L’économiste Joseph Stiglitz critique depuis longtemps le néolibéralisme sans pour autant verser dans le nationalisme ou un quelconque esprit chauvin. Son dernier ouvrage, The Road to Freedom, réhabilite le terme au profit des forces progressistes, mais ne parvient pas à analyser correctement l’absence de liberté sur le lieu de travail.
Source : Jacobin, Brian Callaci
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Critique du livre The Road to Freedom : Economics and the Good Society de Joseph E. Stiglitz (W. W. Norton, 2024)
L’économiste Joseph Stiglitz a toujours occupé une position étrange au sein du courant dominant de sa discipline. Lauréat du prix Nobel, il s’est opposé à l’orthodoxie néolibérale de certains des lauréats précédents ; ancien économiste en chef de la Banque mondiale, il a dénoncé la mauvaise gestion de la crise financière asiatique par celle-ci et a qualifié son personnel d’« étudiants de troisième ordre issus d’universités de premier ordre » peu après avoir été mis à la porte sur ordre de Lawrence Summers, alors secrétaire du Trésor américain ; plus récemment, il s’est fait le défenseur de la liberté et a cherché à arracher cette expression des mains des partisans de la droite libertarienne et populiste.
The Road to Freedom : Economics and the Good Society est l’ouvrage le plus récent de Stiglitz. Bien que son titre s’inspire de The Road to Serfdom [La route de la servitude, NdT] de Friedrich Hayek, un ouvrage qui mettait en garde contre les ingérences du pouvoir gouvernemental légitimées par la Seconde Guerre mondiale, le propos de Stiglitz est plutôt celui de la réappropriation. La rhétorique et les emblèmes de la liberté sont partout présents dans le paysage politique de la droite américaine, qu’il s’agisse de la stratégie du groupe d’extrême droite Freedom Caucus au Congrès, des drapeaux « Don’t Tread on Me » [Ne me piétinez pas, NdT] sur les maisons de banlieue, en passant par les innombrables itérations du style « Sorry if this offends » [Désolé si ça vous choque, NdT] sur les T-shirts et les autocollants de pare-chocs par lesquels les Américains conservateurs affirment leur droit de faire ce qu’ils veulent. Selon Stiglitz, la droite ne devrait pas avoir le monopole de la liberté car, selon lui, elle est fondamentalement incapable de comprendre cette notion.
The Road to Freedom prend comme point de départ le distingo entre liberté positive et liberté négative popularisé par le philosophe Isaiah Berlin, qui a donné au livre une épigraphe stipulant que la liberté du loup signifie la mort du mouton. Stiglitz entend détourner cette maxime au détriment de la droite libertarienne, estimant que sa conception de la liberté – la liberté de chaque individu de poursuivre les objectifs de son choix sans être entravé par des contraintes collectives – est la liberté du loup. Selon lui, en privilégiant dans sa myopie la liberté de chacun de suivre ses caprices, la droite s’est aveuglée sur la question plus urgente de savoir si les individus avaient réellement la capacité de poursuivre les objectifs qu’ils s’étaient fixés. Stiglitz affirme que les importantes inégalités qui caractérisent une société comme celle des États-Unis ne font que rendre ce problème plus pressant. Une vision plus rigoureuse de la liberté permettrait de corriger ces défauts, en fournissant une feuille de route vers une société dans laquelle chaque individu pourrait s’épanouir.
Une critique interne
Critique de centre-gauche du néolibéralisme depuis longtemps, Stiglitz est une véritable tête pensante auprès des institutions les plus prestigieuses de l’establishment économique. Après avoir publié des travaux théoriques novateurs dans plusieurs domaines de l’économie dans les années 1970 et 1980, contribuant à la création du champ de l’économie de l’information, Stiglitz a été président du Comité des conseillers économiques de la Maison Blanche pendant l’administration Clinton. À ce poste, il est fréquemment entré en conflit avec les néolibéraux qui détenaient le pouvoir dans cette administration.
En 2002, la publication de La Grande Désillusion (Globalization and Its Discontents), véritable livre de démission de son poste à la Banque mondiale, allait faire connaître le nom de Stiglitz de tous. Il y formule une critique sévère de l’ordre commercial mondial néolibéral connu sous le nom de consensus de Washington, se distinguant ainsi de bon nombre de ses collègues post-néolibéraux, dont certains ont réagi à l’effondrement de ce consensus non en proposant un régime commercial mondial plus juste, mais plutôt en adoptant un nationalisme économique America First plus musclé et militariste.
Stiglitz s’attaque à un principe fondamental non seulement du néolibéralisme, mais aussi de la philosophie politique libérale, à savoir le culte du choix individuel.
Une génération d’étudiants en économie, dont l’auteur de cette revue, a grandi dans l’ombre de Stiglitz et a consacré une bonne partie de son temps à analyser les différents modèles qu’il a publiés. Au bout de quelques semestres, le schéma intellectuel de Stiglitz commence à nous être familier : il s’agit d’abord d’esquisser un modèle économique classique censé démontrer la supériorité des marchés libres et sans entraves ; puis d’introduire un dysfonctionnement apparemment mineur du marché, une externalité, des contrats incomplets ou, bien souvent, une information erronée. Ce qui ressort clairement de la présentation rigoureuse réalisée par Stiglitz concernant les modèles économiques, c’est la facilité avec laquelle les orthodoxies standard s’effondrent lorsqu’elles sont confrontées à la réalité. Il s’avère alors que les restrictions imposées aux différents acteurs économiques, voire la coercition légère (comme obliger tout le monde à payer des impôts ou à se faire vacciner), améliorent en fait le bien-être de tous.
Dans sa première partie, The Road to Freedom suit un schéma similaire à celui des articles académiques qui ont fait sa réputation. Stiglitz fait subir aux idées philosophico-morales dont sont porteurs ces pères spirituels de la liberté vue par les conservateurs que sont Milton Friedman and Friedrich Hayek, la même démolition méthodique que celle à laquelle ses travaux universitaires ont soumis leurs modèles économiques simplistes. Après avoir démontré que le concept néolibéral de la liberté était trop friable pour offrir un socle solide permettant le plein épanouissement de l’être humain, il lui substitue sa propre notion de liberté, qui est plus vaste.
Pour et contre le libéralisme
La critique de Stiglitz à l’égard de la notion de liberté selon la droite est centrée sur la liberté vis-à-vis de, au détriment de la liberté de. Reprenant le jargon technique de sa discipline, Stiglitz définit la liberté comme étant la multiplication des « séries de possibilités » parmi lesquelles les individus sont à même de choisir. Les libertés dites négatives, axées sur la possibilité de libérer les individus de la coercition de l’État, sont par conséquent limitées à ce qu’elles peuvent offrir à la majorité.
Or, ce qui limite nos possibilités de choix, relève rarement d’un État autoritaire qui imposerait des interdictions de nature juridique et réglementaire, mais plutôt de limitations matérielles telles que les restrictions en matière de richesse et de revenu ou l’absence d’un soutien social suffisant pour nous permettre de réaliser pleinement notre potentiel. Selon Stiglitz, les politiques visant à garantir l’emploi, le logement, l’éducation ou les soins de santé sont des alliés plus précieux pour la défense de la liberté que les politiques visant à restreindre le pouvoir de l’État.
Stiglitz s’attaque à un principe fondamental non seulement du néolibéralisme, mais aussi de la philosophie politique libérale : le culte du choix individuel. Le libéralisme traditionnel valorise les marchés parce qu’ils sont par excellence des outils permettant de satisfaire les besoins individuels : avec son propre argent, on est libre de choisir les biens que l’on veut, quelle que soit la quantité que l’on souhaite s’offrir. C’est la raison pour laquelle les théoriciens du libéralisme influencés par Hayek ont souvent considéré que les décisions en matière de consommation étaient assimilables à un vote : les marchés ne jugent pas, ils respectent nos préférences individuelles. Dans une société pluraliste où les goûts et même les valeurs sont divers, la capacité des marchés à permettre à chaque individu de choisir une vie agréable sur mesure parmi les différentes options en vente présente un véritable attrait.
Cependant, Stiglitz trouve des failles dans cette vision libérale. L’un des défauts évidents des marchés est qu’ils allouent les biens en fonction de la capacité à payer, de sorte que les préférences des gens sans argent ne sont pas satisfaites. L’inégalité des forces peut contraindre les gens à accepter des contrats coercitifs, allant des accords de non-divulgation ou de non-concurrence à la servitude sous contrat. Enfin, les marchés contraignent autant qu’ils libèrent : la « discipline de marché » prônée par les néolibéraux limite la liberté d’adopter des comportements ou de faire des investissements qui sont socialement souhaitables tout en n’étant pas immédiatement rentables, et ce, au même titre que n’importe quelle loi.
Stiglitz va cependant plus loin que nombre de ses compagnons de route en critiquant les principes fondamentaux du libéralisme plutôt que ses excès. Non seulement les marchés limitent la liberté de choix, mais les priorités mêmes que le marché satisfait si bien ne sont pas des préférences. Au contraire, elles sont souvent endogènes, partiellement influencées par le marché lui-même. Nous ne naissons pas avec nos préférences ; elles sont plutôt conditionnées par nos expériences sociales. Que se passe-t-il si nos préférences ne portent pas sur Pepsi ou Coca, mais aussi sur le style de personnes que nous voulons être, distinguant ainsi les désirs de premier et de second ordre, tels qu’ils ont été définis par le philosophe Harry Frankfurt ? Satisfaire ce type de préférences nécessite une action collective pour créer les environnements sociaux qui renforcent les croyances, les valeurs et les préférences que nous aimerions défendre.
Par exemple, on peut vouloir être une personne qui fait confiance et qui suit la fameuse règle d’or [La Règle d’or est une éthique de réciprocité dont le principe fondamental est énoncé dans presque toutes les grandes religions et cultures : « Traite les autres comme tu voudrais être traité », NdT]. Mais une société régie uniquement par le principe de marché « c’est à l’acheteur de faire attention » peut exposer les individus à des fraudes et des escroqueries fréquentes, créant ainsi une société de défiance. En revanche, mettre en place des règles de restriction du marché interdisant la fraude et les pratiques déloyales et trompeuses peut faciliter la mise en place d’un système social valorisant la confiance et permettant aux individus que nous sommes d’être tels que nous aimerions être. À la lumière de ce qui précède, les récentes attaques de la Commission fédérale du commerce contre les commissions abusives, les politiques d’annulation opaques et autres tactiques pratiquées par les escrocs et les tricheurs ne doivent pas être considérées comme une violation de la liberté du marché, mais comme une condition préalable à son épanouissement.
Quels que soient les avantages de l’économie de l’information proposée par Stiglitz, celle-ci, à l’instar de l’économie néoclassique orthodoxe qu’elle critique, ne tient pas compte des classes sociales.
La vision positive de Stiglitz est celle de ce qu’il appelle le « capitalisme progressif », qui favoriserait la liberté positive qu’il expose dans la première moitié de son ouvrage. Le capitalisme progressiste implique des politiques gouvernementales énergiques visant à limiter la richesse et le pouvoir privés afin de garantir la liberté pour tous, incluant en particulier des politiques de redistribution, des politiques antitrust et des politiques de régulation destinées à maîtriser la puissance des entreprises, et à soutenir les syndicats. Stiglitz prend également la peine de souligner l’importance des coopératives de travailleurs et des entreprises à but non lucratif dans sa vision du capitalisme collectif, et en vient même à plaider en faveur de la démarchandisation des biens et des services qui seraient insuffisamment ou mal prodigués dans le cadre d’une logique de profit, comme les soins à la personne par exemple. Chacune de ces idées ambitieuses pourrait avoir des conséquences tout à fait radicales, Stiglitz les présente toutefois dans les termes modérés propres à un technocrate de centre-gauche.
Le fait que Stiglitz soit un technocrate de centre-gauche explique peut-être l’omission d’un domaine d’étude central dans certains de ses travaux antérieurs, à savoir le manque de liberté sur le lieu de travail. Stiglitz étant le coauteur du célèbre modèle de gestion du travail Shapiro-Stiglitz (découvert simultanément dans ses éléments essentiels par les économistes radicaux Samuel Bowles et Herbert Gintis), il est surprenant que The Road to Freedom n’ait pas grand chose à dire sur les luttes menées dans le monde du travail. L’article de Shapiro-Stiglitz modélise formellement le pouvoir de domination du capital sur le travail dans les entreprises capitalistes, et le rôle du chômage dans une économie capitaliste dans le soutien de celle-ci. Le modèle explique comment le travail exige l’accès aux actifs du capital (ou « moyens de production », si vous préférez) pour gagner sa vie, tandis que le capital a besoin d’exploiter la force de travail de salariés réticents (qui ont une certaine capacité à minimiser l’intensité de leur travail) pour réaliser un profit. Ce modèle met en évidence le fait que le pouvoir du capital de contrôler et de diriger la main-d’œuvre découle en fin de compte de la menace de licenciement, qui dépend elle-même de l’existence d’une main-d’œuvre sans emploi (ou d’une « armée de réserve industrielle », si vous préférez), et que les salaires sont plus élevés lorsque le capital dispose de peu d’informations sur les niveaux d’effort de la main-d’œuvre (le refus de travailler est un pouvoir).
Stiglitz dispose clairement d’outils lui permettant de critiquer la coercition sur le lieu de travail, élargissant ainsi sa discussion sur la liberté pour y inclure le domaine dans lequel la plupart des adultes passent la plus grande partie de leur temps. Ses omissions sont d’autant plus préoccupantes que des travaux récents ont permis de compléter le modèle de travail contraint afin de tenir compte des caractéristiques du lieu de travail moderne qui limitent l’autonomie des travailleurs, comme la surveillance intensive. Mais cette omission n’est peut-être pas si surprenante après tout. Bien que Shapiro-Stiglitz modélise quelque chose qui ressemble beaucoup à une lutte des classes entre le capital et le travail, ses auteurs ne l’appellent pas ainsi.
Au-delà de toutes les perspectives qu’offre l’économie de l’information de Stiglitz, celle-ci, tout comme l’économie néoclassique orthodoxe qu’elle critique, est en fin de compte aveugle aux classes sociales. Plutôt que les analyses de David Ricardo, Karl Marx ou John Maynard Keynes portant sur des groupements sociaux tels que le capital et le travail, nous avons ici des modèles d’agents hétérogènes dont les « dotations en facteurs » varient et qui passent des contrats entre eux au sein de marchés et d’entreprises.
Avec l’abandon du modèle de mondialisation des années 1990, la question qui préoccupe les élites politiques n’est pas de savoir si l’État doit réguler le capitalisme, mais comment il doit le faire.
Enfin, si Stiglitz est parvenu à démolir les théories néolibérales de la liberté de la manière la plus exhaustive et la plus convaincante qui soit, sa propre théorie positive de la liberté reste insuffisamment développée. Une vieille blague du monde économique affirme qu’il y a deux sortes d’économistes : ceux qui lisent des livres et ceux qui en écrivent. S’il est certain que Stiglitz a lu de nombreux ouvrages sur le thème de la liberté, il choisit de ne pas en faire étalage dans ce livre, qui se lit plutôt comme un livre d’opinion. Son argumentation est largement théorique et déductive, se déroulant dans sa tête plutôt que dans un dialogue avec d’autres auteurs sur le sujet (à l’exception de quelques analyses plutôt superficielles de Hayek, Friedman, Adam Smith et John Rawls). Il y a peu de citations et aucune bibliographie ou index.
Cette incapacité à prendre en compte la diversité des points de vue dans son domaine a eu pour effet de limiter la vision de Stiglitz en matière de possibilités politiques. Il n’est que de comparer la présentation du concept clé de The Road to Freedom à celle que l’on trouve dans les travaux d’un autre économiste lauréat du prix Nobel, Amartya Sen. L’ouvrage de Sen intitulé Un nouveau modèle économique. Développement, justice, liberté (Development as Freedom, 1999), écrit dans un style tout aussi accessible, ne propose pas seulement des réflexions plus riches sur l’ensemble des théories concurrentes de la liberté, de l’égalité et de la justice – du libéralisme à l’utilitarisme en passant par la justice distributive rawlsienne et au-delà – mais aussi une reconstruction complète de la théorie de l’économie du bien-être. En effet, on peut interpréter l’approche de la liberté économique par les « capacités » de Sen comme une version plus riche des « ensembles d’opportunités » de Stiglitz. Ainsi, pour Sen, les capacités ne comprennent pas seulement l’ensemble des opportunités disponibles pour chacun, mais aussi la forme de vie (« fonctionnements ») que chacun est réellement capable d’obtenir grâce à ces opportunités. Pour Sen, la « capacité » d’une personne ne se limite pas à l’ensemble des opportunités, mais à sa liberté réelle de choisir et d’incarner le type de vie qu’elle privilégie.
En soi, The Road to freedom est une tentative percutante de se réapproprier la rhétorique de la liberté face à ceux qui veulent faire de la mort de l’agneau le prix de la liberté du loup. Néanmoins, l’intervention de Stiglitz a quelque chose d’un peu daté. La vision du néolibéralisme incarnée par le Consensus de Washington n’est plus d’actualité. Avec l’abandon de la mondialisation de type 1990 dans la majeure partie de l’Occident, la question qui préoccupe les élites politiques n’est pas de savoir si l’État doit réguler le capitalisme, mais comment il doit le faire. Dans le contexte de l’opposition de Donald Trump, puis de Joe Biden, au libre-échange, et de l’adoption par ce dernier d’une version de la politique industrielle fondée sur les subventions (avec un certain encouragement à la syndicalisation), il semble que le monde du capitalisme de marché libre et non réglementé attaqué par Stiglitz soit en train de péricliter.
Ce qui est en jeu aujourd’hui, ce n’est pas tant une vision de la liberté positive par opposition à la liberté négative mais plutôt des idées rivales de la liberté positive : l’une privilégiée par une droite de plus en plus dominatrice et autoritaire, et l’autre par la gauche et les forces progressistes qui cherchent à enrayer la montée croissante des inégalités, à se défendre contre les atteintes à l’autonomie corporelle et à protéger la biosphère pour éviter qu’elle ne soit détruite. Alors que dans le même temps, la partie centriste de l’échiquier politique semble être à la recherche d’un post-néolibéralisme qui mêlerait social-démocratie et brutalité dans une juste proportion (peut-être un soutien modéré aux syndicats associé à des barbelés à la frontière), la tâche la plus urgente de la gauche aujourd’hui semble être de définir cette vision positive de la liberté.
CONTRIBUTEUR
Brian Callaci est économiste en chef à l’Open Markets Institute et professeur adjoint d’économie au John Jay College, City University of New York.
Source : Jacobin, Brian Callaci, 03-07-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Le concept de liberté est foireux depuis le 18è s., et dans le context des « révolutions » américaines, françaises, il faut rappeller rappeller qu’il s’agissait de révolutions bourgeoises. Cette classe en croissance voulait jouir des avantages dont jouissait la noblesse, et dans le cas des colonies britanniques, se défaire de la tutelle de la métropole et empocher tous les bénefs sur place.
La fameuse constitution américaine de 1776 ne reconnaît que les hommes blancs protestants. Ni les femmes, ni les catholiques, et bien sûr les noirs et les autochtones ne sont même pas envisagés.
Ce n’est pas un concept de liberté ça.
4 réactions et commentaires
« Selon Stiglitz, la droite ne devrait pas avoir le monopole de la liberté car, selon lui, elle est fondamentalement incapable de comprendre cette notion »
Plutôt que de parler de droite par opposition à gauche, on devrait dire partisans de la politique de l’offre, ce qui inclut en France les dirigeants actuel et passés depuis un bon moment. Chacun dégaine en arrivant au pouvoir ses exonérations d’impôts en tous genres, subventions et autres prêts bonifiés qui viennent s’ajouter aux mesures pro-entreprises prises par ses prédécesseurs, sans bien sûr attendre les résultats concrets d’études sur les effets des réformes précédentes.
Sinon, Stiglitz a raison de dire que l’idée selon laquelle chaque individu doit avoir la liberté de poursuivre les objectifs de son choix sans être entravé par des contraintes collectives a été complètement détournée de son sens originel, et bien sûr pas uniquement de la part des libertariens de droite. Les dirigeants défendent effectivement la liberté mais de certains seulement. La population, elle, est libre de laisser une part croissante de la richesse nationale servir de mises aux investisseurs dans le grand casino mondial. Les gains sont privatisés, tandis que les pertes sont socialisées sous la forme de dettes qui servent à justifier la politique de dégradation continue des conditions de travail… pour « sauver » le travail, bien entendu.
+24
AlerterC’est curieux chez les économistes ce besoin de faire des phrases. Tout système est régi par ses conditions limites. La liberté est conditionnée par la sureté et le role premier des constructions sociales est de batir cette sureté globale pour garantir la liberté de tous.
La liberté inconditionnelle est une vue de l’ésprit négligeante. Quand on oublie volontairement des facteurs dans une équation on a peu de chances d’avoir un résultat juste.
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AlerterIl suffit par persuasions successives de la maternelle à la maison de retraite de faire croire à la masse populaire que le travail c’est la liberté et le tour est joué. Tout le reste peut se mettre gentiment en
place : le marché, l’offre et la demande, l’exploitation, la plus-value, le « génociterre », l’économie libérale, le néolibéralisme etc….
+16
AlerterLe concept de liberté est foireux depuis le 18è s., et dans le context des « révolutions » américaines, françaises, il faut rappeller rappeller qu’il s’agissait de révolutions bourgeoises. Cette classe en croissance voulait jouir des avantages dont jouissait la noblesse, et dans le cas des colonies britanniques, se défaire de la tutelle de la métropole et empocher tous les bénefs sur place.
La fameuse constitution américaine de 1776 ne reconnaît que les hommes blancs protestants. Ni les femmes, ni les catholiques, et bien sûr les noirs et les autochtones ne sont même pas envisagés.
Ce n’est pas un concept de liberté ça.
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