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20.octobre.202220.10.2022 // Les Crises

Joe Biden réclame 14 milliards de plus pour l’Ukraine dans le projet de loi de finances du gouvernement

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Sa dernière demande pourrait porter le total des dépenses pour la guerre à 70 milliards de dollars. Le Congrès aura-t-il la chance d’en débattre ?

Source : Responsible Statecraft, Andrew Lautz
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Image: Anelo via shutterstock.com

La Maison-Blanche sait que les membres du Congrès ont encore une priorité majeure sur leur liste de choses à faire avant de quitter Washington pour faire campagne pour les élections de mi-mandat : adopter une loi sur les dépenses qui maintienne le gouvernement opérationnel au-delà du 30 septembre. L’administration Biden aimerait que les législateurs ajoutent un énorme paquet de dépenses d’urgence à ce projet de loi qui doit être adopté, et elle propose que les États-Unis engagent 13,7 milliards de dollars supplémentaires pour aider l’Ukraine à lutter contre l’invasion russe.

Le fait d’attacher un important paquet de dépenses d’urgence à un projet de loi de dépenses à adopter impérativement prive les membres du Congrès d’un débat et d’une délibération plus approfondis sur les contours d’un tel paquet d’urgence. Confrontés à un vote de protestation contre certains aspects des dépenses d’urgence ou à la possibilité d’éviter d’être accusés d’avoir effectivement « voté pour la paralysie du gouvernement », de nombreux membres pourraient choisir la seconde voie.

Si le Congrès accède à la demande de l’administration Biden, le gouvernement américain aura engagé près de 69 milliards de dollars de fonds publics en faveur de l’Ukraine en six mois à peine. Alors que les décideurs politiques et les citoyens américains de tous bords idéologiques soutiennent l’aide au peuple ukrainien pour repousser l’agression militaire russe, c’est au Congrès d’examiner soigneusement chaque demande de financement de l’administration. Au lieu de cela, trop de législateurs ont cherché à mesurer leur niveau de soutien en fonction de la quantité d’argent qu’ils peuvent consacrer à la cause, en grande partie à l’armée américaine plutôt qu’au peuple ou au gouvernement de l’Ukraine.

La dernière demande du président Biden alloue environ la moitié du financement total au département de la défense (7,2 milliards de dollars) et l’autre moitié aux départements d’État et de l’énergie (6,5 milliards de dollars). Ces chiffres sont conformes au premier plan d’aide à l’Ukraine adopté par le Congrès (13,6 milliards de dollars au total, dont 6,5 milliards pour le ministère de la défense et 6,8 milliards pour le département d’État) et au deuxième plan d’aide, beaucoup plus important, adopté par le Congrès (41,6 milliards de dollars au total, dont 20,1 milliards pour le ministère de la défense et 19 milliards pour le département d’État).

Comme indiqué ci-dessus, si la demande de Biden est adoptée telle quelle, le total des engagements des contribuables américains envers l’Ukraine approchera les 69 milliards de dollars en six mois. Pour situer le contexte, c’est plus du triple de ce que les États-Unis ont dépensé en Afghanistan au cours de la première année suivant le 11 septembre, avant ajustement de l’inflation. C’est également plus que le budget du département d’État pour l’exercice 2022 et que ce que la Russie a dépensé pour sa défense en 2021.

Ces dépenses ne sont pas payées ou compensées ailleurs dans le budget. Par exemple, le Congrès n’a pas réduit le budget ordinaire du ministère de la Défense (DoD) pour compenser les coûts liés à l’envoi de milliards de dollars supplémentaires à ce ministère pour faire face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Au lieu de cela, comme l’a fait remarquer mon organisation, la National Taxpayers Union, tous les financements actuels et proposés pour l’Ukraine seront « financés par davantage de dettes, que les contribuables américains devront rembourser un jour ». En fait, la hausse des taux d’intérêt signifie que les seuls frais d’intérêt sur cette dette de 69 milliards de dollars pourraient s’élever à 14 ou 15 milliards de dollars supplémentaires sur 10 ans, portant la facture totale des contribuables pour l’aide à l’Ukraine à pas moins de 84 milliards de dollars.

En utilisant la méthodologie propre au DoD pour son rapport sur le coût de la guerre en Afghanistan et en Irak, si le Congrès adopte la demande de Biden, la guerre en Ukraine aura coûté à chaque contribuable américain environ 373 dollars en six mois, soit environ 62 dollars par contribuable et par mois.

Beaucoup diront peut-être que ce coût en vaut la peine, surtout lorsqu’il s’agit de l’aide économique et humanitaire que les États-Unis apportent au peuple ukrainien. Cependant, pour de nombreux Américains, 373 dollars ne sont pas un investissement qu’ils souhaitent voir gaspillé ou, pire encore, tomber entre de mauvaises mains.

Je l’ai déjà écrit :

« Les augmentations de dépenses des agences fédérales s’accompagnent d’un risque accru de gaspillage ou de mauvaise utilisation de l’argent des contribuables, et nous encourageons les contrôleurs du Congrès et les inspecteurs du département d’État à exercer une surveillance rigoureuse de la manière dont tout financement d’urgence [en Ukraine] est dépensé. »

L’Afghanistan offre malheureusement un exemple édifiant. J’ai écrit pour Responsible Statecraft en mai :

« Parmi les meilleures pratiques de l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) pour l’aide future en Afghanistan, publiées au début de l’année, figurent : insister pour que toute organisation recevant des fonds américains soit totalement transparente,fixer un niveau de risque tolérable et être prêt à mettre fin à une activité si ce risque devient trop important, et suivre l’utilisation de l’argent et réévaluer régulièrement si les activités aident réellement les gens. D’autres bonnes pratiques consistent à déterminer des paramètres clairs et pertinents qui mesurent les résultats réels, et pas seulement le nombre de dollars dépensés, et à être prêt à mettre fin à une activité lorsque celle-ci se déroule mal. »

Dans les mois qui ont suivi, rien n’indique que le Congrès ou l’administration prennent ces meilleures pratiques au sérieux. Selon l’organisme non partisan Government Accountability Office, le DoD n’a pas « estimé les coûts à long terme » des projets d’équipement et d’infrastructure en Europe, et n’a pas encore suivi la recommandation du GAO de « développer des estimations de coûts pour soutenir les initiatives de maintien de la position à long terme ».

Et déjà, certains des membres les plus belliqueux du Congrès suggèrent que la demande de 13,7 milliards de dollars du président Biden n’est pas suffisante. Le membre principal de la commission des forces armées du Sénat, Jim Inhofe (Républicain-Oklaoma), un législateur influent qui a poussé les dépenses de défense au-delà des niveaux soutenables pendant des années, a tweeté que la proposition de l’administration Biden « est insuffisante ». Inhofe a également déclaré que « le Congrès devra à nouveau montrer la voie », probablement en augmentant l’engagement des contribuables dans ce troisième paquet d’aide à l’Ukraine.

De nombreux Américains soutiennent l’envoi de l’argent des contribuables américains pour aider le peuple ukrainien, et continueront à le faire. Cela ne donne pas aux législateurs, au DoD ou au département d’État un laissez-passer pour envoyer de l’argent sans garanties appropriées ni plan à long terme pour l’engagement des États-Unis dans la guerre. Ces deux éléments sont toujours absents du débat général sur le financement américain de l’Ukraine.

Source : Responsible Statecraft, Andrew Lautz, 12-09-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Fabrice // 20.10.2022 à 07h19

Pendant ce temps la pauvreté, l’éducation, la santé, … sont sacrifiés pour aider les investisseurs americains comme la famille Biden à sauver leurs acquisitions en Ukraine, et in fine être encore plus riche alors qu’une partie de la population continue à être déclassée et mis au ban de la société.

On voit le drame de l’orientation fallacieuse des médias qui orientent l’opinion pour l’intérêt exclusif d’une minorité au lieu de la majorité.

Will hunting devrait être diffusé tous les matins pour qu’il finisse par ouvrir les yeux des citoyens aveuglés par des années de propagande :

https://youtu.be/Main_nTUr3c

Les guerres ne servent pas le bien ne serait ce que de leur pays mais bien les intérêts économiques d’une minorité qui se gavent soit sur les armes, soit sur la dette des pays aidés ou soit sur les biens visés ou déjà acquis dans ce oays

5 réactions et commentaires

  • Fabrice // 20.10.2022 à 07h19

    Pendant ce temps la pauvreté, l’éducation, la santé, … sont sacrifiés pour aider les investisseurs americains comme la famille Biden à sauver leurs acquisitions en Ukraine, et in fine être encore plus riche alors qu’une partie de la population continue à être déclassée et mis au ban de la société.

    On voit le drame de l’orientation fallacieuse des médias qui orientent l’opinion pour l’intérêt exclusif d’une minorité au lieu de la majorité.

    Will hunting devrait être diffusé tous les matins pour qu’il finisse par ouvrir les yeux des citoyens aveuglés par des années de propagande :

    https://youtu.be/Main_nTUr3c

    Les guerres ne servent pas le bien ne serait ce que de leur pays mais bien les intérêts économiques d’une minorité qui se gavent soit sur les armes, soit sur la dette des pays aidés ou soit sur les biens visés ou déjà acquis dans ce oays

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  • azuki // 21.10.2022 à 00h20

    Le président USA ne décide pas tout seul, il y a le congrès… euh… en fait il y a surtout l’industrie de l’armement qui est si puissante que personne ne peut s’y opposer, et surtout pas le Président atteind d’Alzeihmer. Même quand on se massacre joyeusement dans leurs écoles.

      +3

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    • JPP // 21.10.2022 à 23h52

      Déjà Eisenhower pourtant Général prestigieux s’était plein comme Président des USA de la trop grande influence du complexe militaro industriel post 2° Guerre mondiale. Trump, élu contre la va t en guerre Hilary Clinton semble avoir eu le mérite durant 4ans d’essayer de freiner les ardeurs bellicistes intéressées de cet environnement. Avec Biden et tout son proche entourage proukrainien (à noter que Victoria Nulland était présente à Kiev au Maïdan de 2014) il était certain que cela allait allumer rapidement en Ukraine

        +3

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  • RGT // 21.10.2022 à 10h12

    Depuis l’apparition de la « civilisation » et des états centralisés contrôlés par une infime minorité d’oligarques (qu’ils soient de « droit du sang », de « droit divin » et désormais « démocratiques ») tous les prétextes sont bons pour presser la population (de la « nation » ou des territoires « conquis » ou « sous protectorat ») afin que la caste dirigeante (et surtout ses « grands amis ») se gave sur le dos de la population.

    Et bien sûr, tous ceux qui s’opposent à cette « grande politique » sont tous considérés comme des « traîtres à la sécurité de l’État » et doivent être exterminés jusqu’au dernier dans des procès médiatiques qui n’ont rien à envier aux procès staliniens.

    Et quand tout le pognon retiré aux « moins que rien » ne va pas dans les poches de « grands hommes qui se démènent pour sauvegarder l’indépendance nationale » il sert à corrompre les dirigeants placés en tête de gondole au sein de « l’état » ou à la tête de « pays amis » qui copulent allègrement avec « nos » élites nationales.

    Aux USA, entre l’industrie de l’armement, l’industrie pharmaceutique et les gadgets communicants il ne reste plus beaucoup de fric pour permettre à la population d’être correctement nourrie, soignée et éduquée.

    Mais il en va de même sur toute la planète, TOUS les gouvernements ne songeant qu’à préserver les intérêts personnels de leurs membres (et par conséquence ceux de leurs « amis » et « mécènes »).

    Vous comprenez pourquoi il faut, pour paraphraser Audiard, « prendre les gilets jaunes pour des canards sauvages » et éviter que les « gueux » n’exigent des comptes à « leurs maîtres ».

      +4

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