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24.juin.201524.6.2015 // Les Crises

Grèce : la stratégie du « toujours plus » de l’Eurogroupe

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Pas d'accord à l'Eurogroupe ce lundi, malgré des concessions grecques. (Photo: Jean-Claude Juncker accueille Alexis Tsipras à Bruxelles le 22 juin 2015)

Pas d’accord à l’Eurogroupe ce lundi, malgré des concessions grecques. (Photo: Jean-Claude Juncker accueille Alexis Tsipras à Bruxelles le 22 juin 2015)

(Crédits : Reuters)

Malgré de nouvelles concessions faites par le gouvernement grec, aucun accord n’est sorti de l’Eurogroupe de ce lundi 22 juin. La cible des ministres des Finances de la zone euro reste la levée des « lignes rouges. »

Les négociations entre la Grèce et ses créanciers ressemblent de plus en plus au paradoxe de la flèche de Zénon d’Elée: plus on se rapproche du but et plus on s’en éloigne. L’Eurogroupe « de la dernière chance » de ce lundi 22 juin devait déboucher sur un accord, il a débouché sur un nouveau report des « discussions » à jeudi 25 juin. Pourtant, encore une fois – et pour la troisième fois en dix jours -, la partie grecque avait fait un gest en faveur des créanciers.

Nouvelles concessions grecques

La dernière proposition grecque ne touche pas aux retraites complémentaires pour les plus pauvres, mais prévoit leur remplacement par un « revenu minimum garanti » en 2020. Aujourd’hui, ce complément concerne 230.000 personnes de plus de 65 ans qui touchent entre 50 et 250 euros supplémentaires par mois. La proposition prévoit de couvrir le maintien des pensions par des hausses de cotisations de 3,9 %, la hausse des contributions santé des retraités de 4 % à 5 %, une contribution des retraites complémentaires à 5 %et la suppression des départs anticipés à la retraites. Les salariés seront donc mis à contribution. Par ailleurs, le gouvernement grec a reculé sur le relèvement de 10 points de la TVA sur l’alimentation. Il a également été décidé de relever l’impôt sur le revenu dès 30.000 euros de revenus annuels et de créer une taxe sur les entreprises de plus de 500.000 euros de chiffres d’affaires de 12 %.

Le gouvernement grec a donc sauvé ses « lignes rouges », même s’il y a des concessions sur les retraites anticipées qui jusqu’ici devaient être « désincitées » et la TVA.

Un accord dans la semaine, mais sur quelles bases ?

Mais, encore une fois, ces concessions ne sont pas suffisantes aux yeux de l’Eurogroupe. Certes, son président, Jeroen Dijsselbloem, a estimé que la dernière proposition grecque était « un pas en avant ». On parle pour la première fois d’une proposition « complète » et l’on vise un accord « dans la semaine ».

Pour justifier l’incapacité de l’Eurogroupe à trouver un accord dès ce lundi, on explique que les propositions grecques sont arrivées trop tard. L’argument est assez étrange, car la presse mondiale disposait, dès dimanche soir, de ces propositions. Sans doute plus proche de la vérité, le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, a indiqué que la proposition grecque était un « pas dans la bonne direction », mais il affirmait qu’il y avait « beaucoup de travail avec les institutions. »

Bref, il faut encore changer quelque chose. Donc, il faut encore plus de concessions grecques. Du reste, Wolfgang Schäuble avait tué tout suspense avant la réunion en affirmant qu’il ne voyait « pas de différences entre les propositions de ce lundi et celles de jeudi dernier »

La stratégie du « toujours plus » de l’Eurogroupe

On voit donc se dessiner la stratégie de l’Eurogroupe : exiger toujours plus de concessions, pilonner sans cesse les lignes rouges du gouvernement grec pour les abattre. Le but de cette instance n’est pas de trouver un « compromis », c’est de supprimer ces lignes rouges, autrement dit la hausse de la TVA sur l’électricité et l’énergie, et de pratiquer des coupes dans les pensions. Peu importe que la Grèce propose des équivalences, l’Eurogroupe veut profiter du peu de temps qu’il reste jusqu’à la date butoir du 30 juin – date à partir de laquelle le défaut vis-à-vis du FMI deviendra effectif – pour faire céder le plus possible Athènes.

Chaque concession est donc prise comme un aveu de faiblesse d’Athènes et conduit donc à enfonce davantage le clou. C’est la preuve que le but des créanciers n’est pas d’obtenir de simples garanties sur le remboursement de leurs créances, mais d’ouvrir avec l’accord un nouveau front, politique celui-là : mettre en difficulté, par ses concessions, Alexis Tsipras dans son propre camp.

Contrairement à ce que martèle la presse occidentale, ce dernier n’est pas « otage » de son aile gauche, qui a accepté les concessions jusqu’aux lignes rouges, il est bien plutôt otage des créanciers qui le poussent à abandonner ces lignes rouges.

L’intérêt de placer l’Eurogroupe avant le Conseil

Cette stratégie a été rendue possible par un jeu sur le calendrier. Après l’échec de l’Eurogroupe de jeudi dernier, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait convoqué un sommet ce lundi 22 juin. Athènes espérait que ce sommet permettrait de décider d’un accord entre chefs d’Etats et de gouvernements sur des concessions communes. Ces derniers auraient ensuite pu imposer leurs décisions à leurs ministres des Finances. Mais le diable se cache dans les détails. Le calendrier a été inversé. On a continué à donner la priorité à l’Eurogroupe qui a été placé avant le conseil.

Or, l’Eurogroupe est dominé par Wolfgang Schäuble et le très discipliné Jeroen Dijsselbloem qui tente d’arracher actuellement le renouvellement de son mandat. En son sein, aucun accord politique n’est possible puisqu’il ne s’agit que d’un examen en théorie technique des propositions. Or, si l’Eurogroupe a échoué, le conseil qui suit ne peut être qu’inutile, et ne peut que conclure à une attente des négociations au sein de l’Eurogroupe… Du reste, ce report de l’accord est aussi un échec pour les autres pays de la zone euro, en particulier la France. Depuis 24 heures, François Hollande appelait en effet à un accord « maintenant ». Encore une fois, il n’a pas été écouté.

Nouveau bluff d’Angela Merkel ?

Reste à savoir si ce nouveau délai est un nouveau coup de bluff de l’Allemagne. Angela Merkel pourrait bien avoir laissé carte blanche à Wolfgang Schäuble afin d’arracher de nouvelles concessions aux Grecs pour disposer d’un accord « mieux vendable » auprès de son camp au Bundestag. Les signes positifs envoyés ce lundi signifient également que la Chancelière n’est pas prête à prendre le risque d’un défaut sur le FMI le 30 juin. Un accord sur la base de la proposition grecque pourrait donc être trouvé cette semaine. Désormais, il sera bien difficile de servir aux opinions publiques occidentales la litanie de « l’intransigeance grecque ». Mais le but principal de la manoeuvre allemande pourrait bien être d’enterrer toute proposition sur la restructuration de la dette. Ce serait alors le respect de lignes rouges écornées contre le maintien du joug de l’endettement.

Marges de manœuvre réduites pour Alexis Tsipras

Au reste, la marge de manœuvre d’Alexis Tsipras est désormais réduite. On le voit mal rogner encore sur ses lignes rouges. Ses propositions à l’Eurogroupe sont déjà extrêmement éloignées du programme de Syriza. Certaines d’entre elles ressemblent à s’y méprendre à de l’austérité : la hausse de l’impôt sur le revenu dès 30.000 euros de revenus annuels va frapper la classe moyenne, la hausse de la TVA sur l’alimentation et la restauration sera sans doute aussi fortement ressentie par les ménages. Certes, il peut compter sur l’effet de l’intégration de la Grèce au programme de la BCE d’assouplissement quantitatif en cas d’accord, et sur un redémarrage « de rattrapage » de l’économie après cinq mois de blocage. Mais, s’il ne parvient pas à se présenter devant le parlement en pouvant prétendre avoir sauvegardé ses « lignes rouges », il aura du mal à prétendre avoir rompu avec l’austérité. Il avait prévenu ce week-end qu’il s’agissait de la « dernière offre »grecque.

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 22 juin 2015.


Grèce : pourquoi la question de la dette est désormais centrale

Pour maintenir sa majorité, Alexis Tsipras doit, d’ici à jeudi, éviter de faire de nouvelles concessions aux créanciers, mais aussi obtenir un accord sur la dette. Une tâche difficile.

Les larges concessions acceptées par Alexis Tsipras pour obtenir un accord avec les créanciers dès ce jeudi 25 juin ont conduit la gauche de Syriza à faire part de sa mauvaise humeur, ce mardi matin en Grèce. Dans uneinterview accordée à Die Zeit, le député et économiste Costas Lapavitsas, une des principales figures de cette aile gauche, ne refuse pas explicitement ces concessions, mais il prévient qu’il ne votera pas de « nouvelles mesures d’économies » et fait clairement savoir sa préférence pour une sortie de l’euro. De son côté, le vice-président du parlement Alexios Mitropoulos a prévenu, à la radio ce mardi 23 juin au matin, que la proposition grecque ne sera pas adoptée au parlement telle quelle.

Moins de lignes rouges, moins de majorité

Rien d’étonnant à cette révolte : les « lignes rouges » d’Alexis Tsipras avaient précisément pour vocation de maintenir l’unité interne de Syriza. Une fois ces dernières largement écornées, les tensions internes au parti renaissent logiquement. Le but principal des créanciers, celui de contraindre le premier ministre hellénique à devoir s’allier avec les centristes de To Potami, voire avec la droite au parlement, a donc à nouveau ses chances. Pour éviter un tel scénario, Alexis Tsipras devra convaincre la gauche de Syriza que ses reculs sont non seulement nécessaires, mais qu’ils permettent de remplir les principaux objectifs du parti.

Comment maintenir la majorité d’Alexis Tsipras

Dans son interview à Die Zeit, Costas Lapavitsas résume ces conditions : pas de politique d’austérité, un plan de restructuration de la dette publique et un plan d’investissement. Alexis Tsipras peut toujours prétendre que, malgré ses concessions, il aura évité le pire en réduisant la facture demandée par les créanciers. A condition que, d’ici à jeudi, aucune nouvelle exigence ne naisse du côté des créanciers. Concernant le plan d’investissement, Jean-Claude Juncker, soucieux de passer pour bienveillant sur la Grèce, propose un plan d’investissement (qui reste à définir, sera-ce de l’argent réel ou inclut-il un « effet de levier ») de 35 milliards d’euros. Reste alors la question, désormais centrale, de la dette.

Les leaders européens, lundi soir, ont exclu toute négociation sur la dette. Or, on le comprend, Alexis Tsipras ne peut réellement « vendre » au parlement un accord sans un plan sur la dette. Selon une source gouvernementale grecque, « nous insistons sur un règlement de la dette, il sera inclus dans l’accord ».

Mais cet optimisme devra être confronté à la logique européenne, notamment allemande, qui, depuis le premier jour, refuse d’évoquer le sujet. Au mieux, Alexis Tsipras pourrait arracher une promesse de restructuration « plus tard, lorsque la confiance sera revenue ». La même qu’avait obtenu son prédécesseur Antonis Samaras en novembre 2012, sans qu’elle ne soit suivie d’effet…

La dette, une question centrale

Pourquoi cette question de la dette est-elle centrale, alors que la dette aux Etats européens n’est remboursable qu’à partir de 2020 ? Parce qu’accepter des mesures d’austérité sans restructuration de la dette ferait revenir la Grèce entièrement à la logique précédente où les excédents budgétaires ne servaient qu’au remboursement éternel des créanciers.

Autrement dit, l’économie grecque serait ponctionnée pendant des années par des taxes et plombée par des mesures budgétaires restrictives (l’excédent primaire doit être de 3,5 % du PIB à partir de 2018 dans le nouvel accord) afin de rembourser les créanciers. Ce serait, en pire, la situation italienne depuis le milieu des années 1990 où les excédents primaires se succèdent et conduisent à un affaiblissement de la croissance qui, à son tour, rend les excédents primaires encore plus nécessaires… Un cercle vicieux qui laisserait l’économie grecque, malgré les investissements Juncker et l’assouplissement quantitatif de la BCE, dans des tourments infinis, la Grèce n’ayant pas, comme l’Italie, un secteur exportateur fort.

Eviter le « coup d’Etat financier »

Mais cette logique ne prévaut guère devant celle des créanciers qui peut se résumer par ces mots : « pas un euro des contribuables aux Grecs. » La tâche désormais du gouvernement grec d’ici à jeudi est d’arracher un accord sur la dette afin de maintenir dans la majorité le plus de députés de Syriza possible et éviter que les créanciers ne réussissent à obtenir ce qu’ils cherchaient depuis le début : la destruction de la majorité du premier ministre. Reste à savoir ce qu’Alexis Tsipras fera s’il n’y parvient pas…

Source : Romaric Godin, pour La Tribune, le 23 juin 2015.

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Commentaire recommandé

BEYER Michel // 24.06.2015 à 06h43

Vu de France, nous avons tendance à raisonner pour les grecs. Nous avons aussi tendance à attendre de Mr Tsipras une décision qui aille dans le sens de nos souhaits ( je parle de ceux qui souhaite une sortie de l’Euro).
Jusqu’à présent le gouvernement Tsipras a agi avec intelligence. Mr Romaric Godin l’a démontré au-travers de plusieurs articles, ainsi que Jacques Sapir. Plusieurs intervenants de ce site ont soutenu la démarche de ce gvt Tsipras. J’en suis, bien que sachant que ce gouvernement ne souhaite pas la sortie de l’Euro, et selon certains sondages(??) la majorité du peuple grec.
Le dernier article de Romaric Godin nous démontre que nous sommes au bout du bout. Ou le gouvernement Tsipras prend une décision courageuse, contre sa pensée, et dit NON au remboursement de la dette. Ou il accorde de nouvelles concessions le rapprochant des lignes rouges.
Mais, dans le cas de la deuxième situation, est-ce que pour autant tout sera terminé? Je ne le crois pas. Plusieurs intervenants ont publié l’échéancier des remboursements de la dette. A chaque fois le peuple grec sera confronté aux exigences de l’Eurogroupe. D’autant que les prêts accordés se rajoutent à la dette.
L’Eurogroupe formule des exigences pour accentuer l’austérité. Ce n’est pas pour en finir avec la dette, c’est au contraire pour enfoncer plus l’économie grecque.
Nous n’avons pas à dicter nos désideratas au peuple grec. Nous devons être avec eux dans ces moments difficiles.

24 réactions et commentaires

  • BEYER Michel // 24.06.2015 à 06h43

    Vu de France, nous avons tendance à raisonner pour les grecs. Nous avons aussi tendance à attendre de Mr Tsipras une décision qui aille dans le sens de nos souhaits ( je parle de ceux qui souhaite une sortie de l’Euro).
    Jusqu’à présent le gouvernement Tsipras a agi avec intelligence. Mr Romaric Godin l’a démontré au-travers de plusieurs articles, ainsi que Jacques Sapir. Plusieurs intervenants de ce site ont soutenu la démarche de ce gvt Tsipras. J’en suis, bien que sachant que ce gouvernement ne souhaite pas la sortie de l’Euro, et selon certains sondages(??) la majorité du peuple grec.
    Le dernier article de Romaric Godin nous démontre que nous sommes au bout du bout. Ou le gouvernement Tsipras prend une décision courageuse, contre sa pensée, et dit NON au remboursement de la dette. Ou il accorde de nouvelles concessions le rapprochant des lignes rouges.
    Mais, dans le cas de la deuxième situation, est-ce que pour autant tout sera terminé? Je ne le crois pas. Plusieurs intervenants ont publié l’échéancier des remboursements de la dette. A chaque fois le peuple grec sera confronté aux exigences de l’Eurogroupe. D’autant que les prêts accordés se rajoutent à la dette.
    L’Eurogroupe formule des exigences pour accentuer l’austérité. Ce n’est pas pour en finir avec la dette, c’est au contraire pour enfoncer plus l’économie grecque.
    Nous n’avons pas à dicter nos désideratas au peuple grec. Nous devons être avec eux dans ces moments difficiles.

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    • P. Peterovich // 24.06.2015 à 09h12

      La sympathie qu’ont certains pour Tsipras leur fait parfois oublier qu’il a promis deux choses contradictoires, ce qui n’est pas malin de sa part et n’est pas la faute de la Troïka ni de Merkel. Il ne peut pas à la fois rester dans l’euro (chose qu’il a promise) et obtenir une remise de dettes (chose qu’il a également promise). Tsipras va devoir faire un choix…

      Par ailleurs, pour ce qui concerne l’antipathie qu’ont certains pour le FMI, la Troïka et Merkel, il importe de garder à l’esprit que sous les discours populistes de légitimation (ces Grecs paresseux, etc.), ils sont également guidés par des considérations plus ou moins rationnelles et pas nécessairement moins légitimes que celles qui guident les Grecs…

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      • Gregoire // 24.06.2015 à 12h10

        La légimité dans des « Démocraties »…c’est avant tout de respecter le choix des peuples ce qui n’est pas le cas dans l’UE… Est ce ligitime de financer la guerre en ukraine et ailleurs ? De favoriser l’évasion fiscale ? Est ce légitime de soutenir les bourses et les banques dans leurs magouilles toxiques ? Est ce légitime que la commission européenne ne soit pas élue ? Est ce légitime l’OTAN ? Est ce légitime que les US se mélent de l’Europe ? Est ce légitime que la BCE ne puisse pas préter à 0% a un pays en difficulté ? Est ce légitime que la BCE prête à 0% à la France l’ Allemagne etc…et que ces derniers prête ce fric à 4 ou 5% voir plus à la Grèce ? Est ce que ce racket est légitime ? Ce qui serait légitime ce serait que tous les européens sortent leur karcher pour virer toute cette racaille parasite qui n’ont d’autres ambitions que popériser les peuples pour mieux les asservir… La légimité c’est la Démocratie et son respect par les nantis et leurs larbins…point barre.

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        • P. Peterovich // 24.06.2015 à 13h12

          La légitimité est une question compliquée qui ne se prête pas à des simplifications…
          L’EU, dites-vous, ne respecte pas le choix des peuples ? Quels peuples ? Le peuple européen ? Le peuple français ? Le peuple grec ? Quand le Traité de 2005 a été refusé par la France et les Pays-Bas, l’EU englobait 25 pays dont une majorité avait accepté les modifications. Etait-il légitime pour la France et les Pays-Bas de paralyser le processus ? Je pense que oui, ne vous y trompez pas, mais il faut étayer et argumenter.

          Quant à la question grecque, il faudrait préciser le choix du peuple grec qui doit être respecté. Il peut refuser l’austérité. Mais si son choix est d’imposer aux autres pays une vision de l’Euro (union de transfert) dont les peuples concernés ne veulent pas, quel droit la Grèce aurait-elle de le leur imposer ?

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          • Dominique Gagnot // 24.06.2015 à 18h48

            Mais si, en 2005, certains voulaient continuer cette Europe sans nous, ils pouvaient le faire. On impose rien!
            Votre manière de considérer les volontés de chacun est curieuse…

            Et de là à ce que les grecs imposent leur volonté…!

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          • benoit // 24.06.2015 à 22h15

            « l’EU englobait 25 pays dont une majorité avait accepté les modifications. » Faux, les votes des parlements, sur ces sujets, n’étaient nullement représentatifs des opinions de leurs peuples respectifs. Donc pas plus de légitimité populaire de la part de ces pays dans ces choix, que de la part de la France, des Pays-Bas, et de l’Irlande.

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          • bardamus // 25.06.2015 à 08h31

            Vous oubliez que la France est le 2eme contributeur de cette sinistre dictature et que de ce fait, nous Francais avions notre mot à dire !

            Ce sont ceux qui payent qui doivent décider , du moins dans ce cas !

            Bien evidement, nous savons tous (à part quelques illuminés shootés à la coke ou au million d’€ ) qu’il n’existe pas de citoyen européen

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      • Wilmotte Karim // 24.06.2015 à 23h20

         » Il ne peut pas à la fois rester dans l’euro (chose qu’il a promise) et obtenir une remise de dettes (chose qu’il a également promise).  »

        Ben, en fait, si.
        Par contre, ce qui est PROFONDEMENT anti-démocratique, c’est d’imposer à la Grèce d’équilibrer son budget d’une manière et d’une seule : celle qu’on a décidé pour lui.

        Quand on refuse des mesures dont la valeur monétaire est identique parce qu’il s’agit de celles proposées par la Grèce, on est dans le diktat.

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    • bardamus // 25.06.2015 à 08h44

      « Nous n’avons pas à dicter nos désideratas au peuple grec. »

      Certainement et de toute façon cela ne sert à rien.

      La Troika est sous contrôle américain pour éviter la sortie, ceux ci veillerons à écarter tout choix démocratiques (comme avec Papandreou) en neutralisant tel ou tel politicard frondeur (peut être cette fois ci par la violence).

      Quant à Syriza, il faut s’en remettre aux analyses de l’UPR sur sa nature : un parti leurre , Tsipras ayant été invité sur un tapis rouge chez les néo cons bien avant son élection et les médias bien graissés pour en assurer sa mise en place.

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  • Alain // 24.06.2015 à 07h05

    Le gouvernement grec méconnaît le B.A. de la négociation: faire croire que l’on est prêt à aller jusqu’au bout !

    En mettant le maintien dans l’euro comme objectif central, il s’est mis en position de faiblesse et il serait stupide de la part des créanciers – qui ne sont pas une oeuvre de bienfaisance tout comme l’Europe n’est pas une union solidaire mais une union visant uniquement à abaissait les barrières au commerce et à la finance – de ne pas en profiter en le faisant reculer pas à pas.

    On lit dans le jeu du gouvernement grec comme dans un livre ouvert, le pire qui soit dans une négociation où la contrepartie doit ignorer les concessions qu’on est prêt à faire afin qu’elle en fasse également

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    • Cécankonvaou // 24.06.2015 à 09h25

      Je n’ai lu nulle part que le gouvernement grec faisait du maintien dans la zone euro « un objectif central ».
      De toute façon aucun texte ne prévoit la sortie unilatérale de l’euro ni la possibilité pour les autres membres de mettre un pays à la porte.

      Donc plutôt que de se fâcher inutilement avec des soutiens potentiels à tendance europeiste, autant proclamer que on ne souhaite pas sortir de l’euro.

      Il ne faut pas sous estimer le gouvernement grec qui joue beaucoup plus finement qu’il n’y parait.

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  • georges glise // 24.06.2015 à 07h27

    apparemment, l’eurogroupe, et notamment le gouvernement français, s’aligne sur merkel-schauble) et veut maintenant obtenir le grexit.

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    • P. Peterovich // 24.06.2015 à 12h16

      Ouaip, et cela change la donne du tout au tout : une fois que les créanciers se résolvent au Grexit, les Grecs n’ont plus aucun moyen de pression. Soit ils admettent les conditions de la Troïka (aussi stupides soient-elles, on est bien d’accord), soit il font défaut, sont privés du soutien de la BCE et ipso facto obligés de recréer une banque nationale, donc de sortir de la zone euro …

      Le gouvernement grec ne joue pas un jeu subtil : il ne peut pas être subtil parce qu’il est empêtré dans ses contradictions. Il ne peut pas à la fois rester dans l’euro et envoyer paître la Troïka. C’est l’un ou l’autre, pas les deux…

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  • reneegate // 24.06.2015 à 07h50

    Ca va être difficile désormais aux Hollande, Royale, Sarkosy de nous vendre l’Europe sociale. Con Biendit a fait lui ce qu’il interdisait aux Grecs, c’est à dire partir en pré retraite avec une pension correcte. L’Eurogroup a clairement affiché son fanatisme libéral. Le peuples ne sont plus pro européens, seuls les libéraux voteront UE désormais. Hollande ne peut plus vendre sa bonhommie après la méchante grimace qu’il a faite pendant cette mise à mort. Ces gens là ce sont trop dévoilés pour ne pas le payer d’ici 2017. Déplaçons nous tous pour les prochaines élections pour la sanction sans FN. Ne boudons pas les petits partis qui peuvent devenir énormes (PRCF à gauche).

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    • tachyon // 25.06.2015 à 15h06

      A 70 balais ce n’est pas de la pré-retraite. Et, malheureusement, il continue à sévir dans les médias…

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    • bardamus // 25.06.2015 à 18h14

      parce que PRCF veut sortir de l’UE ?

      Il n’y a qu’un seul parti en France qui veut sortir de cet immonde rammassis de crapules et ce n’est pas celui là et encore moins le FN.

      Quant à réformer l’UE, je crains que vous ne soyez trop accroc aux drogues dures et que l’on vous décernera le ponpon de la naiveté prochainement

        +0

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  • FifiBrind_acier // 24.06.2015 à 08h19

    Une leçon politique grandeur nature pour ceux qui pensent encore que l’ UE et l’euro sont « réformables ». Il faut reconnaître néanmoins au Gouvernement grec le mérite d’avoir essayé.

    Ce n’est parce que ce gouvernement est « de Gauche » qu’il se heurte à un mur, un gouvernement différent, qui proposerait les mêmes solutions, aurait les mêmes obstacles.

    C’est l’euro qui est en question.
    Il a été conçu, ainsi que les Traités, pour provoquer un maximum de dégâts sociaux.

    Les buts non avoués de l’euro sont « d’empêcher les vilains petits élus d’utiliser les méthodes budgétaires et monétaires keynésiennes pour sortir leur pays de la crise ».
    « Il ne leur restera plus qu’à envoyer les Etats providence aux égouts » explique Robert Mundell.

    Sapir s’épuise à le répéter, « l’euro est un projet réactionnaire, c’est une lutte des classes qui ne dit pas son nom ». Ce qui est confirmé par l’inventeur de l’euro, Robert Mundell dans un article du Guardian.  » Les ravages sociaux de l’euro, une stratégie délibérée ».

    http://www.lalettrevolee.net/article-les-ravages-sociaux-de-l-euro-une-strategie-deliberee-109713727.html

      +22

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  • Romuald // 24.06.2015 à 08h54

    Il y a des images qui font mal…

      +4

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  • Balthazar // 24.06.2015 à 09h39

    Bonjour, en rendant publiques les mesures que le gouvernement grec est prêt à mettre en place pour éviter le défaut , je trouve que cela démonte l’argument suivant : les gauchistes de Siryza sont des fous qui vont provoquer l’apocalypse dans leur pays et dans le monde accessoirement.
    Le problème, c’est la stupidité des hommes qui gouvernent le paquebot européen. Ils se félicitent d’une base de départ pour de « dures » négociations. Du genre « ah ça y est, le gouvernement grec a compris qui est le patron. » Ils veulent la victoire totale.
    Ça me fait penser au type qui maltraite son esclave. Celui ci se rebelle. Il frappe encore plus fort.
    Deux fins : l’esclave meurt (perte sèche pour le Maître).
    L’esclave tue le Maître (légitime défense). Ça craint pour les autres Maitres.

      +2

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  • Martin // 24.06.2015 à 12h28

    Dans UE, il y a Union.
    Union : nom féminin, du latin unus, un seul : Groupement de personnes ou de collectivités associées pour mener une action, défendre une même cause…
    « Défendre une même cause », quelle est donc cette cause unique et commune défendue en Europe lors des discussions grecques ? Qui la défend ?
    Le projet Européen ? Quel est-il ? A supposer qu’il se définisse par les traités, eux même définissant des institutions, représentées par des Hommes, ce qui en ferait une cause éminemment floue, comment se fait-il que cette cause conduise depuis quelques années à un endettement toujours plus fort de la Grèce ? Comment se fait-il que les « concessions » acceptées par les représentants élus grecs sur proposition de représentants européens non-élus-mais-agissant-au-nom-des-gouvernements-européens n’amènent qu’à une détérioration de la situation ?
    Qui « fait défaut » dans cette chaîne de responsabilité ? Les gouvernements Européens ? Ceux-ci auraient alors comme projet non avoué sous des mesures techniques de faire échouer le projet Européen, à la suite du Grexit provoqué ? Le gouvernement Grec qui mettrait tout en œuvre pour étouffer son peuple sans effet visible afin de démontrer la stupidité idéologique des remèdes ? « Les institutions » qui utiliseraient la division afin de promouvoir son pouvoir ?
    De prime abord, aucune de ces hypothèses n’est valide. En effet, l’ensemble des économies européennes aurait des déconvenues locales en scénario de Grexit. Le gouvernement grec n’a aucune chance de se faire réelire en pareille stratégie. Un éclatement de l’Europe signifierait la fin des institutions.
    Cela étant dit, aucun des acteurs n’a individuellement la maîtrise de l’échiquier, et c’est la somme des effets d’une multitude de décisions ou de compromis qui conduisent à la situation.
    Or, en théorie des jeux, il a été montré justement qu’il n’y a a priori aucune chance pour que la somme des « meilleurs compromis locaux » aboutisse à une stratégie gagnante. Il a même été montré que l’efficacité de la stratégie résultante relève du hasard le plus total.
    C’est donc probablement ce qui se passe… où chacun joue au meilleur de sa fenêtre, mais où la résultante est furieusement, sommet après compromis, inexorablement toujours dans le sens du « pire-mais-demain »…
    Car qui dit « défaut grec », dit « solde de la dette », et ce solde est résolument fonction du montant de ladite dette. En choisissant la stratégie du pire-mais-demain, on enfonce durablement et la Grèce et les autres Etat Européens, on se prépare à un choc toujours plus dur.
    Et donc cette question lancinante : est-ce ce choc qui constitue « la cause commune » ? Comment a-t-on pu créer un système qui crée cela pour horizon et objectif, en appelant cela une « union » ? Est-ce des Hommes qui ont fait cela, ou est-ce la guerre qui s’est promu au nom d’elle-même ?
    Est-ce une « mode » que de revendiquer l’inverse de ce que l’on fait vraiment ? Et dans cette folie, y a-t-il des gagnants ?

      +4

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  • BEYER Michel // 24.06.2015 à 15h55

    Dernier article de Jacques Sapir

    http://russeurope.hypotheses.org/3990

      +3

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  • Homère d’Allore // 24.06.2015 à 16h38

    Quelqu’un aurait-il des informations fiables sur ce qui se passe en Macédoine ces dernières semaines ?

    On lit beaucoup de choses sur la Toile mais elles émanent de sites parfois peu dignes de foi (ce qui ne veut pas dire que ce qu’ils relatent soit toujours faux mais simplement douteux…).

    Or, ce pays peut être un foyer de déstabilisation sur la frontière nord de la Grèce.

      +1

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  • Dominique Gagnot // 24.06.2015 à 18h57

     » la Démocratie Politique sans la DÉMOCRATIE ÉCONOMIQUE, est l’échec assuré  »

    Voila une évidence essentielle totalement ignorée, systématiquement, partout, depuis toujours.

    Un peu comme si on avait réussi à faire ignorer les lois de la gravitation aux physiciens. Imaginez le bazar pour expliquer la mécanique céleste…
    C’est la porte ouverte au n’importe quoi, ce qui d’ailleurs caractérise nos « démocraties » depuis 1789.

      +3

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  • Scorpionbleu // 25.06.2015 à 09h54

    Pourquoi faire compliqué alors que la situation est simple ?

    Ceux qui massacrent la Grèce depuis des années et particulièrement ces derniers mois sont des néo-libéraux au service des grandes banques et des groupes, qui pillent les peuples européens, leurs ressources, leurs tendances politiques sont de plus en plus claires et sous domination américaine. Régulièrement, ils jouent un double jeu ces cyniques, ces médiocres. Comment oublier qui sont Juncker et les autres ? Comment oublier 39/45 et les alliances terribles ?

    La force de résistance du gouvernement grec les exaspère comme Poutine ou autres qui défendent leurs intérêts et ne veulent pas être soumis à l’avidité des US et de la Troïka.
    La Troïka ne peut pas céder car tout craquerait et la réalité de ses actions ne pourrait plus être cachée au grand nombre. L’enjeu est vital pour les deux parties. Tspras et Varoufakis sont des hommes puissants psychiquement et dans leurs analyses. Ils entrainent donc la haine de ces nains tordus capables de tout.

    Le combat est inégal certes ? mais ne pas oublier le combat de David contre Goliath !

    Des résistances sont déclenchées partout dans le monde en ce moment….

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