’un genre ou d’un autre dans un certain nombre d’entre elles. En raison de cette nouvelle concurrence entre grandes puissances, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies sont souvent à couteaux tirés et, par conséquent, celui-ci est souvent paralysé.
Mais dans le même temps, des choses incroyablement impressionnantes sont encore possibles. Pour vous donner un exemple récent, lorsque la Russie a procédé à sa prétendue annexion de territoires en Ukraine, nous sommes allés aux Nations unies et nous avons essayé d’obtenir une résolution du Conseil de sécurité en conséquence. Bien entendu, la Russie a opposé son veto, bien que nous ayons obtenu un vote large parmi les membres permanents et non permanents du Conseil. Mais nous sommes ensuite allés devant l’Assemblée générale, devant l’ensemble des Nations unies, et une chose extraordinaire s’est produite : 143 pays dans le monde ont manifesté leur opposition à l’annexion, ainsi qu’aux référendums fictifs que la Russie avait utilisés pour justifier les prétendues annexions. Et cela constitue en soi un indicateur puissant de la position actuelle du monde concernant l’agression de la Russie, un élément dont les Russes doivent tenir compte dans leur raisonnement. Il y a donc – il y a des choses qu’on peut encore faire et faire efficacement.
Notre travail consiste à essayer de faire en sorte que ces institutions s’acquittent mieux de leurs tâches, de manière plus efficace, en éliminant la bureaucratie, la corruption qui existe parfois, et en essayant de rendre tout cela un peu meilleur. Mais c’est un peu comme notre propre situation, à savoir qu’il faut essayer de forger une union plus parfaite, et c’est quelque chose sur lequel nous travaillons chaque jour.
QUESTION : Je me demande juste si vous pouvez dire quelque chose de bref en ce qui concerne l’attitude des Etats-Unis envers Taïwan.
Secrétaire BLINKEN : L’une des choses sur lesquelles nous avons travaillé ensemble de diverses manières pendant des années est notre approche au sujet de Taïwan et du défi que représente la confrontation des différends entre Pékin et Taïwan. Depuis des décennies, au fil des administrations républicaines et démocrates, cette politique se caractérise par la volonté de faire en sorte que les différends qui existent soient résolus de manière pacifique. Et en fait, jusqu’à récemment, c’était un succès incroyable. Je pense que la situation a été bien gérée, d’une manière qui a évité les conflits, qui a également permis aux habitants de Taïwan de vraiment prospérer, et de profiter non seulement de leur propre vie, mais aussi du fait que Taïwan a tant à apporter au monde, ce qu’elle fait chaque jour.
Ce qui a changé, c’est qu’au lieu de s’en tenir au statu quo qui avait été établi de manière positive, on a pris la décision fondamentale de considérer que le statu quo n’était plus acceptable et que Pékin était déterminé à poursuivre la réunification selon un calendrier beaucoup plus rapide. Et si les moyens pacifiques ne fonctionnaient pas, alors elle emploierait des moyens coercitifs – et éventuellement, si les moyens coercitifs ne fonctionnaient pas, alors peut-être des moyens violents – pour atteindre ses objectifs. Et c’est ce qui est en train de bouleverser profondément le statu quo et de créer d’énormes tensions.
Et c’est un sujet de préoccupation non seulement pour les États-Unis, car cela fait bien longtemps qu’il s’agit d’un élément central dans la gestion des relations avec la Chine , mais aussi pour les pays du monde entier. Le volume du trafic commercial qui passe par ces derniers chaque jour et qui a un impact sur les économies du monde entier est immense. Si ce trafic devait être interrompu en raison d’une crise, les pays du monde entier en souffriraient.
Le dernier groupe de personnes à qui je me dois de dire cela est ici même dans cette salle. En ce qui concerne les semi-conducteurs, si la production taïwanaise était interrompue à la suite d’une crise, vous auriez une crise économique dans le monde entier. Il y a donc un enjeu vraiment sérieux, non seulement pour nous mais aussi pour les pays du monde entier, quand il s’agit de préserver la paix et la stabilité en ce qui concerne Taïwan et les détroits, et d’assurer que les différends qui existent sont résolus pacifiquement. C’est pourquoi nous nous sommes tant impliqués dans ce domaine.
J’espère que Pékin parviendra à revenir à un stade où il verra les mérites de s’assurer que les différends sont résolus pacifiquement, qu’il n’essaiera pas de forcer les choses par la coercition et, pire encore, par la force. Nous sommes déterminés à respecter nos engagements envers Taïwan en vertu de la loi sur les relations avec ce pays et à soutenir sa capacité à se défendre. Nous sommes aussi – nous restons aussi fondamentalement attachés à la politique d’« une seule Chine ». Cela n’a pas changé. Cela ne changera pas. Mais au cœur de cette politique, un engagement a été pris, il consistait à résoudre ces différences de manière pacifique, et si cela devait changer, cela ouvrirait, malheureusement, des horizons vers des situations extrêmement problématiques à l’avenir.
Source : U.S. Department of State, 17-10-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
Quand ces gens là parlent de paix, il faut se préparer à la guerre. C’est ce que font la Russie et la Chine car les USA respectent uniquement les nations qu’ils peuvent craindre. Et tous ceux qui imaginent pouvoir collaborer avec ce pouvoir psychopathe les rejoindront dans les poubelles d’une Histoire, qui s’interrogera sur les bénéfices apportés par un siècle de domination sans partage.
25 réactions et commentaires
Quand ces gens là parlent de paix, il faut se préparer à la guerre. C’est ce que font la Russie et la Chine car les USA respectent uniquement les nations qu’ils peuvent craindre. Et tous ceux qui imaginent pouvoir collaborer avec ce pouvoir psychopathe les rejoindront dans les poubelles d’une Histoire, qui s’interrogera sur les bénéfices apportés par un siècle de domination sans partage.
+27
AlerterComme toujours il ne faut pas écouter ce qu’ils disent mais regarder ce qu’ils font :
» World Beyond War a lancé un nouvel outil en ligne qui permet aux utilisateurs de visualiser un globe marqué de 867 bases militaires américaines dans des pays autres que les États-Unis, et de zoomer pour obtenir une vue satellite et des informations détaillées sur chaque base. L’outil permet également de filtrer la carte ou la liste des bases par pays, type de gouvernement, date d’ouverture, nombre d’employés ou superficie de terrain occupée.
Cette base de données visuelle a été conçue et développée par World Beyond War pour aider les journalistes, les activistes, les chercheurs et les lecteurs individuels à comprendre l’immense problème de la préparation excessive à la guerre, qui conduit inévitablement à l’intimidation internationale, à l’ingérence, aux menaces, à l’escalade et aux atrocités de masse. En illustrant l’étendue de l’empire américain des avant-postes militaires, World Beyond War espère attirer l’attention sur le problème plus vaste des préparatifs de guerre. »
Présentation vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=ZV1OgJYqa1U
L’outil : https://worldbeyondwar.org/no-bases/
Verrons-nous sous macron l’une de ces bases s’installer en France ?
+17
AlerterBien sûr, ils parlent de la paix des cimetières (on ne peut pas la rompre…). S’ils parlaient de paix véritable, il faudrait y ajouter la Justice (pour moi, celle de Dieu ; mais c’est un autre sujet !) L’un ne va pas sans l’autre.
+1
AlerterQuand tout cela finira, il ne fera pas bon être Américain.
+9
AlerterNous, USA et vassaux, nous nous nommons nous-mêmes orgueilleusement « le monde libre ». Mais notre croyance profonde est plus radicale encore, nous sommes « le monde innocent ». Qu’attend la France pour abandonner cette croyance illusoire, mensongère ?
+19
AlerterFeue la France, en tant qu’entité souveraine, et donc peut-être paraît-il les poules françaises pourraient avoir des dents maintenant.
+4
AlerterLa liberté est un concept très occidentale et c’est pour cette raison qu’ils se considèrent comme pays libre.
La liberté dans les pays asiatiques est une valeur moins importante qu’ici. En Asie, il y a plus une vision communautaire, le fait de travailler pour tous.
En Occident, on a l’impression que l’individu se positionne au dessus de la communauté, comme si les libertés individuelles étaient les plus importantes et la liberté la valeur absolue.
Mais quand on voit l »immaturité d’un pays comme les États-Unis, on ne s’étonne pas vraiment qu’ils recherchent seulement la liberté…
Avec le réchauffement climatique et la transition écologique qui s’annoncent à nous, il faudra bien mûrir nos sociétés et accepter que la liberté ne peut pas se placer comme une valeur au-dessus des autres.
Malheureusement, dans une période de survie, ce sera la loi du plus fort qui sera de retour.
Et les États-Unis sont très bien armés pour ça
+1
Alerter« accepter que la liberté ne peut pas se placer comme une valeur au-dessus des autres »
non jamais…Dieu m’a cree libre et aucun homme,aucune IA n’est plus intelligente que dieu…
liberte egalite fraternite dans cet ordre….Vous ne vous rendez pas compte que la liberte est la valeur primordiale pour un grand nombre d’individus et que vous nous declarez la guerre par une phrase dans ce genre…
A partir du moment que vous enlevez la liberte de choisir aux hommes,vous posez automatiquement la question « a qui les hommes doivent ils obeir »?
+0
AlerterLes USA sont les leaders du monde libre. Je n’ai aucun doute là dessus… a condition de définir ce concept de liberté. Ils sont les leaders du monde libre dans son concept libéral, la liberté d’acquérir, la liberté de monopoliser, la liberté d’écraser, la liberté de tuer… la liberté du renard dans le poulailler en quelque sorte.
Ça n’a rien a voir avec la première idée qui vous vient quand vous parlez de liberté.
+0
AlerterC’est impressionnant d’observer des personnes censées représenter une « élite » d’une nation comme les USA, pratiquer systématiquement l’inversion accusatoire avec une apparence de bonne foi à toute épreuve.
A ce niveau de responsabilité et d’information, renseignés par des moyens considérables (en personnels, en services spécialisés et technologies de pointe), ces personnes peuvent-elles croire ce qu’elles disent?
J’hésite entre cynisme absolu et bêtise insondable.
+24
Alerterc’est du fanatisme !
ces individus ont du sang plein les mains, mais ils ne le voient pas !
des monstres !!
+5
AlerterNon je ne pense pas qu’ils soient fanatiques.
Ils sont acculturés, dans leur monde virtuel.
Ils croient à leur propagande.
C’est très logique, car cela permet de structurer leur pensée.
Cela leur permet de dire qqchose dans une logique dont les axiomes sont faux (ou contradictoires).
De plus ces politiciens que l’on entend sont choisis pour cela.
Ce ne sont que des marionnettes propagandistes.
Ils sont donc les meilleurs pour faire passer ces bêtises.
Exemple les USA doivent contrôler la Russie car Poutine est très méchant.
Il est très méchant car désigné comme tel.
et donc il est normal de le combattre.
La prémisse est absurde sauf dans le monde virtuel dans lequel ils baignent.
Logique autoréférentielle imparable.
Alors oui on hésite entre bêtise et cynisme.
L’un n’empêche pas l’autre.
Mais c’est hors sujet !
La seule chose qui compte pour ces gens est le résultat.
Le pragmatisme du cliquet.
Et le mensonge, le n’importe-quoi, les croyances idiotes tout peut servir si cela aide à la puissance monétaire, militaire .. des États-Unis.
+5
AlerterConservation sans surprise, on est dans la com.
Que ça doit être fatiguant d’être charger de répéter publiquement les mêmes baratins au quotidien, il faut vraiment avoir le pacte et le press-kiki derrière soi pour en avoir envie.
Que la puissance et l’illusion sont maudites et que le réalisme et l’humilité sont grandes.
+5
AlerterQuand ils citent « les intérêts et les valeurs », ils ont quand même la décence de le faire dans cet ordre là. Mais ils pourraient tout aussi bien reproduire la réalité et oublier « les valeurs ».
Concernant les valeurs démocratiques dont le respect de la vie privée, lire « Mémoires vives » d’Edward Snowden. Impressionnant et terrifiant!
+4
AlerterEn filigrane de leur entretien apparaît un présupposé, selon moi problématique, et constant chez les dirigeants américains selon lequel les États-Unis auraient une sorte de droit divin à se croire partout chez eux sur la planète. Ils ne se posent même pas la question de la légitimité de ce droit imaginaire que personne ne leur a jamais accordé. Nous avions auparavant l’URSS qui se croyait fondée à se mêler du destin des peuples de la Terre afin de leur apporter la bonne parole communiste, et ça contrebalancait la prétention miroir des États-Unis qui ne pouvaient que réagir. Mais depuis que l’URSS a implosé, les élites de Washington semblent vraiment s’être persuadées que ce rôle messianique ne devait rien à une nécessité politique circonstancielle mais tout à leur essence même. Il s’agit d’une perception d’eux-mêmes très dangereuse pour la Paix. Le régime chinois se montre plus agressif que par le passé ? Oui, sans doute, mais en quoi cela justifierait il que les États-Unis interviennent ? Ils n’y ont pas davantage de droit que le Luxembourg ou le Zambèze, et moins que l’Indonésie ou le Vietnam. Cela m’inquiète car inéluctablement, des puissances voudront remettre Washington à sa place et je crois bien que rien n’a préparé les Américains à comprendre qu’ils ne forment qu’un pays parmi d’autres et rien de plus ni de moins, et dès lors, ce statut exceptionnel dont ils s’imaginent dotés par le Ciel, ils le défendront avec acharnement quitte à tout ravager plutôt qu’admettre qu’ils n’ont rien de spécial. L’entretien donne l’impression qu’ils restent empêtrés dans cet hubris.
+14
Alertermais cette « croyance » américaine, rend ces américains particulièrement dangereux pour le monde
leurs victimes se comptent déjà par millions !
qui va les arrêter définitivement ?
+1
Alerter@petitjean,
La Providence leur rappellera que ce Monde ne leur appartient pas.
+3
Alerteralors qu’elle fasse vite cette Providence !
car les fanatiques US sont prêts à déclencher une guerre nucléaire.
Il faut les détruire avant qu’ils ne nous détruisent !
+2
Alerter@petitjean,
Si vous êtes croyant c’est le moment d’avoir la foi, sinon il faut chérir l’espoir que la raison finisse par l’emporter sur la folie des temps présent et à venir. La disparition de l’ancien monde créera inévitablement le chaos nécessaire à l’émergence du nouveau, qui ne sera pas celui voulu par ceux qui ont déclarés la guerre à l’Humanité.
+2
AlerterUne bonne guerre pour éviter la guerre ? Waou , un adepte de gribouille ?
+1
AlerterL’une des caractéristiques de l’être humain (qui le distingue des animaux) est la faculté – je dirai même la liberté – de choisir : l’amour ou la haine, la justice ou l’injustice… avec les conséquences qui en découlent. Sans liberté, pas d’Amour : l’Amour ne se commande pas ; Dieu Lui-même ne nous y oblige pas ; ce fut mon choix, que je n’ai jamais regretté. À 80 ans, je peux me retourner sur le chemin parcouru sans tristesse, non que le beau temps aie toujours été au rendez-vous, mais la marche s’est poursuivie avec des forces sans cesse renouvelées.
+2
AlerterPas terrible comme spéctacle. La scenographie est franchement platte et manque de mouvements , les acteurs récitent un peu trop leur textes et manquent de convictions, l’éclairage est bon , le décors bof-bof, le son est techniquement bon mais ça manque de musique.
3/10
Après la préstation de Xi pour sa pièce « congrès du parti » ça fait très plat. Xi il a eut 9 : il pas négligé les formes , le décors avait de la gueule , la technique etait en place et il a même fait participer le publique , son jeux manquait un peu d’allan mais pas de conviction , ce qui explique le point qui manque.
Bref : au lieu de critiquer les petits copains sur scène , l’elève Blinken aurait mieux fait de réviser les bases.
+6
Alertercomment peuvent ils sortir des âneries pareilles, totalement démenties par leur propre comportement ?? On aurait dû demander à Blinken (disciple de Robert Kagan) de comparer le nombre de guerres initiées par la Russie avec celui des USA; ou même comparer le nombre de bases US hors des Etats Unis avec les bases russes situées en dehors de la Russie.
C’aurait été parlant.
Le pire est que chez nous des tas de gens prennent ce délire au sérieux
+4
AlerterBlinken :
« cela nous dérange tous profondément lorsqu’un pays essaie d’en dominer un autre ».
Cela les dérange si un pays essaie d’en dominer un autre car seuls les USA sont légitimes à dominer. Blinken ne le dit pas mais il le pense sincèrement, et croit que c’est aussi vrai que moralement juste. Un mélange de naïveté et de cynisme. Le même Antony Blinken fait des affaires en conseillant avec le complexe militaro-industriel. Et la politique qu’il promeut fait aussi les bonnes affaires du complexe et les siennes.
La « destinée manifeste » des USA est une forme d’ivresse née lors de la découverte par les immigrants en Nouvelle Angleterre d’un pays colossal au potentiel sans limite. Il ne restait plus qu’à enfourcher la monture et au galop vers l’Ouest ! Ça continue, sauf que la Nouvelle Frontière est devenue le reste du monde, en attendant toute la galaxie. On appelle aussi « hybris » cette ivresse qui a des conséquences fâcheuses.
+2
AlerterNos dirigeants sont des affabulateurs. Ils inventent des histoires qui les arrangent puis demandent des preuves a leurs services. Ceux qui en trouvent sont promus. Les « preuves » renforcent le délire. C’est comme ça que les USA ont envahit l’Afghanistan et l’Irak, que la Russie a attaqué l’Ukraine.
+1
AlerterLes commentaires sont fermés.