Notre enquête sur l’effondrement désastreux d’une société entière de quatre entités politiques prémodernes, à savoir, la dynastie chinoise des Ming, l’empire moghol d’Asie du Sud, le Haut Empire romain et la Venise de la Renaissance, nous conduit à la découverte d’un modèle historique inattendu. Cette analyse était d’autant moins évidente avant ces effondrements soudains que ces quatre entités ont démontré des formes de gouvernance ayant perduré pendant des siècles. Elles ont été parmi les plus riches et les mieux gouvernées de leur époque et avaient adopté des politiques favorisant l’inclusion et l’égalitarisme, suscitant un important soutien de la majorité de leurs citoyens.
Source : Wiki Observatory, Richard E. Blanton, Gary M. Feinman, Stephen A. Kowalewski, Lane F. Fargher-Navarro
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Nous n’avons identifié aucun facteur causal exogène pour ces effondrements – tels qu’une sécheresse, une épidémie ou une conquête par un ennemi plus puissant (bien que trois de ces quatre entités ont finalement été conquises, mais seulement après que leurs gouvernements ont été considérablement affaiblis) – ce qui ajoute à notre confusion sur ce qui a conduit à ces transformations politiques majeures.
Pour comprendre les raisons de ces effondrements politiques, nous avons décidé de réexaminer un précédent article dans lequel nous avions proposé une réponse à cette question, lorsqu’il nous est apparu de plus en plus clairement que la culture politique conflictuelle des États-Unis d’aujourd’hui présentait des parallèles frappants avec ce que nous avions découvert. Nous avons pour objectif de réexaminer notre article afin d’apporter une perspective historique comparative sur ces épisodes d’effondrement bien connus, leurs causes et leurs résultats négatifs, et d’alerter les citoyens américains des dangers potentiels auxquels nous sommes confrontés, afin de mettre en évidence la nécessité de prendre des mesures correctives urgentes. Nous commencerons par nous référer à de récents travaux de politologues et d’anthropologues ayant fourni le contexte théorique de nos arguments.
La théorie de l’action collective élargit notre compréhension de la gouvernance
Dans les quatre cas évoqués, l’effondrement a rapidement suivi l’abandon inexplicable et soudain, par les dirigeants de ces pays, des principes et des pratiques qui avaient permis avec succès la construction de l’État et la stabilité sociale. Leurs actions ont déclenché une série d’événements en cascade qui ont entraîné un déclin rapide dans de nombreux domaines de la société, et cela s’est étendu au-delà du gouvernement. Mais pourquoi les actions d’un petit groupe de personnes ont-elles eu des conséquences aussi graves pour des États par ailleurs durables et bien organisés ?
Nous avons identifié une réponse plausible à cette question lorsque nous avons examiné l’effondrement de ces sociétés du point de vue des théories de coopération humaine récemment développées par des économistes politiques tels que Margaret Levi et Elinor Ostrom, mais aussi d’autres économistes. Ces idées de coopération nous ont intrigués parce qu’elles ouvraient potentiellement une autre voie pour évaluer les affirmations traditionnelles selon lesquelles la construction des États ne résultait pas de la coopération à l’époque prémoderne, mais des actions de l’élite autocratique qui a acquis par la coercition la domination sur des sujets subalternes soumis et faciles à mystifier. Le recours à la coercition constitue la base de la conception occidentale traditionnelle selon laquelle l’avènement de la démocratie dans l’Athènes classique, il y a 2 600 ans, est un événement exceptionnel ayant défini l’histoire politique « occidentale » sur une voie distincte et démocratique, nettement différente de celle des autocraties « orientales ». Mais cette hypothèse bien ancrée est-elle correcte ?
Les humains en tant que coopérateurs contingents
La caractéristique la plus saillante de la théorie de l’action collective, et ce qui la distingue de la tradition orientaliste, est qu’elle ne présume pas l’existence de sujets subalternes mystifiés ni d’un leadership coercitif. Cette théorie suppose qu’à la fois les autorités dirigeantes et les sujets sont des acteurs sociaux réfléchis (appelés « coopérateurs contingents ») qui acceptent d’eux-mêmes de limiter leurs actions égoïstes lorsqu’ils perçoivent que les actions des autres sont compatibles avec le bénéfice mutuel (appelé « mutualité contingente »).
Nos récents travaux dans ce domaine ont confirmé l’hypothèse appliquée à la formation d’un État. Nous avons constaté que la confiance des sujets, envers leurs autorités dirigeantes et les politiques et actions d’un gouvernement, variait en fonction de la manière dont les dirigeants fournissent volontiers ce que l’on appelle un « bon gouvernement » (ou une « bonne gouvernance »).
La bonne gouvernance implique dans quelle mesure les dirigeants acceptent de limiter leur propre pouvoir, sont disposés à développer la capacité à identifier et à punir la corruption des fonctionnaires, à permettre aux citoyens d’accéder à un système judiciaire impartial, à mettre en place une fiscalité équitable, à ouvrir l’accès aux postes de direction sans favoritisme et à fournir des biens publics profitant à tous les ménages.
Un aspect essentiel de la bonne gouvernance est que si ses avantages favorisent la confiance des citoyens et le respect des devoirs, ses pratiques et ses principes doivent être respectés judicieusement et les avantages de la bonne gouvernance doivent être mis à la disposition de tous sans favoritisme. Nous avons découvert que dans les cas où le bénéfice mutuel et la bonne gouvernance sont essentiels, les bâtisseurs de l’État et les citoyens reconnaissent que l’impartialité est menacée lorsque le pouvoir d’un dirigeant, ou l’État lui-même, est sacralisé par la religion. La même menace était ressentie lorsque l’État gagnait en légitimité et en avantages fiscaux en associant ou en contrôlant une institution religieuse particulière (analogue au concept contemporain de séparation de l’Église et de l’État).
A titre d’exemple, la population de la Venise de la Renaissance était en grande majorité catholique, mais présentait une diversité culturelle considérable tout en dépendant des relations commerciales avec des marchands appartenant à des cultures et à des religions variées. Par conséquent, des règles strictes interdisaient aux dirigeants et aux membres de leur famille immédiate d’être affiliés à une quelconque institution religieuse. En Asie du Sud, l’empereur moghol Akbar a mis en place un programme solide pour gouverner dans une région qui présentait une diversité de population. Il a imposé la neutralité religieuse de l’État et encouragé des dialogues raisonnés entre les chefs religieux et politiques. Les dirigeants romains et Ming ont assis leur légitimité à gouverner, non pas en tant qu’êtres sanctifiés par la religion, mais en tant que dirigeants dont les actions étaient attendues de profiter à la société. La politique de la dynastie Ming mettait également l’accent sur la nécessité d’une neutralité dans ses relations avec les trois principales religions de l’époque.
- Figure 2. Left to right, Sakyamuni, Lao Tzu, and Confucius, the leaders of Daoism, Buddhism, and Confucianism, depicted in an amiable gathering to symbolize the Ming Dynasty’s policy of neutrality in its interactions with the three main religions of China. Courtesy of the Freer Gallery of Art, the Smithsonian Institution, Washington, D.C.
Une étude interculturelle des États prémodernes
Nous avons évalué les attributs de la bonne gouvernance sur un échantillon mondial de 30 cas prémodernes, et des travaux archéologiques ultérieurs, menés par nous-mêmes et par d’autres, ont fourni des données pertinentes supplémentaires. Nous avons également pris en compte d’autres variables qui, selon notre hypothèse, pourraient enrichir notre compréhension des causes et des conséquences de l’avantage mutuel et de la bonne gouvernance. A titre d’exemple, nous avons évalué les tendances démographiques, qui sont la croissance ou la perte de population, le niveau de vie matériel des ménages et la fréquence des luttes politiques ou de l’opposition organisée aux politiques et aux pratiques de l’État. Nous avons également évalué la gravité relative des changements sociaux, démographiques et agricoles après l’effondrement des quatre cas étudiés.
L’histoire politique occidentale était-elle vraiment unique ?
Armés d’une nouvelle théorie, des moyens pour évaluer ce qu’est une bonne gouvernance, ainsi que d’un vaste éventail d’études descriptives disponibles à partir de sources ethnographiques, historiques et archéologiques, nous nous sommes penchés sur la question : l’histoire politique occidentale est-elle vraiment unique ? Nous savons que des États coercitifs et autocratiques ont existé dans le passé, comme c’est toujours le cas aujourd’hui, mais y a-t-il eu d’autres expériences de construction d’un État, qui seraient basées sur le bénéfice mutuel contingent et une bonne gouvernance, en dehors de l’histoire occidentale? Ces expériences étaient-elles similaires à la démocratie ? L’attribution des variables d’une bonne gouvernance a apporté une réponse surprenante à cette question, puisque nous avons pu identifier de telles expériences.
Bien que les détails de gouvernance varient considérablement d’un cas à l’autre, nous avons identifié des formes de gouvernance en dehors de l’histoire occidentale dans lesquelles la force centrale guidant le changement politique dépendait du lien d’obligation entre les autorités gouvernantes et les sujets plutôt que de la coercition. En outre, dans ces cas, nous avons également constaté que le bénéfice mutuel et la bonne gouvernance amenaient de nombreuses conséquences avantageuses en aval pour leurs populations respectives.
Par exemple, par rapport aux États plus autocratiques et coercitifs, les entités organisées collectivement étaient plus stables politiquement, en partie parce que la sécurité publique était grandement améliorée, qu’il y avait nettement moins d’épisodes de mouvements anti-étatiques (bien que les élites mécontentes militaient souvent contre les politiques les plus égalitaires et inclusives), et qu’il y avait une réduction de la fréquence des conflits internes entre les groupes ethniques ou les groupes religieux.
Grâce à ces résultats, qui découlent pour partie du fait que les États se soient organisés sur la base de l’avantage mutuel et de la bonne gouvernance, les citoyens ont eu la possibilité de s’engager dans des interactions sociales et des alignements coopératifs susceptibles de combler les clivages sociaux, culturels et économiques. Par exemple, la bonne gouvernance, représentait un terrain fertile pour la croissance commerciale, que ce soit sous la forme d’économies de marché qui offraient de nouvelles opportunités et amélioraient le niveau de vie des acheteurs et des vendeurs, indépendamment de leur richesse, de leur patrimoine ou de leur situation rurale ou urbaine. Les économies de marché se sont développées en parallèle à d’autres résultats institutionnels, notamment le recrutement ouvert aux postes d’autorité, qui a ouvert de toutes nouvelles voies à la mobilité sociale pour les citoyens. Des villes bien organisées, agréables à vivre, faciles à parcourir, ont également favorisé les possibilités d’échanges et d’interactions coopératives, mais aussi les rapprochements sociaux, réduisant ainsi la probabilité d’antagonisme entre les différents groupes.
La théorie de l’action collective est un cadre orienté vers l’action qui se concentre sur l’idée que les différents réseaux d’action de coopération dans une société sont engendrés par les actions sociales palpables des personnes qui veulent réaliser des avantages collectifs. En matière de leadership, il s’agit de faire preuve d’engagement pour mener à bien le travail nécessaire et souvent difficile de la bonne gouvernance.
Modèles de stabilité et d’effondrement : trois découvertes contre-intuitives
Le fait d’avoir confirmé que les gouvernements prémodernes pouvaient, à certains égards, présenter des caractéristiques que nous associons à la démocratie contemporaine était en soi une surprise, mais nous avons découvert d’autres aspects inattendus de la gouvernance prémoderne :
La pérennité : malgré les avantages évidents des cas où l’accent est mis sur l’avantage mutuel et la bonne gouvernance, leurs périodes focales (la période pendant laquelle un ensemble particulier de politiques et de principes est resté stable) n’ont été que légèrement plus longues, soit 166 ans en moyenne, par rapport aux politiques plus autocratiques dont les périodes focales ont été de 152 ans. Cette différence n’est pas statistiquement significative. En outre, les entités construites fortement autour de l’avantage mutuel sont relativement rares (seuls 27 % de notre échantillon ont obtenu des scores élevés et constants en matière de bonne gouvernance). Cela montre que malgré les bénéfices de l’avantage mutuel et de la bonne gouvernance, il a été difficile de construire ces entités et de les maintenir sur le long terme.
Les modèles d’effondrement : en outre, tout en offrant nettement plus d’avantages à leurs citoyens que les régimes autocratiques, les États qui se sont organisés pour parvenir à une bonne gouvernance présentent également un schéma d’effondrement plus marqué que les régimes ayant obtenu de moins bons résultats en matière de bonne gouvernance. Ce schéma comprend l’émergence de luttes de factions préjudiciables pour le pouvoir, la perte de viabilité fiscale de l’État, voire des pénuries alimentaires et un déclin démographique.
Dans le cas des autocraties, l’effondrement a eu des conséquences moins graves. En effet, en l’absence de gouvernance, des groupes tels que les quartiers, les groupes ethniques et les communautés rurales étaient déjà organisés au niveau local pour faire face aux risques. Cependant, cette forme fragmentée d’adaptation était elle-même problématique, car elle empêchait toute réponse coordonnée, par exemple, aux incendies urbains, à l’anarchie ou aux actions de riches entrepreneurs qui, faute d’opposition de la part d’une autorité bien organisée, étaient en mesure de fausser la fixation des prix sur le marché.
Le début de l’effondrement : nous avons mentionné précédemment la séparation de la religion et de l’État car, bien que la violation de ses principes n’ait pas été la seule erreur commise par les dirigeants respectifs, elle a été l’une des plus préjudiciables. Dans la Chine des Ming, l’effondrement est la conséquence des actions des dirigeants du milieu du XVIe siècle, dont l’empereur Chia-ching. Ce dernier devint si obsédé par les cérémonies taoïstes et l’alchimie qu’il négligea ses devoirs. Son successeur, l’empereur Wanli, tourna son attention vers l’acquisition de richesses personnelles, en violation d’interdictions établies de longue date. Dans le cas des Moghols, le quatrième empereur, convaincu par les chefs musulmans, abandonna la neutralité religieuse, taxant même davantage les hindous que les musulmans et autorisant la destruction de nouveaux temples. L’empereur romain Commode ne s’intéressait pas à la gouvernance et devint un gladiateur passionné. Il s’identifia lui-même au dieu Hercule. Après l’échec de son règne, l’empire se transforma en un système chaotique et corrompu dans lequel « les relations impliquant autre chose que le désir de possession matérielle n’avaient aucune chance de se développer », comme l’a conclu l’historien Ramsay MacMullen.
Le cas de Venise est particulièrement troublant au regard de ce qui s’est passé ces dernières années aux États-Unis. Le gouvernement vénitien avait la capacité institutionnelle de destituer les dirigeants. Cependant, lorsque le doge Giovanni Cornaro et sa famille ont enfreint la neutralité religieuse et d’autres règles, par exemple lorsque son fils a accepté le poste d’évêque de Bergame, le conseil de gouvernement a refusé de le destituer. Cette action, considérée par beaucoup comme une violation de règles anciennes, que ce soit en interne ou en externe au gouvernement n’a pas été corrigée. La réponse du conseil de gouvernement aux critiques a été de redoubler d’autorité. Selon l’historien John Norwich, ces mesures ont rendu le conseil de plus en plus impopulaire, tant auprès des citoyens que des autres organes du gouvernement, et ont précipité le délitement rapide des liens sociétaux qui, pendant des siècles, avaient favorisé des formes inclusives de coopération et de dévouement à un système de gouvernement visant à réaliser le bien commun.
Il est important de noter que ces pays avaient développé une capacité à gouverner afin de s’attaquer de manière concrète à diverses expressions de malversations sociales, y compris la corruption administrative, la dérobade et le parasitisme parmi les citoyens qui pourraient remettre en cause la confiance des gens entre eux et envers le gouvernement. Cependant, lorsque ce sont les dirigeants qui se sont détournés des attentes du peuple – y compris la diligence à maintenir un système de gouvernance et à préserver sa neutralité religieuse – tous les gouvernements en question ont illustré une vulnérabilité clé : ils n’avaient pas la capacité institutionnelle de punir les dirigeants qui affichaient des actes égoïstes contraires à la recherche de l’intérêt de la société.
L’effondrement moral et sa pertinence au regard de la politique américaine contemporaine
À l’instar des sociétés que nous avons examinées, les chartes originelles du gouvernement américain mettaient l’accent sur les obligations morales mutuelles entre les autorités dirigeantes et les citoyens et spécifiaient les principaux préceptes de gouvernance, tels que l’État de droit, le transfert pacifique du pouvoir, l’inclusion, les freins et contrepoids à la concentration du pouvoir, et la séparation de l’Église et de l’État. Depuis plus de deux siècles, ces principes, bien que parfois opposés, ont été largement respectés. Mais aujourd’hui, ils sont confrontés à de sérieux défis de la part de la direction présomptive du parti républicain et d’instances dirigeantes influentes, dont la Cour suprême.
Ces dirigeants rejettent les notions d’inclusivité et de légalité inscrites dans les chartes originelles d’une manière qui ne correspond pas à ce que la majorité des citoyens américains croient et voudraient préserver. En particulier, ces dirigeants s’écartent de l’opinion générale lorsqu’ils soutiennent avec fermeté l’idée que les idéologies nationalistes blanches et le fondamentalisme religieux devraient servir de fondement religieux à nos pratiques et principes de gouvernement, et lorsqu’ils affirment leur conviction que la violence fait partie des moyens acceptables pour atteindre des objectifs politiques face à l’opposition.
Nous espérons que notre démonstration de ces cas historiques nous rappellera que le facteur de réussite ou d’échec du bénéfice mutuel et de la bonne gouvernance se fait en fonction des choix des citoyens qui coopèrent de manière contingente. La contingence implique que, comme à Venise et dans les autres cas que nous avons soulignés, la perte de confiance des citoyens dans les dirigeants peut déclencher un effondrement inattendu des liens sociétaux qui sous-tendent les formes inclusives de coopération et le dévouement à un système de gouvernance conçu pour réaliser le bien commun.
*
« Effondrement politique : Leçons issues des empires déchus » par Richard E. Blanton, Gary M. Feinman, Stephen A. Kowalewski, Lane F. Fargher-Navarro, est mis à disposition par l’Observatoire sous une licence Creative Commons Attribution-Non Commercial-ShareAlike 4.0 International License (CC BY-NC-SA 4.0). Pour les demandes d’autorisation dépassant le cadre de cette licence, veuillez consulter le guide des droits de réutilisation et de réimpression de Observatory.wiki. Dernière édition : 4 septembre 2024
Source : Wiki Observatory, Richard E. Blanton, Gary M. Feinman, Stephen A. Kowalewski, Lane F. Fargher-Navarro, 05-09-2024
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Commentaire recommandé
En complément de cette article, un livre éclairant en partie, écrit par un psychiatre polonais catholique qui a vécu pendant la 2eme guerre mondiale, Andrew Lobaczewski : « La ponérologie politique ». Il a analysé la société polonaise à cette époque et a formé une théorie : toute société fonctionnerait selon un cycle de 4 phases (« temps heureux », constitution des associations ponérogéniques, constition de la pathocratie, constitution du contre-pôle anti-pathocratique). Ainsi, toute société passerait par la pathocratie : « système qui est assuré par le pouvoir de gens psychiquement malade et qui vont répondre des pathologies pour régner à travers elle ».
L’autoritarisme amène à la pathocratie. D’abord, la réalité vient percuter pendant le « temps heureux ». Au lieu de l’admettre, s’y affronter et chercher des solutions, une partie de la politique, de la classe « dirigeante », la cache pour continuer sans changer. Cela entraîne des effets sur la société petit à petit et à tout niveaux (relations entre les gens, dans des associations, dans des entreprises). Des personnes psychiquement malades peuvent arriver alors à captiver des personnes cherchant des explications (la réalité) que des humains politique ne répondent pas. Certaines personnes commencent à avoir des pathologies car elles sont en relation avec ces personnes psychiquement malade.
Il me semble que ce cycle est toujours possible car l’humanité ne s’est, en fait, jamais apaisée réellement. Elle a seulement, pour un temps, peu ressenti d’émotions négatives en l’absence d’évènements extérieurs néfastes, permettant ainsi le calme ; et non qu’elle s’est apaisée d’elle-même à l’intérieur malgré les évènements. Et si elle réussissait à le faire alors (en compréhension), elle sortirait peut-être définitivement de ce cycle où la violence est toujours omniprésente.
6 réactions et commentaires
Donc, si la gouvernance est parfaite alors la société est parfaite et il n’y a plus d’Histoire?
Pour que la société soit « parfaite » il faut que tout le monde soit bien nourri, en sécurité avec des lois qui s’appuient sur des valeurs partagées.
Dans cette affaire, le facteur de la volonté humaine n’apparait qu’en dernier ressort, on comprend bien que à l’époque antique, vivre dans le croissant fertile est un gage pour échapper à la famine et améliorer le sort matériel des populations… 4000 ans après la région n’offre plus le lait et le miel, tout le monde comprends bien que dans un désert le sort des sociétés autochtones ne sera pas identique à celui de ceux qui vivent sur d’immenses plaines et vallées traversées par des fleuves charriant moult limons sous à peu prêt le même climat méditerranéen.
5 millions d’humains il y a 20 000 ans, 250 au début de notre ère, 1 milliard début 19ème, 2,5 en 1945…
La volonté humaine de bien faire ne pourra s’effectuer qu’avec des valeurs profondément différentes de celles qui animent nos intentions d’aujourd’hui, un peu de thermodynamique éclairerait le débat des possibles.
+3
AlerterEn complément de cette article, un livre éclairant en partie, écrit par un psychiatre polonais catholique qui a vécu pendant la 2eme guerre mondiale, Andrew Lobaczewski : « La ponérologie politique ». Il a analysé la société polonaise à cette époque et a formé une théorie : toute société fonctionnerait selon un cycle de 4 phases (« temps heureux », constitution des associations ponérogéniques, constition de la pathocratie, constitution du contre-pôle anti-pathocratique). Ainsi, toute société passerait par la pathocratie : « système qui est assuré par le pouvoir de gens psychiquement malade et qui vont répondre des pathologies pour régner à travers elle ».
L’autoritarisme amène à la pathocratie. D’abord, la réalité vient percuter pendant le « temps heureux ». Au lieu de l’admettre, s’y affronter et chercher des solutions, une partie de la politique, de la classe « dirigeante », la cache pour continuer sans changer. Cela entraîne des effets sur la société petit à petit et à tout niveaux (relations entre les gens, dans des associations, dans des entreprises). Des personnes psychiquement malades peuvent arriver alors à captiver des personnes cherchant des explications (la réalité) que des humains politique ne répondent pas. Certaines personnes commencent à avoir des pathologies car elles sont en relation avec ces personnes psychiquement malade.
Il me semble que ce cycle est toujours possible car l’humanité ne s’est, en fait, jamais apaisée réellement. Elle a seulement, pour un temps, peu ressenti d’émotions négatives en l’absence d’évènements extérieurs néfastes, permettant ainsi le calme ; et non qu’elle s’est apaisée d’elle-même à l’intérieur malgré les évènements. Et si elle réussissait à le faire alors (en compréhension), elle sortirait peut-être définitivement de ce cycle où la violence est toujours omniprésente.
+5
AlerterL’empire, bien gouverné ou non, est il un modèle souhaitable ? L’empire romain, si souvent encensé, n’a la plupart du temps, même sous les Antonins, reposé que sur un système d’une violence inouïe pour assurer à une élite latifundaire vorace l’accaparement des ressources et la sécurité. Les empires austro-hongrois, soviétique, ottoman ont toujours opprimé des parties importantes de leurs possessions, même à leurs apogées respectifs. Quant aux empires des peuples des steppes d’Asie centrale, les chiffres d’éradication des peuples conquis, ou razzies, par leurs soins font froid dans le dos. Quant au IIIeme Reich… Bref, au lieu de se demander comment faire pour prolonger la vie de ce type d’organisation, en y glissant des convictions politiques orientées au passage, il faut se demander s’il ne vaut pas surtout l’éviter à tout prix. Il y a un modèle qui a pu apaiser bien des régions : l’état correspondant peu ou prou à une nation, qui a fait émerger la démocratie. A l’heure où certains essaient de rebâtir de force des empires au mépris parfois des avis populaires, il s’agit de se le rappeler. Les empires constituent un modèle agressif, toujours un peu colonial.
+5
AlerterCe monsieur dit au bout de son article, que l’effondrement US est la faute de la bigoterie religieuse des Républicains.
Pas la folie euphorique et derégulatrice de l’après URSS puis des 30 ans suivants. Ni tout ce qui l’accompagne : l’art de se fabriquer de futurs ennemis, de trahir sa parole, de ne voir que toujours plus à court terme et de perdre la confiance d’un peuple toujours plus divisé, de se croire invincible et de se gaspiller en projets guerriers irréalistes, etc.
Non, les religieux bornés (qui Existent et n’arrangent rien, reconnaissons)
Il faut vraiment que ce pays, les USA, souffre, pour qu’un auteurs réfléchis i et documentés se laissent emporter vers un si petit bout de la lorgnette. Si eux s’égarent comme ça, imaginez les autres, qui ont le nez dans le guidon, s’épuisent à payer des factures toujours plus difficiles, et s’informent auprès des fous hystériques des grands média.
Ça semble difficile de garder la tête claire et le jugement sain.
+3
AlerterWouah! Mon vocabulaire vient de s’enrichir de deux mots, dont un dont j’ai cherché le sens dans le dico . J’ai toujours pensé que l’humain n’était « poli » qu’en surface, mais pour l’aider à évoluer, il faut lui en donner envie … Ceci écrit, j’y crois plus depuis longtemps, depuis que j’ai compris que les victimes pouvaient devenir des bourreaux.
+0
AlerterTrès intéressant ouvrage au moment où on commence à se demander comment la démocratie française autorise l’éborgnement des manifestants, la démocratie américaine autorise la croissance de villages de tentes dans les villes et la démocratie israélienne le génocide. Emmanuel Todd a trouvé la formule « La Russie est une démocratie autoritaire et l’Occident est une oligarichie libérale ». On se souvient d’ailleurs que les bateaux pirates des caraïbes en leurs temps étaient aussi des démocraties. Démocratie vient du grec Δημοκρατια qui désigne un régime où le pouvoir est au peuple, non la manière d’élire les dirigeants. Si le peuple est d’accord pour garder un dirigeant au pouvoir jusqu’à sa mort, il y a, selon la définition, démocratie.Tout dépend alors de la définition du peuple. Si le peuple se résumait seulement à l’ensemble des propriétaires terriens mâles, alors, l’Athènes du Vème siècle avant JC était réellement une démocratie. Alors qu’en théorie nos « démocraties » occidentales ont un système électoral qui devrait assurer la démocratie, le suffrage universel, l’information du peuple est en réalité une tentative constante de désinformation de la part des gouvernants. Le peuple vote donc dans un nuage médiatique toxique, et le quatrième pouvoir qui devrait assurer la démocratie, l’information, est une déformation de la réalité. Dans ces conditions, à moins de redéfinir le peuple en le restreingant, comme dans l’Athènes du Vème siècle ou la République de Venise, aux acteurs économiques majeurs, l’Occident n’est pas démocratique, sauf la Suisse, peut-être pour pas longtemps.
+1
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